2. L'impact économique et social du patrimoine en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui peut se prévaloir à la fois d'une forte fréquentation touristique et d'un important patrimoine architectural, s'est efforcée dans une récente étude, publiée en 2006, de cerner les retombées du patrimoine en termes d'emplois, d'activité économique, de recettes fiscales et de financements publics.
La réalisation de cette étude est, en soi, caractéristique de la prise de conscience, par certains décideurs locaux, du rôle économique et social que joue le patrimoine. Cette initiative mérite d'être saluée et gagnerait à être imitée.
Les résultats de cette étude, qui s'appuie sur des enquêtes réalisées auprès des acteurs locaux, viennent corroborer et compléter les conclusions de l'ouvrage de M. Xavier Greffe quant à l'importance du rôle de la filière patrimoine dans le développement économique et l'emploi.
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Près de 50 000 emplois
générés par le patrimoine en PACA
L'Agence régionale du patrimoine Provence-Alpes-Côte d'Azur, auteur de l'étude, estime entre 48 000 et 50 000 le nombre d'emplois générés par le patrimoine sur son seul territoire :
- environ 3 000 seraient des « emplois directs » au sein des monuments et des sites, des emplois au sein des administrations en charge de la protection et de la valorisation du patrimoine et des emplois de guides ;
- entre 27 000 et 28 000 « emplois indirects » seraient comptabilisés dans les activités de restauration du patrimoine bâti (artisans, entreprises de travaux publics, architectes) et dans le tourisme patrimonial ;
- enfin, les « emplois induits » par les emplois directs et indirects du patrimoine varieraient dans une fourchette de 18 000 à 19 000 emplois .
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Plus de 19 millions d'euros de recettes
d'exploitation des monuments
D'après une enquête réalisée auprès des gestionnaires, les monuments et les sites de la région ont généré, en 2004, 19,2 millions d'euros de recettes qui se répartissent ainsi :
- 13,6 millions d'euros de billetterie ;
- 2,1 millions d'euros dégagés par les boutiques ;
- 1,2 million d'euros correspondant au prix des visites guidées ;
- 1,2 million d'euros au titre de l'organisation d'événements ;
- 1 million d'euros de recettes diverses.
• Le produit de la taxe de
séjour : 4 millions d'euros par an
Près de 200 communes de la région perçoivent la taxe de séjour. Son produit était estimé, en 2002, à 23 millions d'euros pour l'ensemble de la région PACA.
En retenant les hypothèses de Xavier Greffe sur le poids relatif du « tourisme patrimonial » dans l'ensemble de la fréquentation touristique, la région évalue à 3,92 millions d'euros le montant du produit de la taxe de séjour attribuable au patrimoine.
• La dépense publique en faveur du
patrimoine : 42 millions d'euros
Sur la base des informations fournies par la Direction régionale des affaires culturelles, la région a évalué à 27 millions d'euros le montant des financements publics en faveur des monuments classés ou inscrits effectivement dépensés dans la région en 2004.
A ces crédits d'Etat s'ajoutent 15 millions de crédits publics provenant des collectivités territoriales, du fonds national pour l'aménagement du territoire, ou des fonds européens.
• L'impact économique indirect du
patrimoine
La région identifie deux sources pour la mesure de l'impact économique indirect du patrimoine :
- l'impact économique des travaux de restauration du patrimoine évalué à 37,6 millions d'euros sur la base du chiffre d'affaires pour 2004 des entreprises du Groupement français des entreprises de restauration de monuments historique communiqué par le groupement lui-même ;
- l'impact économique du tourisme patrimonial évalué sur une base statistique à 1,275 milliard d'euros .
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Les résultats de ces études appellent de la part de votre mission deux remarques :
- l'impact économique et social du patrimoine est très supérieur à la représentation que l'on s'en fait communément, et la « filière patrimoine », peut rivaliser avec bien des secteurs industriels ;
- les retombées du patrimoine sont très supérieures aux crédits publics d'entretien et de restauration que lui consacrent l'Etat et les collectivités territoriales ; il s'agit donc d'investissements extrêmement productifs.