b) Une situation à relativiser
Il faut cependant se garder de tomber dans la caricature.
Le « protectionnisme » perçu par les investisseurs consiste bien souvent dans les difficultés qu'ils rencontrent pour pénétrer des marchés présentant de fortes spécificités, notamment culturelles et juridiques, par rapport à ceux auxquels ils sont plus habitués. Ainsi, les représentants des banques françaises présentes en Corée ont indiqué à la délégation que l'insécurité juridique à laquelle ils étaient confrontés résultait non d'une politique délibérée de la part du gouvernement coréen, mais d'un manque de clarté de la législation.
Par ailleurs, le Japon mène une politique d'incitation aux investissements étrangers. Ainsi, l'organisme gouvernemental chargé de promouvoir le commerce extérieur japonais, la JETRO ( Japan External Trade Organization ), cherche à inciter les investisseurs étrangers à s'implanter au Japon. M. Koizumi Junichiro, alors Premier ministre, a par ailleurs réaffirmé, lors d'une déclaration de politique générale de janvier 2006, son intention de quadrupler les investissements étrangers au Japon avant la fin de 2011, par rapport à leur niveau de 2001. En conséquence notamment de cette politique, les investissements étrangers au Japon ont fortement progressé ces dernières années, passant de moins de 10 milliards de dollars (moins de 0,25 point de PIB) par an en 1997 à près de 40 milliards de dollars (près de 1 point de PIB) en 2004, comme l'indique le graphique ci-après.
Les investissements directs étrangers au Japon
(en milliards de dollars)
Source : Japan External Trade Organization
Ainsi, les entreprises françaises sont de plus en plus présentes au Japon. Alors qu'il y avait 200 filiales d'entreprises françaises implantées au Japon en 1992, elles sont aujourd'hui 420. La chambre de commerce et d'industrie française au Japon est désormais la deuxième chambre étrangère en nombre d'adhérents après celle des Etats-Unis. Le stock d'investissement français au Japon a été multiplié par 13 entre 1998 et 2000 et les entreprises françaises ont été les premiers investisseurs étrangers au Japon en 1999 et 2000. Elles possèdent désormais le troisième stock d'investissement direct étranger au Japon derrière les Etats-Unis, quasiment à égalité avec les Pays-Bas 49 ( * ) .
Ce mouvement a bénéficié de l'appui des autorités françaises et japonaises qui, à travers deux campagnes « le Japon, c'est possible » (1992-2000) et « France Japon, l'esprit partenaire », lancée en 2001, se sont mobilisées pour faciliter l'implantation des entreprises françaises au Japon.
Ainsi, certaines entreprises françaises ont réalisé au Japon et en Corée des investissements emblématiques, qui montrent que le protectionnisme de ces deux pays en matière d'investissement doit être relativisé :
- au Japon, Renault est entré en 1999 dans le capital de Nissan, à hauteur de 44,4 % ;
- en Corée, la même entreprise a acheté Samsung Motors en 2000.
Par ailleurs, Carrefour a disposé jusqu'à récemment en Corée de 32 magasins, qu'il a revendus à E-land le 28 avril 2006.
* 49 Source : mission économique de l'ambassade de France au Japon.