3. La croissance structurelle de l'économie coréenne, qui n'est plus que de 5 % environ, tend à diminuer
De même, bien qu'elle demeure élevée, la croissance structurelle de l'économie coréenne tend à diminuer.
Ainsi, les économistes considèrent généralement qu'elle serait passée d'un taux compris entre 8 % et 10 % jusqu'en 1995 à un taux de l'ordre de 4 % ou 5 % depuis. Ce ralentissement se répartit de manière à peu près égale entre le ralentissement de la croissance de la main-d'oeuvre, de moindres investissements et un progrès technique moins élevé, comme l'indique le graphique ci-après.
Les déterminants de la croissance de la Corée
(contribution à la croissance annuelle du PIB,
en
points de PIB)
Source : d'après Kim Chul-ju, directeur de la division de l'analyse économique du ministère coréen des finances et de l'économie, « Recent Economic Developments and Prospects in Korea », document remis à votre commission des finances, 18 avril 2006
Le fait que l'investissement et le progrès technique aient nettement ralenti depuis la crise financière asiatique de 1997-1998 est la conséquence de celui que les entreprises coréennes avaient jusqu'alors eu tendance à surinvestir. Le ralentissement de l'investissement est donc vraisemblablement structurel.
Par ailleurs, le progrès technique devrait progressivement s'aligner sur la norme des pays développés, et la main-d'oeuvre diminuer à compter de 2020. En effet, la Corée avait un taux de fécondité de 1,17 enfant par femme en 2002, ce qui était le taux le plus bas de l'OCDE, avec celui de la République tchèque. L'économie coréenne devrait donc se trouver, d'ici une quinzaine d'années, avec une population vieillissante et une croissance nettement plus modeste qu'aujourd'hui.
4. Quelles conséquences d'une réunification des deux Corée ?
Par ailleurs, si l'écart de revenu par habitant se maintenait, la réunification des deux Corée pourrait avoir de très graves conséquences pour l'économie de la Corée du Sud.
La Corée du Sud et la Corée du Nord ont une population de l'ordre de respectivement 50 millions d'habitants et 20 millions d'habitants 39 ( * ) , pour un PIB par habitant de l'ordre, en parité de pouvoir d'achat, de respectivement 21.000 dollars 40 ( * ) et 1.800 dollars 41 ( * ) en 2005. Ainsi, alors que le niveau de vie de la Corée du Sud est analogue à celui du Portugal, celui de la Corée du Nord serait inférieur à celui de l'Afrique subsaharienne (environ 3.000 dollars par habitant en moyenne), les seuls Etats aussi peu développés étant, outre le Yemen (environ 1.000 dollars par habitant), le Népal et Haïti (environ 1.500 dollars par habitant), certains pays d'Afrique - le Togo et le Sénégal ont à peu près le même PIB par habitant - et les Etats les plus pauvres issus de l'ex-URSS - Tadjikistan (1.200 dollars par habitant), Moldavie, Ouzbékistan (1.800 dollars par habitant).
L'écart entre les PIB par habitant des deux Corée correspond donc à un rapport de 1 à 10 environ. A titre de comparaison, l'écart entre les PIB par habitant de l'ancienne Allemagne de l'Ouest et celui des Länder issus de l'ex-RDA correspondait à un rapport de 1 à 3.
Ainsi, un responsable coréen a estimé, devant la délégation, que la réunification devrait se faire de manière progressive, le cas échéant en maintenant transitoirement deux Etats.
* 39 En 2005, respectivement 49 millions et 23 millions.
* 40 Source : OCDE.
* 41 Source : CIA. La Corée de Nord ne publie pas de données fiables en matière de PIB. Ce chiffre, calculé à partir d'une estimation faite pour l'OCDE par M. Angus Maddison, relative à l'année 1999, doit être considéré comme un simple ordre de grandeur.