2. L'appropriation africaine : Le programme de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP)
Le concept de RECAMP, lancé en 1997, a été proposé à l'ensemble des partenaires africains de la France lors du sommet franco-africain de 1998. Il s'agit d'un appui à la formation et à l'entraînement et, le cas échéant, à des engagements opérationnels.
Tous les deux ans, un exercice majeur simulant des opérations de maintien de la paix, permet d'entraîner la totalité des chaînes de décision et de commandement. Il clôture un cycle au profit d'une des organisations sous-régionales (CEDEAO, IGAD, CEAAC, SADC 4 ( * ) ). Un deuxième cycle intermédiaire en direction de chacune des trois autres organisations ainsi que des exercices ponctuels sont organisés.
RECAMP V 5 ( * ) , qui a débuté en juin 2005, se déroule sur 2 ans en Afrique centrale au sein de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale
Le concept RECAMP a connu deux applications concrètes. L'envoi d'une force Ecomog de la CEDEAO, composée de contingents originaires du Togo, du Bénin, et du Niger, en Guinée Bissau, en 1999, n'a pas apporté de démonstration convaincante. En Côte d'Ivoire, l'appui au déploiement des forces africaines de l'ONUCI, en 2002, pour constituer la force, compléter ses équipements et assurer sa mise en condition a mis en évidence des progrès mais aussi des adaptations nécessaires.
Actuellement, la France s'efforce de faire évoluer ce concept dans deux directions. Au niveau africain, RECAMP devrait s'articuler avec les Forces africaines en attente (FAA) de l'Union africaine. A l'échelon européen, notre pays s'efforce d'associer d'autres partenaires et d'impliquer davantage l'Union européenne.
ETATS-UNIS ET ROYAUME-UNI, DES INITIATIVES COMPARABLES La mise en place de RECAMP a coïncidé avec des initiatives comparables, émanant des Etats-Unis et du Royaume-uni Dans les années 1990, la Royaume-Uni a redéfini les missions de ses équipes militaires de conseil et de formation, déployées en 1970 dans certains pays anglophones, en fonction du programme de soutien à la formation en matière de maintien de la paix. Ce mouvement s'est accompagné d'une réorientation géographique et d'une extension aux pays de la région. En 2001, le gouvernement britannique a instauré un Fonds pour la prévention des conflits en Afrique, réunissant des crédits des trois départements ministériels concernés (FCO, MOD et DFID). A la différence du dispositif RECAMP, le Royaume-Uni ne fournit pas de matériel militaire à l'appui d'opérations de maintien de la paix. Il soutient la CEDAO et l'Union africaine. En mai 2000, l'intervention britannique en Sierra Leone, a rompu avec une ligne de non-intervention qui n'avait pas varié depuis 40 ans. Les Etats-Unis sont très présents dans le domaine de la défense et de la sécurité en Afrique. En 1997, à l'initiative du Président Clinton, le lancement de l'ACRI ( African Crisis response initiative ) faisait suite au génocide rwandais. L'ACRI prévoyait un enseignement théorique au maintien de la paix, une formation sur le terrain, des exercices de poste de commandement et des exercices assistés par ordinateur ainsi que la fourniture de matériel non létal. L'ACRI avait pour objectif de former 12 000 soldats africains au maintien de la paix en 5 ans. Au terme du programme, en 2002, 9000 soldats avaient été formés dans 8 pays ( Bénin, Côte d'ivoire, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Sénégal et Ouganda) et trois exercices multilatéraux avaient été effectués. Ces personnels formés ont pu participer à des opérations de maintien de la paix dans le cadre de l'ONU. L'ACOTA ( African Contingency Opérations training and assistance) a pris le relais du programme ACRI en 2002. Doté de 10 millions de dollars en 2002, le nouveau programme ACOTA vise à renforcer la capacité de soutien de la paix en Afrique aux niveaux international, régional et sous-régional. Il a pour objectif d'équiper et de former les militaires africains afin qu'ils puissent répondre aux obligations de soutien de la paix et à des besoins humanitaires complexes, de créer et de renforcer une capacité africaine durable de formation au soutien de la paix, de mettre en place un commandement et un contrôle efficace et de favoriser une communauté d'approche et une interopérabilité entre les Etats. ACOTA se distingue du programme précédent par une approche plus sous-régionale. L'approche américaine de renforcement des capacités régionales enregistre une nette inflexion avec le 11 septembre 2001. Priorité est donnée à la lutte contre le terrorisme. L' East Africa Counterterrorism initiative, lancée en juin 2003 et dotée de 100 millions de dollars sur 15 mois est destinée à Djibouti, à l'Erythrée, à l'Éthiopie, au Kenya, à la Tanzanie et à l'Ouganda. Le West africa stabilization program met l'accent sur le renforcement des capacités des pays d'Afrique de l'Ouest et l'initiative pan sahélienne se concentre sur le renforcement de la capacité des Etats du Sahel à lutter contre le terrorisme en contrôlant mieux leur territoire. |
* 4 Communauté économiques des Etats d'Afrique de l'Ouest, Autorité intergouvernementale pour le développement, Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, Communauté de développement de l'Afrique australe.
* 5 1998, Guidimaka au Sénégal et en Mauritanie, 2000 Gabon, 2002 Tanzanie, 2004 Bénin