2. Un budget militaire dont l'ampleur croissante inquiète
Le budget officiel de l'APL pour 2004 est de 25 milliards de dollars pour 2004, de 30 milliards de dollars pour 2005 et s'élèverait à 35 milliards de dollars pour 2006. Sa progression constante a atteint 14,7 % en 2005.
Cette forte augmentation du budget chinois serait répartie en trois postes : les équipements militaires, les dépenses de formation et la revalorisation des soldes des militaires dont le niveau encore très bas (moins de 200 € mensuels par soldat dans le meilleur des cas) crée un phénomène de désaffection des diplômés de haut niveau envers l'APL.
Toutefois, selon le Pentagone, le budget chinois de la défense s'élèverait en fait à 70, voire 100 milliards de dollars. Ainsi que le déclarait Donald Rumsfeld, en juin 2005 : « les dépenses militaires chinoises sont bien plus élevées que ne le reconnaissent les autorités chinoises... Comme personne ne menace la Chine, on ne peut que s'interroger : pourquoi ces investissements massifs ? ».
Certes, outre la progression du budget en termes financiers, la Chine a annoncé en mai 2006 un plan destiné à doter son armée de ses propres armes de haute technologie « nouvelle génération » dans les quinze ans à venir afin d'éviter d'avoir recours aux armements étrangers et de pouvoir compter sur une armée mécanisée et fondée sur l'information . Au même moment, le Pentagone a transmis au Congrès américain son rapport annuel relatif à la politique de défense chinoise. Celui-ci indiquait que « le rythme et l'ampleur des forces chinoises et ses développements militaires pourraient se traduire par une menace sur le long terme. « Le développement militaire de la Chine est tel qu'il met déjà en question les équilibres militaires régionaux . » Le Pentagone note également que, « si la capacité de la Chine à intervenir militairement, loin de ses frontières, reste limitée, ce pays dispose du plus grand potentiel au monde pour lui permettre un jour de rivaliser avec les Etats-Unis. »
Tous ces éléments doivent être nuancés :
- un budget militaire chinois de 35 milliards de dollars correspondrait environ au quinzième du budget militaire américain et à 1,36 % seulement du produit intérieur brut chinois ;
- la différence d'évaluation de ce budget provient notamment de ce que les Etats-Unis y incluent des dépenses que les Chinois imputent à d'autres budgets (financement de la police militaire par exemple) ;
- la revalorisation des soldes tient une place importante dans le budget ;
- l'APL avait acquis un tel retard par rapport aux armées occidentales qu'il était indispensable d'améliorer le niveau de formation des militaires, d'acquérir des équipements de haute technologie et de renforcer les capacités de projection des forces ;
- cette modernisation reste limitée. Seules les unités modernes, constituées en groupes de réaction rapide (qui ne constituent pas plus de 15 % de l'effectif total) sont bien entraînées et équipées de matériel récent. Le gros des forces est sous-équipé ; son matériel est obsolète et sa mission essentielle est d'assurer la sécurité interne du pays ;
- la suprématie de l'armée de terre, parent pauvre de l'effort de modernisation, sur les autres composantes et la complexité des processus décisionnels liée à l'imbrication des chaînes de commandement opérationnelle et politique font de l'APL une armée peu apte à la projection de forces dans le cadre d'opérations militaires, ailleurs que sur ses abords immédiats.