2. Les islamistes pakistanais
Cependant, le soutien quasi ouvertement apporté par le Pakistan, et notamment l'ISI (services de renseignements inter-armées) aux fondamentalistes afghans n'était pas sans conséquences pour sa stabilité intérieure, d'autant qu'il se combinait aux effets de l'islamisation de la société entreprise par Zia-ul-Haq depuis les années 1980. Les deux tendances se conjuguaient, entraînant le développement d'une violence « sectaire » au Pakistan entre communautés chiite (20 % des musulmans) et sunnite (80 %).
Le général Moucharraf s'inquiéta rapidement de la dégradation des rapports entre ces communautés : des incidents multiples firent, en effet, 220 morts et 2 000 blessés dans 83 émeutes affectant trente localités différentes entre son arrivée au pouvoir (octobre 1999) et le mois d'août 2001.
Un des épisodes marquants de cette violence fut l'exécution, en février 2001, du meurtrier du Consul général d'Iran, assassiné en 1990. Les réactions de la communauté sunnite, qui approuvait l'assassinat, firent 8 morts parmi les chiites.
Au mois d'août suivant, le général Moucharraf interdit deux mouvements politiques, l'un sunnite, le LJ 5 ( * ) , et l'autre chiite, le SMP 6 ( * ) .
Au cours de ce même mois d'août 2001, le chef de l'Etat décida d'imposer un cadre législatif aux madrasas (écoles coraniques) , et de les intégrer au sein du réseau d'instruction publique : leurs programmes devaient inclure d'autres disciplines que la seule religion, et leurs sources de financement, être déclarées à l'Etat. Cependant, le général Moucharraf évaluait publiquement le nombre de ces écoles à 10 000, scolarisant et hébergeant environ un million d'enfants pauvres, et affirmait qu'elles remplissaient, de fait, un rôle social. Aussi la « normalisation » des madrasas semble être, dans une assez large mesure, restée au niveau des intentions. L'ordonnance antiterroriste d'août 2001 n'en conduisit pas moins à la fermeture de bureaux d'organisations jihadistes à Karachi.
* 5 Lashkar-i-Jhangvi
* 6 Sipah-i-Muhammad Pakistan