II. LES CAPACITÉS EN DRONES DES ARMÉES FRANÇAISES
A. LES DRONES TACTIQUES SONT UTILISÉS PAR L'ARMÉE DE TERRE FRANÇAISE DEPUIS LES ANNÉES 1990
Le drone tactique constitue un outil de reconnaissance d'un champ de bataille, de ciblage des objectifs, et de guerre électronique.
Ces engins ont une portée allant de 70 à 150 km, une endurance de 3 à 10 heures, et une altitude de 150 à 3 000 m.
Le premier utilisé en France a été le CL 289 , tiré à partir d'une rampe de lancement et disposant d'une autonomie de 30 minutes, pouvant le mener jusqu'à 400 km de son point de départ. Composé d'un propulseur à poudre, relayé par un turboréacteur durant le vol, il est équipé de deux capteurs : une caméra optique pour les missions de jour, fournissant des images en relief, et un analyseur infrarouge qui fournit, jour et nuit, une image vidéo enregistrée ou transmise, en temps réel, à la station de réception au sol. A ces capteurs s'ajoute un senseur radar miniaturisé pouvant observer le champ de bataille par tous temps. Sa mission accomplie, le CL 289 déclenche un parachute qui permet de le récupérer, et de le réutiliser.
Ce système de reconnaissance aérienne a été mis au point par l'OTAN ; il est en service en Allemagne, depuis 1990, et en France, depuis 1993. Il est fabriqué par EADS en coopération avec le canadien Bombardier.
Ce drone rapide (700 km/h) a été complété par un drone plus lent (240 km/h), le Crécerelle , également catapulté et volant également à très basse altitude, qui dispose d'une autonomie de trois heures, et peut atteindre une distance maximale de 50 km pour transmettre des images en temps réel. Six de ces drones, ainsi que leur station de lancement ont été livrés à l'armée de terre en 1995 et six autres, en 1996. Chacun d'eux est doté d'une caméra panoramique et de deux caméras en ligne.
Cet engin est issu d'une collaboration entre SAGEM et EADS.
Le Crécerelle a été utilisé en 1998 en Bosnie (16 vols), et au Kosovo (80 vols).
Le système de drone tactique intérimaire (SDTI) découle du Crécerelle : il est propulsé par une catapulte pneumatique plus puissante, adaptée sur un camion, car sa charge utile et son envergure sont plus importantes. Le vecteur aérien est celui du drone Sperwer, mis au point par SAGEM. Deux systèmes d'un total de 18 drones, avec deux groupes de lancement, et quatre stations de contrôle et de liaison au sol ont été commandés en 2001. Les essais devraient permettre une mise en service opérationnelle en 2006.
Disposant d'une caméra en noir et blanc et d'un capteur infrarouge, le SDTI contribue à raccourcir le délai entre le renseignement et la décision de tir en riposte. Ce système possède également une capacité d'illumination de cible.
Ces trois types de drones sont mis en oeuvre par le 61 e régiment d'artillerie de l'armée de terre, dévolu à l'acquisition de renseignements.
L'Etat-major des armées avait envisagé, dès les années 2000, la réalisation d'un système de drones inter-opérables et inter-armées, dénommé MCMM (Multi charges et multi missions). Dans cette perspective, les sociétés Sagem et Dassault s'étaient associées pour sa mise en oeuvre, qui devait intervenir vers 2008. Ce projet de drone d'observation, muni de capacités de désignation d'objectifs et de guerre électronique, devait être financé par le budget de l'armée de terre.
L'Etat-Major des armées l'a abandonné en 2004, considérant que le futur EuroMALE fournirait un plus large spectre de capacités.