C. UNE FONCTION ESSENTIELLE DE COORDINATION EXERCÉE PAR LE BCAH

L'importance des fonds à la disposition des agences des Nations-Unies, et le rôle déterminant de ces dernières (en particulier le PAM, l'UNICEF et l'OMS) dans l'action humanitaire menée à Sumatra, impliquent fondamentalement d'importantes capacités de coordination, non seulement entre les agences elles-mêmes (qui emploient environ 600 personnes en Indonésie), mais encore et surtout avec les armées étrangères et les très nombreuses ONG présentes. La nature à la fois pluridimensionnelle et complexe des situations humanitaires actuelles incite en effet nombre d'acteurs comme les gouvernements, les ONG, les organismes des Nations Unies et les particuliers à réagir simultanément. En outre, rares sont les pays qui disposent des mécanismes d'intervention et des ressources nécessaires pour faire face aux conséquences humanitaires de certaines catastrophes sans aide extérieure.

Cette mission de coordination est dévolue au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH/OCHA), qui a succédé en janvier 1998 au Département des affaires humanitaires, dans le cadre du programme de réforme du Secrétariat général de l'ONU, et est aujourd'hui dirigé par M. Jan Egeland. Le BCAH a pour mandat de coordonner l'assistance des Nations Unies lorsque les crises humanitaires dépassent les moyens et le mandat de tout organisme humanitaire agissant seul. Son efficacité s'est accrue grâce à des objectifs mieux définis, une coopération interorganisations plus active et des procédures plus rationnelles en matière de coordination sur le terrain.

Le BCAH emploie environ 60 personnes de nationalités très diverses, et le dispositif devrait être réduit à une vingtaine d'agents en avril. Il s'acquitte de son rôle de trois façons principales :

- en coordonnant l'assistance humanitaire internationale , notamment le dispositif d'intervention, le cas échéant. Lorsqu'éclate une crise complexe, le BCAH consulte l'équipe des Nations-Unies sur le terrain par l'intermédiaire du coordonnateur résident ou du coordonnateur des affaires humanitaires des Nations Unies dans le ou les pays touchés, et entame des consultations interorganisations au siège pour déterminer les principaux domaines prioritaires d'action, avant d'aider à coordonner les activités dans le pays concerné. Il aide également à mobiliser des ressources en lançant des appels interorganisations et en suivant le déroulement des secours ;

- en aidant les organismes d'assistance humanitaire à élaborer des politiques . Le BCAH s'efforce également de résoudre les principaux problèmes humanitaires, notamment ceux qui ne s'inscrivent pas dans le cadre des mandats actuels des organismes d'aide humanitaire ;

- en plaidant pour les causes humanitaires et en veillant à ce que les vues et les préoccupations de la grande majorité des organismes d'aide humanitaire soient prises en compte dans les efforts de redressement et de consolidation de la paix. Le BCAH affiche ainsi sur son site Internet des informations et des analyses destinées à sensibiliser le public et à lui permettre de mieux comprendre les questions humanitaires.

Le BCAH ne dispose cependant pas d'une totale marge de manoeuvre en Indonésie et doit tenir compte des préoccupations et directives des autorités civiles et militaires. Les quatre principales étapes quotidiennes de la coordination sont les suivantes :

- réunion interne tôt le matin (7 heures) entre les agences de l'ONU impliquées dans la crise ;

- sept réunions sectorielles (alimentation, logement, santé, éducation, eau et assainissement, sécurité, redémarrage économique et infrastructures), présidées chacune par une agence de l'ONU et auxquelles sont conviées les ONG. D'après les informations recueillies par vos rapporteurs spéciaux, un grand nombre d'entre elles ne participent toutefois pas à la coordination ;

- l'après-midi, une vaste réunion avec les représentants des ONG, des forces militaires étrangères et de l'armée indonésienne ;

- enfin le soir, une réunion de coordination gouvernementale à Banda Aceh, présidée par le ministère des affaires sociales, présent dans la province depuis début janvier. Certains observateurs considèrent que ces réunions sont aussi l'occasion pour l'armée indonésienne de donner de véritables instructions, plutôt que de coordonner les actions. Le BCAH, comme la plupart des intervenants extérieurs, éprouve toutefois des difficultés à identifier les vrais décisionnaires au sein du gouvernement indonésien.

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