LES TRAVAUX DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE À L'ASSEMBLÉE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE (Seconde partie de la 48ème Session ordinaire - 2002)
MASSERET (Jean-Pierre)
RAPPORT D'INFORMATION 148 (2002-2003) - délégation française à l'assemblée de l'union de l'Europe occidentale
Rapport au format Acrobat ( 126 Ko )Table des matières
-
INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE
À L'ASSEMBLÉE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE DURANT LA SESSION ORDINAIRE DE 2002 -
CHAPITRE II
CONFÉRENCE PARLEMENTAIRE
« LA SÉCURITÉ DANS LA MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE »
(LISBONNE - 7 AU 9 OCTOBRE 2002) -
CHAPITRE III
COMPTE RENDU DE LA SECONDE PARTIE
DE LA 48ème SESSION ORDINAIRE 2002
(PARIS - 2 AU 4 DÉCEMBRE 2002)
-
CHAPITRE PREMIER
-
ANNEXES :
SÉLECTION D'ALLOCUTIONS PRONONCÉES
AU COURS DE LA SECONDE PARTIE DE LA SESSION 2002
ET DE TEXTES ADOPTÉS PAR L'ASSEMBLÉE
N°
148
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 28 janvier 2003
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom des délégués élus par le Sénat sur les travaux de la délégation française à l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale au cours de la seconde partie de la 48 ème session ordinaire (2002) de cette Assemblée, adressé à M. le Président du Sénat, en application de l'article 108 du Règlement,
Par M.
Jean-Pierre MASSERET,
Sénateur.
(1) Cette délégation était composée en 2002 de : M. Marcel Debarge, Mme Josette Durrieu, MM. Francis Grignon, Jacques Legendre, Jean-François Le Grand, Philippe Nachbar, Délégués titulaires ; MM. Jean-Guy Branger, Michel Dreyfus-Schmidt, Daniel Goulet, Jean-Pierre Masseret, Jean Louis Masson, Xavier Pintat, Délégués suppléants.
Union de l'Europe occidentale. |
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION
3
CHAPITRE PREMIER - COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
FRANÇAISE À L'ASSEMBLÉE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE
DURANT LA SESSION ORDINAIRE DE 2002
5
CHAPITRE II - CONFÉRENCE PARLEMENTAIRE « LA
SÉCURITÉ DANS LA MÉDITERRANÉE
OCCIDENTALE »
(LISBONNE - 7 AU 9 OCTOBRE 2002)
7
CHAPITRE III - COMPTE RENDU DE LA SECONDE PARTIE DE LA
48
ème
SESSION ORDINAIRE 2002
(PARIS - 2 AU 4
DÉCEMBRE 2002)
9
ANNEXES
SÉLECTION D'ALLOCUTIONS PRONONCÉES AU COURS DE LA SECONDE PARTIE
DE LA SESSION 2002
13
PRINCIPAUX TEXTES ADOPTÉS PAR L'ASSEMBLÉE
27
INTRODUCTION
A/ L'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale
L'Union
de l'Europe Occidentale a été fondée par le Traité
signé à Bruxelles en 1954, pour traiter des questions de
sécurité et de défense dans l'Europe
Occidentale
(face au bloc soviétique), toutes les autres compétences
continuant de relever du Conseil de l'Europe dont le statut a été
signé en 1949.
Si la plupart de ses structures décisionnelles et opérationnelles
ont été transférées à l'Union
européenne (le Secrétaire général de l'UEO est en
même temps Haut représentant pour la politique
étrangère et de sécurité commune - PESC -
du Conseil des Ministres de l'Union européenne), l'UEO reste le cadre,
d'une part, d'un pacte d'assistance mutuelle (avec l'article V du
Traité de Bruxelles modifié de 1954) et, d'autre part, de
débats sur les questions de défense, de sécurité
collective et de coopération en matière d'armements, y compris
sur les orientations de la politique européenne (notamment sur la base
des rapports annuels du Conseil des Ministres de l'UEO) lors des
réunions, en séances plénières ou en commissions,
de son Assemblée parlementaire. Cette Assemblée se réunit
à son siège de Paris, au Palais d'Iéna, pour les deux
parties de ses sessions annuelles, ainsi que lors de conférences dans
les différents États membres.
L'Assemblée de l'UEO rassemble 364 délégués
élus par les Parlements de 28 États ; Parmi ceux-ci,
115 représentants (et un nombre égal de suppléants) des
dix États membres pléniers siègent avec voix
délibérative.
Les États membres pléniers
sont l'Allemagne, la France,
l'Italie et le Royaume-Uni
(dont les Parlements sont
représentés à l'Assemblée de l'UEO par
18 délégués titulaires et
18 suppléants)
; l'Espagne
(12 délégués titulaires et
12 suppléants)
; la Belgique, la Grèce, les
Pays-Bas et le Portugal
(chaque Parlement étant
représenté par 7 délégués titulaires et
7 suppléants)
; et, enfin, le Luxembourg
(dont le
Parlement envoie à l'Assemblée 3 représentants
titulaires et 3 suppléants)
.
Les représentants des 18 autres pays (six pays membres
associés, cinq pays observateurs et sept pays associés
partenaires) ont des droits de participation et de vote variables selon leur
statut.
Les États membres associés
sont la Pologne et la Turquie
(12 représentants chacun)
, la Hongrie et la
République tchèque
(7 représentants)
, la
Norvège
(5 représentants)
, et l'Islande
(3 représentants).
Les pays qui ont le statut d'observateurs
sont l'Autriche et la
Suède
(6 représentants chacun)
, le Danemark et la
Finlande
(5 représentants)
, et l'Irlande
(4 représentants).
Les pays associés partenaires
sont l'Estonie, la Lettonie et la
Lituanie
(2 représentants chacun)
, la Bulgarie, la
Slovénie, la Slovaquie et la Roumanie
(4 représentants
chacun)
.
B/ Les travaux de la Délégation française pendant la session 2002
Les
travaux de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale au cours du
second semestre de 2002 ont été marqués par le colloque
co-organisé à Lisbonne avec la Présidence portugaise de
l'Organisation.
Réunissant non seulement des responsables politiques et militaires, mais
aussi des universitaires, le colloque a porté sur la nécessaire
coopération entre les États du Nord et du Sud de l'espace
méditerranéen afin de prévenir les risques de
déstabilisation pouvant faire le jeu des menées terroristes dans
des régions sensibles.
La seconde partie de la session a été marquée par
l'allocution de la Ministre française de la Défense,
Mme Michèle Alliot-Marie, ainsi que par des débats portant,
notamment, sur l'organisation de la Défense européenne dans les
institutions de l'Union telles qu'elles seront proposées par la
Convention sur l'avenir de l'Europe.
Aussi, le présent rapport vise à retracer, d'une part,
l'évolution de la composition de la délégation
française à l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale
en 2002, et, d'autre part, les activités de la Délégation
pendant la seconde partie de cette session, à l'occasion de la
Conférence parlementaire de Lisbonne (7 au 9 octobre 2002) et lors de la
réunion de l'Assemblée en séance plénière
à Paris, du 2 au 4 décembre 2002.
Enfin, sont reproduits en annexe les principales allocutions prononcées
et les principaux textes adoptés pendant cette partie de session.
L'intégralité des Propositions, des Rapports, des débats
publics ainsi que tous les textes adoptés par l'Assemblée de
l'UEO peuvent être consultés sur le site :
http:// www.assembly-weu.org/fr/accueil.php
CHAPITRE PREMIER
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
FRANÇAISE
À L'ASSEMBLÉE DE L'UNION DE L'EUROPE
OCCIDENTALE DURANT LA SESSION ORDINAIRE DE 2002
La
délégation parlementaire française aux Assemblées
du Conseil de l'Europe et de l'UEO, identique, comprend
vingt-quatre
députés (douze titulaires, douze suppléants)
et
douze sénateurs (six titulaires, six suppléants)
.
L'Assemblée nationale renouvelle ses délégués
après chaque élection législative générale
et le Sénat après chaque renouvellement triennal. En outre,
des remplacements peuvent intervenir entre ces dates, notamment pour cause de
démission d'un délégué. Le présent chapitre
a pour objet de retracer la composition de la délégation au cours
de l'année 2002 et ses évolutions.
1. Représentants de l'Assemblée nationale à partir
du 3 septembre 2002
À la suite des élections législatives, des 9 et
16 juin 2002, l'Assemblée nationale a renouvelé le
19 juillet 2002 ses délégués (dont les mandats ont
été validés par la Commission permanente de
l'Assemblée du Conseil de l'Europe le 3 septembre 2002). En ce qui
concerne l'Assemblée nationale, la Délégation est
désormais composée de :
Délégués titulaires (12)
: MM. René
ANDRÉ (UMP), Georges COLOMBIER (UMP), Francis DELATTRE (UMP), Claude
ÉVIN (Soc), Pierre GOLDBERG (C), Jean-Pierre KUCHEIDA (Soc), Jean-Marie
LE GUEN (Soc), Jean-Claude MIGNON (UMP), Marc REYMANN (UMP),
François ROCHEBLOINE (UDF), André SCHNEIDER (UMP), Bernard
SCHREINER (UMP).
Délégués suppléants (12)
: MM. Alain
COUSIN (UMP), André FLAJOLET (UMP), Jean-Marie GEVEAUX (UMP), Michel
HUNAULT (UMP), Denis JACQUAT (UMP), Armand JUNG (Soc), Jean-Claude LEFORT (C),
Guy LENGAGNE (Soc), François LONCLE (Soc), Christian MÉNARD
(UMP), Gilbert MEYER (UMP), Rudy SALLES (UDF).
2. Représentants du Sénat en 2002
Les
12
représentants du Sénat en 2002 étaient :
Délégués titulaires (6)
: M. Marcel DEBARGE
(Soc), Mme Josette DURRIEU (Soc), MM. Francis GRIGNON (UC*), Jacques
LEGENDRE (RPR*), Jean-François LE GRAND (RPR*), Philippe NACHBAR (RI*).
Délégués suppléants (6)
: MM.
Jean-Guy BRANGER (UC*), Michel DREYFUS-SCHMIDT (Soc), Daniel GOULET
(RPR*), Jean-Pierre MASSERET (Soc), Jean-Louis MASSON (RPR*), Xavier PINTAT
(RI*).
* Cet astérisque indique les Sénateurs ayant
adhéré au Groupe de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP)
à partir du 10 décembre 2002.
3. Bureau de la délégation en 2002
À la suite des élections législatives et du renouvellement
des délégués de l'Assemblée nationale, un nouveau
Bureau a été constitué le 17 septembre
2002 :
Président : |
M. Jean-Claude MIGNON |
Député |
(UMP) |
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Président délégué : |
M. Jean-Pierre MASSERET |
Sénateur |
(Soc) |
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Vice-Présidents : |
M. Bernard
SCHREINER
|
Député
|
(UMP)
|
|
M. Marcel DEBARGE |
Sénateur |
(Soc) |
|
M. Michel DREYFUS-SCHMIDT |
Sénateur |
(Soc) |
|
M. Claude ÉVIN |
Député |
(Soc) |
|
M. Daniel GOULET |
Sénateur |
(RPR*) |
|
M. Francis GRIGNON |
Sénateur |
(UC*) |
|
M. Denis JACQUAT |
Député |
(UMP) |
|
M. Jacques LEGENDRE |
Sénateur |
(RPR*) |
|
M. François LONCLE |
Député |
(Soc) |
|
M. François ROCHEBLOINE |
Député |
(UDF) |
|
|
|
|
Membre associé : |
Mme Josette DURRIEU, en qualité de Présidente de la Commission de suivi |
Sénatrice |
(Soc) |
* Cet astérisque indique les Sénateurs ayant adhéré au Groupe de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) à partir du 10 décembre 2002.
CHAPITRE II
CONFÉRENCE PARLEMENTAIRE
« LA
SÉCURITÉ DANS LA MÉDITERRANÉE
OCCIDENTALE »
(LISBONNE - 7 AU 9 OCTOBRE 2002)
À
l'invitation des autorités du Portugal, État qui assume la
présidence de l'UEO, une conférence, co-organisée par
l'Assemblée de l'UEO, s'est tenue, du 7 au 9 octobre 2002, au Palais
São Bento, siège du Parlement portugais.
Consacrée à « La sécurité dans la
Méditerranée occidentale », la conférence a
été ouverte par des allocutions de MM. João Mota Amaral,
Président de l'Assemblée de la République et Antonio
Martins da Cruz, ministre des Affaires étrangères du Portugal,
Président en exercice du Conseil des Ministres de l'UEO.
Se sont adressés aux participants, au cours de la première
séance, sur le thème
« Risques, menaces et
défis sécuritaires dans la Méditerranée
occidentale »,
Mme Maria Manuela Aguiar, Vice-présidente
de l'Assemblée de l'UEO et Présidente de la
délégation portugaise, M. Kamel ben Younes, correspondant de la
BBC en Tunisie et le vice-amiral Hervé Giraud (Affaires
stratégiques - ministère de la défense français).
Au cours de la deuxième séance, consacrée au thème
intitulé
« Le développement humain dans les
pays du Maghreb et la coopération entre les États membres de
l'Union du Maghreb arabe »
, les débats ont
été introduits par des exposés de M. Jim Marshall,
président de la Commission politique et de M. Abdelwahab Biad, de
l'Université de Rouen.
La troisième séance, quant à elle, portait sur le
thème intitulé
« Une réponse
européenne aux défis sécuritaires actuels dans la
Méditerranée occidentale »
qu'ont
présenté M. Klaus Bühler, président de
l'Assemblée de l'UEO, le général de division Nabeiro
Canelas, chef d'État-major de l'armée portugaise et M. Antonio
Missiroli, chargé de recherche à l'Institut d'études de
sécurité de l'Union européenne.
Enfin, la synthèse des communications et des interventions a
été faite par M. Luis Yañez Barnuevo, rapporteur de
la Commission politique et l'allocution de clôture de la
conférence prononcée par M. Klaus Bühler, président
de l'Assemblée de l'UEO.
Les travaux de ce colloque ont trouvé leur prolongation avec le Rapport
de M. Luis Yañes Barnuevo dans un débat en séance
plénière, le 4 décembre 2002, dans le cadre de la
seconde session de l'Assemblée de l'UEO et l'adoption de la
Recommandation 718 (reproduite ci-dessous, en annexe).
À cette occasion, se sont réunis le Comité des
présidents de l'Assemblée de l'UEO ainsi que sa Commission de
défense qui a adopté un Rapport et une Résolution
proposant une contribution à la Convention sur l'avenir de l'Europe.
Ont participé à ces travaux M. Jean-Pierre Masseret,
sénateur (Moselle - Soc.), président délégué
de la délégation parlementaire française à
l'Assemblée de l'UEO, M. Michel Dreyfus-Schmidt, sénateur
(Territoire de Belfort, Soc) et M. Philippe Nachbar, sénateur
(Meurthe-et-Moselle, RI*) ainsi que MM. Guy Lengagne (Pas-de-Calais, App. Soc
), François Loncle (Eure, Soc), Marc Reymann (Bas-Rhin, UMP) et
André Schneider (Bas-Rhin, UMP), députés.
(* M. Philippe Nachbar a adhéré, le 10 décembre 2002,
à l'Union pour un Mouvement Populaire).
CHAPITRE III
COMPTE RENDU DE LA SECONDE PARTIE
DE LA 48ème
SESSION ORDINAIRE 2002
(PARIS - 2 AU 4
DÉCEMBRE 2002)
L'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale a tenu la
seconde partie de sa quarante huitième session ordinaire de 2002, au
Palais d'Iéna, du 2 au 4 décembre.
Les personnalités suivantes se sont adressées à
l'Assemblée :
• Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre de la défense, qui
a notamment répondu à une question de M. Jean-Claude Mignon,
député (UMP - Seine-et-Marne) Président de la
délégation française ;
• M. Antonio Martins da Cruz, Ministre des affaires
étrangères du Portugal, Président en exercice du Conseil
des ministres de l'UEO ;
• M. Joao Mota Amaral, Président de l'Assemblée de
la République portugaise ;
• M. Yannos Papantoniou, Ministre de la défense de la
Grèce, représentant la présidence grecque entrante de
l'UEO et de l'Union européenne.
Au cours de cette partie de session, l'Assemblée a
délibéré des Rapports suivants :
• Le rôle de l'Europe dans un nouvel ordre de paix et de
sécurité - Contribution à la Convention - Rapport
C/1799 de M. Mark Eyskens (Belgique, Féd.) - Adoption de la
Résolution n° 111.
• L'élargissement de l'Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord (OTAN) et de l'Union européenne - Réponse au
rapport annuel du Conseil - Rapport C/1805 de M. Marco Zacchera (Italie,
Féd.) ; ce débat a été introduit par une
allocution de M. Günther Altenburg, Secrétaire
général adjoint de l'OTAN pour les affaires politiques,
représentant Lord Robertson, Secrétaire général.
Adoption (avec deux amendements du Rapporteur pour tenir compte des
décisions prises au sommet de l'OTAN, réuni à Prague les
21 et 22 novembre 2002) de la Recommandation n° 715 ;
• Une politique de défense européenne :
contribution à la Convention - Rapport C/1798 de
M. Dieter Schloten (Allemagne, Soc.) et adoption de la Résolution
n° 112 ;
• Les forces multinationales européennes - Rapport C/1804 de
M. John Wilkinson (Royaume-Uni, Féd.) et adoption de la
Recommandation n° 716 ;
• La participation des forces européennes à la gestion
des crises - Réponse au rapport annuel du Conseil - Rapport C/1803 de M.
Kurt Palis (Allemagne, Soc.) et adoption de la Recommandation n° 717 ;
• Les comptes relatifs aux dépenses de l'Assemblée pour
l'année 2001 : le projet de budget de l'Assemblée pour
2002 et avis du Conseil - deuxième révision ; le projet de
budget de l'Assemblée pour 2003 ; Rapports C/1794, C/1795 et C/1796
de M. Guillermo Martinez-Casañ (Espagne, Féd.). Si le premier
Rapport donne lieu à l'adoption à l'unanimité d'une motion
d'approbation des comptes définitifs pour l'exercice financier 2001
ainsi que la deuxième révision du budget des dépenses de
l'Assemblée pour 2002, conformément à la proposition du
Rapporteur, en revanche le Projet de budget de l'Assemblée pour 2003 est
rejeté par adoption, à l'unanimité, de la question
préalable déposée par le Rapporteur, M.
Martinez-Casañ.
• Les relations entre l'Europe et le sud de la
Méditerranée : Conclusions du séminaire de Lisbonne
sur la base du Rapport C/1806 de M. Luis Yañez Barnuevo (Espagne,
Soc.) récapitulant les travaux de la conférence
co-organisée par les autorités portugaises exerçant la
présidence de l'UEO, et l'Assemblée de l'UEO (cf. ch. II,
ci-dessus), l'Assemblée a adopté la Recommandation n°
718 ;
• Le contrôle parlementaire des services de renseignement dans
les pays de l'UEO - Situation actuelle et perspectives de réforme -
Rapport de Mme Mimi Kestelijn - Sierens (Belgique, Lib.) et
adoption de la Résolution n° 113 ;
• La dimension parlementaire dans la nouvelle architecture
de sécurité et de défense européenne -
Débats et réponses aux questions parlementaires dans les pays de
l'UEO - Rapport C/1802 de Mme Cristina Agudo Cadarso (Espagne, Soc.)
et adoption de la Résolution n° 114 ;
• La coopération en matière d'armements en
Europe : les activités du Groupe Armements de l'Europe Occidentale
- GAEO et de l'Union européenne - Réponse au rapport annuel du
Conseil - Rapport C/1800 de M. Rino Piscitello (Italie, Lib.) et
adoption de la Recommandation n° 719.
Au cours de la séance du mardi 3 décembre,
l'Assemblée a procédé au renouvellement de son Bureau. Ont
ainsi été élus, pour la quarante-neuvième
session 2003, Président : M. Jan Dirk Blaauw
(Pays-Bas - Lib.) et Vice-Président, au titre de la
France : M. Jean-Pierre Masseret, Sénateur (Moselle -
Soc), Président-délégué de la
Délégation parlementaire française à l'UEO. (Leurs
mandats prendront effet le 1
er
janvier prochain pour un an, et
sont renouvelables deux fois).
Au cours de la même partie de session, les Commissions
de l'Assemblée de l'UEO ont renouvelé leurs bureaux, la
Commission pour les Relations parlementaires et publiques
réélisant M. Marcel Debarge, Sénateur
(Seine-Saint-Denis - Soc) à sa présidence, et la Commission
du Règlement et des immunités élisant
M. Jean-Guy Branger, Sénateur (Charente-Maritime - UC*) à sa
présidence.
Enfin, l'Assemblée a renouvelé le mandat de son Greffier,
M. Colin Cameron, mandat prenant effet à compter du
1
er
janvier 2003 pour une durée de cinq ans.
Ont participé aux travaux de cette seconde partie de la
quarante-huitième session de l'Assemblée M. Jean-Claude
Mignon, Député (Seine et Marne - UMP), Président de
la Délégation parlementaire française, M. Jean-Pierre
Masseret, Sénateur (Moselle - Soc),
Président-délégué pour l'Assemblée de l'UEO,
Mme Josette Durrieu, Sénateur (Hautes-Pyrénées - Soc.) et
MM. Jean-Guy Branger (Charente maritime - UC*), Marcel Debarge
(Seine-Saint-Denis - Soc), Michel Dreyfus-Schmidt (Territoire de Belfort -
Soc), Daniel Goulet (Orne - RPR*), Sénateurs, ainsi que MM.
Jean-Marie Geveaux (Sarthe - UMP), Jean-Pierre Kucheida (Pas-de-Calais - Soc),
Marc Reymann (Bas-Rhin - UMP) et André Schneider (Bas-Rhin - UMP),
Députés.
* Ces appartenances politiques étaient encore en usage, en ce qui
concerne les Sénateurs, lors de cette seconde partie de session et ont
été remplacées, pour les Parlementaires dont le nom est
suivi d'un astérisque, par l'appartenance à l'Union pour un
Mouvement Populaire - UMP - à partir du
10 décembre 2002.
ANNEXES :
SÉLECTION
D'ALLOCUTIONS PRONONCÉES
AU COURS DE LA SECONDE PARTIE DE LA SESSION
2002
ET DE TEXTES ADOPTÉS PAR L'ASSEMBLÉE
|
Pages |
A - ALLOCUTIONS REPRODUITES : |
|
• Allocution de Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre de la défense, et question de M. Jean-Claude Mignon, Député, Président de la Délégation française, et Réponse du Ministre |
15 |
• Allocution de M. Günther Altenburg, Secrétaire général adjoint de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord - OTAN pour les affaires politiques, représentant Lord Robertson, Secrétaire général |
21 |
• Allocution de M. Yannos Papantoniou, Ministre de la Défense de la Grèce, Représentant la Présidence grecque entrante de l'UEO et de l'Union européenne |
23 |
B - PRINCIPAUX TEXTES ADOPTÉS : |
|
• Résolution n° 111 sur le rôle de l'Europe dans un nouvel ordre de paix et de sécurité : contribution à la Convention |
27 |
• Résolution n° 112 sur une politique de défense européenne : contribution à la Convention |
31 |
• Recommandation n° 715 sur l'élargissement de l'OTAN et de l'UE : réponse au rapport annuel du conseil |
35 |
- Rapport du Conseil |
41 |
• Recommandation n° 718 sur les relations entre l'Europe et le sud de la Méditerranée : conclusions du séminaire de Lisbonne |
49 |
• Recommandation n° 720 sur la question irakienne |
53 |
Allocution de Mme Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre
français de la défense
et question de M. Jean-Claude
MIGNON, Député,
Président de la
délégation parlementaire française
(Lundi 2 décembre 2002)
« Monsieur le Président, Mesdames et
Messieurs les
parlementaires, c'est pour moi un véritable plaisir et un honneur que de
m'adresser à vous, dans cette assemblée. Je suis heureuse de
pouvoir prendre avec vous, aujourd'hui, la mesure des enjeux que
représente l'Europe de la défense. L'UEO est, en effet, le
creuset où est née l'idée même de défense
européenne. Elle est donc le lieu privilégié pour aborder
ces questions. Et je n'oublie pas que c'est grâce à la
présence des pays associés et partenaires que l'UEO
élargit l'horizon de nos réflexions en matière de
défense.
« Vos travaux passés nous ont déjà permis de
nous mettre d'accord, à Helsinki, sur un objectif global de
disponibilité et de réactivité. Nous voulions bâtir
une force européenne de réaction rapide, capable de mener
à bien l'ensemble des missions de Petersberg, y compris les plus
exigeantes d'entre elles. Nous ne doutions pas que le contexte international
viendrait, si dramatiquement, justifier cette entreprise.
« Le nouveau contexte international exige effectivement,
M. le Président, que nous donnions une nouvelle impulsion
à la politique européenne de sécurité et de
défense, tout particulièrement dans le domaine des
capacités et du renforcement de la crédibilité
opérationnelle.
« Mesdames et Messieurs les parlementaires, l'heure n'est plus aux
déclarations de principe. Elles sont acquises. L'heure est à
l'action. Place donc au concret. Aujourd'hui, je viens vous dire la
détermination de la France de permettre à l'Europe de faire face
aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés ; je viens
vous dire que les chantiers que j'estime prioritaires doivent être suivis
de propositions tangibles, notamment dans le domaine de la planification, des
capacités et de l'armement.
« L'Europe de la défense est déjà une
réalité, n'en déplaise à certains. C'est ce que
prouve l'articulation des politiques de défense de nos
différentes nations et la présence de nos forces sur le terrain.
En effet, contrairement aux attentes qui étaient les nôtres au
lendemain de la guerre froide, puis, à la fin des guerres de
l'ex-Yougoslavie, l'histoire n'a pas pris la voie du développement
pacifique des sociétés humaines. Forts de leurs principes de
démocratie et de liberté, les pays européens ont dû
remettre leur défense dans la liste de leurs priorités.
« Les progrès de la défense européenne
participent du mouvement général de la construction
européenne. Ils y participent parce qu'ils représentent un
facteur de stabilité accrue, mais ils ne sont possibles que parfaitement
articulés avec les politiques nationales des États et
l'évolution de l'Alliance atlantique.
« Le sommet de Prague, qui vient de s'achever, a montré
à quel point la conclusion d'un accord définitif entre l'Union
européenne et l'OTAN est resté, pour la France comme pour tous
les membres de l'Union, une priorité. Le processus capacitaire
engagé par l'Union européenne se déroule en harmonie avec
la nouvelle initiative sur les capacités de défense de l'OTAN.
Nous avons tous insisté sur ce point à Prague : il n'y a pas
d'opposition, pas de concurrence ; il y a complémentarité et
harmonie.
« Il en est de même - et je tiens à le souligner car
certains médias ont pu prétendre le contraire - de la force de
réaction alliée et de la force de réaction rapide
européenne. L'objectif est celui d'une double disponibilité des
hommes et des moyens identifiés pour y participer. La France a
apporté son soutien sans réserve pour qu'une solution soit
trouvée dans les meilleurs délais à la question dite de la
participation à la politique européenne de sécurité
et de défense des six membres de l'OTAN non membres de l'Union
européenne.
« La contribution des Européens au maintien de la paix
à travers le monde est déjà une réalité.
Nous le voyons dans les Balkans, en Afghanistan et, plus
généralement, dans toutes actions contre le terrorisme
international.
« Dans les Balkans, ne l'oublions pas, les Européens
fournissent l'essentiel des effectifs sur le terrain. Le lancement de la
mission de police européenne dès le 1
er
janvier 2003
mettra la politique européenne de sécurité et de
défense à l'épreuve de nos attentes. Ce sera la
première opération de gestion de crise de l'Union
européenne et une première étape dans
l'opérationnalité. En ex-République yougoslave de
Macédoine, la relève de la force de l'OTAN par une force de
l'Union européenne, dans une optique de partenariat efficace, demeure un
de nos objectifs politiques et nous avons insisté, à Prague, pour
que cette option reste ouverte. La relève de l'OTAN par l'Union
européenne en Bosnie est également une perspective à plus
long terme que nous devons considérer.
« A l'échelle des Balkans, l'Union européenne doit
pouvoir jouer un rôle de soutien à la formation des unités
de police intercommunautaire dans les domaines de la surveillance des
frontières et de la lutte contre la criminalité, qui est, vous le
savez, un des grands risques qui demeurent dans cette zone.
« Voyons maintenant l'Afghanistan. En Afghanistan également,
les Européens sont présents. Certains, comme la France, se sont
engagés de façon déterminée dès le
début de l'opération « Liberté immuable ».
La relève du détachement aérien français à
Manas s'est inscrite dans une continuité européenne
assurée par l
'European Participation Force,
réunissant les
Pays-Bas, la Norvège et le Danemark, tandis que le contingent italien se
renforçait. La France a également soutenu l'engagement du corps
germano-néerlandais à la tête de la FIAS, à l'issue
du commandement turc.
« Les Balkans, l'Afghanistan, la lutte contre le terrorisme. En
effet, les Balkans et l'Afghanistan ne sont pas les seules marques de notre
engagement européen au lendemain de la terrible attaque portée 13
contre les États-Unis, le 11 septembre 2001. Il nous paraît
naturel et nous voulons que la politique européenne de
sécurité et de défense apporte sa contribution à la
politique antiterroriste de l'Union européenne, y compris sur le sol
européen, en poursuivant le chemin tracé dans la
déclaration adoptée à Séville. A ce titre, le
Comité militaire de l'Union européenne a fourni la
possibilité de déclarer certains moyens militaires nationaux dans
le cadre du mécanisme communautaire de coordination pour la protection
civile.
« Poursuivre dans la voie que je viens d'indiquer devant vous,
implique que nous nous donnions ensemble les moyens de notre ambition en
matière de décision, mais aussi de réalisation. Tout
récemment, à Bruxelles, le 19 novembre dernier, nous avons
travaillé à la mise au point du processus de décision et
de planification sur la question des capacités et sur la constitution
d'une Europe de l'armement. En ce qui concerne le processus de décision
et de planification, vous le comprenez tous, il faut que l'Europe
développe sans tarder un concept européen de réaction
d'urgence, et ce autour de quelques idées simples. La force choisie pour
cette mission doit pouvoir être disponible dans un délai compris
entre cinq et trente jours. Les procédures de gestion de crises
adoptées doivent avoir été préalablement
définies. Les scénarios doivent être
préparés. Les nations cadres doivent être
identifiées pour assurer le commandement dans les délais requis.
Le concept de nation pilote, qui conduit un certain nombre de pays membres
à créer une coalition de volontaires, permettrait à
l'Union européenne de reprendre à son compte et sous
contrôle politique l'opération une fois qu'elle sera lancée.
« A côté des commandements, les capacités. Le
plus rude des défis qu'il nous revient de relever est en effet celui des
capacités. Pour autant, le catalogue des forces mises à la
disposition de l'Union européenne recèle des ressources
importantes. Nous l'avons constaté, il représente
déjà un réservoir de forces disponibles pour la Force de
réaction rapide. Et je vous rappelle que nous avons fixé la
taille de celle-ci à 60 000 hommes. Sur les capacités
toujours, nous savons que les difficultés rencontrées par
certains pays invitent à réfléchir à de nouvelles
formes de financements pour l'acquisition des équipements. C'est ce que
le ministre portugais a tout à l'heure évoqué dans ses
réponses.
« Nous devons aussi établir des priorités pour rendre
l'ECAP - plan d'action européen sur les capacités -
visible et pérenne, en particulier dans des domaines tels que ceux des
drones, du NBC, des hélicoptères de transport et surtout du
transport aérien stratégique. J'ai proposé, lors de la
réunion des ministres de la défense à Rethimnon, le
renforcement de la cellule européenne de coordination du transport
aérien. C'est l'un de nos problèmes majeurs. Or, si nous voulons
agir et être efficaces, il faut que nous puissions projeter nos forces.
J'ai également proposé la création d'un centre
européen de recherche et de sauvetage de combat. Les projets de
commandement européen de transport aérien et d'un centre de
recherche et de sauvetage me semblent facilement réalisables avant la
fin de 2003 car ce qui compte, c'est d'avoir non seulement des
déclarations, mais des actes dans un délai court.
« Construire l'Europe de la défense est un autre de nos
chantiers ambitieux. L'identification des lacunes montre que les États
devront investir dans les capacités requises pour les ambitions de
l'Europe. La France a déjà pris en compte cette exigence dans sa
nouvelle loi de programmation militaire, que j'ai eu l'honneur de
présenter à l'Assemblée nationale jeudi dernier.
L'annuité moyenne des investissements en matière
d'équipements a été augmentée de 14 %. Mais
j'entends aussi que l'argent mis à notre disposition par la nation, qui
est finalement, en ce qui concerne la France, l'argent de chacun des
Français, soit utilisé au mieux. Pour cela, des
coopérations multinationales et des acquisitions communes s'imposent.
Pour accompagner la démarche, dans le cadre de l'ECAP, les responsables
des questions d'armement au sein des quinze pays de l'Union se sont
réunis à plusieurs reprises pour définir les
procédures d'acquisition les plus appropriées. Il convient
là aussi, dans ce domaine, de savoir faire preuve d'imagination. Il
pourra s'agir de développements communs ou d'achats groupés de
matériels existants. Ces responsables de l'armement ont également
pour mission d'organiser l'implication de l'industrie européenne dans le
processus. Et je pense que leur rencontre pourrait préfigurer
- pourquoi pas ? - une organisation européenne de l'armement,
à laquelle nous sommes favorables. Celle-ci serait responsable des
développements capacitaires, des méthodes d'acquisition, de
financements et de conduite des programmes partagés par plusieurs
États membres. Une telle organisation trouverait sa place dans le
deuxième pilier, avec un modèle de fonctionnement comparable
à celui du Centre satellitaire et de l'Institut d'études de
sécurité que vous connaissez bien.
« Pour répondre à toutes ces solutions, nous comptons
beaucoup sur la Convention européenne. Nous contribuons activement
à ses réflexions, dans le cadre de son groupe défense,
notamment en étroite collaboration avec l'Allemagne. Les questions que
pose ce groupe nous paraissent être les bonnes et nous souhaitons
qu'elles puissent être traitées avec un esprit créatif et
ambitieux. L'évolution du contexte stratégique depuis le
11 septembre doit en effet nous inviter à repenser les missions de
la PESD. Une déclaration des Quinze sur leurs questions de
sécurité commune nous permettrait d'identifier les risques de
toute nature, notamment les risques terroristes, qui pèsent sur cette
sécurité ainsi que les moyens d'y faire face. Les récentes
avancées de l'Europe de l'armement sur le plan industriel doivent nous
amener à leur donner une traduction institutionnelle concrète. Le
principe de la création d'une agence européenne de l'armement,
mettant en oeuvre une politique commune, pourrait donc, à nos yeux, y
être inscrit. Un pacte de convergence pourrait être annexé
au Traité afin de fixer un objectif pour les dépenses
d'équipements de défense des États membres par rapport
à leur produit intérieur brut. Je crois que cette question
était évoquée au moment de mon arrivée dans cet
hémicycle.
« L'Europe de la défense à 25 exigera aussi un
dispositif institutionnel et des procédures de décision
adaptées, en particulier pour faire face aux besoins d'une gestion de
crise qui, par définition, implique la rapidité. La
nécessaire cohérence de l'action extérieure de l'Union
doit nous conduire à repenser les modalités de planification
globale des opérations qu'elle choisit de conduire.
« Pour terminer, Mesdames et Messieurs les parlementaires, je mesure
l'ampleur des ambitions que je viens de formuler devant vous. Je les mesure
surtout à l'aune de nos besoins, je dirais de nos responsabilités
de politiques à l'égard de nos citoyens dans un monde à
l'avenir plus incertain que jamais. Dans tous nos pays, nos concitoyens sont
inquiets. Ils doivent savoir que nous sommes décidés à
tout mettre en oeuvre, ensemble, pour assurer, de notre mieux, leur
sécurité et leur défense. Depuis la création des
Nations unies, les peuples de l'espace occidental et atlantique ont
vécu, je dirais, en privilégiés, grâce à
l'UEO, à l'OTAN, et désormais à l'Union européenne.
En Europe, chacun ne peut en dire autant. Le moment est venu de franchir une
nouvelle étape dans la construction de la PESD. C'est essentiel, car il
n'y aura pas de vraie politique étrangère européenne si
l'Union européenne ne dispose de la capacité de se faire
respecter, si nécessaire, par des moyens militaires. Nous devons montrer
à nos opinions publiques que l'Union est désormais en mesure de
réussir une opération militaire en Europe pour faire
prévaloir ses intérêts et ses valeurs de paix et de
liberté. Votre appui, Mesdames et Messieurs les parlementaires, est
capital dans cette prise de conscience du potentiel européen et dans sa
promotion. »
M. Jean-Claude Mignon, Député (Seine-et-Marne - UMP),
Président de la Délégation parlementaire française,
s'est adressé à Mme Michèle Alliot-Marie en ces
termes :
« Mme le Ministre, permettez-moi, tout d'abord, au nom de la
délégation française, de vous remercier pour votre
présence qui témoigne de votre souci d'associer les
parlementaires, et plus particulièrement l'Assemblée de l'UEO,
à l'effort de réflexion sur les questions de défense
européenne.
« Vous représentez ici un gouvernement qui a placé la
politique de défense et de sécurité au coeur de son
action. Le projet de budget pour 2003 ainsi que le projet de loi de
programmation militaire, tous deux en cours d'examen devant le parlement
français, visent à donner un élan nouveau à
l'effort d'équipement de nos armées. Sous la direction du
Président de la République, votre gouvernement veille à ce
que la France tienne son rang, fasse entendre sa voix au sein de l'Alliance
atlantique et du Conseil de sécurité de l'ONU. Par ailleurs, le
ministre français des affaires étrangères et son homologue
allemand viennent de publier une contribution commune dans le domaine de la
politique européenne de sécurité et de défense, qui
a pour but de renforcer les moyens institutionnels et les capacités
militaires de l'Union européenne afin, notamment, que celle-ci puisse
faire face aux nouveaux risques comme l'hyperterrorisme.
« Cette dernière initiative permet d'espérer une
relance de la construction européenne dans le domaine de la
défense, pourvu qu'elle soit relayée par les pays
européens. Il est plus que temps que l'Union européenne assume
complètement ses responsabilités car la défense du
continent ne saurait reposer exclusivement sur l'effort de défense
américain.
« Pouvez-vous nous dire, Madame le Ministre, quel a été
l'écho de cette initiative parmi les États membres de
l'Union européenne ? »
À cette question, Mme Michèle Alliot-Marie a apporté les
réponses suivantes :
« Il est vrai aussi que, pour parvenir au bout de nos efforts, il est
nécessaire que certains pays ne se contentent pas de dire qu'il faut
faire l'union de la sécurité et de la défense, mais s'en
donnent aussi les moyens. Je le répète à chacune de mes
réunions avec mes collègues. Il ne suffit pas de
répéter qu'il nous faut le troisième pilier, tout en
acceptant que son pays ne fasse aucun effort et en reste à 1 % du PIB en
termes d'effort militaire. Si nous voulons avancer, il faut que tous prennent
les moyens de leurs déclarations. Prendre les moyens du troisième
pilier, c'est se dire que la sécurité de nos concitoyens vaut
peut-être un peu plus que ce qui s'est fait jusqu'à ce jour.
« Certains prennent prétexte du Pacte de stabilité pour
freiner les dépenses militaires. Je n'y reviendrai que brièvement
car mon collègue portugais qui me précédait a
également répondu sur cette question. Je serai très claire
: il faut que nous, responsables politiques, et tous ceux qui prennent des
positions sur ce point disent clairement à leurs opinions publiques
qu'ils estiment que des règles purement financières valent mieux
que la sécurité des hommes et des femmes qui peuplent l'Europe.
Que chacun assume ses responsabilités. Que ceux qui veulent faire ce
choix, c'est-à-dire privilégier d'autres domaines que la
défense, le disent. Mais qu'ils ne se réfugient plus
derrière le petit doigt du Pacte de stabilité pour demander qu'on
ne fasse aucun effort, tout en comptant sur les autres, c'est-à-dire sur
ceux qui font des efforts, pour assurer leur propre
sécurité. »
Allocution de M. Günther ALTENBURG,
Secrétaire
général adjoint de l'Organisation du Traité
de
l'Atlantique Nord - OTAN - pour les affaires politiques,
représentant Lord ROBERTSON, Secrétaire
général
(Mardi 3 décembre 2002)
« M. Günther Altenburg s'adressant à
l'Assemblée, a ainsi indiqué que le sommet des chefs
d'État et de gouvernements de Prague n'était que le
seizième du genre, ce qui peut sembler peu pour une organisation vieille
de près de 54 ans. Mais, contrairement à bien d'autres
institutions, l'OTAN ne se réunit que quand elle a quelque chose
d'important à débattre et à décider. Depuis la fin
de la guerre froide, la fréquence de ces sommets a doublé, preuve
que les changement sont de plus en plus rapides.
« Ce sommet a permis de faire le point des relations
transatlantiques. On y a vu que, en dépit de ce que disent les
sceptiques, ces relations se portent très bien. Les États-Unis
n'ont pas souhaité se désengager, bien au contraire ; les
débats ont largement porté sur leurs contributions. La plupart
des décisions avait été préparée par les
Américains.
« La principale a, bien sûr, porté sur
l'élargissement. L'adhésion de la Bulgarie, le l'Estonie, de la
Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la
Slovénie est un événement historique. Lorsque ces sept
nouveaux membres auront rejoint l'Alliance, au printemps 2004, l'Europe s'en
trouvera consolidée, avec une zone de sécurité qui ira de
la Baltique aux Balkans. Avec l'élargissement de l'Union
européenne, la guerre froide aura ainsi totalement disparu et les
peuples européens pourront bénéficier de
l'intégration euro-atlantique.
« Le sommet a également porté sur les nouvelles
capacités. Après le 11 septembre, l'intervention en
Afghanistan a montré les limites de plusieurs pays européens dans
la mise à disposition et le transport des troupes. On a dit à
Prague que cela devait changer et que les Européens devaient consentir
des efforts pour combler leurs lacunes en matière de transport
aérien et d'approvisionnement en vol.
« Les alliés ont appuyé la proposition
américaine de créer une force de réaction de l'OTAN. Cette
force devra avoir la taille d'une brigade et pouvoir intervenir très
rapidement là où cela sera nécessaire. Avec les structures
de commandement intégré, l'Alliance disposera ainsi de la
capacité de relever les défis là où ils se posent.
« En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, l'OTAN, lors de
ce sommet, a pris des mesures concrètes pour améliorer son
efficacité : un concept militaire de défense contre le terrorisme
a été adopté ; d'importantes capacités de
dissuasion ont été prévues ; un plan d'action a
été élaboré. Ainsi, l'OTAN montrera bientôt
qu'elle peut apporter une contribution concrète dans ce domaine. Le
commandement de la force de paix à Kaboul a par ailleurs
été confié à l'Allemagne et aux Pays-Bas.
« Les discussions de Prague ont également porté sur la
défense vis-à-vis des armes de destruction massive. Les
alliés ont décidé de mieux équiper et de mieux
former les soldats. Pour améliorer la protection des populations
civiles, des équipes mobiles de réaction seront
créées. La défense antimissile devrait en outre être
améliorée. Les membres de l'OTAN se sont mis d'accord pour
relever, par de nouveaux concepts stratégiques, le défi
lancé par l'usage de ces armes. Ils ont décidé
d'élargir leur champ d'intervention en matière de
sécurité à l'Asie centrale et aux pays de la
Méditerranée, où les groupes terroristes possèdent
d'importantes bases. En ce sens, les partenariats existants avec les pays de
ces zones géographiques devraient d'être renforcés. Quant
aux relations avec la Russie, dont l'importance avait été
affirmée à Rome, elles seront de nouveau mises au premier plan
lors du séminaire organisé à Moscou dans deux semaines et
consacré à la lutte contre le terrorisme.
« Les relations entre l'OTAN et l'UE n'ont pas été
abordées à Prague mais elles auront leur importance dans le
processus de transformation de l'OTAN. De nouveaux instruments de
décision et une meilleure division des rôles sont
nécessaires pour relever les défis futurs.
« Beaucoup ont pensé, après le 11 septembre, que
certains membres de l'Alliance la considéraient désormais
uniquement comme une alliance militaire, sans plus. Il n'en est rien, et les
États-Unis comme les pays européens la considèrent comme
une institution stratégique de premier ordre. Le sommet de Prague a par
ailleurs démontré que l'OTAN est désormais ouverte sur le
monde. »
Allocution de M. Yannos PAPANTONIOU,
Ministre de la
défense de la Grèce,
représentant la Présidence
grecque entrante de l'UEO et de l'UE
(Mardi 3 décembre 2002)
« Après avoir remercié
l'Assemblée
pour son invitation à présenter devant elle les priorités
de la présidence grecque en matière de sécurité et
de défense. M. Papantoniou rappelle que, en fait, sur ces
questions, cette présidence aura duré six mois de plus puisque le
Danemark, en tant que pays neutre, avait refusé de s'occuper de tout ce
qui avait trait à la défense.
« Les initiatives de la Grèce s'inscrivent dans la
lignée de celles qui ont été prises depuis Helsinki en
1999. D'ici 2003, date butoir, il est indispensable de garantir la
capacité opérationnelle de l'Europe et de mettre sur pied la
Force de réaction rapide qui lui permettra de se défendre en cas
de crise internationale.
« La politique de défense et de sécurité de
l'Union Européenne est une conquête particulièrement
importante puisqu'elle permet à celle-ci de renforcer son rôle sur
la scène internationale. La conjoncture mondiale, après les
événements du 11 septembre, accroît encore un peu plus
la nécessité de réorienter cette politique. Le fait que
les problèmes de sécurité aient été
élevés au rang de priorité dans le cadre de la Convention
n'est évidemment pas un hasard. A nul autre moment dans l'histoire de la
construction européenne, ils n'ont pris une telle importance. La
création d'un cadre d'action commun constituerait un progrès
majeur. La présidence grecque souhaite concentrer ses efforts sur la
mise en place de la force de réaction rapide décidée
à Helsinki. Au mois de décembre 2001, à Laeken, un Plan
d'action a été élaboré afin que les lacunes
existant dans les différents systèmes d'armement des pays membres
de l'Union soient éliminés et que cette force puisse
effectivement voir le jour. Le 1
er
juillet 2002, la
présidence grecque a déclaré son intention de se
concentrer prioritairement sur cet objectif : les conclusions de ce Plan
d'action européen devront être rendues au plus tard en mars 2003.
Cette politique ne pourra évidemment avoir de traduction concrète
sans moyens financiers adaptés. Malheureusement, la conjoncture
économique a conduit de nombreux pays à réduire les
crédits de la défense. En outre, le Plan de stabilité et
de développement est aujourd'hui bloqué. Alors que les
États-Unis consacrent 3,5 % de leur PIB à leur armement,
l'Union européenne n'en dépense que1 %. Si les pays
européens veulent se doter de capacités opérationnelles
efficaces et coordonnées, ils doivent accepter de réorienter
leurs dépenses dans le secteur militaire.
« Les relations entre l'Union européenne et l'OTAN constituent
un autre problème en suspens. Sur le plan opérationnel, il ne
serait évidemment pas juste de demander aux pays européens un
double effort en matière d'armement alors que l'OTAN dispose d'ores et
déjà de capacités. Il est donc impératif de
coordonner les différents programmes des deux organisations. Sur le plan
politique, la question est de savoir si les Européens souhaitent
réellement travailler avec l'OTAN. Certains souhaiteraient garantir le
développement d'une politique de défense européenne
autonome et limiter les relations entre l'UE et l'OTAN. D'autres, au contraire,
estiment préférable de placer cette politique sous l'égide
de l'OTAN. La présidence grecque doit bien sûr tenir compte de ces
deux courants de pensée en Europe, mais elle tient à affirmer sa
propre position : elle considère que sans PESD autonome, il ne peut y
avoir de véritable construction européenne ; néanmoins
l'Europe et les États-Unis étant amenés à l'avenir
à conduire des missions de sécurité et de défense
communes, un partenariat stratégique entre l'UE et l'OTAN est
indispensable, à condition d'assurer un meilleur équilibre dans
les relations entre les pays européens et leur partenaire
américain.
« Deux sujets de préoccupation doivent également
être évoqués dans le cadre des relations avec l'OTAN. Tout
d'abord, on doit regretter que celle-ci lors du sommet de Prague, n'ait pas
repris à son compte les conclusions du dernier Conseil européen
sur les valeurs démocratiques et de respect des droits fondamentaux
prônées par les pays membres de l'UE. Un pays membre de l'OTAN n'y
était sans doute pas prêt. C'est dommage car le temps presse.
« D'autre part, les missions conjointes de l'OTAN et de l'UE dans
l'ARYM arrivant à leur terme, la question du partage des tâches
entre les deux organisations se pose. L'UE devrait pouvoir se lancer seule dans
leur règlement définitif mais il semble préférable,
sur le plan politique, de conserver l'appui de l'OTAN : les populations locales
sont très attachées à la présence des
États-Unis dans la zone.
« La situation de l'industrie de défense européenne
fragilise la construction de la PESD. Le marché des armements est
beaucoup moins développé en Europe qu'aux États-Unis. Il
est en outre fragmenté et la demande y est faible. L'absence totale de
coordination entre les différents pays européens ne permet pas de
résister dans de bonnes conditions à la concurrence
américaine. On peut d'ailleurs regretter que les ambitions de Lisbonne
n'aient pas été traduites dans les faits : pas un seul euro n'a
été investi à ce jour dans la relance de la recherche
européenne en matière d'armement alors que les États-Unis
se montrent particulièrement dynamiques dans ce domaine. Si l'UE ne
réagit pas rapidement, le fossé risque de se creuser
irrémédiablement. Or tout renforcement de la PESD serait vain
sans véritable développement de l'industrie de la défense
européenne.
« La présidence hellénique engage vivement les
gouvernements européens à se libérer de leurs tentations
égoïstes et à encourager les fusions
transfrontalières entre industries de défense. Elle est par
ailleurs favorable à la création d'une agence de l'armement qui
favoriserait le développement de l'industrie de défense
européenne, tout comme la mise en oeuvre de programmes communs de
recherche.
« Ces buts sont ambitieux mais ils ne sont pas irréalisables.
Chaque instance doit apporter sa pierre à l'édifice.
« On a évoqué la collaboration avec les pays du Sud, en
particulier ceux de la Méditerranée. Il est effectivement grand
temps de lancer des initiatives en vue de mieux informer ces pays et de les
faire participer aux missions humanitaires, notamment en contribuant à
la formation de leurs personnels.
« La fin de la guerre froide n'a pas signifié la fin des
conflits. La crise des Balkans, la crise au Moyen-Orient, les crises
successives en Afrique, la perspective d'une nouvelle crise du Golfe, le
développement du crime organisé en sont la preuve. Il va falloir
relever ces défis en accordant plus d'importance aux problèmes de
sécurité et de défense qu'au temps de la guerre froide,
où le parapluie nucléaire semblait protéger l'Europe.
« En ce qui concerne les relations entre l'Union européenne et
l'OTAN, il est clair que l'Union doit avoir une politique de défense
autonome, mais que le partenariat avec les États-Unis reste
indispensable. L'Union européenne doit aussi rester un club ouvert,
notamment aux pays de la Méditerranée.
« Enfin, il est important de conforter la légitimité
politique des initiatives en matière de sécurité et de
défense européennes : ces questions ne devraient pas
intéresser seulement les états-majors et les gouvernements mais
aussi les citoyens qui, aujourd'hui, ne se sentent plus du tout en
sécurité et aimeraient que leurs représentants participent
davantage à la discussion. Il faut donc exiger, a conclu
M. Papantoniou, dans le cadre des discussions de la Convention
européenne, que le rôle des parlements nationaux et du parlement
européen soit accru. »
RÉSOLUTION N° 111
(1(
*
))
sur le rôle de l'Europe dans un nouvel ordre de paix et de
sécurité :
contribution à la Convention
L'Assemblée,
(i) Consciente de l'importance fondamentale du travail entrepris par les
membres de la Convention sur l'avenir de l'Union européenne pour se
mettre d'accord, d'une part sur les missions internationales de l'Union
européenne, qui affectent la sécurité de ses pays membres
et de ses citoyens, d'autre part sur les moyens indispensables pour les
accomplir ;
(ii) Soucieuse de s'acquitter des responsabilités qui demeurent les
siennes en vertu du Traité de Bruxelles modifié, dont l'objectif
est de poursuivre une politique de paix, de renforcer la sécurité
européenne et de prendre les mesures nécessaires afin de
promouvoir l'unité et d'encourager l'intégration progressive de
l'Europe ;
(iii) Résolue par conséquent à continuer d'apporter des
contributions constructives et pratiques aux travaux de la Convention dans les
domaines dans lesquels l'Assemblée a acquis, en cinquante ans
d'existence, une expérience sans équivoque ;
PROPOSE
À LA CONVENTION SUR L'AVENIR DE L'UNION EUROPÉENNE DE PRENDRE EN
COMPTE LES CONSIDÉRATIONS SUIVANTES :
I.
1. Pour
donner à la PESC la cohérence requise dans la perspective d'une
Union européenne de 25 pays membres et plus, il faudra modifier le
processus de prise de décisions en privilégiant le vote à
la majorité qualifiée, à l'exception des décisions
ayant des implications militaires ou dans le domaine de la
défense ;
2. Si cela s'avère impossible, il conviendrait d'assouplir les
règles actuelles de la procédure « d'abstention
constructive » et d'ouvrir l'instrument des
« coopérations renforcées » à certains
domaines, en particulier à ceux de la PESD ;
3. Il convient de préciser le rôle de l'autorité
représentant la politique étrangère et de
sécurité commune de l'Union européenne et de renforcer son
efficacité en lui accordant un droit d'initiative pour promouvoir le
consensus des gouvernements sans préjudice des droits existants de
chaque État membre ;
4. Si la Convention se met d'accord que l'Union européenne devra
être dotée d'une personnalité juridique unique, elle devra
prendre en compte les conséquences de la création
éventuelle d'une représentation de l'UE dans les organisations
internationales responsables des questions de sécurité, notamment
le Conseil de sécurité de l'ONU, l'OTAN et l'OSCE, qui sont
fondées sur le principe de l'égalité souveraine des
États membres ;
5. Pour définir plus précisément le champ d'application de
la PESD, il conviendrait que l'Union européenne élabore un
concept politique général de sécurité
européenne, sur la base duquel elle arrêterait son propre concept
stratégique militaire ;
6. Toute disposition sur une coopération renforcée en
matière de PESD ne devrait pas être limitée exclusivement
à la mise en oeuvre d'une action commune ; les conditions relatives
à une coopération renforcée dans ce domaine devraient
être aussi flexibles que possible en ce qui concerne le nombre minimum de
pays participants et permettre la participation des pays européens
intéressés qui ne font pas (encore) partie de l'Union
européenne.
II.
1.
ambiguïtés de l'attitude de l'Union européenne à
l'égard de la défense collective, voire commune, devraient
être levées. En effet, en vue d'éviter les erreurs commises
en 1992 lors de l'élargissement qui a suivi le Traité de
Maastricht, où les pays candidats n'ont pas été contraints
à adhérer pleinement à l'UEO et à son
Traité, les pays qui auront vocation à être invités
à rejoindre l'Union européenne en 2004 devraient savoir de
façon sûre s'ils entrent ou non dans une Union européenne
qui oblige ses membres à la défendre ; dans ce contexte, il
convient d'appuyer les propositions franco-allemandes adressées à
la Convention en date du 21 novembre 2002, qui visent à la
transformation de la PESD en une Union européenne de
sécurité et de défense ;
2. À cet égard, plusieurs options sont possibles :
(a) L'option la plus avancée consisterait à établir une
véritable défense « commune » de l'Union
européenne. Dans cette hypothèse, on considère que l'Union
européenne dispose d'un territoire qui lui est propre et que chaque
agression affectant ce territoire engage la défense de l'Union
européenne. Il ne s'agirait alors plus d'une défense
« collective » régie par une clause d'assistance
mutuelle entre les pays membres dans le sens traditionnel des alliances
militaires, mais la défense du territoire de l'Union européenne
serait une obligation faite à l'Union elle-même et inscrite dans
sa Constitution ;
(b) Dans l'hypothèse où les États membres garderaient
toutes leurs responsabilités en ce qui concerne l'inviolabilité
de leur territoire et la sécurité de leurs citoyens, on resterait
dans le schéma traditionnel de la défense
« collective ». Dans ce cas, il serait souhaitable
d'inscrire une clause de solidarité et d'assistance mutuelle dans le
corps même du traité pour lui donner la crédibilité
politique et juridique nécessaire ;
(c) Il faudrait alors déterminer les conditions dans lesquelles certains
pays qui ne seront pas prêts à souscrire à une telle clause
pourraient être exemptés des obligations qui en découlent
et en évaluer les conséquences pour leur participation à
des opérations dans le cadre de la PESD ;
(d) Il convient de saluer dans ce contexte les bonnes intentions qui
sous-tendent les propositions franco-allemandes visant à ce que les
États membres qui le souhaitent puissent transférer à
l'Union européenne les engagements auxquels ils ont souscrit dans le
cadre de l'UEO, mais il reste encore à examiner si l'instrument de la
coopération renforcée peut constituer une base suffisamment
solide et contraignante pour atteindre cet objectif ;
(e) Si la CIG opte pour l'inscription de l'engagement d'assistance mutuelle et
collective dans un protocole annexé au traité, son entrée
en vigueur devrait dépendre non seulement de la signature de tous les
pays concernés, mais des procédures de ratification
prévues par leurs constitutions respectives. Dans ce cas, le protocole
devrait comporter une clause
«
d'opting in
» ;
3. En ce qui concerne la teneur d'une clause d'assistance mutuelle (qu'elle
soit incluse dans le traité ou contenue dans un protocole), sa
portée ne devrait pas être plus faible que celle de l'engagement
souscrit dans l'article V du Traité de Bruxelles
modifié ;
4. Dans ce contexte, il faudrait examiner si une redéfinition du terme
d'« agression armée » est nécessaire compte
tenu de l'existence de menaces de type nouveau ;
5 Il faudrait également préciser la définition de la
portée géographique (« l'Europe ») d'une
obligation d'assistance mutuelle ;
6. En outre, il faudrait se mettre d'accord sur le point de savoir si l'Union
européenne doit être dotée en propre d'une
responsabilité militaire pour la défense de l'Europe,
responsabilité qu'à l'heure actuelle l'OTAN continue d'assumer
seule depuis 1950 ;
7. En attendant que toutes ces questions soient clarifiées, il
semblerait préférable de maintenir l'article V du
Traité de Bruxelles modifié en dehors du cadre de l'Union
européenne et d'inviter tous les nouveaux membres de l'Union
européenne et les nouveaux membres européens de l'OTAN à y
adhérer ;
8. Renoncer entièrement à un engagement collectif européen
en matière de défense est une option à laquelle
l'Assemblée ne saurait souscrire. Le Traité de Bruxelles
modifié, garde toute sa pertinence parce que son article V
constitue actuellement la seule garantie contre la disparition du projet de
construction d'une véritable Europe de la défense.
III.
1. La
sensibilisation des opinions publiques aux questions de sécurité
et de défense demeure une des tâches essentielles des membres des
parlements nationaux dans leurs relations avec l'électorat de leur
circonscription ;
2. Il est indispensable que le rôle collectif des parlements nationaux
soit entériné dans le nouveau traité, voire dans la
Constitution, en ce qui concerne non seulement le contrôle ex ante du
principe de subsidiarité, mais aussi et surtout le suivi ex ante et a
posteriori des activités de l'exécutif européen dans les
domaines intergouvernementaux, et notamment la PESC et la PESD ;
3. Ce suivi devrait être organisé de façon à ne pas
apparaître comme une régression par rapport à l'acquis
démocratique de certaines assemblées interparlementaires, tel que
celui de l'Assemblée de l'UEO dans ses relations de travail avec le
Conseil de l'UEO ;
4. Il faudrait donc prévoir un contrepoids interparlementaire aux
activités intergouvernementales de l'Union européenne. La
convocation d'une conférence des seuls présidents des commissions
des affaires étrangères et de la défense à
certaines occasions ne suffirait pas pour donner à la PESC et à
la PESD une dimension parlementaire appropriée ;
5. Une solution visant à concrétiser le rôle collectif des
parlements nationaux reste à évaluer. Une telle solution
exigerait entre autres que soient profondément modifiées la
nature, la composition et les méthodes de travail des instances
existantes, compte tenu des dispositions à 15+15 actuellement en vigueur
pour la PESC.
RÉSOLUTION N° 112
(2(
*
))
sur une politique de défense européenne : contribution
à la Convention
L'Assemblée,
i. Rappelant sa Résolution n° 109 sur le rôle des
parlements nationaux dans l'Union européenne et plus
particulièrement dans la PESD ;
ii. Considérant que la réforme des institutions
européennes restera incomplète tant que l'Union européenne
n'aura pas inclus la défense commune dans son champ de
compétences ;
iii. Exprimant son soutien à la volonté des États membres
de l'Union européenne, affirmée dans les conclusions de la
Présidence d'Helsinki de décembre 1999, de
«
développer une capacité autonome de décider
et, là où l'OTAN en tant que telle n'est pas engagée, de
lancer et conduire des opérations militaires sous la direction de
l'UE
» ;
iv. Soulignant les progrès accomplis depuis la réunion du Conseil
européen de Nice, en 2000, dans la mise en place des institutions de
gestion de crise au sein de l'UE (COPS, CMUE, EMUE) ;
v. Soulignant l'importance que revêt pour la défense
européenne l'activation, au cours de 2003, de la capacité de
réunir une force de 50 à 60 000 hommes pour une
opération conduite par l'UE, conformément à l'objectif
global défini à Helsinki, par le Conseil européen, en
décembre 1999 ;
vi. Soulignant la nécessité de faire évoluer le
débat sur la définition d'une politique de défense commune
au sein de l'UE, conformément à l'objectif inscrit dans le
Traité de Maastricht (1992) et confirmé dans les Traités
d'Amsterdam (1998) et de Nice ;
vii. Rappelant qu'aux termes de la Déclaration des États membres
de l'UEO annexée au Traité de Maastricht, «
les
États qui sont membres de l'Union européenne sont invités
à adhérer à l'UEO
» ;
viii. Considérant que l'adhésion volontaire des États de
l'Union européenne au Traité de Bruxelles modifié
représente un pas important pour le développement
ultérieur d'une politique de défense commune au sein de
l'UE ;
ix. Soulignant les conséquences capitales pour l'avenir de la
sécurité européenne et des relations transatlantiques du
nouveau concept stratégique des États-Unis présenté
en septembre 2002 ;
x. Soulignant l'importance des travaux de la Convention sur l'avenir de
l'Europe, chargée de proposer une réforme des institutions
européennes actuelles ;
xi. Exprimant sa volonté de continuer à contribuer aux
discussions qui ont lieu au sein de la Convention, notamment sur les questions
de sécurité et de défense et sur la dimension
parlementaire de la PESD,
PROPOSE À LA CONVENTION SUR L'AVENIR DE L'UNION EUROPÉENNE
1. D'inclure dans ses débats la discussion de
propositions de modification des institutions afin de permettre :
Dans le domaine politique :
l'élaboration d'un concept stratégique européen dont
la diffusion devrait aider à promouvoir la défense des
intérêts européens et la paix dans le monde, et à
renforcer l'esprit de défense européen dans les opinions
publiques en Europe ;
la définition d'une politique de défense commune ;
l'élargissement du domaine des coopérations
renforcées aux questions de défense et l'introduction du principe
des majorités qualifiées dans le processus de prise de
décision dans le domaine de la PESD, à l'exception de l'emploi de
la force militaire ;
la réforme des institutions européennes avec la
création d'un Conseil formel des ministres de la défense et
l'attribution de la présidence du COPS au Secrétaire
général/Haut représentant pour la PESC ;
Dans le domaine opérationnel et des capacités :
l'adaptation et l'élargissement de la portée des missions
de Petersberg pour faire face aux conflits du XXI
e
siècle ;
le développement et la modernisation des capacités de
défense nationales et communes de l'UE, en portant une attention
particulière au domaine du renseignement humain, électronique et
dans l'espace extra atmosphérique, pour assurer le maintien d'une
autonomie de décision aussi complète que possible ;
la mise en place au sein de l'Union européenne d'une chaîne
autonome de commandement des opérations en renforçant
l'État-major de l'Union (EMUE) ;
le développement au sein de l'UE de moyens militaires projetables
qui sont nécessaires aux interventions extérieures, notamment
dans le domaine des forces aériennes et aéronavales ;
le développement de la coopération européenne dans
le domaine de l'armement :
par la création d'une véritable agence européenne de
« Recherche et technologie » dotée d'un budget
communautaire et fondée sur l'actuelle OAEO (Organisation de l'armement
de l'Europe occidentale) ;
par la mise en place d'une structure de coopération pour le
développement des programmes d'armement qui soit ouverte à tous
les pays membres et basée sur l'actuelle OCCAR (Organisation conjointe
de coopération en matière d'armement) ;
2. De veiller à ce que les intérêts des États
candidats à l'adhésion à l'UE, mais aussi de tous les pays
européens qui le souhaitent, soient préservés et que ces
États soient associés étroitement aux débats en
cours sur les questions de sécurité et de défense
européennes.
RECOMMANDATION N° 715
(3(
*
))
sur l'élargissement de l'OTAN et de l'UE.
Réponse au
rapport annuel du Conseil
(en annexe : texte de la première partie du 48
e
Rapport annuel du Conseil des ministres de l'UEO - période allant du
1
er
janvier au 30 juin 2002)
L'Assemblée,
i. Se félicitant des perspectives imminentes d'élargissement
à la fois de l'UE et de l'OTAN, en vue d'une unification pacifique et
durable du continent européen au niveau politique et
économique ;
ii. Consciente des répercussions que les deux processus
d'élargissement auront sur l'avenir de la défense et de la
sécurité européennes ;
iii. Considérant que l'élargissement imminent de l'UE va
repousser ses frontières vers l'Est, et qu'il faudra moderniser les
points de passage pour les aligner sur les normes de l'UE et permettre aux
services de douane et à la police des frontières de
maîtriser pleinement la situation et de prévenir les
franchissements illégaux de personnes et de marchandises, ainsi que le
trafic d'armes et de stupéfiants ;
iv. Reconnaissant que l'adhésion imminente de la Lituanie et de la
Pologne est à l'origine d'un problème spécifique de
transit de personnes et de biens entre la Russie et l'enclave de Kaliningrad,
rendu plus aigu en raison de la nécessité de concilier les
exigences de sécurité aux frontières de l'Union
européenne, la souveraineté des pays candidats et le souci
légitime de la Russie de préserver son intégrité
territoriale ;
v. Se félicitant de l'accord intervenu le 11 novembre 2002
entre l'UE et la Russie sur un ensemble de mesures visant à faciliter le
transit entre la région de Kaliningrad et le reste de la Russie ;
vi. Saluant notamment l'engagement de l'UE de continuer à soutenir
techniquement et financièrement les efforts russes en vue de promouvoir
le développement économique de la région de Kaliningrad et
de renforcer la coopération transfrontalière avec la Russie le
long des frontières de l'UE élargie ;
vii. Considérant que son futur élargissement vers l'Est doit
plus que jamais inciter l'Union européenne à régler ses
relations avec le Belarus, qui deviendra non seulement un nouveau pays
limitrophe, mais également un pays de transit entre l'Europe et son
partenaire stratégique, la Russie ;
viii. Consciente que les profonds liens historiques et culturels entre le
Belarus et la Russie font de cette dernière le partenaire naturel pour
aider le Belarus à sortir progressivement de son isolement actuel face
au reste de l'Europe ;
ix. Notant avec satisfaction la volonté de nombreux pays
européens de participer à la défense du continent
européen et de renforcer les relations transatlantiques en
adhérant à l'OTAN ou en participant à ses activités
de partenariat ;
x. Soulignant que l'évolution des menaces et des risques à
la suite des événements du 11 septembre justifie d'autant
une intégration accrue du continent européen ;
xi. Estimant donc indispensable que tous les pays candidats qui seront
invités à adhérer à l'Union européenne en
décembre prochain soient tenus d'accepter sans réserve l'acquis
et le développement de la politique européenne de
sécurité et de défense (PESD) depuis la fin de
l'année 2000 ;
xii. Rappelant le rôle indispensable des parlements nationaux dans
le processus de ratification des traités d'adhésion ;
xiii. Soulignant l'importance et l'urgence de mieux expliquer les raisons
et les conséquences de ces élargissements aux citoyens
européens en vue des référendums à venir ;
xiv. Soulignant que ni l'OTAN, ni l'UE ne peuvent se passer d'un
réexamen fondamental de leur rôle et coopération futurs et
que les deux processus d'élargissement en cours sont de nature à
amplifier et à accélérer le besoin d'une telle
redéfinition ;
xv. Tenant compte du caractère impératif et urgent de la
réforme en profondeur du système institutionnel de l'UE rendue
indispensable par l'élargissement en cours ;
xvi. Soulignant, dans ce contexte, l'importance des travaux de la
Convention sur l'avenir de l'Europe avec la participation des pays candidats
à l'Union européenne, visant à proposer la conclusion d'un
traité constitutionnel, qui dotera l'UE élargie d'une
personnalité juridique unique, notamment dans le domaine des relations
internationales ;
xvii. Rappelant les difficultés persistantes à surmonter les
réserves de certains pays membres de l'UE contre l'établissement
d'une obligation contractuelle de défense collective, voire commune dans
le cadre de l'Union européenne ;
xviii. Estimant pourtant qu'une telle clause reste essentielle pour une
Europe intégrée, telle que prévue dans le Traité
sur l'UE et souhaitant donc vivement qu'une solution satisfaisante soit
trouvée sur cette question avant l'entrée des nouveaux pays
membres dans l'UE ;
xix. Se félicitant de la décision du Conseil de maintenir
les statuts différents des pays de l'UEO et l'affirmation du Conseil,
dans sa réponse à la Recommandation n° 708, de sa
volonté de continuer à servir de forum de réflexion
stratégique ouvert à la participation des
délégations parlementaires de tous les pays de l'UEO ;
xx. Se félicitant de la décision prise par l'OTAN lors du
sommet de Prague d'inviter la Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la
Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie à engager des pourparlers
d'adhésion et constatant avec satisfaction que ces pays rempliront
bientôt les conditions pour devenir membres associés de l'UEO
(voire membres de plein droit pour ceux qui concluront les négociations
d'adhésion à l'UE et à l'OTAN) et que les processus de
ratification de l'OTAN et de l'UE devraient en principe être
achevés en mai 2004,
RECOMMANDE AU CONSEIL
1.
D'inciter les représentants des gouvernements des pays de l'UEO à
la Convention sur l'avenir de l'Europe à soutenir les efforts visant
à inclure dans un traité constitutionnel de l'UE un engagement
ferme et sans ambiguïté en matière de défense
commune, avant que l'élargissement ne soit achevé ;
2. De laisser, à défaut, la porte ouverte aux nouveaux pays,
acceptés à la fois en tant que membres de l'UE et de l'OTAN, qui
souhaiteraient adhérer au Traité de Bruxelles modifié afin
d'affirmer leur détermination à participer au projet de l'Europe
de la défense et à assumer pleinement leur responsabilité
dans ce domaine ;
3. D'inviter la Bulgarie et la Roumanie en tant que nouveaux pays de l'OTAN
à devenir membres associés de l'UEO, s'ils le souhaitent,
dès l'entrée en vigueur des protocoles d'accession au
Traité de Washington, comme ce fut le cas pour la Hongrie, la Pologne et
la République tchèque lors du précédent
élargissement de l'Alliance ;
4. De maintenir l'UEO et son Assemblée en tant que forum de
réflexion stratégique élargi, dans lequel toutes les
délégations des pays qui entreront dans l'UE et/ou l'OTAN
pourront trouver leur place ;
RECOMMANDE AU CONSEIL D'INCITER L'UNION EUROPÉENNE
5. A
donner la priorité à la pleine information des opinions publiques
sur le processus d'élargissement et ses implications, et à mettre
en place, dans ce but, des instruments plus concrets d'information ;
6. A favoriser le vote à la majorité qualifiée et une
réforme en profondeur du système institutionnel de l'UE en le
rendant plus transparent et plus simple en vue d'un fonctionnement efficace
d'une UE élargie de 15 à 25 membres, et plus à
terme ;
7. A tenir compte de la position stratégique essentielle pour la
sécurité d'une Union européenne élargie des pays
européens de l'Alliance non membres de l'UE lors de la mise en oeuvre
des arrangements sur la participation de ces pays à la PESD ;
8. A coordonner sa politique avec celle de l'OTAN à l'égard des
pays de l'Europe du Sud-Est, dans la perspective de leur possible
adhésion à l'UE et/ou à l'OTAN ;
9. A poursuivre, à cet effet, ses efforts pour la stabilisation
politique et économique des pays d'Europe du Sud-Est, en particulier en
Croatie, en Albanie, dans l'ancienne République yougoslave de
Macédoine, en République fédérale de Yougoslavie et
en Bosnie-Herzégovine, en vue de les préparer à la
candidature à l'UE dans les meilleurs délais ;
10. A continuer activement à renforcer le partenariat stratégique
avec la Russie ;
11. A s'assurer que le soutien technique et financier des efforts
déployés par la Russie pour promouvoir le développement
économique de la région de Kaliningrad demeure un objectif
prioritaire de la politique de l'UE, compte tenu de la
spécificité des problèmes économiques et sociaux
que connaît la région ;
12. A se concerter avec la Russie de façon à ce que ce partenaire
stratégique assume ses responsabilités qui découlent de
ses relations avec le Belarus, en vue d'aider ce pays à surmonter son
isolement du reste de l'Europe et de lui permettre d'entretenir des relations
harmonieuses avec ses partenaires naturels ;
13. A poursuivre ses efforts pour assister l'Ukraine, le Belarus et la Moldova
dans leur processus de démocratisation de la vie politique et de
libéralisation des échanges économiques ;
RECOMMANDE AU CONSEIL D'INCITER L'OTAN
14. A
procéder à un réexamen fondamental du rôle futur de
l'OTAN au regard de la réunification du continent européen ;
15. A s'engager à poursuivre l'élargissement de l'OTAN, notamment
aux pays d'Europe du Sud-Est, en pleine coordination avec la politique de l'UE
envers ces pays ;
16. A continuer à intensifier ses relations spécifiques de
coopération avec la Russie et l'Ukraine en menant une réflexion
de fond sur l'objectif ultime de cet approfondissement ;
17. A s'accorder sur le rôle des Européens au sein d'une Alliance
élargie et à réfléchir au rôle futur des
États-Unis pour la défense et la sécurité de
l'Europe.
Annexe
Première partie du Quarante-huitième rapport annuel du Conseil
à l'Assemblée sur les activités du Conseil
(pour
la période allant du 1
er
janvier au 30 juin 2002)
I.
Introduction
La mise en place de la politique européenne de sécurité et
de défense (PESD) est un projet de longue haleine. Sa réussite
dépend d'un objectif clair et d'une légitimité
basée sur une volonté de multilatéralisme et de
solidarité accrue. L'ambition de l'Union européenne est de
promouvoir un modèle d'intégration et de coopération dans
un monde interdépendant. La politique européenne de
sécurité et de défense n'est que l'un des instruments de
la politique étrangère et de sécurité commune,
donnant à l'Union européenne une capacité globale de
gestion de crise et de prévention des conflits. S'il est essentiel que
son développement continue de faire l'objet d'un large consensus parmi
les décideurs et les représentants parlementaires et dans les
opinions publiques, il dépend aussi de l'aptitude de l'Union
européenne à relever le défi de l'élargissement et
de l'adaptation au nouveau contexte stratégique.
Les démocraties de l'Union européenne sont confrontées
à une nouvelle menace - imprévisible par nature, nullement
liée à un territoire en particulier et opérant au niveau
subnational. Le nouveau système de sécurité doit donc
innover en matière de coopération avec les États-Unis et
avec tous les acteurs concernés, y compris la Russie. Il est essentiel
de prévenir les actions terroristes, de s'en protéger et de les
éradiquer. L'Union est bien placée pour relever ce
défi ; en effet, ses pays membres ont depuis longtemps
développé une culture sécuritaire basée sur la
prévention des conflits et la gestion politique des crises et qui tient
compte des racines économiques et sociales de la violence. On lui doit
d'ailleurs l'accord sur un mandat d'arrêt européen et le
développement du renseignement et de la coopération en
matière d'application du droit. À Séville, les dirigeants
européens ont réaffirmé que la lutte contre le terrorisme
restera un objectif prioritaire de l'Union et un des principes essentiels
sous-tendant sa politique extérieure. À la suite de cette
décision, l'Union européenne a pris une série de mesures
par lesquelles elle renforce ses instruments pour la prévention à
long terme des conflits ; met l'accent, dans son dialogue politique avec
les pays tiers, sur la lutte contre le terrorisme, ainsi que sur la
non-prolifération et la maîtrise des armements ; fournit une
assistance à des pays tiers afin qu'ils soient mieux à même
de réagir efficacement à la menace internationale du
terrorisme ; fait figurer des clauses anti-terroristes dans les accords
qu'elle conclut avec les pays tiers ; réévalue ses relations avec
les pays tiers en fonction de leur attitude envers le terrorisme et agit en
conséquence ; met en oeuvre, enfin, des mesures spécifiques dans
la lutte contre le terrorisme, conformément à la
Déclaration 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les Européens sont favorables au recours à la force dans la lutte
contre le terrorisme ; toutefois, ils ont conscience qu'à elle seule une
réponse militaire ne peut pas régler ce problème et que
même le pays le plus puissant au monde aura toujours besoin de
partenaires et d'alliés. Face au terrorisme, le plus urgent pour l'Union
européenne est de pouvoir recourir à des capacités
efficaces de gestion de crise. Le terrorisme ne rend pas les missions de
Petersberg obsolètes ; elles n'en sont que plus pertinentes et urgentes.
Le premier exercice de gestion de crise de l'Union européenne (CME 02),
qui s'est déroulé à Bruxelles et dans les capitales des
pays, a essentiellement porté sur les phases de gestion d'une crise
précédant une décision d'agir et contribué ainsi
à poursuivre le renforcement du bon état de préparation de
l'Union dans le domaine de la gestion de crises.
Il est probable qu'à l'avenir la charge des opérations de paix
menées en ex-Yougoslavie au moyen de forces de police et de forces
militaires incombera davantage aux seuls Européens. Le Conseil
européen a pris acte de cet état de fait lorsqu'il a
affirmé la volonté de l'Union d'assurer la relève de
l'Opération Fox à l'automne 2002, étant entendu que les
arrangements permanents entre l'UE et l'OTAN (Berlin plus) seraient alors en
place. C'est la raison pour laquelle la mise en oeuvre des objectifs
capacitaires de l'Union, autrement dit de l'Objectif global, constitue une
étape décisive pour atteindre la dimension et le niveau de
capacités militaires requis pour qu'elle puisse assumer une part
équitable de la charge avec ses alliés.
II. Activités du Conseil permanent (et du Groupe de travail du
Conseil)
Au cours de la période considérée, les membres du Conseil
ont tenu une réunion informelle avec les Commissions de
l'Assemblée le 4 février 2002 à Bruxelles.
Le Conseil s'est réuni une fois, le 28 mai 2002, pour examiner le
contenu de la lettre du Président de l'Assemblée, en date du 17
mai 2002, sur les contributions aux budgets de l'UEO.
Compte tenu de la création, le 1
er
janvier 2002, par l'Union
européenne d'un Centre satellitaire de l'UE, le Conseil a
décidé le 7 février 2002 de dissoudre le Groupe Espace.
Le Conseil a continué d'être informé des travaux du GAEO et
de l'OAEO. Le 15 mai 2002, le Conseil a pris note du rapport du Groupe
exécutif sur la réunion des Directeurs nationaux de l'armement
qui s'est tenue à Turin les 14 et 15 mars 2002.
Le Conseil a adopté le rapport sur la réunion 2002 des ministres
de la défense du GAEO qui s'est tenue à Rome le 16 mai 2002 et
pris note d'un projet de ligne d'action concernant les réunions des
ministres de la défense.
Le Conseil a également approuvé une décision concernant
l'admission à l'Organisation de l'armement de l'Europe occidentale
(OAEO) de six nouveaux États participants.
III. Activités du Groupe Armement de l'Europe occidentale (GAEO)
Les Directeurs nationaux de l'armement (DNA) des 19 pays membres du GAEO se
sont réunis sous la présidence italienne du GAEO à Turin,
en Italie, les 14 et 15 mars 2002.
Une réunion des ministres de la défense du GAEO s'est tenue
à Rome le 16 mai 2002.
Au cours de ces réunions, les discussions ont principalement
porté sur l'avenir du GAEO et de l'OAEO (Organisation de l'armement de
l'Europe occidentale), sur une ligne d'action pour les futures réunions
ministérielles et sur la signature de plusieurs documents du GAEO et de
l'OAEO relatifs aux activités de recherche et technologie de
défense menées en coopération, ainsi que sur les
activités des Commissions et les travaux du Groupe d'experts nationaux
(GEN) sur le Plan directeur pour une Agence européenne de l'armement
(AEA).
1. Avenir du GAEO et de l'OAEO
Au cours de leur réunion de Marseille, en novembre 2000, les ministres
de la défense avaient fourni des orientations concernant la poursuite
des travaux en vue de la présentation d'un rapport définitif
à leur réunion de Rome en mai 2002. De nouvelles études
ont donc été entreprises en prêtant une attention
particulière aux développements politiques et institutionnels en
Europe, et des options envisageables pour des structures européennes de
l'armement ont été identifiées, compte tenu des
développements au sein de la politique européenne de
sécurité et de défense (PESD), de l'Objectif global de
l'UE et de l'Initiative sur les capacités de défense (DCI) de
l'OTAN.
Les ministres de la défense ont pris note avec satisfaction du rapport
présenté par les Directeurs nationaux de l'armement sur des
« Options envisageables pour des structures européennes de
l'armement ». En particulier :
- ils sont convenus que le GAEO, en tant que forum le plus large de pays
européens, pourrait contribuer utilement à rapprocher au maximum
les points de vue sur l'importante question de la coopération en
matière d'armement ;
- ils ont pris note avec intérêt des objectifs et fonctions
éventuelles d'une coopération européenne en matière
d'armement, suivant la voie indiquée dans le rapport
susmentionné ;
- ils ont reconnu que les développements au sein de la PESD, de
l'Objectif global de l'UE et de l'Initiative sur les capacités de
défense (DCI) de l'OTAN ou des suites à lui donner créent
une conjoncture permettant de mettre à profit les compétences du
GAEO dans le domaine de la coopération européenne en
matière d'armement.
Dans ce contexte, les ministres sont arrivés à la conclusion que
le GAEO doit être conservé en tant que forum pour les
consultations politiques dans le domaine de l'armement en Europe comme pour le
développement de la coopération entre les États membres.
Ils sont également convenus que le GAEO/l'OAEO devraient faire preuve de
plus d'initiative dans le domaine de la coopération européenne en
matière d'armement, compte tenu des développements au sein de la
PESD, de l'Objectif global de l'UE et de l'Initiative sur les capacités
de défense (DCI) de l'OTAN ou des suites à lui donner et ont, en
conséquence, décidé de réexaminer l'éventail
des travaux de leur structure interne.
Les ministres de la défense ont en outre décidé d'examiner
la possibilité de confier des fonctions supplémentaires à
l'OAEO, à définir après examen approprié
basé sur le travail déjà réalisé pour le
développement du Plan directeur.
En ce qui concerne l'Agence européenne de l'armement, les ministres ont
entériné le concept de processus évolutif qui en
prévoit la création dès que toutes les conditions requises
seront réunies et qu'un consensus politique sera obtenu et ont
décidé que les travaux restant à réaliser se
poursuivront sous la direction des DNA.
2. Ligne d'action pour les futures réunions ministérielles
Considérant que le Conseil de l'UEO au niveau ministériel ne se
réunira plus régulièrement, les ministres de la
défense ont approuvé un projet de ligne d'action concernant les
réunions des ministres de la défense du GAEO, qui en
précise les modalités et la périodicité.
3. Commission I (Harmonisation des besoins et des programmes)
Les DNA ont pris note de l'avancement des travaux des différents
sous-groupes, en particulier de ceux du groupe de travail sur un
hélicoptère léger de soutien (Italie-France). Ils ont
également noté qu'il existe des possibilités
intéressantes pour de nouvelles initiatives en matière de
collaboration, qui ont été définies lors de la
réunion d'examen des équipements (ERM) en mai 2002. Les DNA ont
confirmé le mandat donné à la Commission I de
définir des priorités, compte tenu des développements
concernant la PESD, l'Objectif global et l'Initiative sur les capacités
de défense, en axant ses travaux sur des résultats concrets. Pour
mener à bien les tâches susmentionnées, les DNA sont
convenus que la Commission I devrait établir des contacts informels avec
les organes compétents de l'Union européenne et de l'OTAN ;
ils ont encouragé les pays à favoriser l'engagement de leurs
états-majors opérationnels dans les travaux d'harmonisation des
besoins. Enfin, les DNA ont demandé que les travaux de la Commission
soient axés sur l'établissement de capacités
améliorées et qu'il leur soit fait rapport lors de leur prochaine
réunion.
4. Commission II (Recherche et technologie)
L'Autriche, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la République
tchèque et la Suède ont exprimé le souhait d'être
admis comme nouveaux participants de l'OAEO. Avec la signature de l'Amendement
n° 1 au Mémorandum d'entente de l'OAEO, les ministres de la
défense ont salué l'admission à l'OAEO de la Finlande, de
la Pologne, de la République tchèque et de la Suède, ce
qui porte le nombre de ses participants à 17. L'admission de l'Autriche
et de la Hongrie est en cours.
Le processus de signature des documents suivants relatifs à la recherche
et technologie de défense a commencé et sera mené à
bien dans les plus brefs délais par tous les ministres de la
défense :
- L'Amendement n° 1 au Mémorandum d'entente de l'OAEO, qui
permet l'admission à l'OAEO, en tant que nouveaux participants, de la
Finlande, de la Pologne, de la République tchèque et de la
Suède.
- L'Amendement n° 1 au Mémorandum d'entente EUROPA, qui permet
à la Pologne de devenir participant à ce mémorandum
d'entente.
- L'Amendement n° 2 au Mémorandum d'entente sur les moyens
d'essai, dans le but de permettre à la Pologne et à la
République tchèque de devenir participants à ce
mémorandum d'entente et d'en améliorer les dispositions.
- L'Amendement n° 4 au Mémorandum d'entente SOCRATE, qui
permet à l'ensemble des pays du GAEO de participer, dans le cadre dudit
Mémorandum d'entente, aux projets de R&T du GAEO menés en
coopération.
Enfin, les DNA ont invité la Commission II à procéder au
réexamen de ses travaux afin de s'assurer de leur utilité pour ce
qui concerne les besoins en matière de capacités définis
lors de leur réunion. Ils ont demandé que les résultats
soient de qualité suffisante, et qu'il leur soit fait rapport lors de
leur prochaine réunion.
5. Commission III (Procédures et aspects économiques)
Les DNA ont approuvé un document sur la sécurité de
l'approvisionnement ainsi que ses recommandations et encouragé les pays
du GAEO à participer à l'initiative du Comité
européen de normalisation (CEN) et de la Commission européenne
sur la normalisation en tenant compte des résultats du processus de
normalisation mené à l'OTAN. Ils ont pris note de deux documents
de réflexion concernant l'Article 296 du Traité sur l'Union
européenne et sont convenus de les transmettre au groupe ad hoc
« Politique européenne de l'armement » (POLARM). Les
DNA ont chargé la Commission III
d'aborder en priorité la
sécurité de l'approvisionnement, les exportations en
matière de défense, la sécurité des informations
classifiées et le traitement des droits de propriété
intellectuelle, en évitant tous doubles emplois éventuels avec
les travaux du groupe Lettre d'intention (LoI). Enfin, ils ont demandé
que les travaux de la Commission soient axés sur l'établissement
de capacités améliorées.
6. Plan directeur concernant l'Agence européenne de l'armement
(AEA)
Les ministres de la défense ont pris note du document sur les
« Principes de fonctionnement d'une AEA » et du Plan directeur
révisé. Ils ont entériné la décision des DNA
de suspendre pour le moment les travaux du GEN/AEA sur le Plan directeur et ont
pris note de la dissolution du GEN/AEA. En outre, ils ont noté que les
travaux du GEN/AEA restant à effectuer, dont les DNA auront à
définir le plan de travail, seront exécutés par la
Commission III avec le soutien d'experts nationaux et des autres commissions en
tant que de besoin.
7. Prochaines réunions
Les DNA du GAEO se réuniront à Pula en Sardaigne (Italie) les 17
et 18 octobre 2002.
IV. Activités de la Cellule Recherche de l'Organisation de l'armement
de l'Europe occidentale (OAEO)
Au cours du premier semestre 2002, la Cellule Recherche de l'Organisation de
l'armement de l'Europe occidentale a lancé trois contrats EUCLID pour
des projets de recherche et technologie menés en coopération. Ces
projets représentent une valeur totale de 12,4 millions d'euros, dont
une contribution gouvernementale s'élevant à 6 millions d'euros
et une contribution de l'industrie s'élevant à 6,4 millions
d'euros.
Grâce à la mise en oeuvre du nouveau Mémorandum d'entente
EUROPA en matière de recherche et technologie européenne et de
l'Arrangement de son Groupe de recherche européen n°1, qui
apportent aux pays participants une plus grande souplesse qu'auparavant pour
établir et mener des projets de recherche, la Cellule Recherche s'attend
à ce que le volume de coopération bilatérale et
multilatérale en matière de recherche de défense augmente
de manière considérable et procède à l'examen de
ses propres méthodes de travail afin de les adapter en tant que de
besoin aux nouveaux processus EUROPA plus souples.
L'OAEO se félicite que quatre nouveaux membres aient rejoint
l'Organisation, comme indiqué ci-dessus, et se réjouit de
l'admission prochaine de deux nouveaux membres du GAEO qui n'en font pas encore
partie.
Conformément aux décisions adoptées par les ministres de
la défense réunis à Rome le 16 mai 2002, l'OAEO
examine la possibilité de développer les fonctions qu'elle exerce
pour le compte des membres du GAEO, compte tenu des travaux déjà
réalisés sur le Plan directeur pour une Agence européenne
de l'armement (AEA), des développements au sein de la politique
européenne de sécurité et de défense (PESD), de
l'Objectif global de l'UE et de l'Initiative sur les capacités de
défense de l'OTAN.
Le Comité de direction de l'OAEO s'est réuni à Turin le 15
mars 2002 où il a approuvé diverses mesures de gestion relevant
de son autorité en matière financière et de personnel.
RECOMMANDATION N° 718
(4(
*
))
sur les relations entre l'Europe et le sud de la Méditerranée
Conclusions du séminaire de Lisbonne
L'Assemblée,
i. Reconnaissant l'importance capitale du processus de Barcelone
institué en 1995 et soutenant sa relance par l'établissement du
plan d'action de Valence, mis au point par les ministres des affaires
étrangères réunis en avril 2002 lors de la
cinquième conférence euroméditerranéenne ;
ii. Reconnaissant que la dimension historique et culturelle des relations
entre le nord et le sud de la Méditerranée offre des perspectives
de coopération inégalées en vue de combattre les causes
profondes du terrorisme international et de tenter ensemble de prévenir
le choc des civilisations ;
iii. Considérant que l'adoption d'une charte
euroméditerranéenne pour la paix et la stabilité
représenterait une étape déterminante dans les relations
sécuritaires entre les pays méditerranéens, mais
n'ignorant pas que dans les conditions actuelles, compte tenu de la persistance
d'un certain nombre de conflits, un tel objectif est peut-être trop
ambitieux ;
iv. Déplorant qu'en dépit des liens économiques et
financiers importants qui l'unissent aux deux parties, l'UE ne soit pas
à même, semble-t-il, d'aider à trouver une solution
à la crise israélo-palestinienne qui s'aggrave, alors que les
États-Unis ont clairement fait le choix de donner la priorité
à la gestion d'autres crises dans la région ;
v. Sachant que les crises qui déchirent actuellement le
Proche-Orient nuisent gravement à la poursuite en parallèle des
trois volets du processus de Barcelone et du plan d'action de Valence pour
l'ensemble de la région méditerranéenne ;
vi. Considérant que dans le cadre élargi du processus de
Barcelone et du plan d'action de Valence, le développement de la
coopération et du partenariat au niveau sous-régional avec les
pays du Maghreb pourrait donner rapidement des résultats positifs et
préparer le terrain à une coopération plus vaste à
l'avenir ;
vii. Constatant avec inquiétude la pauvreté qui sévit
dans les pays du sud-ouest de la Méditerranée, les sombres
perspectives économiques qui attendent leurs populations et la
montée possible de mouvements islamiques radicaux, facteurs qui
constituent une menace grave pour leur stabilité ;
viii N'ignorant pas l'existence, dans ces pays, d'un décalage de
plus en plus grand entre les aspirations de la jeune génération
et leur réalisation, ce qui peut être source d'hostilité,
d'indifférence ou de mécontentement ;
ix. Regrettant que l'Union du Maghreb arabe ne soit jamais parvenue
à devenir le vecteur tant espéré de la coopération
entre les pays de la rive sud de la Méditerranée, ce qui nuit aux
perspectives de développement d'une coopération plus efficace
avec l'Union européenne ;
x. Sachant que le problème non résolu du Sahara occidental
demeure un obstacle sérieux au développement des échanges
commerciaux et de la coopération entre pays maghrébins dans de
nombreux autres domaines, et regrettant que les États membres de l'Union
européenne ne soient pas en mesure, eux non plus, de s'entendre sur une
politique commune concernant cette région ;
xi. Consciente que l'Union européenne dispose d'un potentiel sans
égal pour aider les pays du sud-ouest de la Méditerranée
et créer les conditions propices à la stabilité en leur
apportant un soutien économique, financier et politique ;
xii. Reconnaissant que les risques et menaces que cette région fait
peser sur l'Europe sont dus essentiellement aux pressions
démographiques, à l'inégalité du
développement économique et à l'instabilité sociale
et politique, et au fait que d'importantes couches de la population n'ont aucun
droit d'expression démocratique vis-à-vis de la gestion de leurs
pays ;
xiii. Notant en revanche que les pays du sud-ouest de la
Méditerranée considèrent l'Europe comme au moins
partiellement responsable des inégalités dans les relations
économiques mondiales, de l'instabilité des prix de
l'énergie et des matières premières et des pressions dues
à l'endettement, qu'ils l'estiment coupable de racisme et
d'ingérence dans leurs affaires culturelles et intérieures et
que, de plus, ils sont préoccupés par l'immense
déséquilibre existant dans le secteur militaire entre le nord et
le sud de la Méditerranée ;
xiv. Consciente du fait que l'entrée clandestine en Europe d'un
nombre croissant d'immigrants du sud-ouest de la Méditerranée
rend urgente une entente entre les États membres de l'UE sur une
politique commune d'immigration, qui ne repose pas seulement sur un
contrôle réactif mais tienne compte également de la
nécessité de mieux gérer, en coopération entre le
nord et le sud, le flux d'immigrants légitimes et leur
intégration dans leur nouvel environnement en mettant au point des
programmes économiques et sociaux ;
xv. Estimant également qu'une telle politique doit répondre
au besoin de mieux coopérer pour prévenir l'exode des cerveaux
(avec les conséquences néfastes que cela entraîne pour le
développement économique et social des pays de la rive sud) et
combattre l'immigration clandestine et le trafic d'êtres humains, et
qu'elle doit se traduire par un effort déterminé de lutter contre
le racisme et la xénophobie ;
xvi. Rappelant que dès l'origine, la politique
méditerranéenne de l'Union européenne a eu pour objectif
de favoriser la paix, la stabilité et la sécurité dans la
région ;
xvii. Sachant d'une part que les partenaires du sud de la
Méditerranée nourrissent toujours de graves doutes et une grande
méfiance à l'égard du développement de la politique
européenne de sécurité et de défense (PESD),
d'autre part que les pays européens devront s'employer plus activement
à intensifier le dialogue, accroître la transparence et encourager
d'autres formes d'échanges afin de susciter une plus grande confiance et
d'amener à une meilleure compréhension de ces questions ;
xviii. Sachant également que pour construire un système de
coopération dans l'ensemble de la région
méditerranéenne, où les relations nord-sud tendent
à se fonder sur des facteurs non militaires, l'accent doit être
mis sur les mesures de confiance dans les domaines politique, économique
et culturel, l'objectif majeur étant de favoriser la coopération
régionale, une croissance économique durable, le
développement des droits de l'homme, de la démocratie et
l'entente dans le domaine culturel ;
xix. Regrettant que le dialogue méditerranéen noué
par l'UEO ait été interrompu à la suite de l'adoption de
la Déclaration de Marseille en novembre 2000 et que l'UE n'ait pas su
tirer profit de l'acquis de l'UEO dans ce domaine,
RECOMMANDE AU CONSEIL
1. De mettre au service de la PESD son expérience du dialogue méditerranéen noué par l'UEO, y compris les procédures d'échange d'informations et les activités destinées à accroître la confiance et la transparence ;
RECOMMANDE AU CONSEIL DE DEMANDER
A L'UNION
EUROPÉENNE
2. De faire de la mise en oeuvre des paragraphes du plan
d'action de Valence qui traitent du partenariat politique et de
sécurité l'une de ses priorités, en mettant tout
particulièrement l'accent sur l'établissement d'un dialogue
efficace dans ces deux domaines et sur l'instauration de la coopération
dans la lutte contre le terrorisme ;
3. De coopérer avec ses partenaires du sud de la
Méditerranée à l'éradication des causes profondes
du terrorisme par un processus de développement économique plus
humain, par la démocratisation et le respect des droits de l'homme.
RECOMMANDATION N° 720
(5(
*
))
sur la question irakienne
L'Assemblée,
i. Saluant l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations
unies de la Résolution 1441 - fruit d'un accord entre les principaux
protagonistes pour sortir de l'impasse irakienne - qui dispose que le
différend doit être réglé de
préférence par des moyens pacifiques ;
ii. Saluant également la disposition manifestée par l'Irak
à accepter le retour des inspecteurs des armements dans le pays et
à leur fournir l'accès immédiat, inconditionnel et sans
restriction à des sites désignés par la Commission
spéciale des Nations unies (UNSCOM) et l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA) ;
iii. Reconnaissant que Saddam Hussein est un dictateur sans pitié, qui a
déjà eu recours aux armes chimiques pour éliminer des
milliers de Kurdes et d'Iraniens, envahi des pays de la région et
dirigé des missiles contre plusieurs de ses voisins, et que son
régime est une source constante d'instabilité dans cette
région ;
iv. Notant que Saddam Hussein a des antécédents en matière
de détention et d'utilisation d'armes de destruction massive et que
l'acquisition d'armes nucléaires pourrait non seulement lui permettre
d'assouvir son ambition de dominer le monde arabe, mais risque aussi, compte
tenu des tentatives d'autres puissances régionales d'acquérir de
telles armes, de déclencher une nouvelle et dangereuse course aux
armements dans la région ;
v. Reconnaissant que le régime irakien soutient des actions terroristes,
mais qu'aucune preuve n'a été établie de l'existence de
liens avec Al Qaida et que ce type de lien est au demeurant improbable en
raison des divergences idéologiques qui les séparent ;
vi. Sachant que si, selon l'interprétation de certains États, la
Résolution 1441 laisse aux États-Unis l'option d'attaquer l'Irak,
sans nécessiter une autre résolution du Conseil de
sécurité autorisant le recours à la force, elle demande
néanmoins que ce dernier examine toute violation grave susceptible de
conduire à la guerre, ce qui lui confère un rôle central
dans le choix du type de riposte auquel l'Irak s'exposera s'il ne se conforme
pas à cette résolution ;
vii. Convaincue qu'une guerre préventive sans autorisation explicite du
Conseil de sécurité mettrait gravement en péril
l'autorité des Nations unies, aurait un effet négatif sur l'ordre
juridique international et créerait un précédent en
matière de recours unilatéral à la force par d'autres
parties ;
viii. Notant qu'une invasion unilatérale de l'Irak par les
États-Unis saperait l'autorité du Conseil de
sécurité des Nations unies, nuirait aux relations
transatlantiques et mettrait en évidence la faiblesse de la PESC ;
ix. Notant aussi qu'une invasion de l'Irak ne rendra pas nécessairement
la situation plus stable et que le pays pourrait devenir la proie de la guerre
civile ou se désintégrer en plusieurs petits États, le
risque étant que les armes de destruction massive dont dispose l'Irak
tombent entre les mains de criminels ;
x. Notant par ailleurs qu'une telle invasion ferait probablement de nombreuses
victimes de part et d'autre et renforcerait la détermination des
terroristes dont l'objectif est de mettre à bas l'ordre international
existant ;
xi. Soulignant que la plupart des Européens redoutent les
conséquences probables d'une guerre pour les civils irakiens et ses
retombées dramatiques sur l'attitude qu'adopteraient d'importantes
populations musulmanes de par le monde,
RECOMMANDE AU CONSEIL DE DEMANDER AUX ÉTATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE :
1. De
faire le maximum pour convaincre le gouvernement irakien qu'il est essentiel
qu'il permette tant à la Commission de surveillance, de
vérification et d'inspection des Nations unies (UNMOVIC) qu'à
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'accéder
sans entrave, inconditionnellement et sans restriction à la
totalité des zones, installations et relevés, et à tous
les fonctionnaires et autres personnes en Irak, comme le stipule la
Résolution 1441 du Conseil de sécurité, afin que ces
instances puissent déterminer si l'Irak se conforme aux
résolutions du Conseil concernant les armes de destruction massive en
Irak ;
2. De convenir de manière non équivoque d'une action commune
à entreprendre sur décision du Conseil de sécurité
de l'ONU si l'Irak ne s'acquitte pas des obligations que lui impose la
Résolution 1441 du Conseil, et de bien faire comprendre à ce pays
qu'il devrait faire face à de graves conséquences s'il manquait
à ses obligations internationales ;
3. D'agir de concert afin de donner toutes les suites requises à la
Résolution 1441 du Conseil sur l'Irak ;
4. De se tenir prêts à assumer leurs responsabilités dans
le cadre de toute démarche de reconstruction politique et
économique de l'Irak, à la suite d'un recours éventuel
à la force ou de la levée des sanctions actuelles, et de veiller
à ce que l'intégrité du territoire et des
frontières actuels de l'Irak continue d'être respectée, de
même que le droit de la population irakienne à décider
librement de son avenir.
Quatrième de couverture
LES TRAVAUX DE LA DÉLÉGATION
FRANÇAISE À
L'ASSEMBLÉE
DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE
(Seconde partie de la 48
ème
Session ordinaire - 2002)
Le
présent rapport retrace l'activité des membres de la
Délégation française composée de 12
sénateurs (6 titulaires, 6 suppléants) et de
24 députés (12 titulaires, 12 suppléants) à
l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale ; il
récapitule les travaux auxquels ont participé les membres de la
Délégation française pendant la seconde partie de la
48
ème
session ordinaire à l'occasion de la
Conférence parlementaire de Lisbonne (7 au 9 octobre) et lors de la
réunion de l'Assemblée en séance plénière
à Paris, du 2 au 4 décembre 2002.
Ce rapport reprend en annexe une sélection d'allocutions
prononcées au cours de cette seconde partie de la
48
ème
session et de textes adoptés par
l'Assemblée.
Tous les documents cités peuvent être obtenus à partir du
site de l'Assemblée de l'UEO
(http://www.assembly-weu.org/fr/accueil.php).
(1)
Adoptée par l'Assemblée le 2 décembre 2002, au cours de la
sixième séance, sur la base du projet de résolution
amendé.
(2) Adoptée par l'Assemblée sans modification le 3
décembre 2002, au cours de la huitième séance.
(3) Adoptée par l'Assemblée le 3 décembre 2002, au cours
de la septième séance, sur la base du projet de recommandation
amendé.
(4) Adoptée par l'Assemblée sans modification le 4
décembre 2002, au cours de la neuvième séance.
(5) Adoptée par l'Assemblée le 4 décembre 2002, au cours
de la dixième séance, sur la base du projet de recommandation
amendé.