2. Une dette du secteur public élevée et mal cernée

La dette du secteur public est élevée et elle s'est considérablement accrue en 2000.

La dette des entreprises du secteur public comptabilisée par le ministère de l'économie et des finances dépassait 130 milliards d'euros en 2000, soit environ 9 % du PIB.


DETTES FINANCIÈRES NETTES DES ENTREPRISES PUBLIQUES
DU SECTEUR CONCURRENTIEL NON FINANCIER

( en millions d'euros )

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

EMC (a)

972

1 070

1 083

1 169

1 274

1 372

1 551

France Télécom

14 733

13 313

10 540

15 396

13 067

14 628

60 998

Thomson SA (b)

3 269

3 661

4 102

1 138

1 910

1 144

- 48

SNPE

177

186

197

182

235

298

384

SNECMA

515

357

372

229

133

- 282

472

Aérospatiale

1 163

992

447

143

- 7

-

-

GIAT Industries

- 135

141

- 235

- 421

- 546

- 980

- 501

Air France (c)

4 214

3 712

2 557

2 466

2 279

2 034

2 915

AREVA (ex-CEA Industries)

- 617

- 912

- 2640

- 1879

- 364

- 534

- 137

Total

24 290

22 520

16 423

18 424

17 981

17 681

65 634

(a) A compter de 1998, mise en équivalence du groupe Sanders ; antérieurement, intégration globale.

(b) A compter de 1998, mise en équivalence de Thomson CSF ; antérieurement, intégration globale.
Depuis 2000 : mise en équivalence de Thomson Multimédia.

(c) Date de clôture de l'exercice modifiée au cours de la série : 1993 (3/12/93), 1994-95 (15 mois du 01/01/94 au 31/03/95), 1995-96, 1996-97, 1997-98, 1998-99 et 1999-2000 (clôture au 31/03).

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie


DETTES FINANCIÈRES NETTES DES (EX) GRANDES ENTREPRISES NATIONALES

( en millions d'euros )

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Aéroports de Paris (ADP) (a) (b)

904

980

1 042

1 104

1 268

1 317

1 539

Charbonnages de France (« Groupe ») (c)

3 816

4 320

4 585

4 861

4 905

5 305

5 514

Compagnie nationale du Rhône (a)

537

406

332

288

156

101

62

EDF (b)

26 753

24 333

21 662

19 928

19 470

17 444

17 560

GDF (b)

2 023

1 787

1 189

1 275

1 746

1 348

2 853

RATP (a)

3 638

3 925

4 129

4 225

4 053

4 088

3 839

La Poste

3 395

2 908

2 905

2 407

2 920

2 695

2 522

SNCF

24 617

27 771

30 347

29 735

28 497

27 236

24 158

Réseau ferré de France (a)

-

-

-

22 568

23 232

23 420

23 911

Total

65 683

66 429

66 190

86 391

86 247

82 954

81 958

Dettes financières RFF envers SNCF

-

-

-

-20 337

-19 304

-18 176

-16 262

Total (c)

65 683

66 429

66 190

66 055

66 943

64 777

65 696

(a) Comptes sociaux.

(b) « Groupe » CDF = CDF + Houillères du Bassin de Lorraine + Houillères du Centre et du Midi.

(c) Après déduction de la dette financière RFF représentative de la dette financière de la SNCF (article 7 de la loi n° 97-135 du 13 février 1997).

d) Hors dette du service annexe d'amortissement de la dette (SAAD) ; la dette n'est pas nette de la créance sur RFF.

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Elle a connu une forte augmentation par rapport à 1999 (+ 48,6 milliards d'euros) sous l'effet des dettes en numéraire contractées par France Telecom pour financer son développement. Cette opération, à tous égards exceptionnelle, mise de côté (voir supra pour ses effets patrimoniaux pour l'État), il reste à s'interroger sur la capacité des entreprises du secteur public à faire face à leurs engagements.

Même en excluant le cas de France Telecom, on soulignera que les résultats des entreprises du secteur public conduisent à poser la question de la soutenabilité de leur dette.

La dette du secteur public hors France Telecom, telle qu'elle est comptabilisée par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie représente, globalement, près de 30 années de résultats du secteur public en 2000.


RÉSULTAT NET CONSOLIDÉ DES ENTREPRISES PUBLIQUES
DU SECTEUR CONCURRENTIEL NON FINANCIER

( en millions d'euros )

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

EMC

- 75

- 52

- 41

- 153

- 82

- 78

- 50

France Télécom

1 501

1 410

243

2 116

2 167

2 571

3 608

Thomson SA (a)

- 381

- 449

- 506

- 194

- 171

342

1 552

SNPE

22

4

6

8

14

26

6

SNECMA

- 334

- 130

- 43

114

260

275

331

Aérospatiale

- 82

- 220

93

217

175

-

-

GIAT Industries

- 445

- 1 570

- 300

- 434

- 139

- 144

- 280

Air France (b)

- 545

- 432

- 45

289

253

358

425

AREVA (ex-CEA Industries)

478

603

491

456

558

1 212

785

Total

138

- 836

- 101

2 420

3 034

4 562

6 377

(a) A compter de 1998, mise en équivalence de Thomson-CSF. Depuis 2000 : la mise en équivalence de Thomson Multimédia.

(b) Date de clôture de l'exercice modifiée au cours de la série : 1993 (3/12/93), 1994-95 (15 mois du 01/01/94 au 31/03/95), 1995-96, 1996-97, 1997-98, 1998-99 et 1999-2000 (clôture au 31/03).


RÉSULTAT NET CONSOLIDÉ DES (EX) GRANDES ENTREPRISES NATIONALES

( en millions d'euros )

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Aéroports de Paris (ADP) (a) (b)

59

65

75

75

93

117

134

Charbonnages de France (« Groupe ») (c)

- 79

- 635

- 713

- 924

- 902

- 919

- 927

Compagnie nationale du Rhône (a)

10

- 1

- 1

- 4

- 33

- 0

0

EDF (b)

773

653

1 271

72

1 116

1 196

1 166

GDF (b)

404

524

726

542

756

468

483

RATP (a)

14

- 93

72

13

11

1

22

La Poste

36

- 166

- 93

9

51

285

144

SNCF

- 1 283

- 2 510

- 2 672

- 101

- 83

40

296

Réseau ferré de France (a)

-

-

-

- 2 149

- 2 091

- 1 580

- 1 701

Total

- 65

- 2 164

- 1 335

- 2 466

- 1 082

- 392

- 383

(a) Comptes sociaux

(b) Avant prélèvements proportionnel et variable de l'Etat

(c) « Groupe » CDF = CDF + Houillères du Bassin de Lorraine + Houillères du Centre et du Midi.

Cet aperçu global doit être affiné. Il faut d'abord tenir compte des situations financières particulières. Si certaines entreprises sont en mesure de couvrir leurs dettes, d'autres, à l'instar de celles du pôle ferroviaire, ne semblent en état de le faire qu'au moyen d'un financement public récurrent.

Mais il faut aussi s'interroger sur la qualité des comptes présentés. Les entreprises du secteur public sont notamment caractérisées par l'existence de régimes sociaux spéciaux dont les charges, en particulier celles de pension, vont s'alourdir. Seuls un recensement exhaustif de ces charges 9 ( * ) et une estimation, au cas par cas, des besoins de financement qui y sont associés permettraient d'apprécier justement la situation financière des entreprises du secteur public. Ce recensement devrait être systématiquement effectué, par exemple, dans le cadre du rapport annuel sur l'Etat actionnaire imposé par l'article 142 de la loi du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques. Il n'en est malheureusement rien. Ledit rapport recense certes quelques-uns des engagements du hors-bilan pour certaines entités. Il en va ainsi pour la RATP, la SNCF, AREVA ou les Charbonnages de France, dont le total des engagements de retraite est estimé à 25,7 milliards d'euros. Mais, ce recensement est partiel et, en particulier, le rapport se contente de citer les réserves exprimées par les commissaires aux comptes relativement au recensement des engagements importants contractés en ce domaine par des entités aussi considérables qu'EDF ou GDF. Quant à La Poste, rien même n'est dit sur ce sujet. En bref, sans même évoquer d'autres situations particulières 10 ( * ) , le « hors-bilan » des entreprises publiques doit impérativement être mieux cerné.

Cette situation est d'autant plus insatisfaisante qu'un tel travail constitue un préalable absolu à une évaluation précise du montant des engagements que l'État pourrait devoir reprendre si les entreprises dont s'agit ne pouvaient y faire face. En outre, ce travail préalable est nécessaire pour clarifier les perspectives financières que l'Etat peut escompter de ses participations dans les unités du secteur public. Cette opération de clarification s'impose d'autant plus que si, dans le passé, les aliénations de son patrimoine financier ont permis à l'Etat de limiter son recours à l'endettement en finançant par leurs produits des charges récurrentes, un tel mode de financement pourrait être moins accessible à l'avenir face à des besoins qui, eux, pourraient, non seulement subsister, mais encore s'accroître.

* 9 ... et de l'ensemble des autres charges non portées au bilan.

* 10 Tel que le problème du provisionnement du démantèlement des centrales nucléaires.

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