c) La tentation de la déqualification
Face aux difficultés que la R.I.E.P. éprouve à se diversifier, la tentation est grande pour elle de se développer dans le travail à façon. Elle considère que ses tentatives de diversification dans d'autres secteurs ont plutôt été un échec car les technologies mises en oeuvre ne correspondent pas aux niveaux de qualification des détenus. Elle cite ainsi le secteur des matériaux composites fermé à la suite de multiples défauts de fabrication débouchant sur des contentieux.
Par contre, elle estime avoir d'indéniables atouts pour développer le travail à façon, atouts qu'elle met en avant dans les toutes premières pages de son catalogue :
« Délais et flexibilité : rapidité d'exécution grâce à un potentiel humain volontaire et disponible.
Adaptabilité : répartition et complémentarité des ateliers sur tout le territoire.
Prix : optimisation des coûts par l'emploi d'une main d'oeuvre qualifiée à un prix compétitif ».
Il n'est pas certain que cette relativement nouvelle orientation soit la bonne. Elle occupe déjà 25 % des détenus employés par la R.I.E.P.
Or le travail à façon remet en cause toute la réputation et le sérieux de la R.I.E.P. qui avait construit son image de marque sur son travail au service d'une qualification et d'une réinsertion des détenus. S'il s'agit de développer le travail à façon, les établissements pénitentiaires n'ont pas besoin de la R.I.E.P. Les entreprises privées savent déjà très bien implanter ce type d'activité.
d) La quasi absence des services
La R.I.E.P., mis à part dans l'informatique, est absente des services. Ceci est regrettable car il ne semble pas possible que la R.I.E.P puisse vivre à l'écart de la grande mutation en cours dans l'économie française : l'évolution vers une économie de services.
Les ateliers, dits d'informatique, semblent pourtant prometteurs. Ils sont de deux types : numérisation d'archives ou P.A.O.
La numérisation des archives a été développée en prison par un musicien compositeur « militant », M. Nicolas Frize, dont la volonté a permis de créer des ateliers exemplaires. S'ils ne peuvent pas toucher tous les détenus, ils offrent un réel potentiel de développement. Il s'agit d'ateliers de numérisation d'archives sonores et photographiques, la numérisation ayant été sous-traitée par l'INA. Ils ont été créés, soit au sein de la R.I.E.P. à la maison centrale de Poissy, soit en concession, par une association, « les musiciens de la boulangère », à la maison centrale de Saint-Maur.
Ces ateliers ont de nombreuses qualités :
- ils alternent périodes de formation, périodes de travail et périodes de création ;
- ils accueillent de nombreux intervenants extérieurs ;
- ils offrent une véritable qualification et un travail qui fait sens ;
- si leur recrutement est sélectif, tous les niveaux de formation initiale sont néanmoins représentés ;
- compte tenu du marché sur lequel ils sont positionnés, ils offrent des rémunérations attrayantes et néanmoins compétitives ;
- ils atteignent l'équilibre économique ;
- ils ont déjà donné des résultats en termes de réinsertion.
Sur le modèle de ces ateliers, d'autres activités pourraient sans doute être créées.