2. Reprise des essais nucléaires : une question qui reste ouverte
La Nuclear Posture Review souligne également la nécessité d'accélérer la capacité du département de l'énergie à reprendre si nécessaire des essais nucléaires. Elle ne préconise pas à proprement parler de reprise des essais, mais elle confirme le refus des Etats-Unis de ratifier le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et ne maintient le moratoire instauré en 1992 que dans la mesure où des essais ne seront pas nécessaires pour assurer la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires. Plus précisément, alors que l'on estime aujourd'hui à 2 ou 3 ans le délai indispensable avant une éventuelle reprise des essais, l'objectif assigné à l'Agence de la sécurité nucléaire nationale est de réduire ce délai à un an .
Une telle perspective de reprise des essais pourrait avoir deux justifications .
La première viserait à garantir la sûreté et la fiabilité des armes nucléaires . A la différence de la France, qui a testé lors de sa dernière campagne d'essais un concept de charges « robustes », censé réduire les risques de variation dans le temps du comportement des armes et permettre le recours exclusif à la simulation, les Etats-Unis se seraient moins prémunis contre les effets de vieillissement de leurs armes nucléaires. De ce fait, certains analystes mettent en doute la possibilité de se reposer uniquement sur la simulation en laboratoire et préconisent la reprise des essais, à plus ou moins brève échéance.
Une seconde justification, non confirmée à ce jour, pourrait résulter de la volonté de tester des armes nucléaires nouvelles . La Nuclear Posture Review , du moins dans sa version publique, semble ne pas vouloir retenir cette hypothèse. Si elle insiste sur la nécessité de se doter de capacités de destruction de cibles durcies et souterraines, notamment de bunkers pouvant abriter des armes chimiques ou biologiques, elle n'envisage la mise au point d'armes nouvelles à fort pouvoir de pénétration que dans le domaine conventionnel. Il ne semble pas pour autant que l'étude d'armes nucléaires capables de pénétrer dans le sous-sol pour détruire des cibles souterraines soit abandonnée. Ces armes nucléaires nouvelles seraient employées contre des cibles capables de résister à une attaque non-nucléaire . On pense ici particulièrement au projet de modification de la bombe nucléaire B61-11, dite « mininuke », entrée en service en 1997 et dotée d'une capacité de pénétration accrue grâce à l'uranium appauvri. Si la fabrication de nouvelles têtes nucléaires pour ce type de bombes était décidée, il est probable qu'elle irait de pair avec une reprise des essais nucléaires.