c) Mettre « en réseau » la mouvance française
Il serait illusoire de prétendre englober, dans une organisation à caractère systématique, des communautés françaises à l'étranger par essence mobiles, diverses et hétérogènes. On ne peut pour autant laisser purement et simplement jouer une tendance naturelle à la dispersion et à la dilution.
De multiples structures concourent aujourd'hui à l'organisation des communautés françaises à l'étranger. Il s'agit notamment des services de l'État, des établissements d'enseignement, des chambres de commerce, des conseillers du commerce extérieur de la France, des différents clubs d'affaires, et du milieu associatif, notamment l'Union des Français de l'étranger, l'Association démocratique des Français de l'étranger, les Accueils français à l'étranger ainsi que de nombreuses associations.
Par ailleurs, sont représentées à l'étranger un grand nombre d'entités françaises, qu'il s'agisse d'entreprises, d'organismes publics ou d'organisations non gouvernementales.
Enfin, au delà des seuls citoyens Français, existe dans chaque pays une composante étrangère que l'on peut rattacher à la « mouvance française » , du fait par exemple de son passage dans des établissements d'enseignement français, à l'étranger ou en France.
La mission d'information juge indispensable de mieux connaître et structurer cette « mouvance française » afin de la mobiliser . Ce rôle d'organisation et d'animation revient à nos représentations diplomatiques, et en premier lieu aux ambassadeurs, dont la fonction a considérablement évolué. Elle ne se limite plus aux contacts bilatéraux, mais s'est élargie, notamment vers la promotion des intérêts économiques et culturels de notre pays.
Aujourd'hui, le « nouvel ambassadeur » doit être, au coeur de chacune de nos communautés, l'animateur de la « mouvance française », celui qui réunit et fait agir et gagner ensemble, bref, le « capitaine de l'équipe France » .
Ici encore, les nouvelles technologies et internet peuvent favoriser, à partir des différents éléments de cette « mouvance française », la constitution et l' animation de « réseaux » au sein desquels serait entretenu un flux régulier d'informations, de contacts et d'échanges .
L'un des participants à notre forum internet suggérait « la consolidation d'une banque de données, de réseaux répertoriant de manière ouverte les compétences, les expériences, mettant en relation les entreprises désireuses d'exporter, d'investir à l'étranger, ou inversement des sociétés étrangères voulant s'implanter en France, et l'énorme gisement de compétences » constitué par les Français ayant l'expérience de l'expatriation.
Dans le même esprit, il serait utile qu'une structure comme Espace emploi international, créée par l'ANPE International et l'Office des migrations internationales, puisse exploiter, au profit des entreprises françaises recherchant une expérience à l'international ou une bonne connaissance des langues étrangères, le vivier constitué par les Français expatriés.
A l'image du fichier des stagiaires étrangers entretenu par l'ACTIM, il est nécessaire que soit créé dans chaque pays un fichier rassemblant tous ceux dont on sait, qu'à un moment ou à un autre de leur parcours, ils ont été en contact avec le système d'enseignement français .
Cette mobilisation de la « mouvance française » suppose aussi une volonté plus générale de renforcer les moyens, et surtout la coordination, de notre action extérieure . Celle-ci repose sur un réseau de représentations à l'étranger dense et universel, sans doute le plus complet et le plus élaboré au monde après celui des États-Unis, caractérisé par une multiplicité d'intervenants : ambassades et consulats, postes d'expansion économique, paieries, agences financières du trésor, attachés douaniers, attachés fiscaux, attachés de défense, d'armement, attachés de police, bureaux de la Datar, attachés agricoles, conseillers sociaux.
Le besoin de coordination entre ces différents acteurs a conduit à réaffirmer une nouvelle fois les prérogatives de l'ambassadeur. La revitalisation du Comité interministériel des moyens de l'État à l'étranger (CIMEE), dont la mission a précédemment souligné la nécessité, favoriserait grandement la fédération de la « mouvance française ».