4. L'expatriation : gage de dynamisme et d'ouverture ou perte de forces vives ?
L'augmentation régulière de l'installation de Français à l'étranger constitue aujourd'hui un phénomène incontestable, touchant de préférence les hauts niveaux de formation et s'opérant essentiellement vers les pays industrialisés, Royaume-Uni, États-Unis ou Canada, mais aussi la plupart des pays de l'Union européenne.
L'examen des flux et l'analyse des motivations des intéressés montre que, globalement, les Français possèdent une aptitude croissante à la mobilité internationale et que celle-ci est le plus souvent considérée comme un atout pour un pays souhaitant améliorer ses positions dans une économie mondialisée.
La relative modestie de la communauté française à l'étranger (moins de 2 millions de Français) par rapport à d'autres pays (Japon : 10 millions, Italie : 6,5 millions, Allemagne : 4 millions) a souvent été soulignée. Au Sénat, qui assure la représentation des Français de l'étranger, il a été maintes fois rappelé que le rayonnement culturel et économique d'un pays passe aussi par l'importance et l'influence de sa communauté expatriée et, plus généralement, par l'aptitude de ses ressortissants à s'adapter à un environnement international.
Il paraît donc clair qu' un nombre croissant de Français sont prêts à jouer le jeu de l'internationalisation et à apporter de ce fait une véritable « valeur ajoutée » à notre pays.
Malheureusement, tout semble aussi indiquer qu'un certain déséquilibre apparaît entre notre capacité à « exporter » nos compétences et celle de demeurer attractif pour des talents étrangers comme pour nos propres ressortissants séjournant à l'étranger. C'est en effet davantage dans les réticences ou les freins au retour que dans les raisons des départs, que se situe le risque d'une perte de forces vives.
Les enquêtes ciblées sur les scientifiques et ingénieurs, sur les post-doctorats, ou sur les diplômés de grandes écoles comme les témoignages recueillis par la mission d'information, en particulier sur le forum internet, montrent qu'une proportion non négligeable de Français excluent tout retour en France et se sentent plus épanouis et motivés dans leur pays d'accueil.
Ce n'est pas tant cette perspective d'installation définitive à l'étranger qui pose problème, que les différents facteurs qui la motivent, car ils révèlent certaines faiblesses de notre pays. Ces faiblesses créent les conditions d'une déperdition de « compétences » , certes contenue et variable selon la conjoncture, mais néanmoins réelle et régulière.