3. La difficile gestion des flux d'entrée sur le marché du travail

Le programme " Nouveaux services - Emplois-jeunes " visait à favoriser l'entrée sur le marché du travail des jeunes par la création de nouveaux emplois. Toutefois, le dispositif n'étant finalement que transitoire, il risque d'induire un important " effet report " à partir de 2002. Le marché du travail devra alors absorber non seulement les nouveaux jeunes y entrant à cette date, à la fin de leurs études, mais aussi les jeunes sortant du dispositif des emplois-jeunes.

a) Il importe de proposer une réelle solution d'insertion professionnelle à chaque emploi-jeune

Depuis décembre 1997, ce sont entre 15.000 et 31.000 jeunes qui sont rentrés chaque trimestre dans le dispositif.

Flux trimestriels des embauches

4/97

1/98

2/98

3/98

4/98

1/99

2/99

3/99

4/99

1/00

2/00

3/00

Collectivités locales, établissements publics, association

137

13.900

15.090

17.510

20.000

17.600

13.550

13.070

16.300

13.600

11.900

17.500

Education nationale

21.500

11.200

2.300

1.000

9.000

10.000

13.000

0

6.000

2.000

4.000

9.000

Police nationale

1.082

2.400

2.875

880

1995

1.750

2.400

2.000

1.500

1.600

1.600

1.500

Total

22.719

27.500

20.265

19.390

30.995

29.350

28.950

15.070

23.800

17.200

17.500

28.000

Aussi, à partir de décembre 2002, ce sera un nombre équivalent de jeunes qui pourrait sortir chaque trimestre du dispositif et viendrait s'ajouter aux jeunes entrant sur le marché du travail.

On objectera sans doute que ce nombre est surestimé du fait que certains emplois-jeunes ont un contrat à durée indéterminée et qu'environ 16 % des contrats sont rompus avant expiration 21 ( * ) .

Ces objections pourtant ne peuvent suffire à remettre en cause l'analyse.

D'une part, les contrats à durée indéterminée ne concernent que les jeunes embauchés par les associations et représentent une part mineure du dispositif (environ 10 % des jeunes recrutés). En outre, la nature du contrat n'influence pas la pérennité de l'emploi. Ce n'est pas parce que le contrat est à durée indéterminée qu'il garantit contre sa rupture à la fin de l'aide publique.

D'autre part, les ruptures anticipées de contrats sont effectivement nombreuses. Au 31 mars 2000, environ 40.600 contrats d'emplois-jeunes avaient été rompus avant expiration pour 232.400 embauches réalisées : 14.000 dans l'Education nationale, 4.000 dans la Police nationale, 22.600 dans les autres secteurs. On observe en outre que plus le jeune est ancien dans le dispositif, plus le taux de sortie anticipée augmente. Mais, si ces sorties anticipées permettent de " lisser " l'échéancier du dispositif et de la raccourcir, elles ne devraient concerner à terme qu'un quart des effectifs sauf à considérer l'échec du dispositif.

Tableau des taux de sortie selon la date d'embauche
Données au 31 mars 2000
Hors Education nationale et Police nationale

Date d'embauche

Taux de sortie dans les collectivités territoriales

Taux de sortie dans les établissements publics

Taux de sortie dans les associations et fondations

Taux de sortie des autres

Taux de sortie total

Du 01/10/97 au 30/06/98

21,0

21,1

28,1

23,6

23,8

Du 01/07/98 au 31/12/98

18,0

17,7

26,7

21,9

22,0

Du 01/01/99 au 30/06/99

11,9

11,5

19,8

15,7

15,5

Du 01/07/99 au 31/12/99

6,3

7,1

9,2

7,6

8,0

Du 01/01/00 au 31/03/00

1,2

1,9

2,5

1,8

2,0

TOTAL

14,0

13,8

18,7

16,1

16,2

Données France entière - Source : DARES

Au total, ce seront environ 20.000 solutions d'insertion professionnelle par trimestre qu'il faudrait proposer à partir de janvier 2003 pour assurer une sortie dans de bonnes conditions du dispositif.

Il est en outre probable que les jeunes qui sortiront du dispositif à la date prévue seront ceux qui nécessiteront un plus grand effort d'accompagnement pour leur insertion professionnelle.

Ce seront en effet ceux qui :

- sont les moins qualifiés et n'ont donc pas pu revenir sur le marché du travail de manière anticipée ;

- sont arrivés tardivement dans leur poste d'emploi-jeune (après le départ d'un emploi-jeune occupant le même poste) et n'ont pas eu un temps suffisant pour se professionnaliser.

b) ... sans pour autant défavoriser les futurs entrants sur le marché du travail

Mais, si un effort particulier pour favoriser l'insertion des emplois-jeunes à la sortie du dispositif semble nécessaire, celui-ci ne doit pas se faire au détriment des futurs entrants sur le marché du travail.

Certes, les flux d'entrées sur le marché du travail devraient diminuer progressivement dans les prochaines années. Il n'en reste pas moins que les difficultés liées à la première insertion sur le marché du travail devraient persister.

Une récente étude de l'INSEE 22 ( * ) rappelle en effet que les " inégalités entre diplômés et non diplômés se sont accentuées ". Le taux de chômage des jeunes sortant sans qualification du système scolaire atteint 57 % en mars 2000.

Or, on assiste déjà à une certaine éviction des jeunes les moins diplômés, comme en atteste l'étude de l'INSEE : " La montée en charge des contrats d'emplois-jeunes a également contribué à cette élévation des inégalités entre jeunes diplômés et sans diplôme. Contrairement à la plupart des dispositifs d'emplois aidés qui les ont précédés, les emplois-jeunes sont occupés très majoritairement (pour plus de 80 %) par des diplômés, bacheliers ou diplômés de l'université ".

Dans ce contexte, il ne faudrait pas que les aides au premier emploi se recentrent sur les emplois-jeunes en oubliant les contraintes particulières de ceux qui n'ont pas pu bénéficier du programme " Nouveaux services - Emplois-jeunes ".

* 21 Hors Education nationale et Police nationale.

* 22 " Insertion des jeunes : sensible amélioration, surtout chez les diplômés " ; INSEE Première, octobre 2000.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page