TROISIÈME PARTIE
LES FILIÈRES
___
I. LES GRANDES FILIÈRES " MATÉRIAUX "
A. LE VERRE
|
|
|
Données de base |
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement Utilisations |
|
|
Production : 5 millions de tonnes, dont 4
millions
de tonnes pour le verre creux (emballages)
|
|
12 % des ordures ménagères |
|
Loi du
15 juillet 1975 relative à l'élimination des déchets
|
|
Toutes réutilisations du verre coloré |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1. Situation
a) Gisement. Collecte
Hors
verre industriel, le gisement de verre d'emballage ou " verre creux "
est de l'ordre de 3 millions de tonnes, ce qui correspond à une
moyenne de 50 kg/habitant/an. Les trois quarts (2,3 millions de tonnes)
constituent le gisement ménager, le quart (0,7 million de tonnes)
constitue le gisement professionnel (cafés, hôtels,
restaurants...).
Le verre d'emballage est constitué à 87 % de bouteilles. Il
se répartit en trois composants : un tiers pour les vins et
champagne, un tiers pour la bière, un tiers pour les autres liquides
(eau, alcool...).
La collecte du verre ménager s'est considérablement
développée : 1,5 million de tonnes ont
été récupérées en 1997, grâce à
un parc de 70.000 conteneurs. Chaque Français a
déposé en moyenne 20 kg de verre. Dans les deux cas
(collecte et parc) les progressions ont été
spectaculaires.
|
1985 |
1990 |
1995 |
1996 |
Parc de conteneurs à verre |
25.000 |
40.000 |
68.000 |
70.000 |
Tonnage récupéré |
600.000 t |
900.000 t |
1,3 Mt |
1,5 Mt |
Source : Verre Avenir |
On constate, cependant, que les résultats sont très variables selon les collectivités, les densités de population et l'éloignement des conteneurs. Le rendement varie de 1 à 8. Les moyennes s'établissent comme suit.
Taille de la collectivité (nombre d'habitants) |
Densité du parc (nombre d' habitants par conteneur ) |
Résultats (par habitant) |
|
|
|
|
|
|
Moins de 5.000 |
300 à 350 |
24 kg |
|
|
|
|
|
De 5.000 à 20.000 |
400 à 600 |
21 kg |
|
|
|
|
|
De 20.000 à 100.000 |
800 à 850 |
14 kg |
|
|
|
|
|
Plus de 100.000 |
1.000 à 1.500 |
5 à 10 kg |
|
|
|
|
Source : Verre Avenir, 1997 |
b) Le traitement. Le recyclage
Le verre
peut être produit presque indifféremment à partir de
matière minérale vierge (silice) ou de calcin (verre
broyé) de récupération.
Le verre usagé peut être recyclé soit par réemploi
direct (système de consigne où les bouteilles sont
récupérées, lavées et réutilisées
(système allemand), soit en refabriquant de la matière
première. C'est le système français.
Le verre récupéré, exempt de polluants, se recycle
indéfiniment sans perdre ses qualités originelles. Il doit
être néanmoins finement traité, avant réutilisation.
Les opérations de traitement sont les suivantes :
broyage,
lavage, élimination des colles, étiquettes,
capsules
99(
*
)
...
séparation du verre et des métaux ferreux (tri
magnétique), non ferreux (tri par courant de Foucault),
élimination des infusibles (porcelaine, cailloux...) par tri
optique électronique et électrovanne. Les différents
fragments passent devant une sorte de caméra. L'image est
transformée en signal électrique qui varie selon la transparence
et la densité. Les éléments indésirables ainsi
séparés sont ensuite éjectés au moyen d'un jet
d'air précis et récupérés dans une trémie de
réception.
Le calcin, ainsi libéré de corps étrangers, est devenu une
matière première, et peut ensuite être utilisé pour
fabriquer du verre.
c) Les avantages du recyclage
La
fabrication du verre à partir de calcin de récupération
présente tout d'abord des
économies matière
, que ce
soit en minéraux (1,5 million de tonnes
récupérées économise 1,3 million de tonnes de
sable), ou en énergie, puisque les frais de transport (extraction et
transport des matières premières issues des carrières) et
les frais de fusion sont abaissés. L'économie, partagée
pour moitié entre les deux postes, est évaluée à
100 kg de fuel par tonne de calcin enfournée. Selon la profession,
le recyclage du verre aurait permis d'économiser 1,3 million de
tonnes d'équivalent pétrole en vingt ans. Sans oublier les
conséquences pour l'emploi. La profession estime à 10.000 le
nombre d'emplois, directs ou indirects, induits par le recyclage du verre.
L'autre intérêt est, pour les collectivités locales,
de
diminuer le coût du traitement des déchets
ménagers
. En raison du partage des coûts avec
l'industrie
100(
*
)
, la
récupération et le recyclage du verre reviennent aujourd'hui
entre 50 et 100 F la tonne, soit un coût très
inférieur au prix de la mise en décharge (350 à
750 F), ou de l'incinération (400 à 900 F). Par
comparaison à la seule mise en décharge, le recyclage de
1,5 million de tonnes de verre aurait permis d'économiser, en 1997,
entre 500 et 750 millions de francs
101(
*
)
.
Cette économie est principalement fondée sur un partage des
coûts entre la collectivité -qui finance le conteneur
(achat/entretien)- et la profession, qui finance la filière soit
directement -par le biais d'un organisme agréé financé par
les fabricants de verre creux d'emballage-, soit directement. La
répartition des coûts et des financements s'établit comme
suit :
Coûts et répartition du recyclage du verre, 1996 (francs par tonne) |
|||||
|
|
|
Répartition par financement |
||
Opération |
Opérateur |
Coût |
Collectivité |
Organisme agréé |
Verrier |
Emplacement des conteneurs |
Collectivité |
5 |
5 |
|
|
Financement et entretien conteneurs |
Collectivité |
83 |
53 |
30 |
|
Collecte et transport |
Collectivité/ Verrier |
230 |
|
30 |
200 |
divers |
Verrier |
14 |
|
|
14 |
Coût total par tonne collectée |
|
332 |
58 |
60 |
214 |
Perte (5 %) |
Verrier |
10 |
|
|
10 |
Traitement |
Verrier |
97 |
|
|
97 |
Transport |
Verrier |
15 |
|
|
15 |
Coût total tonne traitée |
|
454 |
58 |
60 |
336 |
Communication Gestion |
|
20 |
np |
np |
20 |
Coût total |
|
|
|
|
356 |
Source : étude ADEME, données 1996 |
d) Comparaisons internationales
Malgré la hausse constante de la
récupération,
les résultats français restent modestes au regard des autres
pays. Avec un taux de recyclage de 50 %, la France est dans la -petite-
moyenne européenne. Sur les quinze pays de l'Union européenne,
elle est au dixième rang, loin devant le Royaume-Uni (22 %) ou la
Grèce (29 %), mais aussi loin derrière l'Allemagne
(79 %) ou les Pays-Bas (81 %). Sans compter la Suisse qui collecte
près de 90 % de son gisement verre.
On observera toutefois que ces comparaisons doivent être
interprétées avec prudence. Les bons résultats
constatés en Allemagne et en Suisse, par exemple, s'expliquent aussi par
un mode de collecte fondé principalement sur la consigne, et des
coûts de traitement sans commune mesure avec les coûts
français, notamment pour ce qui concerne la part restant à la
charge des collectivités locales...
Le recyclage du verre. Comparaisons internationales, 1996 |
|||||
Pays |
Allemagne |
Suisse |
France |
Belgique |
Italie |
Tonnage collecté |
2.839 |
259 |
1.400 |
224 |
894 |
Taux de recyclage |
79 % |
89 % |
50 % |
66 % |
53 % |
Prix du traitement 1 |
886 |
763 |
431 |
428 |
392 |
Prix payé par les verriers |
329 |
298 |
400 |
302 |
303 |
Prix à la charge de la collectivité |
557 |
465 |
31 |
126 |
89 |
1 Prix à la tonne triée |
|||||
Source
: Volume et taux :
Glass
Gazette
,
septembre 1996
|
2. Perspectives
a) Améliorer la collecte
Bien que
le " geste verre " (vert) soit familier pour les trois quarts de la
population, le pourcentage de verre collecté reste faible, notamment au
regard de nos partenaires européens. Les sociétés
agréées se sont engagées contractuellement auprès
des pouvoirs publics à valoriser 75 % des emballages
ménagers. Le gisement de verre ménager étant estimé
à 2,275 millions de tonnes (source ADEME/Adelphe, 1993), la
collecte devra donc dépasser 2 millions de tonnes.
Cet objectif peut être atteint par plusieurs processus : une
poursuite du maillage du territoire
et de l'équipement des
communes en parcs de conteneurs. La profession estime que le parc actuel d'un
conteneur pour 800 habitants devrait être augmenté pour
parvenir à un conteneur pour 500 habitants.
D'autres voies sont également envisagées. La
collecte porte
à porte
, avec collecte verre séparée, se
développe avec succès. Les recherches portent également,
aujourd'hui, sur la récupération du verre issu des
mâchefers d'incinération.
L'amélioration de la collecte peut également être obtenue
par une
amélioration du contenant
. Les recherches portent en
particulier sur la limitation des nuisances, tant visuelles (conteneurs
enterrés)
102(
*
)
, que
sonores (insonorisation des conteneurs à verre
103(
*
)
).
b) Nouveaux marchés et nouveaux gisements
On
observera que jusqu'à présent la seule voie de recyclage
évoquée a été le verre d'emballage. Ce circuit en
boucle (verre d'emballage utilisation collecte tri calcin verre
d'emballage) a déjà été expliqué. Il n'en
demeure pas moins que d'autres voies sont possibles. La profession en a
recensé une soixantaine : matériaux de construction,
peinture réfléchissante pour routes, pavés...
De nouveaux gisements peuvent également être
envisagés. La valorisation est cependant plus délicate et
coûteuse, et n'en est encore qu'au stade des expérimentations.
La valorisation du verre industriel
|
Les filières opératoires |
Les filières qui démarrent |
Les filières exploratoires |
||||
Matériaux |
Verre plat |
Verre feuilleté |
Miroir |
Verre automobile |
Verre automobile |
Écrans TV |
Tubes fluorescents |
Applications |
Bâtiment (vitrages...) |
Bâtiment (vitrages, vitrines) |
Miroir |
Pare-brise, lunette arrière |
Vitres latérales |
Écrans TV |
Tubes fluorescents |
Collecte |
Miroiteries |
Miroiteries |
Miroiteries |
Garages, "déconstructeurs" |
Garages, "déconstructeurs" |
Distributeurs |
|
Gisement |
n.p. |
n.p. |
n.p. |
30.000 t/an + 30.000 t/an |
30.000 t |
2 millions d'écrans par an |
|
Recyclé |
30.000 t/an |
150.000 t/an |
10.000 t/an |
150 t/an |
démarrage |
0 |
|
Débouchés |
Industrie, microbilles, peinture, enduits, céramique, laine de verre |
Même utilisation que verre plat (microbilles...) |
Sablage de façade, abrasifs |
Granulats |
Même utilisation que bouteilles + industrie (microbilles...) |
|
|
Observations |
Le verre blanc est exempt d'impuretés. Il est très facile à recycler |
Beaucoup de pertes parce que des morceaux de verre restent collés à la feuille plastique |
|
Pertes élevées (fils antenne, résistances de dégivrage). Collecte coûteuse et embryonnaire |
|
Recherches au tout début. Problème du plomb |
Prototype EDF. Problème du gaz, des métaux lourds |
Source : CYCLEM |
Encadré n° 22
Le
recyclage des lampes et des tubes fluorescents
___
Près de 50 millions de lampes et de tubes fluorescents et lampes
contenant du mercure sont produits chaque année.
Les lampes fluorescentes produisent de la lumière par le passage d'un
courant électrique à travers une vapeur ou un gaz : la
vapeur de mercure. Les lampes fluorescentes sont utilisées pour
l'éclairage des activités industrielles, ainsi que par les
administrations et les collectivités (halls d'usines, bureaux, grandes
surfaces, éclairage des villes, des autoroutes...).
Jusqu'en 1998, ces lampes finissaient chaque année leur vie dans les
décharges, en qualité de déchets banals assimilés
aux ordures ménagères, et généraient près
d'une tonne de mercure et 250 tonnes de poudre fluorescente, avec un impact
important sur l'environnement. Cette situation a changé en 1998, puisque
le décret de 1997 (décret n° 97-517 du 15 mai 1997, JO
du 23 mai 1997) classe les lampes contenant du mercure parmi les déchets
dangereux
Ces nouvelles exigences réglementaires imposent donc une
démarche spécifique pour l'élimination des lampes et des
tubes fluorescents.
Les déchets contenant du mercure et des poudres fluorescentes doivent
faire l'objet de précautions particulières lors de leur collecte,
stockage, transport et traitement, afin d'éviter tout rejet dans
l'environnement.
Depuis 1996, EDF a créé une filiale (la société
Provalor), chargée de la collecte, du transport, du recyclage et de la
valorisation des sources lumineuses usagées contenant du mercure.
Provalor met en oeuvre, actuellement, trois installations mobiles (camions)
pour traiter les tubes.
Les tubes fluorescents sont collectés par le camion, les culots sont
découpés et séparés du verre, puis ils sont
chauffés à 360°C pour éliminer le mercure à
l'état de dépôt. Le verre, une fois broyé, part avec
les poudres dans un second circuit. Les poudres sont séparées du
verre. Le verre est alors chauffé à 550° C pour
éliminer le restant de mercure. Dans les deux circuits, le mercure
s'évapore, et rejoint l'air enrichi de mercure provenant du broyeur.
L'ensemble de cet air passe au travers de charbons actifs, dans lesquels la
totalité du mercure est retenu. Le verre, les métaux, le mercure
et les poudres sont compartimentés et prêts à être
réutilisés.
A l'heure actuelle, Provalor est le seul opérateur en France à
garantir une valorisation à 100 % des tubes fluorescents. EDF
rejoint ainsi une démarche déjà adoptée par un
certain nombre de pays européens tels que les Pays-Bas, la Belgique,
l'Allemagne et la Suisse.
Source : Électricité de France - Provalor
c) Le tri par teinte ?
Encadré n° 23
Le tri
par teinte
___
Pourquoi les Allemands ont-ils trois conteneurs de verre
(verre
blanc, verre brun, verre vert) et les Français un seul ?
Cette différence s'explique par le marché et une raison
technique. En Allemagne, 50 % des verres creux sont en verre blanc. En
France, 70 % des verres creux sont en verre vert (20 % en verre
blanc, 10 % en verre d'autres couleurs).
Or, contrairement au verre de couleur qui peut être fabriqué en
tout ou partie à partir de calcin de toutes couleurs (le verre vert peut
utiliser 100 % de verres colorés toutes couleurs, le verre rouge
60 %), le verre blanc ne peut être fabriqué qu'à
partir de verre lui-même blanc (ou, évidemment, à partir de
silice, comme c'est le cas en France).
Ainsi, en France, 80 % de la production n'exige pas de séparer les
couleurs, alors qu'en Allemagne le tri par couleur est incontournable.
Pourquoi changer ?
Pour atteindre l'objectif de recyclage de 75 %, le recyclage doit
être porté de 1,5 million de tonnes à un peu plus de
2,1 millions de tonnes (sur la base d'un gisement de 2,9 millions de tonnes),
ce qui représente 600.000 tonnes à recycler de plus. Cette
progression ne peut se faire qu'en recyclant le verre également sur le
segment des verres blancs... ce qui suppose un tri par couleur.
Les premières expériences de tri par couleur ont
démarré en 1997, en disposant deux conteneurs différents
(verre blanc et verre couleur). Les résultats sont bons puisque, sans
communication spécifique, la collecte totale a augmenté de
20 % (+ 25 % pour la collecte de verre blanc, + 15 %
pour la collecte de verre coloré). Quatre expériences sont en
cours en 1999.
Attention toutefois à deux dérives
D'une part, il n'est pas utile de mettre des bornes
différenciées partout, puisque, comme on l'a vu, la verrerie
française accepte parfaitement le recyclage des verres en mélange.
D'autre part, il est tout à fait fondamental d'éviter le
tri par teinte en porte à porte. Le tri par couleur ne doit être
organisé que sur la base de l'apport volontaire. A domicile, la collecte
individuelle impose un message et un geste les plus simples possibles. Il faut
donc éviter la multiplication des bacs qui ne pourrait que
décourager les meilleures volontés.
d) Les difficultés prévisibles
Elles
sont contradictoires. Tout d'abord, sur la base du gisement actuel, les
capacités de retraitement seront-elles suffisantes pour parvenir au taux
de recyclage fixe ? Ensuite, les verriers doivent se poser une question
bien plus importante : et si le verre avait vécu ? Enfin, la
structure professionnelle de collecte est fragile.
Les capacités
Les capacités de retraitement actuelles sont de l'ordre de 1,8 à
1,9 million de tonnes par an. Sur la base d'un gisement de
2,9 millions de tonnes, et pour respecter l'objectif du taux de
valorisation retenu par les sociétés agréées, le
recyclage devrait être porté à 2,15 millions de
tonnes. Il manque donc environ 200.000 tonnes pour que les capacités de
traitement répondent aux besoins. A moins que le gisement ne s'effrite,
voire ne s'effondre.
La concurrence du plastique
Et si l'époque du verre avait vécu ? Le verre a
résisté au carton, à l'acier, à l'aluminium.
Résistera-t-il au plastique ? Une première alerte a
été donnée sur le marché des eaux minérales,
puisque le verre n'est plus utilisé que dans 30 % des cas
(47 % en Europe et 100 % en Allemagne).
Répartition de la production d'eaux minérales selon les emballages |
|||||
|
Allemagne |
France |
Italie |
Royaume Uni |
Europe 1 |
Total (millions de litres) |
7.155 |
5.540 |
7.540 |
561 |
np |
Verre |
100 % |
30 % |
28 % |
15 % |
47,9 % |
Plastique |
n.p. |
70 % |
70 % |
85 % |
47,4 % |
Autres |
n.p. |
n.p. |
2 % |
n.p. |
4,7 % |
1 Europe = Union européenne + quelques autres pays non membres |
|||||
Source : GISEMES, Groupement international des eaux minérales et eaux de source |
Après les eaux, le verre résistera-t-il au
plastique
sur le créneau majeur des bouteilles de bière qui
représente encore le tiers des bouteilles vendues en France et
près de la moitié de l'activité de la verrerie
mondiale
104(
*
)
?...
La réorganisation des structures de collecte
La démarche qui a présidé à la création de
l'Adelphe, en 1992, était à la fois positive (la
récupération du verre est relativement facile à organiser,
le recyclage est économiquement intéressant parce qu'il engendre
des économies d'énergie, la création d'une filière
spécifique répond à un besoin économique et social)
et préventive, pour ne pas dire défensive. L'enjeu, pour les
industriels, était d'éviter une directive européenne
s'inspirant du modèle allemand fondé essentiellement sur la
consigne.
Ce choix allemand n'était d'ailleurs pas inspiré par des
considérations uniquement techniques ni écologiques, mais
était un moyen détourné, mais efficace, d'éviter la
concurrence des eaux étrangères (en l'espèce les eaux
italiennes et surtout françaises). En effet, un système de
consigne, obligeant au réemploi, est extrêmement coûteux et,
par conséquent, dissuasif pour les sociétés
françaises qui se trouvent à plusieurs centaines de
kilomètres des lieux de consommation.
Adelphe a donc été créée à cet effet. Et son
succès est total. Vingt ans plus tard, cette menace a disparu. Le
système français a fait ses preuves. Le retraitement est aussi
bien assuré par la transformation du calcin (après broyage),
comme dans le système français, que par le réemploi
après lavage, comme dans le système allemand. Adelphe et
Éco-Emballages ont formidablement réussi à mettre en place
et à développer la collecte sélective.
En 1996, à l'occasion du renouvellement de son agrément, Adelphe
a étendu sa compétence, suscitant même quelques surprises,
comme en témoigne cet article de presse (
Le Figaro
du 25 juin
1996) :
"
Contre toute attente
, la société
Adelphe, spécialisée dans le développement et le
financement de la collecte sélective et la récupération du
verre a vu étendre son champ d'intervention aux autres matériaux
recyclables, un secteur couvert exclusivement par Éco-Emballages
jusqu'à présent. "
. Depuis l'extension de son champ
d'action à l'ensemble des produits d'emballage, Adelphe a donc perdu sa
spécificité, et se trouve aujourd'hui sur le même
créneau que Éco-Emballages. Sans qu'il y ait aucune
compétition entre les deux, puisque les conditions d'intervention, les
prix, le soutien, sont pratiquement les mêmes. Dès lors, on peut
se poser la question de l'opportunité de maintenir une structure
spécifique axée principalement sur le verre.
Nous considérons qu'un regroupement est souhaitable. Nous
considérons également que Éco-Emballages est mieux
placé pour en assurer la direction.