B - La situation de la France dans le domaine de la génomique
Le
caractère stratégique de ce secteur a déjà
été souligné. Les intervenants français dans ce
domaine sont l'I.N.R.A., l'industrie et enfin le Centre national de
séquençage qui vient de se mettre en place.
- L'Institut national de la recherche agronomique
L'I.N.R.A. s'est déjà engagé depuis un certain temps dans
ce domaine. Son activité s'inscrit donc dans une certaine
continuité. Elle comprend l'analyse des génomes
d'espèces-modèles, comme
Arabidopsis thaliana
, ou
d'espèces d'intérêt économique comme les levures,
bacillus subtilis
, bovins, porcs, maïs, blé, tournesol.
Il convient de noter à ce propos qu'il semble de
première
importance
pour la France de
faire un effort particulier sur la
connaissance du génome du blé
, compte tenu de l'importance de
cette plante à la fois dans nos productions actuelles et aussi dans
notre histoire agricole et alimentaire.
Si l'activité principale dans le maïs peut être reconnu
comme l'apanage des Etats-Unis, la France doit revendiquer celui du blé
et donc consentir dans ce domaine un effort conséquent.
- L'industrie
Nous avons déjà évoqué le rôle du groupe
Rhône-Poulenc. Dans ce domaine Rhône-Poulenc Agro et Biogemma ont
regroupé leurs forces au sein d'une société mixte
possédée à parité appelée Rhobio. L'objectif
est, comme on l'a déjà mentionné, d'associer les
compétences complémentaires développées par les
partenaires : Rhône-Poulenc Agro dans le domaine de l'identification et
de l'insertion des gènes, ses partenaires en matière de
semenciers et de création variétale.
Dans un premier temps, Rhobio devrait travailler sur la résistance des
plantes à certaines maladies, sur le développement de
technologies de génie génétique et sur l'enrichissement
des bibliothèques de gènes d'un certain nombre de
végétaux.
Il est indubitable que l'industrie devra faire d'importants efforts dans ce
domaine, qui devront être à l'aune des intérêts en
jeu.
- Le Centre national de séquençage
Le Centre national de séquençage, constitué sous forme de
groupement d'intérêt public (G.I.P.), a commencé à
se mettre en place à la fin de l'année dernière à
Evry.
Il s'agit d'un site qui a vocation à devenir le grand pôle
français en matière de génétique. Son objet est le
décryptage et la cartographie de génomes. Il participera
notamment au programme de séquençage
d'Arabidopsis
thaliana
.
Courant 1998, devrait s'installer sur le même site, un autre G.I.P., le
Centre national de génotypage, dont les activité sont
complémentaires puisque son objet est d'étudier les
différentes variantes existant sur un même gène, le
polymorphisme.
Mais ce centre a vocation à réunir des petites entreprises de
recherches comme Genset, chef de file européen de l'analyse du
génome humain et l'un des premiers producteurs mondiaux d'A.D.N. de
synthèse.
Rhône-Poulenc Rorer est l'une des autres entreprises à être
présente sur ce site. Cette firme a ainsi installé là son
laboratoire de génotypage, de clonage et de bio-informatique. Une
plate-forme sur la biologie moléculaire des plantes avec, notamment
Rhobio, devrait également travailler là.
L'université d'Evry devrait également créer, à
terme, plusieurs postes d'enseignants-chercheurs en biologie ainsi qu'un
Institut universitaire professionnel en génie biologique et en
bio-informatique.
Il est nécessaire de saluer cette création qui est susceptible de
d'engager le type de synergies capables d'engager un processus vertueux de
créativité qui a si bien réussi à nombre de
campus
américains.
On peut peut-être regretter cependant que cette création
récente ait été faite en région parisienne,
déjà si bien pourvue en établissements de recherche. Ma
préférence aurait été de situer un tel regroupement
dans une ville de province. Mon souhait, maintenant, est que des liens soient
créés entre ce pôle de recherches en biotechnologies et
quelques universités et des centres de recherche en France afin de faire
diffuser les compétences. Le génoscope d'Evry devrait essaimer
dans trois ou quatre satellites en France, en transférant rapidement le
savoir-faire acquis.