Services du Premier ministre : Secrétariat général de la défense nationale
Michel MOREIGNE
Table des matières
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
A. ÉVOLUTION D'ENSEMBLE
Les
crédits demandés pour 2002, inscrits à hauteur
de 39,364 millions d'euros
(258,21 millions de francs)
,
sont en
hausse brute
de 33 %
par rapport aux
crédits votés pour 2001, qui s'élevaient
à
29,495
millions d'euros
(193,472 millions
de francs). Cette hausse importante résulte pour les 2/3 des nouvelles
capacités techniques interministérielles destinées
à la sécurité des services en matière de
systèmes d'information. Ce nouveau programme avait été
engagé fin 2000 par une dotation de
10
millions d'euros
,
en loi de finances rectificative, permettant des investissements dès
l'année 2001. Minoré de cette action nouvelle, donc dans son
format précédent, ce
budget
reste
en hausse de
12,5 %
.
Cette augmentation vient confirmer le signal fort de relance des moyens et des
activités du SGDN adressé depuis 2000 avec une première
hausse de près de 20% de ses crédits et après plusieurs
années de diminutions. Après la réforme, qui a connu son
aboutissement en 1999, l'organisation du SGDN est désormais
recentrée sur ses missions essentielles. Elles ont été
confirmées mais également relancées dans les domaines les
plus sensibles, à l'instar de la protection contre les intrusions
informatiques. Cette priorité se traduit, comme déjà en
2001, par un renforcement des moyens de la Direction centrale de la
sécurité des systèmes d'information (DCSSI). Pour lui
permettre d'assurer pleinement ses autres missions, notamment le contrôle
des exportations des matériels de guerre, l'augmentation des effectifs
du SGDN est poursuivie tout en assurant le remplacement des appelés du
service national. Quant à la poursuite du renforcement des moyens du
programme civil de défense (PCD), elle permettra de conforter son
rôle majeur pour la sécurité de la Nation.
Les
dépenses ordinaires
progressent
de
9,32 %
avec
24,577 millions d'euros
en 2002 contre
22,482 millions d'euros
en 2001. Les mesures nouvelles concernent,
pour les dépenses de personnel, la création de 23 postes
budgétaires principalement à la DCSSI et la remise à
niveau correspondante en matériel et autres moyens de fonctionnement.
En ce qui concerne les
dépenses en capital
, l'année 2002
confirme la montée en puissance de l'investissement entreprise en 2000.
En effet, les
crédits de paiement
sont plus que doublés
puisqu'ils augmentent de
7
à
14,8 millions d'euros
(97 millions de francs). Hormis les nouveaux moyens
interministériels déjà évoqués,
les
crédits du
programme civil de défense (PCD)
progressent
nettement, en faveur des réseaux sécurisés de
transmissions gouvernementaux et
de la prévention ou de
l'intervention en matière de risques
liés aux domaines
nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) ou à la
suite d'accidents ou d'actes malveillants
. La stabilité au niveau de
2001 des investissements au centre de
transmission gouvernemental (CTG)
et à la
DCSSI
permettra, pour l'un, de maintenir ses
capacités opérationnelles et, pour l'autre, d'accompagner
l'effort en moyens de fonctionnement dont elle bénéficie. Le
montant des
autorisations de programme
est quadruplé à
32,93 millions d'euros
(216 millions de francs),
l'investissement interministériel bénéficiant des 2/3 de
ces dotations, soit 22,26 millions d'euros et le PCD se voyant doté
de 7,62 millions d'euros.
Le tableau ci-dessous présente, classés par titre, les
crédits demandés pour le SGDN pour 2002, en indiquant leur
évolution depuis 1999 et par rapport au budget voté pour
2001.
(en millions d'euros) |
||||||
|
Crédits votés pour 1999 LFI |
Crédits votés pour 2000 LFI |
Crédits votés pour 2001 LFI |
Crédits demandés pour 2002 |
Évolution en % (2001/2002) |
|
Dépenses ordinaires |
|
|
|
|
|
|
Titre III : moyens des services |
17,00 |
18,85 |
22,48* |
24,57 |
9,32 |
|
Dépenses en capital |
|
|
|
|
|
|
Titre V : investissements |
|
|
|
|
|
|
exécutés par l'État - CP |
2,95 |
5,03 |
7,01 |
14,79 |
110,85 |
|
Total DO + CP |
19,95 |
23,88 |
29,49* |
39,36 |
33,46 |
|
Autorisations de programme |
|
|
|
|
|
|
Titre V |
3,20 |
7,62 |
6,40 |
32,93 |
414,48 |
|
*Après réintégration de l'IHEDN pour 1,46 millions d'euros. |
B. DÉTAIL DES CRÉDITS
Depuis
2000 et la présentation en un nouvel agrégat unique
les
crédits des moyens de fonctionnement
ne sont plus
détaillés par actions. Ainsi, les dotations pour les
matériels et le fonctionnement des services sont désormais
regroupés dans l'unique article 10 (SGDN) du chapitre 34-98. De plus, la
transformation du Service central de la sécurité des
systèmes d'information en direction entraîne, à partir de
2002, l'intégration de ses dépenses de personnels. Si ces
modifications ne permettent pas une lisibilité budgétaire pointue
de ces crédits, en revanche, un coût global de chaque action est
présenté depuis l'an dernier dans « le
bleu ». On peut également se féliciter que cet
agrégat ait échappé à un nouveau remaniement dans
la présentation pour 2002, même si l'Institut des hautes
études de la défense nationale (IHEDN) n'y apparaît plus.
Le transfert de ses crédits, depuis la loi de finances 2001, des
services généraux du Premier ministre étant maintenant
acquis, ils figurent au chapitre 36-10 (subventions).
Le tableau suivant présente les composantes de cet agrégat unique
SGDN.
(en millions d'euros) |
||||||
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
|
|
|
|
|
|
PLF |
Prévision de gestion |
Coordination interministérielle |
9,0 |
8,3 |
9,6 |
9,6 |
16,5 |
11,0 |
Transmissions gouvernementales |
2,1 |
3,3 |
2,2 |
3,4 |
3,6 |
3,3 |
Sécurité des systèmes d'information |
3,4 |
3,4 |
4,2 |
6,9 |
8,2 |
8,2 |
Programme civil de défense |
2,9 |
4,0 |
3,2 |
4,7 |
6,2 |
5,6 |
Comité interministériel du renseignement |
4,7 |
4,4 |
4,5 |
4,9 |
4,9 |
4,9 |
TOTAL |
22,1 |
23,4 |
23,7 |
29,5 |
39,4 |
32,9 |
1. Persévérance dans la progression des dépenses ordinaires
Le champ
d'action du SGDN ne recouvrant pas de dépenses d'intervention (titre
IV), les
24,577 millions d'euros
(161,21 millions de francs) de
dépenses ordinaires sont inscrits sur le titre III qui recouvre
les
moyens des services
.
Les crédits de
rémunérations et charges sociales
évoluent de
11,93
millions d'euros
millions de francs
à
13,68
millions d'euros
(89,75 millions de
francs), soit
une augmentation de 14,67 %
. Ces mesures nouvelles
permettront d'achever par une troisième tranche la montée en
puissance de la DCSSI (voir détails ci-après). La structure
d'alerte contre les intrusions informatiques de l'Etat continue à
bénéficier d'une attention toute particulière dans ces
affectations de personnel. Le renforcement en moyens humains de la Commission
interministérielle pour l'étude des exportations de
matériels de guerre (CIEEMG) est poursuivi. Enfin, l'IHEDN
bénéficie d'une création de poste.
L'effectif budgétaire du SGDN pour 2002 atteindra
ainsi
278 emplois
contre 267 en 2001. Si la création nette n'est
que de 11 emplois, compte tenu de la suppression de 12 emplois
d'appelés, il sera créé 23 emplois budgétaires. La
DCSSI est la principale bénéficiaire avec 18 postes
d'ingénieurs et de techniciens. Il convient d'ajouter que le Centre de
transmissions gouvernemental (CTG) dispose de 180 personnes inscrites au budget
du ministère de la défense mais placées sous
l'autorité du Secrétaire général de la
défense nationale. Ce ministère fournit par ailleurs une bonne
part des effectifs de l'IHEDN. La tutelle de cet établissement public,
qui dispose de 85 personnes, relève du SGDN. Enfin, ce dernier
bénéficiait, outre ses effectifs budgétés, de 46
mises à disposition pour ses services, dont 21 pour la seule DCSSI, au
1
er
septembre 2001. C'est donc la gestion de plus de 500 personnes
que la Direction de l'administration générale doit assurer,
à comparer avec les 503 emplois budgétaires recensés
en 1996 avant la réforme du SGDN.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des emplois
budgétaires depuis 1998.
Évolution des effectifs |
||||||
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
|
|
|
|
|
|
PLF |
Prévision en gestion |
Coordination interministérielle |
180 |
152 |
155 |
165 |
158 |
158 |
Transmissions gouvernementales |
2 |
2 |
2 |
3 |
3 |
3 |
Sécurité des systèmes d'information |
35 |
37 |
44 |
69 |
91 |
86 |
Programme civil de défense |
26 |
26 |
25 |
18 |
18 |
18 |
Comité interministériel du renseignement |
10 |
10 |
8 |
8 |
8 |
8 |
TOTAL |
253 |
227 |
234 |
263 |
278 |
273 |
Quant
aux moyens destinés au
matériel et fonctionnement des
services
, ils
passent de 9,19 millions d'euros à
9,40 millions d'euros
(61,65 millions de francs), soit une
hausse de 3,41 %.
Il convient de préciser que
4,3 millions
d'euros
(28,21 millions de francs) y sont affectés au Comité
interministériel du renseignement Le reste permettra d'accompagner en
matériel, notamment informatique, l'évolution des services en
personnel. Une part de ces crédits est destinée à la
deuxième tranche de la mise aux normes de sécurité
incendie des locaux du SGDN. Ils permettront également de maintenir
opérationnelles les transmissions gouvernementales.
Enfin, la subvention à l'
IHEDN,
au chapitre 36-10, progresse
légèrement de 2,18% pour s'établir à
1,5
millions d'euros
(9,8 millions de francs).
Le tableau suivant présente par action les crédits hors
personnels du budget du SGDN, y compris les dotations en capital qui sont
exposées au 2 ci-après.
Crédits hors personnels |
||||||
(en millions d'euros) |
||||||
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
|
|
|
|
|
|
PLF |
Prévision de gestion |
Coordination interministérielle |
3,5 |
3,2 |
3,8 |
3,6 |
10,0 |
4,5 |
Transmissions gouvernementales |
1,9 |
3,2 |
2,1 |
3,2 |
3,3 |
3,0 |
Sécurité des systèmes d'information |
1,3 |
1,5 |
1,9 |
2,7 |
5,4 |
2,7 |
Programme civil de défense |
2,0 |
2,9 |
2,2 |
3,9 |
3,9 |
4,8 |
Comité interministériel du renseignement |
4,2 |
3,8 |
4,0 |
4,3 |
4,3 |
4,3 |
TOTAL |
12,9 |
14,6 |
13,9 |
17,7 |
25,7 |
19,2 |
2. Nouvelle relance de l'investissement
A la
suite du lancement du
nouveau programme d'investissement
interministériel
en faveur de la
cryptologie
,
évoqué en préambule de la note, un nouvel article a
été créé dans le titre V, au
chapitre 57-03
qui regroupe tous les crédits d'équipement de ce budget. Les
trois autres postes de dépenses en capital bénéficient de
mesures nouvelles, notamment celui du
Programme civil de défense
(PCD)
, dont la relance se voit ainsi confirmée.
Les dotations du
Centre de transmissions gouvernemental (CTG)
sont
maintenues à
1,5
millions d'euros
tant en
crédits de paiement
qu'en
autorisations de programme.
Elles
permettront de poursuivre l'amélioration et le développement des
transmissions gouvernementales et des liaisons d'État
sécurisées (principalement celles du président de la
République et du Premier ministre lors des voyages officiels) ainsi que
la mise en oeuvre du centre de secours.
La stabilité des
crédits de paiement
(1,7
millions d'euros)
et
des
autorisations de programme (1,5
millions d'euros)
de la
DCSSI
, destinés aux
investissements et aux études accompagneront sa montée en
puissance.
Le
programme civil de défense (PCD)
voit ses
crédits de
paiement
progresser à nouveau à
5,34 millions
d'euros
(+40%)
et ses
autorisations de programme
relancées à
7,62 millions d'euros
(+150%). Cette
évolution permettra de poursuivre le maintien au niveau
opérationnel des équipements qui avait pris du retard à la
suite de la réduction des dépenses en capital intervenues
jusqu'en 1999.
Les dotations du PCD recouvrent deux domaines d'intervention :
- la protection des populations ;
- la continuité de l'action gouvernementale et la sécurité
générale.
La mission du SGDN dans ce programme, interministériel par nature (ainsi
l'équipement relatif à la lutte antiterroriste nucléaire,
radiologique, biologique et chimique -NRBC
-
ne peut, de par sa
technicité, être conduit qu'en impliquant sept ministères),
relève surtout de la coordination, du secrétariat et du suivi. A
ce titre, il préside la commission interministérielle de
défense du territoire. Les crédits affectés à cette
action dans le budget n'ont donc pas vocation à couvrir tous les besoins
en la matière. Ce programme est avant tout un outil d'incitation
interministériel dans le domaine de la défense civile.
Le SGDN se concentrera en 2002 sur trois objectifs majeurs :
L'équipement relatif aux moyens de prévention et de
réactions (notamment les infrastructures de secours) face aux
risques
nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC)
, qu'il
s'agisse d'un accident ou d'une action criminelle, continuera à
être développé.
L'année 2002 verra la poursuite du
renforcement de la
sécurité des transmissions gouvernementales
par la prise en
charge des investissements parallèles :
- pour le maintien en condition opérationnelle du système,
notamment le réseau de base uniformément durci (RIMBAUD) ;
- du programme de messagerie autonome gouvernementale de défense et
d'autorité (MAGDA).
L'évolution des opérations financées depuis 1998 et les
prévisions pour 2002 sont détaillées dans le tableau
ci-dessous :
Le
dernier objectif du programme civil de défense pour 2002 consistera
à poursuivre la mise en place
des
salles
opérationnelles des préfectures de zones de défense
,
au coeur de l'action civilo-militaire de protection des populations.
Enfin, l'affectation de
6,25 millions d'euros
en
crédits
de paiement
(CP)
et
22,26 millions d'euros
en
autorisations de programme
(AP)
sur un article 40 nouveau
« Capacités techniques
interministérielles »
vient confirmer la volonté
annoncée par le Gouvernement de renforcer les moyens d'expertise et de
protection des services de l'État dans le domaine de la cryptologie. Les
10,06
millions d'euros
(66 millions de francs) d'AP et de
CP, attribués en loi de finances rectificative pour 2000 ont
été reportés sur la gestion de cette année et
affectés, pour 6,86 millions d'euros au ministère de la
Défense, 1,68 millions d'euros au ministère de l'Intérieur
et le reste aux services relevant du Premier ministre. Sans être
affichée, cette attribution ne peut concerner que les services de
renseignement et de sécurité de ces ministères.
II. L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA DÉFENSE NATIONALE (IHEDN)
L'IHEDN a été érigé en
établissement public administratif (EPA)
en 1997 et ses objectifs
ont été redéfinis. Le SGDN ayant en charge la coordination
des enseignements de défense son
Secrétaire
général
, fort logiquement, siège au conseil
d'administration et
exerce la tutelle de
l'Institut par
délégation du Premier ministre.
L'ambition de cette réforme était de le doter d'une autonomie de
gestion permettant une clarification de son financement. Mais sa dotation
propre, tant en moyens matériels qu'en effectifs, ne lui assure pas
l'autonomie financière ambitionnée. En effet, les 1,5 millions
d'euros de crédits qui lui sont attribués pour 2002, ne
représentent qu'une faible part du coût réel de l'Institut
qui ressort, compte-tenu des moyens mis à disposition par d'autres
d'administrations, à 7,22 millions d'euros (47,37 millions de francs) en
2001. Il est toutefois constaté, pour 2002, une revalorisation
intéressante de 0,5 millions d'euros de ses recettes propres.
Ses effectifs réels représentent actuellement 78 emplois en
équivalent temps plein. Si la subvention inscrite au SGDN ne progresse
que très légèrement, le poste budgétaire,
créé à l'IHEDN, portera à 9 emplois son effectif
propre. Quant au coût estimé des effectifs mis à sa
disposition, il est proche des 3 millions d'euros.
Toutefois la réorganisation de l'Institut a bien dynamisé son
évolution. Il apparaît que l'Institut s'est engagé dans un
effort d'adaptation et d'ouverture pour remplir son objectif d'être
un
fondement essentiel à la culture et à l'esprit de
défense
. Il est vérifié par :
- les réductions de durée des sessions nationales et des missions
d'étude à l'étranger, compensées par la
possibilité de vivre 2 jours d'immersion sur un théâtre de
crise ( en 2001 en Bosnie-Herzégovine) ;
- l'effort de rénovation dans le recrutement des auditeurs ;
- la poursuite de l'ouverture à l'international (auditeurs
étrangers, entrée dans les réseaux internationaux
d'instituts stratégiques et de centre d'enseignement de défense
étrangers) ;
- la mise en service d'un portail internet ;
- et, enfin, la relance des trinômes académiques (Éducation
nationale, Défense, auditeurs) qui sera poursuivie, puisque la promotion
des missions de l'IHEDN figure dans les objectifs du SGDN pour 2002.
Cette évolution s'est également traduite par une organisation
interne de l'Institut autour de quatre pôles opérationnels :
- l'activité internationale ;
- les formations centralisées ;
- l'action territoriale ;
- et la promotion des enseignements de défense.
III. L'ENSEMBLE DES CRÉDITS AFFECTÉS À LA DÉFENSE NON MILITAIRE DE LA NATION
L'effort
budgétaire, destiné à la défense civile de la
Nation, comprend non seulement les crédits affectés au SGDN mais
également ceux que les ministères civils lui consacrent. Leur
montant est détaillé dans un «
Jaune
budgétaire
» qui paraît depuis 1988. Ils concernent
les
dépenses
concourant à
la
continuité
de l'action gouvernementale
et à
la sécurité
générale
et, d'autre part, celles destinées à
la protection des populations
et à
la défense
dans
le domaine
économique
. Cette seconde action est la plus
importante puisqu'elle représentera, en 2002, 92,5 % de l'ensemble.
Le tableau ci-après retrace les crédits des différents
ministères concourant à la défense de la Nation et leur
évolution par rapport à 2001.
L'ensemble des crédits, en
dépenses
ordinaires
et
crédits de paiement
, qui seront consacrés par les
divers ministères civils à la défense de la Nation
s'établira, en 2002, à
1385,1 millions d'euros
. Cette
dotation sera donc en hausse
(+ 2,6 %)
par rapport à
celle de 2001 où les crédits étaient restés stables.
La plus grande part des crédits consacrés à cette action
est fournie par le ministère de l'Intérieur, à laquelle il
consacre 32.000 de ses agents. En 2002, elle représentera 70 % du
total.
Quant aux
autorisations de programme
, elles sont en nette
progression
de
63,3 %
par rapport à 2001. Cette
augmentation concerne principalement les crédits d'équipement
inscrits aux budgets du SGDN, de l'Intérieur et de l'Économie,
des finances et de l'industrie.
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. UN SGDN RECENTRÉ SUR SES MISSIONS ET AU RÔLE RÉAFFIRMÉ
Si
le
SGDN est l'instrument privilégié du Premier ministre
pour
l'exercice des responsabilités qu'il tient, en matière de
direction générale de la défense, de l'article 21 de la
Constitution, il est également
conduit à travailler
en
liaison étroite et permanente
avec la Présidence de la
République
.
Le SGDN a traversé
, de 1995 à 1999,
une crise
d'identité
qui a transparu dans la diminution continue de ses moyens
et la succession de ses responsables, puisque quatre secrétaires
généraux se sont succédés en quatre ans.
Son rôle est maintenant nettement conforté
, depuis le
deuxième trimestre 1999, tant par les nouveaux moyens mis à sa
disposition que par les appels renouvelés à sa compétence.
Au travers de son nouveau format,
concentré autour de cinq directions
et recentré sur ses missions et attributions
fondées sur
l'ordonnance de 1959 et le décret de 1978, le Secrétariat
général assure des tâches de gestion permanentes.
Il s'agit, pour l'activité interministérielle :
- de la veille, du secrétariat et de la coordination dans tous les
domaines de la défense et de la sécurité ;
- de la préparation et du secrétariat du Comité
interministériel du renseignement (CIR). Le SGDN est sollicité au
travers de cette mission dans la gestion des crises et conflits internationaux.
Au titre des responsabilités du Premier ministre, le SGDN est
également chargé :
- de la sécurité des systèmes d'information ;
- du contrôle des transferts d'armement et de la lutte contre la
prolifération ;
- de la protection du secret de défense.
Le Secrétaire général, Jean-Claude Mallet
,
s'attache à
centrer l'activité
prioritaire du SGDN
dans
des tâches de conception et d'impulsion
. L'aspect qui prévaut
alors est celui de l'animation et de la concertation. En revanche il a su
dynamiser l'intervention du Secrétariat dans les domaines où la
coordination interministérielle, lorsqu'elle relevait de ses missions,
était nécessaire. Ses agents sont donc sollicités en
raison de leurs compétences le temps d'une crise ou à la suite
d'une demande gouvernementale (à titre d'exemple la gestion, cette
année, du danger présenté par les munitions du site de
Vimy).
Votre rapporteur se félicite que
la priorité majeure que
constitue
la mission de contrôle des matériels de guerre
,
assurée par la CIEEMG,
voie ses moyens renforcés
.
L'importance du rôle du SGDN en matière de synthèse,
d'évaluation et de mise en valeur du renseignement du SGDN dans le
processus de décision politique est confirmée. Les crédits
destinés au CIR sont désormais identifiés. A cette
occasion,
votre rapporteur souhaite
, en ces temps où elle
revêt tant d'importance, que
la coordination du renseignement
,
à la disposition des plus hautes autorités de l'État, soit
une priorité et
que le SGDN dispose
réellement
des
moyens
et, par délégation, des pouvoirs
de l'assurer
.
Votre rapporteur souhaite,
également,
que la coordination
des enseignements de défense soit assurée.
Il espère
que
les questions, relatives à la
sécurité européenne et à l'Europe de la
défense
, feront l'objet d'avancées significatives et que
l'Union européenne tirera rapidement les conséquences de
l'actuelle insécurité internationale.
B. LE SGDN ET LA POLITIQUE CIVILE DE DÉFENSE
Les
fonctions du SGDN recouvrent
également
la coordination de la
protection des populations. Votre rapporteur vous précisait à ce
sujet l'an dernier, que
si le risque de guerre stratégique
nucléaire s'éloignait
, les nations devaient maintenant
s'inquiéter de « nouvelles menaces ».
Cette
affirmation s'appuyait tant sur les attaques terroristes, visant les
intérêts vitaux de la nation comme les populations civiles, que
les catastrophes climatiques apparues ces dernières années. Ces
craintes ont été confirmées, par les inondations dans la
Somme, après celles dans l'ouest du pays, la crise de Vimy et surtout
les dramatiques attentats du 11 septembre aux États-Unis et la
catastrophe de Toulouse.
Votre rapporteur s'inquiète particulièrement des
dangers
radiologiques, nucléaires, biologiques et chimiques (NRBC).
Aussi,
l'efficacité du renseignement, de la surveillance et de la
détection en la matière, mais également les moyens
d'alerte d'évacuation, de protection et de décontamination des
populations doivent être encore renforcés.
Les
risques liés à
l'entrée de la France dans
la
société de l' information et à la libération
de la cryptologie
doivent être également pris en compte, ne
serait-ce que parce que nos équipements vitaux en sont de plus en plus
dépendants. Le Gouvernement en a pris toute la mesure par d'importants
crédits pour des capacités interministérielles,
disponibles dès cette année et renforcés dans le budget
pour 2002. Toutefois, les menaces d'intrusions informatiques ne
présentent pas le même niveau de danger que ceux
précédemment évoqués. Ainsi, les craintes dues au
passage à l'an 2000 sont apparues peu justifiées alors que des
catastrophes climatiques s'abattaient sur la France, même si les mesures
de veille, prises à cette occasion, ont pu être
bénéfiques à la gestion de ces crises.
Dans l'attente des premiers comptes rendus des interventions à la suite
de l'explosion de Toulouse, il convient de s'interroger d'ores et
déjà, à la lumière des sinistres
expériences précédentes, sur la faiblesse de nos
procédures d'urgence dans le cas de catastrophe étendue à
une grande partie du territoire.
Ainsi le rapport de
la mission interministérielle
d'évaluation des conséquences des
tempêtes
,
présidée par
l'Inspecteur général de
l'administration,
Gilles SANSON,
où le SGDN était
représenté, ouvre plusieurs pistes de réflexions, qui ne
sont pas sans rejoindre les attentes de votre rapporteur à propos du
risque NRBC :
- l'information en amont et pendant la crise s'est avérée
insuffisante. La quasi-absence de prévision, donc d'alerte aux
populations, a eu des conséquences dramatiques mais qui auraient pu
l'être plus encore, si la première tempête avait eu lieu
à un autre moment ;
- les dispositifs de secours apparaissent insuffisamment rodés ;
- la conduite des opérations reste trop centralisée. Ainsi les
services de proximité se sont révélés souvent mieux
organisés et plus efficaces que les services nationaux. Toutefois, cette
vision doit être tempérée par le constat que les structures
départementales peuvent être insuffisantes en raison de
l'importance et de l'étendue du sinistre ;
- Enfin, la réduction du format des moyens humains et l'insuffisance de
certains moyens matériels placent l'État en situation limite
quant à ses capacités d'intervention en cas de crise majeure. On
peut y déceler les conséquences de la fin de la conscription,
alors que la population a une fois de plus apprécié les
interventions de l'armée. Pour les matériels, il avait
déjà été relevé, lors d'évaluations
précédentes, une disparité d'un département
à l'autre ;
S'il apparaît évident que nos infrastructures doivent être
mieux protégées et les responsabilités de chacun
redéfinies,
il convient
également
de s'interroger
sur une éventuelle réforme de nos plans d'urgence, mais surtout
la mise en place d'une véritable politique civile de
défense
permettant une protection efficace de la population
française.
Votre rapporteur reconnaît cependant que la gestion des crises
s'avère plus complexe en raison de la mutation économique et
sociale de notre pays. Cette situation est d'autant plus préoccupante
que la population est, d'une part, de moins en moins impliquée dans la
participation à la défense civilo-militaire, d'autre part de plus
en plus exigeante quant aux moyens que l'État doit mettre en place pour
assurer sa sécurité.
Votre rapporteur
suggère la mise à l'étude d'un
dispositif interministériel de gestion des crises.
Le SGDN, à
la disposition des plus hautes autorités politiques de notre pays et
repositionné comme lieu de convergence de la sécurité
intérieure et extérieure, peut s'affirmer comme un instrument
majeur de cette refondation de notre défense non
militaire.