II. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. L'ancienne coopération subit la rigueur permettant au budget des affaires étrangères de bénéficier d'un traitement plus favorable
1°)
La diminution de nos moyens d'intervention se fait au profit du budget des
affaires étrangères
L'analyse globale des grandes masses du budget des affaires
étrangères et de la structure " coopération "
montre que les économies réalisées sur cette
dernière permettent d'augmenter les moyens du quai d'Orsay et de
financer les investissements de l'Etat comme la construction des ambassades de
France à Berlin et Abuja, la réhabilitation du Palais
Farnèse, celle du lycée français de Milan ou des Instituts
français de Mexico et Tunis.
Comparaison des évolutions des budgets des affaires
étrangères et de la coopération
(en millions de
francs)
|
Variation totale du budget des affaires
étrangères
|
Variation " structure coopération "
|
Titre III |
+ 112 soit + 1,3 % |
n.d. |
Titre IV |
- 195 soit - 2 % |
- 312,6 soit - 9,4 % |
Titre V |
|
|
AP |
+ 197 soit + 70,1 % |
- 30 soit - 100 % |
CP |
+ 120 soit + 43,2 % |
- 27 soit - 100 % |
Titre VI |
|
|
AP |
- 3 soit - 0,1 % |
0 |
CP |
+ 96 soit + 5,3 % |
+ 96 |
Total DO + CP |
+ 133 |
- 243,6 |
Le
ministère des affaires étrangères ne peut en
réalité effectuer sa réforme, présenter un budget
en légère hausse et financer ses priorités (audiovisuel,
bourses) que grâce aux fortes économies en personnel
réalisées par l'intégration du ministère de la
coopération d'une part, par la baisse des moyens d'intervention de
l'ancienne structure " coopération " d'autre part.
La ZSP, elle, ne profite en rien de ces évolutions :
• les effectifs en place dans les nouveaux pays y sont en hausse
insignifiante (4 agents supplémentaires) par rapport aux nouvelles
tâches (dossiers de l'ancien FAC par exemple) ;
• les outils financiers de la réforme du point de vue du
ministère ne sont pas en oeuvre dans les nouveaux pays ;
• alors que dans le même temps les pays de l'ancien champ voient que
déjà les moyens d'intervention dont ils
bénéficiaient se réduisent.
2°) La coopération reste la première victime des mesures
de régulation budgétaire
.
Ainsi, en 1999, les crédits du FAC ont subi 352 millions de francs
d'annulation d'autorisations de programme et 132 millions de francs
d'annulation de crédits de paiement :
La régulation budgétaire en 1999 sur le chapitre 68-91
(en millions de francs)
|
Article 10 (FAC) |
Article 20
|
Article 40
|
AP |
|
|
|
Crédits ouverts en LFI |
1.250 |
50 |
1.000 |
Report de crédits de l'année antérieure |
19 |
5 |
0 |
Mouvements de crédits |
0 |
0 |
0 |
Annulation de crédits |
- 160 |
- 25 |
- 167 |
Total des crédits ouverts |
1.109 |
25 |
833 |
Réintégrations |
38 |
0 |
0 |
Affectations d'autorisation de programme |
344 |
0 |
300 |
Blocage de crédits |
0 |
0 |
0 |
AP disponibles pour affectation |
803 |
25 |
533 |
CP |
|
|
|
Crédits ouverts en LFI |
1.018 |
50 |
726 |
Report de crédits de l'année antérieure |
3 |
5 |
132 |
Mouvements de crédits |
0 |
0 |
0 |
Annulation de crédits |
- 32 |
- 25 |
- 25 |
Total des crédits ouverts |
990 |
25 |
833 |
Ces
mesures de régulation portant donc sur 15,3 % des AP ouvertes en loi de
finances ont pour origine principale les besoins en aide humanitaire pour le
Kosovo. Une partie de l'effort humanitaire de la France pour les Balkans a donc
pesé sur les pays du Tiers Monde.
Cette régulation s'est moins fait sentir s'agissant des crédits
de paiement puisque " seulement " 132 millions de francs (7,3 % des
CP ouverts par la LFI 1999) ont été touchés. Il ne faut
pas se réjouir de cette moindre diminution. Elle révèle
que l'écart entre les autorisations de programme et les crédits
de paiement ouverts en loi de finances impose des contraintes qui deviennent
insurmontables. Il était de 232 millions pour le FAC et de 274 millions
de francs pour l'AFD en loi de finances initiale pour 1999, ramenés
à respectivement 120 et 133 millions de francs après
régulation.
Le décalage entre autorisations de programme et crédits de
paiement commence à devenir vraiment délicat comme le montrent
certaines mesures :
• plus forte régulation sur les AP que sur les CP ;
• augmentation des reports de crédits d'une année sur
l'autre ;
• allongement des délais de vie des projets FAC pour atteindre en
moyenne 44 mois (même si d'autres raisons s'ajoutent aux
difficultés et lenteurs des décaissements).
Ainsi la France engage-t-elle de plus en plus sa parole tout en devant
allonger les délais de réalisation, voire revenir sur ses
décisions pour des raisons de régulation.
Pour la loi de finances 2000, il est à espérer qu'une future
régulation ne touche pas à nouveau à ces crédits de
paiement.