Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 43 : Défense ; Exposé d'ensemble et dépenses en capital
BLIN (Maurice), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 43 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 215 Ko )Table des matières
- OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE
LE PROJET DE BUDGET POUR 2000 :
LA DIMINUTION DES CRÉDITS -
CHAPITRE PREMIER
L'AVENIR COMPROMIS : LES CRÉDITS D'ÉTUDES, DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT RÉGRESSENT -
CHAPITRE II
LE PRÉSENT MALMENÉ :
LES GRANDS PROGRAMMES ALTÉRÉS -
DEUXIÈME PARTIE
L'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES NE SERA PAS CONFORME
À LA LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE -
CHAPITRE PREMIER
UNE PART IMPORTANTE DES CRÉDITS
DES TITRES V ET VI DU PROJET DE BUDGET
N'EST PAS CONSACRÉE À L'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES -
CHAPITRE II
LE PARADOXE DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE
EN MATIÈRE D'ARMEMENT - CONCLUSION
-
A N N E X E
PRINCIPALES COMMANDES ET LIVRAISONS
D'ÉQUIPEMENTS MILITAIRES PROGRAMMÉES EN 1999 -
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
ARTICLE 41 - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 43
DÉFENSE
•
EXPOSÉ D'ENSEMBLE ET DÉPENSES EN CAPITAL
Rapporteur spécial
: M. Maurice BLIN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
La
" revue des programmes " n'a pas eu les effets escomptés.
La plupart des craintes exprimées il y a un an sont maintenant
vérifiées.
1/ La " revue des programmes " n'a pas eu les effets
escomptés
• La " revue des programmes " a consisté à
examiner en détail, d'octobre 1997 à mars 1998, chacun des
programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des armées.
• Il y a un an, au moment de l'examen du projet pour 1999, le ministre de
la défense avait mis en avant la conclusion positive de cette analyse en
profondeur : par rapport à 1998, les crédits
d'équipement des armées augmentaient de 6,2 % et passaient de 81
à 86 milliards de francs. L'engagement était également
pris que ce montant de 86 milliards, actualisé de l'évolution des
prix du PIB, serait reconduit dans tous les budgets couverts par l'actuelle loi
de programmation militaire c'est-à-dire, pour ceux des années
2000, 2001 et 2002.
• Dès le projet de budget suivant, celui de 2000, la logique de
l'exercice est abandonnée. Les crédits de paiement des titres V
et VI sont en effet en réduction de 3,6 % en francs courants et de 4,4 %
en francs constants.
Deux arguments sont avancés pour tenter de justifier cette
régression. Les autorisations de programme sont, pour la première
fois depuis plusieurs années, supérieures aux crédits de
paiement et même plus élevées que le niveau auquel
conduisait l'actualisation de leur montant de 1999. Votre rapporteur
connaît trop les conséquences des étalements
répétés de programmes pour espérer qu'à un
montant élevé d'autorisations de programme succédera une
majoration des crédits de paiement dans les années à venir.
Le second argument avancé est que le montant des crédits de
paiement correspond à la capacité actuelle de dépense du
ministère de la défense sur le titre V. Promesse est faite que
des reports de crédits de paiement ou même une augmentation de
ceux-ci, interviendraient au cours de 2000 si la capacité à
dépenser s'améliorait.
Cette explication appelle trois remarques :
-
La sous-consommation des crédits de paiement de la
défense est trop constante, depuis plusieurs années, pour qu'on
puisse fonder de grands espoirs sur l'abondement des crédits de paiement
du titre V au cours de l'année 2000 ;
-
le ministère de la défense semble se satisfaire d'un
taux de consommation des crédits de 90 % qui conduit tout de même
à perdre 8 milliards de francs par an ;
-
les raisons mises en avant pour expliquer cette sous-consommation des
crédits existaient déjà, il y a un an, au moment où
étaient tirées les conclusions de la revue des programmes.
Pourtant, dans le budget de 1999, le montant des crédits de paiement
d'équipement avait été fixé à 86 milliards
de francs.
2/ Des craintes vérifiées
• L'arrêté d'annulation associé au décret
d'avance du 2 septembre 1999 a opéré sur les titres V et VI, une
ponction de 4 milliards de francs, supérieure à celle du
décret d'avance du 22 août 1998. De plus, comme votre rapporteur
l'appréhendait il y a un an, la contrainte qui s'exerce sur les
crédits de fonctionnement des armées a été telle
que le décret d'avance n'a pas servi seulement à majorer les
crédits de rémunérations et de charges sociales mais
encore ceux de fonctionnement.
• La coopération européenne a régressé puisque
la partie britannique s'est retirée du programme de la frégate
HORIZON, en ce qui concerne le bâtiment proprement dit et que les
programmes du véhicule de combat de l'infanterie et de l'avion de
transport futur n'ont encore donné lieu à aucune mesure
concrète.
Des différences d'appréciation des besoins à satisfaire,
par les états-majors, des calendriers décalés de
renouvellement des équipements, des priorités politiques ou
financières dissemblables expliquent cette situation. Sa
conséquence est que nos armées ne disposent toujours pas d'un
équipement adapté à la nature des opérations
qu'elles mènent actuellement. Des adaptations précipitées
du matériel existant sont dès lors souvent nécessaires.
On peut penser que les fusions en cours dans l'aéronautique, l'espace et
le secteur des missiles régleront ce problème à l'avenir
en inversant le processus. L'unicité des demandes des
états-majors se transformerait ainsi en unicité d'offre des
industriels et pourrait aboutir à des solutions radicalement plus
efficaces.
Cependant, cette évolution ne semble ni engagée pour l'aviation
de combat, ni aisée à mettre sur pied pour l'armement terrestre
et les constructions navales. Dans ces deux derniers domaines en effet, le GIAT
et la Direction des constructions navales risquent de rester durablement
isolés.
INTRODUCTION
Le projet de budget de la défense est en diminution par rapport à celui de 1999. Sa place dans le budget de l'État et dans le PIB diminue. Il se caractérise principalement par une nouvelle réduction des crédits d'équipement.
I. PLACE DU BUDGET DE LA DÉFENSE DANS LE BUDGET DE L'ÉTAT ET DANS LE PIB
|
Défense/ État |
Défense/PIB |
1994 |
13,9 % |
2,7 % |
1995 |
13,7 % |
2,6 % |
1996 |
12,7 % |
2,4 % |
1997 |
12,3 % |
2,3 % |
1998 |
11,6 % |
2,2 % |
1999 |
11,7 % |
2,2 % |
2000 |
11,1 % |
2 % |
Rappelons que l'augmentation prévue du PIB est de 0,9 %
II. L'ÉVOLUTION ET LA RÉPARTITION DES CRÉDITS
L'évolution des crédits doit tenir compte de diverses opérations en cours de gestion qui modifient le budget initial et conduisent à des crédits nets inférieurs aux crédits votés ainsi que le montre le tableau suivant pour les titres V et VI.
CRÉDITS DE PAIEMENT DES TITRES V ET VI
(En milliards de francs courants, sauf dernière ligne)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Lois de finances initiales " budgets votés " .................. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annulation par les lois de finances rectificatives ........... |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Consommation de crédits de report ................................... |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Solde des transferts ( dont BCRD ) ................................. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fonds de concours ................ |
+ 0,9 |
+ 1,1 |
+ 1,5 |
+ 1,4 |
+ 2,7 |
+ 1,5 |
+ 1,6 |
+ 1,3 |
+ 0,9 |
+ 0,6* |
Crédits nets ......................... |
95,4 |
93,3 |
93,9 |
88,7 |
88,5 |
74,7 |
78 |
79,2 |
67,1 |
75,7 |
Crédits nets en francs 1999 |
127,4 |
119,4 |
116 |
108 |
104 |
85 |
86 |
84,9 |
69 |
75,7 |
*
Estimations.
La répartition des crédits est illustrée ci-dessous :
TITRE III
TOTAL : 104,5 MILLIARDS DE FRANCS
RCS : Rémunérations et charges sociales
EPM : Entretien programmé du matériel
TITRE V
TOTAL : 82,9 MILLIARDS DE FRANCS
EPP : Entretien programmé du personnel
III. LA STRUCTURE DU PROJET DE BUDGET
A. SERVICES VOTÉS ET MESURES NOUVELLES
Pour
2000, les services votés s'élèveront, pensions comprises,
à 220,8 milliards de francs, les mesures nouvelles à 21,9
milliards de francs.
Sur le titre III, l'accroissement des mesures nouvelles au titre du personnel
(+ 458 millions de francs) se trouve atténué par un effort
d'économie sur le fonctionnement des unités et services (- 197
millions de francs).
Les mesures nouvelles du titre V s'élèvent à 18,7
milliards de francs et celles du titre VI (subventions) à 2,6 milliards
de francs.
B. AUTORISATIONS DE PROGRAMME ET CRÉDITS DE PAIEMENT
Les
autorisations de programme en lois de finances initiales augmentent par rapport
à 1999 :
1990 : 121,7 milliards de francs
1994 : 99,1 milliards de francs
1995 : 98,2 milliards de francs
1996 : 92,4 milliards de francs
1997 : 90,8 milliards de francs
1998 : 82,8 milliards de francs
1999 : 87,3 milliards de francs (dont 83,5 milliards de francs pour les
titres V et VI et 1,3 milliard de francs pour le titre III)
2000 : 88,5 milliards de francs (dont 87,4 milliards de francs pour les
titres V et VI et 1,1 milliard de francs pour le titre III)
Les crédits de paiement évoluent ainsi :
Titre III
1999 : 157,5 milliards de francs
2000 : 159,8 milliards de francs.
Titres V et VI
1999 : 86,0 milliards de francs
2000 : 82,9 milliards de francs.
Pour la première fois depuis 1992,
et en contradiction avec la
règle posée par la loi de programmation militaire, autorisations
de programme et crédits de paiement des titres V et VI ne sont pas du
même montant.
IV. LES FONDS DE CONCOURS
Les
crédits rattachés par voie de fonds de concours résultent
de prestations diverses fournies à des tiers par le ministère de
la défense et de cessions mobilières et immobilières.
Le montant des fonds de concours provenant des cessions domaniales (133
millions de francs pour un total de 4,1 milliards de francs en 1998) s'est
stabilisé mais reste modeste. Malgré l'accroissement du nombre
d'immeubles disponibles à la vente en raison des restructurations, cette
contribution n'augmentera vraisemblablement guère à l'avenir. En
effet, les emprises les mieux situées ou les plus utilisables par les
acquéreurs ont été en grande partie déjà
vendues. Les immeubles non encore aliénés présenteront
sans doute un intérêt moindre alors que, par ailleurs, les
collectivités locales connaissent des difficultés
financières.
PREMIÈRE PARTIE
LE PROJET DE BUDGET POUR
2000 :
LA DIMINUTION DES CRÉDITS
Par
rapport à 1999, la diminution des crédits de paiement de loi de
finances initiale à loi de finances initiale est de 1,4 % en francs
courants et de 2,2 % en francs constants.
(En milliards de francs)
|
1999 |
2000 |
Évolution LFI 2000
|
|
|
L.F.I. |
L.F.I. |
Francs courants |
Francs constants |
Titre III ............... |
104 |
104,5 |
+ 0,5 |
- 0,4 |
Titres V et VI ...... |
86 |
82,9 |
- 3,6 |
- 4,4 |
Total .......... |
190 |
187,4 |
- 1,4 |
- 2,2 |
Les crédits du titre III diminuent en francs constants.
Les crédits de paiement des titres V et VI évoluent de
façon très alarmante pour trois raisons :
--
la loi de programmation militaire les a fixés à 86
milliards de francs, exprimés en francs 1995, cela signifie qu'ils
devraient s'élever à 90,9 milliards de francs en 2000 ;
--
lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1999, le
gouvernement a mis en avant l'importance qu'il attachait à la
" revue des programmes ". Il avait alors décidé,
à la suite de ces travaux menés pendant plusieurs mois, de
façon détaillée, de fixer le montant des autorisations de
programme
et des crédits de paiement
des titres V et VI à
86 milliards de francs. Cette analyse n'avait de sens que si elle portait sur
toute la programmation. Ainsi, compte tenu du taux d'inflation, ils devraient
s'élever en 2000 à 86,7 milliards de francs. Ce qui avait
été présenté il y a un an comme une " remise
à niveau " mûrement réfléchie n'apparaît
plus a posteriori que comme un leurre ;
--
l'augmentation des autorisations de programme plus forte que ce qui
résultait de la " revue des programmes " sans permettre, et de
beaucoup, d'atteindre le niveau fixé par la loi de programmation
militaire, ne doit pas non plus faire illusion. On sait trop à quels
aléas sont soumis les programmes d'armement pour penser que cette mesure
permettra d'améliorer l'équipement des armées dans les
années à venir.
Dans la présentation du projet de loi de finances pour 2000, au conseil
des ministres du 15 septembre 1999, le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie a fait valoir qu'au sein d'un budget de
l'État qui est stable en volume puisqu'il progresse à un rythme
identique à celui de la hausse prévisionnelle des prix, les
budgets prioritaires progressent, une nouvelle fois, de façon
importante.
Il est donc clair que le budget de la défense qui ne
progresse pas, n'est même pas stable mais régresse, non seulement
ne figure pas au titre des budgets prioritaires de l'État mais encore
sert, une nouvelle fois, de source commode pour alimenter ceux-ci.
CHAPITRE PREMIER
L'AVENIR COMPROMIS :
LES CRÉDITS D'ÉTUDES, DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT
RÉGRESSENT
Les
crédits consacrés aux études, recherche et
développement sont groupés en deux agrégats. Le premier,
recherche et technologie (R&T), regroupe les travaux menés en amont
des programmes d'armement. Le second, recherche et développement
(R&D), est le résultat de l'addition au premier agrégat
(R&T) des dépenses de développement du matériel.
Pour ces deux agrégats, le tableau ci-dessous permet d'établir
des comparaisons internationales.
(En milliards de francs courants)
|
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
L.F.I. 1999 |
P.L.F. 2000 |
1998/
|
2000/
|
2000/
|
France .......... |
R&T |
5,5 |
- 4,9 |
4,9 |
3,9 |
3,7 |
3,7 |
- 29 |
- |
- 32,7 |
|
R&D |
26 |
25 |
24 |
20 |
21,1 |
18 |
- 23 |
- 14,6 |
- 30,7 |
Royaume-Uni |
R&T |
4,6 |
4,9 |
4,6 |
4,4 |
- |
- |
- 4 |
- |
- |
|
R&D |
16 |
17 |
20 |
23 |
- |
- |
+ 43,7 |
- |
- |
Allemagne .... |
R&T |
2,9 |
2,9 |
2,8 |
2,7 |
- |
- |
- 68 |
- |
- |
|
R&D |
9,6 |
8,9 |
9,4 |
8,5 |
- |
- |
- 11 |
- |
- |
États-Unis ..... |
R&T |
21 |
20 |
23 |
24 |
- |
- |
+ 14 |
- |
- |
|
R&D |
177 |
172 |
163 |
232 |
- |
- |
+ 31 |
- |
- |
Ce
tableau fait apparaître :
--
pour les deux agrégats, une réduction de l'effort
national supérieur à 30 % entre 1995 et 2000 ;
--
un retard de notre pays, non seulement , bien entendu, par rapport
aux États-Unis mais encore par rapport au Royaume-Uni.
Le risque existe donc que des équipes de chercheurs perdent
progressivement leur expertise ou, pire, soient purement et simplement
dissoutes. L'
avenir de notre industrie de défense est en jeu
.
Cela est d'autant plus vrai que la part des programmes en coopération ne
peut que croître rapidement et que ce sont les meilleures équipes
qui s'imposeront.
La loi de programmation exclut formellement toute contribution de la
défense au budget civil de recherche et de développement (BCRD).
Conformément à cette loi, le budget pour 1997 ne comprenait aucun
crédit à transférer au BCRD ; toutefois 2 milliards
de francs ont été transférés à la fin de
l'année 1996 par prélèvement sur les crédits de
reports. Mais, en contradiction avec la loi, 500 millions de francs ont
été inscrits au titre VI au titre de la recherche duale au profit
du CNES en 1998, 900 millions en 1999 et 1 500 millions en 2000.
Sur ce montant, la part de recherche véritablement duale est
estimée à 75 millions seulement soit 5 % du total. Cette
contribution au BCRD doit cesser car elle constitue à 95 % un
prélèvement indu sur les crédits du ministère de la
défense.
CHAPITRE II
LE PRÉSENT
MALMENÉ :
LES GRANDS PROGRAMMES
ALTÉRÉS
La " revue des programmes " qui avait consisté à analyser tous les programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des armées avait eu pour résultat, sinon un retour aux crédits d'équipement fixés par la loi de programmation, du moins leur rétablissement après " l'encoche " du budget de 1998. Beaucoup d'avantages étaient prêtés à cette analyse notamment celui de renoncer à la pratique coûteuse d'allongement des délais de réalisation des équipements et de donner une assise solide aux quatre dernières années de la loi de programmation militaire. On sait que cette logique n'a prévalu qu'une année puisque les crédits de paiement des titres V et VI sont à nouveau en baisse. Quelles sont les conséquences dans les trois grands domaines de ce retour aux pratiques qu'on prétendait éviter il y a un an ?
I. LES PROGRAMMES NUCLÉAIRES
A. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits de paiement
s'élèvent à 15 855
millions de francs, les
autorisations de programme
à 18 423
millions de francs.
Sur les onze dernières années l'évolution des
crédits de paiement est la suivante :
ÉVOLUTION DES CRÉDITS NUCLÉAIRES DEPUIS
1990
(Crédits de paiement)
|
En
millions
|
En
millions
|
1990 |
32 089 |
37 429 |
1991 |
31 024 |
35 150 |
1992 |
29 866 |
33 177 |
1993 |
26 420 |
28 684 |
1994 |
21 721 |
23 193 |
1995 |
20 745 |
21 786 |
1996 |
19 452 |
20 137 |
1997 |
18 848 |
19 234 |
1998 |
16 628 |
16 762 |
1999 |
16 624 |
16 624 |
2000 |
15 855 |
15 682 |
2000/1999 |
- 4,6 % |
- 5,7 % |
2000/1990 |
- 50,6 % |
- 58,1 % |
La
réduction des crédits de paiement consacrés au domaine
nucléaire est très importante, proche de 60 % entre 1990 et 2000.
Il est vrai qu'elle est inscrite dans la loi de programmation militaire
conformément au calendrier suivant :
(En millions de francs constants 1995, selon la
programmation)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Total |
18 361 |
18 103 |
17 178 |
17 447 |
17 142 |
16 943 |
105 785 |
Cependant, la réduction du montant des crédits
qui
n'aurait dû être que de 5 % entre 1997 et 2000 est en fait de plus
de 18 %.
Elle est donc déjà plus de deux fois
supérieure à ce qu'elle aurait dû être sur toute la
durée de la loi de programmation militaire.
Par ailleurs, les crédits de paiement de la dissuasion ont
participé pour 488 millions de francs à la ponction
opérée sur les titres V et VI au profit du titre III par le
décret d'avance du 2 septembre 1999.
L'ensemble du secteur industriel concerné par la réalisation des
armes nucléaires est touché par cette réduction
considérable des moyens : l'arsenal de Cherbourg de la Direction
des constructions navales, le Commissariat à l'énergie atomique,
Aérospatiale-Matra et la SNPE.
B. LES FORCES NUCLÉAIRES STRATÉGIQUES
1. Les sous-marins lanceurs d'engins de la nouvelle génération
Aux reports déjà programmés s'ajoutera celui de l'admission au service actif du quatrième SNLE/NG qui n'interviendra qu'en 2008 afin de l'équiper directement en missiles M 51.
COMMANDES ET LIVRAISONS DES SNLE/NG
|
Commandes |
Admission service actif selon la programmation |
Admission
|
Le Triomphant......... |
Juin 1987 |
Mars 1997 |
Mars 1997 |
Le Téméraire........... |
Octobre 1989 |
Avril 1999 |
Automne 1999 |
Le vigilant............... |
Mai 1993 |
Décembre 2002 |
Juillet 2004 |
N° 4......................... |
2000 |
Juillet 2007 |
Juillet 2008 |
On sait
que les reports précédents ont d'ores et déjà
entraîné un surcoût de plus de 2,5 milliards de francs.
Le coût des programmes pour
six SNLE/NG
était
évalué à 90 milliards de francs (francs 1997). Le
coût pour
quatre SNLE/NG
est aujourd'hui à 87 milliards de
francs.
2. La composante aérienne
Elle est
constituée de trois escadrons de MIRAGE 2000 N porteurs de missiles ASMP
(air-sol moyenne portée) et de deux flottilles de SUPER-ÉTENDARD.
Une partie de ces avions devrait être remplacée par une version
particulière du RAFALE conformément au " modèle
2015 ".
Vers 2010, l'ASMP actuel devrait être remplacé par l'ASMP
amélioré, d'une portée plus grande et mettant en oeuvre
une charge nucléaire nouvelle. Son développement commencera en
2000. Selon la programmation, 2 milliards de francs devront aller à ce
programme pour la période 1997-2002. Le budget prévoit 206
millions de francs pour la poursuite du projet.
3. Les missiles
Outre le
missile aéroporté ASMP, qui vient d'être mentionné,
les missiles de la force nucléaire stratégique comprennent ceux
équipant les SNLE/NG : missiles M 45 et missiles M 51.
Les SNLE de l'ancienne génération sont équipés du
missile M 4.
Le missile M 45, version modernisée du missile M 4, doit équiper
les trois premiers SNLE de la nouvelle génération. Sa
portée, sa furtivité, sa capacité de
pénétration sont accrues.
Le missile M 51 doit équiper directement le quatrième SNLE/NG.
Pour cela, sa mise en service a été avancée de 2010
à 2008. Le coût du développement est estimé à
30 milliards de francs, hors têtes nucléaires, en diminution de
plus de 20 % par rapport à celui du programme M 5 initialement
prévu (révision des performances et diminution du nombre des
essais). En 2000, doit être passée une commande globale
correspondant à deux ans de développement du missile M 51. Pour
cette raison, les autorisations de programme s'élèvent à 5
milliards de francs. Les crédits de paiement sont de 1,9 milliard de
francs.
4. La simulation des essais
En
raison de l'arrêt des essais nucléaires et de la signature en
septembre 1996 du Traité d'interdiction des essais nucléaires, il
a été jugé nécessaire de mettre au point un
programme de simulation des essais. Son objet est de garantir la
fiabilité et la sécurité des charges nucléaires des
armes actuelles et futures.
La conduite de ce programme de simulation est extrêmement complexe, elle
repose sur quatre éléments : l'expertise scientifique et
technologique dans un domaine très spécifique du personnel de la
Direction des applications militaires du CEA, la mise au point de la machine de
radiographie AIRIX, celle du laser mégajoule et le développement
de logiciels de calcul très complexes.
Le coût de l'ensemble du programme est estimé à 15
milliards de francs sur une période d'une dizaine d'années. Il
est doté en 2000 de 1,8 milliard de francs de crédits de
paiement.
5. Les crédits transférés au Commissariat à l'énergie atomique
Ils s'élèveront, pour les crédits de paiement, en 2000, à 7 milliards de francs contre 7,4 milliards de francs pour 1999 et diminuent donc de 5 %.
TRANSFERTS AU PROFIT DU CEA
(En millions de francs courants)
|
Budget 1999 |
Projet de budget 2000 |
||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Programme SNLE/NG ............................................ |
57 |
172,3 |
67 |
56,1 |
Force océanique stratégique hors SNLE/NG .......... |
70,5 |
70,5 |
51 |
68 |
Armement et propulsion nucléaires......................... |
5 486 |
5 448 |
5 358,3 |
5 120,4 |
Charges nucléaires ................................................. |
1 512 |
1 487 |
1 581 |
1 609 |
Programmes et constructions neuves ...................... |
20,2 |
18,2 |
40 |
17,2 |
Programme Porte-avions Charles de Gaulle ........... |
7,4 |
109 |
49 |
66,6 |
Equipements militaires à terre ................................ |
8,1 |
8,1 |
12 |
7,8 |
Maintien en condition opérationnelle des bâtiments |
86,9 |
79,5 |
118 |
76,3 |
TOTAL .............................................. |
7 248,1 |
7 392,6 |
7 276,3 |
7 021,4 |
Les
crédits demandés pour le démantèlement des
installations et des armements sont de 717 millions de francs.
La loi de programmation 1997-2002 annonçait, en effet, le
démantèlement du système HADES et des missiles du plateau
d'Albion ainsi que des installations de Pierrelatte et de Marcoule. La
fermeture des centres d'expérimentations du Pacifique est, en outre, la
conséquence de l'arrêt des essais en vraie grandeur.
Le
démantèlement du système HADES et des missiles du
plateau d'Albion
s'est achevé à la fin de l'année
1998. Les travaux de génie civil du plateau d'Albion devraient
être prochainement terminés. Le coût total du
démantèlement des deux systèmes est de 530 millions de
francs.
Le
démantèlement de l'usine de Pierrelatte
(uranium
enrichi) se poursuivra jusqu'en 2002 ; son coût est estimé
à 2 milliards de francs. Le démantèlement de
l'usine de
Marcoule
(plutonium) a débuté en 1998 pour se poursuivre
peut-être pendant plusieurs dizaines d'années. Le coût
pourrait atteindre 30 milliards de francs dont la moitié serait prise en
charge par le ministère de la défense.
Une dotation de 691 millions de francs en augmentation de 12,7 % est inscrite
au titre VI du projet de budget au titre des compensations allouées au
Territoire de la Polynésie française ; on peut s'interroger
sur le
bien-fondé de l'imputation de cette dotation au budget de la
défense.
II. L'ESPACE
A. LES CRÉDITS
Les
crédits sont une nouvelle fois en fort repli : - 15,3 %. Les
crédits de paiement passent de 2,7 milliards de francs en 1999 à
2,3 milliards de francs en 2000. La chute des autorisations de programme est
encore plus brutale : - 23,8 % soit 2,7 milliards de francs en 1999 et 2
milliards de francs en 2000.
Les crédits d'études progressent un peu, 220 millions de francs
en 1999 et 237 millions de francs en 2000, mais ils restent à un niveau
très modeste.
Il convient de rappeler que pour la seule année 1999 les crédits
de paiement " espace " ont été l'objet d'une annulation
de 1,17 milliard de francs.
B. LES PROGRAMMES
Leur déroulement est fortement marqué par les aléas de la coopération européenne aussi bien dans le domaine de l'observation que dans celui des télécommunications.
1. L'observation
Elle
s'exerce par l'intermédiaire de satellites optiques ou radar.
Les satellites optiques sont ceux de la famille " HÉLIOS ".
HÉLIOS I
Le système HÉLIOS I comprend des installations au sol pour la
réception et le traitement des images, et deux satellites d'observation
optique dont les capacités sont limitées à l'observation
de jour, par temps clair. Le premier satellite a été mis sur
orbite le 7 juillet 1995. Le second doit être lancé au mois de
novembre 1999.
Les principaux coopérants de ce programme sont la France
(AÉROSPATIALE, ALCATEL espace et la SEP), l'Italie (ALTENIA SPAZIO) et
l'Espagne (CASA et INISEL).
La part française de financement (79 %) s'élève à
9,8 milliards de francs 1996 sur lesquels 8,8 milliards de francs ont
déjà été dépensés. Les crédits
de paiement prévus pour 2000 s'élèvent à 320
millions de francs.
HÉLIOS II
Le système se caractérise essentiellement par
l'amélioration des capacités de prise de vue et l'adjonction
d'une composante infrarouge qui permet l'observation de nuit.
Le coût total du programme est maintenant estimé à 11
milliards de francs 1996 pour deux satellites : près de 4 milliards
de francs ont déjà été dépensés. La
France poursuit seule ce programme après les défections de
l'Allemagne, de l'Espagne et de la Belgique et l'échec des discussions
avec l'Italie.
Le lancement du premier satellite devait selon la loi de programmation
militaire intervenir en 2001. Il a été repoussé au milieu
de l'année 2003.
HORUS
HORUS devait être le satellite radar et constituer le complément
du système optique, les trois moyens : optique visible
(HÉLIOS I), infrarouge (HÉLIOS II) et radar (HORUS) permettant en
effet d'assurer un ensemble d'observation complet.
Le système devait comprendre trois satellites et des installations au
sol. Il était estimé à 6,5 milliards de francs 1996.
L'Allemagne, à qui revenaient 60 % de la charge du programme, et qui
était considérée comme maître d'oeuvre, a
décidé de se retirer. Ce programme est donc actuellement
interrompu. Il pourrait être remplacé par une série de
satellites plus petits.
L'évolution des crédits consacrés aux programmes
d'observation est retracée dans le tableau ci-dessous :
PROGRAMME SPATIAUX D'OBSERVATION
(En millions de francs courants)
|
Crédits prévus en program-mation (1997-2002) |
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Projet de budget 2000 |
HÉLIOS I |
2 972 |
835 |
701 |
557 |
480 |
320 |
HÉLIOS II |
7 405 |
843 |
1 049 |
1 420 |
1 254 |
1 112 |
HORUS |
2 476 |
83 |
175 |
30 |
- |
- |
TOTAL |
12 853 |
1 761 |
1 925 |
2 007 |
1 734 |
1 432 |
2. Les télécommunications
Le
système de télécommunications SYRACUSE II est en oeuvre
depuis 1995. La composante spatiale du système comprend quatre
satellites qui doivent fonctionner jusqu'en 2005. La composante terrestre - 77
stations de réception - aura une durée de vie supérieure.
Le système SYRACUSE III doit permettre de multiplier les stations au
sol, d'améliorer la couverture géographique et la
résistance aux contre-mesures électroniques. Le premier lancement
du satellite est prévu en 2005. Deux solutions sont
envisagées : l'une purement nationale, avec ou sans le concours de
FRANCE TELECOM, l'autre en coopération européenne avec le
Royaume-Uni, l'Allemagne et d'autres pays européens (Belgique, Espagne,
Italie, Pays-Bas).
Les crédits prévus pour 2000 s'élèvent à 267
millions de francs pour SYRACUSE II et 307 millions de francs pour SYRACUSE III.
Les dotations sont retracées ci-après :
PROGRAMMES SPATIAUX DE TÉLÉCOMMUNICATION
(En millions de francs courants)
|
Crédits prévus en
programma-tion
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Budget
voté
|
Projet de budget 2000 |
SYRACUSE II |
1 758 |
689 |
624 |
469 |
325 |
267 |
SYRACUSE III |
3 668 |
81 |
314 |
255 |
318 |
307 |
TOTAL |
5 426 |
770 |
938 |
724 |
643 |
574 |
Le scepticisme sur la volonté des alliés européens à coopérer dans le domaine spatial est encore renforcé par la décision, intervenue au mois d'août 1998, de la Grande-Bretagne de se retirer du programme TRIMILSATCOM, au moment où allaient être passés les contrats d'études.
3. L'écoute
Les
moyens spatiaux d'écoute assurent une discrétion que n'ont pas
les moyens actuels, maritimes ou aériens.
Ils visent à localiser les sources d'émission, à
surveiller les déplacements et les variations significatives
d'intensité.
Deux micro-satellites, l'un
CERISE
et l'autre
CLÉMENTINE
ont été développés. Le premier est d'ores et
déjà mis en oeuvre et procède
à des mesures
d'impulsion électromagnétique ; le second pourrait
être lancé en décembre 1999, en même temps que le
satellite HÉLIOS I B et opérer dans des zones de
fréquences différentes.
Toutefois, la plupart des pays européens n'envisagent d'actions
concertées dans ce domaine qu'au sein de l'OTAN.
4. La surveillance de l'espace
Elle
vise à détecter la nature et le déplacement d'engins,
satellites ou missiles et à apprécier la menace potentielle
qu'ils représentent.
Le projet MEADS a été lancé dans le cadre de l'OTAN. Notre
pays a renoncé à poursuivre sa participation pour des raisons
financières. La phase de définition réunit, pour le
moment, les États-Unis, l'Allemagne et l'Italie.
5. La navigation et le positionnement
Le
système de navigation par satellite GPS (global positioning system)
d'utilisation universelle est américain. Son utilisation est gratuite
mais elle reste soumise au bon vouloir des États-Unis.
Le projet européen de navigation par satellite Galileosat,
indépendant du système GPS, devrait permettre aux forces
européennes de s'affranchir de toutes dépendances, notamment pour
le guidage de certaines armes tirées depuis les avions de combat.
Pour l'ensemble du domaine spatial, le bilan est donc loin d'être
satisfaisant.
Les défections majeures enregistrées en 1998 de la part de
l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, risquent de compromettre durablement la
possibilité pour l'Europe d'acquérir son autonomie
stratégique par la maîtrise des moyens spatiaux. Les
opérations du Kosovo ont pourtant prouvé l'importance
fondamentale des observations recueillies par satellite pour préparer et
conduire les opérations. Sur ce théâtre et en cette saison,
une partie substantielle de ces observations ne pouvait être recueillie
que par les satellites américains ou par des avions c'est-à-dire,
dans ce dernier cas, avec de plus grands risques.
III. LES ÉQUIPEMENTS CLASSIQUES
La part des équipements classiques des titres V et VI (par opposition aux crédits consacrés au nucléaire, à l'espace et aux restructurations) s'établit à 62,2 milliards de francs dans le projet de budget. Sa régression est de 4 %.
A. L'ARMÉE DE TERRE
Les
crédits s'élèvent à 20 853 millions de francs
en autorisations de programme et à 17 761 millions de francs en
crédits de paiement. Ils étaient respectivement de 18 484
millions de francs et 18 464 millions de francs en 1998.
L'augmentation est donc de 12,8 % pour les autorisations de programme et la
réduction de 3,8 % pour les crédits de paiement.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE
TERRE
(TITRE V)
(En millions de francs)
Chapitres |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution 1999/2000
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution 1999/2000
|
|
|
|
A.P. |
A.P. |
|
C.P. |
C.P. |
|
51-61 |
Espace - Systèmes d'infor-mation et de communication |
|
|
|
|
|
|
52-81 |
Études .................................... |
39,7 |
39,3 |
- 1 |
38 |
38,4 |
1 |
53-71 |
Équipements communs et interarmées ............................. |
|
|
|
|
|
|
53-81 |
Équipements des armées ......... |
7 709,5 |
11 698,8 |
51,70 |
8 288,5 |
7 761,7 |
- 6,40 |
54-41 |
Infrastructure ......................... |
2 077,1 |
2 245,3 |
8,10 |
2 542,4 |
2 493,2 |
- 1,90 |
55-11 |
Soutien des forces .................. |
2 025,4 |
1 900,1 |
- 6,20 |
1 906,4 |
2 111,1 |
10,70 |
55-21 |
Entretien programmé des matériels ................................ |
|
|
|
|
|
|
TOTAL .................................. |
18 483,9 |
20 853,91 |
12,80 |
18 464,6 |
17 761,9 |
- 3,80 |
1. Les blindés
Les
livraisons en 2000 seront de 34 chars LECLERC et la commande sera de 44 ;
l'échéancier du programme reste en principe inchangé
jusqu'à sa fin.
A la fin de 2000, 233 chars auront été livrés. La
programmation a réduit la quantité totale des livraisons de 650
chars à 406 chars qui doivent être tous livrés d'ici
à la fin de l'année 2005, 307 l'auront été au terme
de l'actuelle loi de programmation militaire, en 2002.
Cette réduction sensible des cibles touche directement le producteur
final, GIAT-Industries dont, malgré des mesures de redressement, la
situation reste très difficile. Il n'est pas assuré du reste que
la fabrication des chars pour l'armée de terre, dégage un
résultat positif. Et les acquis de l'exportation ont fait l'objet, on le
sait, d'une gestion désastreuse.
L'avenir de l'entreprise est largement dépendant de la
concrétisation des perspectives d'exportation du char LECLERC.
Le coût total du programme LECLERC s'élève à 35,2
milliards de francs (1999) dont 19 milliards de francs déjà
consommés au 31 décembre 1992. Les crédits de paiement
prévus pour 2000 s'élèvent à 2 milliards de francs.
Le coût unitaire moyen est de 48,5 millions de francs.
Le véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) sera un
véhicule à roues destiné au transport de troupe qui
remplacera l'AMX 10-P équipé de chenilles. Il existera en deux
versions : une version poste de commandement (VPC) et une version de
combat d'infanterie (VCI). Initialement mené en coopération avec
l'Allemagne et la Grande-Bretagne ce projet a donné lieu à une
proposition du consortium ARTEC (Krauss-Maffei, Rheinmetal, Wegmann,
Alvis/GKN-D et GIAT-Industries). La France a estimé que la proposition
du consortium n'était pas satisfaisante pour la version transport de
troupe. Elle ne poursuit donc la coopération en cours que pour la
version poste de commandement et a lancé, en janvier 1999, un appel
d'offre nouveau pour répondre au besoin en véhicules de combat de
l'infanterie.
L'arrivée dans les forces d'un nouveau véhicule est urgente l'AMX
10-P n'étant plus en mesure d'assurer une bonne protection à nos
troupes.
Le coût total estimé du programme est de 10 milliards de francs,
le coût unitaire est de 9 millions de francs pour la version VPC et de 13
millions de francs pour la version VCI. Les crédits consommés
sont modestes : 97,1 millions de francs au 31 décembre 1998.
Les autorisations de programme en 2000 s'élèveront à 411
millions de francs et les crédits de paiement à 144 millions de
francs.
En théorie, la livraison du premier véhicule devrait intervenir
en 2004.
Ce programme illustre parfaitement certaines des difficultés de la
coopération européenne. Les états-majors n'expriment pas
les mêmes besoins, ni sur la nature du matériel ni sur les
calendriers de renouvellement. Les hésitations conduisent à des
retards. Les industriels du pays le plus éloigné du besoin
standard se retrouvent en porte-à-faux vis-à-vis de leurs
homologues européens.
2. La mobilité.
•
L'hélicoptère TIGRE
(coopération
avec
l'Allemagne) est désormais au stade de l'industrialisation. L'accord
bilatéral sur la production a été conclu le 20 mai 1998.
Le contrat de série a été signé le 18 juin 1999. Il
porte, pour la France, sur 80 appareils. Il s'agit d'une commande globale de
12,7 milliards de francs. Au total, les commandes françaises
porteront sur 115 hélicoptères en version appui protection
(HAP) et 100 en version antichars (HAC). Les premières livraisons
interviendront en 2003 (HAP) et 2011 (HAC).
Le coût total du programme est de 46 milliards de francs. Le
coût unitaire est de 120 millions de francs pour la version HAC et de 103
millions de francs pour la version HAP.
773 millions de francs de crédits de paiement sont prévus pour
2000 ce qui portera les crédits dégagés sur ce programme,
à la fin de l'année 2000, à 9,6 milliards de francs.
•
L'hélicoptère de transport NH 90
doit
équiper les forces françaises, allemandes, italiennes et
néerlandaises. Il doit permettre soit le transport de 14 à 20
hommes ou d'un véhicule de combat léger soit, à partir
d'une frégate, la lutte anti-sous-marine ou anti-navires.
Le coût du développement du programme devrait s'élever
pour l'armée de terre à 3,13 milliards de francs et la part
française de l'industrialisation à 1,5 milliard de francs. Le
coût unitaire d'un appareil, en version transport, devrait être de
132 millions de francs.
Ce programme se déroule lentement : les premières
livraisons sont prévues en 2011.
La cible française d'acquisition est de 160 : 133 appareils pour
l'armée de terre et 27 pour la marine. Les besoins estimés par
l'Allemagne sont de 243, l'Italie de 219 et les Pays-Bas de 20.
160,6 millions de francs de crédits de paiement sont affectés
à ce programme dans le budget de 2000. Au 31 décembre 1998, 2,3
milliards de francs avaient été consommés sur ce
programme.
3. La puissance de feu
Les
munitions bénéficieront en 2000 d'un volume de commandes
relativement important :
-
missiles antichars de troisième génération de
moyenne portée (AC3G MP), commande de 11 000 ;
-
obus à effet dirigé " Bonus ", commande de
2 500 ;
-
roquettes antichars, commande de 24 000.
4. La communication et le renseignement
Le
système d'information et de commandement des forces
vise à
améliorer la cohérence et le rendement de la chaîne de
commandement et l'interopérabilité du traitement des
données avec les systèmes des autres armées et des
armées alliées.
110 millions de francs de crédits de paiement (71 pour le
développement et 39 pour les fabrications) seront affectés
à ce programme.
Dans le domaine du
renseignement
, la cible des radars de contrebatterie
COBRA a été réduite de 15 à 10. Aucune commande et
aucune livraison ne sont prévues en 2000. Les crédits de paiement
consacrés à ce programme seront de 234 millions de francs. 47
millions de francs sont prévus dans le projet de budget pour le
développement du véhicule aérien léger BREVEL et 13
millions pour le radar de surveillance du champ de bataille HORIZON.
Les
termes financiers et physiques
des principaux programmes de
l'armée de terre sont récapitulés dans les tableaux
ci-après :
CRÉDITS DES PRINCIPAUX PROGRAMMES
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Budget voté 1999 |
Projet de budget 2000 |
||||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Char LECLERC ........................... |
2 315 |
1 769 |
2 046 |
2 203 |
2 335 |
2 231 |
3 308 |
2 064 |
Hélicoptère de combat TIGRE ..... |
490 |
605 |
797 |
807 |
645 |
871 |
526 |
773 |
Hélicoptère de combat NH 90 (Terre) ......................................... |
|
|
|
|
|
|
|
|
Véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) ...................... |
|
|
|
|
|
|
|
|
Missiles ....................................... |
1 142 |
1 227 |
866 |
787 |
608 |
994 |
3 084 |
814 |
• Sol-air moyenne portée (FSAF) |
69 |
251 |
395 |
348 |
453 |
283 |
220 |
272 |
• Sol-air à très courte portée (SATCP) .................................. |
|
|
|
|
|
|
|
|
• Antichar AC3G-longue portée . |
43 |
134 |
1 |
132 |
- |
140 |
115 |
96 |
• Antichar AC3G-moyenne portée |
291 |
147 |
80 |
141 |
24 |
216 |
2 541 |
203 |
• Antichar courte portée ERYX ... |
125 |
228 |
24 |
177 |
65 |
209 |
- |
135 |
ÉVOLUTION DE L'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE TERRE
Matériels |
1996 |
2002
|
2015
|
Chars lourds ....................... |
927 |
420 dont 250 Leclerc |
420 dont 205 Leclerc |
Chars légers ....................... |
350 |
350 |
350 |
Véhicules tous terrains ....... |
800 VTT |
500 VTT |
500 VBCI |
Véhicules de l'avant blindés |
2 000 |
1 235 |
1 235 VAB rénovés |
Canons ............................... |
302 |
208 |
208 |
Lance-roquettes multiples ... |
48 |
48 |
48 |
Hélicoptères ....................... |
340 |
168 (en ligne) |
168 |
Missiles sol-air ................... |
480 |
380 |
380 |
B. LA MARINE
Ses
crédits de paiement des titres V et VI, en régression de 4,4 %
par rapport à 1999, seront de 20 106 millions de francs.
Hors FOST, la comparaison d'une année à l'autre fait
apparaître une évolution de 16 896 millions de francs pour
1999 à 16 254 millions de francs, soit une réduction de 3,8
%.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
(En millions de francs)
|
Budget voté 1999 |
Projet de budget 2000 |
||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Espace ........................................ |
674 |
619 |
343 |
601 |
Dissuasion .................................. |
3 552 |
4 130 |
3 523 |
3 852 |
Autres études .............................. |
25 |
20 |
24 |
24 |
Équipements interarmées ............ |
2 464 |
2 485 |
1 352 |
2 922 |
Équipements marine ................... |
9 936 |
6 797 |
5 805 |
5 212 |
Infrastructures ............................ |
755 |
705 |
694 |
677 |
Soutien des forces ...................... |
2 550 |
2 391 |
2 568 |
2 818 |
Entretien programmé du matériel |
3 957 |
3 872 |
4 518 |
3 988 |
Subventions ................................ |
6 |
6 |
12 |
12 |
TOTAL ........................... |
23 914 |
21 026 |
18 839 |
20 106 |
1. Le groupe aéronaval
Le
porte-avions nucléaire (PAN) Charles de GAULLE ne sera pas
opérationnel avant la fin de l'année 2000,
quatorze ans
après le début des travaux
et avec un retard de près
de 5 ans. Mais malgré ce long délai, le PAN ne disposera pas,
à ce moment là, de tous ses moyens d'intervention et de
protection. Les avions CRUSADER d'interception aérienne devront
être retirés du service à la fin de 1999. La
première flottille de 10 RAFALE Marine ne sera opérationnelle
qu'en 2002. Quant aux avions de surveillance aérienne, un avion HAWKEYE
a été livré en 1998, le second en avril 1999 et la
commande du troisième a été repoussée à 2001
et sa livraison interviendra en 2003.
On sait que la commande d'un second porte-avions a été
reportée au-delà de l'horizon de l'actuelle programmation. Son
admission au service actif ne pourrait intervenir avant 2012. Son coût
est estimé à 15 milliards de francs. Ce bâtiment, qu'il
soit à propulsion nucléaire ou non, ne pourrait être la
reproduction du Charles de GAULLE en raison de l'ancienneté des
études de conception de celui-ci. Les réflexions en cours de la
Grande-Bretagne sur le remplacement de ses porte-aéronefs actuels par
des porte-avions nouveaux pourraient ouvrir la voie à une
coopération dans ce domaine ou à une " mutualisation "
du groupe de porte-avions des deux pays. Le porte-avions FOCH sera
désarmé dès la mise en service du Charles de GAULLE. Il a
été renoncé à l'idée de le réactiver
à la première indisponibilité de ce dernier.
La
disponibilité du groupe aéronaval ne pourra donc plus être
assurée en permanence.
Elle ne le sera notamment pas, pendant
plusieurs mois, en 2004-2005, pendant la première indisponibilité
périodique d'entretien et de réparation (IPER) du bâtiment
et, en 2010 et 2011, pendant 18 mois à 2 ans pour une IPER plus
importante.
Pour un coût total du PAN estimé à 19,6 milliards de francs
1999, 17,8 milliards ont déjà été consommés.
Pour 2000, les crédits de paiement prévus s'élèvent
à 362 millions de francs.
2. L'aéronautique navale
Les
premières livraisons du
RAFALE Marine
, qui sera commandé
à 60 exemplaires (au lieu des 86 initialement prévus),
s'échelonneront de 1999 à 2002 de façon à
constituer en 2002 une première flottille de 10 appareils au lieu de 12
prévus par la loi de programmation militaire. Les 48 autres appareils
seront ensuite livrés à partir de 2005, au rythme de 6 par an
jusqu'en 2012.
Une dotation de 2 215 millions de francs de crédits de paiement est
prévue pour ce programme dans le projet de budget.
Pour ce qui concerne les
autres appareils de l'aviation embarquée
(avions et hélicoptères), le tableau ci-après indique la
situation actuelle (au 1
er
juillet 1999) et celle à
venir :
|
En parc |
En ligne |
Age moyen |
Année de retrait du service |
Aviation embarquée |
|
|
|
|
Crusader ............... |
9 |
8 |
34 ans 10 mois |
fin 1999 |
Super-Etendard ..... |
52 |
28 |
19 ans 3 mois |
2007-2010 |
Etendard IV-PM ... |
5 |
4 |
35 ans |
2000 |
Alizé ..................... |
9 |
8 |
38 ans 10 mois |
2000 |
Hawkeye E.2C ...... |
2 |
2 |
1 an |
|
Hélicoptères |
|
|
|
|
Super Frelon ......... |
16 |
10 |
29 ans 5 mois |
2004-2007 |
Lynx ..................... |
33 |
21 |
18 ans 5 mois |
2003-2012 |
Dauphin (Pedro) ... |
3 |
3 |
9 ans 8 mois |
2018-2022 |
Dauphin (SP) ........ |
5 |
4 |
16 ans 11 mois |
2018-2022 |
Alouette III ........... |
30 |
22 |
27 ans 4 mois |
2003-2008 |
Panther ................. |
15 |
11 |
3 ans 8 mois |
|
L' hélicoptère NH 90 , dans sa version hélicoptère de lutte anti-sous-marine et anti-navires, fait l'objet d'une coopération entre quatre pays (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas). En outre, la marine sera dotée, pour ses missions de soutien et de service public, de la version transport du NH 90. L'industrialisation doit être lancée à la fin de 1999. La marine doit recevoir 27 exemplaires (14 pour le combat et 13 pour le transport), les premières livraisons intervenant en 2005. Le coût unitaire de l'appareil est estimé à 195 millions de francs. 221 millions de francs de crédits de paiement sont affectés à ce programme en 2000.
3. La flotte de surface
•
Le programme des frégates légères de type LA
FAYETTE
a été ramené de 6 à 5 unités.
Quatre bâtiments ont été admis au service actif, le
cinquième le sera en 2001.
Les crédits de paiement prévus s'élèvent en 2000
à 174 millions de francs.
Le coût unitaire moyen d'une frégate est de 1 450 millions
de francs.
Des frégates de ce type ont été vendues à Taiwan
(6 bâtiments) et à l'Arabie Saoudite (contrat signé en 1997
pour 2 bâtiments).
•
Le programme des frégates HORIZON,
frégates
antiaériennes destinées à assurer la protection du groupe
aéronaval, est mené en coopération avec l'Italie depuis le
retrait de la Grande-Bretagne en avril 1999. Ces bâtiments, de plus de
6000 tonnes, seront équipés du système
d'autodéfense PAAMS.
Le programme lancé en 1994 connaît des vicissitudes et souffre
de retards comme d'autres programmes menés en coopération
européenne. Deux exemplaires seulement de cette frégate seront
commandés pendant la durée de la programmation. Le premier devait
l'être en 1998 et le second en 2000. Le premier ne sera commandé
qu'en 2000. Son admission au service actif est prévue en 2005.
Sur un coût total de 12,4 milliards de francs, la programmation a
prévu 5,23 milliards de francs pour la période 1997-2002. La
dotation pour 2000 est de 2,8 milliards de francs en autorisations de programme
et de 385 millions de francs en crédits de paiement.
Pour la partie PAAMS du programme, à laquelle la Grande-Bretagne
continue d'être associée en partie, sont inscrits dans le projet
de budget 776 millions de francs d'autorisations de programme et 643
millions de francs de crédits de paiement.
•
Les transports de chalands de débarquement
,
bâtiments de plus de 10000 tonnes, sont prévus pour
transporter et débarquer des forces d'intervention. En remplacement des
deux unités les plus anciennes - OURAGAN et ORAGE -
désarmées en 2004 et 2006, une nouvelle version de TCD a
été mise au point. Un bâtiment LA FOUDRE est
déjà en service. Un deuxième SIROCCO, a été
livré en 1998.
Les deux suivants doivent être mieux adaptés à la
projection des forces. Lors de la revue des programmes, il a été
décidé que la réalisation de ce programme se fera sous la
contrainte d'un coût objectif fixé après une comparaison
nationale et européenne. Ce programme, dont le coût est
estimé à 3 694 millions de francs, ne
bénéficiera que de très faibles dotations en 2000 :
74 millions de francs d'autorisations de programme et 44 millions de francs de
crédits de paiement. La loi de programmation militaire prévoyait
pourtant que le premier TCD de nouvelle génération serait
commandé en 2000.
4. Les torpilles et missiles
•
Le programme de torpille MU 90
est mené en coopération
avec l'Italie. Les essais conduits jusqu'à maintenant paraissent
satisfaisants. Une commande globale pluriannuelle de 300 torpilles a
été passée en 1997 pour la France. L'Italie en a
commandé 200, l'Allemagne 285 et le Danemark 20.
Le coût total du programme est estimé à 4 469
millions de francs. Le prix unitaire d'une torpille est de 5 millions de
francs. La dotation pour 2000 est de 70 millions de francs en autorisations de
programme et de 469 millions de francs en crédits de paiement. La
prochaine commande, de 100 torpilles, ne devrait intervenir qu'en 2002.
•
Le missile anti-navires futur (ANF)
doit remplacer les missiles
de la famille EXOCET à partir de 2005. Ce programme est faiblement
doté en 2000 : aucune autorisation de programme, 214 millions de
francs de crédits de paiement. L'Allemagne s'est retirée de ce
programme.
CRÉDITS DES PRINCIPAUX PROGRAMMES
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Budget voté 1999 |
Projet de budget 2000 |
||||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Rafale Marine .................................... |
1 012 |
1 236 |
944 |
2 127 |
1 545 |
1 873 |
308 |
2 215 |
Porte-avions nucléaire ....................... |
1 180 |
1 539 |
389 |
1 472 |
497 |
1 313 |
51 |
362 |
Avion de guet Hawkeye ..................... |
111 |
653 |
403 |
980 |
537 |
996 |
882 |
175 |
SNLE-NG .......................................... |
2 664 |
3 563 |
2 132 |
2 595 |
1 105 |
2 200 |
1 485 |
1 771 |
Atlantique 2 ....................................... |
42 |
549 |
97 |
408 |
- |
335 |
- |
262 |
Frégates La Fayette ............................ |
380 |
648 |
337 |
374 |
367 |
664 |
92 |
174 |
Constructions neuves navires classiques ........................................... |
|
|
|
|
|
|
|
|
Grosses refontes et modernisation ...... |
765 |
860 |
885 |
546 |
341 |
284 |
171 |
425 |
Entretien des navires classiques .......... |
2 722 |
2 358 |
2 200 |
1 894 |
2 437 |
2 446 |
2 811 |
2 648 |
Entretien nucléaire ............................. |
1 418 |
1 404 |
896 |
1 188 |
1 245 |
1 188 |
1 281 |
1 184 |
Entretien matériels aéronautiques ....... |
1 436 |
1 347 |
1 321 |
1 510 |
1 561 |
1 467 |
1 748 |
1 381 |
Munitions et missiles (Mer + Aér.) ..... |
1 809 |
997 |
1 629 |
936 |
1 184 |
937 |
1 457,9 |
1 338,7 |
Torpille MU-90 .................................. |
578 |
88 |
567 |
160 |
111 |
238 |
70 |
469 |
Hélicoptère NH 90 ............................. |
323 |
370 |
152 |
135 |
336 |
161 |
320 |
221 |
ÉVOLUTION DE L'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
Matériels |
1996 |
2002
|
2015
|
Porte-avions ............................. |
2 |
1 porte-avions nucléaire (+ 1 PA en " sommeil ") |
1 ou 2 |
Avions embarqués .................... |
74 |
58 (dont
12 Rafale)
|
60 Rafale
en parc
|
Avions de patrouille maritime ... |
25 |
22 |
22 |
Hélicoptères de combat ............ |
38 |
40 |
ND |
Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ................................... |
|
|
|
Sous-marins d'attaque .............. |
12 dont 6 nucléaires |
6 SNA |
6 SNA |
Frégates antiaériennes .............. |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins ......... |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2 ème rang ................ |
17 |
14 |
14 |
Bâtiments anti-mines ................ |
16 |
14 |
16 |
Transports de chalands de débarquement (TCD) ................ |
4 dont 1 porte-hélicoptères |
5 dont 1 porte-hélicoptères |
4 |
C. L'ARMÉE DE L'AIR
En régression de 6,9 % par rapport à 1999, le budget d'équipement de l'armée de l'air sera 18 838 millions de francs en crédits de paiement ; les autorisations de programme s'élèveront à 18 160 millions de francs, elles diminuent de 10,3 %.
CREDITS D'EQUIPEMENT DE L'ARMEE DE L'AIR
(En millions de francs)
|
Budget voté 1999 |
Projet de budget 2000 |
||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Études ....................................................... |
42 |
40 |
23 |
39,02 |
Espace et système d'information et de commandement . ........................................ |
|
|
|
|
Forces nucléaires ....................................... |
805 |
823 |
505 |
796,26 |
Équipements interarmées ........................... |
4 895 |
4 913 |
4 842 |
4 520,79 |
Équipements air ......................................... |
5 638 |
6 702 |
4 387 |
5 709,28 |
Infrastructures ............................................ |
993 |
1 012 |
1 091 |
978,07 |
Soutien des forces et munitions................... |
1 810 |
1 527 |
1 295 |
1 839,03 |
Entretien programmé du matériel ............... |
5 695 |
4 667 |
4 777 |
4 252,33 |
Subventions ............................................... |
30 |
30 |
25 |
25,72 |
TOTAL ........................................... |
20 238 |
20 238 |
18 160,3 |
18 837,60 |
Aucun avion de combat ou de transport ne sera commandé en 2000.
1. Les avions de combat
L'armée de l'air recevra livraison de 12 MIRAGE 2000 D,
avion
de pénétration et d'attaque au sol, et 3 MIRAGE 2000-5,
rénovation du MIRAGE 2000 DA de défense
aérienne ; ce dernier programme bénéficie de
commandes à l'exportation.
Le programme RAFALE air a été lancé en 1985. La
première livraison à l'armée de l'air interviendra en 1999
et le premier escadron de l'armée de l'air sera opérationnel en
2005.
Depuis 1992, les échéances du programme ont
été retardées de 6 ans. Du même coup se
réduit l'avance du RAFALE par rapport à l'EUROFIGHTER, son
concurrent dont les premières livraisons interviendront en 2001 et qui
sera commandé à 620 exemplaires. En outre, un nouvel avion
américain doit entrer en service en 2008.
Les travaux d'industrialisation interrompus en 1995 et les travaux de
fabrication interrompus en 1996 ont été repris à la suite
d'une commande de 3 milliards de francs passée en 1997. La revue des
programmes entraînera un recul de 10 mois de la livraison des premiers
avions destinés à l'armée de l'air et une diminution de 25
à 23 du nombre d'avions livrés à la fin de 2005.
Le coût total du programme pour 234 appareils air et 60 appareils marine
s'élève à 202,6 milliards de francs ; un quart du
coût de développement étant assuré par les
industriels, le coût budgétaire est de 189,5 milliards de
francs.
Les crédits de paiement du programme seront en 2000 de
3 187 millions de francs pour l'armée de l'air. Rappelons que,
selon des estimations britanniques (
National audit office
), le
coût global du programme EUROFIGHTER pour 410 appareils serait de 345
milliards de francs.
COÛT DU PROGRAMME RAFALE (AIR ET MARINE)
(Coût des facteurs janvier 1999)
(En millions de francs)
Eléments du programme |
Montants |
Développement des trois premiers standards opérationnels, y compris le moteur M-88 |
57 090 |
• dont participation escomptée des industriels (25 %) .............................................. |
13 115 |
• dont participation de l'Etat ................................................................................ ... |
43 975 |
Devis de production ................................................................................ ................... |
145 575 |
• dont industrialisation ................................................................................ ............ |
17 891 |
• dont fabrication de 95 Rafale air monoplaces ........................................................ |
27 309 |
• dont fabrication de 139 rafale air biplaces ............................................................ |
42 732 |
• dont fabrication de 60 Rafale marine .................................................................... |
19 708 |
• dont volants, rechanges, divers, options ................................................................ |
36 713 |
• dont simulateurs ................................................................................ ................... |
1 222 |
TOTAL ................................................................................ .................... |
202 665 |
Le
coût unitaire des différentes versions du RAFALE est le suivant,
exprimé en millions de francs :
-
Armée de l'air, monoplace 291,5
-
Armée de l'air, biplace 311,6
-
Marine 333,1
Une commande globale de 28 appareils assortie d'une option sur 20 autres a
été passée au début de 1999. 21 sont
destinés à l'armée de l'air et 7 à la marine.
Pour les programmes MIRAGE 2000, le montant des crédits est de
1 277 millions de francs.
2. Les avions de transport
L'essentiel du parc est composé de TRANSALL auxquels s'ajoutent quelques C 130 HERCULES américains et quelques CASA CN 235 fabriqués en Espagne.
Type |
Nombre |
Entrée en service |
Charge
|
Nombre maximum de passagers |
Transall C 160 1 ère génération |
46 |
1967 |
4 T à 4400 km |
91 |
Transall C 160 2 ème génération |
20 |
1981 |
8 T à 6600 km avec RVT |
91 |
Hercules C 130 H/H 30 .......... |
14 |
1987 |
10 T à 550/4850 km |
92/122 |
Casa CN 235-100 ................... |
10 |
1991 |
3 T à 1950 km |
44 |
L'armée de l'air a reçu 9 TRANSALL
rénovés en 1999. Ce programme est terminé.
Cette rénovation permettra-t-elle toutefois d'assurer les missions
jusqu'à l'entrée en service du nouvel avion de transport ?
En effet, le TRANSALL est un avion de transport tactique dont l'usure a
été fonction de la participation de nos troupes à de
très nombreuses opérations extérieures. La prolongation du
nombre de " cycles " (unité de mesure du potentiel d'un avion
de transport prenant spécialement en compte le nombre de
décollages et d'atterrissages) admis pour cet appareil rencontre deux
limites : celle de l'augmentation du coût de sa maintenance et celle
de la corrosion des cellules. Les premiers TRANSALL seront retirés du
service en 2005 et le pic de retrait interviendra peu après, en 2007,
2008 et 2009.
Huit pays d'Europe ont approuvé les caractéristiques provisoires
de l'avion de transport futur (ATF). L'intention est d'acquérir
près de 300 avions (dont 50 pour la France) sur
" étagères " auprès soit de constructeurs
européens, groupés sous l'égide d'Airbus Industrie, soit
de l'industrie américaine (avions
C 130 J et C 17), soit en Russie et en Ukraine par
adaptation de l'Antonov 70. L'avion choisi aura un volume d'emport nettement
supérieur à ceux du TRANSALL et de l'HERCULES.
Les offres des différents industriels ont été
reçues par les sept Etats intéressés le 29 janvier
1999 ; le résultat de leur dépouillement n'est pas encore
connu.
Les seuls crédits prévus en programmation (614 millions de francs
en crédits de paiement et 2 908 millions de francs d'autorisations de
programme) doivent aller au préfinancement du programme qui devrait
également être assuré par les industriels concernés.
En 1999, 44 millions de francs seulement étaient prévus pour le
développement du programme. Pour 2000, aucun crédit de paiement,
aucune autorisation de programme ne bénéficient au programme ATF.
La
poursuite du programme ATF paraît indispensable
pour deux
raisons. Une raison militaire puisque la relève des TRANSALL les plus
anciens doit être assurée dès 2005 et que la
standardisation des avions de transport des armées de l'air
européennes présente un fort intérêt logistique. Une
raison industrielle, car ce projet inciterait à une meilleure
intégration des programmes aéronautiques européens civils
et militaires. Ce programme, comme celui du VBCI déjà
évoqué, démontre à quel point les
difficultés politiques, militaires, financières et industrielles
de la coopération européenne freinent le renouvellement des
équipements de nos armées. Pour l'acquisition de 50 avions, le
besoin en autorisations de programme devrait être de 35 milliards de
francs. Le risque est donc grand qu'un tel montant ne puisse être
financé au moment où il sera nécessaire de remplacer un
grand nombre d'avions retirés du service.
3. Les missiles
L'armée de l'air est engagée dans plusieurs programmes de missiles destinés à l'équipement de ses avions : APACHE anti-piste, SCALP d'emploi général et MICA pour le combat aérien. En 2000, seul ce dernier fera l'objet d'une livraison de 50 et d'une commande de 170. Les autorisations de programme pour ces trois missiles s'élèveront à 933 millions de francs et les crédits de paiement à 1 194 millions de francs.
4. Les systèmes de commandement et de communication
Le
programme SCCOA (système de commandement et de conduite des
opérations aériennes) vise à doter l'armée de l'air
d'une capacité de maîtrise de l'espace aérien et de gestion
globale des systèmes d'armes à partir d'un commandement unique
des opérations.
Le coût total du programme est évalué à 15,4
milliards de francs 1997 ; 3 milliards 400 millions de francs ont
déjà été consommés ; la dotation pour
2000 est de 674 millions de francs en crédits de paiement.
Les
termes financiers et physiques
des principaux programmes de
l'armée de l'air sont récapitulés dans le tableau
ci-après :
(En millions de francs)
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Commandes |
Livraisons |
||||
|
1997 |
1997 |
1998 |
1998 |
1999 |
1999 |
2000 |
2000 |
1997 |
1998 |
1999 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
dev/fab |
|
|
|
|
|
|
ACT/Rafale ................... |
1
678/
|
1
700
|
1
107
|
925/
|
1
056
|
1
199
|
1
317
|
1
411
|
0 |
21 |
0 |
0 |
0 |
1 |
Mirage 2000 DA ........... |
0/0 |
15/388 |
0/0 |
5/489 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Mirage 2000 D .............. |
3/260 |
159/1 966 |
0/699 |
30/1 155 |
0/708 |
18/1 200 |
0/559 |
26/932 |
0 |
0 |
0 |
6 |
6 |
12 |
Mirage 2000-5 .............. |
17/180 |
98/1 064 |
6/193 |
20/1 060 |
36/128 |
83/579 |
0/40 |
83/206 |
0 |
0 |
0 |
1 |
11 |
22 |
Tucano .......................... |
0/0 |
0/132 |
0/0 |
0/55 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
9 |
0 |
0 |
Mirage FICT ................. |
0/0 |
3/22 |
0/0 |
3/22 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Transall (Rénovation) ... |
0/12 |
0/227 |
0/12 |
0/88 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
35 |
0 |
0 |
11 |
14 |
9 |
Hercules C 130 ............. |
0/3 |
0/99 |
0/0 |
0/0 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
2 |
0 |
0 |
KC-135 ......................... |
0/0 |
0/227 |
0/0 |
0/214 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
2 |
1 |
0 |
Missile S 530 D ............ |
0/0 |
0/80 |
0/20 |
0/35 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Missile MICA ............... |
73/356 |
211/139 |
169/133 |
150/193 |
0/250 |
138/321 |
26/850 |
109/260 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
25 |
Missile MAGIC II ......... |
0/19 |
0/132 |
0/74 |
0/60 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
ND 1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
SATCP ......................... |
0/74 |
0/62 |
0/6 |
0/19 |
0/174 |
0/79 |
10/10 |
0/100 |
0 |
150 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1. Non déterminé : les documents de suivi de ces programmes sont clôturés. Ces programmes sont donc considérés comme terminés. En conséquence, seuls les paiements continueront à être imputés et les ressources correspondantes seront globalisées sur la ligne budgétaire " avions et matériels aériens en service ".
D. LA GENDARMERIE
La
gendarmerie, contrairement aux armées, bénéficie d'une
augmentation de 5,3 % de son budget d'équipement par rapport au budget
de 1999. Il s'établit à 2 279 millions de francs en
crédits de paiement.
(En millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Budget voté 1999 |
Projet de budget 2000 |
||||
|
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
A.P. |
C.P. |
Fabrications ............................... |
1 001 |
977 |
1 038 |
965 |
876 |
977 |
931 |
1 056 |
Entretien programmé des matériels . |
117 |
110 |
143 |
140 |
185 |
153 |
137 |
133 |
Entretien programmé des personnels |
184 |
159 |
203 |
167 |
210 |
168 |
239 |
228 |
Infrastructure et subventions d'équi-pement ........................................... |
825 |
915 |
808 |
830 |
937 |
868 |
901 |
862 |
Total .................................. |
2 127 |
2 161 |
2 192 |
2 102 |
2 208 |
2 166 |
2 208 |
2 279 |
Programme RUBIS ......................... |
200 |
394 |
328 |
405 |
178 |
399 |
46 |
228 |
Véhicules ....................................... |
306 |
306 |
427 |
309 |
338 |
289 |
444 |
413 |
Moyens informatiques .................... |
123 |
107 |
163 |
147 |
123 |
107 |
197 |
174 |
Deux
domaines appellent un commentaire particulier :
• les normes européennes imposent que les
hélicoptères appelés à survoler les zones urbaines
ou de montagne soient dotés de deux turbines.
2 hélicoptères de ce type seront commandés en
2000 ;
• le parc immobilier de la gendarmerie vieillit et il va, de plus,
être soumis à des changements de deux ordres : ceux qui
découleront du redéploiement des brigades et ceux qu'imposera la
transformation des logements des gendarmes auxiliaires en logements de
gendarmes adjoints. En 2000, 925 " équivalents
unités-logement " seront commandés et 883 livrés.
DEUXIÈME PARTIE
L'ÉQUIPEMENT DES
ARMÉES NE SERA PAS CONFORME
À LA LOI DE PROGRAMMATION
MILITAIRE
La loi
de programmation militaire 1997-2002 n'est pas une loi de programmation
classique. Elle est en effet
la loi qui décrit physiquement et
financièrement le passage d'une armée mixte à une
armée professionnelle.
Professionnaliser les armées ne consiste pas seulement à
remplacer des militaires appelés contraints de servir sous les armes,
par des militaires ou des civils ayant choisi volontairement cette forme de
service de l'Etat. C'est aussi entraîner et équiper correctement
des forces plus ramassées et plus aptes à la projection. Il y a
entre tous ces éléments une exigence de cohérence
très forte. Le rapport spécial consacré au titre III
souligne les difficultés relatives aux effectifs des armées et
à leur entraînement. En ce qui concerne l'équipement des
armées, une certitude est d'ores et déjà acquise, il ne
sera pas conforme à ce qu'avait prévu la loi de programmation
militaire. Certes, le 31 décembre 2002 il n'y aura plus d'appelés
dans les rangs des armées mais seront-elles dotées de tout
l'équipement nécessaire à des soldats moins nombreux pour
conduire les missions qui lui ont été fixées ?
Notre rapport budgétaire pour 1998 exprimait une vive inquiétude.
Il constatait que " l'encoche " avait pour effet de mettre en cause
la survie même de la programmation.
En 1999, l'augmentation du montant des crédits du titre V, à la
suite de la " revue des programmes " a pu susciter l'espoir que
l'équipement des armées se réaliserait à peu
près selon la loi de programmation militaire.
Pour 2000, le doute n'est plus permis. Les crédits de paiement des
titres V et VI sont réduits non seulement par rapport à la
programmation mais encore par rapport à leur niveau de 1999. Il n'y a
pas non plus d'espoir pour qu'à l'avenir le budget d'équipement
des armées soit préservé des ponctions dont il est
systématiquement l'objet.
Votre Rapporteur, ne peut par ailleurs que constater que malgré
certaines réorganisations industrielles, les programmes d'armement
menés en coopération européenne ne se déroulent pas
de façon satisfaisante.
CHAPITRE PREMIER
UNE PART IMPORTANTE DES
CRÉDITS
DES TITRES V ET VI DU PROJET DE BUDGET
N'EST PAS
CONSACRÉE À L'ÉQUIPEMENT DES ARMÉES
La loi
de programmation militaire 1997-2002 avait réduit de 20 % les
crédits d'équipement programmés. Malgré cet effort
initial, les objectifs de la programmation n'ont pas été tenus.
Dès 1998 une nouvelle baisse de 8,7 %, qualifiée
" d'encoche ", a été présentée comme une
" contribution à la maîtrise des déficits publics et
au financement de l'action gouvernementale ". L'engagement du
gouvernement, à la suite de la " revue des programmes " de
stabiliser les ressources annuelles d'équipement à 86 milliards
de francs constants de 1999 jusqu'en 2002 n'aura tenu qu'une année.
De plus, une partie importante des crédits d'équipement des
armées est soit transférée au titre III du
ministère de la défense soit échappe totalement au budget
de ce ministère.
A. LA POURSUITE DE LA PROFESSIONNALISATION DES ARMÉES IMPLIQUERA VRAISEMBLABLEMENT QUE SE POURSUIVE L'AUGMENTATION DES DÉPENSES DU TITRE III
Les
dépenses de rémunérations et de charges sociales de
soldats de métier sont certainement plus importantes qu'on ne pouvait le
prévoir. La multiplication du nombre de militaires du rang
engagés pèse d'un poids d'autant plus important qu'ils sont les
premiers bénéficiaires des mesures de revalorisation des
rémunérations les plus basses.
En 1998, un décret d'avance et un arrêté d'annulation de
crédits du 22 août, ont ponctionné les titres V et VI de
3,8 milliards de francs en raison autant d'insuffisances sur les crédits
de rémunérations et de charges sociales.
Un décret d'avance et un arrêté d'annulation de
crédits du 2 septembre 1999 ont ponctionné les titres V et VI de
4 milliards de francs au bénéfice du titre III. Les
crédits de fonctionnement des armées sont descendus à un
niveau tel que les difficultés de vie, de travail et
d'entraînement des armées ont rendu nécessaire, comme votre
Rapporteur en avait exprimé la crainte il y a un an, d'affecter une
partie de ce prélèvement, 500 millions de francs, au
fonctionnement des armées et de la gendarmerie.
B. UNE PARTIE DES DOTATIONS DES TITRES V ET VI ÉCHAPPERA, IN FINE, AU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE POUR DEUX RAISONS
-
D'une façon générale, les annulations de crédits
sont une raison majeure de douter de l'utilisation réelle des
crédits d'équipement des armées.
Dans son rapport sur " l'exécution des lois de finances pour
l'année 1998 ", la Cour des comptes établit le tableau des
annulations de crédits des titres V et VI de 1995 à 1998
auxquelles il convient d'ajouter celles de 1999 constituées des 4
milliards de francs annulés par l'arrêté du 2 septembre
1999 précité et de 5,3 milliards de francs annulés par un
arrêté du 24 novembre 1999.
(En millions de francs)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Total |
11 893 |
8 507 |
5 010 |
7 350 |
9 300 |
42 060 |
-
La reprise en 1998, les augmentations en 1999 et 2000 des contributions de la
défense, interdites par la loi de programmation militaire, au budget
civil de recherche et de développement, ajoute au caractère
partiellement illusoire de l'augmentation des crédits
d'équipement des armées. Reverser 1 500 millions de francs
au CNES, sans aucune possibilité de contrôle de l'utilisation qui
en est faite, non seulement est sans intérêt pour les
armées mais encore les porte à regretter vivement le
caractère factice de ce détour.
-
le ministère de la défense connaît encore
d'importantes difficultés à consommer réellement les
autorisations de programme et les crédits de paiement accordés
pour l'équipement des forces. Sont invoqués les effets de
changements de nomenclature, de réorganisations ou de difficultés
à passer les marchés. Quoi qu'il en soit, il n'est pas possible
d'arguer qu'un taux de consommation des crédits de 90 % est
satisfaisant. Il signifie que chaque année un montant de plus de 7
milliards d'équipement n'est pas consommé soit la moitié
du prix d'un porte-avions.
En résumé, le montant minimal de perte de pouvoir d'achat des
titres V et VI pour les quatre premières années de la
programmation s'établit ainsi, en milliards de francs.
|
Montant en francs constants en application de la loi de programmation |
Dépense nette connue |
Ou annulations connues |
Ou montant du projet de L.F.I. |
Perte de pouvoir d'achat |
1997 |
88,50 |
76 |
- |
- |
12,5 |
1998 |
89,33 |
68,9 |
- |
- |
20,43 |
1999 |
89,86 |
- |
9,3 |
86 |
13,16 |
2000 |
90,90 |
- |
- |
82,9 |
8 |
Total |
358,59 |
- |
- |
- |
54,09 |
soit au
minimum, puisque ne sont connues ni les dépenses nettes de 1999 ni
celles de 2000, une perte de 15 % du montant des titres V et VI tel qu'il avait
été fixé par la loi de programmation militaire.
Les efforts conduits par la Délégation générale
pour l'armement pour réduire à la fois son propre coût
d'intervention et le coût d'acquisition du matériel auprès
des industriels ont certes abouti à des économies non
négligeables. Elles restent cependant éloignées des
abattements relevés.
Dans ces conditions, il est clair que la programmation ne sera pas
respectée, que les armées devront durablement se satisfaire d'un
équipement en large partie obsolète, difficile et coûteux
à entretenir et que la loi de programmation militaire à venir
devra commencer par intégrer ce pesant retard.
CHAPITRE II
LE PARADOXE DE LA
COOPÉRATION EUROPÉENNE
EN MATIÈRE
D'ARMEMENT
Rares
sont en Europe les programmes d'armement importants qui pourront être
conduits par un seul pays. Les successeurs du RAFALE ou du LECLERC seront issus
de programmes menés en coopération.
Le rassemblement d'industriels européens, sur des programmes
définis ou pour la totalité de leurs activités, devrait
permettre l'émergence d'une industrie d'armement européenne sans
laquelle nos armées risqueraient à terme de devenir les clients
obligés d'entreprises américaines. Dans ce domaine, la
coopération est pourtant une source de profondes difficultés,
elle est semée d'innombrables embûches qui ont pour effet de
retarder excessivement la définition puis l'industrialisation des
équipements.
Au cours de l'année 1999 sont intervenus des évolutions et des
événements qui illustrent parfaitement ce paradoxe : la
coopération en matière d'armement progresse à grands
pas ; les difficultés qu'elle suscite contrarient le bon
équipement des forces.
A. LA COOPÉRATION EN MATIÈRE D'ARMEMENT PROGRESSE À GRANDS PAS
Les
rassemblements d'entreprises, le renforcement de la fonction de gestion des
programmes indiquent clairement la voie qui doit être suivie.
-
La création de la " société
européenne d'aéronautique de défense et spatiale "
(EADS) par fusion des sociétés Aérospatiale-Matra et Dasa
devrait avoir des effets bénéfiques non seulement dans le domaine
civil, mais également dans celui de l'armement. Elle devrait, notamment,
permettre que des décisions concernant l'avion de transport futur soient
prises plus rapidement.
-
La fusion des activités missiles de Matra BAe Dynamics avec
celles d'Alenia Marconi Systems va permettre la constitution d'un groupe qui
arrivera au second rang mondial, derrière l'américain Raytheon.
-
La même évolution est en cours pour l'espace avec la
prochaine création de la Société Astrium qui regroupera,
dans le domaine des satellites, les activités
d'Aérospatiale-Matra, de Dasa et de Marconi Electronic Systems.
-
La création le 12 novembre 1996 de l'" organisation
conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR), la
définition, depuis, de son statut et la mise en place progressive de ses
moyens d'action devraient permettre de constituer une véritable agence
européenne de l'armement.
Rassemblant la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, l'OCCAR devrait
être progressivement rejointe par d'autres pays.
Cet organisme, qui aura la responsabilité de gérer directement
les programmes menés en coopération, doit permettre
d'éviter la plupart des écueils rencontrés auparavant
notamment ceux qui concernaient les modes de passation des commandes, les
régimes fiscaux et le principe du " juste retour ".
B. D'IMPORTANTES DIFFICULTÉS CONTINUENT POURTANT D'ENTOURER LA COOPÉRATION EUROPÉENNE D'ARMEMENT
Elles
concernent quelques programmes et certaines entreprises.
Les développements précédents ont montré que de
nombreux programmes étaient concernés par les aléas de la
coopération européenne. On rappellera les principaux :
-
Le retrait du Royaume-Uni du projet de frégate HORIZON illustre
parfaitement les difficultés qui peuvent résulter du
déséquilibre entre les besoins des différents partenaires
et de la tentation de retrait à laquelle est toujours tenté de
succomber celui qui pèse du plus grand poids.
-
Le programme du véhicule blindé de combat de
l'infanterie montre bien que des états-majors, pour un besoin qui peut
sembler commun a priori, peuvent avoir des analyses différentes aussi
bien sur la définition du matériel que sur les délais de
sa réalisation.
-
Les rapprochements ou fusions de sociétés qui viennent
d'être évoqués laissent de côté deux types de
sociétés : celles des secteurs concernés qui
n'arrivent pas à trouver rapidement leur place dans les restructurations
et celles du domaine des armements terrestres et des constructions navales.
La place des sociétés Thomson-CSF et Dassault-Aviation dans les
rapprochements en cours n'apparaît pas encore clairement mais il est
souhaitable que les hésitations ne se prolongent pas trop longtemps. Il
est vrai, que si Dassault-Aviation rejoint, au moins pour les avions de combat,
le groupe EADS se posera immanquablement la question au sein, d'un même
groupe, de la concurrence entre deux avions de même type et de même
génération le RAFALE et l'EUROFIGHTER-TYPHOON.
-
Plus délicate encore est la situation de GIAT-Industries et de
la Direction des constructions navales.
L'avenir de GIAT-Industries, qui a bénéficié de 17,5
milliards de francs de recapitalisation, depuis 1996, paraît très
lié aux perspectives d'exportation du char LECLERC. Pour le reste, sa
place dans le programme européen VBCI reste ambiguë. Par ailleurs,
les dernières déclarations de la société
britannique VICKERS ne font plus mention de ses projets communs avec
GIAT-Industries et mettent au contraire l'accent sur des projets de
coopération avec d'autres sociétés
étrangères non plus sur des chars lourds mais sur des
blindés à roues.
-
La transformation de la Direction des constructions navales en service
à compétence nationale, la spécialisation plus
poussée de ses établissements et la réduction de ses
effectifs ne garantissent pas que sera surmontée la crise de cette
direction. La charge de travail destinée à satisfaire les besoins
de la marine est en réduction constante. Les activités de
diversification ou et d'exportation de navires constituent surtout des sources
de pertes financières. Les mêmes causes produisant les mêmes
effets, sans une réforme beaucoup plus profonde que celle qui vient
d'être entreprise, sans un adossement à de véritables
entreprises industrielles françaises ou étrangères, le
risque est grand que la Direction des constructions navales évolue
suivant le même scénario que GIAT-Industries.
CONCLUSION
Le
budget d'équipement de la défense pour 1999 avait
bénéficié de l'embellie consécutive à la
" revue des programmes ".
L'illusion est aujourd'hui dissipée. Le niveau des crédits des
titres V et VI ne permet pas que soient respectées les dispositions de
la loi de programmation. Derrière ces indications, la
réalité est que nos forces restent, dans une proportion
importante, équipées d'un matériel obsolète et dont
l'entretien est coûteux et difficile. Ainsi se trouve compromise
indirectement la difficile entreprise de la professionnalisation des
armées.
A N N E X E
PRINCIPALES COMMANDES ET
LIVRAISONS
D'ÉQUIPEMENTS MILITAIRES PROGRAMMÉES EN
1999
Modules |
Commandes |
Livraisons |
Espace - communications - renseignement |
|
|
Poste de radio de 4 ème génération PR 4G |
1 816 |
2 436 |
MTBA |
21 |
8 |
Rubis
(Equipement groupements)
|
0
|
12
|
Opérations maritimes |
|
|
Bâtiments de surface |
|
|
Porte-avions Charles de Gaulle (ASA en 2000) |
0 |
0 |
Frégate type La Fayette |
0 |
0 |
Bâtiment Hydrographique et Océanographique |
1 |
0 |
Frégate Horizon |
1 |
0 |
Aéronautique navale |
|
|
ACM/Rafale |
0 |
3 |
Avion de surveillance maritime (SURMAR) |
0 |
0 |
Missiles/torpilles |
|
|
Crotale naval |
0 |
33 |
PAAMS missiles Aster15/Aster30 |
60 |
0 |
SATCP MISTRAL (missiles) |
20 |
80 |
Opérations aériennes et terrestres |
|
|
Avions de combat |
|
|
Mirage 2000 D |
0 |
12 |
Mirage 2000 5 (Rénovation Mirage 2000 DA) |
0 |
3 |
Rafale |
0 |
1 |
Avions de transport |
|
|
Rénovation C 160 Transall |
0 |
3 |
CN 235 |
0 |
2 |
Hélicoptères |
|
|
Cougar SAR |
1 |
0 |
HAP/HAC Tigre |
0 |
0 |
Modules |
Commandes |
Livraisons |
Opérations aériennes et terrestres (suite) |
|
|
Missiles |
|
|
SATCP Mistral Poste de tir/missiles |
0/430 |
15/340 |
ACCP Eryx |
0/0 |
0/1 200 |
Anti-blindé léger (roquettes) |
24 000 |
0 |
MICA |
170 |
50 |
Armement air-sol modulaire |
750 |
0 |
AS 30 laser |
0 |
40 |
Chars de bataille et environnement |
|
|
AMX Leclerc |
44 |
22 |
Munitions Leclerc |
1 000 |
1 200 |
Remotorisation AMX 30 B2 |
0 |
110 |
Artillerie sol-sol et sol-air |
|
|
Obus ACED |
2 500 |
0 |
MARTHA |
10 |
0 |
Valorisation Roland Postes de tir/missiles |
16/0 |
0/0 |
Drône CL 289 |
0 |
0 |
Valorisation 155 AU F1 |
0 |
0 |
VAB d'observation artillerie (VOA) |
0 |
0 |
Génie |
|
|
Engin de franchissement de l'avant (EFA) |
0 |
0 |
Mobilité |
|
|
Engin porte blindé (EPB 60 tonnes) |
0 |
0 |
Engin porte blindé (EPB 40 tonnes) |
0 |
30 |
Véhicules tactiques TRM 10 000 |
0 |
0 |
VBL long |
80 |
44 |
Sécurité et soutien |
|
|
Avion léger |
|
|
TBM 700 |
0 |
0 |
Infrastructure gendarmerie |
|
|
Constructions (équivalent unités logements) |
925 |
883 |
Mobilité gendarmerie |
|
|
Véhicules de brigade et police de la route |
2 242 |
2 242 |
Véhicules de transport en commun |
41 |
41 |
Motos |
1 200 |
1 303 |
Hélicoptère bi-turbine |
2 |
2 |
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
ARTICLE
41
Mesures nouvelles. Dépenses en capital des services
militaires
Texte de l'article
I. Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2000, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des autorisations de programme ainsi réparties :
Titre V " Équipement "................................................. ... |
84 208 800 000 F |
Titres VI " Subventions d'investissement accordées par l'État "............................................................ ................. |
|
Total........................................................................... ..... |
87 463 170 000 F |
II Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2000, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des crédits de paiement ainsi répartis :
Titre V " Équipement "................................................. ... |
18 702 840 000 F |
Titres VI " Subventions d'investissement accordées par l'État "............................................................ ................. |
|
Total........................................................................... ..... |
21 276 754 000 F |
Exposé des motifs
La comparaison, par titre, des autorisations de programme et des crédits
de paiement prévus pour 2000, au titre des dépenses militaires en
capital, avec les autorisations de programme et les crédits de paiement
accordés en 1999, figure au II de la partie " Analyses et tableaux
annexes " du présent projet de loi.
Les justifications détaillées par chapitre sont
présentées dans l'annexe " Services votés - Mesures
nouvelles " relative au budget de la défense.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
jeudi 4 novembre 1999
sous la
présidence de M. Alain Lambert, président
, la commission a
procédé à
l'examen
des
crédits
de la
défense
:
exposé d'ensemble et
dépenses en capital
et article 41
, sur le rapport de
M. Maurice Blin, rapporteur spécial.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a rappelé que depuis dix
ans, date de la chute du mur de Berlin, les armées subissaient un
profond bouleversement. Elles se préparaient alors à un conflit
massif avec l'Union soviétique alors que la géostratégie
leur impose maintenant de mener des opérations, ponctuelles et
lointaines, où la technologie et le professionnalisme prennent une part
majeure. Les armées françaises se sont depuis
professionnalisées, celles de nos voisins ont suivi ou s'engagent sur la
même voie.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a indiqué que le
projet de budget de la défense pour 2000 s'élève à
241,8 milliards de francs et, hors pensions, à 187,4 milliards de
francs. En francs courants, il est en réduction de 1,4 %, et en francs
constants, de 2,2 %. Cette évolution surprend alors que les
dépenses publiques dans leur ensemble sont par ailleurs stables en
francs constants.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a précisé que
le déséquilibre entre le titre III et les titres V et VI continue
de s'accroître. En effet, en francs courants, le titre III
s'accroît de 0,5 % alors que les titres V et VI régressent de 3,6
%.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a précisé le
montant de la sous-consommation des crédits de paiement des titres V et
VI. En 1997, pour une loi de finances initiale de 88,7 milliards de francs, 76
milliards de francs seulement ont été consommés soit une
sous-consommation de 12,7 milliards de francs. En 1998, par l'effet de
" l'encoche ", la loi de finances initiale a été
ramenée à 81 milliards de francs mais 69 milliards de francs
seulement ont été consommés, soit une sous-consommation de
12 milliards de francs. En 1999, la loi de finances initiale se montait
à 86 milliards de francs et il semble que la consommation des
crédits ne dépassera guère 75 milliards de francs. La
sous-consommation sera donc proche de 11 milliards de francs.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a alors
présenté les titres V et VI du projet de budget pour 2000. Il a
regretté que les crédits de paiement soient ramenés
à 82,9 milliards de francs et exprimé la crainte que
d'éventuels reports de crédits de 1999 sur l'année 2000 ne
puissent atténuer les effets d'une telle réduction.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a fait part des
leçons qu'il tirait de cette situation :
-
la
sous-consommation de 10 % des crédits aboutit
à une perte moyenne de 8 milliards de francs par an ;
- la loi de programmation militaire n'est pas respectée puisque
82,9 milliards de francs sont substitués à 86,7 milliards de
francs, soit une perte de 4 % ;
- le décret d'avance du 2 septembre 1999 a opéré une
ponction de 4 milliards de francs au profit du titre III.
M. Maurice Blin
a rappelé qu'il avait souvent été
dit par le passé que le titre V du budget du ministère de la
défense constituait " une variable d'ajustement " du budget
général. Il a regretté que cette situation perdure au
moment où les ressources budgétaires connaissent une augmentation
spectaculaire.
Il a précisé que, à l'exception de la gendarmerie, les
crédits des titres V et VI de toutes les composantes du ministère
de la défense étaient en réduction, en moyenne de 4,9 %.
Il a ajouté en outre, qu'en infraction formelle à la règle
posée par la loi de programmation militaire, des crédits
continuaient à être versés au " budget civil de
recherche et de développement " (BCRD) : en 1997,
2 milliards de francs ; en 1998, 0,5 milliard de francs ; en
1999, 0,9 milliard de francs et, en 2000, 1,5 milliard de francs.
Le rapporteur spécial a regretté de ne pouvoir mesurer
précisément l'évolution des crédits de recherche du
ministère de la défense.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a présenté les
principaux programmes d'équipement des armées. Il a
indiqué que les crédits du secteur nucléaire diminuaient
dans la même proportion que les crédits du titre V et que la
moitié d'entre eux était destinée à la composante
océanique. Il a rappelé que l'objectif était de constituer
une flotte de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de
nouvelle génération (SNLE-NG), le troisième devant
être admis au service actif en 2004 et le quatrième en 2008. En
outre, le missile M 45 sera remplacé par le missile M 51. Enfin, pour le
programme de simulation qui doit remplacer les essais nucléaires, il a
noté que les crédits étaient en régression de 3,5 %.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a regretté la
situation dans laquelle se trouve le domaine spatial dont les crédits
sont en repli de 15,25 %. L'abandon du programme de satellite Horus,
à la suite de la défection de la partie allemande, et celui du
programme Trimilsatcom, à la suite de l'abandon de la partie
britannique, expliquent cette chute regrettable des crédits. Il semble
que les pays européens n'aient pas tiré la leçon de leurs
difficultés en matière de renseignement lors des
opérations du Kosovo.
M. Maurice Blin
a rappelé que la cible de 406 chars Leclerc
était maintenue et que les livraisons de ce blindé seront de 22
en 2000, et les commandes de 44. L'hélicoptère de combat Tigre,
construit par la société Eurocopter, a fait l'objet d'une
première commande en 1999 partagée avec l'Allemagne
(80 hélicoptères pour chaque pays). La situation de
l'hélicoptère de transport et de lutte anti-sous-marine
NH 90 est moins satisfaisante. Des doutes existent sur le financement de
cet appareil qui doit équiper les armées française,
allemande, italienne et néerlandaise. Pour la marine, il a noté
le nouveau retard de la mise en service du porte-avions Charles de Gaulle en
raison, notamment, des difficultés liées à la durée
de sa construction. Trois avions Rafale de série équiperont la
marine en 2000. La construction d'un second porte-avions ne figure pas dans
l'actuelle loi de programmation militaire et il faudra attendre 2003,
première année de la future loi de programmation militaire, pour
connaître la décision portant sur la construction d'un second
porte-avions. Pourra-t-on construire en même temps des frégates et
un second porte-avions ? Ce bâtiment peut-il être
réalisé en coopération avec les Britanniques ? Une
première frégate Horizon sera commandée en 2000. Elle
aurait dû l'être en 1998 mais la défection britannique l'a
retardée. En revanche, le système d'arme principal sera construit
en commun avec la Grande-Bretagne et l'Italie. L'armée de l'air ne
bénéficiera d'aucune commande d'avion en 2000 et le premier
escadron de Rafale ne sera constitué qu'en 2005 alors que la conception
de cet avion remonte à une vingtaine d'années et que des
réductions de coût sont imposées à l'industriel. Les
avions de transport Transall français sont usés. Leur coût
d'entretien augmente chaque année de 10 %. La loi de programmation
militaire indique que " l'avion de transport futur " (ATF) fera
l'objet d'une première commande en 2002, dernière année de
la loi de programmation militaire actuelle. Une dotation de 614 millions de
francs figure pour ce programme dans le projet de budget pour 2000. Les offres
déposées en janvier 1999 par Boeing-Lockheed, Airbus et Antonov
n'ont pas encore été dépouillées. Airbus a fait
savoir que ce programme ne pouvait être lancé que si la commande
était supérieure à 280 avions. En raison des divergences
qui existent entre les sept pays associés à ce programme, sa
réussite n'est en rien assurée. Le général Kelche,
chef d'état-major des armées, a rappelé devant la
commission de la défense de l'Assemblée nationale que le projet
de budget 2000 ne prévoyait aucun financement pour quatre programmes
majeurs : le missile M 51, l'hélicoptère NH 90, l'avion de
transport futur et le véhicule blindé de combat de l'infanterie.
Un financement intervenant au cours de l'année 2000 pour l'un ou
plusieurs de ces programmes paraît très aléatoire.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a ensuite exprimé son
avis sur la situation de l'industrie française d'armement. Elle emploie
250.000 salariés et 40 % de son chiffre d'affaires viennent des
exportations. Elle est en mutation : les équipements lourds sont
remplacés progressivement par ceux qui sont nécessaires à
l'acquisition du renseignement et à la projection des forces. Les
industriels français livrent du matériel sophistiqué, de
haute qualité, mais coûteux. Or, l'exigence de réduire les
coûts s'impose partout. Le prix d'acquisition des armes devient
dorénavant un critère de choix déterminant. Les
États-Unis ont indiqué qu'il en serait ainsi pour le choix de
leur futur avion de combat le Joint Strike fighter (JSF) qui doit être
produit à 3.000 exemplaires pour les seuls besoins
américains.
M. Maurice Blin
a exprimé son inquiétude pour
GIAT-Industries et la Direction des constructions navales. Depuis 1996,
GIAT-Industries a bénéficié de recapitalisations d'un
montant de 17,4 milliards de francs. Mais dans quelles conditions la
société pourra-t-elle exporter le char Leclerc en Arabie
Saoudite ? La production d'armes légères et de munitions est
soumise à une concurrence redoutable. Il semble, par ailleurs, que la
société ne soit pas véritablement associée au
projet de fabrication du " véhicule blindé de combat de
l'infanterie " (VBCI) qui devrait pourtant représenter un chiffre
d'affaires, en Europe, de 90 milliards de francs. L'entente avec la
société britannique Vickers paraît sans lendemain, celle-ci
étant sur le point de se rapprocher d'entreprises sud-africaine et
suisse. Le char Leclerc est soumis à la concurrence du char britannique
Challenger et surtout à celle du char allemand Léopard II.
Ainsi, la société GIAT-Industries est non seulement en situation
difficile mais risque d'être bientôt isolée.
En ce qui concerne la Direction des constructions navales, ni la qualité
de son personnel, ni ses compétences ne sont en cause, mais le
coût de ses fournitures est trop élevé. Le ministre de la
défense s'est engagé dans une réforme de cette direction,
mais il n'est pas certain que sa transformation en " service à
compétence nationale " puisse conduire à une
véritable amélioration. Un rapport de M. Jean-Yves Le Drian,
député de Lorient, met en relief les insuffisances de cette
réforme. La constitution d'un " établissement public
à caractère industriel et commercial " qui aurait
noué des liens avec Thomson-CSF semble préférable à
ce parlementaire.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a déclaré que
les choix de l'industrie britannique seraient déterminants pour l'avenir
de l'industrie d'armement européenne. En effet, celle-ci a des
intérêts à la fois aux États-Unis et en Europe.
A l'issue de cet exposé, et en raison des insuffisances et des
incertitudes touchant le projet de budget de la défense pour 2000,
M.
Maurice Blin
a recommandé, avec regret, le rejet des titres V et VI.
M. François Trucy, rapporteur spécial des crédits du
titre III,
s'est interrogé sur la proposition d'un
député de renoncer à la construction du quatrième
sous-marin nucléaire lanceur d'engins au profit d'un second
porte-avions. Il s'est demandé si le titre V n'était pas devenu
purement et simplement la " variable d'ajustement " du budget de la
défense pour permettre notamment de financer le coût des
opérations extérieures. Il en veut pour preuve les gels et les
annulations de crédits, qui ne portent que sur le titre V.
M. Denis Badré
a indiqué qu'il partageait les conclusions
de M. Maurice Blin, rapporteur spécial. Il s'est demandé s'il
était possible d'établir une relation entre un sous-marin
nucléaire lanceur d'engins et un porte-avions. Il a estimé qu'il
était nécessaire d'approfondir la question du second
porte-avions. Il a regretté que pour appliquer une loi de programmation
qui donne priorité à la mission de projection,
c'est-à-dire au renseignement et aux transports, aucun financement
véritable de ces deux domaines ne figure dans la loi de finances. Il a
également fait observer que la diminution des crédits de
recherche militaire ne serait pas sans conséquences sur les
progrès scientifiques à venir. Il s'est interrogé sur la
possibilité de préparer une véritable Europe de
défense alors que les programmes aussi importants que Horus,
Trimilsatcom et Horizon n'ont pu être conduits à terme. Il a enfin
demandé quel était le coût des opérations du Kosovo.
M. André Vallet
a fait part de ses observations sur une
" journée d'appel à la préparation de
défense " à laquelle il a participé. Il y a
rencontré des jeunes gens pour qui une telle journée ne
paraissait présenter aucun intérêt et des officiers, requis
un samedi, qui paraissaient très désabusés par l'auditoire
auquel ils s'adressaient. Il lui est apparu que cette journée
était un gâchis et a demandé à en connaître le
coût.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a souhaité connaître les
conséquences de la réduction de plus de trois milliards de francs
des crédits d'équipement des armées. Elle a demandé
également quel était le degré de réalisation du
programme d'élimination des mines antipersonnel : quel est
notamment le nombre de mines antipersonnel qui restent à
éliminer, quels crédits sont consacrés à cette
opération, ces crédits incluent-ils l'aide qui doit être
apportée aux pays devant mener des actions de déminage ?
En réponse à M. François Trucy,
M. Maurice Blin,
rapporteur spécial,
a indiqué qu'il n'y avait guère de
points de comparaison entre le sous-marin nucléaire lanceur d'engins et
un porte-avions si ce n'est, approximativement, un coût comparable. Il a
confirmé que le titre V était effectivement devenu la
" variable d'ajustement " du budget de la défense et, donc, du
budget général.
En réponse à Mme Marie-Claude Beaudeau,
M. Maurice Blin
a
précisé que les réductions de crédits avaient pour
conséquence des retards dans la conduite des programmes, ou même
des abandons de programmes. Dans ces conditions, elles ne sont pas sans
conséquences sur l'emploi dans l'industrie d'armement.
En réponse à M. Denis Badré,
M. Maurice Blin
a
confirmé que la mission de projection ne pouvait être correctement
remplie sans moyens de renseignement ni de transports adaptés. Il a
également précisé que les crédits de défense
des États-Unis étaient deux fois supérieurs à
l'ensemble des crédits de défense européens. Or, aux
États-Unis, les crédits de recherche sont proportionnellement
plus importants qu'en Europe. Le risque est donc très important que ne
se creuse un véritable fossé dans l'évolution des forces
entre les deux rives de l'Atlantique.
En réponse à M. André Vallet, le rapporteur
spécial
a indiqué qu'il était effectivement
nécessaire de dresser un premier bilan des journées d'appel de
préparation à la défense. Il lui a semblé difficile
de retenir l'intérêt des jeunes gens pendant toute une
journée s'ils n'ont pas reçu préalablement une longue
préparation à l'école dans ce domaine.
A Mme Marie-Claude Beaudeau, il
a indiqué qu'il rassemblerait les
données relatives à la destruction des mines antipersonnel.
A l'issue de ces examens, la commission a décidé de proposer au
Sénat de
rejeter les crédits de la Défense (articles 40
et 41 du projet de loi de finances pour 2000).
Réunie le
jeudi 4 novembre 1999
, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président
, la commission a décidé de
proposer au Sénat
le rejet des crédits de la défense
(dépenses en capital) ainsi que de l'article 41 du projet de loi de
finances pour 2000.