Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 18 - Emploi et solidarité : I. - Emploi
OSTERMANN (Joseph), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 18 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 212 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE -
CHAPITRE DEUX
LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI -
CHAPITRE TROIS
LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT À LA FORMATION PROFESSIONNELLE -
CHAPITRE QUATRE
L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES -
CHAPITRE CINQ
LA PROMOTION DE L'EMPLOI
ET LES ADAPTATIONS ÉCONOMIQUES -
CHAPITRE SIX
LE FINANCEMENT DU RETRAIT D'ACTIVITÉ ET LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE CHÔMAGE - ARTICLE 70 RATTACHÉ
- MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 18
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
I
.
- EMPLOI
Rapporteur spécial
: M. Joseph OSTERMANN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Votre
rapporteur spécial est amené à formuler
trois
principales observations
sur le budget de l'emploi pour 2000.
A
-
L'EXÉCUTION DU BUDGET DE L'EMPLOI RÉVÈLE
DE NOMBREUSES IMPERFECTIONS
Votre rapporteur spécial rappelle que la Cour des comptes a
présenté, dans son rapport sur l'exécution des lois de
finances pour 1998, sa première monographie consacrée au budget
de l'emploi, dont il convient de relever les principales conclusions.
Le budget de l'emploi est désormais le deuxième budget civil
de l'Etat
, après celui de l'enseignement scolaire. Ses dotations ont
progressé de plus de 36 % depuis 1994
, et même de 51 % si
on y associe le chapitre 44-75 du budget des charges communes (" Mesures
diverses en faveur de l'emploi ").
Les dotations de ce chapitre
(20,4 milliards de francs en 1994 mais 43 milliards de francs en 1998)
ont
néanmoins été intégrées au fascicule
budgétaire de l'emploi par la loi de finances initiale pour 1999
, ce
dont il convient de se féliciter.
D'une manière générale, le budget de l'emploi est
soumis à une inertie qui en rend la réorientation difficile.
La Cour des comptes se montre assez sévère sur
l'effort de
maîtrise des dotations budgétaires, qualifié
d'
" insuffisant "
.
Elle conclut sur ce point que s'est affirmée constamment
" une
sorte de dialectique entre l'enregistrement obligé des charges
liées aux dispositifs existants ou aux nouvelles interventions mises en
place, et la recherche d'économies, par la suppression ou le recadrage
de certains dispositifs ".
Elle ajoute
toutefois :
" toutes les mesures d'économies
prévues ne sont pas nécessairement entrées en
vigueur "
, tandis que d'autres
" n'ont pu être mises en
oeuvre que de façon différée ".
Cette analyse conforte celle développée par votre rapporteur
spécial lors de l'examen du budget de l'emploi pour 1999. Il avait en
effet souligné, à cette occasion, le financement des
priorités gouvernementales par la réalisation d'économies
significatives, pour un montant de 11 milliards de francs,
baptisées, pour la circonstance, " recentrages ".
Par ailleurs, la Cour des comptes a fait un ensemble d'observations relatives
aux modifications intervenues en cours de gestion.
Elle constate notamment que le budget de l'emploi subit de fréquentes
adaptations, suite à l'intervention de décrets d'avance. En
outre, le budget de l'emploi fait l'objet d'ouvertures de crédits
très importantes par voie de fonds de concours.
Elle considère que le budget de l'emploi fait l'objet de
" marges de gestion non négligeables "
: le
principe de la spécialité budgétaire est affecté
par ce phénomène,
l'assouplissement de la
spécialité des crédits élargissant les marges de
manoeuvre des gestionnaires.
La Cour des comptes estime que les résultats d'exécution sont
biaisés par des défauts d'ordre méthodologique.
Elle considère notamment que
la nomenclature budgétaire
ordinaire nuit au suivi des crédits de l'emploi et se
révèle insuffisante pour décrire correctement la politique
de l'emploi.
Elle conclut que
" le budget de l'Etat ne retrace qu'une partie des
financements publics de la politique de l'emploi et de la formation
professionnelle ".
Au regard de ces observations, votre rapporteur spécial estime que des
choix opérés par le projet de budget de l'emploi pour 2000 sont
contestables.
C'est le cas, par exemple, de la création de 130 emplois. Le
gouvernement indique
1(
*
)
que ces créations
d'emplois interviendront
" particulièrement dans les sections
d'inspection du travail, fortement mobilisées par la mise en oeuvre du
dispositif d'aménagement et de réduction du temps de
travail ".
Or, le Sénat a déjà manifesté son
hostilité au caractère autoritaire du dispositif de
réduction du temps de travail présenté par le
gouvernement.
D'autre part, les effectifs budgétaires du ministère seraient
portés à 10.115 en 2000, soit une augmentation des emplois de 5,4
% depuis 1997.
Or,
la Cour des comptes s'est montrée très critique sur la gestion
des emplois par le ministère de l'emploi et de la solidarité.
Dans une lettre datée du 28 juillet 1998 et adressée à la
ministre de l'emploi et de la solidarité, le Premier président de
la Cour des comptes écrivait :
" la Cour a
relevé que les effectifs dont disposait le ministère
étaient éloignés des prévisions et autorisations de
la loi de finances initiale ".
Il poursuivait :
" La
description des effectifs qui figure en loi de finances initiale, seule
information dont dispose la représentation nationale en la
matière, ne correspond pas à la réalité ".
Puis il concluait :
" Une amélioration de la gestion
prévisionnelle des effectifs est indispensable ".
Mais dans ce contexte, la création de nouveaux emplois paraît
donc inopportune.
B -
LE COÛT CROISSANT DES EMPLOIS JEUNES
Les emplois jeunes constituent l'une des deux priorités du gouvernement
en matière d'emploi, avec la réduction du temps de travail. Il
s'agit en effet pour lui de
" faciliter le retour à l'emploi des
populations les plus fragiles, notamment grâce aux emplois
jeunes ".
Or, cette priorité est extrêmement coûteuse, et son
coût croît régulièrement chaque année.
Le chapitre 44-01 Programme " nouveaux services - nouveaux emplois "
du budget de l'emploi comporte, pour 2000, des crédits à hauteur
de
21,34 milliards de francs
, soit une
augmentation de 53,3 %
par
rapport à 1999 (13,92 milliards de francs).
Les mesures nouvelles inscrites au projet de budget pour 2000 au titre des
emplois jeunes s'élèvent à 7,46 milliards de francs :
4,38 milliards de francs au titre de l'ajustement des crédits aux
besoins, et 3,08 milliards de francs pour le financement des entrées
nouvelles.
L'objectif que s'est fixé le gouvernement en matière d'emplois
jeunes est la création de 60.908 emplois en 2000, soit un total de
300.000 emplois créés. A terme, le nombre total d'emplois jeunes
devrait s'élever à 350.000, soit un
coût en année
pleine de 33,25 milliards de francs
2(
*
)
pour
le seul budget de l'emploi.
En effet, le budget de l'emploi ne regroupe pas l'ensemble des
crédits destinés au financement de ce dispositif.
En effet, les 65.000 emplois jeunes recrutés par l'éducation
nationale comme aides éducateurs, et les 20.000 jeunes embauchés
par le ministère de l'intérieur comme adjoints de
sécurité sont financés, respectivement, par le budget de
l'enseignement scolaire à hauteur de 1,1 milliard de francs et par le
budget de la sécurité pour 698,8 millions de francs.
Par ailleurs, l'outre-mer bénéficie de 11.000 emplois jeunes,
dont 3.000 créations d'emplois en 2000, pour des crédits
s'établissant à 795,5 millions de francs.
Le coût total des emplois jeunes en 2000 s'élève donc
à 23,93 milliards de francs.
Votre rapporteur spécial rappelle que ce dispositif consiste à
créer des emplois dans le secteur non marchand de manière
artificielle. Il s'agit même d'un succédané d'emplois
publics, leur contrat ne devant durer que trois ans : le travail
précaire dans le secteur public ou parapublic s'en trouve
accentué.
Par ailleurs, l'avenir de la grande majorité des jeunes
embauchés dans le cadre de ce dispositif est très incertain.
Du reste, la Commission européenne exprime son scepticisme sur la
pertinence de ce dispositif, que la France a présenté comme
" bonne pratique " au titre de la mise en oeuvre de son plan national
d'action pour l'emploi (PNAE). Elle écrit dans son rapport sur l'emploi
1999 que les emplois jeunes
" ont contribué au recul du
chômage des jeunes en 1998 "
, mais que
" la survie de
ces postes, une fois qu'aura pris fin le soutien financier des pouvoirs
publics, dépendra de la capacité du programme à
générer des emplois économiquement viables ".
Votre rapporteur spécial doute de cette capacité, et estime
qu'
il est à craindre qu'une part importante d'entre eux
intègre définitivement la fonction publique
, ce qui ne peut
qu'accroître les effectifs des fonctionnaires et, par conséquent,
les dépenses du budget général. Par ailleurs, cela ne peut
qu'accroître la précarité au sein de la fonction publique.
C - LE FINANCEMENT DES 35 HEURES N'EST PAS ASSURÉ
La réduction du temps de travail est l'autre priorité du
gouvernement en matière d'emploi. Il s'agit de
" promouvoir
l'emploi par la réduction négociée du temps de travail et
les allégements de charges sociales ".
Or, seuls 4,3 milliards de francs sont inscrits au budget de l'emploi pour 2000
au titre du passage aux " 35 heures ", alors que son coût est
estimé à 65 milliards de francs pour l'année prochaine.
Votre rapporteur spécial souhaiterait rappeler les modalités du
financement des 35 heures telles qu'elles étaient prévues par le
gouvernement. Dans son projet initial
Elles sont relativement complexes car elles reposent en grande partie sur
les dispositions du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2000, et, surtout, sur un raisonnement postulant le succès
du le passage aux 35 heures, le dispositif s'autofinançant en partie.
Trois éléments sont à distinguer :
- le coût des allégements de charges sociales existants ;
- celui de l'extension des mesures d'allégement ;
- et celui des aides à la réduction du temps de travail
proprement dites.
Ces deux derniers points recouvrent le financement des 35 heures.
•
La création d'un fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale
Afin d'individualiser le coût des allégements, présents et
à venir, des charges sociales, le gouvernement a décidé de
créer, dans le PLFSS pour 2000, un fonds de financement auquel sera
affecté l'ensemble des recettes destinées à financer cette
mesure d'allégement.
Le gouvernement reconnaît ainsi,
implicitement, la pertinence d'une telle disposition en matière de
créations d'emplois.
Les dépenses engagées au titre de la
" ristourne
dégressive " dite Juppé
(allégement de charges
sociales jusqu'à 1,3 SMIC), soit
39,5 milliards de francs
,
seraient ainsi " sorties " du budget de l'emploi et supportées par
le fonds de financement.
Par ailleurs, l'allégement des charges sociales serait étendu
de 1,3 à 1,8 SMIC, soit un coût estimé à
7,5 milliards de francs en 2000.
Cette mesure bénéficierait uniquement aux entreprises
passées aux 35 heures
, les autres continuant à
bénéficier de la " ristourne Juppé "
jusqu'à 1,3 SMIC.
Pour l'année 2000, le coût total des allégements de
charges sociales, supporté par le nouveau fonds, devrait donc
s'établir à 47 milliards de francs.
Cette mesure sera financée, en partie, par un
transfert de ressources
de l'Etat au fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales de sécurité sociale
.
La plus grande part, soit 39,5 milliards de francs, des 46,2 milliards de
francs attendus par l'Etat en 2000 au titre du droit de consommation sur les
tabacs manufacturés sera affectée au fonds de financement, afin
de financer la " ristourne Juppé ".
Une autre partie du produit du droit de consommation sur les tabacs sera
affecté, d'une part, à la caisse nationale d'assurance maladie,
à hauteur de 3,5 milliards de francs, afin de compenser la perte
des cotisations d'assurance personnelle précédemment
versées par les départements et l'Etat et supprimées par
la loi créant la couverture maladie universelle, et, d'autre part, au
fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de
l'amiante créé par la loi de financement de la
sécurité sociale, pour un montant de 200 millions de
francs.
D'une manière générale, les mesures d'allégements
de charges sociales devraient être favorables à l'emploi,
puisqu'elles élargissent la zone de dégressivité de
l'allégement sur les bas salaires et transposent, sous la forme d'un
allégement général, l'idée de la franchise de
cotisations.
Il apparaît cependant que le financement de ces mesures n'est que
partiel.
En effet, l'affectation de 39,5 milliards de francs sera insuffisante, le
coût de l'ensemble de ces allégements de charges sociales
s'établissant à 47 milliards de francs en 2000.
La différence, soit 7,5 milliards de francs, ne pourra être
financée que par la
création de deux nouveaux
prélèvements
:
-
en premier lieu,
l'" écotaxe "
,
c'est-à-dire l'extension, en 2000, de l'assiette de la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP) aux
granulats, aux phosphates et aux produits phytosanitaires (puis à la
consommation d'énergie en 2001), serait à la charge des
entreprises et devrait engendrer un produit fiscal estimé à 3,2
milliards de francs en 2000 ;
- en second lieu,
une contribution sociale, au taux de 3,3 %, sur les
bénéfices des sociétés réalisant plus de 50
millions de francs de chiffre d'affaires
viendrait prendre le relais de la
surtaxe temporaire sur les bénéfices des sociétés
instaurée en 1997, et devrait rapporter 4,3 milliards de francs - cela
maintiendrait l'imposition des bénéfices des
sociétés à un haut niveau.
Le total de ces recettes nouvelles, affectées au fonds de compensation
des exonérations de charges sociales servirait à financer
l'extension de l'allégement des charges sociales de 1,3 à 1,8
SMIC, réservée aux seules entreprises qui passent aux 35 heures.
A terme, c'est-à-dire à partir de 2002, ces recettes devraient
s'établir à 25 milliards de francs, soit 12,5 milliards de francs
pour chacune des deux impositions.
•
Un financement en grande partie incertain
L'aide incitative à la réduction du temps de travail
- aide
pérenne et générale, appelée
aide
structurelle
- prendrait, quant à elle, la forme d'un
allégement des cotisations patronales de 4.000 francs par salarié
et par an, et
sera réservée, ici encore, aux entreprises
passées aux 35 heures
: son coût est évalué
à
17,5 milliards de francs en 2000, mais à 40 milliards de
francs en 2002.
Le financement de l'aide structurelle serait assuré
de deux
manières :
-
par
une dotation budgétaire
de 4,3 milliards
de francs
, qui est inscrite au budget de l'emploi pour 2000, et qui peut
être considérée comme une subvention de l'Etat au fonds de
compensation des exonérations de charges sociales (par ailleurs, 2,5
milliards de francs sont destinés aux aides incitatives à la
réduction du temps de travail dans le cadre de la loi Robien mais n'ont
pas vocation à être intégrés dans le nouveau
fonds
3(
*
)
) ;
- par une mise à contribution des
organismes de protection
sociale, évaluée entre 13,5 et 15,5 milliards de
francs
: l'UNEDIC pour un montant compris d'environ 8 milliards de
francs (les négociations sont en cours), et les caisses de
sécurité sociale à hauteur de 5,5 milliards de francs.
Le gouvernement argue en effet que, en raison des moindres dépenses et
des suppléments de recettes résultant, pour les régimes
sociaux, des créations d'emplois engendrées par la
réduction du temps de travail, les organismes de protection sociale
doivent participer au financement des 35 heures. Le gouvernement parle du
" recyclage " des économies de la sécurité
sociale.
Or, ce " recyclage ", parfois aussi appelé
" autofinancement ", est particulièrement hasardeux : il
constitue un véritable pari, reposant sur le présupposé
d'une corrélation quasi mécanique et proportionnelle entre
réduction du temps de travail et créations d'emplois.
En tout état de cause, les partenaires sociaux sont opposés
à cette formule, que notre commission avait critiquée dans le
rapport relatif au débat d'orientation budgétaire, la qualifiant
d' " usine à gaz ", et qui est contraire aux dispositions
de la loi Veil du 25 juillet 1994 selon laquelle tout allégement de
cotisations sociales décidé par l'Etat doit être
intégralement compensé.
Elle porte aussi atteinte à l'autonomie des organismes de protection
sociale, gérés par les partenaires sociaux sur une base paritaire.
En outre, si les 35 heures créaient réellement de nombreux
emplois, l'amélioration des comptes sociaux devrait se traduire, non par
un prélèvement, mais par une
baisse du taux des cotisations
sociales.
Enfin, il convient de rappeler que
l'équilibre des comptes sociaux
est très précaire
, la CNAM étant même
déficitaire en 1999 (- 12,1 milliards de francs) et devant l'être
encore en 2000 (- 3,7 milliards de francs).
Le caractère hasardeux de ce mode de financement ne se pose donc pas
tant pour 2000 que pour les années suivantes.
La contribution des
organismes sociaux pourrait ne plus être supportable, qui plus est si les
35 heures ne créent pas d'emplois à la hauteur des
espérances du gouvernement et des complexes mécanismes financiers
qu'il a échafaudés. Il n'y aurait pas, dès lors,
d'économies à " recycler ".
Le gouvernement n'a donc
pas assuré le financement
ex ante
d'une mesure qu'il a pourtant
imposée de manière autoritaire, tant aux entreprises qu'aux
partenaires sociaux.
Le 25 octobre 1999, le gouvernement a annoncé qu'il renonçait
finalement à imposer aux partenaires sociaux de contribuer au
financement des 35 heures. Il a préféré faire financer une
partie de son dispositif de réduction du temps de travail par le produit
de la taxation des heures supplémentaires ainsi que par l'affectation au
fonds de financement créé par le PLFSS pour 2000 des droits
pesant sur les alcools, aujourd'hui affectés au fonds de
solidarité vieillesse et à la CNAMTS.
"
L'usine à gaz
" s'est transformée en "
bricolage
".
Selon une étude conjointe de l'Insee, de la DARES
4(
*
)
et de la Direction de la prévision du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, seuls
7 % environ des emplois créés entre juin 1997 et
juin 1999 sont dus à la réduction du temps de travail.
Les allégements de charge, préconisés par notre commission
sont donc plus efficaces que les 35 heures en terme de créations
d'emplois.
Le financement des 35 heures n'est donc pas seulement incertain, il est
aussi potentiellement dangereux pour l'équilibre de la
sécurité sociale et des comptes sociaux.
La réduction " négociée " du temps de travail a
été proposée par la France comme sa seconde " bonne
pratique " dans le cadre de son PNAE.
La Commission européenne se montre très réservée.
Elle note en effet :
" Pour mesurer les retombées de la
réduction du temps de travail sur l'emploi, il faut enregistrer les
créations et les pertes d'emplois entraînées par la
réorganisation des entreprises. Le résultat net dépendra
principalement de l'évolution des salaires et des gains de
productivité et ne deviendra donc visible qu'à moyen terme. Il
convient en outre de tenir compte du coût budgétaire des emplois
créés ou préservés ".
Quant au FMI, il écrit, à propos de notre pays :
" Des politiques contestables, telles que des réductions
statutaires du temps de travail, doivent être mises en oeuvre avec
souplesse si elles ne peuvent être évitées ".
AVANT-PROPOS
Dans
le projet de loi de finances pour 2000
, les crédits du
ministère de l'emploi s'élèvent à
122,06
milliards de francs
. Ils s'établissaient à
162,05 milliards de francs en 1999.
La baisse
apparente
des crédits est donc de 24,68 %, en
diminution de près de 40 milliards de francs.
Toutefois, il convient de préciser, dès à présent,
que
le financement de la ristourne générale sur les bas
salaires, dite " ristourne Juppé ", n'est plus inscrit au
budget de l'emploi dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les
dépenses engagées à ce titre, soit
39,49 milliards de
francs
, seront en effet prises en charge par
le fonds de financement de
la réforme des cotisations patronales de sécurité
sociale
créé par l'article 2 du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 2000. Une part du droit de
consommation sur les tabacs manufacturés sera affectée à
ce nouveau fonds pour assurer, à même hauteur, le financement de
la " ristourne dégressive ".
La nomenclature budgétaire subit ainsi une seconde modification
très importante en deux ans. En effet, les crédits concernant des
" mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation
professionnelle ", qui étaient inscrits au budget des charges
communes pour un montant de 43 milliards de francs en 1998, avaient
été intégrés au sein du budget de l'emploi en 1999.
Toutefois, à périmètre constant, le budget de l'emploi
croît de 2,3 % par rapport à 1999.
Il s'agit donc d'un
budget prioritaire, les dépenses du budget général
augmentant, en moyenne, de 0,9 %.
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE
I. L'EXÉCUTION DU BUDGET DE L'EMPLOI (1994-1998)
Le
rapport de la Cour des comptes relatif à l'exécution des lois de
finances pour 1998 contient la
première monographie consacrée
au budget de l'emploi.
La Cour relève que
le budget de l'emploi est le deuxième
budget civil de l'Etat
, après celui de l'enseignement scolaire, et
observe que, depuis 1994, il a connu une croissance considérable de ses
dotations : + 36,2 %, et même + 51 % si on y
associe le chapitre 44-75 du budget des charges communes (" Mesures
diverses en faveur de l'emploi ").
Les dotations de ce chapitre ont
néanmoins été intégrées au fascicule
budgétaire de l'emploi dans la loi de finances initiale pour 1999.
Il convient toutefois de préciser que la Cour appelle
" budget
consolidé de l'emploi "
l'ensemble constitué par le
budget de l'emploi proprement dit et le chapitre 44-75 du budget des charges
communes.
La monographie sur le budget de l'emploi donne à la Cour des comptes
l'occasion de faire un certain nombre de remarques et d'observations qui
peuvent être analysées en
cinq points.
A. DES CRÉDITS DE L'EMPLOI EN FORTE AUGMENTATION
Les
crédits inscrits sur ce fascicule s'établissaient, en 1998,
à 112,6 milliards de francs. Le titre III a, en comparaison de
l'ensemble du budget, évolué modérément
(2,06 % en moyenne annuelle). Toutefois, les crédits alloués
à l'ANPE ont fortement cru, de 17 % entre 1993 et 1998.
Le titre IV a, lui, connu une évolution beaucoup plus importante,
puisqu'il a progressé de 39,3 % entre 1994 et 1998. Les
crédits de la 4
ème
partie de ce titre
(" Action économique ") sont à l'origine de cette forte
croissance : ils sont passés de 42,8 à 69,5 milliards
de francs.
B. UN BUDGET DE L'EMPLOI BIS ?
Le
chapitre 44-75 du budget des charges communes a été doté
de montants considérables en loi de finances initiale, souvent largement
complétés par les lois de finances rectificatives et des
décrets d'avance.
Les dotations sont passées de 20,4 à 43 milliards de francs
de 1994 à 1998. Elles ont été -rappelons-le-
intégrées au budget de l'emploi en 1999.
C. UN EFFORT DE MAÎTRISE DES DOTATIONS INSUFFISANT
La Cour
estime que
" l'élaboration des lois de finances montre un effort
pour maîtriser la croissance des dotations, effort d'une ampleur
insuffisante par rapport à la tendance constatée "
,
ajoutant que cet effort s'est principalement manifesté dans la
révision des services votés figurant dans le projet de loi de
finances.
En 1998, les mesures d'ajustement ont été négatives de
4,5 milliards de francs, les réductions l'emportant largement sur
les ajustements positifs.
Les principales
réductions de crédits
ont porté
sur :
- les contrats initiative emploi (CIE), pour 4.801 millions de
francs ;
- les dispositifs en faveur des retraits d'activité -allocations
spéciales du FNE et préretraites progressives- pour un montant de
1.786 millions de francs ;
- la suppression des emplois de ville, soit 430 millions de francs.
Parmi les
majorations de crédits
, figuraient notamment :
- une forte augmentation des dotations destinées au dispositif
d'incitation à la réduction du temps de travail (loi de Robien),
pour 1.323,5 millions de francs ;
- et l'inscription d'une dotation de 708 millions de francs pour la
subvention à l'association pour la gestion de la structure
financière.
Les
moyens nouveaux
étaient particulièrement
élevés (10,7 milliards de francs) :
- 8,35 milliards pour le programme en faveur de l'emploi des jeunes,
financé en 1997 par décret d'avance ;
- la revalorisation, à hauteur de 539,7 millions de francs, de
l'allocation spécifique de solidarité (ASS) ;
- les crédits destinés aux stages de chômeurs de
longue durée, majorés de 571,7 millions de francs pour
l'ouverture de 30.000 places supplémentaires en stage d'initiation
et de formation à l'emploi (SIFE) ;
- 200 millions de francs pour un nouveau dispositif d'encouragement
au développement d'entreprises nouvelles par les jeunes.
La
révision des services votés
ne s'élevait, en
1998, qu'à 1,3 milliard de francs, soit le montant le plus faible
sur la période examinée :
- les dispositifs de retrait d'activité font l'objet d'une
révision entraînant une réduction de crédits de
388,8 millions de francs ;
- la suppression des emplois de ville engendre une économie de
183,3 millions de francs ;
- la suppression de l'exonération de cotisations sociales en faveur
des travailleurs indépendants créant ou reprenant une
activité se traduit par un allégement de charges de
243 millions de francs ;
- un financement à concurrence de 400 millions de francs par
voie de fonds de concours des primes d'apprentissage était initialement
prévu : cette opération a été
réalisée en cours d'année, mais dans des conditions
différentes, par un prélèvement de 500 millions de
francs sur les fonds de l'AGEFAL, institué par voie législative.
La Cour conclut que, sur les quatre années sous revue, s'est
affirmée constamment
" une sorte de dialectique entre
l'enregistrement obligé des charges liées aux dispositifs
existants ou aux nouvelles interventions mises en place, et la recherche
d'économies, par la suppression ou le recadrage de certains
dispositifs ".
Mais elle ajoute :
" toutes les mesures
d'économies prévues ne sont pas nécessairement
entrées en vigueur "
, tandis que d'autres
" n'ont pu
être mises en oeuvre que de façon
différée ".
D. DE NOMBREUSES MODIFICATIONS INTERVENUES EN COURS DE GESTION
La Cour
des comptes a fait un ensemble d'observations relatives aux modifications
intervenues en cours de gestion.
Elle constate de
fréquentes adaptations du budget de l'emploi par des
décrets d'avance.
Les crédits ouverts ont notamment
concerné des dispositifs nouveaux, à deux reprises : le
financement des emplois de ville en 1996, pour 200 millions de francs, et
celui des emplois jeunes en 1997, pour 2 milliards de francs.
Elle observe que les annulations de crédits ont relativement
épargné les moyens d'intervention, le budget consolidé de
l'emploi bénéficiant d'une sorte de
" sanctuarisation ".
Surtout, la Cour relève que
" le budget de l'emploi compte
parmi les budgets faisant l'objet des ouvertures de crédits par voie de
fonds de concours les plus importantes ".
Deux sources sont
principalement à l'origine des rattachements : les concours du
fonds social européen, et la contribution des entreprises aux
dispositifs de retrait d'activité. Ainsi, entre 1994 et 1998, les
majorations d'autorisations budgétaires par fonds de concours ont-elles
augmenté de 47,2 %, cette progression étant due, pour
l'essentiel, à celle des concours du FSE. Ces derniers alimentent
directement les programmes financés sur le budget de l'emploi, à
hauteur d'environ un milliard de francs.
La Cour note également des
modifications de la répartition des
crédits
tenant largement à la
" dissociation entre le
budget de l'emploi et le budget des charges communes ".
L'année 1998 a été marquée par une rupture dans
l'évolution de la contribution nette du budget consolidé de
l'emploi aux autres budgets avec une forte croissance de cette contribution,
passée à 4,2 milliards de francs. Cette évolution
provient essentiellement du budget de l'emploi proprement-dit, en raison du
programme en faveur de l'emploi des jeunes, à l'origine d'importantes
répartitions vers l'enseignement scolaire et l'intérieur.
En outre, la Cour constate de
nombreux mouvements de crédits, dans
les deux sens, entre le budget du ministère de l'emploi et le
chapitre 44-75 du budget des charges communes.
Ces mouvements
compliquent inutilement la gestion des crédits. Elle se félicite,
dès lors, de la suppression du chapitre 44-75 en 1999, et de
l'inscription des dotations correspondantes sur le budget de l'emploi,
considérant qu'il s'agit d'
" une simplification
appréciable au dispositif budgétaire de l'emploi ".
La Cour des comptes relève également des
taux de reports
considérables sur l'ensemble de la période
, notamment en ce
qui concerne les dépenses en capital. Elle estime qu'il faut y voir
" une difficulté manifeste à consommer les dotations
ouvertes ".
Enfin, la Cour considère que le budget de l'emploi fait l'objet de
" marges de gestion non négligeables ".
Elle
observe que des modifications de la sous-répartition des crédits
en cours d'exécution ont été très importantes sur
certains chapitres, notamment les chapitres 44-74 " Fonds national pour
l'emploi " et 44-78 " Exonérations de cotisations sociales en
faveur de l'emploi ".
Elle estime que
le principe de la spécialité budgétaire
lui-même est affecté par ce phénomène,
l'assouplissement de la spécialité des crédits
élargissant les marges de manoeuvre des gestionnaires.
Ces derniers
bénéficient également de
" la surabondance de
certaines dotations "
, notamment celles destinées aux contrats
initiative-emploi (CIE) et aux dispositifs de préretraite.
E. DES RÉSULTATS D'EXÉCUTION BIAISÉS PAR DES DÉFAUTS MÉTHODOLOGIQUES
Selon la
Cour, l'analyse des résultats d'exécution du budget de l'emploi
impose de
prendre des précautions d'ordre méthodologique.
D'une part, la nomenclature budgétaire ordinaire doit être
dépassée.
La cour observe que
" le budget de
l'emploi, pour ce qui est des interventions, manque de
lisibilité "
: quelques grands chapitres sont
gérés comme de larges enveloppes de crédits dont la
ventilation est donnée à titre indicatif dans les fascicules
budgétaires annexés au projet de loi de finances initial. Cette
situation ne peut que nuire à la clarté et au suivi des
crédits de l'emploi.
Elle ajoute que la portée essentiellement juridique de la nomenclature
budgétaire traditionnelle explique l'
insuffisance
de cette
dernière
à décrire correctement la politique de
l'emploi.
Elle estime donc nécessaire, pour apprécier
l'évolution des dépenses de ce budget sur plusieurs
années, de les regrouper selon la nomenclature par agrégats, qui
constitue, selon elle,
" le cadre nature pour le rapprochement des
prévisions et des résultats ".
D'autre part, il conviendrait d'améliorer la portée des
dépenses budgétaires.
La Cour constate que
" le plus souvent, la dépense
constatée en matière d'interventions pour l'emploi n'est pas la
dépense finale et ne rend pas compte du coût budgétaire des
actions menées au cours de l'exercice ".
Il conviendrait, selon elle, de distinguer trois notions ayant une incidence
budgétaire distincte : la déconcentration des
crédits, la déconcentration de la décision, et la
délégation à des organismes tiers de gestion de certaines
procédures. La mise en relation des dépenses budgétaires
et des résultats physiques doit donc être entreprise avec de
grandes précautions. La Cour note en effet :
" Il est
notamment malaisé de déterminer avec précision, pour
chaque dispositif, le coût unitaire des mesures individuelles pour l'Etat
à partir des seules données budgétaires ".
La Cour des comptes tire
trois conclusions
de son examen des
crédits de l'emploi :
- le budget de l'Etat ne retrace qu'une partie des financements publics de
la politique de l'emploi et de la formation professionnelle ;
- le budget de l'emploi est soumis à une inertie qui en rend la
réorientation difficile ;
- toutefois, les dépenses d'intervention en matière d'emploi
traduisent de nouvelles priorités : l'allégement du
coût du travail et la prise en charge des cotisations sociales sur les
bas salaires par l'Etat, des mesures en faveur des jeunes et la
réduction du temps de travail.
II. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE POUR 2000
Les
crédits du ministère de l'emploi s'établissent, pour 2000,
à 122,06 milliards de francs, soit une progression de 2,3 %
par rapport à 1999, à structure constante.
Les dépenses du budget de l'emploi sont à hauteur de 8,1 %
consacrées aux moyens de fonctionnement, et de 91,4 % aux
dépenses d'intervention. Le montant des dépenses en capital n'est
que de 561,78 millions de francs, soit 0,5 % de l'ensemble des
crédits.
Le titre III
comporte l'essentiel
des moyens de gestion de
la politique de l'emploi
: il s'agit des crédits de
fonctionnement du ministère du travail et de l'Agence nationale pour
l'emploi, qui s'élèvent à 9,95 milliards de francs.
Le titre IV
regroupe les crédits du ministère
consacrés aux
mesures pour l'emploi,
qu'il s'agisse de la
formation professionnelle, de l'insertion des jeunes, des aides
apportées aux publics en difficulté ou de la lutte contre le
chômage. Ces crédits s'établissent à
111,54 milliards de francs.
Le titre V
retrace les investissements pris directement en
charge par l'Etat. La dépense concerne presque exclusivement les
services déconcentrés. 74,3 millions de francs sont inscrits
sur ce titre.
Le titre VI
retrace les subventions d'investissement
accordées dans le cadre des contrats de plan Etat-régions, ainsi
qu'à l'AFPA
5(
*
)
et à
l'ANPE
6(
*
)
soit 487,48 millions de francs.
III. LA CONJONCTURE ET L'INTERVENTION DE L'ÉTAT EXPLIQUENT L'AMÉLIORATION DE LA SITUATION DE L'EMPLOI
A. L'AMÉLIORATION DE LA SITUATION DU MARCHÉ DU TRAVAIL
En
termes quantitatifs, l'amélioration de la situation de l'emploi est
indéniable, et votre rapporteur spécial s'en réjouit.
Selon une étude récente de l'INSEE
7(
*
)
, le nombre de chômeurs a diminué de
302.000 personnes en deux ans, depuis juin 1997. Selon la
définition du BIT
8(
*
)
, la France comptait
2.932.000 chômeurs en juin 1999, soit un taux de chômage de
11,3 % de la population active. Les chiffres du mois de septembre font
même état d'un taux de chômage de 11,1 %.
La croissance de l'emploi a débuté au milieu de l'année
1996, s'est amplifiée à la fin de l'année 1997 et s'est
poursuivie en 1998, cette année ayant vu la création de
372.000 emplois. L'emploi a progressé de 1 %, soit
134.000 créations, au cours du premier semestre 1999.
Toutefois, cette amélioration de la situation de l'emploi
résulte, en grande partie, d'une conjoncture économique
favorable, et de l'intervention de l'Etat sur le marché du travail, par
la création d'emplois non marchands.
B. UNE SITUATION QUI DEMEURE PRÉOCCUPANTE
En
réalité, la situation de l'emploi, en France, demeure
préoccupante, pour au moins trois raisons principales.
D'abord, les créations d'emplois non marchands sont nombreuses, en
raison de l'objectif que s'est fixé le gouvernement de recruter,
à terme, 350.000 emplois jeunes, le financement de
300.000 contrats étant d'ores et déjà prévu
pour 2000. Un tel dispositif ne peut, bien-sûr, que contribuer à
améliorer l'emploi des jeunes, traditionnellement plus touchés
par le chômage.
En second lieu, il existe des catégories particulièrement
fragiles, qui bénéficient de la bonne conjoncture
économique, mais dans une mesure moindre que l'ensemble de la population
active. Les jeunes, les salariés de plus de 50 ans, les chômeurs
de longue durée, ou les salariés les moins qualifiés
restent plus fragiles sur le marché du travail.
Ainsi, une récente enquête de l'INSEE a montré que les
inégalités continuaient de s'accroître, alors que le
phénomène bien connu aux Etats-Unis sous le nom de " working
poors ", des personnes vivant en état de pauvreté alors
qu'elles travaillent, prend de l'ampleur en France.
Enfin, et surtout, les " bons " chiffres de l'emploi mis en avant
avec insistance par le gouvernement doivent être relativisés au
regard des comparaisons internationales.
Alors que, selon l'OCDE, la France, en 1999, devrait afficher un taux de
chômage de 11,3 % sur l'ensemble de l'année, ce taux
s'établit à 10,1 % dans l'ensemble de l'Union
européenne, à 9,5 % dans l'ensemble des pays européens de
l'OCDE et à 7,1 % pour l'OCDE dans son ensemble. Quant aux Etats-Unis,
leur taux de chômage devrait s'élever à 4,2 %.
Le tableau ci-dessous montre, du reste, que le chômage n'est pas un
phénomène européen. Le Royaume-Uni devrait avoir un taux
de chômage de 6,7 % en 1999, et les Pays-Bas de 3,9 %.
Le graphique ci-dessous montre que la situation de la France, comparée au plan international, devrait perdurer en 2000.
Un autre
élément suscite l'interrogation de votre rapporteur.
Les chiffres du chômage reposent sur l'exploitation des statistiques
relatives aux demandeurs d'emploi des catégories 1 (personne sans
emploi, immédiatement disponible, qui recherche effectivement un emploi
à durée indéterminée à plein temps) et 6
(demandeur d'emploi exerçant une activité occasionnelle ou
réduite de plus de 78 heures dans le mois).
Il faut espérer que certains demandeurs d'emploi ne sont pas
" sortis " des catégories 1 et 6 et reclassés dans les
autres catégories (ce sont les radiations des fichiers de l'ANPE), afin
de pouvoir afficher des statistiques de l'emploi flatteuses.
C. UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI INAPPROPRIÉE
L'appréciation de la situation de l'emploi en France ne
saurait être, et n'est d'ailleurs pas, seulement nationale. Des
organisations internationales sont amenées, chaque année,
à analyser ou à émettre un avis sur la politique de
l'emploi conduite dans notre pays. Or, ces analyses ou avis sont loin
d'être toujours flatteuses.
C'est le cas des institutions de l'Union européenne.
La Commission européenne a adopté, en septembre 1999, le
Rapport conjoint sur l'emploi 1999
, qui repose sur une analyse des
rapports de mise en oeuvre des plans d'action nationaux 1998 soumis par les
Etats membres et des mesures prises au niveau national pour la mise en oeuvre
des lignes directrices pour l'emploi de 1999. Il s'agit, par conséquent,
de la
première évaluation des résultats obtenus dans le
cadre de chaque plan d'action national.
Le rapport comporte deux parties : la première offre une vue
d'ensemble comparative des résultats des Etats membres en matière
d'emploi ; la seconde présente la situation de l'emploi dans chacun
des Etats membres de l'Union européenne.
La Commission européenne a ainsi établi les grandes lignes de
l'emploi en Europe, dont l'évolution est favorable.
Elle estime notamment que
" les résultats de l'Union
européenne dans son ensemble en matière d'emplois
s'améliorent, mais les progrès sont variables suivant les Etats
membres ".
En effet, en 1998, l'UE a atteint un taux de croissance de
2,9 % et engendré 1,8 million d'emplois. Pour la
première fois depuis 1990, l'emploi a progressé dans tous les
Etats membres,
" bien que cette augmentation ait été
pratiquement négligeable en Allemagne ".
La croissance de
l'emploi dans l'UE s'est ainsi accompagnée d'une diminution constante du
chômage qui est tombé à 9,9 % de la main-d'oeuvre en
1998, cette tendance se poursuivant en 1999.
Toutefois, la Commission européenne se montre assez critique sur
plusieurs aspects des politiques de l'emploi.
Elle souligne notamment que
" d'importants défis structurels
persistent sur les marchés du travail des Etats membres ".
Le
taux d'emploi dans l'Union reste faible : avec 61 %, il accuse
toujours un retard considérable par rapport à celui de nos
principaux partenaires commerciaux, les Etats-Unis et le Japon, le faible taux
d'activité concernant en particulier les femmes jeunes et les personnes
d'un certain âge. Quant au chômage de longue durée, il
" reste un problème persistant et grave, qui touche
5,2 millions de personnes en 1998 ".
La Commission formule d'autres critiques, en particulier : la lenteur de
la réforme des systèmes d'indemnisation du chômage,
l'absence d'objectifs et le manque de précision des initiatives visant
à améliorer l'esprit d'entreprise.
La France ne se situe pas parmi les Etats européens ayant accompli le
plus de progrès en matière d'emploi, en dépit d'un
contexte économique très favorable.
La Commission européenne formule un
avis passable
sur la
politique française de l'emploi
, dans les termes suivants :
" Le net décollage de la croissance économique
observé en 1997 s'est poursuivi en 1998, avec une hausse du PIB de
3,2 % et une forte croissance de l'emploi atteignant 1,3 %. Bien
qu'ayant augmenté, le taux d'emploi, à 60,8 %, reste en
dessous de la moyenne de l'UE. Les taux d'emploi des travailleurs les plus
âgés sont toujours particulièrement faibles. Le
chômage (11,7 % en 1998) diminue, mais continue de dépasser
la moyenne de l'UE. A 5,1 %, le chômage de longue durée reste
élevé. Le chômage des jeunes a reculé, mais le
passage de l'école au monde du travail demeure difficile.
Le plan d'action national français de 1999 poursuit et renforce la
stratégie conçue en 1998. Il vise à augmenter le potentiel
de croissance, à renforcer l'intensité d'emploi de la croissance
et à faire profiter toute la population des bénéfices de
celle-ci. Cependant, sur de nombreux sujets problématiques, tels que la
participation des catégories les plus âgées, seule une
première ébauche d'action a été entreprise et les
mesures adoptées pour renverser la tendance anticipée ne sont pas
encore suffisantes. Enfin, les problèmes rencontrés par les
jeunes devraient être abordés de manière plus
efficace ".
En clair, la croissance a été insuffisamment mise à
profit pour réduire le chômage en France.
En outre, la Commission européenne se montre sceptique sur la pertinence
des " bonnes pratiques " proposées par la France
au titre
de la mise en oeuvre de son plan d'action national, à savoir la
réduction négociée du temps de travail et la programme
" Nouveaux services - emplois jeunes ".
En ce qui concerne les " 35 heures ", la Commission note :
" Pour mesurer les retombées de la réduction du temps de
travail sur l'emploi, il faut enregistrer les créations et les pertes
d'emplois entraînées par la réorganisation des entreprises.
le résultat net dépendra principalement de l'évolution des
salaires et des gains de productivité et ne deviendra donc visible
qu'à moyen terme. Il convient en outre de tenir compte du coût
budgétaire des emplois créés ou
préservés ".
Du reste, l'amélioration de la situation de l'emploi en Europe
infirme la thèse du gouvernement français selon laquelle la
réduction du temps de travail serait déterminante dans l'embellie
du marché de l'emploi, notre pays étant le seul à
emprunter cette voie.
S'agissant des emplois jeunes, elle estime qu'ils
" ont
contribué au recul du chômage des jeunes en 1998 "
, mais
que
" la survie de ces postes, une fois qu'aura pris fin le soutien
financier des pouvoirs publics, dépendra de la capacité du
programme à générer des emplois économiquement
viables ".
Le marché du travail au Royaume-Uni
Au
Royaume-Uni, le taux d'activité des personnes de 16 ans ou plus est
sensiblement plus élevé qu'en France (63 % contre
56 %). Le taux de chômage y est au contraire plus bas
(respectivement 7 % et 12 %). 49 % des personnes en France (y
compris les militaires du contingent) et 58 % au Royaume-Uni (où la
conscription n'existe pas) ont un emploi.
Avec, en toile de fond ces trois données, une étude de l'INSEE
souligne que le temps partiel est
" beaucoup plus
répandu "
au Royaume-Uni qu'en France, mais il y est davantage
la conséquence d'un choix que d'une contrainte.
Le temps partiel est pratiqué au Royaume-Uni par
" une personne
sur quatre ayant un emploi, contre une sur six en France "
, souligne
l'institut dans un numéro d'
INSEE Première
intitulé
Le marché du travail en France et au Royaume-Uni.
La
différence est forte pour les jeunes (32 % des jeunes actifs de
moins de 25 ans ayant un emploi travaillent à temps partiel au
Royaume-Uni contre 24 % en France) mais l'est plus encore chez les
personnes proches de la retraite (32 % des actifs occupés de plus
de 50 ans au Royaume-Uni contre 18 % en France).
" Dans un
pays comme dans l'autre "
, poursuit l'INSEE,
" les femmes,
quel que soit leur âge, demeurent les plus concernées ".
" Une grande partie des actifs qui travaillent à temps partiel
au Royaume-Uni trouve peut-être dans cette forme d'emploi un moyen de
concilier vie professionnelle et vie privée. De fait, une
minorité occupe un tel emploi faute d'en avoir trouvé à
temps complet "
constate l'étude. Alors que le temps partiel
est plus répandu au Royaume-Uni, la proportion des personnes ainsi
employées, faute d'avoir obtenu un travail à temps complet, y est
beaucoup plus faible : 12 % des personnes à temps partiel
contre 31 % en France. Dans l'ensemble de la population ayant un emploi,
la proportion de personnes occupées à temps partiel à
défaut d'un temps complet est plus élevée en France :
5,1 % contre 3,1 % au Royaume-Uni. Quant au temps partiel
correspondant au souhait de la personne ou à une impossibilité
personnelle de travailler à temps complet, il est beaucoup plus
répandu au Royaume-Uni. En particulier, 41 % des femmes
britanniques exercent ce type de temps partiel contre 22 % en France.
" Contrairement à ce qui se passe en France, le
taux de
chômage des femmes au Royaume-Uni est moins fort que celui des
hommes
, et cela, quel que soit l'âge "
, note l'institut.
" On peut tenter d'expliquer cette spécificité par
différentes raisons telles que le système d'inscription au
chômage et de son indemnisation en vigueur au Royaume-Uni, mais aussi la
possibilité de trouver plus facilement un emploi par le biais du
temps partiel "
, poursuit l'étude.
" En effet, la
pratique du temps partiel - particulièrement répandue chez les
femmes - pourrait
faciliter le passage de l'inactivité à
l'emploi "
. La nature de l'emploi recherché par les
chômeurs tend à confirmer cette dernière
hypothèse.
Pour obtenir un emploi, les chômeurs britanniques
focalisent moins leurs recherches exclusivement sur un travail à temps
complet.
Ainsi, seulement 17,5 % de ces chômeurs recherchent
uniquement un travail à temps complet (30,1 % des Français)
et 13,9 % souhaitent exercer exclusivement un travail à temps
partiel (contre 5,6 % des Français). Mais, qu'ils soient
britanniques ou français, environ les deux tiers des chômeurs sont
prêts à abandonner leurs exigences pour occuper un emploi, le plus
souvent en s'orientant vers le temps partiel. Celui-ci semble ainsi
représenter une
alternative pour sortir du chômage
, estime
l'INSEE.
Au
Royaume-Uni, l'emploi est moins concentré sur la tranche
d'âge 25-54 ans
: 73 % des actifs occupés se situent dans
cette tranche d'âge contre 84 % en France.
" Il y a
,à la fois,
plus de jeunes ayant un emploi et plus de personnes de
55 ans ou plus qui continuent à travailler "
, note
l'INSEE.
La séparation entre le monde du travail et celui des
études apparaît par ailleurs plus nette en France qu'en
Grande-Bretagne
. Les Britannique qui suivent des études sont
davantage présents sur le marché du travail que leurs homologues
français. Il y a, au Royaume-Uni, à la fois davantage de
personnes qui poursuivent des études initiales tout en travaillant, et
davantage de personnes qui reprennent des études ou une formation ont un
emploi, contre 6 % en France.
Autre caractéristique : au
Royaume-Uni, les inactifs à la
marge de l'activité sont beaucoup plus nombreux qu'en France.
Les
inactifs forment un groupe assez hétérogène qui comprend
des étudiants, des retraités et des femmes au foyer, etc.
Au
Royaume-Uni comme en France, la majorité des inactifs (respectivement
85 % et 96 %) ne souhaitent ni ne recherchent un emploi.
Les
autres inactifs (2.558.000 au Royaume-Uni et 843.000 en France
) se
trouvent en
marge de l'activité,
soit parce qu'ils cherchent ou
souhaitent un emploi mais ne sont pas disponibles
,
soit parce qu'ils
souhaitent travailler, sont disponibles, mais ne cherchent pas d'emploi.
L'étude note que
les inactifs à la marge de l'activité,
disponibles et souhaitant un emploi mais n'en recherchant pas pour des raisons
personnelles ou liées à leur appréciation du marché
du travail, sont six fois plus nombreux au Royaume-Uni qu'en France
.
CHAPITRE DEUX
LA GESTION DE LA POLITIQUE DE
L'EMPLOI
Cet
agrégat regroupe les moyens de fonctionnement du ministère de
l'emploi, la subvention versée à des organismes qui concourent au
service public de l'emploi, celle versée à divers organismes
d'étude et de recherche, ainsi que les moyens d'intervention de la
politique des relations du travail.
Les crédits relatifs à la gestion de la politique de l'emploi
s'élèvent à
15,22 milliards de francs, en
progression de 7,1 %
par rapport à 1999. Ils
représentent 12,5 % de l'ensemble des dépenses du budget.
I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les dépenses de personnel du ministère (administration centrale et services déconcentrés) évoluent en 2000 de la façon suivante :
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Rémunérations |
1 752,8 |
1 870,9 |
+ 6,7 % |
Pensions |
415,9 |
420,1 |
+ 1,0 % |
Charges sociales |
194,2 |
202,4 |
+ 4,2 % |
Total |
2 362,9 |
2 493,4 |
+ 5,5 % |
La
progression de 6,7% des rémunérations d'activité
correspond pour l'essentiel à :
-
la création nette de 130 emplois
, contre 315 en
1999
- pour un effectif total de 9.985 emplois budgétaires
au 31 décembre 1999 - ; celle-ci représente un
coût budgétaire de 26,7 millions de francs et se décompose
principalement comme suit :
13 emplois à l'administration centrale ;
117 emplois au sein des services déconcentrés du
ministère pour faire face aux charges imposées par les
priorités du gouvernement, notamment en matière de
réduction de la durée du travail : 15 inspecteurs du
travail, 5 directeurs adjoints, 88 contrôleurs, 7 agents
contractuels, et 2 médecins.
- des mesures statutaires prises au titre de la mise en oeuvre du plan de
résorption de l'emploi précaire, qui se traduisent par un
coût supplémentaire d'environ 15 millions de francs ;
- la transformation de 640 emplois pour un coût total de 5,7
millions de francs ;
- une provision de 5 millions de francs dans le cadre de la réforme
du statut de l'inspection du travail et de la création d'un statut
d'emploi de directeur départemental ;
- une revalorisation indemnitaire à hauteur de 26,9 millions de
francs ;
- un abondement à hauteur de 10 millions de francs des
crédits de remboursement de personnel mis à disposition par
d'autres administrations ;
- l'extension en année pleine des mesures de revalorisation des
rémunérations publiques décidées en 1999.
II. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT
Les dépenses de matériel et
fonctionnement
des services
progressent de 2,7 % et atteignent 508,1 millions de
francs. Il convient de préciser qu'une mesure nouvelle de 56,8 millions
de francs est consacrée aux dépenses d'informatique et de
télématique.
Les crédits d'équipement
passent de 75 millions
de francs à 74,3 millions de francs, soit une baisse d'à
peine 1 %. L'essentiel des crédits, soit 68,4 millions de francs,
est consacré à l'entretien, la rénovation et l'extension
des locaux des services déconcentrés.
III. LES SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
A. L'AGENCE NATIONALE POUR L'EMPLOI
1. Le 3ème contrat de progrès
Les deux
premiers contrats de progrès conclus entre l'ANPE et l'Etat ont
été axés sur la qualité de l'accueil des demandeurs
d'emploi et le renforcement de sa présence sur le marché des
recrutements. La mission de service public de l'ANPE a été
renforcée. Le second contrat de progrès a notamment permis de
clarifier les relations avec les ASSEDIC auprès desquelles
s'opère l'inscription tandis que l'ANPE se concentre sur son
métier : l'emploi.
Le troisième contrat de progrès porte sur les années 1999
à 2003. Son ambition est de renforcer la qualité des services
rendus aux demandeurs d'emploi et aux entreprises, et de poursuivre la
modernisation de l'agence. Il vise également à accroître
ses moyens afin de lui permettre de remplir les objectifs fixés par le
plan national d'action pour l'emploi (PNAE) adopté par le gouvernement
en avril 1998.
Le
contenu du troisième contrat de progrès entre l'Etat et l'Agence
nationale pour l'emploi
(1999-2003) - Les grands axes
1) Prévenir et réduire le chômage de
longue
durée
2) Faciliter les recrutements
3) " Globaliser " les moyens de lutte contre le chômage
4) Travailler en complémentarité avec l'AFPA
5) Développer les services à distance et de proximité
6) Moderniser l'Agence
2. Les crédits pour 2000
Pour 2000, la subvention de fonctionnement augmente de 10,3 % pour s'établir à 6.357,85 millions de francs et accompagner ainsi le Plan national d'action pour l'emploi présenté à la suite du conseil de Luxembourg du 21 novembre 1997 9( * ) , ainsi que l'application de la loi contre les exclusions. Cela se traduit par l'extension en année pleine de mesures décidées en 1999, notamment la création de 500 emplois (+ 138,7 millions de francs), et par des mesures nouvelles à hauteur de 303,5 millions de francs, dont 70 millions de francs au titre de la création de 500 emplois supplémentaires.
B. LES AUTRES ORGANISMES
Les subventions aux autres organismes évoluent de la manière suivante :
Évolution des crédits aux autres organismes
|
En millions de francs |
1999/1998 |
Centre d'études de l'emploi |
34,1 |
+ 1,85 % |
Centre d'études et de recherches sur les qualifications |
|
|
Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail |
|
|
Office de protection contre les rayonnements ionisants |
|
|
Autres |
12 |
- |
TOTAL |
156 |
+ 18,09 % |
La très forte augmentation des crédits de l'OPRI correspond, à hauteur de 21,8 millions de francs, à la mise en place d'un nouveau système de dosimètrie (mesure de radioactivité des personnels soumis aux radiations des installations nucléaires civiles).
C. L'ASSOCIATION POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES ADULTES (AFPA)
La
contribution de l'Etat versée à l'AFPA représente
4.693,6 millions de francs, en progression de 5,4 % par rapport
à 1999. La subvention de fonctionnement augmente de 5 %, pour
s'établir à 4.334,9 millions de francs, et les moyens en
capital qui s'élèvent à 358,7 millions de francs
progressent de 10,7 %. L'augmentation de ces moyens s'inscrit dans le
contrat de progrès signé avec l'Etat.
Dans le cadre du contrat de progrès, les liens avec l'ANPE ont
été renforcés, celle-ci se concentrant sur l'information
des demandeurs d'emploi.
CHAPITRE TROIS
LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT
À LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Les
crédits relatifs à la formation professionnelle
s'élèvent à
26 milliards de francs
, en
diminution de 1,6 %
par rapport à 1999. Ils
représentent 21,3 % de l'ensemble des dépenses de ce budget.
Cet agrégat regroupe l'ensemble des crédits destinés aux
actions de soutien à la formation professionnelle : formation en
alternance, actions de formation à la charge de l'Etat, et dotation
globale de décentralisation.
I. LA FORMATION EN ALTERNANCE
Les crédits alloués à la formation en alternance passent de 12,6 milliards de francs en 1999 à 12,2 milliards de francs en 2000 , soit une diminution de 3,2 %.
A. LES CONTRATS D'APPRENTISSAGE
En
matière de contrats d'apprentissage, l'Etat compense auprès des
régimes sociaux l'exonération des cotisations salariales et
patronales assises sur les rémunérations des apprentis. En outre,
dans le cadre de la loi du 6 mai 1996, l'Etat verse à l'entreprise une
aide à l'embauche, ainsi qu'une indemnité de soutien à la
formation (de 10.000 francs pour les apprentis de moins de 18 ans, et de
12.000 francs pour les apprentis de plus de 18 ans).
En 1999, l'aide à l'embauche a été
" recentrée " sur les publics de niveau de formation
correspondant au BEP ou au CAP. Votre commission s'était opposée
à l'adoption de cette disposition qui excluait un grand nombre
d'apprentis des dispositifs de la formation professionnelle.
Les crédits affectés aux contrats d'apprentissage
s'établissent à
8,83 milliards de francs
(4,11
milliards de francs pour les primes, et 4,72 milliards de francs au titre
de l'exonération de cotisations sociales), soit une
diminution de 4,5
% par rapport à 1999.
Cette limitation des crédits entraîne une diminution des
entrées en stage, le gouvernement surévaluant les chiffres
prévisionnels. En 1998, la loi de finances initiale avait
évalué à 240.000 le nombre de nouveaux contrats, mais
218.000 ont été réalisés. En 1999, la
prévision portait sur 230.000 nouveaux contrats : elle est revue
à la baisse, soit 220.000, dans le projet de loi de finances pour 2000.
Le chiffre de 220.000 est également retenu pour 2000 : il
paraît également surévalué compte tenu de la
réduction des crédits.
B. LES CONTRATS DE QUALIFICATION - JEUNES
L'aide
de l'Etat à la formation en alternance dans le cadre des contrats de
qualification - qui s'effectuent à l'école et dans l'entreprise
et doit mener à une qualification reconnue - prend la forme
d'exonération de charges sociales aux entreprises : la dotation
prévue pour 2000 s'établit à
2,66 milliards de
francs
, soit une
augmentation de près de 2 %.
Le nombre
d'entrées prévu est de 125.000 en 2000, pour 120.000 en 1999.
La dotation pour les primes de qualification est de
233 millions de
francs
, soit une diminution de 32 %.
C. LES CONTRATS DE QUALIFICATION - ADULTES
Le
contrat de qualification destiné aux adultes a été
institué par la loi de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998.
Il est destiné aux adultes de plus de 25 ans au chômage depuis
plus de 6 mois.
Les crédits destinés à ce dispositif
s'élèvent à 516 millions de francs, 396 millions de francs
au titre de l'exonération de cotisations sociales, et 120 millions
de francs pour le financement de primes, soit une progression de plus de 48 %.
Il convient toutefois de rappeler que, lors de l'examen du projet de loi, le
gouvernement entendait consacrer à ce dispositif près de 1,5
milliard de francs en 2000. 15.000 entrées sont prévues
l'année prochaine.
II. LA FORMATION DES SALARIÉS PRISE EN CHARGE PAR L'ÉTAT
Les crédits consacrés aux actions de formation à la charge de l'Etat représentent 5.931,3 millions de francs en 2000, contre 5.995,1 millions de francs en 1999 (- 1,06 %).
A. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Elles baissent de 7,1 % pour s'établir à 1.239,3 millions de francs en 2000.
1. La politique contractuelle
Les
crédits passent de 335,125 millions de francs en 1999 à
335 millions de francs en 2000, soit une légère diminution
de 0,04 %.
Cette politique repose notamment sur les accords d'engagement de
développement de la formation professionnelle, négociés
entre l'Etat et les organisations professionnelles, afin d'appuyer les plans
d'adaptation aux mutations technologiques.
2. Les contrats de plan Etat-régions (CPER)
Le
contenu du volet formation professionnelle de la nouvelle
génération de contrats de plan Etat-régions (2000-2006)
sont encore en cours de négociation entre l'Etat et les régions.
Ils comportent traditionnellement des actions conjointes en fonctionnement et
en investissement.
Les crédits inscrits en 2000 s'élèvent à 397
millions de francs, soit une diminution de 2,07 %.
3. Les autres dispositifs
Il
s'agit de formations financées par le fonds de la formation
professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS), destinées, soit
à des publics défavorisés, soit à développer
la promotion sociale au sein des entreprises, ou d'aides versées
à des organismes de formation ou d'information sur la formation.
Ces crédits diminuent de 14,6 % et représentent
507,32 millions de francs.
Il convient de préciser que les dépenses en faveur des actions
catégorielles (en faveur des illettrés, détenus et
réfugiés) s'établissent à 119 millions de
francs, en progression de 19,4 %.
B. LES DÉPENSES DE RÉMUNÉRATION
Les
dépenses de rémunération regroupent :
- la rémunération des stagiaires de l'AFPA : 1 milliard
de francs (+ 11,1 %) ;
- la rémunération des stagiaires relevant du programme
national de formation professionnelle, et des actions en faveur des jeunes de
Mayotte et de Corse, qui restent à la charge de l'Etat : 926
millions de francs pour le premier (+ 0,27 %), et 13,25 millions de francs pour
les secondes (comme en 1999) ;
- le versement à l'UNEDIC au titre de l'allocation de
formation-reclassement (AFR), destinée à assurer la
rémunération des demandeurs d'emploi entrant en formation :
2,54 milliards de francs (- 6,4 %).
C. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Il s'agit des dotations en capital du programme national de formation professionnelle et de celles figurant dans les contrats de plan Etat-régions : 105,63 millions de francs (- 2,4 %).
III. LES DOTATIONS DE DÉCENTRALISATION
L'ensemble des crédits destinés à la dotation de décentralisation relative à la formation professionnelle et à l'apprentissage s'élève à 7.937,6 millions de francs en 2000, contre 7.872,94 millions de francs en 1999, soit une progression de 0,8 %.
A. L'APPLICATION DE LA LOI DU 7 JANVIER 1983
Cette
loi, complétée par celle du 23 juillet 1987 portant
réforme de l'apprentissage, transfère aux régions la
compétence de droit commun en matière de formation
professionnelle continue et d'apprentissage, et vise par ailleurs à
compenser l'allongement de la durée des formations en centre de
formation des apprentis.
Les crédits s'élèvent à 3.352,8 millions de
francs, dont 107,9 millions de francs au titre de la loi du 23 juillet
1987.
B. LA LOI QUINQUENNALE DU 20 DÉCEMBRE 1993
Cette
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle pose le principe de la décentralisation des
actions de type qualifiant pour les jeunes de 16 à 25 ans, à
compter du 1
er
juillet 1994.
Elle comporte une dotation globale calculée à partir des
dépenses des régions au titre du fonctionnement des actions de la
rémunération des stagiaires, et des frais de gestion des
conventions. Cette dotation représente 1.862,3 millions de francs
en 2000. Elle est complétée par une enveloppe de
rééquilibrage géographique versée sur des
critères d'aménagement du territoire pour compenser les
coûts supplémentaires des actions de formation en milieu rural.
Son montant est de 56 millions de francs en 2000.
C. LA DÉCENTRALISATION DES AUTRES ACTIONS
Depuis
le 1
er
janvier 1999, toutes les actions pré-qualifiantes, de
mobilisation ainsi que les mesures d'accompagnement sont
décentralisées aux régions. Entre 1994 et 1999, les
crédits avaient fait l'objet de délégations de
compétence qui permettaient aux régions d'anticiper ainsi sur ce
mouvement de décentralisation.
Les crédits représentent 2.665 millions de francs, dont
1.364,5 millions de francs au titre des dépenses de fonctionnement
et 1.300,5 millions de francs pour les rémunérations.
Depuis le 1
er
janvier 1999, l'ensemble du dispositif de formation
continue des jeunes est de la compétence des régions.
Les fonds de la formation professionnelle selon la mission d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée nationale
L'usage
des fonds de la formation professionnelle a fait l'objet d'un examen par la
mission d'évaluation et de contrôle (MEC) de la commission des
finances de l'Assemblée nationale. Cette étude constitue
l'annexe n° 4 du rapport d'information relatant les travaux de la
MEC.
Le rapporteur, M. Jacques Barrot, insiste sur la grande complexité des
dispositifs de la formation professionnelle, en raison d'une
" inflation normative "
dans ce domaine, mais aussi d'une
intervention d'acteurs multiples et peu coordonnés. L'Etat, dont le
rôle de financeur est considérable, intervient également
à travers l'AFPA, dont la MEC a mis en exergue le contraste existant
entre l'importance des moyens et la faiblesse relative des résultats.
L'Etat exerce également un contrôle sur le respect, par les
entreprises, de l'obligation légale du financement de la formation
professionnelle et la gestion des organismes collecteurs et des organismes
dispensateurs de formation ; ce contrôle est toutefois
considéré comme " insuffisant ". Par ailleurs, les
partenaires sociaux et les régions, depuis 1983, exercent aussi des
responsabilités en matière de formation professionnelle.
La complexité des dispositifs est accentuée par une
répartition peu cohérente des tâches, en ce qui concerne la
prise en charge de l'établissement des bilans de compétence, de
l'orientation et de la formation proprement dite, l'autonomie des ASSEDIC et
l'insuffisante collaboration entre l'ANPE et l'AFPA ne concourant pas à
une clarification du système. De même, il existe une distinction
entre les financeurs, les prescripteurs et les prestataires de formation, qui
entretiennent pourtant des relations prenant la forme de cofinancements et de
transferts financiers.
Le rapport note que, si l'efficacité du dispositif de collecte des fonds
s'est améliorée, en raison de la mutualisation des
excédents financiers ou de la trésorerie des organismes
collecteurs mais aussi de leur meilleure gestion, la qualité des
formations délivrées est encore insuffisamment
contrôlée. C'est le cas, par exemple, du dispositif du
congé individuel de formation (CIF).
Dès lors, le rapport estime que le ratio coût/efficacité du
système de formation professionnelle doit être
amélioré, et suggère trois voies :
- accroître l'efficacité de l'AFPA, grâce à un
système comptable plus opérationnel et à un meilleur suivi
des stagiaires ;
- renforcer le contrôle de l'Etat sur les organismes partiaires
collecteurs agréés, tout en développant le
paritarisme ;
- prendre en compte l'aspect qualitatif des formations, en
privilégiant le rôle des partenaires sociaux.
CHAPITRE QUATRE
L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR
DES PUBLICS PRIORITAIRES
Cet
agrégat regroupe les actions consacrées à l'insertion
professionnelle spécifique en faveur des jeunes, des publics en
difficulté et des travailleurs handicapés.
L'ensemble des crédits alloués à ces actions
s'élève à
52,78 milliards de francs
, en
progression de 7,6 %
par rapport à 1999. Ils
représentent
43,25 % de l'ensemble des dépenses du budget
de l'emploi.
I. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES JEUNES
Ces crédits s'établissent à 21,93 milliards de francs, soit une augmentation de 52,3 % par rapport à 1999. Ils correspondent pour l'essentiel à la mise en place des emplois jeunes, qui sont à l'origine d'une progression considérable et régulière des dépenses : l'année dernière, ils avaient entraîné une hausse de 71,5 % des crédits de cet agrégat.
A. LE RÉSEAU D'ACCUEIL ET TRACE10( * )
Le
réseau d'accueil des jeunes est composé des missions locales et
des permanences accueil-information-orientation (PAIO). Il est chargé de
définir et de mettre en oeuvre des parcours personnalisés
d'insertion au profit des jeunes en difficulté sociale ou
professionnelle.
Les subventions versées par l'Etat aux missions locales et PAIO
diminuent en 2000 de 5,9 %, et s'établissent à
392 millions de francs
en raison du renforcement du réseau
d'accueil des jeunes.
Le programme TRACE, mis en place par la loi du 29 juillet 1998 de lutte contre
les exclusions, est un programme d'accompagnement personnalisé vers
l'emploi d'une durée maximum de 18 mois en faveur des jeunes
confrontés à de graves difficultés sociales ou familiales
ou d'accès à l'emploi, jeunes sortis du système
éducatif sans diplôme ou qualification (niveaux VI et V bis). La
réalisation du programme est confiée aux missions locales et PAIO
ainsi qu'à des opérateurs externes. Les crédits inscrits
pour 2000 s'élèvent à 102,1 millions de francs, dont 32,10
millions de francs en mesures nouvelles incluses dans la subvention
destinée au réseau d'accueil, et 70 millions de francs pour le
paiement des opérateurs externes.
B. LES EMPLOIS-JEUNES
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit l'inscription de
21,34 milliards de francs
correspondant au financement de la loi du
16 octobre 1997, soit une
hausse des crédits de 53,3 %.
L'Etat fournit une aide par emploi égale à 80 % du SMIC
charges sociales comprises - soit 93.840 francs - pour des contrats de
droit privé conclus avec des associations ou des collectivités
locales, en vue de répondre à des besoins non satisfaits ou
émergents.
Cette aide atteint 100 % pour les emplois jeunes recrutés
directement par le ministère de l'éducation nationale, et par
celui de l'intérieur.
Il est prévu la création, dans le secteur non marchand, de
60.908 emplois en 2000, soit un total de 300.000 emplois jeunes en 2000.
L'objectif que s'est fixé le gouvernement est de 350.000 emplois
créés.
Une partie de ceux-ci doit être affectée à la lutte contre
les exclusions (en principe 20 % de ces contrats).
En contrepartie, le dispositif des emplois-ville est progressivement
supprimé : étant considéré comme devant
être absorbé par le dispositif plus général des
emplois jeunes
11(
*
)
, ses crédits sont de
124 millions de francs en 2000, contre 141,2 millions de francs en
1999.
II. LES ACTIONS EN FAVEUR DES PUBLICS EN DIFFICULTÉ
Évolution des crédits
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Contrat retour à l'emploi |
412,5 |
65 |
- 84,2 % |
Programme chômage longue durée |
3.114,5 |
2.861,1 |
- 8,1 % |
FNE cadre |
102 |
81 |
- 20,6 % |
Insertion par l'économie |
746,4 |
910 |
+ 21,9 % |
Contrats
initiative emploi
|
3.498,1
|
2.496,2
|
- 28,6 %
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
9.904 |
9.010,6 |
- 9 % |
Emplois consolidés (CEC) |
5.250 |
5.323,7 |
+ 1,4 % |
Emplois ville |
141,2 |
124 |
- 12,2 % |
TOTAL |
29.170,6 |
25.388,7 |
- 13 % |
A. LE CONTRAT INITIATIVE EMPLOI (CIE)
Le CIE
est un instrument de lutte contre le chômage de longue durée par
la réinsertion dans le secteur marchand. Le dispositif a
été recentré en 1997 sur les publics connaissant les plus
graves difficultés d'accès à l'emploi, et la prime a
été réservée et modulée en fonction des
catégories de publics embauchés.
Ses crédits s'établissent à
7 milliards de francs
,
soit une
diminution de 26,2 %
par rapport à 1999. Ils ne cessent
de diminuer depuis le " recentrage " du dispositif : ils
étaient de 9,5 milliards l'année dernière.
Le montant des primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation
et aide au tutorat) diminue de 28,6 %. 155.000 entrées dans le
dispositif sont prévues pour 2000. Le montant des crédits au
titre de l'exonération des charges patronales de sécurité
sociale diminue de 24,7 % : 4,5 milliards de francs.
A leur création, à partir du 1
er
juillet 1995, les CIE
ont remplacé les contrats de retour à l'emploi. Le solde de ces
contrats continue d'être financé au titre des exonérations
pour un montant de crédits de 65 millions de francs en 2000.
B. LES CONTRATS EMPLOI-SOLIDARITÉ ET EMPLOIS-CONSOLIDÉS : CES ET CEC
Les
CES
sont des contrats à durée déterminée
à mi-temps d'une durée de 3 à 12 mois visant à la
réinsertion de demandeurs d'emploi de longue durée ou de
personnes en difficulté, embauchés pour des activités
répondant à des besoins collectifs non satisfaits par des
collectivités locales ou le secteur privé non lucratif. L'Etat
prend en charge une part importante de la rémunération des
bénéficiaires. En outre, les employeurs bénéficient
d'une exonération de l'ensemble de leurs charges patronales, à
l'exception des cotisations d'assurance chômage.
Ces contrats bénéficient de
9 milliards de francs
en 2000,
soit une
réduction de crédits de 9 %.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit 360.000 CES, soit 50.000
de moins qu'en 1999. 75 % devraient, selon le gouvernement, être
réservés aux publics prioritaires dans le cadre de la loi de
lutte contre les exclusions.
Créés en 1992,
les CEC
étaient mis en place
à l'issue d'un CES. Ce sont des contrats aidés permettant de
pérenniser dans le secteur non marchand la situation des publics les
plus prioritaires issus des CES. Ils bénéficient d'un taux de
prise en charge dégressif sur cinq ans : 60 % la
première année, 20 % la cinquième, dans la limite de
120 % du SMIC.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions du
29 juillet 1998 a fait évoluer ces dispositifs. Désormais,
les CEC ne sont plus réservés aux seuls publics sortant des
CES : ils sont directement accessibles par les publics éligibles
aux CES.
Les crédits des CEC progressent de 1,4 % :
60.000 contrats sont budgétisés en 2000, soit le double de
1998. Toutefois, le nombre de CEC prévus en 1999 est revu à la
baisse : il était de 60.000, il n'est plus que de 50.000.
Ils représentent 5,32 milliards de francs.
C. LES STAGES POUR CHÔMEURS DE LONGUE DURÉE
Il
s'agit principalement des stages d'insertion et de formation à
l'emploi
12(
*
)
qui peuvent être à
accès individuel ou à entrées collectives et sont
destinés aux chômeurs de longue durée ou menacés par
le chômage de longue durée pour lesquels un besoin de formation a
été diagnostiqué.
Le nombre d'entrées dans ces stages a été réduit de
200.000 à 175.000, et les dépenses baissent de 8,1 % pour
s'établir à 2.861,1 millions de francs. Elles se
répartissent entre 1.443,7 millions de francs de dépenses de
fonctionnement et 1.417,3 millions de francs de dépenses de
rémunération.
Les
aides à l'emploi vues par la mission d'évaluation
et de
contrôle de l'Assemblée nationale
La
mission d'évaluation et de contrôle (MEC) mise en place par la
commission des finances de l'Assemblée nationale a étudié
les aides à l'emploi. Ses conclusions ont été
publiées à l'été 1999
13(
*
)
.
Le rapporteur, M. Gérard Bapt, estime que
" l'architecture
d'ensemble des aides apparaît globalement fixé "
, le
bilan coût/efficacité d'un dispositif devant prendre en
considération non seulement l'approche strictement économique,
mais également les aspects sociaux de la mesure.
Chaque pays a mis en oeuvre une politique de l'emploi adaptée à
ses spécificités nationales, la situation de la France
étant marquée par
" une importante dépense de
préretraites et un montant de plus en plus important d'aides à la
création d'emplois "
. Par ailleurs, la dépense pour
l'emploi a constamment augmenté dans notre pays, passant de 0,90 % du
PIB en 1973 à environ 4 % aujourd'hui. Cette tendance
haussière est à l'origine d'une volonté de
réorienter la politique de l'emploi, de manière à la
rendre plus efficace.
Les dispositifs d'aide à l'emploi sont souvent complexes, mais leur
efficacité passe par leur stabilité, la simplification des aides,
et l'octroi d'une certaine latitude de mise en oeuvre aux services locaux. Le
rapport recommande, dès lors, de
" privilégier les
dispositifs anciens, même au prix d'adaptations plutôt que les
dispositifs nouveaux, sauf à procéder par substitution ".
Le rapport insiste sur la difficulté d'apprécier la
dépense pour l'emploi, en raison, notamment, de la coexistence de deux
définitions - celle de l'OCDE et celle de la DARES du ministère
de l'emploi - et sur l'incertitude des résultats des différentes
évaluations entreprises, du fait de l'existence d'effets d'aubaine.
Pour la MEC,
" la création nette d'emplois peut ne pas
constituer l'unique critère d'évaluation d'une aide à
l'emploi "
, l'amélioration de
" l'employabilité " des personnes les plus touchées par
le chômage pouvant constituer l'objectif de certaines mesures
ciblées. Il s'agit donc de définir strictement les publics
cibles : le rapport justifie ainsi le " recentrage " du CIE ou
du CES sur les publics prioritaires.
Le rapport prend clairement position en faveur de l'abaissement du
coût du travail non qualifié comme créateur d'emplois. En
revanche, il reste délibérément muet sur la politique de
réduction du temps de travail imposée par le Gouvernement aux
entreprises.
III. LES ACTIONS EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
En 2000, les crédits consacrés aux travailleurs handicapés progressent de 2,5 %, principalement sous l'effet de la garantie de ressources qui s'établit en 2000 à 5,39 milliards de francs . Cette augmentation correspond à la création de 2.000 places dans les centres d'aide par le travail, et de 500 places en atelier protégé.
CHAPITRE CINQ
LA PROMOTION DE L'EMPLOI
ET LES
ADAPTATIONS ÉCONOMIQUES
Cet
agrégat regroupe les dispositifs d'incitation à la
réduction du temps de travail, les mesures d'allégement du
coût du travail, les dispositifs pour la promotion de l'emploi et
l'accompagnement des restructurations.
Les crédits relatifs à la promotion de l'emploi et aux
adaptations économiques, qui représentent
10,4 % de l'ensemble
du budget de l'emploi
, s'élèvent à
12,72 milliards de francs
, soit une diminution
apparente
de
77 % par rapport à 1999.
Toutefois, les crédits auparavant inscrits à l'article 30 du
chapitre 44-77, alloués, à hauteur de 39,49 milliards de francs,
à la réduction dégressive des cotisations sociales
patronales sur les bas salaires, sont " sortis " du budget de
l'emploi. En effet, le gouvernement a prévu de faire financer la
" ristourne Juppé " par le produit du droit de consommation
sur les tabacs qui serait affecté au fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale
créé par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000.
I. LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
A. LA LOI DU 13 JUIN 1998 (" 35 HEURES ")
La loi
du 13 juin 1998 abaisse la durée légale du travail à 35
heures par semaine au 1
er
janvier 2000 pour les entreprises
employant plus de 20 salariés et au 1
er
janvier 2002
pour les entreprises de 20 salariés au plus.
Le gouvernement a mis en place une incitation financière pour les
entreprises qui négocieront le passage à 35 heures avant le
1
er
janvier 2000, tout en créant ou préservant
des emplois. Cette incitation sera un abattement forfaitaire des cotisations
sociales employeurs : 9.000 francs par salarié d'ici à
la fin 1998, puis 1.000 francs de moins chaque année.
Un nouveau projet de loi - la " seconde loi " - prévoit
d'instituer un dispositif d'allégement pérenne des cotisations
sociales.
Les crédits alloués à la réduction du temps de
travail dans le budget de l'emploi s'élèvent à 4,45
milliards de francs :
4,3 milliards de francs au titre de
l'exonération de cotisations sociales (3,5 milliards en 1999) et 150
millions de francs au titre des aides au conseil accordées pour la
réflexion menée sur la réorganisation du travail (200
millions de francs en 1999).
B. LA LOI DU 11 JUIN 1996 (LOI DE ROBIEN)
Cette loi a été remplacée par la loi du 13 juin 1998. Les crédits afférents pour 2000 s'élèvent cependant à 2,72 milliards de francs, contre 3,05 milliards de francs en 1999, afin d'honorer les conventions conclues antérieurement à l'application de la nouvelle loi, et qui prévoyaient une aide étalée sur sept ans.
II. L'ALLÉGEMENT DU COÛT DU TRAVAIL
Les
crédits consacrés à l'allégement du coût du
travail représentent pour 2000,
3,38 milliards de francs
,
contre 46,05 milliards de francs en 1999 et 3,33 milliards de francs hors
ristourne dégressive, soit une
progression de 1,7 % à
périmètre constant.
III. LA PROMOTION DE L'EMPLOI
Ces crédits représentent 551,4 millions de francs en 2000, soit une diminution de près de 2 %. Ils figurent au chapitre 44-79 et concernent des aides à l'ingénierie ainsi qu'au diagnostic conseil, notamment au titre de l'encouragement au développement d'entreprises.
IV. L'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS
La dotation diminue de 27,7 % et s'établit à 1.406,8 millions de francs pour 2000 : il s'agit de l'aide publique au chômage partiel, des conventions de conversion, de la dotation globale déconcentrée de restructuration et des allocations temporaires dégressives.
CHAPITRE SIX
LE FINANCEMENT DU RETRAIT
D'ACTIVITÉ ET LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE
CHÔMAGE
Cet
agrégat regroupe les dépenses d'indemnisation accordées
dans le cadre des mesures de cessation anticipée d'activité, de
la participation au financement de l'indemnisation chômage et de certains
régimes de retraite. Ces dépenses, qui financent des revenus de
remplacement, s'opposent aux dépenses dites " actives ", qui
visent à soutenir le marché de l'emploi et à
développer les formations professionnelles.
Les crédits s'élèvent à
15,33 milliards de
francs
en 2000, contre 16,84 milliards de francs en 1999, soit une
diminution de 8,98 %
. Ils représentent
12,6 % de l'ensemble
des dépenses du budget de l'emploi
.
I. LES DÉPENSES DE PRÉRETRAITE
Évolution des crédits
(en millions de francs) |
|||
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Les " préretraites " du FNE |
4.844 |
4.150 |
- 14,3 % |
Les " préretraites " progressives |
1.998 |
1.600 |
- 19,9 % |
Mesures particulières |
865,9 |
423,1 |
- 51,1 % |
TOTAL |
7.707,9 |
6.173,1 |
- 19,9 % |
La
contribution de l'Etat au financement des préretraites baisse de plus
d'un milliard de francs, passant de 6,84 milliards de francs à
5,75 milliards de francs en 2000, en
diminution de près de
16 %.
Les préretraites FNE
sont octroyées essentiellement
dans le cadre de plans sociaux, et permettent à leurs
bénéficiaires de percevoir environ 65 % de leur salaire brut
antérieur. Elles sont ouvertes aux salariés de plus de
57 ans, et sont cofinancées par l'Etat et les entreprises. La
diminution des crédits est due à la diminution du nombre
d'entrées (18.000 contre 20.000 ).
Les préretraites progressives
concernent les personnes
de plus de 55 ans acceptant la transformation de leur emploi à temps
plein en emploi à temps partiel. Elles perçoivent alors, outre
leur rémunération au titre de ce temps partiel, une allocation
représentant environ 30 % de leur salaire brut antérieur prise en
charge par l'Etat. En 2000, le nombre de bénéficiaires devrait
diminuer, passant de 18.000 en 1999 à 12.600
14(
*
)
.
Les mesures particulières
: il s'agit de deux
dispositifs en extinction, le premier concerne les préretraites de la
sidérurgie, pour 421,7 millions de francs, le second concerne les
mesures spéciales de retraite anticipée à la SEITA,
à hauteur de 1,36 million de francs.
II. LES DÉPENSES D'INDEMNISATION
L'indemnisation du chômage " de
solidarité "
est assurée par une subvention de l'Etat au fonds de solidarité.
Toute personne justifiant de 5 ans d'activité salariée durant les
10 dernières années, et ayant épuisé ses
droits à indemnisation dans le cadre du régime d'assurance
à l'UNEDIC, perçoit l'allocation de solidarité
spécifique (ASS). Par ailleurs, le fonds de solidarité attribue
également l'allocation d'insertion à certaines catégories
de demandeurs d'emplois qui n'ont pu acquérir des droits d'indemnisation
supérieurs à 3 mois au titre du régime d'assurance
chômage.
L'article 131 de la loi d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions a posé le principe de l'indexation annuelle de ces
allocations sur l'évolution des prix.
Les recettes du fonds de solidarité sont constituées par le
produit de la contribution de solidarité des fonctionnaires, soit 1 % de
leur traitement brut, et par une subvention de l'Etat.
En 2000, cette dernière s'élève à
9.126,3 millions de francs
, en
augmentation de 8,8 %.
En outre, l'Etat verse 28 millions de francs à l'UNEDIC au titre
des allocations complémentaires.
ARTICLE 70 RATTACHÉ
Cet
article tend à centraliser les excédents financiers du capital de
temps de formation au niveau d'une section particulière
créée au sein du fonds national habilité à
gérer les excédents financiers du congé individuel de
formation.
I. LA SITUATION ACTUELLE
A. LE CAPITAL DE TEMPS DE FORMATION
Le capital de temps de formation (CTF) a pour objet de permettre aux
salariés de suivre au cours de leur vie professionnelle, à leur
demande, pendant le temps de travail, des actions de formation prévues
au plan de formation de leur entreprise, dans le but de se perfectionner,
d'élargir ou d'accroître leur qualification.
Sa mise en oeuvre a été confiée aux partenaires sociaux
par la voie d'un accord national interprofessionnel, complété par
des conventions de branche ou des accords professionnels étendus.
Le CTF, proposé par la loi n°93-1313 quinquennale sur l'emploi du
20 décembre 1993, a véritablement été mis en place
dans certaines branches et secteurs professionnels à compter de 1996. En
effet, après la conclusion par les partenaires sociaux, de l'avenant du
5 juillet 1994 à l'accord national interprofessionnel du 3 juillet 1991,
et d'un certain nombre d'accords de branche ou professionnels, la publication
de plusieurs textes, légaux et réglementaires, fut
nécessaire pour sa mise en place effective, en particulier en ce qui
concerne son financement.
L'article 78 de la loi n° 95-116 du 4 février 1995 portant diverses
dispositions d'ordre social a confirmé le principe posé par
l'avenant du 5 juillet 1994, selon lequel
le CTF sera
financé
, par voie d'accords de branche,
sur 50 % au plus de
la participation des entreprises au financement du congé individuel
de
formation (CIF) à hauteur de 0,20 % des salaires
.
Cette disposition a été codifiée au 1° de l'article
L. 951-1 du code du travail.
Les modalités de collecte de la contribution destinée au CTF ont
été déterminées par l'avenant du 18 novembre 1996.
Dans le cadre du financement des actions de formation professionnelle continue,
les entreprises versent à l'organisme paritaire collecteur
agréé (OPCA) de la branche professionnelle concernée,
avant le 1
er
mars de chaque année, la contribution CTF, dont
le montant est égal au plus à 0,10 % des salaires de
l'année de référence.
B. LE FONDS DE GESTION DES EXCÉDENTS FINANCIERS DU CONGÉ
INDIVIDUEL DE FORMATION
L'article L. 931-1 du code du travail définit le congé individuel
de formation (CIF) comme un droit, pour le salarié, de
bénéficier d'une formation au cours de sa vie professionnelle, de
façon indépendante du plan de formation de l'entreprise.
L'employeur ne peut différer qu'une seule fois le CIF, qui se
déroule pendant le temps de travail.
Le CIF est financé par une participation des entreprises égale
à 0,20 % des salaires, versée à un organisme
paritaire agréé par l'Etat au titre du CIF (OPACIF). Un OPACIF a
pour mission statutaire de collecter les contributions des entreprises dues au
28 février de chaque année. Les sommes collectées au titre
du congé individuel de formation s'élèvent à
environ 3 milliards de francs.
Or, par le passé, les OPACIF ont dégagé d'importants
excédents financiers : 3,5 milliards de francs bruts et 1,9
milliard de francs nets en 1995.
C'est pourquoi, l'article 29 de la loi n° 95-1346 de finances pour 1996 a
rendu possible la
mutualisation de ces excédents
, en
créant un
fonds national habilité à gérer les
excédents financiers dont peuvent disposer certains organismes
collecteurs paritaires gérant les contributions des employeurs au
financement du CIF.
La gestion de ce fonds a été
confiée au comité paritaire du congé individuel de
formation (COPACIF), organisme créé en 1982 et investi d'une
mission de coordination en matière de CIF.
Il convient de préciser que le système engendre presque
nécessairement des disponibilités excédentaires.
En effet, un certain temps s'écoule entre le moment de la collecte et
celui où l'OPACIF verse des fonds à un organisme, car la
formation commence généralement plus tard : elle concerne
deux exercices, voire plus. L'OPACIF est cependant amené à
collecter de nouveau, avant d'avoir financé l'ensemble des formations
prévues au titre des exercices précédents.
Toutefois, lors de son audition devant la mission d'évaluation et de
contrôle (MEC) de l'Assemblée nationale sur le sujet des fonds de
la formation professionnelle, M. Gilles Loffredo, directeur
général de l'association pour la gestion des fonds de
l'alternance (AGEFAL) et du COPACIF, déclara :
" les
excédents se régulent, lentement mais sûrement, à la
baisse ".
II. LA MESURE PROPOSÉE PAR LE GOUVERNEMENT
A. LA CENTRALISATION DES EXCÉDENTS FINANCIERS DU CAPITAL DE TEMPS
DE FORMATION
Le présent article propose d'étendre le champ de
compétence du fonds
créé par la loi de finances pour
1996 précitée, et qui, actuellement, gère les
excédents financiers des organismes collectant les fonds du CIF,
à la gestion des excédents financiers dont disposent les OPCA
gérant les contributions des employeurs affectées au financement
du capital de temps de formation (CTF).
L'exposé des motifs précise que, au sein de ce fonds, serait
créée une section particulière à laquelle seraient
affectés les excédents financiers du capital de temps de
formation. En effet, le CTF, comme les autres dispositifs de formation
professionnelle, engendre des excédents, pour les raisons
évoquées plus haut.
Le COPACIF centraliserait et gérerait ces excédents financiers,
s'établissant à un milliard de francs au 31 décembre 1998
mais évalués à environ
700 millions de francs
aujourd'hui.
L'exposé des motifs apporte une autre précision : la
centralisation des disponibilités excédentaires du CTF
permettrait de procéder à
l'affectation d'une contribution de
500 millions de francs, versée par le COPACIF au budget de l'emploi par
voie de fonds de concours, afin de compenser la diminution des crédits
destinés au financement de l'indemnité compensatrice forfaitaire
à l'apprentissage.
En effet, le chapitre 43-70 " Financement de la formation
professionnelle " du budget de l'emploi voit son article 11
" Formation en alternance. Primes des contrats d'apprentissage "
passer de 4.664,6 millions de francs en 1999 à 4.113,8 millions de
francs dans le projet de loi de finances pour 2000, soit une diminution de
550,8 millions de francs (-11,8 %).
La position de votre commission :
Le présent article ne tend, finalement, à centraliser les
disponibilités du CTF auprès du COPACIF que pour mieux
opérer un futur prélèvement sur ce dernier au profit du
budget de l'Etat.
La
" rationalisation du financement de la formation
professionnelle "
invoquée par le gouvernement apparaît
donc, avant tout, comme un argument destiné, une fois encore, à
procéder à un prélèvement exceptionnel, cette
fois-ci qualifié de
" volontaire "
, mais qui est, en
réalité, récurrent :
- la loi de finances pour 1996 avait réalisé un
prélèvement exceptionnel de 60 % sur les excédents
financiers du fonds d'affectation qu'elle venait de créer, soit 1,465
milliard de francs ;
- la loi de finances pour 1997 avait autorisé un
prélèvement exceptionnel de 40 % sur la trésorerie de
l'AGEFAL, soit 1,37 milliard de francs ;
- enfin, la loi portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier pour 1998 a opéré un nouveau prélèvement,
de 500 millions de francs cette fois, sur la trésorerie de l'AGEFAL.
Après avoir sollicité les fonds de la formation en alternance, la
nouvelle contribution concernerait désormais ceux du capital de temps de
formation. Cette technique budgétaire permet ainsi au gouvernement
d'afficher une économie de 500 millions de francs sur le budget de
l'emploi, cette diminution de crédits étant, en fait,
annulée grâce au prélèvement opéré.
Le gouvernement avancera probablement l'argument selon lequel il mobilise une
" trésorerie dormante " au profit de la formation en
alternance.
Votre commission observe que de tels prélèvements, en principe
" exceptionnels ", sont de plus en plus fréquents, presque
annuels. Ils traduisent également
une mauvaise gestion des finances
publiques
, qui conduit à faire financer des dépenses
courantes par des " recettes de poche ", à caractère
exceptionnel. Par ailleurs, en pénalisant les trésoreries
excédentaires, ces ponctions constituent, de fait, une incitation
à la mauvaise gestion.
Au regard du caractère récurrent des prélèvements
opérés sur les fonds de la formation professionnelle,
il
apparaît que ces excédents sont structurels. Il conviendrait,
dès lors, de revoir le mode de financement des organismes collecteurs de
fonds, et de réduire, le cas échéant, les cotisations
versées par les entreprises.
Il s'agit sans doute du meilleur moyen
de faire disparaître les " trésoreries dormantes ".
Or, votre commission s'est désormais fixée une doctrine en ce
qui concerne les prélèvements opérés sur les
trésoreries d'organismes publics ou parapublics. Si de tels
prélèvements peuvent, dans certains cas, être
légitimes, leur caractère systématique, en revanche, est
le reflet d'une mauvaise gestion.
Lors du dernier prélèvement sur les fonds de l'AGEFAL,
décidé en 1998, votre rapporteur général
écrivait :
" votre commission vous demande d'autoriser
pour la dernière fois
un tel prélèvement sur la
trésorerie des organismes chargés de collecter les fonds de la
formation professionnelle ".
Mettant en oeuvre sa doctrine, votre commission estime légitime la
suppression du présent article.
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I.
MODIFICATION DES CRÉDITS
Les crédits du budget de l'emploi ont été majorés,
à titre non reconductible, de 6.175.000 francs
sur le titre IV,
et de 500.000 francs sur le titre VI.
Les chapitres concernés sont les suivants :
- 43-70 Financement de la formation professionnelle, article 41 Dépenses
de fonctionnement des organismes. Subventions à divers organismes :
55.000 francs ;
- 43-71 Formation professionnelle des adultes, article 20 Subventions à
divers organismes : 30.000 francs ;
- 44-70 Dispositifs d'insertion des publics en difficulté : 890.000
francs, dont 130.000 francs sur l'article 11 Programme en faveur des
chômeurs de longue durée (fonctionnement), 580.000 francs sur
l'article 51 Insertion par l'économique : entreprises d'insertion,
associations intermédiaires et entreprises d'intérim d'insertion,
et 180.000 francs sur l'article 80 Réseau d'accueil, d'information et
d'orientation des jeunes ;
- 44-73 Relations du travail et amélioration des conditions de travail,
article 11 Formation économique et sociale des travailleurs
appelés à exercer des responsabilités syndicales et
actions d'études et de recherche syndicales : 5.000.000
francs ;
- 44-79 Promotion de l'emploi et adaptations économiques, article 15
Promotion de l'emploi : dotations déconcentrées pour la
promotion de l'emploi : 200.000 francs ;
- 66-71 Formation professionnelle des adultes, article 10 Opérations
d'intérêt national, hors association pour la formation
professionnelle des adultes (AFPA) : 500.000 francs en autorisations de
programme et crédits de paiement.
II. MODIFICATION DE L'ARTICLE 70 RATTACHÉ
L'amendement de la commission des finances de l'Assemblée nationale vise
à préciser l'utilisation des excédents financiers
collectés au titre du capital temps de formation (CTF), et
gérés par le comité paritaire du crédit individuel
de formation (COPACIF).
Toutefois, cette précision rédactionnelle ne change rien au fond
du problème. Les fonds de la formation professionnelle, en l'occurrence
ceux du CTF, feront, une fois encore, l'objet d'un prélèvement au
profit du budget de l'Etat.
Il convient donc de maintenir l'amendement de suppression de cet article
déposé par votre commission.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 27 octobre 1999 sous la présidence de
M.
Alain Lambert, président, la commission a procédé à
l'examen
du
rapport
de
M. Joseph Ostermann,
rapporteur spécial
, sur les
crédits de l'emploi et de la
solidarité : I.- Emploi et article 70 rattaché
.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a d'abord attiré
l'attention de la commission sur un point essentiel du projet du budget de
l'emploi pour 2000, portant sur une modification importante de la nomenclature
budgétaire. Rappelant que les crédits du ministère de
l'emploi s'élèvent dans le projet de loi de finances pour 2000
à 122,6 milliards de francs, alors qu'ils s'établissaient
à 162,06 milliards de francs l'année dernière, il a
expliqué que cette diminution de près de 25 % des crédits
résultait de la non-inscription du financement de la " ristourne
dégressive " sur les bas salaires au budget de l'emploi pour 2000.
En effet, les dépenses engagées à ce titre, soit 39,49
milliards de francs, seront prises en charge par le fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale,
dont la création est prévue par l'article 2 du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000. Une part du produit
du droit de consommation sur les tabacs manufacturés devrait alors
être affectée à ce nouveau fonds pour assurer, à
même hauteur, le financement de la " ristourne
dégressive ". La nomenclature budgétaire subit ainsi une
seconde modification importante en deux ans, les crédits
finançant cette ristourne étant inscrits avant 1999 au budget des
charges communes pour un montant de 43 milliards de francs
. M. Joseph
Ostermann, rapporteur spécial,
a rappelé que la Cour des
comptes avait recommandé cette modification. En effet, la prise en
compte de ces 43 milliards de francs permettait, selon la Cour, de
disposer d'une vue d'ensemble de l'effort budgétaire consenti en faveur
de l'emploi. La Cour des comptes ayant auparavant formulé des critiques
sur l'inscription au budget des charges communes de crédits
considérables destinés à l'emploi, le rapporteur
spécial s'est interrogé sur le jugement qu'elle pourrait porter
à l'avenir sur un financement des allégements de charges sociales
distinct du budget de l'emploi.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a ainsi
précisé que, à périmètre constant, le budget
de l'emploi augmentait en 2000 de 2,3 %, la croissance moyenne des
dépenses de l'Etat étant limitée à 0,9 %.
Concernant l'article 70 du projet de loi de finances, rattaché au budget
de l'emploi, il a expliqué qu'il tendait à centraliser les
excédents financiers du capital de temps de formation (CTF),
estimés à 700 millions de francs, au niveau d'une section
particulière créée au sein du fonds national
habilité à gérer les excédents financiers du
congé individuel de formation (CIF). Il a ajouté que ce
dispositif permettrait de procéder à l'affectation d'une
contribution de 500 millions de francs, versée par le comité
paritaire du CIF (COPACIF) au budget de l'emploi, par voie de fonds de
concours, afin de compenser la diminution des crédits destinés au
financement de l'indemnité compensatrice forfaitaire à
l'apprentissage. Le rapporteur spécial a rappelé que la
commission s'était fixée une doctrine au sujet de tels
prélèvements, selon laquelle, s'ils peuvent être dans
certains cas légitimes, leur caractère systématique, en
revanche, est le reflet d'une mauvaise gestion. Ainsi, lors du dernier
prélèvement de 500 millions de francs réalisé en
1998 sur les fonds de l'Association pour la gestion des fonds de l'alternance
(AGEFAL), la commission avait décidé d'autoriser, pour la
dernière fois, un tel prélèvement. Le rapporteur
spécial, mettant cette doctrine en pratique, a proposé de
supprimer l'article 70 rattaché.
Puis
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a fait part des
observations que lui inspiraient les dotations allouées à
l'emploi pour 2000.
Il a d'abord constaté que l'exécution du budget de l'emploi avait
donné lieu à de nombreux dysfonctionnements. Il a rappelé
que la Cour des comptes avait présenté, dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 1998, sa première
monographie consacrée au budget de l'emploi. Après avoir
observé que ce dernier était désormais le deuxième
budget civil de l'Etat après celui de l'enseignement scolaire, ses
dotations ayant progressé de plus de 36 % depuis 1994, la Cour a
considéré que ce budget était soumis à une inertie
qui en rendait la réorientation difficile. Elle s'est également
montrée sévère sur l'effort de maîtrise des
dotations budgétaires, qu'elle a qualifié
" d'insuffisant ". Le rapporteur spécial a ainsi estimé
que l'analyse de la Cour des comptes confirmait la sienne, l'année
dernière, lorsqu'il avait souligné que le financement des
priorités gouvernementales était assuré par la
réalisation d'économies significatives, baptisées, pour la
circonstance, " recentrages ". Dans ces conditions, il a
considéré que le projet de budget pour 2000 opérait des
choix très contestables, par exemple la création de
130 emplois, motivée, d'après le Gouvernement
lui-même, par la mise en place de la réduction autoritaire du
temps de travail. Ainsi, les effectifs budgétaires du ministère
ne cessent de croître, alors même que la Cour des comptes avait
rappelé le caractère non optimal de la gestion des emplois. Il a
donc jugé que la création de ces nouveaux emplois lui paraissait
inopportune.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial,
a ensuite indiqué
que les emplois-jeunes étaient à l'origine d'un coût
budgétaire croissant. En effet, le budget de l'emploi pour 2000
prévoit 21,34 milliards de francs au titre du financement des
emplois jeunes, soit une augmentation de 53,3 % des crédits par
rapport à 1999. Le nombre total d'emplois jeunes devant s'élever
à 350.000, leur coût en année pleine s'établirait
à 33,25 milliards de francs pour le seul budget de l'emploi. En outre,
ce dernier ne regroupe pas l'ensemble des crédits destinés au
financement de ce dispositif, l'éducation nationale ayant recruté
des aides éducateurs, le ministère de l'intérieur, des
agents de sécurité, et l'outre-mer bénéficiant de
11.000 emplois jeunes. Ainsi, le coût total des emplois jeunes en 2000
s'élèvera à 33,83 milliards de francs.
Le rapporteur spécial a ajouté que l'avenir de ces jeunes
était pour le moins incertain, et qu'il était à craindre
qu'une partie importante d'entre eux ne vienne accroître les effectifs
des fonctionnaires, et, par conséquent, les dépenses les plus
rigides du budget de l'Etat.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a, enfin, estimé
que le financement des 35 heures n'était pas assuré. Il a
rappelé que seuls 4,3 milliards de francs étaient inscrits
à ce titre au budget de l'emploi pour 2000, alors que le coût
global est évalué à 25 milliards de francs environ pour
l'année prochaine. Il a qualifié le financement des
35 heures " d'usine à gaz ", ses modalités
reposant en grande partie sur les dispositions du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 2000, et sur un raisonnement
postulant le succès du passage aux 35 heures, le dispositif
s'autofinançant en partie.
Il a constaté que cette mesure décidée par le Gouvernement
conduisait à créer de nouvelles impositions : une
contribution sociale sur les entreprises et une écotaxe. Il a
rappelé que la version initiale du projet gouvernemental
prévoyait de mettre à contribution les organismes de protection
sociale, les caisses de sécurité sociale et l'UNEDIC. Devant
l'hostilité que n'a pas manqué de susciter une telle formule
auprès des partenaires sociaux, le Gouvernement, reconnaissant
implicitement son erreur, a fini par reculer lors de l'examen du texte à
l'Assemblée nationale. La ministre de l'emploi et de la
solidarité a, en effet, annoncé que le produit de la taxation des
heures supplémentaires ainsi que celui des droits sur les alcools,
aujourd'hui affectés au fonds de solidarité vieillesse et
à la caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs
salariés (CNAMTS), viendraient finalement abonder le fonds de
financement. D'autofinancement et de " recyclage ", il n'est
désormais plus question : le Gouvernement, renonçant
à imposer une contribution à l'UNEDIC et au régime
général de la sécurité sociale, a
préféré priver ce dernier d'une partie de ses ressources.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a conclu en estimant que
ce dispositif de financement était passé de " l'usine
à gaz " au " bricolage ".
A l'issue de cette présentation, la commission a décidé
de réserver son vote sur les crédits du budget de l'emploi
pour 2000 ainsi que sur l'article 70 rattaché jusqu'à
l'audition de la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Réunie à nouveau le 10 novembre 1999, la
commission
s'est
prononcée
sur les
crédits
du
budget
de
l'emploi, précédemment réservés
.
La
commission a décidé de proposer
au Sénat le
rejet du budget de l'emploi,
ainsi que
la suppression de l'article 70 du
projet de loi de finances pour 2000
.
Réunie le 27 octobre 1999 sous la présidence de M. Alain Lambert,
président, la commission des finances a procédé à
l'examen
des
crédits
de
l'emploi
et de la
solidarité
: I - Emploi et article 70
rattaché
sur le rapport de
M. Joseph Ostermann, rapporteur
spécial.
La commission a alors décidé de
réserver son vote
jusqu'à l'audition de la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Réunie à nouveau le 10 novembre, la commission a
décidé de
proposer au Sénat le rejet du budget de
l'emploi, ainsi que la suppression de l'article 70 du projet de loi de finances
pour 2000.
Elle a confirmé cette position lors de sa réunion du jeudi
25 novembre après avoir pris acte des modifications
apportées par l'Assemblée nationale.
1
Dossier de presse de
présentation du
PLF pour 2000, rubrique " Dépenses ", page 29
2
Sur la base d'un coût annuel unitaire de 95.010 francs.
3
Le coût pour le budget de l'Etat des aides à la
réduction du temps de travail sera donc, au total, de 6,8 milliards de
francs en 2000.
4
Direction de l'animation de la recherche et des études
statistiques
5
Association pour la formation professionnelle des adultes
6
Agence nationale pour l'Emploi
7
INSEE Première, n° 680, novembre 1999
8
Bureau international du travail
9
L'objectif est d'offrir un nouveau départ aux jeunes
chômeurs et adultes menacés d'exclusion, ce qui
représenterait à l'horizon 2002, et à l'issue de la
montée en charge, 1.800.000 personnes
10
Programme Trajectoire d'accès à l'emploi
11
A compter du 1
er
janvier 1998, en application de
l'article 114 de la loi de finances pour 1998, les emplois villes ont
été supprimés
12
SIFE
13
Annexe n° 3 au rapport d'information n° 1781,
Assemblée nationale, commission des finances (11
ème
législature)
14
Leur nombre est en diminution depuis 1996, notamment du fait de
la mise en place de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) ; il
convient de relever que le dispositif de l'ARPE ne donne pas lieu à
inscription budgétaire car il résulte d'un accord entre
partenaires sociaux