Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 8 - Culture et communication : culture
GAILLARD (Yann), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 8 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 229 Ko )Table des matières
- I. PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
SOUS-TOTAL TRAVAUX 265,90 MF
- II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
-
III. ASPECTS DE LA POLITIQUE CULTURELLE
- A. RÉFORME DE L'ADMINISTRATION : ENCORE UN EFFORT
- B. MUSÉES NATIONAUX : LE POIDS DES STRUCTURES
-
C. QUESTIONS D'ACTUALITÉ
- 1. La mise en place des commissions régionales du patrimoine et des sites
- 2. Une nouvelle salle de concert : une nécessité pour Paris ?
- 3. Le centre d'art du Palais de Tokyo
- 4. Le musée des arts et des civilisations
- 5. La remise en cause de l'exception culturelle : l'éternel retour
- 6. La préparation des festivités de l'an 2000
-
MODIFICATIONS ADOPTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 8
CULTURE ET COMMUNICATION :
CULTURE
Rapporteur spécial
: M. Yann GAILLARD
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
I. PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le
présent projet de budget manifeste un retour aux réalités
et une prise de conscience de la nécessité de gérer, qui,
indépendamment de telle ou telle orientation de fond ou de tel ou tel
arbitrage, méritent d'être remarqués.
Les marges de manoeuvres que le présent Gouvernement accorde au ministre
de la culture - et qui faisaient défaut à son
prédécesseur -, ne suffisent pas à le dispenser d'efforts
de rigueur, ne serait-ce qu'à cause du
poids croissant des charges de
gestion qui résultent des grands équipements
, dont on peut
rappeler qu'ils représentent
16% du budget
du ministère.
Certes,
votre rapporteur
pourrait, ponctuellement, joindre sa voix
à ceux qui, notamment parmi les créateurs, regrettent
l'insuffisance de certaines dotations, mais dans l'ensemble il
ne critiquera
pas le présent projet de budget en raison de la faiblesse de la
croissance de ses crédits
.
2,09% d'augmentation, c'est encore nettement plus que la moyenne du budget de
l'État, et,
si de nouvelles actions doivent être
financées, votre rapporteur pense qu'elles peuvent l'être par
redéploiements de crédits pour les crédits de
fonctionnement et d'intervention ou par un réaménagement du
phasage des opérations pour les investissements
.
C'est de ce point de vue que votre rapporteur estime que doit être
jugé, au delà de certaines dérives dues à certains
dysfonctionnements de l'État, un projet budget qui ne peut être
critiqué a priori, compte tenu de l'amorce d'un effort de rigueur.
A. UN EFFORT DE RIGUEUR ENCORE A CONFIRMER
L'augmentation des moyens dévolus à la culture ne
soustrait pas l'administration qui en a la charge, aux impératifs
d'efficacité.
De ce point de vue, des progrès restent à faire pour mettre en
place les outils de gestion indispensables non seulement à
l'efficacité de l'action administrative mais encore au contrôle de
l'emploi des fonds publics par la représentation nationale.
1. La mise en place des outils de suivi de la dépense
Eu
égard à l'importance de son budget et à un mode de
fonctionnement caractérisé à la fois par la
diversité des intervenants et l'émergence de poids lourds,
l'administration de la culture ne dispose pas des outils de gestion
adaptés.
Faute de ces outils, l'administration ne peut évaluer son action et
procéder aux réorganisations et aux redéploiements
nécessaires : les charges de gestion vont dériver sans que
l'on en connaisse les causes, tandis que va se constituer toute une
clientèle " d'abonnés " aux subventions de
l'État
.
Ainsi, attend-on toujours la parution du
décret harmonisant la
présentation des comptes des théâtres nationaux et
prévoyant la constitution pour ces organismes de conseils
d'administration délibérants
. On peut également
regretter l'absence de tableaux de bords homogènes permettant de suivre
l'exécution budgétaire de ces organismes.
D'une façon générale, on peut se demander si les
représentants de l'administration exerçant la tutelle
déconcentrée des organismes bénéficiant de
subventions de l'État possèdent la culture comptable
nécessaire au contrôle de la réalité de leurs
besoins.
De même, il faut s'inquiéter de ce que en dépit de
progrès récents
, aucun des grands établissements
culturels
dont les dépenses de fonctionnement s'échelonnent
de 90 millions de francs pour le Conservatoire de musique à
871 millions de francs pour l'Opéra,
ne dispose encore d'une
comptabilité analytique
véritablement efficace
.
Par ailleurs, la poursuite du processus de déconcentration n'est pas
favorable à l'exercice du contrôle parlementaire : en 1999,
près de 43 % des crédits disponibles seront
déconcentrés (hors charges en personnel, dotations
décentralisées et dotations des établissements publics)
contre 30 % en 1997.
Certes, des outils statistiques ont été élaborés ou
sont en cours d'élaboration afin de faciliter l'évaluation par
l'échelon central des actions engagées en région. C'est
ainsi que ces dernières années, deux systèmes
informatiques ont été mis en place pour suivre l'évolution
des crédits déconcentrés dans les régions et leur
utilisation : "Ensemble"
1(
*
)
qui permet aux
directions régionales des affaires culturelles et à
l'administration centrale de suivre la programmation et l'utilisation des
crédits d'intervention sur le titre IV, et "SIAD" qui a
été installé en administration centrale pour exercer un
suivi de l'ensemble des données comptables, du titre III au
titre VI.
2. La maîtrise indispensable de l'emploi précaire
L'année dernière déjà, le
ministère avait poursuivi
le processus de réduction de
l'emploi précaire
: c'est ainsi que 450 agents sous contrats
à durée déterminée se sont vu proposer un contrat
à durée indéterminée.
Cette année, sous la pression des grèves qui sont intervenues
à la fin de l'année 1998 mais surtout au printemps dernier, le
ministère de la culture a été conduit à mettre en
place un plan de résorption de l'emploi précaire. La
grève, qui a éclaté le 19 mai, ne s'est achevée que
le 9 juin avec l'adoption d'un protocole inscrivant la solution du conflit dans
un plan pluriannuel :
" Un processus de résorption en cinq ans
est prévu, le réemploi des vacataires de dix mois est
organisé, l'arrêt des recours aux vacataires pour répondre
aux besoins permanents est décidé ".
Ainsi, est-ce
la
situation de près de 2 000 salariés qui va être
régularisée d'ici cinq ans, tandis que 500 vacataires aux
contrats de travail de moins de 10 mois verront ces contrats
renouvelés
.
Indépendamment des dommages causés au tourisme, la direction des
musées de France a évalué à 750 000 francs le
manque à gagner quotidien subi par les musées nationaux.
Le
coût de la grève est estimé à 16 millions de francs,
dont la moitié pour le seul Musée du Louvre
.
Sur les 295 postes créés dans le présent projet de
budget, 263 concernent des emplois de surveillance en contrats à
durée déterminée qu'il faut bien régulariser.
Votre rapporteur reconnaît que, lorsque des établissements sont
créés, il faut bien leur donner les moyens de fonctionner,
même s'il ne peut que dénoncer a posteriori la
dérive
consistant à créer de équipements sans s'inquiéter
des dépenses nécessaires à leur fonctionnement
.
Mais, outre la question du paiement des jours de grève sur laquelle il
aimerait avoir des informations, votre rapporteur veut souligner deux
points :
• La grève ne concerne pas seulement des personnels des
établissements et services extérieurs au ministère - une
quinzaine de sites - mais également de l'administration centrale, ce qui
tend à prouver que la dérive consistant à employer des
vacataires dépasse le cadre des nouveaux grands équipements
culturels ;
• Il ne faudrait pas qu'une telle politique aboutisse à
encourager les politiques de facilité et que se récrée
progressivement un volant de vacataires permanents qu'il faudra tôt ou
tard intégrer dans les cadres de la fonction publique. On attend
l'assurance de ce que l'embauche de vacataires soit à l'avenir
sévèrement encadrée
, quel que soit le mode de prise en
charge -crédits budgétaires ou ressources propres- de leur
rémunération.
3. Le rééquilibrage Paris - Province : évolution naturelle ou volonté délibérée ?
Dans sa
présentation du présent projet de budget, la ministre de la
culture ne manque pas d'insister sur l'effort accompli en faveur des
régions par rapport à celui dont bénéficie la
capitale. Elle souligne que les crédits relatifs à la
réalisation d'équipements culturels dans les régions
" font désormais jeu égal ou presque " avec ceux
consacrés aux équipements culturels nationaux à
Paris : le rapport est de 540 millions de francs contre
563 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000, tandis
que les chiffres correspondants dans la loi de finances initiale pour 1997
étaient respectivement de 278,6 et 785,5 millions de francs.
Le sentiment de votre rapporteur à ce sujet est que sans vouloir nier
tout mérite au ministre actuel dans cette évolution, il y a
là
les effets d'un jeu de bascule rendu possible par
l'achèvement d'un certain nombre de grosses opérations
parisiennes
- comme le Musée Guimet, le Théâtre de
l'Odéon, le Centre Georges Pompidou sans oublier le Grand Louvre - qui a
à enveloppe constante, libéré des crédits pour la
mise à niveau ou la création de grands équipements
régionaux.
Au surplus, une grande part de la marge de manoeuvre provient du retard pris
dans le passage à la phase opérationnelle du projet de
rénovation de Grand Palais.
On profite de retards
et, dans une
certaine mesure, de " bavures "
dans la préparation du
projet de rénovation du Grand Palais pour donner une impulsion
significative à certains grands projets régionaux
. L'examen
des chiffres témoigne de la disproportion des moyens engagés,
puisqu'à l'exception du Cargo à Grenoble et de l'opération
" fantôme " qu'est le Centre de la mémoire contemporaine
de Reims, il s'agit - ce qui n'est pas forcément un défaut - de
petites opérations.
Le même type de remarque s'applique également aux crédits
consacrés aux monuments historiques, puisque c'est
précisément la baisse des crédits affectés au Grand
Palais qui permet l'augmentation de près de 25% des crédits
destinés au patrimoine historique n'appartenant pas à
l'État.
D'abord, on peut s'interroger sur la pérennité d'un tel
rééquilibrage quand la remise en état du Grand Palais
reprendra son cours ; ensuite, même si ces monuments en question
appartiennent le plus souvent aux collectivités locales,
on peut
s'étonner de ce que l'on n'ait pas pu dégager les ressources
modiques nécessaires
à des petites opérations
intéressant par nature ces collectivités et qui pèsent
particulièrement lourd sur le budget des plus petites d'entre elles,
à savoir le
patrimoine rural non protégé,
dont les
crédits restent fixés à 35 millions de francs. La
même remarque vaut pour les
crédits d'entretien du patrimoine
monumental,
qui
,
en
stagnation pour les monuments n'appartenant
pas à l'État
, ne connaissent qu'une augmentation de 3
millions de francs pour près de 150 millions de francs de
dépenses : une fois encore on préfère investir
qu'entretenir, guérir que prévenir.
B. QUELQUES EXEMPLES DE DYSFONCTIONNEMENTS DE L'ÉTAT
Il a
paru également intéressant d'éclairer l'analyse du
présent projet de budget par les réflexions que suscite
l'exercice par votre rapporteur de ses prérogatives de contrôle
sur pièces et sur place.
C'est ainsi que les différentes visites auxquelles il a
procédé et les contacts qu'il a pris avec les contrôleurs
financiers, l'amènent cette année à informer le
Sénat de la situation de trois dossiers.
1. Le regroupement des services du ministère
L'année dernière votre commission des finances
avait,
à l'initiative de son rapporteur général, proposé
dans le cadre de son budget alternatif un amendement tendant à diminuer
les autorisations de programme du montant affecté à
l'aménagement de l'immeuble dit des " Bons enfants "
destiné à accueillir la quasi totalité des services du
ministère de la culture actuellement dispersés sur 19 sites.
Il ne s'agissait pas, dans l'esprit de votre commission, de
méconnaître l'intérêt fonctionnel et financier de
l'opération. Le regroupement des services à proximité de
la rue de Valois dans un ancien entrepôt des grands magasins du Louvre,
antérieurement affecté au ministère des finances, comporte
des avantages fonctionnels et financiers évidents. En outre,
les
économies sur les loyers et les charges, évaluées à
plus de 30 millions de francs par an, aboutissent largement à
autofinancer une partie de l'opération
.
Mais, ce qui était apparu possible à votre commission en
dépit des protestations véhémentes du ministre, s'est
révélé inévitable avec les retards pris par
l'opération.
En effet c'est seulement il y a quelques semaines que l'EPMOTC
(établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels)
a reçu un mandat de maîtrise d'ouvrage par convention
passée avec le ministère de la culture et de la communication en
date du 31 août 1999. Encore, a-t-il fallu attendre l'avis favorable de
la commission spécialisée des marchés qui vient
d'être obtenu le 12 octobre 1999, pour que puisse être passé
le marché de maîtrise d'oeuvre avec le groupement emmené
par Francis Soler.
Le coût des études et travaux s'élève à
355 millions de francs (valeur 1998). Le montant des autorisations de
programme ouvertes pour cette opération jusqu'à la loi de
finances pour 1999 comprise, s'élève à
299,95 millions de francs. Le projet de loi de finances pour 2000 comporte
une ouverture de 56,2 millions de francs d'autorisations de programme
à ce titre.
Votre rapporteur veut au sujet de cette opération, au demeurant
difficilement contestable sur le fond, faire deux observations :
• par suite des hésitations gouvernementales - le
ministère des finances n'ayant sans doute pas renoncé facilement
à cette tête de pont en plein coeur de Paris -
l'opération s'est étalée sur 10 ans, ce qui n'a pas
été sans entraîner d'importants gaspillages
.
On peut rappeler que le bâtiment Saint-Honoré a
été libéré par le ministère des finances
depuis 1989. Mis aux enchères publiques en 1992, il n'a pas
trouvé preneur. Il a été affecté au
ministère de la culture par arrêté du
24 février 1994, qui a organisé un concours qui a aboutit,
en 1995, au choix de M. Francis Soler pour son aménagement. La
réunion interministérielle du 23 janvier 1998 a
confirmé la réalisation du projet du ministère de la
culture et de la communication.
Nul doute qu'après un laps de temps aussi important, il a fallu adapter
un dossier notamment parce qu'il fallait tenir compte de la nouvelle
configuration administrative. Au total, le début d'aménagement
entrepris par le ministère des finances ayant peu de chances
d'être récupérable - la douzaine d'ascenseurs toujours en
caisse ayant peu de chances d'être en état de marche après
tant d'années - il semblerait que
les fonds dépensés en
pure perte par le ministère de finances seraient de l'ordre de 160
millions de francs
;
• il y a fort à parier que sur les quelque 350 millions de francs
d'autorisations de programmes affectées à cette opération,
seule une petite partie sera engagée au cours de l'exercice 2000, eu
égard aux délais de passation des marchés publics. En
termes de crédits de paiement, la charge budgétaire ne deviendra
significative qu'à partir de 2002 et ce, dans l'hypothèse
où la date d'emménagement de 2003 est bien tenue.
2. Grands chantiers : le passage à vide obligé
Votre
rapporteur a aussi fait le tour de deux grands chantiers, correspondant
à des opérations, dont la définition comme la mise en
oeuvre lui ont apparues laborieuses.
La restauration du Grand Palais, fermé depuis 1994 par suite de la
chute d'un boulon, n'est toujours pas entrée dans sa phase
opérationnelle.
L'enveloppe prévue pour la première phase de l'opération
s'élève à 400 millions de francs ; l'enveloppe
de crédits nécessaires à la réalisation de la
deuxième phase des travaux de consolidation et de restauration du
bâtiment - partie nord - a été arrêtée
à 384 millions de francs
2(
*
)
.
L'opération a été financée progressivement à
hauteur de 33 millions de francs en 1994, de 150 millions de francs en
1998 et de 217 millions de francs en 1999 (montants exprimés en
autorisations de programme). Une ouverture de 30 millions de francs
d'autorisations de programme est prévue dans le projet de loi de
finances pour 2000 au titre de la deuxième phase de cette
opération.
La maîtrise d'ouvrage de cette opération a été
transférée par une convention de mandat en date du 28 juin
dernier du Service national des travaux à l'Etablissement public de
maîtrise d'ouvrage des travaux culturels. L'opération est
prévue pour durer trois ans, la phase d'études
détaillées se déroulant à l'automne 1999 pour
un démarrage des travaux annoncé pour le début du mois de
janvier 2000.
Votre rapporteur peut à ce stade faire deux observations sur la conduite
de la rénovation du Grand Palais :
• Il s'agit d'une opération lourde pour laquelle on peut
facilement avoir à faire face à des dérapages dans le
calendrier des travaux ou dans le budget ; on note déjà,
qu'il a fallu désigner un médiateur issu du Conseil
d'État pour aplanir les difficultés auxquelles avait donné
lieu la sous-estimation de l'importance des travaux
par l'étude
ayant servi de base au cahier des charges de la maîtrise d'oeuvre ;
• Aux deux phases, correspondant à la stricte restauration du
bâtiment, s'ajoutera le coût des travaux d'aménagement du
Grand Palais, en fonction du contenu de l'usage qui sera fait du bâtiment
tel qu'il sera décidé par le Ministre. Le ministère
indique qu'il " poursuit sa réflexion sur le remembrement de
l'espace entre le Palais de la découverte et les Galeries nationales du
Grand Palais ", tout en précisant qu'en " tout état de
cause, le Grand Palais restauré aura vocation à accueillir
à nouveau les salons d'artiste ". Compte tenu de l'implication du
ministère de l'Éducation nationale qui gère le Palais de
la découverte, et du fait que, notamment, les galeries organisatrices de
la FIAC semblent se trouver plus à l'aise à la Porte de
Versailles, on ne peut que constater que
l'avenir du Grand Palais reste
encore largement indéterminé.
Le Palais de Tokyo
, inauguré pour l'exposition de 1937 par
Léon Blum a abrité le musée national d'art moderne
jusqu'en 1976. Longtemps sans affectation autre que provisoire - on y a
montré les réserves du Louvre ainsi que la préfiguration
d'Orsay -, le Palais de Tokyo aurait dû accueillir le Musée et
l'Ecole du cinéma. Leur transfert à Bercy dans l'immeuble
construit par Frank Gehry pour l'American Center, a de nouveau privé le
bâtiment d'affectation, après que l'on ait dépensé
plus de 30 millions de francs d'études en pure perte.
Il est proposé par le présent projet de budget d'affecter une
partie des locaux disponibles à un
centre de la jeune création
française
, dont votre rapporteur a constaté à
l'occasion d'autres travaux, qu'il était ardemment souhaité par
les professionnels artistes et galeries.
Il est précisé qu'il est prévu pour son installation
17 millions de francs d'autorisations de programme, " outre des
autorisations de programmes disponibles sur des reliquats d'opérations
précédentes pour le même édifice ", auxquels
s'ajoutent des crédits de fonctionnements de 2 millions de francs pour
une ouverture prévue au second semestre de l'an 2000.
Une fois encore,
il semble qu'on ait utilisé les autorisations
parlementaires pour d'autres fins que celles pour lesquelles elles avaient
été demandées.
Il serait, à cet égard,
particulièrement instructif de connaître le coût du
transfert de la Maison du cinéma à Bercy.
En tout état de cause, votre rapporteur tient à souligner qu'il
ne s'agit là que d'une affectation provisoire, ce que souligne assez le
fait que
le centre d'art contemporain n'occupera que 3.000 mètres
carrés sur 18.000 mètres carrés, ce qui laisse 15.000
mètres carrés sans affectation.
Le sort de ces deux bâtiments est étroitement lié à
la solution d'ensemble qui sera donné au
problème
général d'affectation
des lieux ou des collections,
qu'il s'agisse de l'actuel Musée des arts africains et
Océaniens, dont les collections vont être
transférées au futur Musée des arts et des civilisations
souhaité par le Président de la république, ou des
collections du Musée national d'art moderne, qui ne pourront pas
indéfiniment comprendre l'art du XXe siècle et l'art vraiment
contemporain.
3. Bibliothèque Nationale de France : la galère informatique
Comme la
presse s'en est fait largement l'écho, la Bibliothèque nationale
de France a connu, à l'ouverture du niveau rez-de-jardin destiné
aux chercheurs en octobre 1998, un certain nombre de difficultés dans la
mise en oeuvre de la version dite V1 du système d'information concernant
les services au public. Celles-ci ont surtout touché la partie sensible
de la chaîne de communication comme la réservation de places et de
documents par les lecteurs ou le suivi du document entre les magasins et les
banques de salle de lecture.
Compte tenu des dysfonctionnements constatés lors de la mise en oeuvre
du système, dans les livraisons du titulaire du marché, la
société Cap Gemini, la BNF n'a pu réceptionner
contractuellement la version dite V1. L'ouverture du niveau destiné
à la recherche ne pouvant plus être différée, une
" solution d'attente " a été déployée
à la demande de la BNF, conformément à une clause du
marché.
Certes, la direction de la Bibliothèque Nationale de France reste
confiante et fournit des réponses laissant penser que la crise est
largement derrière nous : "
Pour ce qui concerne
l'intégration des applications dans l'infrastructure (système de
gestion de base de données, réseau interne...), les
difficultés techniques observées (qui sont à l'origine des
incidents majeurs
survenus en octobre 1998) ont été
résolues en 2 campagnes (décembre 1998, puis février 1999)
et n'occasionnent plus de pannes longues du système. Depuis mars 1999,
les taux de disponibilité des systèmes centraux
s'améliorent et dépassent 99,7 %. Depuis juin 1999, la
durée cumulée des pannes est au maximum d'une heure par
mois. "
La situation est à en croire les termes des réponses aux
questionnaires parlementaires, parfaitement contrôlée
3(
*
)
. C'est certainement aller vite en besogne, même
s'il semble qu'il y ait une nette amélioration dans le service rendu aux
lecteurs.
Mais le problème administratif demeure sur les responsabilités
dans ce qui constitue un fiasco informatique. Les tests sur les requêtes,
réalisés sur la collection " Que sais-je ? ", témoignent
d'un progrès très relatif : le délai pour obtenir une
liste de titres correspondant à un critère est passé de 16
à environ 2 minutes. On reste cependant très loin de
l'objectif de 2,5 secondes fixé par le cahier des charges, et ce,
près de cinq ans après le début des travaux et deux ans
après la date prévue (fin 1997) de remise de l'application.
Une des conséquences de ce retard est que de
nombreux logiciels
(tels que ceux qui gèrent le dépôt légal) qui
auraient dû être remplacés par les versions 2 (V2) et 3
(V3),
restent en service. D'où un coût de maintenance
supplémentaire auquel s'ajoute celui de la correction du bogue de l'an
2000
, qui n'avait, au départ, pas lieu d'être.
Les désaccords importants entre la BNF et le titulaire du marché
Cap Gemini ont conduit l'établissement à
résilier,
après mise en demeure restée infructueuse au mois de mai 1999, le
marché aux torts du titulaire le 22 juillet 1999.
En effet, de
nouvelles dérives de calendrier étaient annoncées par Cap
Gemini pour terminer la version V1 et livrer le reste du système en
juillet 2000, soit plus de 30 mois de retard par rapport au marché.
On note également que Cap Gemini avait fait état d'une
réclamation financière que la BNF avait estimé non
justifiée au regard des dispositions du marché.
A la suite de la résiliation du contrat, Cap Gemini qui a indiqué
qu'il "
prend acte de cette décision, regrette l'interruption
d'un chantier qui aurait pu être mené à son terme et
prendra toutes dispositions utiles pour faire valoir ses droits
", a saisi
le Comité consultatif national des règlements amiables, sans
qu'aucun contentieux ne soit ouvert à ce jour.
Des procédures d'appel d'offres sont en cours pour permettre, d'une
part, d'achever les améliorations nécessaires au service du
public et, d'autre part, de mettre en oeuvre toutes les fonctionnalités
destinées aux professionnels, notamment pour les acquisitions, le
catalogage, la réception du dépôt légal et la
conservation des documents.
Toute la question pour votre rapporteur sera de faire la part dans ce dossier
de ce qui résulte effectivement de la défaillance du titulaire du
marché et de ce qui relève de la responsabilité du
maître d'ouvrage, qui, par sa lenteur de réaction et de multiples
modifications des spécifications initiales du cahier des charges, a pu
ralentir et compliquer encore la solution des problèmes informatiques de
la Bibliothèque nationale de France.
II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
Le
projet de budget pour 2000 prévoit une hausse des crédits du
ministère de la culture, qui, en dépit d'un certain
fléchissement par rapport à celle des deux années
précédentes, reste nettement supérieure à celle du
budget de l'État. Globalement, ceux-ci augmentent de
+ 2,09 %
en
termes de dépenses ordinaires et de crédits de paiement pour
atteindre
16,039 milliards de francs
, soit une augmentation de
+329 millions de francs
.
En revanche, les
autorisations de programmes
augmentent de
+4,64 %
dans le présent projet de loi de finances pour
s'établir
à 3,702 milliards de francs
. On note que
cette évolution correspond à
un léger tassement
de 0,08% des crédits de paiement
, qui passent de
3,559 milliards de francs dans la loi de finances initiale de 1999
à 3,556 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour
2000.
A. LES DOTATIONS EN PERSPECTIVE
Avec le
recul, il faut souligner les fluctuations qui caractérisent le budget de
la culture, au-delà de sa longue marche vers le 1%. La loi de finances
pour 1998 constituait un retournement de tendance par rapport au budget pour
1997, qui subissant - sans doute plus que d'autres - le choc de la rigueur
budgétaire, était marqué par une régression des
crédits de près de 3 %, et même d'environ 8 % en raisonnant
à périmètre constant.
Cette année encore les autorisations de programme manifestent cette
instabilité, puisque la croissance de 4,64% fait contraste aussi bien
avec la diminution de - 4,91% prévue par le budget pour 1999, qu'avec la
hausse de près de 20% qui caractérisait le projet de budget pour
1998.
En 1999, le budget de la culture n'a
pas
eu - à ce jour -
à subir de mesures de
régulations budgétaires
,
contrairement aux années 1997 et 1998, qui ont connu des annulations de
crédits non négligeables.
Tel est le contexte dans lequel se situe le présent projet de budget
pour 2000, dont le tableau ci-après présente par titre les
principales évolutions.
NATURE DES CREDITS |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en pourcentage |
DEPENSES ORDINAIRES |
|
|
|
Titre III Moyens des services |
7 342 657 978 |
7 550 235 213 |
2,83% |
Titre IV Interventions publiques |
4 808 238 355 |
4 932 655 787 |
2,59% |
Total |
12 150 896 333 |
12 482 891 000 |
2,73% |
DEPENSES EN CAPITAL |
|
|
|
Titre V Investissements exécutés par l'État |
1 567 305 000 |
1 871 692 000 |
19,42% |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'État |
1 991 911 000 |
1 684 630 000 |
-15,43% |
Total |
3 559 216 000 |
3 556 322 000 |
-0,08% |
TOTAL DO+CP |
15 710 112 333 |
16 039 213 000 |
2,09% |
Autorisations de programme |
|
|
|
Titre V Investissements exécutés par l'État |
1 966 290 000 |
2 024 100 000 |
2,94% |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'État |
1 571 961 000 |
1 678 400 000 |
6,77% |
TOTAL |
3 538 251 000 |
3 702 500 000 |
4,64% |
Les crédits de la culture représenteront 0,98% du budget de l'État en 2000 . A structure budgétaire constante, ce pourcentage était de 0,97% en 1999 et 0,95% en 1998. On se rapproche donc de l'objectif de 1% du budget de l'État qu'il est désormais convenu de se fixer en matière culturelle, non sans un certain arbitraire compte tenu de la part des interventions financées sur les budgets d'autres administrations d'État ou relevant des collectivités territoriales.
B. OBSERVATIONS SUR LA NOMENCLATURE BUDGÉTAIRE
La
nomenclature ne connaît pas, cette année, les changements
importants des années précédentes, même si certaines
modifications ne vont pas dans le sens d'un contrôle plus fin des
crédits : il est en effet proposé de regrouper au sein d'un
chapitre unique " Moyens de fonctionnement des services administratifs
centraux et déconcentrés " (34.97) les dotations
actuellement inscrites sur les chapitres 34.95 (dépenses informatiques
et de télématique), 37.93 (Formation continue du personnel)
et 34.97 (Moyens de fonctionnement des services centraux) et sur deux articles
du 34.98 (articles 10-DRAC - et 20 - Services départementaux de
l'architecture et du patrimoine -).
Seuls resteront sur le chapitre 34.98, les moyens de fonctionnement des
services à compétence nationale ou ayant vocation à le
devenir. Ce chapitre s'intitulera désormais : " moyens de
fonctionnement des services à compétence nationale et des
Archives nationales". Outre les archives, il regroupe les dépenses
relatives aux Musées, au Patrimoine monumental, au service national des
travaux et à la recherche.
Indépendamment du bien fondé de l'opération - la
distinction services administratifs/services opérationnels, de nature
fonctionnelle et économique, apparaissant en effet plus pertinente que
la distinction juridique services centraux/services déconcentrés
-, force est de constater qu'une fois encore ces changements de nomenclature ne
facilitent pas le contrôle des autorisations parlementaires.
Ainsi, le phénomène de globalisation des crédits
d'intervention sous le vocable " fourre-tout " de
développement culturel, dont on a déjà souligné
l'année dernière qu'il aboutissait à ne plus permettre de
savoir à quels types d'actions ils étaient affectés, se
double aujourd'hui d'une propension à
l'assouplissement du principe
de l'annualité budgétaire pour des dépenses de
fonctionnement
: l'inscription de ce nouveau chapitre à
l'état H qui regroupe les chapitres dont les crédits ne sont pas
soumis à l'annualité, affaiblit le sens de l'autorisation
parlementaire.
Certes, cet assouplissement général du principe de
l'annualité budgétaire s'inscrit dans la perspective d'une
meilleure gestion en permettant aux services de reporter une partie de leurs
crédits de fonctionnement, ce qui n'est actuellement possible que pour
10% du montant des ouvertures de crédits ou pour les crédits des
chapitres - jusqu'à présent limitativement et restrictivement
énumérés à l'état H. Ainsi les services
pourront-ils mettre de côté un certain montant de crédits
pour la réalisation d'opérations plus importantes, ce qui n'est
pas forcément de mauvaise gestion, sauf si cela permet aux services de
se constituer des stocks de crédits, en dehors du contrôle sinon
de la direction du budget du moins du Parlement.
Une telle novation - qui, il faut le noter au passage, n'est pas propre au
budget de la culture - est cependant critiquable dans la mesure où elle
s'inscrit dans un contexte où l'on trouve de plus en plus de signes du
pouvoir discrétionnaire que s'arroge le pouvoir exécutif tant
pour les dépenses de fonctionnement et d'intervention que dans la
gestion des dépenses en capital.
C. LES PRIORITÉS AFFICHÉES POUR 2000
Le présent projet de budget se place dans la continuité des budgets précédents - accent sur les dépenses d'interventions et rééquilibrage Paris/province - avec, cette année, d'une part, une certaine stabilisation de l'effort en faveur du patrimoine, et, d'autre part, d'importantes créations de postes budgétaires pour permettre la résorption de l'emploi précaire.
1. Le titre IV privilégié
Le titre
IV doit absorber 172 millions de francs, sur les 369 millions
supplémentaires que prévoit pour la culture le projet de loi de
finances pour l'année 2000.
Le spectacle vivant bénéficie d'un traitement particulier avec
80 millions de francs de mesures nouvelles, ce qui prolonge l'effort
particulièrement important de l'année 1999 (110 millions de
francs de mesures nouvelles).
C'est sur ces crédits que sont financées les
mesures de
démocratisation culturelles
annoncées par la ministre dans sa
communication en conseil des ministres du 23 juin dernier : extension aux
12 à 18 ans de la gratuité d'accès aux monuments
historiques, gratuité d'accès aux monuments historiques le
premier dimanche de chaque mois hors saison touristique, extension à
tous les musées nationaux de la gratuité d'accès le
premier dimanche de chaque mois, d'une part ; alignement du régime
des bourses des étudiants des écoles d'art et des écoles
d'architecture sur celui de l'Education nationale, d'autre part.
On note à cet égard que les crédits du titre IV
consacrés aux enseignements augmentent dans le présent projet de
budget de 53 millions de francs, soit une croissance de 6,9%.
2. Le rééquilibrage Paris - Régions
La
ministre met en avant un effort accru en faveur des équipements
culturels locaux, dont les dotations sont comparées à celles
consacrées aux grands équipements culturels parisiens. Les
subventions à la réalisation d'équipements culturels
locaux passent ainsi en autorisations de programme de 397 millions de francs
à 490 millions dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les domaines privilégiés dans le budget pour 2000 sont en
particulier les archives - 65 millions de francs contre 30 millions de francs
dans le projet de loi de finances pour 1999 - , les musées
classés et contrôlés - 130 millions de francs contre 117
millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1999 - le spectacle
vivant - 204 millions de francs contre 150 millions de francs dans le projet de
loi de finances pour 1999.
Les crédits consacrés dans le présent projet de loi de
finances aux équipements culturels dans les régions sont
désormais du même niveau que ceux de Paris, 540 millions de francs
contre 563 millions de francs.
En dépit de la stagnation des crédits des chapitres 56-20 et
66-20 consacrés au patrimoine monumental, qui n'augmentent que de 0,7%,
le présent budget fait état d'un effort important en faveur des
monuments historiques n'appartenant pas à l'État, dont les
crédits augmentent de 60 millions de francs soit un accroissement
de presque 25% par rapport à la dotation du projet de loi de finances
pour 1999.
3. La résorption de l'emploi précaire
Le
budget de la culture dans le présent projet de loi de finances
prévoit un nombre certain de créations d'emplois :
295 contre 2 dans le budget pour 1999 et 27 dans celui de 1998, soit 100
emplois par création nette et 195 emplois par transferts de
contrats d'agents contractuels de l'État affectés dans les
établissements publics (professeurs des écoles d'art) vers le
budget de ces établissements pour dégager le nombre de postes
nécessaires dans les tableaux de l'État.
A concurrence de 263 unités, ces créations d'emplois visent
à donner un statut à des personnels vacataires recrutés
pour faire face à des besoins permanents du service public de la
culture
, dont 206 postes de surveillance pour les musées et la BNF.
Le projet de budget de la culture pour 2000 se présente donc de
façon relativement favorable, au moins au yeux de la ministre, bien que
la croissance des dotations soit plus faible que les années
précédentes et qu'elle puisse paraître limitée
à tous ceux qui ont connu l'âge d'or du début des
années 80, où l'on dépensait sans compter.
Il faut en effet faire face, à la fois, aux charges issues des grosses
opérations lancées dans les années 80 et au début
des années 90 et continuer l'aide à la création vivante
dans la mesure où, même lorsque celle-ci trouve son public, elle
couvre rarement les charges qu'elle engendre.
Assumer l'héritage des grands travaux et celui d'un patrimoine
monumental considérable, tout en continuant de soutenir la
création, tel est le défi auquel doit faire face le budget de la
culture.
III. ASPECTS DE LA POLITIQUE CULTURELLE
Comme
cela a été fait pour d'autres budgets, votre rapporteur
spécial s'est efforcé d'analyser les crédits de la
prochaine loi de finances au regard de trois critères :
dépense-t-on moins ou du moins s'engage-t-on dans une politique de
maîtrise des dépenses ? Dépense-t-on mieux l'argent
public ? Enfin, le budget soumis à l'examen du Sénat
prépare-t-il l'avenir ?
L'avis favorable qu'a donné la commission des finances, a
été pour ainsi dire donné au bénéfice du
doute. Le rapporteur spécial a en effet cru déceler chez les
responsables du ministère ou des organismes une volonté
affirmée de rompre avec une gestion facile, voire laxiste, qui a parfois
caractérisé les interventions culturelles de l'État.
On ne juge pas une politique à ses seules intentions mais il faut
reconnaître que la tâche n'est pas facile, dès lors que l'on
tient compte des contraintes qui pèsent sur le budget du
ministère de la culture.
La rigidité, elle est d'abord structurelle et
financière
: non seulement les ambitions affichées dans
le domaine culturel se sont traduites par la multiplication d'organismes
nouveaux, mais les grands travaux ont accouchés de grands
équipements toujours plus lourds en frais de fonctionnement.
Mais elle est aussi psychologique
, tant il est vrai que la politique
culturelle ayant naturellement tendance à se concentrer en une politique
de communication auprès des professionnels de la culture, il est
difficile de remettre en cause des actions ou même simplement de les
réorienter, sans déclencher immédiatement des
réactions violentes du microcosme culturel relayées par la
presse.
Pourtant, on a certaines raisons d'être
inquiets pour
l'avenir
:
• Premièrement, sur le plan de l'emploi : est-on
sûr de ne pas voir se reproduire en ce qui concerne le politique du
personnel le cycle " création des postes de vacataires/
régularisation " ?
Que doit-on penser de la réforme
annoncée de l'archéologie, qui - outre qu'elle semble organiser
un monopole - va aboutir à augmenter considérablement le nombre
de fonctionnaires ?
• Deuxièmement,
met-on assez vite en place les
instruments de contrôle de gestion - comptabilité analytique en
particulier - et surtout d'évaluation des politiques culturelles
. A
cet égard, il semble nécessaire d'évaluer les
procédures internes d'évaluation et de contrôle du
ministère de la culture.
• En dernier lieu, votre rapporteur spécial ne peut
qu'exprimer une certaine perplexité devant le
nombre de chantiers en
cours
et de lieux sans affectation à Paris. Tout se passe comme si,
par volonté de plaire ou par incapacité à s'opposer, on
s'était engagé dans une logique sectorielle conduisant à
superposer les équipements et à accumuler des projets
que
l'on n'a pas dans la conjoncture actuelle les moyens de mener à bien et
ce, indépendamment des frais de fonctionnement induits.
Et, pendant que l'on cherche désespérément des moyens
budgétaires nécessaires dans cette logique du " toujours
plus " et surtout du " tout nouveau ", on délaisse
l'existant, le quotidien, bref, le non-médiatique et en tout premier
lieu le patrimoine.
Parce qu'il ne crée pas l'événement - sauf lorsqu'il
menace de s'effondrer, mais il est alors bien souvent trop tard...- le
patrimoine, surtout lorsqu'il n'est pas parisien, est alors la première
victime d'une politique culturelle qui, faisant miroiter du rêve, a du
mal à s'adapter aux réalités.
A. RÉFORME DE L'ADMINISTRATION : ENCORE UN EFFORT
La
réforme de l'administration de la culture est depuis longtemps une
urgence. Les ambitions des ministres successifs et la volonté des
différentes catégories de professionnels intéressés
ont provoqué " quarante ans de prolifération " pour
reprendre la formule de Maryvonne de Saint-Pulgent dans son livre le
" Gouvernement de la culture ".
"
Plus impressionnante encore est la prolifération des
établissements publics et autres pseudopodes qui gèrent avec un
budget propre, plus d'autonomie que les administrations classiques et des
règles comptables plus souples, les activités
" opérationnelles " de l'État : musées
théâtres, monuments, orchestres, bibliothèques,
écoles d'art ", écrit l'ancien directeur du patrimoine.
Son diagnostic de l'origine de ce phénomène mérite
d'être cité : "
Le moteur principal de ce mouvement
est ici le ministère des finances, qui soutint que ces structures sont
plus efficaces et plus économes des deniers publics que les services
centraux... De son côté, la ministre de la culture voit dans la
prolifération des établissements publics l'occasion d'avoir
davantage de nomination à proposer en Conseils des ministres,
d'augmenter le nombre de pages que son ministère occupe dans le Bottin
administratif et de contrebalancer
les pouvoirs de ses directeurs, dont
il se méfie toujours, même quand il les a choisis. "
A cette prolifération qui résulte donc pour une large part de la
stratification des initiatives sectorielles voire catégorielles,
s'ajoute le
défi de la décentralisation.
On assiste en
effet à la montée en puissance de l'action des
collectivités territoriales, phénomène qui avait conduit
M. Philippe Douste-Blazy à commander en 1996 un
rapport
à
M. Jacques
Rigaud,
un rapport
sur la " refondation " de la
politique culturelle
.
" Le moment m'a semblé venu, écrivait le ministre dans la
lettre de mission, de redéfinir les missions et les méthodes du
ministère de la culture, à partir de trois axes politiques qui
émergent, avec force, dans la définition de ce que doit
être une politique culturelle du ministère en cette fin de
siècle.
D'abord recentrer le ministère sur ses fonctions d'impulsion, de
coordination, d'évaluation : c'est l'essence même du service
public de l'action culturelle qui fonde, pour une bonne part,
" l'exception culturelle " dont vous parlez. Ensuite, engager une
concertation, méthodique et périodique, avec les
collectivités locales. Enfin, contractualiser les concours aux
institutions culturelles, en contrepartie d'engagements véritables de
service public. "
On voit bien la continuité dans la réflexion mais aussi la
viscosité des structures qui faute d'une volonté - et de courage
- politique suffisante pourrait entraîner l'administration dans un
processus budgétivore de sédimentation des initiatives et des
structures
.
1. La réorganisation des services
Les
intentions affichées par le présent gouvernement procèdent
d'ambitions louables : la modernisation du ministère chargé
de la culture se définit aujourd'hui par rapport aux orientations
gouvernementales actuelles contenues dans le plan de réforme de
l'État présenté en novembre 1997 ainsi que dans la
circulaire du 3 juin 1998 relative aux programmes pluriannuels de modernisation.
Les propositions faites en ce sens sont contenues dans un document du
ministère chargé de la culture daté de décembre
1998. Celui-ci détaille les grandes lignes suivantes :
• La définition d'une véritable administration
centrale avec le regroupement des fonctions d'administration
générale (fonctions financière et comptable, juridique,
personnel ... ), regroupement assis sur des évolutions statutaires
(fusions de corps) et de procédures, accompagné par une politique
de création d'établissements publics et de services à
compétence nationale destinée à " dégager les
établissements producteurs de services culturels (par exemple le Louvre)
des pesanteurs inhérentes à une administration
centralisée " ;
• L'émergence des directions régionales des
affaires culturelles : créées en 1977, elles n'ont
été durant les premières années que les relais -
plus ou moins bien dotés en moyens - dont on s'efforce de coordonner
l'action dans le cadre de conférences budgétaires ;
• Un certain nombre de fusions de directions avec les
regroupements de l'architecture et du patrimoine d'une part, des disciplines du
spectacle vivant d'autre part, qui se sont traduites par la mise en commun des
fonctions de gestion du personnel et de gestion budgétaire et
comptable :
• L'ancienne direction du théâtre et des spectacles et celle
de la musique et de la danse ont été fusionnées par le
décret n°98-840 du 21 septembre 1998 en une direction de la
musique, de la danse, du théâtre et des spectacles, la
DMDTS ;
• L'ancienne direction du patrimoine et celle de l'architecture ont
été réunies en une direction de l'architecture et du
patrimoine, la DAPA, par décret n°98-841 daté du même
jour.
Les services autrefois cloisonnés ont été
réorganisés selon une " logique thématique " -
dont la cohérence n'apparaît toutefois pas avec évidence
à la lecture de leur nom - : service de la connaissance, de la
conservation et de la création et service des enseignements, des
ressources, des publics et des réseaux à la DAPA, sous-direction
de la création et de la diffusion, sous-direction des enseignements et
pratiques amateur sous-direction de la formation professionnelle et du soutien
aux entreprises culturelles à la DMDTS.
Sur le papier, au moins, le ministère affiche deux
priorités :
• Le développement de la contractualisation : les
relations entre le réseau des établissements publics et
partenaires institutionnels et le ministère doivent aujourd'hui
évoluer dans le sens de la responsabilisation fondée sur une
définition d'objectifs et de priorités et la mise en place des
instruments de contrôle et d'évaluation correspondants,
vérifier la qualité du service offert.
• Donner les moyens aux services déconcentrés (DRAC
et services départementaux de l'architecture et du patrimoine), les
moyens d'accomplir les missions qui leur incombent du fait de la
décentralisation : l'adaptation de ces services à
leurs
missions est aujourd'hui une préoccupation réelle.
La
réalisation de cet objectif "
passe nécessairement par un
renforcement des
moyens, en particulier pour les DRAC les plus
concernées quantitativement par la déconcentration (un plan de
renforcement de ces services, notamment dans les fonctions d'administration et
de logistiques, est actuellement à l'étude). Mais elle justifie
aussi une attention particulière en matière de simplification et
d'allégement de procédures. Enfin, dans la ligne des orientations
gouvernementales, une structure de pilotage de la déconcentration a
été créée en administration centrale (Mission de la
déconcentration placée au sein de la direction de
l'administration générale) ".
Dont acte. Mais il faudrait que les actes suivent ces intentions notamment en
matière d'évaluation pour laquelle il y a un certain écart
entre les ambitions et la réalité.
2. Le nécessaire renforcement des procédures d'évaluation
En
dépit des objectifs affichés l'évaluation apparaît
une procédure pour le moins embryonnaire au ministère de la
culture, du fait sans doute de sa " particularité " qui
résulterait de ce que celui-ci " non seulement édicte des
normes et pratique l'incitation mais également fournit des prestations
culturelles, notamment en assurant la conservation et la valorisation d'un
ensemble de biens culturels de première importance ".
Certes, en mars 1995 a été créé auprès de la
ministre,
un comité ministériel d'évaluation
qui a
pour mission d'évaluer l'efficacité des politiques mises en
oeuvre par le ministère chargé de la culture, des services
publics culturels, des missions, de l'organisation et du mode de fonctionnement
du ministère (administration centrale, services
déconcentrés et établissements publics).
Le comité, présidé par M, Robert ABIRACHED, est
composé en outre d'un magistrat de la Cour des comptes ou d'un membre de
l'inspection générale des finances, choisi par le ministre sur
présentation par l'une ou l'autre des institutions, du chef de service
de l'inspection générale de l'administration des affaires
culturelles, du directeur de l'administration générale, du
délégué au développement et à l'action
territoriale, d'un directeur régional des affaires culturelles et de
cinq personnalités qualifiées désignées par la
ministre pour une durée de trois ans.
" Le comité d'évaluation constitue une instance
collégiale consultative placée auprès de la ministre,
visant à un équilibre entre l'indépendance et
l'objectivité requises pour toute évaluation et l'adaptation des
programmes d'évaluation aux besoins spécifiques du
ministère et du gouvernement, entre l'implication des institutions et
organismes, auteurs et acteurs des programmes évalués, et la
lecture qui en est faite par des personnalités indépendantes. Le
comité a vocation à jouer le rôle de conseil sur les sujets
et les processus d'évaluation, à être un lieu de
débats et une instance de validation de ces évaluations. Il est
enfin dans son rôle d'impulser la culture de l'évaluation dans
l'ensemble du ministère ".
Il est indiqué que le Comité ministériel
d'évaluation se dote d'un programme de travail planifié,
élaboré en accord avec les directions du ministère au sein
desquelles il dispose de correspondants. Le Secrétaire
général du Comité ministériel est en charge de
l'élaboration du projet de programme soumis au Comité.
Ce comité ne pilote pas les évaluations. C'est le rôle
d'instances d'évaluation, prenant la forme de commissions de pilotage.
Ces instances sont composées d'un ou deux membres du comité
ministériel, qui veillent au respect des règles
méthodologiques et à la coordination des évaluations entre
elles, de deux fonctionnaires responsables ou associés à la
politique évaluée, ayant suffisamment de recul et d'autonomie par
rapport à leur direction, de deux personnes susceptibles de
représenter les usagers de la politique considérée, et, le
cas échéant, de représentants d'instances qui peuvent
être impliquées dans le processus d'évaluation (inspections
générales, Cour des comptes, etc.). Ces instances
d'évaluation sont présidées par des personnalités
qualifiées et indépendantes.
Pour chaque thème d'évaluation, l'instance d'évaluation
concernée élabore son programme de travail et se dote d'un
rapporteur. Elle peut ainsi procéder au travail d'enquête, de
collecte de l'information, d'analyse puis de synthèse et de
rédaction. Son rapporteur lui rend compte à intervalle
régulier du déroulement de sa mission ainsi qu'au Comité
ministériel.
Le rapport résultant du travail de l'instance est soumis au
comité ministériel d'évaluation. Si celui-ci l'approuve,
il est alors transmis au ministre. Les travaux documentaires et les
études nécessaires aux évaluations sont
réalisés en général par le département des
études et de la prospective (DEP) du ministère dont le
responsable est également secrétaire général du
Comité ministériel d'évaluation.
Cette procédure est d'ailleurs à ce point contradictoire et,
équilibrée... que seulement deux évaluations portant
respectivement sur l'aide de l'État aux industries
phonographiques
4(
*
)
et sur les centres de
formation des maîtres de musique et de danse (CEFEDEM), ont
été menées et publiées depuis 1995
5(
*
)
.
Deux évaluations portant respectivement sur le réseau des
associations régionales et départementales de diffusion et
d'animation musicale et sur l'inventaire général des monuments et
richesses artistiques de la France ont été lancées en
1997. En 1998, une évaluation des politiques d'aides
à " l'extraduction" dans le secteur du livre a
également été entreprise.
Le rapport sur l'inventaire général a été
présenté au comité d'évaluation en 1998 et sera
prochainement disponible dans sa version finale. Les deux autres doivent
être présentés en 1999 au comité qui prépare
actuellement la programmation des actions à venir.
Dans sa réponse à un questionnaire adressé sur ce point
par la commission des finances de l'Assemblée nationale, il est
également précisé que cette procédure n'est pas
exclusive de " l'auto-évaluation " permanente des services
impliqués dans l'action.
Cette présentation de l'action du ministère en matière
d'évaluation débouche sur une question de principe et de
méthode.
Une administration peut-elle mettre en place des
procédures qui n'aboutissent pas simplement à une
" auto-évaluation " naturellement indulgente, dès lors
que, par définition, elle se réfère aux buts et aux
objectifs du ministère tels qu'ils résultent de l'administration
ou du milieu professionnel concernés ?
3. La révision des services votés : des mesures symboliques
Dans ces
conditions, il n'est pas étonnant que la révision des services
votés restent au ministère de la culture de l'ordre du symbole.
Dans la réponse faite votre à votre rapporteur spécial, il
paraît évident que des remises en cause n'interviennent
qu'à l'occasion de mesures générales de régulations
budgétaires. Mais à peine la pression de Bercy se
relâche-t-elle que l'on ne fait plus guère d'efforts pour chercher
des économies.
Ainsi, dans le projet de budget pour 2000, la révision des services
votés
a permis de dégager 1 million de francs
sur
le chapitre 34-97 (article 60) " moyens de fonctionnement des services
administratifs centraux et déconcentrés " (économies
attendues en matière de frais de déplacement et de
télécommunications) et
3 millions de francs sur le
chapitre 36-60
(article 68)
" subventions aux
établissements publics " (réduction de la subvention de
fonctionnement versée au musée et domaine national de
Versailles).
Dans le projet de budget pour 1999, la révision des services
votés avait permis de dégager 6,85 millions de francs sur le
chapitre 36.60 (subventions aux établissements publics), grâce
à la réduction des budgets de fonctionnement du musée du
Louvre (2,5 millions de francs) et de l'établissement public de
Versailles (4,35 millions de francs).
En revanche, dans le projet de budget pour 1998, la révision des
services votés avait permis de dégager les crédits
indiqués dans le tableau ci-dessous :
(en millions de francs)
Réduction des moyens de fonctionnement : |
|
contribution à l'effort de maîtrise des dépenses de l'Etat |
|
31.90 |
-6,227 |
33.90 |
-4,982 |
33.91 |
-1,245 |
34.20 |
-1,730 |
34.96 |
-1,866 |
34.97 |
-3,626 |
35.20 |
-8,500 |
TOTAL |
-28,176 |
Suppression de 41 emplois |
|
31.01 |
-4,344 |
31.03 |
-0,218 |
33.90 |
-0,910 |
33.91 |
-0,518 |
TOTAL |
-5,173 |
Etablissements publics : |
|
contribution à l'effort de maîtrise des
dépenses de l'Etat
|
|
CNL |
-1,815 |
BNF |
-11,910 |
EPPV |
-7,545 |
ENP |
-3,500 |
Comédie française |
-2,196 |
Théâtres nationaux |
-2,190 |
ONP |
-7,131 |
Cité de la musqiue |
-5,400 |
CNC |
-13,125 |
EPGL |
-7,000 |
Louvre |
-5,795 |
CNAC GP |
-1,250 |
EPPGHV |
-3,010 |
CSI |
-2,700 |
Ecoles d'architecture |
-1,300 |
autres EP |
-5,538 |
TOTAL |
-81,405 |
Réduction des moyens d'intervention : |
|
contribution à l'effort de maîtrise des dépenses de l'Etat |
|
43.10 |
-11,403 |
43.40 |
-86,739 |
43.60 |
-8,493 |
43.92 |
-9,000 |
TOTAL |
-115,635 |
4. La gestion des personnels
A
examiner les données concernant le personnel du ministère, il
semble que la source majeure de créations d'emplois résulte de la
titularisation de personnel non titulaires.
Par un processus d'expansion en accordéon tout semble se passer comme si
le moteur principal des créations d'emploi au ministère de la
culture était à deux temps : dans un premier temps, on
engageait dans l'urgence les personnels nécessaires au fonctionnement
des grands équipements ; dans le deuxième, on était
amené à les titulariser sous la pression plus ou moins forte des
intéressés. Il n'y a rien là que de très logique
dans la mesure où il faut bien faire fonctionner les équipements
nouveaux et, en général, supplémentaires que l'on vient de
créer. A cet égard,
les créations de postes ne sont que
la traduction en fonctionnement de dépenses d'investissement
.
Et pourtant des besoins existent, qui ne sont pas encore couverts, en
particulier pour renforcer les moyens des services déconcentrés.
L'évolution globale des effectifs des personnels du ministère de
la culture se présente de la façon suivante pour les trois
dernières années :
• 1997 est l'année d'achèvement de l'opération de
transfert des services de l'architecture, opérée en 1996 entre le
ministère chargé de l'équipement et le ministère
chargé de la culture, car elle a été marquée par un
transfert complémentaire de 36 emplois destinés à
renforcer les 2 464 emplois issus du transfert. Cette même
année, le ministère chargé de la culture a
bénéficié d'une création nette de 24 emplois
budgétaires ;
• En 1998, 27 créations d'emplois sont intervenues, afin
d'achever la réalisation d'un plan amorcé en 1995, visant
à stabiliser les personnels vacataires de la filière de
l'accueil, de la surveillance et du magasinage. Compte tenu des besoins
persistants dans cette même filière, des emplois
supplémentaires ont été obtenus grâce à une
mesure de redéploiement interne aux effectifs du ministère
chargé de la culture ;
• En 1999, le transfert, vers le ministère chargé de
l'éducation nationale, de l'Institut de formation des
bibliothécaires (7 emplois concernés) a été
opéré, ainsi que celui de 14 emplois vers le budget propre du
musée du Louvre, pour des raisons liées à la situation des
agents occupant ces emplois. Par ailleurs, le secteur de la recherche a
bénéficié d'une création nette de 2 emplois et le
ministère chargé de la culture a de nouveau
procédé, par redéploiement de ses effectifs, à un
renforcement de la filière de l'accueil, de la surveillance et du
magasinage, en la dotant de 30 emplois supplémentaires, notamment pour
poursuivre la stabilisation des personnels vacataires de cette filière.
Les évolutions, par structure, ont été, quant à
elles, les suivantes (données chiffrées dans le tableau
ci-après) :
Pour faire face à la déconcentration des activités, le
renforcement des effectifs des directions régionales des affaires
culturelles demeure une priorité. La mise en place, en 1998, des
premiers concours organisés en région entre dans cette logique.
Pour accélérer le mouvement, le ministère a
décidé d'engager le redéploiement de 200 agents en quatre
ans (1999-2000-2001-2002) vers les DRAC. La préoccupation est identique
pour les services départementaux de l'architecture et du patrimoine qui
ont vu leurs effectifs diminuer en 1996 et 1997, période du transfert
des services de l'architecture du ministère de l'équipement vers
le ministère de la culture. Cette diminution tient au retour d'un
certain nombre d'agents vers leur ministère d'origine et par les
délais de reprise en gestion de ces nouveaux services, qui ont ralenti
les procédures habituelles de recrutement. Dès 1998, les
effectifs ont à nouveau augmenté et se sont, depuis,
stabilisés.
Les effectifs des
services extérieurs nationaux et des autres
services extérieurs
ont continué à croître entre
1997 et 1999. Cette augmentation est notamment liée à
l'accroissement des effectifs de la filière de l'accueil, de la
surveillance et du magasinage, présents en nombre important dans les
musées nationaux, les monuments et les domaines.
Mais l'évolution la plus sensible concerne évidemment les
établissements publics :
Bibliothèque nationale de
France (+ 154 personnes entre 1997 et 1998, recrutements effectués sur
la base des importantes créations d'emplois inscrites en loi de finances
pour 1996 pour cet établissement), Musée du Louvre (+ 65
personnes), établissement public de Versailles 2 (+ 37 personnes).
Cette tendance à l'augmentation des effectifs de ces mêmes
établissements s'est poursuivie en 1999. Un effort particulier est
également fait en direction des écoles d'architecture.
Pour 2000, les perspectives budgétaires sont les suivantes :
• Au titre de la poursuite de la résorption de l'emploi
précaire, 100 créations nettes d'emplois sont inscrites dans le
projet de loi de finances pour 2000. Par ailleurs, par une mesure de transfert
de 195 emplois de personnels non titulaires du budget du ministère
chargé de la culture vers celui de certains établissements
publics d'enseignement, il est prévu, en redisposant des assises ainsi
libérées sur le budget de l'État, de consacrer, en 2000,
295 nouveaux emplois à la stabilisation des personnels
rémunérés sur crédits. Devraient ainsi pouvoir
bénéficier de cette mesure : 57 agents relevant de la
filière administrative, 206 agents de la filière de l'accueil, de
la surveillance et du magasinage et 32 personnels associatifs.
• A ces créations, s'ajouteront des postes vacants, qui devraient
ainsi permettre l'organisation de concours débouchant sur la
stabilisation d'au moins 320 agents dans les corps des personnels titulaires.
• Par ailleurs, 79 assises budgétaires dans les
établissements publics destinées à accompagner leur
développement, à transformer des contrats à durée
déterminée en contrats à durée
indéterminée ou encore à stabiliser des vacataires
permanents, sont également prévues pour 2000.
• Enfin, une mesure de transfert portant sur 3 emplois est destinée
à confier aux services du Premier ministre la gestion et la
rémunération des personnels affectés par les
différents départements ministériels à
l'Elysée.
En sus des créations d'emplois, sont inscrites, dans le projet de loi de
finances pour 2000, pour les personnels inscrits sur le budget de l'Etat, des
mesures catégorielles (10,4 millions de francs directement
consacrés à
l'amélioration des carrières des
agents dont 1,35 millions de francs au titre de
l'accord salarial de
février 1998), ainsi que des mesures indemnitaires (prise en compte d'un
certain nombre de contraintes nouvelles liées au développement
des missions des agents qui relèvent de certaines filières,
telles que la filière de la surveillance et du magasinage, la
filière ouvrière des jardins et des fontaines, la filière
administrative des services déconcentrés ou celles de la
conservation et de l'inspection de la création et des enseignements
artistiques).
Enfin, il est prévu d'augmenter les crédits consacrés
à la formation continue des personnels (+ 0,5 million de francs), ainsi
que ceux consacrés à l'action sociale (+ 0,86 million de
francs).
5. Le regroupement des services centraux
Le
ministère de la culture dispose actuellement de 19 implantations
dans Paris, dont la partie du Palais-Royal qui lui est affectée. Ces
implantations sont constituées par des immeubles domaniaux et par des
immeubles locatifs, récapitulés dans les tableaux ci-après.
L'éclatement géographique des services centraux du
ministère de la culture constitue un handicap. Leur regroupement
physique répond à trois objectifs :
• diminuer de façon notable des frais de gestion actuellement
très élevés (près de 30 millions de
francs/an)
6(
*
)
• améliorer la communication entre les différentes
directions ;
• moderniser l'administration centrale et favoriser le
développement de certaines fonctions qui font défaut à
l'heure actuelle (accueil du public, services du personnel).
La partie du Palais-Royal affectée au ministère de la culture
étant conservée, le projet vise donc à regrouper la plus
grande partie des services centraux entre le 3, rue de Valois, le 6, rue des
Pyramides et l'immeuble " Saint-Honoré Bons Enfants ", et
toutes les directions d'administration centrale à l'exception du
département de l'organisation et des systèmes d'information
installé depuis le début de 1994 au Fort de Saint-Cyr dans les
Yvelines.
Le
programme prévoit :
En étage (1 à 8), les espaces de travail des directions
susceptibles d'accueillir 850 postes (sur un total d'environ 1 100 agents
pour tout le bâtiment). Dans la répartition des bureaux il est
recommandé de réserver 40 % d'entre eux pour des bureaux
individuels. La surface affectée à ces espaces a
été évaluée à 9 820m² utiles
à compléter par les locaux de services d'étage
(reprographie, petites salles de réunions...) pour un total de
11 600m² utiles.
Au rez-de-chaussée et en sous-sol : 6 650m² de surface
utile destinée aux services généraux (accueil,
documentation, archives, grandes salles de réunions, informatique), aux
fonctions sociales (médecine et action sociale, restauration, services
du personnel) et à la logistique (livraisons, courrier, gestion du site,
fournitures, logement de fonction...).
Enfin sont prévues 60 places de stationnement automobile.
Point d'avancement du projet :
- Procédure interministérielle : le bâtiment
Saint-Honoré a été libéré par le
ministère des finances depuis 1989. Mis aux enchères publiques en
1992, il n'a pas trouvé preneur. Il a été affecté
au ministère de la culture par arrêté du 24 février
1994. Cet immeuble, de par ses dimensions et sa situation géographique,
à proximité immédiate de la rue de Valois,
représente en effet une opportunité exceptionnelle. La
réunion interministérielle du 23 janvier 1998 a confirmé
la réalisation du projet du ministère de la culture et de la
communication.
- Maîtrise d'ouvrage : L'EPMOTC (établissement public de
maîtrise d'ouvrage des travaux culturels) a reçu un mandat de
maîtrise d'ouvrage par convention passée avec le ministère
de la culture et de la communication en date du 31 août 1999.
Après avis favorable de la commission spécialisée des
marchés (obtenu le 12 octobre 1999) le marché de maîtrise
d'oeuvre pourra être passé avec le groupement emmené par
Francis Soler, lauréat du concours organisé en 1995.
- Coût global et financement
• Coût global prévisionnel : le coût des
études et travaux TTC + frais annexes s'élève
à
355 millions de francs valeur 1998
.
• Financement : le montant des autorisations de programme ouvertes
pour cette opération jusqu'à la loi de finances pour 1999
comprise, s'élève à 299,95 millions de francs. Le
projet de loi de finances pour 2000 comporte une ouverture de
56,2 millions de francs d'autorisations de programme à ce titre.
L'opération peut donc être tenue pour financée après
actualisation.
B. MUSÉES NATIONAUX : LE POIDS DES STRUCTURES
A
côté de l'insuffisance structurelle des crédits
d'acquisition que votre rapporteur a analysée dans son rapport
d'information intitulé " Marché de l'art, les chances de la
France " - que pèsent les quelques 105 millions du fonds du
patrimoine, augmentés des crédits RMN, comparés aux refus
de certificats en stocks qui, cumulés, frôlent le milliard de
francs -, il faut évoquer les problèmes de gestion de structures
de plus en plus lourdes.
Tandis que la Réunion des musées nationaux se redresse, le
musée du Louvre connaît les difficultés consécutives
à sa croissance rapide, trop rapide par rapport aux moyens qui lui sont
alloués.
1. Le redressement de la RMN
La crise
que connaît cet organisme depuis 1995 lui interdit de contribuer, comme
par le passé, à l'enrichissement des collections nationales.
Cet établissement, qui a pour objet de financer l'acquisition d'oeuvres
d'art, d'organiser des expositions et de développer une activité
commerciale et éditoriale a vu sa situation se détériorer
à partir du début des années 90. excédentaires en
1993 (+ 10 millions de francs), équilibrés en 1994, les comptes
avaient dégagé un solde négatif de 39 millions de francs
en 1995 et 85,9 millions de francs en 1996 et 62,2 millions de francs en 1997.
La crise économique mais aussi une gestion trop ambitieuse sur le plan
commercial, avaient rogné les résultats sous l'effet des facteurs
suivants : tassement du nombre de visiteurs et donc des ressources que la RMN
tire des droits d'entrée, changements de régime juridique avec
la transformation en établissements publics du Louvre et de Versailles,
qui conservent dorénavant une part des recettes ; enfin recul des
recettes tirées des activités éditoriales et commerciales
- cartes postales, catalogues, CD-ROM, "produits dérivés" :
au lieu de dégager des bénéfices de nature à venir
conforter les missions de service public comme le montage d'exposition ou la
publication de catalogues d'un intérêt scientifique certain mais
au public restreint, le secteur commercial de la RMN absorbe en
réalité des ressources qui auraient dû, soit contribuer aux
opérations d'intérêt général, soit permettre
l'acquisition d'oeuvres d'art.
Le plan de redressement adopté depuis 1997
commence à
porter ses fruits aidé il est vrai par la reprise de la
fréquentation
7(
*
)
.. Ce plan fixait deux
objectifs :
- reconstituer en trois ans (1997-1999) les réserves de
l'établissement et son fonds de roulement à leur niveau de
1993 ; cela supposait que la RMN dégage sur trois ans, toutes
activités confondues, un bénéfice après
acquisitions d'environ 80 millions de francs, intégralement
reversé au fonds de roulement ;
- rationaliser l'activité commerciale pour qu'elle parvienne au
minimum à équilibrer son exploitation en 1999.
Les résultats de la RMN, pour 1998, s'établissent comme suit.
Pour le droit d'entrée,
le résultat positif
s'élève à 55,7 millions de francs, contre
86,8 millions de francs en 1997. Cette diminution apparente du
résultat est essentiellement la conséquence d'une reprise des
acquisitions d'oeuvres d'art, dont le niveau avait été
limité en 1997 dans le cadre du plan d'action.
Le niveau des
acquisitions
sur fonds propres a été
porté de 28,3 millions de francs à 55,3 millions de
francs
Pour les
expositions
, le déficit de - 17,3 millions de
francs est conforme aux objectifs du plan d'action. La fréquentation a
bénéficié d'un programme d'expositions qui a attiré
un large public, notamment au musée d'Orsay, avec Manet-Monet puis
Millet-Van Gogh, ce qui a permis de compenser les baisses de
fréquentation enregistrées pendant la coupe du monde de football
(- 14% en juin et -11,8% en juillet).
Le coût de la pérennisation des personnels de surveillance du
Grand Palais, estimé à 2 millions de francs en 1998, a pu
être absorbé par des économies réalisées
notamment sur les primes d'assurance et par le succès de la carte
Sésame, qui dégage un chiffre d'affaires de 5,5 millions de
francs.
Pour l'ensemble des activités commerciales
, le résultat
redevient bénéficiaire en 1998. Ainsi, l'objectif
d'équilibre financier du secteur commercial, qui constituait l'un des
volets du plan d'action est d'ores et déjà atteint. Le chiffre
d'affaires s'établit à 486 millions de francs, en
progression de 16,8 % par rapport à 1997, avec des hausses
différenciées selon les secteurs ( +12% pour les implantations
muséales, + 25 % pour les boutiques hors musées, +28%
pour la VPC).
Dans ce contexte favorable de l'évolution du chiffre d'affaires, la
marge brute s'améliore de 2,4 points et le ratio " charges de
personnel sur ventes " diminue de 2,8 points. Ainsi, les mesures prises
pour le redressement de l'activité produisent leurs effets et permettent
de réaliser un bénéfice de 7,8 millions de francs.
Le résultat global de l'établissement
pour 1998 est donc
de 46,2 millions de francs, étant précisé que
l'établissement a constitué en 1998 une dotation initiale aux
provisions pour congés payés de 17,6 millions de francs .
Si l'on examine ces résultats au regard du plan d'action de la RMN pour
les années 1997-1999, les comptes financiers de la RMN pour 1998 font
état d'un dépassement des objectifs fixés dans ce
cadre.
Millions de francs |
Objectifs 1998
|
Résultats 1998 |
Résultats 1997 |
Résultats 1996 |
Résultat d'exploitation |
|
|
|
|
- Développement-action muséographique |
52,7 |
55,7 |
86,8 |
66,8 |
- Expositions |
- 17,3 |
-17,3 |
- 6,9 |
-7,9 |
- Services éditoriaux et commerciaux |
- 10,3 |
7,8 |
- 17,7 |
-144,8 |
Total Exploitation |
25,1 |
46,2 |
62,2 |
-85,9 |
On note
que les résultats d'exploitation de la RMN sont meilleurs que ceux
prévus. Sur les années 1997 et 1998 le résultat
d'exploitation cumulé s'établit à 108,6 millions de
francs, contre 38,5 millions de francs escomptés par le plan
d'action.
La poursuite du plan d'action sur l'année 1999 est liée à
la nécessité de mettre en place des outils de gestion et de
consolider les acquis. Ainsi, la RMN devra faire face à de nombreux
engagements financiers, comme par exemple le passage à l'Euro ou
l'informatisation de son outil de travail. Elle doit également se
prémunir contre des fluctuations imprévues de la
fréquentation des musées et des expositions temporaires.
L'exercice 1999 devrait permettre de consolider les résultats
antérieurs : l'état prévisionnel des recettes et des
dépenses a été élaboré en excédent de
35 millions de francs , le déficit des expositions
étant de 17,7 millions de francs et l'activité commerciale
dégageant un bénéfice de 3 millions de francs.
Votre rapporteur spécial se félicite de ces bons
résultats tout en se demandant si certaines mesures n'auront pas des
conséquences négatives. C'est ainsi que le succès des la
carte " Sésame ", qui repose sur la réduction des
avantages consentis aux membres des sociétés des amis pourraient
bien avoir des répercussions sur les adhésions desdites
sociétés et par là même sur les ressources qu'elles
mettent à la disposition des musées.
Plus fondamentalement on peut craindre que le système consistant
à privilégier des expositions populaires, ne finisse par trouver
ses limites, lassant une certaine partie du public et une critique prompte
à ternir l'image d'excellence des expositions françaises en leur
faisant craindre que le circuit des grandes expositions ne passe plus par notre
pays.
Sans doute excessif ce jugement doit stimuler une politique d'exposition, dont
on ne doit pas penser que, cédant aux facilités de la
monographie, elle ne laisse à d'autres le privilège de la
créativité.
2. La gestion des musées : l'intendance a du mal à suivre
Le musée du Louvre au quotidien paraît à la fois victime de son succès et des ambitions de ses promoteurs. Tandis que la sécurité est difficile à assurer, les files d'attente restent une donnée structurelle et les salles fermées pour manque de personnel sont de plus en plus fréquentes.
a) Les jours de fermeture
b) La durée d'attente
Le temps
d'attente a fortement augmenté en 1997 par rapport à 1996 (+
145 % du temps d'attente de plus de 30 minutes) pour deux raisons
convergentes : une remontée de la fréquentation (+
10 %) - alors que les contraintes liées au plan Vigipirate
continuaient à s'imposer pleinement - et l'ouverture de nouveaux espaces
muséographiques qui ont entraîné des afflux ponctuels de
visiteurs.
En 1998, le temps d'attente est demeuré très élevé
comme l'indique le tableau ci-après :
Temps d'attente moyen pour l'accès au hall Napoléon par les deux entrées
Attente en minutes |
de
|
à
|
|
de 16 |
à
|
|
de 31 |
à
|
|
de 46 |
à
|
|
de 61 |
à
|
|
de 91 |
à 120 |
|
TOTAL |
|
|
P |
C |
|
P |
C |
|
P |
C |
|
P |
C |
|
P |
C |
|
P |
C |
|
P |
C |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
janvier |
10 |
22 |
|
4 |
0 |
|
8 |
0 |
|
4 |
4 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
26 |
26 |
février |
0 |
22 |
|
8 |
2 |
|
7 |
0 |
|
9 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
24 |
24 |
mars |
2 |
23 |
|
5 |
4 |
|
8 |
0 |
|
8 |
0 |
|
4 |
0 |
|
0 |
0 |
|
27 |
27 |
avril |
4 |
20 |
|
6 |
3 |
|
6 |
1 |
|
6 |
1 |
|
3 |
0 |
|
0 |
0 |
|
25 |
25 |
mai |
6 |
20 |
|
6 |
4 |
|
6 |
0 |
|
6 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
24 |
24 |
juin |
10 |
24 |
|
10 |
1 |
|
3 |
0 |
|
2 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
25 |
24 |
juillet |
5 |
20 |
|
12 |
5 |
|
5 |
0 |
|
2 |
1 |
|
2 |
0 |
|
0 |
0 |
|
26 |
25 |
août |
0 |
21 |
|
15 |
3 |
|
5 |
0 |
|
5 |
2 |
|
0 |
0 |
|
2 |
0 |
|
27 |
26 |
septembre |
8 |
21 |
|
12 |
3 |
|
5 |
0 |
|
0 |
1 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
25 |
27 |
octobre |
2 |
18 |
|
13 |
13 |
|
8 |
0 |
|
4 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
27 |
27 |
novembre |
14 |
24 |
|
10 |
2 |
|
2 |
1 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
26 |
26 |
décembre |
6 |
13 |
|
11 |
5 |
|
2 |
2 |
|
1 |
0 |
|
0 |
0 |
|
0 |
0 |
|
20 |
20 |
Total |
67 |
244 |
|
112 |
45 |
|
65 |
4 |
|
47 |
9 |
|
9 |
0 |
|
2 |
0 |
|
302 |
302 |
légende :
P
par la
P
yramide
C
par la galerie du
C
arrousel du Louvre
A l'entrée Pyramide, que 41 % des visiteurs ont utilisée, le
temps d'attente a été supérieur à une demi-heure
pendant 112 jours et s'est situé entre une heure et deux heures pendant
11 jours.
A l'entrée Carrousel, que 36 % des visiteurs ont utilisée, le
temps d'attente a été beaucoup moins important :
inférieur à 15 minutes pendant 244 jours, il n'a jamais
excédé une demi-heure.
23 % des visiteurs sont entrés par le passage Richelieu
réservé aux groupes et aux personnes munies d'un
libre-accès.
On note quelques bonnes initiatives : afin d'améliorer le confort
d'attente des visiteurs en période de forte influence, le musée
du Louvre a procédé en juin 1998 à un
réaménagement de la file d'attente dans la cour Napoléon.
Celle-ci se déploie désormais sous le péristyle de l'aile
Denon : la majeure partie de la file d'attente est ainsi
protégée des intempéries.
Une expérience d'animation de la file d'attente a été
menée en parallèle par le service de l'accueil : une
équipe de six
animatrices de file d'attente
(sic !)
a
été recrutée au départ pour la période du 16
juin au 31 août 1998
8(
*
)
. Face au
succès remporté par cette forme d'accueil, le service de
l'accueil du musée a décidé de pérenniser cette
expérience dès le mois d'octobre, chaque mercredi, samedi et
dimanche et de la renouveler pendant l'été 1999.
La réponse faite à votre rapporteur spécial précise
également qu'il est " permis d'espérer que, lorsque
l'accès au musée du Louvre pourra se faire également par
la porte des Lions (avec l'arrivée de nouveaux agents recrutés
par concours), le temps d'attente des visiteurs sera notablement
diminué. "
Précisément, l'expérience semble pour l'instant avoir
tourné court puisque l'entrée de la Porte des Lions est
fermée par manque de personnel.....
c) Les fermetures de salles
Pour
mesurer le niveau d'ouverture des salles, le Louvre distingue deux indicateurs
que sont le taux de fermeture des salles pour travaux, et le taux de fermeture
des salles pour manque d'effectifs.
Ces indicateurs ont évolué depuis 1993 de la façon suivante
• taux de fermeture pour travaux (la nature de ces travaux est
illustrée pour les deux années les plus récentes par la
nature des réaménagements qui ont affecté le
département des antiquités égyptiennes -depuis fin
novembre 1995 - et le département des antiquités grecques,
étrusques et romaines) : 20,50% en 1993 ; 13,70% en 1994 ; 15,80% en
1995 ; 19,55% en 1996 ; 17,84% en 1997 ; 6,22% en 1998.
• taux de fermeture pour effectifs insuffisants : 3,03% en 1993 ;
1,06% en 1994 , 2,66% en 1995 , 5,01% en 1996 ; 6,68% en 1997 ; 14,75% en 1998
; 14,33% pour les sept premiers mois de 1999.
Comme le relèvent ces chiffres, l'insuffisance des effectifs du
musée s'accroît au fur et à mesure que les espaces
muséographiques deviennent accessibles au public (en dépit du
renfort de nombreux agents, ce fait est observable notamment depuis octobre et
décembre 1997, dates respectives d'ouverture de certaines salles du
département des antiquités orientales et des salles des
antiquités égyptiennes et des antiquités grecques,
étrusques et romaines).
Le musée attache une particulière attention à
l'évolution de ces indicateurs. Malgré des gains de
productivité très importants liés à une refonte des
plannings des agents de surveillance, une amélioration de l'organisation
du travail et des actions menées de façon continue pour lutter
contre l'absentéisme, la fermeture de salles à laquelle le
musée se trouve contraint entraîne de vives réactions de
protestation du public le plus averti.
Dans ce contexte, pour organiser les ouvertures et fermetures de salles de
façon à ce que le public puisse avoir au moins une information
certaine sur ce qu'il pourra visiter, le musée a élaboré
fin 1998
un nouveau dispositif mis en place à partir de janvier
1999.
Au lieu d'un ordre de priorité des fermetures, lequel aboutissait
à ce que quelques espaces soient pratiquement toujours fermés, le
dispositif prévoit que les fermetures soient effectuées par
roulement hebdomadaire de différentes salles du musée. En
contrepartie de ces fermetures organisées, les autres espaces sont
impérativement ouverts.
C. QUESTIONS D'ACTUALITÉ
Votre rapporteur spécial se propose d'évoquer une série de questions d'actualité culturelle, de façon à informer la Haute Assemblée et à alimenter le débat budgétaire.
1. La mise en place des commissions régionales du patrimoine et des sites
La loi
du 28 février 1997 votée sur une initiative du Sénat,
fusionne les commissions régionales consultatives en matière
patrimoniale et institue une procédure de saisine du préfet de
région sur les avis émis par les architectes des bâtiments
de France.
Le retard constaté dans sa mise en oeuvre s'expliquerait par la
difficile mise au point du décret d'application : il a fallu
prévoir un ensemble de mécanismes simples qui s'intègrent
dans les procédures d'instruction d'autorisations d'urbanisme.
Le décret en Conseil d'État a été finalement
signé le 5 février 1999 et la circulaire d'application aux
services, le 4 mai 1999. Le décret prévoit un début
d'application le 1
er
mai 1999. Les commissions se sont mises en
place à partir de cette date.
Huit commissions étaient constituées au
1
er
août 1999. Les autres seront arrêtées
par les préfets de région incessamment (l'ensemble des
arrêtés est prêt).
Au 1
er
août 1999, sept saisines du préfet de
région ont été présentées, dont deux ont
déjà été examinées en Commission
régionale du patrimoine et des sites.
Six préfets de région avaient réuni une commission
régionale du patrimoine et des sites au 1
er
août
1999 ou avaient programmé une réunion pour la rentrée.
2. Une nouvelle salle de concert : une nécessité pour Paris ?
Dans une
lettre adressée le 20 septembre au ministre de la Culture le compositeur
et chef d'orchestre français
Pierre Boulez et 75 personnalités
musicales, demandent la construction d'un grand auditorium à La
Villette
.
Une telle initiative est tout à fait significative d'une logique
très française conduisant, pour de très bonnes raisons,
l'État à ajouter des équipements nouveaux, sans jamais en
retrancher aucun.
Paris est-il une ville suréquipée sur le plan
culturel
? La question mérite d'être posée
à travers une demande qui même justifiée sur le fond, n'en
pose pas moins des problèmes dans une optique globale
d'aménagement culturel.
La capitale dispose déjà de trois salles dévolues à
l'art lyrique - l'Opéra-Bastille (2 700 places), l'Opéra-Garnier
(1 900 places) et l'Opéra-Comique (1 200 places) - ainsi que de deux
autres lieux qui accueillent à la fois de l'opéra et de nombreux
concerts d'orchestre et récitals de musique instrumentale ou
vocale : le Théâtre du Châtelet (2 000 places) et le
Théâtre des Champs-Elysées (1 900 places).
A la différence des trois premières qui sont sous la tutelle de
l'État, le Châtelet bénéficie de subventions de la
Mairie de Paris, tandis que et le Théâtre des
Champs-Elysées bénéficie du soutien de la Caisse des
dépôts et consignations, propriétaire des lieux.
Les données de la question sont particulièrement
compliquées.
D'un côté, il y a un orchestre, l'Orchestre de Paris, sans toit
car aucune salle existante ne peut lui être affectée,
en
l'état actuel des choses : la salle Pleyel qui l'héberge
actuellement, à été vendue à un propriétaire
privé ; le Théâtre des Champs-Elysées, dont
l'acoustique est critiquée accueille déjà l'Orchestre
national de France ; la Salle du conservatoire du IXe arrondissement
ne contient que 600 places ; l'installation au théâtre de la
Gaîté lyrique que Jack Lang avait voulu consacrer à
l'opérette, envisagée par la ville de Paris, est un projet
très contesté par les professionnels qui lui
préfèrent la création d'une nouvelle salle à la
Cité de la musique.
Selon Pierre Boulez et tous les musiciens qui le soutiennent, cette nouvelle
salle " aurait pour principal avantage de développer un pôle
musical associant diffusion, patrimoine et mission éducative et de
répondre ainsi aux besoins d'un public élargi désirant
approfondir sa relation à la vie musicale dans toute sa
diversité ".
La question n'est pas simplement une quetion de coût
d'investissement ; ce n'est même pas un problème de
fonctionnement, même si on se demande où le ministère va
trouver les
emplois permanents
pour les
besoins permanents
qu'il
va devoir satisfaire car on n'ose envisager l'hypothèse de l'utilisation
de vacataires qu'il faudrait de toute façon titulariser
ultérieurement...
Il convient de se demander s'il existe une demande
: le taux actuel
de fréquentation de l'Orchestre de Paris est de 66%, or la nouvelle
salle ajouterait 2.300 places 250 jours par an, c'est-à-dire 575.000
places supplémentaires, pour un public parisien qui n'en absorbe que
250.000.
Pour mettre le débat en perspective, il convient de souligner que la
crise
que traverse actuellement
l'Opéra Comique
résulte à l'évidence de la multiplication des lieux qui
aboutit à réduire les plus faibles à la portion congrue.
Désormais privée de budget artistique car les créations
trop intimistes sont maintenant dirigées sur le Palais Garnier, sans
orchestre en résidence, sans ateliers de décors et de costumes,
la salle Favart est confrontée à une crise d'identité -
l'essentiel de son répertoire historique est montré ailleurs - et
une crise budgétaire : le déficit actuel
s'élève à environ 8 millions de francs et pourrait se
monter à 12 millions pour une subvention globale de 28 millions de
francs, manifestement insuffisante pour permettre un fonctionnement normal de
la salle et en particulier pour assurer les travaux urgents de
sécurité. La crise a justifié un audit et va probablement
se traduire par le départ de l'actuel directeur et l'arrivée
anticipée de Jérôme Savary.
3. Le centre d'art du Palais de Tokyo
L'ouverture à Paris d'un centre dédié
à
la jeune création répond à un vrai besoin. Votre
rapporteur spécial a pu le constater lorsqu'il a entendu, à
l'occasion de la préparation de son rapport d'information sur le
marché de l'art, les représentants des galeries regretter
l'absence de lieu consacré à Paris à la création
française.
Les artistes vivant à Paris et en Ile de France manquent de lieux pour
faire connaître leur travail, tandis que la plupart des villes
étrangères possèdent un ou plusieurs équipements de
ce type. Il s'agirait selon le ministère de ne pas renouveler les
erreurs des années 60 et 70, où toute une
génération, à quelques rares exceptions près, n'a
pas connu la diffusion internationale qu'elle aurait méritée. Tel
est l'objet du centre dont la création a été
annoncée au printemps 1999 par la Ministre de la culture et de la
communication.
Indépendamment du problème général d'affectation du
palais de Tokyo au sujet duquel le rapporteur spécial a eu l'occasion de
s'exprimer, on ne peut que se féliciter de l'approche modeste qui
caractérise cette initiative :
" Résolument tourné vers la création, ce lieu doit
éviter toute sophistication, fonctionner avec des coûts fixes
modérés et échapper à toute dérive
institutionnelle ".
Dans cet esprit, on peut effectivement remarquer que son organisation se
caractérise par:
• Une direction, qui ne sera pas confiée à une
personnalité issue des institutions publiques et sera renouvelée
tous les trois ans ; c'est dans cet esprit que MM. Jérôme
Sans et Nicolas Bourriaud ont été choisis par la Ministre,
à l'issue d'un appel à candidatures ;
• Un statut juridique de l'établissement, qui lui garantira une
autonomie suffisante ;
• La présence de partenaires privés (entreprises,
collectionneurs) dans les organes délibérants.
• Par ailleurs, ce centre doit jouer un rôle d'interface avec les
lieux en région : coproduction avec des centres d'art du
réseau régional afin de mieux diffuser les oeuvres des jeunes
artistes situés sur l'ensemble du territoire.
Au niveau des principes, on note que le centre serait organisé de
façon assez souple :
• l'organisation du lieu devrait permettre différents types
de " monstration " (salle d'exposition, salles expérimentales,
" project rooms "...), représenter la création dans
toute sa diversité et établir des liens entre les disciplines
artistiques ;
• le centre serait conçu comme un "
Lieu de vie et
d'invention, [qui] accueillera aussi les oeuvres audio et vidéo, ou plus
ponctuellement de la danse. Ses horaires d'ouverture ne le situeront pas dans
la famille des musées : plutôt midi-minuit que 10 h - 18
h ".
Le budget d'investissement est volontairement défini dans de strictes
limites : outre des autorisations de programmes disponibles sur des
reliquats d'opérations précédentes pour le même
édifice, 17 millions de francs d'autorisations de programme sont
prévus au projet de loi de finances pour 2000.
La programmation de ces investissements va débuter dès la fin de
l'été 1999 entre les services du ministère et de
l'établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels
et la direction récemment désignée.
En ce qui concerne le fonctionnement, l'année 2000 ne constituera qu'une
première étape, puisque le centre ne sera pas opérationnel
avant le milieu du second semestre ; une mesure nouvelle de
2 millions de francs est prévue au chapitre 43-20 du budget de la
culture pour 2000 ; elle ne constitue toutefois pas la
référence de fonctionnement du centre en année pleine.
L'objectif est de constituer une structure légère, dont le
coût de fonctionnement restera mesuré.
La prise en charge de ce fonctionnement pourra être assurée par le
ministère de la culture bien sûr, mais aussi par les partenaires
publics et privés qui seront regroupés en une association de
gestion dont les statuts sont en cours d'élaboration.
4. Le musée des arts et des civilisations
Le
projet de musée des arts et des civilisations a été
annoncé par le Président de la République, dès
1995. L'objectif est de procurer une meilleure exposition aux arts d'Afrique,
d'Asie, d'Océanie et des Amériques dans les institutions
nationales de la France, par la création d'un musée nouveau et
par la présentation, au Pavillon des Sessions du Palais du Louvre, en
préfiguration d'une centaine de chefs-d'oeuvre d'art dit
" premier ".
Votre rapporteur spécial fait ci-après le point de l'état
d'avancement du projet.
A la suite des conclusions remises, au gouvernement, à
l'été 1996, par la commission de réflexion
présidée par M. Jacques Friedmann, il a été
décidé de créer une association relevant de la loi 1901,
intitulée " mission de préfiguration du musée de
l'Homme, des arts et des civilisations ", placée sous la double
tutelle du ministère de la Culture et du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche et chargée
de favoriser la création de cette institution culturelle et
scientifique à Paris.
En 1998, les travaux de cette association ont notamment permis de :
• lancer une concertation avec les milieux culturel et scientifique ;
• rassembler les éléments techniques nécessaires au
choix du lieu d'implantation du futur musée ;
• finaliser le pré-programme du concours international de
maîtrise d'oeuvre pour la construction du futur musée ;
• lancer le concours de maîtrise d'oeuvre du Pavillon des Sessions
qui a permis la désignation de l'architecte Jean-Michel Wilmotte ;
• mettre en oeuvre une politique d'acquisition destinée à
compléter les collections actuellement affectées au musée
des arts d'Afrique et d'Océanie et au laboratoire d'ethnologie du
musée de l'Homme ;
• mener par ailleurs une évaluation des collections du MAAO et du
laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme.
L'association a également mené une réflexion sur la nature
juridique de la structure à même, jusqu'à l'ouverture au
public du futur musée, de :
• conduire la maîtrise d'ouvrage du projet ;
• mener une politique d'acquisition d'oeuvres d'art ;
• proposer aux pouvoirs publics le statut du futur musée ;
• préfigurer, notamment par des expositions et des colloques, la
politique culturelle et scientifique du futur musée ;
• gérer le Pavillon des Sessions du Palais du Louvre.
Cette réflexion a conduit à la création, par décret
n° 98-1191 du 23 décembre 1998, de l'établissement
public du musée du quai Branly.
Ainsi a été confirmée la volonté de voir
créer un musée consacré aux civilisations et aux arts
premiers, placé sous la double tutelle du ministère de
l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie et du
ministère de la Culture et de la Communication, sur le site du quai
Branly à Paris (7e).
Ce musée, qui ouvrira ses portes en 2004, regroupera les collections du
Musée des arts d'Afrique et d'Océanie - MAAO - et du laboratoire
d'ethnologie du musée de l'Homme enrichies par les acquisitions
précitées, et sera chargé d'une mission de conservation,
de présentation des collections, d'enseignement et de recherche.
Le coût de ce projet, conduit par l'établissement public du
musée du quai Branly, a été évalué à
1,1 milliard de francs d'investissement.
La répartition des financements pour 1999 et 2000 est la suivante :
(en francs TTC)
Nature des crédits |
1999 |
2000 |
Fonctionnement |
15 M.F. (1) |
15,1 M.F. |
Acquisitions |
50 M.F. |
30 M.F. |
Investissement |
124 M.F. AP - 31 M.F. CP |
117 M.F. AP - 60 M.F. CP (2) |
(1)
correspondent au financement de la mission de préfiguration sur 5 mois +
celui de l'établissement public sur 7 mois
(2) dont 32millions de francs AP - 26millions de francs CP à la charge
du MCC
Ces dotations sont financées, à parts égales, par les deux
ministères de tutelle.
L'effectif global de l'établissement public du musée du quai
Branly est de 24 personnes en 1999.
Pendant ses 7 premiers mois d'activité, l'établissement public du
musée du quai Branly a notamment :
• lancé le concours international de maîtrise d'oeuvre pour
la construction du musée du quai Branly qui permettra de désigner
un projet lauréat fin décembre 1999, par la constitution
d'un jury réunissant des personnalités internationales ;
• conduit les études nécessaires notamment à la
mise en place, en 2000, du chantier des collections qui permettra
d'inventorier, de numériser et de restaurer quand cela s'avérera
nécessaire, les 300 000 objets de la collection du musée du
quai Branly ;
• associé les équipes du MAAO et du musée de l'Homme
à la réflexion menée sur le programme
muséographique du futur musée ;
• lancé une politique de coopération culturelle avec les
pays d'origine par la signature d'une convention avec la Polynésie
française ;
• coproduit avec la réunion des musées nationaux un
catalogue et un cédérom relatifs aux objets et aux cultures
présentés au Pavillon des Sessions du Palais du Louvre ;
• préparé l'ouverture d'un site Internet ;
• poursuivi la politique d'acquisition engagée pour
compléter les collections actuelles ;
• engagé une réflexion, à travers le conseil
d'orientation, sur la présence de la création contemporaine dans
la future institution.
En 2000, il est prévu :
• de signer le contrat de maîtrise d'oeuvre avec le lauréat
du concours de maîtrise d'oeuvre ;
• d'ouvrir le Pavillon des Sessions dans le courant du mois d'avril
2000 ;
• d'engager les études nécessaires à la finalisation
du projet d'architecture ;
• de lancer le chantier des collections ;
• d'engager une politique de production muséographique
multimédia ;
• de produire deux événements de préfiguration (un
colloque et une exposition) ;
• de présenter les résultats du concours d'architecture
à travers une exposition au Centre national d'art et de culture Georges
Pompidou et d'un colloque professionnel organisé avec l'Institut
Français d'Architecture ;
• de développer la politique de coopération culturelle avec
les pays d'origine ;
• de poursuivre la politique d'acquisition engagée ;
• d'engager une réflexion approfondie sur le statut juridique du
futur musée.
Votre rapporteur spécial prend acte de ce programme qui met en valeur
des cultures avec lesquelles la France a des liens historiques
privilégiés. Il souhaite néanmoins être rapidement
fixé sur l'avenir du Musée des arts d'Afrique et
d'Océanie, qu'il a visité et qui lui est apparu à la fois
un superbe témoignage architectural des années trente et une
institution bien organisée prenant un soin particulier des
chefs-d'oeuvre dont elle a la charge.
Il attend que soit entreprise une réflexion, qui, il est vrai
dépasse l'organisme, dans la mesure où son avenir est
inséparable des choix qui doivent être faits en ce qui concerne
tous les lieux actuellement sans affectation.
5. La remise en cause de l'exception culturelle : l'éternel retour
C'est en
1993 au cours du cycle de l'Uruguay qu'est née l'expression " exception
culturelle ". Cette notion, qui n'a aucune consistance juridique,
s'était traduite en réalité par une absence d'offre sur un
nombre restreint de secteurs de la culture. C'est ainsi que les services
audiovisuels (cinéma, radio, télévision, enregistrements
sonores) et les services concernant les bibliothèques, les archives, les
musées et autres services culturels n'ont pas été offerts
par la Communauté européenne. En revanche, les services de
spectacle (y compris le théâtre, les orchestres et le cirque),
l'édition, les agences de presse et les services d'architecture ont
été offerts.
A peine a-t-on vu se dissiper les craintes relatives à la
pérennité de " l'exception culturelle " du fait du
projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) et de celui de
nouveau marché transatlantique aujourd'hui abandonnés, que se
profile aujourd'hui la menace des nouvelles négociation de
l'Organisation mondiale du commerce.
Dans le dossier de l'AMI, la France, qui avait demandé une exception
générale pour la culture, a décidé, à la
suite de la publication d'un rapport établi par Madame Lalumière
et Monsieur Landau, de se retirer de la table des négociations en
octobre 1998. Les accords négociés dans l'enceinte de l'OCDE
devant, pour être adoptés, faire l'objet d'un consensus, ce
retrait a eu pour conséquence de mettre un terme aux négociations
qui, selon la France, ne devaient pas se limiter aux pays
développés et donc être négociés dans le
cadre de l'OMC dont la vocation est plus universelle.
Le nouveau marché transatlantique (NTM), accord bilatéral entre
les Etats-Unis et l'Union européenne n'a pas non plus vu le jour. Son
objectif était de créer une zone de libre échange ente les
Etats-Unis et l'Union européenne en éliminant ou en
réduisant progressivement les entraves à la libre circulation des
marchandises, des crédits et des capitaux.
Lors du Conseil " affaires générales " de l'Union
européenne du 27 avril 1998, la France a refusé le mandat de
négociation nécessaire à la Commission européenne
pour poursuivre les négociations avec les Etats-Unis. Selon la France,
il paraissait en effet inadmissible que la Commission puisse prendre des
initiatives dans les négociations avec les Etats-Unis sans que le
débat n'ait été préalablement engagé au sein
du Conseil.
Par ailleurs, conclure un accord bilatéral entre
les deux plus
grandes puissances commerciales du monde était considéré
par la France comme un signal inattendu et paradoxal en direction des pays
tiers à la veille du lancement des nouvelles négociations
multilatérales au sein de l'OMC.
A la suite de l'échec du NTM, un accord a pu être trouvé au
Conseil " affaires générales " de l'Union
européenne du 9 novembre 1998 sur le contenu d'un partenariat
économique transatlantique (TEP). Dans ce projet certains aspects de
l'initiative de la Commission ont été abandonnés (zone de
libre échange en matière de services, engagement de
démantèlement des tarifs industriels, harmonisation et alignement
des normes, création d'un mécanisme de règlement des
différends). Dans ce cadre, le ministère de la culture et de la
communication a obtenu qu'une très grande vigilance sur les conditions
de mise en oeuvre du mandat dans les secteurs de l'audiovisuel et de la
propriété intellectuelle soit exercée.
Actuellement, les négociations entre les Etats-Unis et l'Union
européenne semblent stagner car aucun accord n'arrive à
être trouvé notamment sur la propriété
intellectuelle, les marchés publics ou les services.
Les enjeux pour le secteur culturel vont en réalité se jouer lors
des prochaines négociations multilatérales qui auront lieu dans
le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. En effet, un nouveau cycle de
négociations multilatérales doit s'ouvrir à compter du 1er
janvier 2000. L'Union européenne est actuellement en train de
préparer ces négociations. Le ministère de la culture et
de la communication est concerné par plusieurs aspects de ces
négociations.
Pour les nouvelles négociations du millénaire, la position
interministérielle qui semble actuellement se dégager, est que
l'OMC ne devienne pas une organisation dans laquelle soient discutées
des règles matérielles traditionnellement négociées
au sein de l'OMPI qui doit rester l'enceinte privilégiée des
négociations concernant ce sujet. Par ailleurs, concernant l'exception
culturelle, la France se dirige vers un maintien des acquis du GATS (General
Agreement on Trade and Services) de 1993.
Si les acquis du GATS semblent pouvoir être sauvegardés, ceux-ci
pourraient indirectement être remis en cause par les négociations
qui auront lieu sur des sujets qui n'ont pas encore été
abordés dans le cadre de l'OMC :
•
Le commerce électronique
: la notion de biens
virtuels promue par les Etats-Unis dans le cadre du débat sur le
commerce électronique vise à montrer que les transactions de
biens par voie électronique (livres, disques, logiciels, films ... )
relèveraient des accords du GATT. Or, la technique de négociation
de ces derniers offre des garanties de libéralisation plus larges en
terme d'accès au marché que le GATS. Pour les européens,
cette notion de biens virtuels est contestable et les transactions
réalisées par voie électronique sont des prestations de
service.
• Les
subventions
: un débat général sur
les subventions pourrait s'engager à l'OMC et les règles
applicables aux marchandises pourraient être appliquées aux
services. Cela aboutirait à une obligation de plafonnement des
subventions à 5 % comme cela est déjà la règle pour
les marchandises. Or la France, dans le domaine de l'audiovisuel comme dans les
autres secteurs de la culture, avec des subventions qui peuvent dépasser
15 % de la valeur du produit est, dans ce domaine, très au-delà
du plafond de 5 % retenu à l'OMC dans le cadre des marchandises.
• L'investissement est également un des sujets qui sera
abordé dans le cadre de l'OMC sur lequel le ministère de la
culture et de la communication devra être particulièrement
attentif afin que ne se répètent pas les problèmes
survenus lors de l'AMI (secteur de la propriété intellectuelle
traité comme de l'investissement et possibilité de prises de
participation des sociétés étrangères dans les
entreprises culturelles ... ).
• Enfin, les règles concernant les marchés publics,
ainsi que les entraves techniques aux échanges (vis-à-vis de nos
professions réglementées)
devront également faire
l'objet de toute notre vigilance.
6. La préparation des festivités de l'an 2000
Votre
rapporteur spécial fait aussi le point de la préparation des
festivités organisées pour le passage au troisième
millénaire. Il faut remarquer que, une fois n'est pas coutume, la France
s'est lancée dans des projets relativement plus modestes que dans les
autres pays.
Au niveau du financement consacré à la commémoration du
passage de l'an 2000, il convient de distinguer deux types de
contributions :
• La
subvention de fonctionnement
attribuée à
une association de soutien à
la mission pour la
célébration de l'an 2000
, qui assure notamment la gestion des
concours d'origine publique destinés au financement. L'association a
perçu à ce titre : 5 millions de francs en 1996,
11,5 millions de francs en 1997, 13,5 millions de francs en 1998 et
10,8153 millions de francs en 1999.
• En ce qui concerne la
subvention d'intervention
, le budget
total consacré par l'État sur les années 1998, 1999 et
2000 aux opérations commémoratives elles-mêmes
s'élèvera à 400 millions de francs. Cette enveloppe
se répartit comme suit :
- 34,3 millions de francs en 1998. Cette dotation comprenait une
ouverture de crédits de 19,04 millions de francs
opérée au profit du ministère chargé de la culture
et un solde de 15,26 millions de francs qui restait à la charge de
ce dernier,
- 180 millions de francs en 1999. Cette dotation a été
ouverte dans le cadre du collectif de fin d'année 1998.
- en l'an 2000, 185,7 millions de francs devront être
mobilisés pour solder l'enveloppe globale de 400 millions de francs
que l'État a décidé de consacrer à cette
commémoration. Cette dotation sera prise en compte dans le cadre du
collectif de fin d'année 1999.
Cette enveloppe d'interventions de 400 millions de francs accordée
par l'État vient compléter les sommes déjà
rassemblées par les initiateurs des projets sélectionnés.
L'ensemble de ces subventions ont été ou seront versées
à partir du chapitre 43-20 « interventions culturelles
d'intérêt national ».
La liste des opérations soutenues par la mission ainsi que leur montant
et l'échéancier de règlement.
Au niveau du programme des célébrations :
Le gouvernement a décidé de marquer le passage de l'an 2000, en
métropole comme dans les DOM-TOM par une série de manifestations
" festives au contenu fort et symbolique ", qui marque un
équilibre entre les projets concernant la région parisienne et
ceux qui intéressent les autres régions. Dans le même ordre
de préoccupation, les banlieues ne seront pas ignorées au profit
des centres-villes.
Le choix a d'ailleurs été fait d'une célébration
décentralisée en plusieurs sites répartis sur l'ensemble
du territoire. Cette orientation traduit la volonté d'associer le
maximum de Français à l'événement et d'inviter
Français et étrangers à se déplacer pour
découvrir la France. Le programme du passage de l'an 2000 se
déroulera sur 18 mois, de l'automne 1999 au début 2001.
Par ailleurs, en accord avec le Premier ministre, la ministre de la culture et
de la communication a voulu que des signes visibles de ces
célébrations demeurent pour les générations
futures. Des
commandes publiques
ont été passées
dans de très nombreuses disciplines. De façon
générale, même les manifestations temporaires donneront
lieu à des documents pérennes, qu'il s'agisse de films ou de
livres sans oublier les technologies du multimédia.
Les manifestations retenues peuvent être regroupées sous quatre
rubriques :
1°) Trois grandes fêtes seront organisées à des
dates phares :
L'importance de ces initiatives justifiera la vaste campagne de promotion
internationale engagée avec le ministère du tourisme et la Maison
de la France.
• Première en date : le 31 décembre 1999, se dresseront
« les portes de l'an 2000 »
à Paris et en
province. Des parcours seront jalonnés d'arcs de triomphe
réalisés par des créateurs contemporains. Dans la nuit du
31 décembre 1999 au 1er janvier 2000 sera organisée à
Paris une fête avec une préoccupation évidente: ne laisser
personne au bord de la route, faire que toutes et tous puissent participer
à la fête, puissent de nouveau avoir confiance en l'avenir. Le
passage à l'an 2000 sera d'abord la fête de la solidarité,
la fête d'un nouveau rapport aux autres. La réalisation de cette
manifestation a été confiée à M. Patrick Bouchain.
• Seconde étape le
21 juin: une fête de la musique
très particulière pour abolir les frontières.
Celles
qui séparent villes et banlieues, mais aussi celles qui séparent
les pays. La fête du 21 juin sera d'abord la fête de la paix
et de la solidarité entre les peuples. Une fête du symbole du
nouvel espace européen en train de se construire. La fête d'une
culture partagée qui s'enrichit au contact des autres, qui progresse
sans se renier.
• Troisième étape:
autour du 14 juillet. Une
fête de la nature ou plutôt de sa redécouverte. Arbres et
jardins seront plantés, du nord au sud de la France, tout au long du
méridien de Paris
. Sur la proposition artistique de M. Paul
CHEMETOV,
la « Méridienne verte » reliera
Dunkerque à Prats de Mollo à travers 337 communes,
20 départements et 8 régions
. Tout au long de
l'été, les fêtes qui se dérouleront sur son
tracé, marqueront la volonté d'établir un nouveau rapport
à notre environnement.
2°) A ces trois fêtes principales viendront s'ajouter bien
d'autres manifestations
répondant également à ces
mêmes préoccupations, fêtes de la solidarité, de la
rencontre, du partage et d'une nature retrouvée.
Pendant vingt mois, de la fin 1999 au début 2001, se tiendra le
festival « 2000 en France
». Dans le cadre de ce
festival, des manifestations exceptionnelles seront proposées sur une
centaine de points du territoire (y compris l'outre-mer). La plupart de ces
manifestations seront organisées par de grands établissements
publics et par des collectivités locales. Cependant, la mission pour la
célébration de l'an 2000 assumera directement la production de
deux expositions :
• l`une à
Lyon - « Les langues
françaises
» - pour interroger la langue et les langues de
notre pays (pour répondre à la question comment une langue peut
répondre au désir d'identité des communautés qui la
partagent),
• l'autre à Avignon, capitale européenne de l'an 2000 -
« La Beauté
» -, pour méditer sur la
beauté et les beautés du monde (pour répondre à la
question comment partager un monde dont nous ne saurions plus lire la
beauté).
De grandes initiatives accompagneront le festival « 2000 en
France » pendant la même période. Elles inviteront les
Français à la connaissance du passé, à la
réflexion sur l'avenir. La célébration est l'occasion de
refonder les valeurs, les convictions, les savoirs. Elles seront axées
autour des thèmes suivants :
•
Savoir le monde
: Ce sont, dès maintenant, les
forums de l'an 2000 qui déboucheront sur " l'université de
tous les savoirs " qui, pendant toute l'année 2000, invitera un des
meilleurs spécialistes mondiaux à délivrer une
leçon à l'adresse du grand public. Professeurs de toutes
disciplines et chercheurs des cinq continents dispenseront leurs connaissances
au cours de séminaires d'accès libre : à Nantes, les
mondes inventés autour de Jules Verne, à Forbach les cultures du
travail, à Bordeaux les mutations urbaines, à Lille les nouvelles
musiques ...
•
Création :
Célébrer l'an 2000, c'est
aussi marquer le passage du temps par des oeuvres de son temps. Un programme de
commandes publiques centré sur les thèmes de la jeunesse, de la
mise en valeur de certains sites et du passage du temps est en cours
d'exécution. Ce sera donc une nouvelle occasion de permettre à
des créateurs de toutes disciplines de s'exprimer, d'innover, de
créer et d'inventer demain. Le programme donne une large part à
l'initiative, au talent des créateurs, plasticiens, metteurs en
scène, chorégraphes, musiciens, cinéastes, etc, pour
entraîner, émouvoir, transporter... peintres, sculpteurs,
architectes, pour marquer le paysage. Tous les modes d'expression sont ainsi
concernés. Leurs créations constitueront la mémoire future
du passage du siècle.
•
Exploit et découverte
: la mission apportera son
soutien à la course du millénaire autour du monde qui mettra en
ligne des bateaux faisant appel à toutes les ressources des techniques
contemporaines. La mission apportera également son soutien à
l'organisation du voyage de 2000 jeunes français en Europe. Ceux-ci
feront partager leur découverte de l'Europe d'aujourd'hui grâce
à un réseau de partenariats avec les médias.
Enfin, des actions seront entreprises pour assurer le rayonnement de la France.
Trois types d'initiatives sont prévues :
•
Une campagne de communication et de promotion touristique
incluant l'offre de dispositifs tarifaires attractifs, qu'il s'agisse de
transports en commun ou de billetterie.
• Une campagne de valorisation du savoir-faire français à
travers le lancement d'un label « France 2000 » pour les
meilleurs produits
.
• L'organisation de plusieurs événements à
l'étranger
qui seront autant d'échos du programme de la
célébration de l'an 2000 dans des lieux symboliques de la
présence française.
MODIFICATIONS ADOPTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE
NATIONALE
L'Assemblée nationale a majoré par des
crédits
non reconductibles :
1) de
18,517 millions de francs
les crédits du
chapitre 43-20
, interventions culturelles d'intérêt
national :
• 0,135 million de francs à l'article 10, patrimoine
culturel ;
• 18,342 million de francs à l'article 20 spectacles ;
• 0,040 million de francs à l'article 40 Enseignement et
formation.
En conséquence, la dotation du
chapitre 43-20
est portée
à 1255,968 millions de francs soit une augmentation de 1,5%
2 ) de 2,220 millions de francs les crédits du
chapitre
43-30, au paragraphe 20,
spectacles
En conséquence, la dotation du
chapitre 43-30
est portée
à 2494,686 millions de francs soit une augmentation de 0,09%
3 ) de 2 ,52 milli
ons de francs
(AP+CP)
les
crédits du
chapitre 66-20
, Patrimoine monumental
• 0,60 million de francs article 20 Édifice ruraux et
jardins non protégés,
• 0,162 million de francs, article 60 opérations
déconcentrées,
• 0,30 million de francs, article 90 opération
d'intérêt national .
En conséquence, la dotation du
chapitre 66-20
est portée
à 403,95 millions de francs, soit une croissance de 0,6 %.
4°) de
0,55 million de francs (AP+CP),
les crédits du
chapitre 66-91 Autres Équipements
• 0,065 million de francs à l'article 32 patrimoine
muséographique,
• 0,095 million de francs à l'article 49 spectacles autres
opérations,
• 0,39 million de francs à l'article 59développement
culturel autres opérations
La dotation du
chapitre 66-91
est ainsi portée à
995,75 millions de francs, soit une croissance de 0,05 %.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission a procédé, le mardi 19 octobre, sous la
Présidence de M. Alain Lambert, président, à
l'examen
des crédits de la
culture
, sur le rapport de
M. Yann Gaillard, rapporteur spécial.
Après avoir présenté les principaux chiffres
caractéristiques du projet de budget au montant total de 16,039
milliards en termes de dépenses ordinaires et de crédits de
paiement - soit une croissance de 2,09 % par rapport aux dotations de la
loi de finances initiale pour 1999 -, et indiqué qu'en 1999, celui-ci
n'avait pas encore connu d'annulations de crédits significatives, le
rapporteur spécial a exposé les principales priorités de
l'action du ministère pour l'an 2000 :
- prolongation de l'effort en faveur des dépenses d'intervention et en
particulier du spectacle vivant, qui se traduit, notamment, par une
série de mesures de démocratisation culturelle : extension
aux 12 à 18 ans de la gratuité d'accès aux monuments
historiques, gratuité d'accès aux monuments historiques le
premier dimanche de chaque mois hors saison touristique, extension à
tous les musées nationaux de la gratuité d'accès le
premier dimanche de chaque mois ;
- rééquilibrage entre Paris et les régions, avec un accent
particulier mis sur les monuments n'appartenant pas à l'Etat,
rééquilibrage toutefois inscrit dans la perspective d'une
stagnation des crédits des chapitres 56-20 et 66-20, concernant le
patrimoine monumental, et non accompagné d'effort particulier en faveur
du patrimoine rural non protégé et de l'entretien des monuments
historiques ;
- résorption de l'emploi précaire, avec la création de
295 emplois, dont 263 postes sont destinés à donner un
statut à des personnels vacataires recrutés pour faire face
à des besoins permanents du service public de la culture, au sujet
duquel le rapporteur spécial insistant sur la nécessité
d'éviter que les établissements publics ne recréent des
emplois de vacataires.
Puis
M. Yann Gaillard, rapporteur spécial
, après avoir
préconisé de développer les instruments de suivi des
dépenses et, notamment, la comptabilité analytique - qui fait
encore largement défaut aux grands établissement publics
culturels -, a attiré l'attention sur un certain nombre de
dysfonctionnements de l'Etat.
En premier lieu, il a évoqué le problème du regroupement
des services du ministère de la culture. Il a rappelé que,
l'année dernière, la commission avait, à l'initiative de
son rapporteur général et dans le cadre de son budget alternatif,
envisagé un amendement tendant à diminuer les autorisations de
programme du montant affecté à l'aménagement de l'immeuble
dit des " Bons enfants " destiné à accueillir la quasi
totalité des services actuellement dispersés sur 19 sites ;
il ne s'agissait pas, a-t-il souligné, de méconnaître
l'intérêt fonctionnel et financier de l'opération, car
celle-ci devrait engendrer des économies de l'ordre de 30 millions
de francs par an. Le rapporteur spécial a indiqué qu'il
était simplement apparu possible de reporter l'ouverture des
crédits, compte tenu du retard pris par l'opération, dont il a
noté que la maîtrise d'ouvrage venait simplement d'être
confiée à l'établissement public d'aménagement.
Après avoir évoqué les tribulations qui ont marqué
une opération qui s'est étalée sur plus de dix ans, le
rapporteur spécial a décrit les conditions de la visite sur place
et souligné que les dépenses engagées en pure perte pour
l'aménagement de ce bâtiment, avant son affectation au
ministère de la culture, par le ministère de finances, seraient
de l'ordre de 160 millions de francs.
En second lieu, le rapporteur spécial a évoqué deux
grosses opérations, le Grand Palais et le palais de Tokyo, qui ont
déjà pris beaucoup de retard, aucune décision
n'étant encore prise quant à l'affectation définitive des
deux bâtiments :
- la remise en état du Grand Palais, fermé depuis 1993, pour des
raisons d'ordre accidentel, n'est toujours pas entrée dans sa phase
opérationnelle, étant précisé que les quelque
780 millions de francs actuellement prévus pour les deux
premières phases ne comprennent pas les aménagements liés
à son mode d'utilisation ;
- quant au second bâtiment, le palais de Tokyo, il vient d'être
affecté pour 3.000 mètres carrés - sur une surface totale
de 18.000 mètres carrés - à un centre de la jeune
création française, dont le rapporteur avait constaté,
lors de son travail sur le marché de l'art, que son ouverture
était souhaitée par de nombreux artistes et responsables de
galeries.
Enfin, le rapporteur a brièvement évoqué la situation
créée par la résiliation du marché de génie
informatique passé entre la société Cap Gémini et
la Bibliothèque de France, en soulignant que le modus vivendi que l'on
avait, semble-t-il, trouvé, n'excluait pas des négligences des
uns ou des autres dans la définition et l'application du marché.
En réponse aux questions qui lui ont été posées par
M. Alain Lambert, président
, ainsi que par
M. François
Trucy,
M. Yann Gaillard, rapporteur spécial
, a fait savoir
que :
- le choix du site du quai Branly pour l'installation du musée des arts
premiers semblait irrévocable, même si tout n'était pas
encore très clair en ce qui concerne le partage des collections du
musée de l'Homme et, surtout, le sort du musée des arts africains
et océaniens ;
- les problèmes immobiliers des administrations méritaient sans
doute une attention particulière, reconnaissant à cet
égard qu'il fallait réfléchir à des réformes
de structure, même si une bonne part des difficultés actuelles et
des gaspillages résultaient des atermoiements et des revirements des
différents gouvernements ;
- le suivi des recommandations passées des rapporteurs spéciaux,
et le relevé du sort qui leur a été réservé,
lui paraissaient un bon moyen pour améliorer le contrôle
parlementaire.
A l'issue de ce débat, après que le rapporteur spécial eut
indiqué qu'il avait une opinion plutôt positive sur la gestion des
services centraux du ministère de la culture dont il avait
rencontré les responsables, la commission a décidé de
proposer au Sénat d'
adopter les crédits
de
la culture
pour
2000.
Réunie le 19 octobre 1999, sous la présidence de M. Alain
Lambert, président, la commission a, à l'initiative du rapporteur
spécial, M. Yann Gaillard, décidé de proposer au
Sénat d'adopter les crédits de la culture pour 2000.
Elle a confirmé cette position lors de sa réunion du
jeudi 25 novembre, après avoir pris acte des modifications
apportées par l'Assemblée nationale.
1
Le logiciel Ensemble est un outil
informatique de suivi et d'analyse de l'utilisation des crédits de
titre IV par les directions régionales des affaires culturelles.
L'application a été installée et mise en service en
région à compter de l'exercice 1994 et permet une observation
synthétique et en temps réel de toutes les étapes de
gestion du titre IV. Toutefois, de conception ancienne, l'application
Ensemble fait actuellement l'objet d'une refonte globale.
Un nouvel outil, nommé "Quadrille", est en effet en cours
d'élaboration pour une mise en service d'ici 2002. Il s'appuie pour
l'essentiel sur quatre fonctionnalités : la programmation
budgétaire en début d'année, l'instruction des dossiers de
demandes de subventions, le suivi de l'exécution comptable, l'analyse de
la dépense et la consolidation nationale. Il s'agit donc tout à
la fois d'une aide à la gestion pour les directions régionales
des affaires culturelles et d'une base de gestion analytique en consolidation
à l'échelon national.
2
L'enveloppe prévue pour la première phase de
restauration du Grand Palais s'élève à 400 millions
de francs, répartie comme suit :
Fondations : nef en totalité et partie sud du Grand
Palais 125,70 MF
Charpentes : nef en totalité et galeries latérales de l'aile
sud de la nef 83,30 MF
Couvertures : nef en totalité et galeries latérales de
l'aile sud de la nef 43,90 MF
Imprévus et divers 13,00 MF
SOUS-TOTAL TRAVAUX 265,90 MF
Dépenses de maîtrise d'oeuvre 21,00
MF
Dépenses de maîtrise d'ouvrage (contrôle technique,
coordination, sécurité,
investigation technique, AMO) 22,40 MF
Provision pour révision de prix 16,12 MF
Provision pour aléas techniques 5,70 MF
TOTAL HT 331,12 MF
TVA 20,6% 68,21 MF
TOTAL TTC
399,33 MF
arrondi à 400,00 MF
3
"
Sur la base [du] rapport
de
synthèse portant sur les conditions de l'accueil du public et les
conditions de travail des personnels [ remis par M. Albert Poirot]°, la
Ministre de la culture et de la communication a demandé au
président de la BNF de mettre en oeuvre un ensemble de mesures.
L'établissement a d'ores et déjà répondu aux
principaux points de cette demande :
1. Le développement des services à distance fait l'objet d'une
attention particulière. Depuis la fin du mois de mai dernier, le
catalogue de tous les documents imprimés, " BN OPALE PLUS ",
est désormais accessible sur l'internet.
2. La BNF a proposé une programmation de travaux pour les années
1999, 2000 et 2001, qui auront pour but d'améliorer le circuit de
communication des documents, les conditions de travail du personnel, notamment
de magasinage, ainsi que le fonctionnement général du
bâtiment de Tolbiac (en particulier la climatisation). Les travaux
jugés prioritaires seront achevés d'ici la fin de l'année
1999. Il s'agit de :
- l'amélioration des matériels de stockage des documents en
magasins (rayonnages mobiles) ;
- l'aménagement des espaces situés en périphérie
des salles de lecture, dits " arrière-banques de salle ",
points essentiels pour la circulation des documents, qui permettent la
réception et le retour des ouvrages conservés en magasins.
3. Les conditions d'accueil du public ont été
améliorées et une réflexion est en cours concernant
l'amplitude d'ouverture de la BNF, afin de satisfaire les besoins du plus grand
nombre d'usagers, dans la limite des crédits de fonctionnement
alloués à l'établissement.
4. Une nouvelle dynamique a été donnée à la
politique du personnel. Le rôle de la direction chargée du
personnel a été renforcé, afin de mieux prendre en compte
les attentes des agents en matière de formation, de conditions de
travail et de mobilité professionnelle.
5. Un projet d'établissement est en cours de préparation, en
liaison avec la direction du livre et de la lecture et avec la direction de
l'administration générale du ministère de la culture et de
la communication. "
4
L'évaluation de la politique du soutien à
l'industrie phonographique a donné lieu à une investigation
menée en 1996-1997 par deux chercheurs du CERAT (IEP de Grenoble). Cette
investigation a permis d'expliciter comment le jeu des relations entre acteurs
professionnels et pouvoirs publics n'avait été le cadre que d'une
intervention publique très limitée (collection "Musiques
Françaises Aujourd'hui et aide aux petits labels).
5
L'évaluation des centres de formation préparant au
diplôme d'Etat de professeur de musique (créé en 1983) et
au diplôme d'Etat de professeur de danse (créé en 1983),
menée en 1995 et 1996, avait pour but de faire le point sur le
fonctionnement administratif et pédagogique de ces centres, ouverts avec
des statuts variés, et notamment sur leurs relations avec le
réseau de l'enseignement spécialisé et supérieur de
la musique et de la danse.
6
Aux économies de loyers, -24,6 millions de francs,
détaillés dans les tableaux ci-dessous, il faut ajouter :
• 1,5 million de francs de petit entretien
• 3,5 millions de frais de fonctionnement : 1 million de francs de
nettoyage, près de 600.000 francs de surveillance,
800.000 francs de " fluide ", 1,2 million de dépenses
d'impression et de photocopie, 150.000 francs de dépenses diverses.
7
En 1998, la fréquentation des musées s'est
établie à 9,57 millions de visiteurs payants, en hausse de
7,1% par rapport à 1997 ;
8
Accueillir le public sur le parvis, en bout de file et devant la
Pyramide était la première mission de ces animatrices. Il
s'agissait d'informer les futurs visiteurs sur les horaires, les prix, les
temps d'attente, les salles fermées, les événements
exceptionnels et les orienter le cas échéant vers les
différents accès du musée (visiteurs handicapés,
visiteurs accompagnés de jeunes enfants, porteurs de tickets
achetés à l'avance...). Cette équipe assurait la
distribution de plan / information au niveau du péristyle. Elle pouvait
également intervenir auprès du public situé dans les files
d'attente sous la pyramide (en particulier à l'heure de la fermeture des
caisses), ainsi qu'à l'entrée du Carrousel.