Projet de loi de finances pour 2000, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 1 - Affaires étrangères
CHAUMONT (Jacques), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 1 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 254 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
CHAPITRE PREMIER
L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE -
CHAPITRE II
L'EXÉCUTION DU BUDGET ET LA PRÉSENTATION
DES CRÉDITS -
CHAPITRE III
LA FUSION DES AFFAIRES ETRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LA GESTION ET LE PERSONNEL -
CHAPITRE IV
L'ACTION CULTURELLE FRANÇAISE A L'ÉTRANGER- I. L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
- II. L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
-
III. L'ASSOCIATION FRANÇAISE D'ACTION
ARTISTIQUE
- A. LA MONTÉE EN PUISSANCE DES PARTENARIATS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
- B. LE DÉVELOPPEMENT DU MÉCÉNAT : UNE RECHERCHE DE FINANCEMENT ET DE SYNERGIES NOUVELLES
- C. LES CONSÉQUENCES DE LA RÉFORME DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR LES MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT DE L'AFAA
- D. LES RELATIONS AVEC LE MINISTÈRE DE LA CULTURE
- E. LA DÉFINITION DU CHAMP D'ACTION DE L'AFAA
- F. CONCLUSION DE LA MISSION
-
CHAPITRE V
LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES -
CHAPITRE VI
LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE- I. LA RÉFORME ET LA PROGRAMMATION DE LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE
- II. LA CONSTRUCTION DE L'AMBASSADE DE FRANCE À BERLIN
- CONCLUSION
-
ANNEXE 1
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES PAR VOTRE RAPPORTEUR -
ANNEXE 2
MODIFICATIONS ADOPTEES PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 1
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Rapporteur spécial
: M. Jacques CHAUMONT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1)
Une faible augmentation des crédits
Le budget des affaires étrangères pour 2000 marque une
évolution par rapport aux années précédentes,
puisque la progression des crédits et la stabilisation des effectifs
mettent une fin apparente à plusieurs années consécutives
de diminution sensible des moyens du ministère. Cependant, la hausse des
crédits enregistrée pour 2000 demeure inférieure aux
prévisions d'inflation, et est essentiellement liée à des
inscriptions de crédits qui ne correspondent pas à une
augmentation des moyens du ministère.
La totalité des crédits afférents aux opérations
immobilières du ministère est désormais inscrite en loi de
finances, ce qui permet d'améliorer la transparence et la
lisibilité des documents budgétaires. De surcroît, la
modification des modalités de rémunération des gendarmes
appelés en renfort temporaire augmente la part à la charge des
affaires étrangères de 24 millions de francs.
L'augmentation du budget des affaires étrangères est donc
quelque peu artificielle, et ne correspond pas à une réelle
progression de ses moyens d'action. Les priorités du ministère
sont ainsi uniquement financées par le bais d'importants
redéploiements de crédits, au détriment de notre action en
faveur de la coopération et de l'aide au développement.
2)
L'intégration des moyens de la coopération
Le projet de loi de finances pour 2000 marque l'achèvement du processus
d'intégration des moyens des services de la coopération dans
l'ensemble du ministère des affaires étrangères, et la
poursuite de la modernisation de la gestion du ministère des affaires
étrangères.
La création, le 1
er
janvier 1999, de la Direction
Générale de la Coopération Internationale et du
Développement (DGCID), qui se veut en toute modestie une structure
unique à vocation globale et mondiale pour conduire la
coopération internationale et l'aide au développement,
réorganise l'action du ministère des affaires
étrangères. Cette direction est organisée en quatre
directions sectorielles issues des deux ministères :
développement et coopération technique, coopération
culturelle et français, coopération scientifique, universitaire
et de recherche, audiovisuel et techniques de communication. Cette
réforme a pour objet la poursuite de la réforme des moyens
d'intervention et du mode de fonctionnement du ministère.
La stabilisation des effectifs du ministère après cinq
années d'application du " schéma quinquennal d'adaptation du
réseau " caractérisé par la perte de 8 % des
effectifs, doit être soulignée. La fusion du ministère des
affaires étrangères avec la coopération dégage une
certaine d'emplois et permet de pourvoir 92 emplois pour lesquels il
existait un support budgétaire.
L'affectation d'une partie de ces
emplois aux services des visas de certaines sections consulaires à
l'étranger est une mesure de bon sens
. L'insuffisance, voire
l'absence de personnel d'encadrement français dans ces sections, a
laissé s'instaurer de graves dérives, suscité des
vocations incertaines et des tentations évidentes. Or, on ne peut pas
avoir de politique cohérente de maîtrise de l'immigration sans un
contrôle sérieux des visas.
Il convient de déplorer fortement qu'une la remise à niveau
globale des rémunérations des recrutés locaux ne soit pas
engagée.
Votre rapporteur est particulièrement sensible
à ce problème
. En effet, le niveau des traitements servis par
les services diplomatiques français au personnel recruté
localement est souvent inférieur à celui du marché du
travail, et au niveau des traitements servis par les postes d'expansion
économiques pour des qualifications identiques. Le niveau moyen de
rémunération des recrutés locaux par le ministère
des affaires étrangère est en effet inférieur d'environ
40 % en moyenne à celui des postes d'expansion économique.
Sur ce point, les ambassades françaises souffrent également d'une
comparaison très défavorable avec les ambassades des autre pays
européens. Il résulte de cette politique salariale indigne de
notre pays, une démotivation du personnel résident, un flux
permanent de démissions qui désorganise la marche des services,
et souvent, une haine vigilante entre les ambassades et les postes d'expansion
économiques. Les contraintes budgétaires conduisent le
ministère des affaires étrangères à réduire
le nombre de recrutés locaux dans les postes à l'étranger
pour revaloriser leurs rémunérations, afin d'améliorer
leur qualité et leur fidélité.
3)
L'insuffisante augmentation des contributions volontaires
internationales
Les dépenses d'intervention, qui constituent la part
"discrétionnaire" des crédits du ministère des affaires
étrangères, ont supporté l'essentiel de l'effort de
rigueur budgétaire au cours des dernières années. Les
crédits correspondants aux contributions volontaires aux dépenses
internationales ont fait office de variable d'ajustement du budget des affaires
étrangères, puisqu'ils ont été réduits en
cinq ans de 697,2 millions de francs à 228 millions de francs,
soit une baisse de 67 %. Pour 2000, une mesure nouvelle de
30 millions de francs poursuit la très modeste et lente
augmentation des crédits engagée en 1999.
En tout état de cause, le fait pour la France de passer du
18
ème
rang des pays donateurs au programme des Nations unies
pour le développement (PNUD), après l'Inde, au
11
ème
rang aujourd'hui, n'est toujours pas digne de sa
qualité de membre permanent du conseil de sécurité des
Nations Unies. L'inversion du mouvement des contributions volontaires
engagée en 1999 demeure très largement insuffisante, et devra
impérativement être amplifiée dès l'année
prochaine.
4)
La politique culturelle extérieure de la France
Votre rapporteur a souhaité évaluer l'impact des réformes
engagées au sein du ministère des affaires
étrangères sur un opérateur culturel extérieur
financé par celui-ci, l'Association Française d'Action Artistique
(AFAA). L'intégration des moyens de la coopération conduit
à la disparition d'un acteur spécialisé, " Afrique en
création ", au profit d'un opérateur unique, l'AFAA. Votre
rapporteur souligne que les relations de donneur d'ordres à prestataire
de services entre l'association et le ministère des affaires
étrangères doivent être clarifiées, et les
modalités de consultation et de coopération avec le
ministère de la culture devraient devenir plus systématiques.
Enfin, la distinction entre les rôles du conseil d'administration et de
l'assemblée générale de l'AFAA doit être
accentuée. Ces réformes permettront d'améliorer la
cohérence et la lisibilité de l'action de l'AFAA, en la rendant
moins dépendante de la qualité des relations personnelles entre
les différents acteurs de la politique extérieure de la France.
La diversification des modalités d'interventions de l'AFAA, liée
au développement des partenariats, doit être poursuivie, car elle
permet d'accroître l'effet de levier des financements publics. Cependant,
la montée en puissance de ces dispositifs doit être
contrôlée afin d'éviter une dispersion et une perte
d'autonomie insidieuse et progressive. La diversification des actions de l'AFAA
ne doit pas résulter, en tout état de cause, d'une la
volonté de devenir un opérateur global de l'action culturelle
extérieure de la France, mais doit être guidée par une
recherche systématique de synergies avec les différents acteurs
participant à la mise en oeuvre de cette politique.
5)
La réforme de la politique audiovisuelle
extérieure
Le ministère des affaires étrangères a engagé au
printemps 1998 la rénovation de sa politique audiovisuelle
extérieure. L'instauration d'une présidence commune pour TV5 et
CFI permet la mise en oeuvre d'une réforme de fond visant à mieux
coordonner l'action et à privilégier la recherche de synergies
entre les deux entreprises.
Les subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle
extérieure s'établissent en 2000 à 1,065 milliard de
francs, en augmentation de 2,4 %.
La réforme de TV5, seule télévision francophone
opérant sur le marché international, obtient d'ores et
déjà des résultats positifs, avec une extension de la
diffusion des programmes et une croissance importante de l'audience. Le
repositionnement de TV5 renforce son identité propre, dans un
marché où le développement des technologies
numériques provoque un développement rapide du nombre de
chaînes.
6)
Une dérive " à l'américaine " du
réseau scolaire français à l'étranger ?
L'enseignement français à l'étranger est un
élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde, en
contribuant à la vitalité de la francophonie et en créant
les conditions d'un renforcement de notre présence économique
à l'étranger.
L'effort d'investissement pour la rénovation et l'entretien des locaux
des établissements scolaires est pris en charge par l'Etat pour les
établissements en gestion directe. La dotation correspondante marque la
volonté de l'Etat de rénover le parc immobilier existant,
puisqu'elle s'élève à 58 millions de francs en
crédits de paiement pour 2000, soit un doublement par rapport à
1999.
Votre rapporteur souligne depuis plusieurs années la
dégradation de certains lycées français à
l'étranger,
et ne peut qu'encourager cette réaction,
même tardive, du ministère.
Pour les établissements conventionnés avec l'AEFE, le coût
des investissements reste pour l'essentiel à la charge des
comités locaux de gestion. Ce mode de financement est structurellement
inadapté, car il aboutit à faire décider et supporter des
dépenses lourdes et engageant l'avenir par des parents
d'élèves généralement présents dans le pays
pour des durées limitées. Il en résulte parfois des
situations de blocage, des opérations urgentes se trouvant
indéfiniment repoussées. Une mise à contribution des
grandes entreprises françaises, qui ont un intérêt
permanent au développement d'établissements d'enseignement de
qualité pour l'accueil des enfants de leur personnel expatrié,
pourrait être envisagée pour pallier la hausse constante des
droits d'écolage.
Cette hausse constante des droits d'écolage
est une
conséquence directe du mode de financement des investissements. Il en
résulte une sélection par l'argent des élites locales
désireuses de scolariser leurs enfants dans les établissements
français, ainsi que l'exclusion des familles d'expatriés qui ne
disposent pas du soutien d'une grande entreprise.
En compensation de la hausse régulière des droits
d'écolage, une mise à niveau des bourses a été
engagée, avec une nouvelle augmentation de 15 millions de francs
pour l'année 2000. Les dotations en faveur du programme de bourses
d'excellence " Eiffel " sont également dotées de
35 millions de francs, et la subvention accordée à Edufrance
est augmentée de 5 millions de francs. Votre rapporteur souligne que le
gouvernement a le plus grand intérêt à surveiller
très attentivement cette structure récente, afin de s'assurer
qu'elle répond aux objectifs d'une politique d'accueil des
étudiants étrangers sur notre territoire.
7)
La maîtrise des dépenses immobilières
Le ministère des affaires étrangères dispose d'un
patrimoine exceptionnel, dont les contours exacts restent parfois encore mal
connus.
Votre rapporteur souligne que certaines opérations immobilières
récentes et coûteuses n'obéissent pas à une stricte
rationalité fonctionnelle, mais à une volonté politique de
marquer symboliquement la continuité de la présence de la France.
Tel est le cas de la résidence des Pins à Beyrouth, d'un
coût de 60,6 millions de francs, ou de l'ambassade à Berlin pour
un coût proche de 390 millions de francs. La prise des décisions
dans le cadre du comité interministériel des moyens de l'Etat
à l'étranger (CIMEE), et la programmation pluriannuelle des
travaux arrêtée par le comité de politique
immobilière présente cependant l'avantage de faire trancher les
décisions importantes directement au niveau ministériel.
Votre rapporteur a pu constater à Berlin le soin porté par le
ministère à la maîtrise des coûts de construction,
malgré un dépassement considérable de l'enveloppe
financière initialement fixée. La présence sur place d'une
équipe permanente chargée de superviser l'ensemble des travaux
depuis l'origine du projet jusqu'à son achèvement constitue un
dispositif approprié. Cette équipe met en oeuvre les instructions
du ministère dans la conduite des négociations avec les pouvoirs
publics locaux et l'architecte, et coordonne le rôle des
différents services selon les arbitrages décidés par
l'ambassadeur.
8)
Les ajustements du réseau consulaire a l'étranger
Les consulats français en Algérie ont fait l'objet d'un
renforcement des moyens en 1999 du fait de l'amélioration des conditions
de sécurité dans le pays. Le consulat d'Annaba, fermé
depuis 1994 pour des questions de sécurité, sera réouvert
dans le courant de l'année 2000, après d'importants travaux
visant à améliorer l'accueil et la sécurité dans
les locaux. Le consulat d'Oran devrait également être
réouvert dès lors que des locaux adaptés pourront
être trouvés. D'importants travaux ont également
été effectués au consulat d'Alger pour assurer la
délivrance des visas dans de bonnes conditions, avec la construction de
douze nouveaux guichets et l'affectation de sept nouveaux agents.
Votre
rapporteur se félicite de l'effort fait par la France pour
améliorer ses relations avec l'Algérie, ainsi que les conditions
de délivrance des visas dans ce pays
.
Cependant, votre rapporteur comprend difficilement les critères qui
président à la fermeture de certains consulats
. Ainsi, le
consulat de Leipzig a été fermé, alors qu'il s'agit de
notre installation la plus récente en Allemagne, et qu'il constitue
l'unique consulat français dans les nouveaux " Länder "
allemands. De même, votre rapporteur s'était étonné
de la fermeture de notre chancellerie détachée de Calcutta,
où sont implantées beaucoup d'entreprises françaises, et
où les besoins d'assistance aux Français sont importants. Une
solution est désormais envisagée pour maintenir un poste à
Calcutta en collaboration avec l'Allemagne.
La réduction du nombre de
postes consulaires apparaît nécessaire, notamment en Europe, mais
votre rapporteur comprend mal que des critères apparemment subjectifs
puissent présider à la fermeture des postes, alors qu'une
ambition politique forte et claire devrait déterminer les
évolutions de notre réseau à l'étranger.
9)
La coopération sacrifiée ?
Votre rapporteur souhaite enfin appeler l'attention sur les risques importants
qui se profilent à l'occasion de la réforme profonde et quelque
peu dissimulée de notre politique de coopération et d'aide au
développement.
L'élargissement du " champ "
traditionnel de la coopération acté par la création de la
" zone de solidarité prioritaire " ne se traduit pas par une
augmentation des crédits et entraînera donc de manière
évidente une dilution de notre aide. La perte de singularité et
de visibilité de notre politique de coopération qui en
résultera n'est pas nécessairement conforme aux engagements et
aux intérêts de notre pays. Il conviendra donc d'être
particulièrement vigilant quant à l'évolution des
crédits et des actions qu'ils financent en matière de
coopération.
CHAPITRE PREMIER
L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA
FRANCE
I. LES DIFFÉRENTES COMPOSANTES DE L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE
Les
crédits consacrés à l'action extérieure de la
France s'élèveront à 48,32 milliards de francs pour
2000, contre 50,57 milliards de francs en 1999. Cette baisse de 4,4 %
fait suite à celle de 2,4 % enregistrée en 1999. L'action
bilatérale représente 51,8 % de ces crédits, l'action
multilatérale, 27 %, et l'animation des services, 21,2 %.
Pour apprécier de façon complète l'action
extérieure de la France, il faut ajouter aux 48,32 milliards de
francs prévus pour 2000, la partie du budget communautaire
consacrée aux actions internationales. En 1999, 36,6 milliards de
francs ont été consacrés à l'action
extérieure de l'Union européenne. Compte tenu du taux de
contribution de la France au budget communautaire, la charge pour notre pays
s'est élevée à 5,29 milliards de francs en 1999, et
devrait atteindre 6,13 milliards de francs en 2000. Le total des
dépenses crédits destinées à l'action
extérieure de la France s'élèvent donc à 54,44
milliards de francs, en diminution de 2 % par rapport à 1999.
A. LA PROGRESSION DE LA PART DES AFFAIRES ETRANGÈRES
Les
crédits concourant à l'action extérieure de la France sont
répartis sur 28 sections budgétaires, dont celles des
affaires étrangères, des charges communes, des comptes
spéciaux du Trésor et le budget civil de recherche et de
développement, qui à elles quatre, représentent environ
80 % de ces crédits.
Le budget des affaires étrangères représente 43,35 %
du montant consacré à l'action extérieure de la France,
soit une hausse significative par rapport à l'année
précédente (liée au fait que le budget des affaires
étrangères augmente, tandis que le montant total des
dépenses en faveur de l'action extérieure de la France diminue).
En prenant en compte la quote-part de la France versée à
l'Union européenne, la part du budget des affaires
étrangères est de 38,47 %, contre 20 % environ, pour le
ministère de l'économie et des finances (hors comptes
spéciaux du trésor). On rappellera que le ministère de
l'économie et des finances gérait plus de 37 % des
crédits consacrés à l'action extérieure de la
France en 1992, contre seulement 27 % pour le ministère des
affaires étrangères et la coopération.
B. UNE ACTION PRINCIPALEMENT BILATÉRALE
Sur les 48,32 milliards de francs des crédits d'action extérieure, hors quote-part française au budget de l'Union européenne, les moyens destinés à l'animation des services sont reconduits à 10,2 milliards de francs, tandis que les dépenses d'intervention, soit 78,8 % des crédits, se répartissent à 66 % pour l'action bilatérale et 34 % pour l'action multilatérale.
1. L'action bilatérale
L'action
bilatérale représente un montant de 25,04 milliards de
francs, et est mise en oeuvre à partir des budgets :
- du ministère des affaires étrangères
(42,57 %) : les crédits se répartissent à
hauteur 75 % en faveur des crédits d'action culturelle et d'aide au
développement et pour 25 %, par des subventions versées aux
établissements publics ;
- du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, et
des charges communes (21,95 %) : il s'agit, pour l'essentiel, de
garanties à l'exportation, de prêts et dons du trésor,
d'annulations de dettes et des aides-projet de l'Agence française de
développement ;
- des comptes spéciaux du trésor (18,81 %).
2. L'action multilatérale
La quote-part française au budget de l'Union européenne représente 32 % des crédits consacrés à l'action multilatérale de la France. Les autres crédits sont répartis de manière équilibrée entre le ministère de l'éducation, de la recherche et de la technologie (il s'agit essentiellement de la contribution versée à l'Agence spatiale européenne), le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (contributions aux institutions financières internationales de développement), et le ministère des affaires étrangères (contributions obligatoires aux Nations Unies, crédits de recherche inscrits au budget civil de recherche et de développement et contribution au Centre européen de recherche nucléaire).
II. LES RÉSEAUX DE LA FRANCE À L'ÉTRANGER
La
politique extérieure de la France est placée sous
l'autorité et la responsabilité des ambassadeurs, mais repose sur
plusieurs réseaux spécialisés de taille et d'importance
diverses, qui concourent à sa mise en oeuvre.
En effet, sur les 28 sections budgétaires qui concourent à
l'action extérieure de la France, 11 d'entre-elles intègrent des
coûts de fonctionnement d'un réseau à
l'étranger :
sections budgétaires |
type d'implantation |
nombre d'implantations |
Affaires étrangères |
ambassades, consulats, services de coopération et d'action culturelle |
253 |
Agriculture et pêche |
conseillers agricoles |
|
Anciens combattants |
conseillers spécialisés |
|
Economie-Finances-Industrie |
postes d'expansion économiques, agences financières du Trésor, paieries |
|
Intérieur |
bureaux du service de coopération technique internationale de police |
4 |
Emploi et solidarité |
conseillers spécialisés |
|
Défense |
attachés d'armement et de défense |
|
Equipement |
|
|
Aménagement du territoire |
bureaux de la DATAR |
17 |
TOTAL |
18 catégories d'implantations |
748 services |
A. UN MAILLAGE DENSE MAIS INÉGAL
Le
réseau administratif à l'étranger recouvre 18
catégories d'implantations pour un total de 748 services répartis
dans 161 pays. Le maillage de ce réseau est très inégal,
puisqu'il atteint 37 postes aux Etats-Unis, mais se limite à une seule
représentation dans 16 pays.
On notera que la fusion des services relevant de la coopération
(missions d'action culturelle, centres médico-sociaux) a réduit
le nombre total de services du ministère des affaires
étrangères à l'étranger de 368 à 288.
Le réseau de la France à l'étranger est le deuxième
du monde par la taille, après celui des Etats-Unis d'Amérique,
pour le nombre d'ambassades.
Réseaux diplomatiques et consulaires en
1999
|
Ambassades |
Représentations permanentes |
Consulats |
Total |
France |
149 |
17 |
113 |
279 |
Etats-Unis |
160 |
10 |
82 |
252 |
Allemagne |
146 |
12 |
70 |
228 |
Royaume-Uni |
145 |
9 |
61 |
215 |
La
répartition des postes français à l'étranger est la
suivante :
B. UNE RÉORGANISATION ET UNE ADAPTATION CONSTANTES DES RÉSEAUX
De nombreuses fermetures et ouvertures de postes témoignent de la volonté d'adapter les réseaux français à l'étranger en fonction des circonstances politiques locales, de l'importance de la présence française, et des contraintes budgétaires.
|
Créations de postes |
fermetures de postes |
||||
Année |
Ambassades et
|
PEE |
Ambassades et
|
PEE |
||
1995 |
Kigali
|
(Abuja)
|
Oran
|
Manchester
|
||
1996 |
Moscou
|
Bakou
|
Kinston
|
Porto
|
||
1997 |
Canton
|
(Port au Prince)
|
Niamey
|
Papeete
|
||
1998 |
Banja Luka
|
(Detroit)
|
|
Gaborone
|
||
1999 |
Kingston
|
(Dakar)
|
Belgrade
|
Djibouti
|
*
ambassadeur en mission ° transformation d'un consulat
général en
consulat honoraire ou en chancellerie
détachée
Pour les PEE, les postes entre parenthèses sont des antennes
rattachées à un poste existant.
Le comité interministériel des moyens de l'Etat à
l'étranger a admis que, dans la mesure du possible, des regroupements
d'implantations soient effectués afin de faciliter les synergies entre
les services, ainsi que les économies d'échelle.
L'expérience des postes mixtes (postes d'expansion économique et
consulats en particulier) apparaît concluante et permet des
économies, limitées néanmoins par l'existence de budgets
séparés. Les regroupements envisagés en 2000 sont les
suivants :
Villes |
services et ministères concernés |
Abidjan |
Ambassade et consulat |
Bakou |
Résidence, ambassade et consulat |
Bamako |
Ambassade, défense, intérieur, consulat et paierie |
Beyrouth |
tous services |
Bombay |
Consulat et poste d'expansion économique (décision de principe) |
Bruxelles |
Consulat, représentations permanentes UEO et UE, poste d'expansion économique |
Djeddah |
Consulat, poste d'expansion économique et service culturel |
Dubai |
Consulat, poste d'expansion économique |
Dublin |
Tous services |
Koweit |
Tous services |
Pretoria |
Ambassade, poste d'expansion économique |
Singapour |
Ambassade, poste d'expansion économique |
Skopje |
Tous services |
Votre rapporteur comprend difficilement les critères qui président à la fermeture de certains consulats . Ainsi, le consulat de Leipzig a été fermé, alors qu'il s'agit de notre installation la plus récente en Allemagne, et qu'il constitue l'unique consulat français dans les nouveaux " Länder " allemands. De même, votre rapporteur s'était opposé à la fermeture de notre chancellerie détachée de Calcutta, où sont implantées beaucoup d'entreprises françaises, et où les besoins d'assistance aux Français sont importants. Une solution est désormais envisagée pour maintenir un poste à Calcutta en collaboration avec l'Allemagne. La réduction du nombre de postes consulaires apparaît nécessaire, notamment en Europe, mais votre rapporteur comprend mal les critères autres que subjectifs, qui président à la fermeture des postes, en particulier dans les pays asiatiques où notre présence doit être maintenue et développée .
CHAPITRE II
L'EXÉCUTION DU BUDGET ET LA
PRÉSENTATION
DES CRÉDITS
Avec un
montant de 20,95 milliards de francs pour 2000 en crédits de paiement,
le projet de budget des affaires étrangères apparaît
en
augmentation de 0,64 %
par rapport aux crédits votés
pour 1999. Il représente 1,24 % du budget de l'Etat. Les
autorisations de programme demandées pour 2000 s'élèvent
à 2,79 milliards de francs, en augmentation de 7,4 % par rapport au
budget voté pour 1999.
Le budget des affaires étrangères pour 2000 est marqué
par la poursuite de l'intégration des moyens du secrétariat
d'Etat à la coopération.
L'analyse des crédits prend en compte les modifications importantes qui
ont eu lieu, notamment avec la création de la Direction
Générale de la Coopération Internationale et du
Développement et la fusion des services de la coopération
à l'étranger avec les autres services du ministère des
affaires étrangères.
On rappellera que les crédits consacrés à la
coopération internationale, à l'aide au développement et
à la francophonie, et, en particulier, les crédits relatifs au
Fonds de solidarité prioritaire et à l'Agence française de
développement, font l'objet d'un rapport spécial
présenté par M. Michel Charasse.
I. L'EXÉCUTION DES BUDGETS POUR 1998 ET 1999
A. L'EXÉCUTION DU BUDGET 1998
1. Les annulations de crédits
L'exécution du budget des affaires
étrangères
pour 1998 n'a pas été affectée par des gels de
crédits liés à une régulation, pour la
première fois depuis plusieurs années. Les annulations de
crédits ont été relativement modestes, puisqu'elles n'ont
concerné que 12,75 millions de francs au titre de l'effort en
faveur des chômeurs, tandis que 3,93 millions de francs
d'autorisations de programmes ont été apurées sur le
chapitre 57-10 (équipement administratif et divers).
Le secrétariat d'Etat à la coopération a été
davantage affecté par des annulations de crédits, qui ont
représenté 3,78 % des autorisations de programmes ouvertes
en loi de finances initiale, et 0,76 % des crédits de paiement et
des dépenses ordinaires.
2. Les ouvertures de crédits en cours d'exercice
Les
principales ouvertures de crédits ont concerné les chapitres
suivants :
- le chapitre 31-90 (rémunération des personnels), a
été abondé à hauteur de 150 millions de
francs, en provenance du budget des charges communes, afin de prendre en compte
l'effet-change (l'hypothèse retenue dans le projet de loi de finances
pour 1998 était de 1 dollar pour 5,66 francs, alors que le taux
réel constaté sur l'année a été de
1 dollar pour 6,07 francs) ;
- le chapitre 42-31 (participation de la France à des dépenses
internationales - contributions obligatoires), a été
abondé à hauteur de 122 millions de francs à partir
du budget des charges communes, afin d'assurer le paiement de nos contributions
internationales obligatoires ;
- les chapitres 31-98 (autres rémunérations), 34-03 (frais de
réception et de voyages officiels) et 42-10 (action culturelle et aide
au développement) ont été abondés par un
décret d'avance de 51 millions de francs pour le financement des
opérations menées pour l'année de la France au Japon,
ainsi que la célébration du cinquantième anniversaire de
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Les crédits ouverts en loi de finances rectificative pour 1998 se sont
élevés à 259,2 millions de francs en dépenses
ordinaires et en crédits de paiement, et à 264,15 millions
de francs en autorisations de programme. Ils correspondent notamment à
la construction des ambassades de France à Berlin et à
Pékin, à l'aide aux victimes du cyclone Mitch, à l'aide au
retour des populations au Kosovo, et à diverses contributions
volontaires.
3. Les reports de crédits
Les
reports de crédits du budget des affaires étrangères de
1998 vers 1999 se sont élevés à 2,599 milliards de
francs, dont 1,916 milliard sur les titres III et IV (et en particulier,
1,234 milliard pour le seul chapitre 41-43, " concours
financiers ", après 998 millions l'année
précédente), et 683 millions de francs sur les titres V et
VI (dont 537 millions sur le chapitre 57-10,
" équipement ", contre 312 millions l'année
précédente). L'importance des reports sur le chapitre 57-10 a
conduit à une consommation des crédits largement
supérieure à la dotation en loi de finances initiale pour
l'année 1999, puisque, pour le premier semestre, le taux de consommation
se monte à 127,7 %.
L'importance des reports sur le chapitre 41-43 " concours
financiers " est liée à la diminution des mesures
d'ajustement structurel, suite à l'amélioration des situations
économiques internes des pays africains. La consommation des
crédits sur ce chapitre ne s'est élevée qu'à
22,53 % en 1998. Ces éléments expliquent également la
réduction constante de la dotation initiale de ce chapitre depuis 1997.
Reports sur l'exercice 1999 : répartition par
chapitres
Chapitres budgétaires |
Reports obtenus |
proportion de la dotation en PLF 2000 |
34.03 (frais de réceptions et de voyages exceptionnels) |
12.300.000 |
10 % |
34.04 (frais de réceptions courantes et de déplacements ministériels) |
4.150.962 |
10,9 % |
34.05 (H) (dépenses d'informatique et de télématique) |
57.302.560 |
44,5 % |
34.90 (H) (frais de déplacement) |
57.671.411 |
21,9 % |
34.98 (matériel et fonctionnement courant) |
48.068.518 |
3,7 % |
37.95 (établissements culturels, de coopération et de recherche à l'étranger) |
1.786.060 |
3,9 % |
total titre III (moyens des services) |
181.279.512 |
2 % |
41.03 (H) (promotion de Strasbourg capitale parlementaire européenne) |
32.462.869 |
119 % |
42.11 (coopération culturelle et scientifique) |
57.783.191 |
3,1 % |
42.12 (coopération technique et au développement) |
162.499.603 |
9,5 % |
42.13 (appui à des initiatives privées ou décentralisées) |
18.385.793 |
8,5 % |
42.14 (subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle) |
21.720.000 |
2 % |
42.26 (H) (transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire) |
63.632.054 |
67 % |
42.29 (H) (coopération militaire et de défense) |
23.621.312 |
3,1 % |
42.31 (H) (participation de la France à des dépenses internationales - contributions obligatoires) |
5.179.417 |
0,2 % |
42.37 (autres interventions de politique internationale) |
16.248.165 |
13,8 % |
46.91 (frais de rapatriement) |
424.065 |
10 % |
46.94 (assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France) |
1.200.346 |
8,5 % |
total titre IV (interventions publiques) |
403.156.815 |
4,2 % |
total III et IV |
584.436.327 |
3,1 % |
reports anticipés : |
|
|
41.43 (H) (concours financiers) |
1.234.565.864 |
771,6 % |
42.29 (H) (coopération militaire et de défense) |
97.316.662 |
12,9 % |
total avec reports anticipés |
1.916.318.853 |
10,3 % |
57.10 (équipement administratif et divers) |
537.078.509 |
134,9 % |
68.80 (action extérieure et aide au développement - subventions d'investissement) |
6.826.008 |
40,2 % |
68.91 (fonds d'aide et de coopération) |
139.127.507 |
14,3 % |
Total général |
2.599.350.877 |
12,4 % |
(H) : chapitres inscrits à l'état H
B. L'EXÉCUTION DU BUDGET 1999
1. Les mouvements de crédit en gestion
L'exécution du budget des affaires
étrangères
pour l'année 1999 a été ralentie du fait de la mise en
place des nouvelles structures administratives, en particulier de la Direction
générale de la coopération internationale et du
développement (DGCID), et de l'unification des procédures de
gestion entre le ministère des affaires étrangères et le
ministère délégué à la coopération.
En outre, le financement des opérations humanitaires au Kosovo, pour un
montant de 300 millions de francs, a fait peser une contrainte très
forte sur la gestion des crédits.
Des tensions sont apparues en particulier sur le chapitre 42-11
" coopération culturelle et scientifique ", du fait d'une
mauvaise répartition des crédits à la suite de la fusion
des budgets des affaires étrangères et de la coopération.
Le décret de virement du 30 novembre 1999 augmente les crédits du
chapitre 42-11 " coopération culturelle et scientifique " de
40 millions de francs et diminue les crédits du chapitre 42-12,
" coopération technique et au développement " de
125,5 millions de francs. La diminution des crédits du chapitre
42-12 correspond également aux besoins de financement des
opérations de maintien de la paix, le chapitre 42-31
" participation de la France à des dépenses internationales
(contributions obligatoires) " étant augmenté de
100 millions de francs.
D'autres virements de crédits sont à signaler, en
particulier :
- sur le chapitre 31.90, " rémunérations des
personnels ", un virement de crédits de 46,1 millions de
francs a été décidé pour assurer la
rémunération des gendarmes en renfort temporaire, à partir
des chapitres 34-90 " frais de déplacement " et 36-30
" subventions aux établissements publics " ;
- sur le chapitre 42-37 " autres interventions de politique
internationale ", le Fonds d'urgence humanitaire a été
abondé de 215 millions de francs afin de venir en aide aux
réfugiés du Kosovo.
Les crédits de la coopération, et en particulier du fonds d'aide
et de coopération (FAC), font l'objet de mesures de régulation
importantes et systématiques en cours de gestion depuis plusieurs
années.
2. Le projet de loi de finances rectificative
Le projet de loi de finances rectificative pour 1999 propose d'ouvrir 245,9 millions de francs de crédits de paiement sur le titre IV, afin de prendre en compte essentiellement les contributions supplémentaires dues par la France au titre de la mission de l'ONU au Kosovo. 40,8 millions de francs sont également demandés pour diverses dépenses d'investissement.
II. LA PRÉSENTATION DES CRÉDITS DANS LE PROJET DE BUDGET POUR 2000
A titre de remarque préliminaire, votre rapporteur souligne que le projet de budget du ministère des affaires étrangères fixe le cours prévisionnel du dollar à 5,18 francs, alors que la Direction de la prévision du ministère de l'économie et des finances l'arrête à 5,83 francs. Il considère que l'existence d'un tel décalage de 24 % entre les deux ministères, ne peut se justifier d'aucune manière .
A. PRÉSENTATION PAR TITRE
Le tableau ci-après fournit le détail de l'évolution du budget des affaires étrangères par titre.
Comme en
1999, bien que dans des proportions moindres, le titre III est en
augmentation et le titre IV, en diminution. Le titre V connaît une
progression sensible, en raison des projets de constructions du
ministère des affaires étrangères.
L'importance des crédits antérieurement rattachés au
secrétariat d'Etat à la coopération varie beaucoup selon
les titres. Près du tiers des crédits du titre IV concernent des
actions en faveur de la coopération et du développement, et le
titre VI est essentiellement constitué par les crédits du Fonds
de solidarité prioritaire (FSP), qui remplace le FAC, et de l'Agence
française de développement (AFD).
1. Les dépenses ordinaires
Les dépenses ordinaires accusent une légère diminution de 0,4 %. Cette évolution recouvre une faible hausse des moyens des services et une diminution des dépenses d'intervention.
a) Les moyens des services
Avec une
dotation de 9,1 milliards de francs, les crédits du titre III
sont en augmentation de 1,3 %.
Cette progression globale recouvre néanmoins quelques
mesures
d'économie
:
une réduction des moyens de fonctionnement de 35,1 millions de
francs. Cette économie est liée à la plus grande souplesse
d'utilisation des crédits induite par la modernisation de la gestion du
ministère ;
un ajustement négatif de la subvention accordée aux
établissements culturels de 16 millions de francs ;
un ajustement négatif de la subvention accordée à
l'Office universitaire et culturel français pour l'Algérie de 3,7
millions de francs. La diminution de la subvention est liée à la
sous-consommation systématique des crédits au cours des
années précédentes, conséquence du ralentissement
de l'activité du centre du fait des conditions politiques en
Algérie ;
•
un ajustement négatif des dépenses
d'informatique et de télématique de 8 millions de francs.
Les
mesures d'ajustement positives
et les
mesures nouvelles
font
plus que compenser ces mesures d'économies. Elles comprennent :
diverses mesures d'ajustement des charges de personnel (extension en
année pleine des mesures de revalorisation des
rémunérations de 1998 : 48 millions de francs, application de
l'accord salarial dans la fonction publique : 2,5 millions de francs,
indemnité exceptionnelle allouée à certains agents non
titulaires en poste à l'étranger : 10 millions de
francs, effet change-prix : - 18,4 millions de francs)
la rémunération des gendarmes en renfort temporaire :
39 millions de francs. Ces dépenses sont désormais
imputées au chapitre 31-90 " rémunération des
personnels " au lieu du 34-90 " frais de déplacement ".
Cependant, la modification du mode de rémunération des gendarmes
modifie à la hausse la part à la charge du ministère des
affaires étrangères, qui passe de 15 à 39 millions de
francs.
une augmentation de 18,5 millions de francs de la subvention à
l'AEFE, en particulier au titre des bourses scolaires.
L'effectif total du ministère sera stable en 2000 (1 création
nette de poste, pour un total de 9475 emplois), mais l'équilibre entre
les titulaires, les contractuels et les militaires de carrière sera
fortement modifié : 69 postes de titulaires et 54 de militaires
sous contrat et de carrière seront créés, tandis que 122
postes de contractuels seront supprimés par le ministère des
affaires étrangères.
b) Les crédits d'intervention
Les
crédits d'interventions du
titre IV
sont en diminution de
2 % pour 2000, et s'établissent à 9,57 milliards de
francs.
Cette diminution résulte d'un ajustement négatif de
30 millions de francs des contributions obligatoires de la France et de
9,4 millions de francs des crédits de la coopération
militaire et de défense.
S'y ajoutent, notamment, au titre des
économies
:
une réduction de 85 millions de francs des crédits
d'assistance technique directe, qui correspond à la suppression de 170
postes en année pleine (sur 3050 postes existant au 31 décembre
1999) ;
une réduction de 13,8 millions de francs des crédits
de la coopération culturelle et scientifique ;
une réduction de 14 millions de francs de la subvention pour la
desserte aérienne de Strasbourg, liée notamment à
l'importance des reports de crédits au cours des années
précédentes ;
une économie de 10 millions de francs des crédits de
transport de l'aide alimentaire, liée à la réforme du mode
de passation des marchés ;
une réduction de 105 millions de francs des concours financiers,
notamment liés à l'ajustement structurel. Cette réduction
découle de l'amélioration de la situation financière de
nombreux pays africain, liée notamment aux annulations de dette, et de
l'impossibilité d'accorder les crédits à certains pays en
crise.
En contrepartie, certains
moyens nouveaux
sont prévus, en
particulier :
une augmentation de 25,3 millions des crédits en faveur de
l'action audiovisuelle extérieure, consacrée à
l'amélioration des programmes de TV5 ;
une augmentation de 4,7 millions des crédits d'assistance aux
Français de l'étranger ;
une augmentation de 30 millions de francs des contributions volontaires
aux organisations internationales ;
une augmentation de 35 millions de francs de la dotation du programme
" Eiffel " de bourses d'excellence ;
une augmentation de 5 millions de francs de la dotation du groupement
d'intérêt public " Edufrance " ;
une augmentation de 5,98 millions de francs des crédits du Fonds
d'urgence humanitaire.
La baisse des crédits d'intervention est compensée par des
redéploiements importants de crédits en faveur des actions
prioritaires définies par le ministère des affaires
étrangères, notamment le développement de l'action
audiovisuelle extérieure, l'enseignement du français à
l'étranger et l'accueil des étudiants étrangers en France.
Ces redéploiements de crédits s'effectuent essentiellement au
détriment de l'aide publique au développement.
2. Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital augmentent de 7,4 % par rapport à 1999
en autorisations de programmes, et de 10,3 % en crédits de paiement.
Les moyens du
titre V
augmentent de 43 % en crédits de
paiement, pour s'établir en 2000 à 398 millions de francs.
Ils serviront notamment à la mise en place de stations de communication
par satellite pour le chiffre, au renouvellement du parc des autocommutateurs
téléphoniques, à la réhabilitation du palais
Farnèse à Rome, à la construction d'une nouvelle ambassade
à Berlin et à Abuja, à la réhabilitation des
instituts culturels de Tunis et de Mexico, et à l'entretien du
lycée français de Milan.
Les subventions d'investissement du
titre VI
accordées au
titre de la coopération culturelle et de l'aide au développement
augmentent de 5,3 % en crédits de paiement, pour s'établir
à 1,9 milliard de francs en 2000.
Cette hausse s'explique essentiellement par l'augmentation des dons
destinés à financer les projets mis en oeuvre par l'Agence
française de développement, tandis que les dotations du Fonds de
solidarité prioritaire diminuent.
B. PRÉSENTATION PAR AGRÉGAT
Cinq agrégats ont été définis pour permettre l'analyse et le suivi des crédits des affaires étrangères. Le tableau ci-dessous en présente l'évolution.
1. L'administration centrale
Les
crédits de l'administration centrale, qui inclut les services du
ministère délocalisés à Nantes, représentent
environ 9,5 % du budget des affaires étrangères, soit
près de 2
milliards de francs.
Ils comprennent les dépenses de personnel, de fonctionnement et
d'équipement des services du ministère des affaires
étrangères installés en France métropolitaine,
ainsi que les frais de déplacement, de réception et de voyage
officiel de ses agents.
Dans le projet de loi de finances pour 2000, ces crédits augmentent de
2,2 %.
2. Les services et réseaux à l'étranger
Les
crédits des services et réseaux à l'étranger
constituent plus du quart (25,4 %) du budget des affaires
étrangères.
Ils regroupent les moyens des services diplomatiques et consulaires ainsi que
des services et établissements culturels et de coopération de la
France à l'étranger, qui
représentent 60 % des
effectifs et 68 % des crédits de fonctionnement du ministère
des affaires étrangères
.
Les crédits affectés à ces postes atteignent
5,32 milliards de francs
pour 2000, en augmentation de 3,3 %
par rapport à 1999.
3. La coopération et les interventions internationales
Cet
agrégat est le plus important du budget des affaires
étrangères avec 50,1 % des crédits, soit
10,5 milliards
de francs
. Dans le projet de loi de finances pour 2000, il diminue de
1 %.
Il regroupe
six catégories de crédits
:
les crédits de coopération culturelle, scientifique et
technique, y compris les crédits destinés à l'audiovisuel
extérieur, soit 2,895 milliards de francs (+4,8 % par rapport
à 1999) ;
la coopération technique et au développement, soit 3,878
milliards de francs (- 4,7 % par rapport à 1999).
la coopération militaire et de défense, soit
754,7 millions de francs (- 3,3 % par rapport à 1999),
les contributions obligatoires et volontaires au financement
d'organisations internationales, soit 2,569 milliards de francs
(- 0,7 % par rapport à 1999),
les interventions de politique internationale, destinés
principalement aux opérations d'urgence et aux subventions aux
organisations non-gouvernementales (ONG), soit 118 millions de francs
(+ 24,9 % par rapport à 1999),
l'appui à des initiatives privées et
décentralisées, soit 219,3 millions de francs
(- 1,1 %par rapport à 1999), et les indemnités des
représentants français au Parlement européen, soit 55,1
millions de francs (montant reconduit à l'identique par rapport à
1999).
La principale diminution en volume concerne les crédits de la
coopération technique et au développement, en contrepartie d'une
hausse des crédits en faveur de la coopération culturelle,
scientifique et technique. Cette évolution traduit les nouvelles
priorités de l'action extérieure de la France. Le Ministre
délégué à la coopération avait
indiqué, lors de l'examen du budget par la commission des affaires
étrangères de l'Assemblée nationale, en réponse au
rapporteur spécial de la coopération, "
vous avez
observé une baisse des crédits du chapitre 42-12 au
bénéfice du 42-11. C'est le résultat d'un arbitrage qui a
été rendu en faveur de la coopération culturelle et au
détriment de la coopération technique
".
On notera enfin que les crédits du fonds d'urgence humanitaire sont en
hausse de 10,4 %, pour atteindre 63,1 millions de francs.
4. L'assistance et l'enseignement
Cet
agrégat regroupe les interventions du ministère des affaires
étrangères en faveur des Français à
l'étranger et des étrangers en France, ainsi que les
crédits destinés au réseau des établissements
publics en charge de l'enseignement français à l'étranger.
Cet agrégat représente 10,7 % du budget des affaires
étrangères pour 2000. Avec une dotation de
2,25 milliards
de francs
, il est en augmentation de 0,8 % par rapport à 1999.
La subvention à l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger (AEFE) progresse de 1,3 % pour approcher
2 milliards de francs. Elle est répartie entre
268 établissements scolaires et permet notamment
l'attribution
de 17.500 bourses d'études, dont le montant moyen augmente de
10 %
.
Parmi les autres crédits, la subvention à l'Office universitaire
et culturel français pour l'Algérie est diminuée de 3,7
millions de francs, soit près de 50 % de sa dotation en 1999, pour
tenir compte de la sous-consommation chronique des crédits au cours des
années précédentes. La subvention à l'Office
français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)
est reconduite à 105,7 millions de francs.
L'assistance en faveur des Français à l'étranger et des
réfugiés étrangers en France progresse de 0,7 % pour
atteindre 141,8 millions de francs. Les crédits consacrés
aux rapatriements sont reconduits à 4,2 millions de francs.
5. La recherche
Cet
agrégat représente 4,3 % des crédits du budget des
affaires étrangères, avec
905 millions de francs.
Il
regroupe des crédits consacrés à :
la recherche et les échanges scientifiques et technologiques, soit
28,7 millions de francs (+ 14,8 % par rapport à
1999) ;
les contributions obligatoires et volontaires aux organismes à
vocation scientifique internationaux, soit 876,5 millions de francs
(+ 1,3 % par rapport à 1998).
Les principales contributions sont versées au Centre d'études et
de recherche nucléaires (604 millions de francs), à
l'Organisation européenne pour les recherches astronomiques dans
l'hémisphère austral (123,8 millions de francs) et à
l'Organisation européenne de biologie moléculaire
(45,5 millions de francs). Pour la première année, la France
finance également le Centre européen de prévision
météorologique à moyen terme (32,9 millions de francs).
CHAPITRE III
LA FUSION DES AFFAIRES
ETRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LA
GESTION ET LE PERSONNEL
I. LE PERSONNEL
A. L'EXCÈS DU RECOURS AUX RECRUTÉS EN CONTRAT LOCAL
1. Le développement du recours aux recrutés locaux
La mise en oeuvre d'un " schéma quinquennal d'adaptation des effectifs " a provoqué une réduction des effectifs du ministère des affaires étrangères de 8 % entre 1994 et 1998. Au cours de la même période, le nombre d'agents recrutés localement a augmenté de plus de 12 %. Le remplacement de personnel expatrié par du personnel de recrutement local constitue une conséquence directe de la diminution des ressources du ministère des affaires étrangères, le coût d'un agent local étant largement inférieur à celui d'un expatrié. La gestion des effectifs a consisté à substituer progressivement des personnels recrutés en contrat local aux agents expatriés remplissant des tâches d'exécution, concernant essentiellement les corps de catégorie C. Au terme de cette politique, 75 % des postes d'exécution des postes diplomatiques et consulaires sont occupés par des agents recrutés en contrat local.
2. Les carences de la gestion des recrutés locaux
L'étude effectuée par M. Patrick Amiot, ministre
plénipotentiaire, s'ouvre sur la reconnaissance d'un problème
réel de gestion des recrutés locaux, qui se traduit par :
- le désarroi des postes qui souffrent des aléas liés
au mode de gestion et sont exposés à une fragilisation de leur
propre sécurité ;
- la complication du travail de l'administration centrale qui doit
gérer une population disparate avec des moyens limités ;
- l'inquiétude et l'impatience des recrutés locaux qui se
considèrent comme médiocrement traités.
Les écarts de rémunération entre les recrutés
locaux de nationalité française et ceux de nationalité
étrangère peuvent aller de 1 à 6, à niveau de
recrutement égal et à ancienneté comparable. Or, il
convient de souligner que les différences de traitement entre les
recrutés locaux français et étrangers ne sauraient
être légitimement fondées que sur la nature des fonctions
et des responsabilités exercées.
L'hétérogénéité des conditions statutaires
pour un même poste et l'inexistence ou l'insuffisance des protections
contre les risques sociaux majeurs sont d'autres sources de
mécontentement.
On constate un décrochage des rémunérations servies par
rapport aux marchés locaux du travail, de telle sorte que les missions
diplomatiques et consulaires ont souvent acquis une image de mauvais
payeur.
Ces politiques de recrutement local " sauvage "
(non-respect de la législation sociale, salaires inférieurs
à ceux pratiqués par les employeurs de la place les plus en
vue...) portent atteinte à notre politique extérieure en exposant
de surcroît l'Etat à des contentieux onéreux.
Le rapport Amiot propose de nombreuses pistes de réforme pour
améliorer la gestion des recrutés locaux :
- Une nomenclature des emplois pourvus ou à pourvoir par la
filière du recrutement local devrait être établie par
chaque mission ;
- Le ministère des affaires étrangères devrait
s'engager sur la voie du recrutement d'agents locaux qualifiés ou
spécialisés (consultants, experts...) comme la Direction des
relations économiques extérieures (DREE) ;
- Des actions de formation à l'intention des recrutés locaux
devraient être développées au niveau
décentralisé (visas, comptabilité, gestion de personnel,
accueil, langue...), dans des centres à vocation régionale, ou
avec l'appui des moyens d'enseignement à distance.
La technique budgétaire utilisée pour prévoir et
gérer les crédits de rémunération des
recrutés locaux se caractérise par l'ambiguïté et la
rigidité. Les rémunérations sont regroupées sur une
ligne unique et globale, de la même manière que les
dépenses de matériel informatique. Ces crédits de
fonctionnement sont limitatifs, soumis à ordonnancement provisionnel et
ne donnent pas lieu à report. Ils sont extrêmement
vulnérables aux variations monétaires mais ne peuvent
bénéficier des gains au change au delà de l'exercice.
La recherche une gestion unifiée du recrutement local dans les
représentations françaises à l'étranger doit
être poursuivie, et une programmation pluriannuelle des effectifs des
recrutés locaux pourrait être " négociée "
avec la Direction du Budget, car ces éléments permettront une
meilleur rentabilité du réseau.
La France est parfois sensiblement en deçà de la " pratique
habituelle des bons employeurs " du lieu en matière de
rémunérations. La commission ministérielle du coût
de la vie a décidé d'accorder un crédit de
7,2 millions de francs en 1999 pour ajuster à la hausse les
rémunérations des recrutés locaux dans 77 pays. Si le
ministère s'efforce de corriger les disparités les plus criantes,
mais les remises à niveau relèvent de l'examen au cas par cas, et
ne font pas l'objet d'une politique globale.
Enfin, la politique suivie en matière de protection sociale n'est pas
satisfaisante puisque, dans 22 pays, les recrutés locaux ne
bénéficient d'aucune protection sociale légale.
3. La situation critique des consulats et des services des visas
En 1999,
5.820 agents de recrutement local sont employés dans les
représentations diplomatiques et consulaires françaises, dont
1.229 Français, soit 21 % du total. Dans les consulats et les
sections consulaires, la situation est particulièrement sensible :
- le nombre de recrutés locaux est légèrement
supérieur à celui du personnel expatrié, mais la
proportion de recrutés locaux de nationalité française y
est supérieure (47 %), du fait des fonctions sensibles, qui
nécessitent une certaine confidentialité et la prise en compte de
critères de sécurité ;
- entre 1994 et 1999, si le nombre d'écritures comptables et de
pensionnés ont diminué, les autres activités consulaires
sont en augmentation : les immatriculations (+ 10 %), les actes
d'état civil (+ 30 %), les actes de notariat
(+ 3,9 %), la délivrance de cartes d'identité
(+ 44,6 %) et de passeports (+ 30,9 %).
Le ministère procède actuellement à une
réactualisation des ratios utilisés au début des
années 1980 pour déterminer les affectations des agents de
catégorie B et C dans les postes diplomatiques et consulaires. La mise
en oeuvre des nouveaux ratios devrait conduire à une meilleure
adéquation entre les effectifs et l'activité consulaire
enregistrée dans les différents postes à
l'étranger. Le ministère des affaires étrangères
prévoit la création de 20 emplois dans son réseau
consulaire à l'étranger pour l'an 2000, à la suite des
92 supports budgétaires dégagés à l'occasion
de la fusion, et afin de renforcer un encadrement fortement mis à mal au
cours de ces dernières années.
Un renforcement du personnel d'encadrement dans les sections consulaires et, en
particulier, les services des visas, est indispensable. Le rapport du
rapporteur spécial des crédits des affaires
étrangères à l'Assemblée nationale, intitulé
" Les services des visas, parents pauvres des Affaires
étrangères ", souligne que "
150 titulaires et
environ 600 recrutés locaux gèrent plus de 2,3 millions de
demandes de visas par an (...) les services des visas connaissent effectivement
à la fois des problèmes d'effectifs et des problèmes
d'aménagement des locaux, questions qui, si elles ne sont pas
résolues, ne manqueront pas d'affaiblir les positions de la France
à l'étranger et d'accroître les risques d'immigration
irrégulière
". Plus loin, ce rapport remarque que
"
20 postes ne disposent d'aucun agent titulaire du
ministère des affaires étrangères au service des visas.
20 autres disposent seulement d'un agent titulaire de catégorie C,
alors qu'ils délivrent un nombre élevé de visas et se
trouvent dans des pays sensibles sur le plan migratoire
".
L'extension des attributions des recrutés locaux leur permet souvent
de pénétrer dans les secteurs traditionnellement
" sanctuarisés "
des missions diplomatiques et
consulaires, et accroît la perméabilité et la
vulnérabilité de celles-ci (dans certaines d'entre elles, les
recrutés locaux ont une liberté de circulation qui n'est pas
conforme aux instructions en vigueur, puisqu'ils sont facilement admis dans les
périmètres de sécurité).
En matière de
traitement des visas, une enquête réalisée par la Direction
des Français à l'étranger et des Etrangers en France a mis
en évidence les risques encourus dans certains pays du fait de la
proportion trop élevée d'agents étrangers ressortissants
du pays de résidence ayant à instruire les demandes, de la
faiblesse du taux d'encadrement français, et plus
généralement de l'insuffisance de l'effectif
. De
récents audits de la Direction du chiffre, de l'équipement et des
communications ont également établi que l'infrastructure
informatique, est, dans certains postes, accessible à des
recrutés locaux dépourvus de toute habilitation, en mesure de se
procurer les mots de passe nécessaires et d'accéder à des
informations classées " confidentiel Défense ".
Votre rapporteur considère qu'un effort financier global du
ministère des affaires étrangères est inéluctable.
A défaut, une réduction du nombre des emplois sera
nécessaire pour dégager des capacités de financement. Une
remise à niveau des rémunérations dans certains pays ne
pourra qu'améliorer l'image de la France qu'une réputation de
mauvais employeur peut contrarier
.
Lors de ses missions à l'étranger, votre rapporteur a pu
constater les risques de dérive du manque de personnel d'encadrement
français dans certains services des visas.
Cette situation est
particulièrement préjudiciable à la politique de
maîtrise des flux migratoires et n'exclut pas le risque de
négligences pouvant porter atteinte à la sécurité
de l'Etat
. L'absence ou la faiblesse du personnel français est
d'autant plus regrettable que les faibles niveaux de rémunération
du personnel recruté en contrat local par le ministère des
affaires étrangères peut le rendre sensible à certaines
tentations, d'autant qu'il est plus facile pour un Français de refuser
un visa que pour un agent local.
Pour l'année 2000, le ministère des affaires
étrangères s'est engagé à maîtriser le nombre
d'emplois et à les réduire pour dégager des
capacités de financement, en contrepartie d'un maintien de l'enveloppe
budgétaire consacrée aux rémunérations des
recrutés en contrat local.
Votre rapporteur considère qu'un effort financier important doit
être engagé rapidement pour aligner la grille de
rémunération du ministère des affaires
étrangères sur celle de la Direction des relations
économiques extérieures.
Le développement des postes
mixtes à l'étranger rend cet effort plus que jamais
indispensable, car il est difficilement concevable que des personnes
travaillant sur un même lieu puissent, à qualification
égale, connaître des écarts de
rémunérations
.
B. LES CONSÉQUENCES DE LA FUSION SUR LA GESTION DU PERSONNEL
La
fusion des deux ministères nécessite un premier ajustement
indispensable, concernant les rémunérations des recrutés
locaux. En effet, il existe un décalage de rémunération
d'environ 20 % entre les recrutés locaux relevant de l'ancien
secrétariat d'Etat à la coopération et le ministère
des affaires étrangères, en faveur de ce dernier.
Le projet de loi de finances pour 2000 marque le parachèvement de la
fusion des moyens des deux ministères, avec notamment, la suppression de
la distinction des moyens de fonctionnement des postes entre services
diplomatiques et services de coopération. En conséquence, la
nomenclature budgétaire est très largement modifiée.
L'harmonisation des régimes de rémunération des agents en
poste à l'étranger sera effective au 1
er
janvier 2000,
complétant ainsi l'alignement déjà réalisé
en matière de primes pour l'administration centrale. La disparition de
la sous-direction de l'administration des personnels de la coopération
souligne la volonté de développer une approche globale du
recrutement et du déroulement des carrières.
Une modernisation des corps et des statuts a été engagée
pour "
répondre aux exigences de professionnalisation des
carrières, de pluralité des fonctions diplomatiques et
administratives des agents et de souplesse dans l'organisation et la gestion
des statuts.
". Elle se traduit dans un premier temps par un
rapprochement des statuts des agents de catégorie A qui appartiennent
désormais à deux corps :
• un corps des conseillers des affaires étrangères (qui
intégrera les conseillers et secrétaires des affaires
étrangères, ainsi que les administrateurs civils de la
coopération) ;
• un corps des secrétaires des affaires étrangères
(qui regroupera les secrétaires adjoints et les attachés
d'administration centrale, ainsi que les attachés d'administration
centrale de la coopération et les agents contractuels de
catégorie A titulaires).
Une modernisation des corps de catégorie B et C est également
à l'étude, et devrait être rapidement mise en oeuvre.
On rappellera que la fusion du ministère des affaires
étrangères et du ministère délégué
à la coopération permet de libérer 92 emplois
budgétaires, tandis qu'une centaine d'agents sont
redéployés à l'occasion de la création de la DGCID,
de la fusion de la direction de l'administration générale et de
la direction générale de l'administration, et de la disparition
de la sous-direction de l'administration des personnels de la
coopération.
Votre rapporteur note que la fin du service national entraînera un
surcoût important pour le ministère des affaires
étrangères dès l'année 2001, car certains emplois
ne pourront vraisemblablement pas être pourvus par des volontaires, en
particulier dans l'informatique.
Les crédits de personnels devront
donc être augmentés dès l'année prochaine pour
pourvoir ces postes, ainsi que pour mettre fin aux écarts de
rémunération inacceptables entre les recrutés locaux des
différents réseaux publics français à
l'étranger.
II. DES RÉFORMES POUR AMÉLIORER LA SOUPLESSE ET LA RIGUEUR DE LA GESTION DES CRÉDITS
A. LA BONNE GESTION DE LA FUSION DES DEUX MINISTÈRES
La modernisation de la gestion du ministère des affaires étrangères se traduit par un regroupement des crédits de fonctionnement, d'informatique et de déplacement sur un article unique, assorti de la possibilité de report des crédits inemployés d'une année sur l'autre (inscription à l'état H). La souplesse accrue qui résultera de ce regroupement et les effets de la modernisation de la gestion financière devraient permettre une économie de 35 millions de francs en 2000.
B. LA DÉCONCENTRATION DES CRÉDITS
A
près une expérience menée en 1994, la globalisation des
crédits de fonctionnement a été
généralisée à l'ensemble des postes au
1
er
janvier 1995. Cette réforme a permis une meilleure
planification et une rationalisation de la dépense à
l'étranger, grâce aux possibilités de redéploiements
de crédits. Elle s'est traduite par une diminution importante des
demandes de crédits exceptionnels et de remises en fonds libres. La
globalisation des crédits apporte une souplesse de gestion, qui a permis
à certains postes de rattraper le retard pris depuis plusieurs
années en matière d'entretien du patrimoine mobilier et
immobilier de l'Etat.
La réforme comptable mise en oeuvre par le ministère des affaires
étrangères a consisté à adapter les structures et
les procédures comptables à l'étranger afin de promouvoir
une déconcentration des moyens de l'Etat. La déconcentration
amplifie et élargit, notamment aux crédits d'intervention du
titre IV, la dynamique engagée par le ministère des affaires
étrangères en matière de globalisation des crédits
de fonctionnement. Elle recouvre ainsi des domaines d'intervention où la
lisibilité de l'action internationale de la France, au plan local,
vis-à-vis des interlocuteurs étrangers, est la plus forte.
Cette réforme devrait permettre aux ambassadeurs d'avoir une vue
d'ensemble des crédits mis en place dans leurs pays de résidence
En rapprochant la décision de son niveau d'exécution, elle
contribue à responsabiliser l'échelon local et à
rationaliser la gestion des crédits.
C. LA MODERNISATION DES PROCÉDURES DU CONTRÔLE FINANCIER
Les
conditions d'exercice du contrôle financier ont évolué
puisque les délégations de crédits en postes ont
été entièrement dématérialisées et
sont visées électroniquement, faisant disparaître les
délais d'acheminement des dossiers entre Paris et Nantes.
La simplification du contrôle financier a provoqué une diminution
du nombre de visas de 20 % entre 1996 et 1998.
Votre rapporteur considère qu'une plus grande souplesse d'utilisation
des crédits constitue le corollaire indispensable de
l'intégration des moyens des affaires étrangères et de la
coopération. Les réformes engagées devraient permettre le
développement d'une culture de gestion qui a trop longtemps
été ignorée au sein du ministère.
CHAPITRE IV
L'ACTION CULTURELLE FRANÇAISE A
L'ÉTRANGER
La
Direction Générale de la Coopération Internationale et du
Développement (DGCID) a été créée le
1
er
janvier 1999, et est organisée en quatre directions
sectorielles issues des deux ministères : développement et
coopération technique, coopération culturelle et français,
coopération scientifique, universitaire et de recherche, audiovisuel et
techniques de communication.
Les crédits mis en oeuvre par la DGCID progressent de 0,1 %,
passant de 9.232 à 9.240 millions de francs.
Direction de la coopération internationale et du développement (DGCID) |
||||
Direction de la stratégie, de la programmation et de l'évaluation |
Direction du développement et de la coopération technique |
Direction de la coopération culturelle et du français |
Direction de la coopération scientifique, universitaire et de recherche |
Direction de l'audiovisuel et des techniques de communication |
I. L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
A. LA CROISSANCE DES MOYENS DE TV5
Le
ministère des affaires étrangères a engagé, au
printemps 1998, une rénovation profonde de la politique audiovisuelle
extérieure de la France. La réforme est guidée par le
choix d'un opérateur unique, et d'une présidence commune pour TV5
et CFI, afin de mieux coordonner les actions et de favoriser la recherche de
synergies entre les deux entreprises.
Les subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle
extérieure s'établissent en 2000 à 1,065 milliard de
francs, en augmentation de 2,4 %.
La refonte complète de la grille de programmation de TV5, et le
recentrage de l'activité de CFI sur sa mission de banque de programmes,
rend les deux entreprises complémentaires. CFI envoie des extraits de
programmes aux décideurs étrangers, et assure le transport de
ceux-ci lorsque des contrats sont conclus. La concurrence entre les deux
acteurs ne perdure en Afrique, où CFI dispose d'une chaîne
spécifique, CFI Chaîne, dont l'existence se justifie par le
fossé existant entre la demande et l'offre télévisuelle en
Afrique francophone. CFI Chaîne utilise les programmes de sa propre
banque, ce qui permet une meilleure utilisation des fonds publics. La refonte
des grilles de programmes a privilégié une programmation
complémentaire entre les deux chaînes, entraînant une forte
croissance de l'audience de CFI.
TV5 a accru la place de l'information dans la grille et sa capacité
à couvrir l'information internationale 24 heures sur 24. Le
développement de la politique de sous-titrage permettra d'élargir
l'audience de la chaîne à un public francophile. La politique de
différenciation du contenu des programmes et des horaires de diffusion
selon les zones géographiques est également amplifiée.
Ainsi, les nouvelles grilles de programmes prévoient pour chacun des
signaux, la multidiffusion quotidienne (5 passages) d'une oeuvre de fiction,
permettant une croissance importante de l'audience pour un coût
limité.
Cette orientation stratégique est rendue possible par l'utilisation des
technologies numériques. La mise en place d'un serveur numérique
permettant de diffuser cinq programmes distincts dans le monde
représente une économie de 25 millions de francs par rapport
à l'installation d'une régie analogique, et une économie
de fonctionnement de 5 millions de francs en année pleine,
liée à la disparition des frais de copie et de stockage des
cassettes. Cette innovation permettra la poursuite de la régionalisation
des signaux, avec un découplement du signal Europe entre l'Europe
francophone et le reste du continent, permettant d'améliorer les
programmes diffusés sur l'Europe, car de nombreux produits
récents sont indisponibles sur la zone francophone, qui constitue leur
marché principal.
TV5 effectue un effort de marketing important afin de rajeunir son image et
d'assurer une meilleure cohérence entre la programmation et les attentes
des différents publics. Le regroupement de CFI et de TV5 a permis de
dégager des synergies et des économies d'échelles pour le
marketing des produits à l'étranger.
L'introduction de la publicité en 1999 vise à moderniser et
dynamiser l'image de TV5, à offrir une visibilité à la
créativité francophone s'exprimant à travers les messages
publicitaires, et à accroître les revenus de la chaîne par
une nouvelle source de financements. Ces ressources supplémentaires ne
représenteront cependant qu'un revenu marginal pour l'entreprise, avec
des objectifs de recettes de 6 millions de francs en 1999 et de
12 millions pour l'année 2000.
La réforme de TV5, seule télévision francophone
opérant sur le marché international, obtient des résultats
positifs, avec une extension de la diffusion des programmes et une croissance
importante de l'audience. Le repositionnement de TV5 renforce son
identité propre, qui est indispensable dans un marché où
le développement des technologies numériques provoque un
développement rapide du nombre de chaînes..
Le développement de TV5 est malheureusement fortement contraint par la
structure spécifique de la chaîne, dont la diffusion pour
l'Amérique est assurée à partir du Québec, et sous
la direction des Canadiens. Cette situation conduit à un
développement à deux vitesses de la chaîne, TV5
Amérique n'ayant pas repris à son compte les innovations mises en
oeuvre pour le reste du monde. Les résultats en terme d'audience de TV5
sont catastrophiques aux Etats-Unis, et diminuent de manière
régulière en Amérique latine.
B. LA MODERNISATION DE RADIO FRANCE INTERNATIONALE
Le
budget de RFI s'élève à 725 millions de francs en
1999, et à 745 millions de francs en 2000. Il est constitué
à 99 % de ressources publiques (redevance : 38,3 % et
subvention des affaires étrangères : 60,7 %). Les
concours publics octroyés à RFI en loi de finances initiale ont
diminué de 1,7 % entre 1997 et 1999, alors que l'ensemble de
l'audiovisuel public a bénéficié d'une augmentation de
6,3 %. Cependant, RFI a réussi à diminuer son déficit
budgétaire depuis 1996 (- 58 millions de francs), et devrait
retrouver une situation budgétaire équilibrée en 1999.
En 1999, RFI a obtenu la fermeture de l'essentiel de ses émetteurs en
ondes courtes, en réduisant ainsi ses frais de diffusion de 80 millions
de francs. Cette économie a permis de résorber l'impasse du
budget de 1998, mais la croissance des coûts salariaux et la diminution
des concours publics, a limité le développement de RFI.
Les priorités du budget 1999 sont :
- la modernisation des équipements (adaptation aux technologies
numériques) ;
- l'adaptation des moyens de diffusion (maillage du réseau de
diffusion en modulation de fréquence et enrichissement des sites
Internet) ;
- le renforcement du dispositif mis en place autour du Kosovo
(surcoût de 6 millions de francs en 1999) ;
Pour 2000, les besoins de ressources supplémentaires
s'élèvent à plus de 30 millions de francs (hors
coût lié à la réduction du temps de travail à
35 heures), notamment du fait des glissements et ajustements
(20,2 millions de francs) et de la numérisation de la production et
de la diffusion (4 millions de francs).
Le budget du ministère des affaires étrangères
prévoit une augmentation de la dotation de RFI de 20 millions de
francs en loi de finances initiale, qui permet de retrouver un montant
comparable à celui de 1999, avant l'abattement intervenu en cours
d'exercice.
Toutefois, RFI souhaiterait développer sa présence dans les
grandes métropoles mondiales, projet dont le coût
s'élève à environ 30 millions de francs
(création de radios " biculturelles " à Buenos Aires,
Dublin, Rio, Los Angeles, San Fransisco, en Roumanie, à Beyrouth, pour
lesquelles des négociations sont déjà engagées,
mais également à Istanbul, Varsovie et Moscou, pour lesquelles
des contacts sont en cours, et à Londres, Madrid, Rome et
Athènes). RFI dispose de relais FM (modulation de fréquence)
24h/24 dans 80 villes, tandis que dans 170 autres villes, des radios
partenaires reprennent des parties des émissions de RFI, notamment en
langue étrangère.
RFI dispose de 18 rédactions en langues étrangères, contre
près de 45 pour la BBC World Service.
La multiplication des émissions diffusée en modulation de
fréquence est recherchée dans les pays libéralisés,
tandis que le maintien de la diffusion en ondes courtes et en ondes moyennes
est maintenue pour les pays " fermés ", ou qui n'apparaissent
pas prioritaires (c'est le cas pour presque la totalité de l'Asie,
où RFI possède très peu de relais de diffusion en
modulation de fréquence). Les priorités de développement
de RFI, outre les grandes métropoles mondiales, sont l'Afrique, ou elle
dispose d'ores et déjà d'une position forte (l'audience se situe
entre 23 et 43 % dans la plupart des capitales d'Afrique francophone), les
pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que le Moyen Orient. RMC
Moyen-Orient, qui est intégrée à Radio France
Internationale, dispose d'une audience estimée à 13 millions
de personnes dans les pays du Golfe Persique, et l'audience atteint 14 %
en Syrie, soit le meilleur score après la radio nationale. La diffusion
des programmes en modulation de fréquence se développe
actuellement, en Jordanie, à Bahrein et au Qatar, tandis que des projets
sont en discussion pour le Maroc, le Liban et l'Egypte.
L'abandon progressif de la diffusion en ondes courtes participe de l'adaptation
de RFI aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. La
numérisation des techniques de production et de diffusion permet une
diversification de l'offre de programmes. Les sites internet de RFI sont
développés dans plusieurs langues, avec un contenu
éditorial spécifique, et enregistrent plus de 50.000 connexions
par jour, principalement en provenance d'Amérique du nord. Le
développement des sites internet permet de combler les
" trous " du maillage du réseau FM de RFI, et permet d'offrir
une réception de qualité dans les zones dont la bande FM est
saturée. Le dernier axe de développement envisagé concerne
la diffusion par satellite, qui permettra une réception de
qualité équivalente à la FM.
L'application de la réduction du temps de travail pose à Radio
France Internationale, comme pour l'ensemble de l'audiovisuel public, des
problèmes importants, et représente un surcoût
considérable. Les gains de productivité pouvant être
estimés à 6 %, des créations d'emplois à
hauteur de 4 % des effectifs seront inévitables pour maintenir
constants les moyens de RFI. Votre rapporteur regrette que l'application de
cette mesure entraîne une nouvelle augmentation des frais de
fonctionnement de RFI, qui sont particulièrement élevés.
II. L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
A. LE RÉSEAU SCOLAIRE FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
L'enseignement français à l'étranger est
un
élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde. Les
268 établissements du réseau de l'Association pour l'Enseignement
du Français à l'Etranger (AEFE) recensés à la
rentrée 1998/99 ont scolarisé 67.128 élèves
français et 92.866 élèves étrangers. Ce
réseau éducatif contribue à la vitalité de la
francophonie et est une condition du renforcement de la présence
économique française à l'étranger.
L'effort d'investissement pour la rénovation et l'entretien des locaux
est pris en charge par l'Etat pour les établissements en gestion
directe. La dotation correspondante pour 2000 marque la volonté de
l'Etat de rénover le parc immobilier des établissements
scolaires, puisqu'elle s'élève à 58 millions de
francs en crédits de paiement, soit un doublement par rapport à
1999.
Votre rapporteur remarque que la dégradation des conditions
d'enseignement dans certains lycées français à
l'étranger rendait un accroissement des investissements
indispensable.
Les crédits de paiement destinés à la " construction,
la réhabilitation et l'entretien des établissements appartenant
à l'Etat " pour 2000 seront en grande partie consacrés
à l'extension du lycée français de Milan et à la
construction du lycée français de Francfort. La forte croissance
des autorisations de programme est due à de nombreux projets, notamment
l'aménagement du lycée français de Moscou, la construction
d'un lycée français au Caire, l'extension des lycées
français de Tokyo et de Rome. La reprise des investissements en faveur
des lycées français à l'étranger est liée
aux moindre besoins de construction d'ambassades, qui permet de dégager
de nouvelles ressources.
Pour les établissements conventionnés avec l'AEFE, le coût
des investissements reste pour l'essentiel à la charge des
comités locaux de gestion. Ce mode de financement est structurellement
inadapté, car il aboutit à faire décider et supporter des
dépenses lourdes et engageant l'avenir par des parents
d'élèves, qui sont généralement présents
dans le pays pour des durées limitées. Il en résulte
parfois des situations de blocage, des opérations urgentes se trouvant
indéfiniment repoussées.
B. UNE HAUSSE CONSIDÉRABLE DES DROITS D'ÉCOLAGE
La
hausse constante des droits d'écolage
est en partie une
conséquence du mode de financement des investissements. Ces droits
peuvent atteindre 30.000 à 40.000 francs par an dans certains
établissements. Il en résulte une sélection par l'argent
des élites locales désireuses de scolariser leurs enfants dans
les établissements français, ainsi que l'exclusion de certaines
familles françaises qui ne disposent pas du soutien d'une grande
entreprise. Une enquête réalisée par le ministère
des affaires étrangères auprès de 28 postes
diplomatiques et consulaires sur la situation sociale des Français
expatriés souligne une précarisation croissante de certaines
catégories d'entre eux, qui ne peuvent disposer de revenus fixes
suffisants pour scolariser leurs enfants dans les écoles
françaises et pour assurer leur couverture sociale.
Dès juillet 1996, un rapport de l'Inspection Générale des
Finances constatait que le coût pour les finances publiques de
l'enseignement à l'étranger avait augmenté de 25 %
entre 1989 et 1995, tandis que la charge incombant aux familles avait
augmenté de 44 %. Passée de 40 à 43 % de 1989 et
1995,
la part des familles dans le financement du système serait
aujourd'hui proche de 50 %
. Pour les années scolaires 1994-95
et 1995-96, l'AEFE a constaté des
hausses de tarifs dans une
très grande majorité d'établissements
(85 % en
1994 et 87 % en 1995), celle-ci étant supérieure à
10 % en monnaie locale pour près de la moitié d'entre eux.
Afin de limiter les effets négatifs de la hausse régulière
des droits d'écolage, une mise à niveau des bourses a
été engagée. L'augmentation de la dotation de
15 millions de francs en 2000 permet une hausse de 47 millions de francs
au cours des trois dernières années, soit 25 % de la
dotation des bourses (les crédits sont passés de
185 millions de francs en 1997 à 232 millions en 2000). Le
nombre de bourses distribuée passe de 18.000 à 17.500 en 2000.
Les dotations en faveur du programme de bourses d'excellence
" Eiffel " sont également dotées de 35 millions de
francs. Ces bourses sont destinées à former les élites
étrangères dans les métiers de l'entreprise et de
l'administration.
C. L'AGENCE EDUFRANCE
L'agence
Edufrance est un groupement d'intérêt public créé en
novembre 1998 par le ministère des affaires étrangères et
par le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de
la technologie. Elle regroupe les établissements français
d'enseignement supérieur qui souhaitent mettre en valeur leur
savoir-faire et leurs compétences dans le cadre de leur politique
d'ouverture internationale. Elle a reçu pour principale mission de
renforcer la place de la France sur le marché mondial de la formation en
contribuant à la promotion de l'offre française dans ce domaine.
Dans le cadre de son action de promotion, Edufrance a conçu et
élaboré un certain nombre d'outils qu'elle met à la
disposition de ses membres, soit un site internet, un catalogue de formations
spécifiques proposées aux étudiants étrangers par
les établissements, ainsi qu'un ensemble documentaire pour accompagner
les opérations de promotion. A la fin de l'année 1999, l'agence
aura apporté son concours à la promotion de l'offre
française de formation dans plus de 60 manifestations organisées
à l'étranger.
La subvention accordée au groupement d'intérêt public
Edufrance est augmentée de 5 millions de francs en 2000.
Votre rapporteur souligne la nécessité d'une clarification des
missions de l'agence Edufrance, dont le bilan devra être soumis à
une évaluation rigoureuse dès l'année prochaine. La France
n'accueille que 150.000 étudiants étrangers dans ses
établissements d'enseignement supérieurs, à la suite d'une
lente dégradation depuis le début des années 1990. En
effet, la proportion globale d'étudiants étrangers dans
l'ensemble de la population étudiante en France est passée de
14,6 % en 1990 à 7 % en 1999.
La mise en oeuvre de nouvelles dispositions en matière de
délivrance des visas devrait permettre de faciliter la venue en France
des étudiants étrangers. Le développement de l'accueil des
étudiants étrangers en France doit cependant prendre en compte
des éléments multiples, tels que la qualité des structures
d'accueil dans les universités ou la visibilité internationale
des cursus proposés. Le rapport de la Commission des finances de
l'Assemblée nationale intitulé " L'accueil des
étrangers en France : enjeu commercial ou priorité
éducative ? " propose des pistes de réforme
intéressantes à cet égard.
III. L'ASSOCIATION FRANÇAISE D'ACTION ARTISTIQUE
L'AFAA
est une association loi de 1901 créée en 1922 et reconnue
d'utilité publique. Son conseil d'administration, présidé
par Alain Decaux, est composé de 40 membres représentant les
ministères de tutelle (Affaires étrangères et Culture) et
le monde professionnel. Le directeur de l'AFAA, Olivier Poivre d'Arvor, a
été récemment nommé par le Conseil d'administration
sur proposition du ministère des affaires étrangères, et
avec l'accord du ministère de la culture. 70 personnes travaillent
à l'AFAA, dont 7 emplois-jeunes et 6 agents publics mis à
disposition par le Ministère des affaires étrangères.
L'essentiel du financement de l'association est assuré par les
subventions du ministère des affaires étrangères. En 1999,
l'AFAA bénéficie d'une subvention de 86,4 millions de francs du
ministère des affaires étrangères et de près de 6
millions du ministère de la culture. Le montant des subventions est en
légère baisse au cours des dernières années, mais
sa proportion dans les ressources de l'AFAA est en nette diminution. Ainsi, la
part de la subvention du ministère de affaires étrangères
dans le budget primitif de l'AFAA est passée de 80% en 1997 à 71%
en 1998 et 68% en 1999.
Cette évolution s'explique par la forte progression des autres produits,
évalués à 34,5 millions de francs pour 1999 contre 8,3
millions en 1996. Ceux-ci comprennent les recettes issues des expositions et
les ressources inscrites dans les partenariats conclus par l'AFAA avec les
collectivités territoriales et les entreprises.
A. LA MONTÉE EN PUISSANCE DES PARTENARIATS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
1. Présentation du dispositif
La mise
en oeuvre de partenariats avec les collectivités locales correspond
à une
volonté politique d'accompagnement de la
décentralisation de la création artistique en province
, afin
de donner à l'étranger l'image d'un pays où les
collectivités sont de véritables acteurs culturels. Le Club
AFAA-Collectivités territoriales permet à celles-ci de conclure
avec l'AFAA des conventions triennales pour financer des actions telles que
l'organisation de festivals, l'accueil d'artistes étrangers ou des
voyages d'artistes français, avec la recherche systématique d'une
réciprocité dans les échanges internationaux. Ces actions
sont financées à parité par l'AFAA et les
collectivités, qui y consacrent un budget annuel variant de 200.000
à 2 millions de francs, et le choix des projets est
déterminé en commun par les deux partenaires. Les
événements sont montés spécifiquement dans le cadre
des partenariats, afin que celui-ci permette de faire bénéficier
la programmation d'une ville d'une réelle valeur ajoutée, et ne
s'apparente pas à une subvention complémentaire de leur politique
culturelle.
La demande de la part des collectivités locales est très
importante, car elle leur permet d'acquérir une dimension culturelle
internationale et de développer les échanges dans le cadre de
leur coopération décentralisée.
2. Un encadrement des conventions est nécessaire
Il
apparaît que le dispositif de partenariat avec les collectivités
locales doit être évalué et contrôlé
rigoureusement pour éviter les " effets d'aubaine " de la part
des collectivités et pour qu'il ne conduise pas l'AFAA à se
détourner de ses missions premières et à perdre son
autonomie d'action.
Il convient d'éviter une institutionnalisation des partenariat qui
résulterait de la reconduction systématique des subventions aux
mêmes opérateurs, et de favoriser une programmation traduisant une
volonté de développement de coopérations et
d'échanges axée sur des thématiques renouvelées.
Les conventions doivent également être conformes aux missions de
l'AFAA. Ainsi, des actions concernant la mise en valeur du patrimoine semblent
davantage relever du domaine d'intervention du ministère de la culture,
et ne devraient pas être inscrites dans ces conventions. Avec la
réforme en cours, le ministère des affaires
étrangères sera désormais partie prenante des conventions
afin que les objectifs définis par elles prennent en compte les
orientations politiques du ministère. Une coordination doit être
recherchée avec l'action de l'Etat vis-à-vis des
collectivités locales, mise en oeuvre par les services
déconcentrés du ministère de la culture.
3. Les risques d'une montée en puissance incontrôlée de la logique partenariale
La
croissance des conventions avec les collectivités et des ressources
budgétaires qui y sont consacrées comporte des risques. En effet,
le financement paritaire des conventions est une arme à double
tranchant, puisqu'il augmente les ressources permettant à l'AFAA de
mettre en oeuvre ses missions, mais mobilise également une part
croissante de son budget
. L'AFAA risque donc, à terme, de voir son
autonomie financière se restreindre. Or, cette autonomie est
nécessaire pour répondre aux demandes des ambassades à
l'étranger. L'adéquation de ces demandes avec des actions
inscrites dans les partenariats est recherchée, mais ne peut être
systématique, du fait de la nécessité pour les
collectivités locales d'établir leur programmation longtemps
à l'avance.
L'importance de la demande des collectivités locales
(23 conventions en vigueur et 15 demandes enregistrées
à l'AFAA) va poser la question du freinage du dispositif, et se traduira
nécessairement par une sélection des collectivités
partenaires. La " mise en concurrence " des différentes
collectivités devrait permettre d'accroître la qualité et
la cohérence des programmes retenus par l'AFAA, mais posera le
problème de la définition des critères de refus des
demandes de conventions. En effet, l'AFAA risque de devenir l'objet de
critiques récurrentes concernant les " copinages " et les
influences politiques supposées présider aux choix
effectués. L'élaboration d'une charte contraignante et une plus
grande exigence de l'AFAA en matière de programmation constitue un moyen
pour freiner, à terme, la montée en puissance de ce partenariat.
Une diversification des dispositifs de financement prévus par les
conventions devra également être étudiée, la
participation de l'AFAA pouvant être proportionnelle aux besoins des
collectivités et à l'adéquation de ceux-ci avec les
objectifs prioritaires de l'association. L'AFAA pourrait participer aux actions
des collectivités comme opérateur de projets, en mettant son
expertise à la disposition de celles-ci sans nécessairement
participer au montage financier des actions concernées.
B. LE DÉVELOPPEMENT DU MÉCÉNAT : UNE RECHERCHE DE FINANCEMENT ET DE SYNERGIES NOUVELLES
Dans le
cadre du Club AFAA-Entreprises, l'AFAA propose aux entreprises des partenariats
ponctuels à l'occasion d'un événement artistique de
prestige ou la signature d'une convention triennale pour la mise en oeuvre
d'une politique de communication internationale. Des contreparties sont
offertes aux entreprises sous des formes diverses (présence de la marque
sur les documents édités à l'occasion des manifestations,
octroi de billets à des tarifs préférentiels,
possibilité d'organiser des événements dans un lieu
culturel de prestige). Cette forme de mécénat est en pleine
expansion puisqu'elle représente plus de 10 millions de francs en
1998 contre 16 millions de francs sur l'ensemble de la période
1992-1997. L'AFAA souhaite développer les actions de
mécénat, en sollicitant notamment les entreprises
françaises présentes aux Etats-Unis et au Japon.
Le mécénat constitue un axe de développement important,
car il permet de réduire le retard français par rapport aux pays
anglo-saxons et allie la promotion de la culture française à une
démarche commerciale des grandes entreprises françaises. Les
entreprises soutiennent des manifestations culturelles permettant
d'accroître leur visibilité dans un pays et de conforter la
présence de leur marque dans le cadre de projets artistiques
cohérents avec leur stratégie de communication. Ainsi,
l'exposition multimédia " Virtual Gallery " organisée
à New Delhi en janvier 1998, à l'occasion du
50
ème
anniversaire de l'indépendance de l'Inde, a
réuni des artistes, des ingénieurs et des grandes entreprises
françaises. Cet événement a été
partiellement financé par 15 entreprises ayant principalement des
activités dans les secteurs de l'audiovisuel et des technologies de
pointe, pour un montant total de 2,8 millions de francs. Le succès
de ce type de manifestation pourrait conduire à développer des
actions dans le cadre des manifestations commerciales thématiques
à l'étranger bénéficiant d'une forte
présence française, en collaboration avec les structures de
promotion des exportations françaises comme l'agence pour la promotion
internationale des technologies et des entreprises françaises
(CFME-ACTIM).
C. LES CONSÉQUENCES DE LA RÉFORME DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR LES MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT DE L'AFAA
1. La redéfinition des relations avec le Ministère des Affaires étrangères
La Cour
des comptes et l'Inspection générale des affaires
étrangères ont effectué des observations sur la nature des
relations quelque peu " incestueuses " qui ont existé entre
l'AFAA et le ministère des affaires étrangères. Le
directeur de l'AFAA était en effet le sous-directeur des échanges
culturels au ministère des affaires étrangères, et des
missions régaliennes étaient confiées à
l'association, qui constituait le " bras armé " de
l'administration en matière d'échanges culturels et artistiques.
La suppression de la sous-direction des échanges ne constituait
cependant pas une solution durable car elle privait l'AFAA d'un interlocuteur
clairement identifié au Ministère des Affaires
étrangères.
La fusion des Ministère des Affaires étrangères et de la
coopération a réformé l'organisation des services en
charge de la politique culturelle internationale de la France. La direction de
la coopération culturelle et du français, intégrée
dans la DGCID, est en charge du livre, des échanges scolaires, des
actions artistiques et du sport de haut niveau. Elle est désormais
l'interlocuteur privilégié de l'AEFE et de l'AFAA.
2. L'extension des missions de l'AFAA
Les missions de l'association sont redéfinies autour de trois axes : la diffusion internationale de la création artistique française, le soutien aux échanges avec les autres cultures, et l'aide au développement et à la reconnaissance internationale d'une création contemporaine dans les régions et les pays les plus démunis (notamment dans le cadre de la Zone de solidarité prioritaire). Cette dernière mission constitue une nouveauté pour l'AFAA, car elle était auparavant dévolue à l'association " Afrique en créations ". La fusion du ministère des affaires étrangères avec la coopération a entraîné une réflexion sur la pertinence du maintien d'un opérateur spécialisé dans le développement culturel. La fusion des deux association a été privilégiée, Olivier Poivre d'Arvor devenant, à compter du 1 er juillet et jusqu'au 1 er janvier 2000, le directeur d'Afrique en créations. Ensuite, l'AFAA prendra en charge des opérations de développement culturel, pour lequel un département spécifique sera créé.
3. La rénovation du statut de l'AFAA : vers une plus grande cohérence et transparence des choix
Le
fonctionnement de l'AFAA doit être réformé afin que chaque
structure ait un rôle clairement défini au sein de l'association.
Une modification des statuts s'impose pour resserrer autour de 15 membres
environ, contre 40 aujourd'hui, la composition du conseil d'administration,
afin qu'il devienne un véritable lieu de décision, au sein duquel
le Ministère des Affaires étrangères disposera d'une
minorité de blocage. En effet, la composition actuelle du conseil
d'administration le rend peu distinct de l'assemblée
générale, qui devra devenir une véritable instance de
proposition et de débat, largement ouverte aux différents acteurs
concernés par l'action de L'AFAA. La mise en oeuvre de cette
réforme permettra de clarifier le mode de fonctionnement de
l'association et d'assurer une meilleure transparence dans la définition
de ses orientations stratégiques.
Une lettre de cadrage visée par le cabinet du Ministre donnera les
orientations générales de l'action culturelle extérieure
de la France déclinée par pays, qui seront discutées et
adoptées par le conseil d'administration. Les orientations politiques
seront définies par le Ministère des Affaires
étrangères, tandis que l'association conservera toute latitude
pour la mise en oeuvre des actions. Ainsi, le " cordon ombilical "
entre le ministère et l'association sera coupé, et la relation
entre de donneur d'ordres à prestataire de services sera clairement
définie et encadrée.
D. LES RELATIONS AVEC LE MINISTÈRE DE LA CULTURE
L'idée d'une séparation des compétences attribuant au ministère de la culture, la promotion des cultures étrangères en France (saisons culturelles, accueil d'artistes et de spectacles en France...), et à l'AFAA, la promotion de la culture française à l'étranger, n'a plus de valeur, dès lors que les principes d'échange et de réciprocité guident la conduite de l'action culturelle extérieure de la France.
1. Les choix artistiques de l'AFAA.
Les
choix artistiques et les modalités d'intervention de l'AFAA ont fait
l'objet de divergences avec le ministère de la culture, celui-ci ayant
pu considérer que l'AFAA subventionne de manière trop
systématique certaines troupes et certains artistes. Des tournées
de compagnies à l'étranger subventionnées par l'AFAA leur
ont conféré une notoriété en France et
l'association a pu être accusée de renouveler les collaborations
avec ces artistes. Il faut cependant noter que l'importance des demandes en
provenance des postes à l'étranger était souvent à
l'origine de ces choix. L'AFAA a également privilégié et
permis l'essor et la renommée du théâtre de rue en France,
peut-être au détriment d'autres formes d'expression artistique, et
du théâtre de texte notamment. Cette orientation a permis
d'accroître considérablement la notoriété de cette
discipline, et a connu un succès important à l'étranger.
Il faut cependant souligner le moindre contenu, en terme de culture et de
francophonie, du théâtre de rue par rapport au
théâtre classique. En conséquence, il apparaît
nécessaire de
mettre en oeuvre une programmation
équilibrée, qui prenne en compte les objectifs de
développement de la langue et de la culture française à
l'étranger.
La politique culturelle internationale de l'AFAA doit faire preuve d'une grande
cohérence pour ne pas être appréhendée comme une
politique de " clientèle ". Le seul véritable moyen
d'éviter une reconduite des mêmes choix artistiques sur plusieurs
années est la mise en place d'une plus grande mobilité des agents
qui, par ailleurs, peut avoir des effets négatifs sur le fonctionnement
des services. Il semble néanmoins préférable qu'une
même personne ne demeure pas pendant de nombreuses années en
charge d'un secteur artistique, auquel cas ses aspirations artistiques et ses
relations personnelles risqueraient de détourner les orientations
prioritaires de l'association et du ministère.
Les reproches faits à l'AFAA d'une reconduite trop systématique
des subventions d'une année sur l'autre coexistent avec ceux concernant
la dispersion de celles-ci, contrairement au British Council, qui concentre ses
aides sur un petit nombre d'artistes en matière d'art contemporain. Les
critiques contradictoires auxquelles doit faire face l'AFAA soulignent les
contraintes pesant sur la mise en oeuvre de la politique culturelle de la
France.
2. Vers une meilleure valorisation du potentiel culturel français
L'AFAA
préfère parfois monter de nouvelles expositions plutôt que
d'utiliser des expositions existantes, et ne favorise aucunement les
institutions culturelles subventionnées par le ministère de la
culture. Il semble légitime de demander à l'AFAA de permettre
à des troupes dont la qualité est reconnue, de participer
à des tournées à l'étranger. Le soutien de l'AFAA
aux expositions montées en France et aux ensembles artistiques
subventionnés par l'Etat se justifie par la nécessité de
rechercher une
utilisation optimale des fonds publics
. Cependant, la
France conserve souvent à l'étranger une image fondée sur
son passé, qu'il convient de dynamiser en venant en aide à de
jeunes.
L'image de la France à l'étranger doit donc se
construire sur un équilibre subtil entre la mise en valeur de son
patrimoine culturel et sa dimension innovatrice.
Un meilleur parti pourrait être tiré des collections des fonds
régionaux d'action culturelle (FRAC), le ministère de la culture
souhaitant proposer à des décideurs étrangers de prendre
connaissance de ces fonds pour préparer des projets d'expositions. Le
ministère de la culture souhaite l'établissement d'une
concertation plus systématique avec l'AFAA pour la sélection des
artistes, afin que ses propres orientations et son expertise soient davantage
pris en compte. Un projet de centre de ressources élaboré dans le
cadre de l'AFAA permettrait de centraliser et d'orienter les demandes en
provenance de l'étranger et de regrouper les ressources de l'AFAA et du
Ministère de la Culture.
3. Des modalités de consultation systématiques doivent être mises en oeuvre
Des groupes de travail ont été formés avec les départements concernés au ministère de la culture (Département des Arts Plastiques et Délégation à l'Action Internationale), sous la direction de l'AFAA, concernant les résidences d'artistes à l'étranger, les publications, les foires et l'invitation de personnalités étrangères en France notamment. Le partenariat s'est donc développé, et des chartes d'objectifs devront être conclues entre l'AFAA et les départements du ministère de la culture. La mise en place d'un conseil scientifique compétent pour le choix des manifestations et consulté de manière systématique pourrait permettre une meilleure prise en compte de l'expertise du ministère de la culture en matière de choix d'artistes , étant entendu néanmoins que l'AFAA n'a pas pour mission de mettre en oeuvre la politique de ce ministère. Les rapports entre l'AFAA et le ministère de la culture seront cependant moins dépendants des relations personnelles dès lors que les procédures de concertation seront édictées de manière précise .
E. LA DÉFINITION DU CHAMP D'ACTION DE L'AFAA
1. Le développement des synergies avec les acteurs culturels
L'AFAA
intervient essentiellement dans les domaines des arts de la scène
(danse, musique, théâtre) et des arts visuels (arts plastiques,
design, architecture, multimédia, photographie). Votre rapporteur
souligne cependant l'absence de collaboration avec les structures
spécifiques chargées de la promotion du cinéma et du livre
à l'étranger.
Les synergies existant entre le livre et le théâtre devraient
être davantage mises à profit. Les " Chroniques de
l'AFAA ", publications thématiques destinées à faire
découvrir les ressources culturelles de la France, sont insuffisamment
diffusées à l'étranger.
L'association du livre aux
manifestations culturelles organisées par l'AFAA permettrait
d'élargir le public visé et de renforcer le contenu en langue
française des manifestations proposées à
l'étranger
. Votre rapporteur se félicite par contre de
l'initiative de l'AFAA de surtitrer les représentations
théatrales à l'étranger, qui permet d'élargir le
public intéressé par ces manifestations.
2. Un champ d'action délimité par les compétences des autres organismes en charge de la culture
La
définition du champ d'action de l'AFAA doit prendre en compte les
compétences des autres acteurs participant à la mise en oeuvre de
la politique culturelle internationale de la France. Ainsi, deux structures
subventionnées par la Délégation aux Affaires
Internationales du ministère de la culture ont des champs d'action
pouvant interférer avec les politiques mises en oeuvre par l'AFAA :
l'Office National de Diffusion Artistique travaille presque exclusivement en
France pour la diffusion de spectacles français et étrangers, et
la Maison des cultures du monde organise des expositions et des spectacles
d'artistes étrangers, et gère les programmes d'ingénierie
culturelle à destination des professionnels francophones
étrangers. La concertation avec ces structures est indispensable, afin
que la spécificité de l'action de chaque acteur soit
préservée. Le développement par l'AFAA de ses fonctions en
matière d'ingénierie culturelle pourrait en effet concurrencer
les programmes du ministère de la culture, et doit donc se concentrer
sur la formation des agents culturels à l'étranger, dans les
postes français et dans les pays eux-mêmes.
Il existe un risque de dispersion des actions de l'AFAA, dont l'action doit
être limitée à la diffusion culturelle des artistes
français, dans une perspective d'échanges internationaux.
3. La recherche d'une cohérence de la programmation.
La
programmation de l'AFAA est issue, d'une part, des demandes en provenance de
l'étranger (décideurs étrangers, centres culturels
français...), et d'autre part, des priorités politiques
définies par le ministère des affaires étrangères
et le conseil d'administration de l'association. Les postes à
l'étranger proposent des projets qui sont examinés au niveau
régional et soumis à l'avis des directions géographiques
et techniques du ministère des affaires étrangères. Le
recrutement d'un agent au ministère des affaires
étrangères pour gérer les demandes en provenance des
postes serait bienvenu, mais ne semble pas possible en l'état des
crédits du ministère.
Les " journées de l'AFAA ", organisées chaque
année, permettent de présenter l'évolution de la
création artistique en France, et des réunions pluriannuelles de
programmation sont organisées par zones géographiques. Un
renforcement de la veille culturelle dans les pays étrangers permettrait
d'améliorer la qualité de la programmation de l'AFAA
proposée lors de ces réunions.
F. CONCLUSION DE LA MISSION
1. Un encadrement des partenariats permettra de consolider les acquis de cette politique
La fusion du ministère des affaires étrangères et de la coopération, ainsi que l'arrivée d'un nouveau directeur à l'AFAA, offrent l'occasion de réformer le mode de fonctionnement de l'association, et de recadrer son champ d'action. Les modalités d'intervention de l'AFAA se sont en effet considérablement diversifiées au cours des dernières années, avec notamment le développement des partenariats avec les collectivités et les entreprises. Cette ouverture de l'AFAA est bénéfique puisqu'elle lui permet de dégager de nouveaux moyens et de faire bénéficier son expertise à de nouveaux acteurs associés au développement de la politique culturelle extérieure de la France. Cependant, le développement des partenariats avec les collectivités locales doit être conçu de manière à ce qu'il ne conduise pas l'AFAA à devenir un simple prestataire de service pour les collectivités.
2. Des relations assainies avec les ministères pour développer de nouvelles synergies
La définition des objectifs de l'AFAA doit s'effectuer au sein d'un conseil d'administration recomposé, et les orientations stratégiques définies par le ministère des affaires étrangères doivent faire l'objet d'une concertation avec les différents partenaires de l'AFAA, notamment avec le ministère de la culture. La réforme du ministère des affaires étrangères permet de rétablir une relation saine avec l'AFAA et doit permettre une meilleure organisation de la concertation, afin que les différents acteurs culturels puissent mettre en commun leurs compétences. Des collaborations devraient être développées dans le cadre des manifestations commerciales, des manifestation de promotion de l'offre universitaire française, et avec la promotion du livre à l'étranger.
3. Le renforcement de la veille culturelle et de l'évaluation des actions
La veille culturelle à l'étranger et l'évaluation des actions de l'AFAA doivent être développées de manière plus systématique pour répondre aux demandes exprimées à l'étranger. Des outils d'évaluation simples tels que le coût de l'exposition, sa fréquentation et les retombées dans la presse locale devraient être utilisés à cette fin.
CHAPITRE V
LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES
I. UNE REPRISE INSUFFISANTE DES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES
La
France est le quatrième contributeur de l'Organisation des Nations Unies
(ONU), avec une quote-part dans le budget ordinaire de 6,54 % après
les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne.
La France verse également, à partir du chapitre 42-32
" participation de la France à des dépenses internationales
(contributions volontaires) ", des contributions volontaires aux
activités opérationnelles de développement, humanitaires
et d'urgence conduites par les fonds et programmes des Nations Unies.
Elle
verse aussi des contributions volontaires pour des montants marginaux à
des institutions spécialisées de l'Organisation des Nations Unies
(UNESCO, ONUDI, OIT, OACI, CNUCED...), dont le fonctionnement courant est
assuré par des contributions obligatoires des Etats-membres
. Ces
contributions financent des programmes choisis d'un commun accord entre
l'organisation récipiendaire et la France.
A. LES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES ONT SERVI DE VARIABLE D'AJUSTEMENT DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Les
dépenses d'intervention, qui constituent la part
"discrétionnaire" des crédits du ministère des affaires
étrangères, ont supporté l'essentiel de l'effort de
rigueur budgétaire au cours des dernières années. Ainsi,
les crédits correspondants aux contributions volontaires aux
dépenses internationales ont fait office de variable d'ajustement du
budget des affaires étrangères
, puisqu'ils ont
été réduits en cinq ans de 697,2 millions de francs
à 228 millions de francs, soit une baisse de 67 %. Cette
baisse était en partie liée à l'augmentation concomitante
des contributions obligatoires et des budgets des opérations de maintien
de la paix, dans un contexte de plafonnement du budget du ministère des
affaires étrangères. Pour 2000, une mesure nouvelle de
30 millions de francs poursuit la lente augmentation des crédits
engagée en 1999.
B. DE L'INTÉRÊT DE L'ACCROISSEMENT DE NOS CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES
Les
contributions volontaires ont une importance considérable, car, en
assurant une visibilité à l'action de la France pour le
développement, elles ont un impact diplomatique et politique utile. La
France n'a cependant pas suivi le choix des Etats-Unis, qui privilégient
les contributions volontaires au détriment des contributions
obligatoires, car une telle attitude met à mal le fonctionnement des
organisations multilatérales.
Compte tenu de leur rareté, la répartition des contributions
volontaires doit se faire avec discernement, en fonction de trois
critères essentiels : la bonne gestion des organisations attributaires ;
l'importance des retours économiques pour notre pays sur les programmes
financés ; la présence au sein des organisations de
ressortissants français ou francophones.
En tout état de cause, l'inversion du mouvement des contributions
volontaires engagée en 1999 demeure largement insuffisante, et devra
être amplifiée pour conférer à la France un statut
international digne de sa qualité de membre permanent du conseil de
sécurité des Nations Unies.
Une augmentation des contributions volontaires de la France est d'autant plus
nécessaire que la part des contributions volontaires dans le financement
des institutions spécialisées assuré, en principe, par des
prélèvements obligatoires, augmente de manière
irréversible, du fait du plafonnement du budget ordinaire des
institutions spécialisées sous la pression des Etats-Unis, qui
ont imposé le principe d'une " croissance nominale
zéro " depuis une dizaine d'années. De ce fait, les budgets
ordinaires ne financent progressivement plus que le fonctionnement des
institutions, et les nouveaux programmes, de loin les plus valorisants,
nécessitent la mobilisation de financements complémentaires. Les
contributeurs volontaires importants peuvent donc choisir les programmes qu'ils
veulent financer, et y placer leurs hommes et leurs entreprises. Ainsi,
les
Etats-Unis, qui sont à l'origine de la pénurie des ressources
légitimes des institutions des Nations Unies, peuvent aisément
acheter leur influence au sein de ce système. Il convient donc de
prendre en compte le fait que l'influence d'un pays dans le système
multilatéral est très largement liée au niveau de ses
contributions volontaires
II. LES MODIFICATIONS DES MODALITÉS D'INTERVENTION EN MATIÈRE DE COOPÉRATION
A. LA ZONE DE SOLIDARITÉ PRIORITAIRE
L'entrée en vigueur de la zone de solidarité
prioritaire bouleverse profondément l'action de la France en
matière de coopération. Sans entrer dans le détail du
budget de la coopération, qui fait l'objet d'un rapport
spécifique, votre rapporteur souhaite rappeler quelques
éléments de la réforme de l'action de la France.
Les contours de la zone de solidarité prioritaire ont été
définis par le Comité interministériel pour la
coopération internationale et le développement (CICID), le 28
janvier 1999. La liste des pays retenus, révisable chaque année,
rend compte, selon le ministère des affaires étrangères,
"
de la volonté d'accroître l'efficacité et la
cohérence de l'aide publique bilatérale de la France en faveur du
développement, en la concentrant et en la rendant
sélective
". Cette zone concerne les pays les moins
favorisés en terme de revenus, avec lesquels la France a l'intention de
renforcer des liens de partenariat. Cette réforme étend le champ
" traditionnel " du ministère de la coopération
à de nouveaux partenaires, notamment des pays d'Afrique orientale et
australe. Ces pays ont vocation à bénéficier des
financements mobilisables au sein de la zone de solidarité prioritaires,
en particulier les financements de l'Agence française de
développement, ainsi que du Fonds d'aide et de développement
(FAC) devenu Fonds de solidarité prioritaire (FSP).
La réforme de la coopération se traduit par des
économies importantes, qui ne sont cependant pas utilisées pour
financer l'élargissement de son champ d'action.
Votre rapporteur souligne donc les
risques d'un élargissement du
champ de la coopération qui ne serait pas accompagné d'une
augmentation des ressources
. En effet, cette situation conduira
inévitablement à décevoir les nouveaux pays pour qui
l'inscription dans la zone de solidarité prioritaire constitue un espoir
pour le développement, ainsi que les anciens pays du champ, qui verront
l'aide française se réduire. Un saupoudrage des crédits
d'aide et de coopération est donc largement défavorable à
la visibilité et à la cohérence de l'action de la France
dans le monde.
B. LA RÉNOVATION DES MODALITÉS DE LA COOPÉRATION
Le projet de budget pour 2000 souligne la poursuite de la déflation de l'assistance technique, ainsi que le redéploiement de notre coopération militaire. Ces évolutions traduisent de manière certaine un bouleversement des modalités de coopération et de l'aide au développement. En effet, la France semble quelque peu vouloir rentrer dans le " droit commun mondial " en réduisant très largement sa présence humaine sur le terrain et en développant des programmes financés en particulier, avec la participation des bailleurs de fonds multilatéraux.
1. La coopération technique et au développement
Les crédits destinés à l'assistance civile diminueront de 174,4 millions de francs en 2000. Cette baisse résulte, pour l'essentiel, de la diminution des crédits de l'assistance technique (- 181,9 millions de francs) et aux bourses techniques (- 22,9 millions de francs). Cette réduction des crédits s'inscrit dans la réforme de la coopération technique qui consiste notamment à réduire fortement le nombre d'assistants en poste à l'étranger.
2. La coopération militaire et de défense
Le chapitre 42-29 " coopération militaire et de défense " voit ses crédits diminuer pour 2000 de 25,8 millions de francs pour s'établir à 754,7 millions de francs, en baisse de 3,3 % par rapport à 1999. Or, cette réduction des crédits se conjugue à un élargissement du champ de notre coopération militaire en direction de l'Europe de l'est et de l'Asie notamment. Cette évolution traduit un désengagement de notre présence militaire dans les pays traditionnels du champ de la coopération, qui est partiellement redéployée vers des pays émergents connaissant des besoins importants de modernisation de leurs moyens militaires.
CHAPITRE VI
LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE
I. LA RÉFORME ET LA PROGRAMMATION DE LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE
A. UNE RÉFORME INDISPENSABLE
La
politique immobilière du ministère des affaires
étrangères fait l'objet d'une réforme visant à
assurer un meilleur contrôle et une plus grande cohérence des
choix concernant l'évolution du parc immobilier français à
l'étranger. La prise des décisions dans le cadre du comité
interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger
(CIMEE), et la programmation pluriannuelle des travaux arrêtée par
le comité de politique immobilière au sein du ministère
présente l'avantage de faire trancher les décisions importantes
directement au niveau ministériel. Des travaux sont menés afin
d'améliorer la connaissance des données techniques concernant le
patrimoine, et pour développer une politique cohérente en
matière d'acquisition de nouveaux bâtiments.
La rénovation de la politique immobilière du ministère des
affaires étrangères s'accompagne, sur le plan budgétaire,
d'un regroupement dans le projet de loi de finances, de toutes les
opérations, y compris celles qui, comme la construction de l'ambassade
de France à Berlin, étaient auparavant financées en
collectif budgétaire. Ce progrès dans la présentation doit
être souligné. Il conduit à un gonflement des
dépenses immobilières dans le cadre du projet de loi de finances
pour 2000, soit 478 millions de francs d'autorisations de programmes
contre 281 millions de francs en 1999, et 398 millions de francs,
contre 278 millions de francs de crédits de paiement.
B. UN PROGRAMME DE CONSTRUCTION IMPORTANT
Les crédits de paiement destinés à la " construction, la réhabilitation et l'entretien des établissements appartenant à l'Etat " pour 2000 seront en grande partie consacrés à l'extension du lycée français de Milan et à la construction du lycée français de Francfort. Les travaux afin de mettre aux normes de sécurité le lycée français de Bangkok seront également poursuivis. La forte croissance des autorisations de programme est due à de nombreux projets, notamment l'aménagement du lycée français de Moscou, la construction d'un lycée français au Caire, l'extension du lycée français de Rome. La reprise des investissements en faveur des lycées français à l'étranger est liée aux moindre besoins de construction d'ambassades, qui permet de dégager de nouvelles ressources.
Principales opérations immobilières en
cours
Ville |
Coût
|
Date d'achèvement prévue |
Nature de l'opération |
Europe |
|||
Paris |
100 |
janvier 2002 |
rénovation de l'immeuble rue la Pérouse |
Ankara |
40 |
|
construction d'une nouvelle école française |
Berlin |
385 |
mars 2002 |
construction d'une nouvelle ambassade |
Dublin |
40 |
|
regroupement des services / extension de l'ambassade |
Francfort |
125 |
août 2000 |
construction d'un nouveau lycée français d'une capacité de 760 élèves |
Milan |
60 |
|
restructuration et extension du lycée français |
Rome |
100 |
|
construction d'un établissement d'enseignement pour 700 élèves |
Bakou |
27,6 |
février 2000 |
construction de l'ambassade et de la résidence |
Moscou |
80 |
août 2001 |
nouveau lycée français |
Varsovie |
85 |
juin 2002 |
restructuration de l'ambassade |
Amérique |
|||
Port au Prince |
27 |
|
construction de l'Institut français d'Haïti |
Saint-Domingue |
33 |
|
aménagement de l'ambassade dans la " Maison de France " |
Afrique du nord - Moyen Orient |
|||
Alger |
41,5 |
|
diverses opérations pour l'amélioration des conditions de vie et de sécurité |
Beyrouth |
71 |
|
regroupement des services sur le site de l'Espace des Lettres |
Damas |
55 |
|
construction d'un nouveau lycée français |
Koweit |
45 |
|
construction d'un campus diplomatique |
Le Caire |
175 |
|
construction du lycée français |
Tunis |
48 |
|
rénovation du campus diplomatique |
Afrique |
|||
Abuja |
48 |
|
ambassade communautaire |
Abuja |
61 |
|
construction d'une ambassade et de logements |
Kampala |
26,15 |
|
construction d'une nouvelle ambassade |
Praia |
15 |
|
construction d'une nouvelle ambassade |
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octobre 1999 |
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II. LA CONSTRUCTION DE L'AMBASSADE DE FRANCE À BERLIN
Votre rapporteur a effectué une mission de contrôle en Allemagne afin d'évaluer les conditions du transfert de l'ambassade de France de Bonn à Berlin. Il a donc visité la quasi-totalité du parc immobilier français dans ces deux villes et s'est fait présenter l'ensemble des paramètres et des caractéristiques du projet de construction de la future ambassade de France à Berlin par l'architecte Christian de Portzamparc.
A. UN CHOIX POLITIQUE ET SYMBOLIQUE
1. Un projet démesuré pour les besoins de la France en Allemagne ?
La
décision de déménager l'ambassade de France de Bonn
à Berlin est une conséquence logique de celle du gouvernement
allemand et accompagne l'ensemble des représentations diplomatiques
étrangères dont le déménagement à Berlin est
en cours ou en projet. Le choix de la Pariserplatz, lieu où était
située l'ancienne ambassade de France en Allemagne, est un geste
politique important qui symbolise l'importance et la continuité de la
relation franco-allemande. Cette décision régalienne ne peut
être remise en cause. Cependant, plutôt que la construction d'une
nouvelle ambassade, la France aurait pu conserver la Maison de la France
à Berlin et disposer d'un immeuble de bureaux, pour un coût
d'investissement et de fonctionnement largement inférieur au projet
retenu. Une telle désacralisation de la fonction d'ambassade à
laquelle sont nécessairement associés le prestige et la puissance
d'un pays peut sembler choquante, mais
il semble nécessaire de tenir
compte de l'évolution et de la différentiation croissante du
rôle de nos ambassades
selon les pays. Le développement des
nouvelles technologies de communication rend moins nécessaire une
présence humaine massive sur place dans les pays de l'Union
européenne, la transformation du métier d'ambassadeur
étant accentuée par la fréquence des consultations au
niveau européen. Son rôle se concentrera en effet davantage sur la
promotion de la France à l'étranger et la défense les
positions françaises dans le cadre des négociations
européennes.
L'organisation de manifestations culturelles procurant à la France une
visibilité importante demeurera essentielle, tout
particulièrement à Berlin. En effet, la ville entretient depuis
plusieurs siècles une relation particulière avec la France. Les
huguenots émigrés à Berlin représentaient à
la fin du XVII
ème
siècle un cinquième de la
population de la ville et y ont exercé une influence culturelle
considérable dont on conserve des traces dans de nombreux mots
berlinois. Enfin, l'occupation d'une partie de la ville par l'armée
française de 1945 à 1994 a favorisé le
développement des relations culturelles entre les deux parties.
Si la présence culturelle française doit être
encouragée, on peut donc penser que les moyens des services
organisés autour de la chancellerie diplomatique seront amenés
à décliner avec l'approfondissement de l'Union
Européenne
.
Il paraît plus important de dégager des moyens pour
développer et de valoriser la présence française dans les
pays émergents plutôt que d'assurer une présence
prestigieuse et surdimensionnée en Allemagne par exemple (234 agents
expatriés et 171 recrutés locaux en 1997), dont la valeur
ajoutée est moindre du fait de la proximité géographique
et de la relation approfondie existant entre les deux pays
.
2. Des contraintes importantes liées au choix d'un lieu symbolique
Tournée vers la porte de Brandebourg et à
proximité immédiate du nouveau Reichstag, l'ambassade de France
sera située au centre politique de la nouvelle capitale allemande. Elle
sera une des dernières constructions sur la Pariserplatz, et aura pour
voisins des sièges sociaux de banques ainsi que les ambassades des
Etats-Unis et du Royaume-Uni.
La volonté de continuité et de prestige qui explique le choix
de la Pariserplatz a des conséquences importantes pour la construction
de l'ambassade
. Propriété de l'Etat français depuis
1860, le terrain de l'ambassade de France détruite en 1945 a
été agrandi avec l'achat d'une parcelle voisine en 1997 et sa
superficie totale est de 4500 m². Cependant, le terrain ainsi
constitué forme un L, assez étriqué dans sa partie longue.
L'économie du bâtiment est donc largement déterminée
par cette contrainte foncière.
Le Sénat de Berlin a imposé des règlements très
contraignants pour les constructions sur la Pariserplatz afin de reconstruire
la place en conservant son allure générale d'autrefois, ou
plutôt l'esprit et le goût du temps passé, permettant de
mettre en valeur la Porte de Brandebourg, symbole de la ville de Berlin. A
l'entrée de la place, l'hôtel Adlon, totalement détruit
pendant la guerre, a été reconstruit à l'identique de
l'ancien. Cet exemple témoigne de manière éclatante de
l'obsession des autorités berlinoises pour reconstituer artificiellement
un âge d'or révolu de la capitale historique de l'Allemagne. Les
autorités berlinoises semblent vouloir faire revivre un passé
enseveli sous les cendres de la deuxième guerre mondiale et brisé
par le Mur de Berlin, dont la trace est désormais à peine
perceptible.
Une reconstruction totale de la place ne pouvait pas être
envisagée, mais son harmonie a été recherchée avec
des règles de construction imposant pour l'ensemble de la place, la
hauteur des façades et des socles, et surtout, l'usage de la pierre pour
les façades avec des ouvertures de baies bien délimitées.
Le principal résultat de cette frénésie
réglementaire est un manque d'originalité et de caractère
de la plupart des bâtiments déjà construits.
Une contrainte supplémentaire pour la construction provient des
données géologiques du sol berlinois, où la faible
profondeur de la nappe phréatique implique des coûts de chantier
et de fondation importants liés aux risques d'infiltration d'eau.
Ces conditions particulières de construction expliquent en partie les
choix architecturaux et l'importance de l'enveloppe financière
prévue pour la future ambassade.
B. LA MAÎTRISE DE LA GESTION DU PROJET PAR LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
1. Une volonté de maîtrise des coûts de construction
Les
appréciations divergentes de l'architecte et du ministère des
affaires étrangères sur les solutions architecturales et le
coût final du projet sont largement indépendantes des facteurs
évoqués plus haut.
Le lauréat du concours d'architecture organisé par le
Ministère des Affaires étrangères pour la future
ambassade, Christian de Portzamparc, avait évalué le coût
global du projet à 336 millions de francs, prix qui a été
retenu à la signature officielle des travaux, en novembre 1997. En mars
1998, l'architecte annonce un coût total prévisionnel de 444
millions de francs, soit une dérive supérieure à 100
millions de francs, dont 76 millions de francs pour les seuls travaux du
bâtiment. Cette dérive s'explique par l'imprécision des
premières études effectuées et une volonté de
proposer un coût raisonnable lors du concours d'architectes. En
décembre 1998, une longue négociation entre le ministère
et l'architecte permet de définir un coût de 230 millions de
francs pour le bâtiment, soit un coût total de 390 millions de
francs.
Les divergences entre le maître d'oeuvre et l'architecte sur le
coût du projet ont retardé le calendrier de 8 mois environ, ce qui
a réduit considérablement les marges de manoeuvre concernant les
délais de construction.
Malgré les réticences de l'architecte, l'économie
générale du bâtiment ne semble pas être
affectée par les modifications imposées par le ministère
des affaires étrangères, qui ont concerné notamment la
maîtrise du coût des produits utilisés en façade,
ainsi que la suppression de trois ascenseurs et de la climatisation en dehors
des salles de réception.
2. Le dispositif mis en place par le ministère pour gérer les opérations immobilières en Allemagne
L'antenne du service de l'Equipement du ministère des
affaires étrangères à Berlin a pris en charge, dès
l'origine du projet en 1994, l'intégralité du suivi des
opérations immobilières liées au transfert des moyens de
la France en Allemagne. Ce dispositif a permis des consultations
fréquentes avec le bureau de l'architecte à Berlin, et a
favorisé le bon déroulement des négociations avec le
Sénat de Berlin. D'importantes discussions ont en effet dû
être engagées pour l'instruction du permis de construire, qui doit
être visé par 18 personnes différentes, ce qui
témoigne de la lourdeur des procédures administratives en vigueur
à Berlin. La précision des normes allemandes a
entraîné la modification de certains aspects du bâtiment,
décidées en concertation avec les responsables du Sénat de
Berlin. Les principales évolutions ont concerné la jonction avec
les bâtiments voisins, la dimension des surfaces vitrées, la
sécurité de l'ambassade du fait des vues directes depuis un
bâtiment voisin, les dimensions de l'auvent et les matériaux
utilisés pour la façade. Des solutions ont pû être
décidées à chaque fois de manière concertée
entre l'architecte et le maître d'ouvrage.
Les Etats-Unis sont actuellement engagés dans des négociations
très tendues avec les autorités locales berlinoises, à
propos de la construction de leur ambassade. Ils exigent de disposer d'une zone
de sécurité de 30 mètres devant le bâtiment,
tandis que les autorités berlinoises ne leur accordent que
23 mètres, arguant du fait que céder aux exigences
américaines briserait l'alignement des rues et modifierait de
manière inacceptable l'aménagement urbain du coeur de Berlin.
Ce différend a été largement commenté par la presse
berlinoise et souligne la sensibilité des autorités berlinoises
quant à la conception de la reconstruction de leur ville, et le travail
réalisé par le ministère des affaires
étrangères pour parvenir à des compromis avec les
autorités locales pour conception de l'ambassade de France.
3. Un respect du cahier des charges du ministère
La
surface utile totale de l'ambassade sera d'environ 8.500 m², dont 4.000
m² de bureaux. Dès le lancement du concours, l'attention des
candidats avait été attirée par le maître d'ouvrage
sur la nécessité de tenir compte de la fonctionnalité et
la flexibilité d'usage du bâtiment, des synergies et de la
facilité d'orientation entre les différents espaces internes. Le
projet Portzamparc est apparu au jury comme celui ayant le mieux pris en compte
les contraintes en matière d'utilisation des espaces, en partageant
l'espace de manière rationnelle entre les zones ouvertes au public, les
zones d'accès restreint et les espaces privés de l'ambassadeur,
dont la résidence est intégrée au bâtiment.
La conception du bâtiment et de son espace intérieur traduit une
volonté forte de déjouer l'enfermement induit par la dimension du
terrain et la hauteur des murs adjacents. Deux entrées reliées
entres elles par une galerie vitrée en " L " permettront au
public d'accéder librement à l'amphithéâtre, aux
expositions, à la cafétéria et dans la cour publique, mais
ne donneront pas accès aux niveaux supérieur, qui correspondent
à un autre périmètre de sécurité.
L'encaissement de la cour intérieure a été limité
par l'attention portée à la lumière et au traitement des
espaces, avec la surélévation du jardin et l'installation d'une
allée plantée.
L'existence de plusieurs niveaux dans la cour intérieure permet de
séparer de manière claire l'usage officiel lié aux espaces
de réception de la résidence de l'ambassadeur, et l'usage public
où sont regroupés les éléments du programme de
l'antenne culturelle. Pour des réceptions importantes, par exemple
à l'occasion du 14 juillet, la réunion des deux niveaux
permettra d'accueillir jusqu'à 3000 personnes. Un bâtiment
regroupant les salles de réunion et un auditorium d'une capacité
de 200 personnes disposant de cabines adaptées à la traduction
simultanée, constitue un carrefour de rencontre au coeur de l'ambassade.
L'accent a également été mis sur la modularité des
espaces. Ainsi, les bureaux seront standardisés et pourront supporter
l'adaptation de l'ambassade aux évolutions futures, et des parois
coulissantes permettront de modifier la taille des salons dans les espaces de
réception.
Malgré l'importance des contraintes foncières et
réglementaires, la conception du projet architectural de l'ambassade de
France semble tirer un bon parti des conditions difficiles liées au
choix du lieu historique de la Pariserplatz. La définition des
différents espaces devrait permettre de disposer d'un outil fonctionnel,
largement ouvert au public et pouvant être adapté à
l'évolution des besoins de la représentation française en
Allemagne.
Enfin, la façade de l'ambassade dessinée par l'architecte
Christian de Portzamparc doit être jugée en tenant compte des
contraintes spécifiques à la Pariserplatz, les bâtiments
déjà construits présentant des façades pauvres et
conventionnelles. Le projet architectural respecte la lettre de la
réglementation malgré quelques dérogations obtenues
difficilement, mais en détourne l'esprit, et contraste plutôt
favorablement avec les bâtiments voisins de l'ambassade.
C. LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF TRANSITOIRE NOUVEAU ET LA VENTE DES ANCIENS LOCAUX À BONN ET À BERLIN
1. Le choix d'un dispositif transitoire nouveau à Berlin
Le
déménagement du gouvernement allemand à Berlin a
été accéléré et amplifié après
l'élection de Gerhard Schröder en septembre 1998. Le nouvel
ambassadeur de France en Allemagne a souhaité accompagner ce mouvement
afin que l'ensemble des services de l'Etat français en Allemagne soient
opérationnels à Berlin dès 1999. Un dispositif transitoire
a donc été mis en place par l'antenne du service de
l'équipement du ministère à Berlin, le
déménagement de la plupart des services étant
engagé en août 1999. Les principaux services se répartiront
entre la Maison de la France et un immeuble loué par la France dans le
centre de Berlin et inauguré le 28 juin dernier.
La répartition des agents et l'attribution des locaux entre les
différents services a donné lieu à des arbitrages
délicats. Ainsi, l'avenir de l'Institut français qui dispose
actuellement de 9 salles de cours dans la Maison de la France demeure
problématique. L'Institut, qui dispense des cours de français
à environ 1700 à 2000 élèves et étudiants,
devra déménager dans de nouveaux locaux, le choix d'un ratio de
16 m² par personne dans l'immeuble ne permettant pas de conserver des
salles de cours dans le bâtiment. De nouveaux locaux seront loués
à titre provisoire, avant d'envisager une installation définitive
dans le quartier de Mitte où se trouvent les centres actifs de la vie
culturelle à Berlin.
L'utilisation de la résidence de passage de l'ambassadeur ou de celle du
Ministre Délégué comme logement pour l'ambassadeur
préalablement à l'entrée en service de la nouvelle
ambassade a été écartée. Le caractère
excentré des deux villas rend en effet difficile leur utilisation
à des fins officielles, et le coût des travaux de
rénovation nécessaire pour une utilisation quotidienne ont
été évalués à 3,8 millions de francs
pour la seule résidence de l'ambassadeur, sans prendre en compte les
travaux dits de confort. Ces éléments justifient l'installation
de l'ambassadeur dans un appartement d'environ 650 m² loué
dans le centre de Berlin. Les travaux nécessaires à son
aménagement s'élèvent à 1,3 million de francs
environ, le loyer annuel étant légèrement inférieur
à 1,4 million de francs. Ce choix apparaît donc comme la
meilleure solution permettant à l'ambassadeur d'assumer ses fonctions
officielles pour un coût inférieur à celui de la
conservation de la résidence de passage existante.
L'antenne du service de l'équipement à Berlin a mis en place ce
dispositif transitoire en appliquant les arbitrages effectués par
l'ambassadeur. La réactivité et le rôle de coordination de
cette équipe permettent d'assurer le transfert des services de
l'ambassade dans des conditions acceptables.
2. La vente des biens immobiliers français à Bonn
La
totalité des biens immobiliers français à Bonn est
destinée à être vendue et les procédures de mise sur
le marché sont actuellement engagées.
L'accélération de la mise en service du dispositif transitoire
à Berlin permet de mettre les bâtiments sur le marché dans
des conditions qui ne sont pas encore trop dégradées. La
résidence du Ministre Conseiller, évaluée à
5 millions de francs, devrait trouver acquéreur sans grandes
difficultés. Les ventes de l'ambassade de France et du château
d'Ehrnich sont par contre problématiques et difficiles à
évaluer.
L'ambassade de France est constitué par deux bâtiments dont
l'apparence extérieure et l'agencement intérieur rendent peu
plausible leur réutilisation. Une remise en état impliquerait un
coût considérable, aussi est-ce le seul terrain d'une superficie
d'environ 5000 m², et relativement bien situé, qui pourrait attirer
un investisseur désirant y réaliser une opération
immobilière. L'ambassade de France a été construite en
1951-1952 et louée jusqu'en 1981, date à laquelle elle a
été achetée pour 16 millions de DM. L'achat de ces
bâtiments apparaît rétrospectivement comme une très
mauvaise opération financière, puisque le terrain est mis en
vente pour 10 millions de DM, ce qui implique une décote
considérable par rapport à son prix d'achat. Le terrain,
situé à une centaine de mètres du Rhin, pourrait
intéresser un promoteur immobilier souhaitant y bâtir une
résidence pour personnes âgées, car ce secteur
d'activité est en plein développement dans la région de
Bonn.
La vente du château d'Ehrnich semble d'autant plus délicate et
difficile à évaluer qu'il n'existe pas d'indications de prix pour
ce type de bien exceptionnel. L'attachement sentimental de la France pour cette
résidence va à l'encontre d'une cession à un prix trop
faible, mais les frais d'entretien et les travaux nécessaires sont
à prendre en compte dans la fixation du prix de vente du château.
L'entretien de ce bâtiment, et en particulier, de ses
dépendances, a été très largement
négligé au cours des dernières années
. Le
bâtiment semble trop petit pour que sa transformation en hôtel de
luxe puisse être rentable, mais son utilisation comme centre de
séminaire d'une grande entreprise est envisageable.
3. La vente des résidences à Berlin
La résidence du Directeur de l'Institut culturel à Berlin, ainsi que les résidences de passage de l'ambassadeur et du Ministre Délégué à Berlin seront vendues suite à la décision de concentrer le dispositif immobilier transitoire à proximité des nouveaux centres de décision allemands. Ces deux dernières villas ont été construites en 1950 par les militaires du génie de l'armée française, dans l'ancien secteur d'occupation français. Leur utilisation à des fins officielles est rendue difficile du fait de leur situation géographique excentrée et impliquerait des travaux substantiels en matière d'isolation, d'étanchéité et d'électricité notamment, évalués à plus de trois millions de francs par villa. La location d'un appartement apparaît donc comme la meilleure solution permettant à l'ambassadeur d'assumer ses fonctions officielles avant l'achèvement de la nouvelle ambassade, pour un coût inférieur à celui de la conservation de la résidence de passage existante. L'état de ces bâtiments souligne les carences de l'entretien de notre patrimoine immobilier à l'étranger.
D. CONCLUSION DE LA MISSION
Le choix
de la construction d'une nouvelle ambassade sur le site prestigieux et
historique de la Pariserplatz est un geste symbolique et politique en faveur de
la relation franco-allemande. Les contraintes spécifiques au lieu de
construction ont pour conséquence une forte limitation des choix
architecturaux et un coût de construction supérieur. Le coût
total du projet est en effet évalué à 390 millions de
francs, dont 53 millions de francs de taxe sur la valeur ajoutée
récupérés par la France, soit 337 millions de francs.
Le produit des ventes de notre patrimoine immobilier à Bonn et des
résidences à Berlin peut être évalué à
environ 100 millions de francs. En conséquence, la dépense
supplémentaire engendrée par la construction de la nouvelle
ambassade sera proche de 230 millions de francs.
Le Ministère des Affaires étrangères a su maîtriser
les coûts et faire prévaloir ses choix d'une ambassade
intégrée, fonctionnelle et modulable. La présence à
Berlin d'une antenne du service de l'équipement du ministère
dès le lancement du projet a permis de coordonner et mettre en oeuvre
les décisions sur le terrain pour mettre en place un dispositif
provisoire. La manière dont ce projet a été conduit par
les services du ministère témoigne d'une volonté de
rationaliser les décisions concernant les opérations
immobilières, et d'en effectuer un suivi efficace.
CONCLUSION
Votre
rapporteur se félicite de la stabilisation des moyens du
ministère des affaires étrangères
, qui a subi des
contraintes budgétaires considérables au cours des
dernières années. Ces restrictions budgétaires ont conduit
à des choix qui apparaissent lourds de conséquence, et qui
nécessitent désormais une réaction rapide.
En effet, les contributions volontaires ont servi de variable d'ajustement dans
le budget, entraînant une réduction de 67 % de nos
contributions entre 1993 et 1998. Le projet de budget pour 2000 poursuit la
lente remise à niveau de nos contributions volontaires, engagée
en 1999. Cependant, nos contributions demeurent largement insuffisantes au
regard des besoins des institutions des Nations unies, et, surtout, de
l'intérêt politique et économique d'une augmentation de
notre effort.
Les restrictions budgétaires subies par le ministère des affaires
étrangères ont également conduit à un recours
massif aux personnels recrutés en contrat local. Votre rapporteur est
extrêmement sensible à cette situation qui est à l'origine
de nombreux problèmes, en matière de sécurité, de
gestion des effectifs dans nos postes à l'étranger et, plus
particulièrement, dans le cadre des services des visas. Votre rapporteur
souligne qu'une remise à niveau des rémunérations des
recrutés en contrat local est inévitable pour disposer d'un
personnel fidèle et de qualité, ainsi que pour éviter que
des salaires trop faibles nuisent à l'image de la France.
Enfin, la part du financement des frais de scolarité dans les
lycées français à l'étranger revenant à la
charge des familles a augmenté de manière importante au cours des
dernières années. Votre rapporteur prend acte du
développement des bourses scolaires, mais souligne que celui-ci ne se
substitue pas à une nécessaire réflexion de fond sur les
modalités de financement des investissements dans les
établissements scolaires français à l'étranger.
Votre rapporteur considère enfin que la fusion du ministère des
affaires étrangères et du secrétariat d'Etat chargé
de la coopération s'est déroulée dans des conditions
convenables et a permis une réforme nécessaire de la gestion du
ministère. Il souligne néanmoins les risques liés à
la réforme de la coopération, qui pourrait entraîner une
perte de visibilité de l'action de la France dans les pays en voie de
développement.
ANNEXE 1
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES PAR VOTRE
RAPPORTEUR
I.
L'ASSOCIATION FRANÇAISE D'ACTION ARTISTIQUE
• M. Marc DONDEY, Directeur délégué du
théâtre des Amandiers de Nanterre
• M. Jean GARBE, Directeur de la coopération culturelle et du
français au ministère des affaires étrangères
• M. Alain LOMBARD, chef du département des affaires
internationales au ministère de la culture
• M. Olivier POIVRE d'ARVOR, Président de l'AFAA, M. Claude
MATHIS, secrétaire général de l'AFAA, ainsi que
M. Jean-Michel CHAMPAULT, conseiller technique Club
AFAA-collectivités territoriales, et Mme Zoé LOGAK, responsable
du Club AFAA-entreprises
II. MISSION SUR LE TRANSFERT DE L'AMBASSADE DE FRANCE À BERLIN
• M. José COHEN, sous-directeur des affaires immobilières
au ministère des affaires étrangères, et Mme Nathalie
GREGOIRE, secrétaire générale du service de
l'équipement au ministère des affaires étrangères
• M. Cédric DUMESGES, Chef de l'antenne du service de
l'équipement du ministère des affaires étrangères
à Berlin
• M. Claude MARTIN, Ambassadeur de France en Allemagne
• M. Nicolas METTRA, premier conseiller à l'ambassade de France en
Allemagne
• M. Monsieur Gérard PRUVOST, Ministre délégué
à Berlin
III. PRÉPARATION DU BUDGET
• M. Alain CATTA, Directeur général de l'administration au
ministère des affaires étrangères
• M. Joël de ZORZI, Directeur des affaires budgétaires et
financières au ministère des affaires étrangères
• M. Charles MALINAS, conseiller budgétaire du ministre des
affaires étrangères
• M. Jean-Claude MOYRET, Directeur de l'audiovisuel et des techniques de
communication au ministère des affaires étrangères
• M. François NICOULLAUD, Directeur général de la
coopération internationale et du développement au
ministère des affaires étrangères
• M. Benoît PAUMIER, Directeur général de Radio France
Internationale, et M. Martin ADJARI, Directeur administratif et financier de
Radio France Internationale
• M. Jean STOCK, président directeur général de TV5,
Mme Marie-Christine SARAGOSSE, directeur général de TV5, Mme
Liliane DELASSAUSSE, directeur financier de TV5, et M. Jean-Claude KUENTZ,
directeur général de Canal France International
ANNEXE 2
MODIFICATIONS ADOPTEES PAR L'ASSEMBLEE
NATIONALE
Les
majorations de crédits non reconductibles concernent le titre IV pour
4.820.000 francs et le titre VI pour 140.000.000 francs.
Les chapitres concernés sont :
n 42.11 article 30 (Coopération scientifique et culturelle ; appui
aux organismes concourant à la coopération culturelle et
scientifique) : 200.000 F
n 42-13 (Appui à des initiatives privées ou
décentralisées) : 4.220.000 F dont : 2.920.000 F sur
l'article 30 (coopération décentralisée - crédits
déconcentrés), et 1.300.000 F sur l'article 40
(coopération décentralisée - crédits non
déconcentrés)
n 42-37 article 10 (autres interventions de politique internationale ;
aides, secours et subventions à divers organismes) : 400.000 F
n 68-93 article 10 (Dons destinés à financer des projets mis en
oeuvre par l'Agence française ; dons destinés à
financer des projets de développement économique et
social) : 140.000.000 F
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le jeudi 21 octobre 1999 sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a
examiné
les
crédits des affaires étrangères
sur le rapport de
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a tout d'abord noté
que le budget du ministère des affaires étrangères ne
représentait qu'une partie des crédits consacrés à
l'action extérieure de la France. En effet, le total de ces
crédits représente 51 milliards de francs, dont
18 milliards sont gérés par le ministère de
l'économie et des finances, et 6 milliards représentent la
part des financements de la France dans les actions internationales
menées par l'Union européenne. Il a précisé que le
projet de budget des affaires étrangères pour 2000
s'élevait à 20,95 milliards de francs en crédits de
paiement, en augmentation de 0,64 % par rapport aux crédits
votés en 1999. Il a indiqué qu'il partageait l'essentiel des
critiques formulées par M. Michel Charasse, rapporteur
spécial des crédits de la coopération, lors de sa
présentation, et a précisé que celles-ci avaient
attiré l'attention du ministère des affaires
étrangères, qui apportera des éléments de
réponse à ces observations au cours des prochaines semaines.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a souligné que ce
projet de budget prenait en compte la poursuite de l'intégration des
moyens de la coopération et des affaires étrangères, et
qu'un examen commun des crédits était donc indispensable. Il a
rappelé que la création de la direction générale
à la coopération internationale et au développement
(DGCID), le 1
er
janvier 1999, mettait en place une structure
unique et globale chargée de la coopération et de l'aide au
développement au sein du ministère et a indiqué que cette
direction générale était composée de quatre
directions sectorielles. Il a souligné la fréquence des
réformes de structure au sein du ministère, tendant à
rééquilibrer les segmentations géographique et sectorielle
de l'organisation des différents services.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a souligné la
faiblesse de l'augmentation du budget des affaires étrangères,
puisque de nombreuses inscriptions de crédits ne correspondent pas
à des dépenses nouvelles, notamment les crédits
consacrés aux investissements immobiliers du ministère, ainsi que
l'augmentation de la part de la rémunération des gendarmes en
renfort temporaire à la charge du ministère.
Il a rappelé que le budget de 1999 avait mis fin à la baisse
régulière des contributions volontaires internationales de la
France en soulignant l'importance de celles-ci, dont les retours sont
très importants, et souvent largement supérieurs au volume des
sommes engagées. En conséquence, il a estimé que la France
avait un intérêt financier à augmenter ses contributions
volontaires, en sélectionnant soigneusement les actions
financées. Il a ensuite déploré le fait que, malgré
la progression enregistrée cette année, les contributions
volontaires demeurent 2,5 fois inférieures à leur niveau de
1993.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a rappelé les
réformes engagées par le ministère des affaires
étrangères dans le cadre de sa politique culturelle
extérieure. Il a souligné la diversification des prestations
offertes par l'Association française d'action artistique, qui a
multiplié les partenariats avec les collectivités territoriales
pour développer les échanges artistiques sur la base d'un
financement paritaire. Il s'est cependant interrogé sur la
répartition de la programmation à l'étranger, en
soulignant que la recherche du succès peut parfois s'effectuer au
détriment du contenu culturel et linguistique des manifestations.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a indiqué qu'un
effort financier était fait par le ministère des affaires
étrangères pour mener à bien la réforme de sa
politique audiovisuelle extérieure. Il s'est félicité de
l'amélioration de la programmation de TV5, permettant de
développer les journaux d'information et de diffuser des films
récents. Il s'est félicité du développement des
collaborations de TV5 avec Radio France Internationale et Unifrance, et a
estimé qu'une ou deux années sont nécessaires pour juger
des résultats de la réforme entreprise, dont les premiers
éléments sont encourageants.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a ensuite rappelé
l'importance du réseau d'enseignement français à
l'étranger, qui se compose de 268 établissements scolarisant
68.000 élèves français et
93.000 élèves étrangers. Il s'est
félicité des efforts effectués cette année par le
ministère des affaires étrangères pour développer
les investissements dans les établissements scolaires
gérés en direct. Il a cependant constaté une hausse
continue des droits d'écolage dans les lycées gérés
par les associations de parents d'élèves, qui découle des
modalités de financement des investissements. Il a rappelé que
les bourses versées par le ministère des affaires
étrangères étaient en augmentation depuis plusieurs
années, mais que les dotations demeuraient insuffisantes pour financer
la scolarisation de certaines familles françaises qui ne
bénéficient pas du soutien des entreprises françaises
à l'étranger.
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a fait état de
l'importance du décalage des rémunérations versées
aux recrutés locaux entre le ministère des affaires
étrangères et la direction des relations économiques
extérieures. Il a précisé que les
rémunérations versées par le ministère des affaires
étrangères étaient parfois inférieures au prix du
marché, ce qui entraînait des démissions fréquentes
de personnel local. Il a estimé que le développement des postes
mixtes consulat-poste d'expansion économique à l'étranger
rendait cette situation intenable, et donc nécessitait la recherche
d'une solution rapide.
Il a estimé que les services des visas souffraient d'une carence
importante de personnel d'encadrement français, ce qui portait atteinte
à la sécurité de notre pays, et a souligné que le
ministère des affaires étrangères affecterait dans ces
services une partie des emplois dégagés par la fusion avec la
coopération.
Un débat s'est ensuite engagé.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
s'est
interrogé sur l'évolution des personnels de droit local. Il a
souhaité connaître les réformes envisagées afin de
résoudre le problème de la hausse constante des droits
d'écolage dans les établissements scolaires français,
ainsi que le niveau de ceux-ci dans les établissements
gérés par les autres pays à l'étranger. Enfin, il
s'est interrogé sur l'évolution des modalités et des choix
d'aménagement des locaux français à l'étranger.
En réponse,
M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a
souligné que le personnel de statut local employé par le
ministère des affaires étrangères a fortement
augmenté au cours des dernières années, du fait de
l'importance des restrictions budgétaires. Il a souligné que le
système de bourses existant pour les établissements scolaires des
autres pays à l'étranger est généralement moins
généreux que celui mis en oeuvre par la France, et que les droits
d'écolage y sont également plus élevés. Concernant
la décoration des locaux, il a noté que les réformes mises
en oeuvre avaient permis une amélioration des procédures en
vigueur.
M. Jacques Oudin
s'est ému du fait que le personnel
français en fonction dans les ambassades parle souvent mal la langue du
pays, tandis que le personnel recruté localement ne parle pas toujours
le français. Il a souligné qu'il ne lui apparaissait pas normal
que l'emploi de personnel recruté en contrat local fût
privilégié à l'envoi de jeunes Français dans nos
postes à l'étranger, étant donné la situation de
l'emploi dans notre pays. Il s'est ensuite interrogé sur les
possibilités de connaître les coûts exhaustifs de
l'opération militaire menée au Kosovo, ainsi que les
crédits consacrés par la France à la reconstruction des
infrastructures dans ce pays.
M. Roger Besse
a souhaité obtenir des précisions sur le
statut et le mode de fonctionnement des alliances françaises à
l'étranger.
M. François Trucy
a souhaité connaître l'état
des réflexions menées par le ministère des affaires
étrangères sur la réduction du nombre de ses implantations
à l'étranger. Il s'est également demandé s'il
était possible d'obtenir une carte de l'ensemble des implantations
françaises à l'étranger et a souhaité obtenir des
précisions sur le rôle et l'évolution des attachés
militaires de défense à l'étranger.
M. Michel Charasse
a souligné les difficultés de la
gestion du patrimoine immobilier du ministère des affaires
étrangères, et a précisé que la résidence de
l'ambassadeur de France au Liban était vacante depuis la reconstruction
de la résidence des Pins, mais que sa vente ne pouvait être
conclue pour des raisons statutaires qui ne lui apparaissaient pas clairement.
Il a également souhaité obtenir des précisions sur
l'état d'avancement du projet d'ambassade commune à plusieurs
pays de l'Union européenne à Abuja, nouvelle capitale du
Nigéria.
Il a souhaité que le ministère des affaires
étrangères fournisse un tableau exhaustif de l'ensemble des
emplois publics français à l'étranger. Concernant le
statut des recrutés locaux, il a remarqué que la création
d'un statut unique par pays constituait la seule solution pour mettre fin aux
disparités de rémunération entre le ministère des
affaires étrangères et la direction des relations
économiques extérieures.
M. Maurice Blin
a fait remarquer que le réseau diplomatique
français était le plus important après celui des
Etats-Unis, et s'est demandé si ce réseau n'était pas
surdimensionné.
M. Jacques Pelletier
a affirmé être
régulièrement saisi de problèmes concernant la
délivrance des visas à l'étranger, et a souligné
que la lourdeur des procédures administratives en vigueur pouvait porter
atteinte à l'image de notre pays. Il a également souhaité
obtenir des précisions sur les modalités d'intégration du
personnel de la coopération dans les corps des affaires
étrangères.
En réponse à M. Jacques Oudin,
M. Jacques Chaumont,
rapporteur spécial,
a fait remarquer que le mode de sélection
des diplomates français ne favorisait pas nécessairement une
connaissance parfaite des langues étrangères, contrairement
à d'autres pays. Il a indiqué qu'un recrutement plus important
dans le concours du cadre d'Orient permettrait sans doute de remédier
partiellement à ces insuffisances. Il a souligné que la fin du
service national engendrera des coûts importants pour le ministère
des affaires étrangères, puisque le système des
volontaires civils ne permettra sans doute pas de pourvoir certains postes au
sein des ambassades, notamment pour des postes d'informaticiens.
En réponse à M. Roger Besse,
M. Jacques Chaumont, rapporteur
spécial,
a indiqué que le siège de l'Alliance
française était situé à Paris, mais que les
antennes à l'étranger sont des associations de droit local. Ces
associations ont une contrainte d'équilibre de leur budget, mais peuvent
bénéficier de subventions d'investissement. Il a cependant
souligné les difficultés financières que connaissent de
nombreuses Alliances à l'étranger, ainsi que le mauvais
état de leurs locaux. Il a enfin rappelé le rôle essentiel
des Alliances françaises, qui constituent souvent la seule
présence visible de la France dans des régions reculées.
En réponse à M. François Trucy,
M. Jacques Chaumont,
rapporteur spécial,
a estimé que la question du maintien des
ambassades de France dans les pays de l'Union européenne devra
être posée à terme, étant donné
l'évolution des relations internationales en Europe.
En réponse à M. Jacques Pelletier,
M. Jacques Chaumont,
rapporteur spécial,
a rappelé l'existence d'un rapport
d'information dénonçant les problèmes nombreux qui
affectent les services des visas, rédigé par le
député Yves Tavernier au nom de la commission des finances de
l'Assemblée nationale. Il a cependant souligné les efforts
effectués par le ministère des affaires étrangères
pour améliorer les conditions de délivrance des visas.
En réponse à M. Michel Charasse,
M. Jacques Chaumont,
rapporteur spécial,
a estimé que les critiques
formulées à l'égard du projet d'ambassade commune à
plusieurs pays à Abuja était justifiées et a
indiqué que ce projet était actuellement bloqué, sans que
la participation française soit pour autant remise en cause. Il a
également indiqué que le ministre des affaires
étrangères avait demandé une réactualisation du
recensement de l'ensemble de ses propriétés immobilières
à l'étranger.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé de proposer
au Sénat l'
adoption des crédits du ministère des
affaires étrangères
.
Réunie le jeudi 21 octobre 1999 sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'examen du
rapport
de
M. Jacques Chaumont, rapporteur
spécial,
sur le
budget des affaires étrangères
pour
2000.
Elle a décidé de proposer au Sénat
d'adopter le budget
des affaires étrangères
pour
2000.
Prenant acte des modifications décidées par l'Assemblée
nationale, la commission a confirmé ce vote le 25 novembre
1999.