Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kazakhstan en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et la fortune
CHAUMONT (Jacques)
RAPPORT 59 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
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-
AVANT-PROPOS
- I. LA SITUATION INTÉRIEURE DU KAZAKHSTAN ET LES RELATIONS BILATÉRALES ENTRE LA FRANCE ET LE KAZAKHSTAN
- II. LES DISPOSITIONS TECHNIQUES DE LA CONVENTION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 59
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 9 novembre 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kazakhstan en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l' évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et la fortune,
Par M.
Jacques CHAUMONT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir le
numéro :
Sénat
:
481
(1998-1999).
Traités et conventions. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le projet de loi soumis à votre examen a pour objet d'autoriser
l'approbation de la convention signée le 3 février 1998
entre la France et le Kazakhstan en vue d'éviter les doubles impositions
et de prévenir l'évasion et la fraude fiscale en matière
d'impôts sur le revenu et sur la fortune.
Cette nouvelle convention est destinée à se substituer à
la convention fiscale franco-soviétique du 4 octobre 1985 qui
régissait les relations fiscales bilatérales entre la France et
le Kazakhstan jusqu'à sa dénonciation par cet Etat à la
fin de l'année 1994.
Le Kazakhstan, en raison de ses ressources importantes en hydrocarbures et en
produits miniers, dispose de potentialités très prometteuses,
même s'il doit relever de nombreux défis pour assurer la
stabilisation et le développement de son économie. La convention
apportera aux entreprises françaises des garanties appréciables
pour leurs opérations commerciales et leurs investissements au
Kazakhstan.
I. LA SITUATION INTÉRIEURE DU KAZAKHSTAN ET LES RELATIONS BILATÉRALES ENTRE LA FRANCE ET LE KAZAKHSTAN
A. UNE DÉMOCRATISATION ENCORE LIMITÉE ET UNE SITUATION ÉCONOMIQUE FRAGILE
1. Un régime de pouvoir personnel
Depuis
l'indépendance du Kazakhstan en 1991, ce pays a choisi comme
régime politique un régime présidentiel, fortement
personnalisé et concentré dans les mains de son Président,
M. Noursoultan Nazarbaev.
Le Parlement est composé d'une chambre basse de 67 sièges
(le Majilis) et d'une chambre haute de 47 sièges (le
Sénat)
1(
*
)
. Toutefois, ces attributions
sont largement nominales.
Dans la première constitution kazakhe de 1993, le Président
nommait, orientait et démettait le Gouvernement. Il avait l'initiative
des lois, pouvait mettre son veto à celles qu'il désapprouvait et
avait le droit d'organiser un référendum.
M. Nazarbaev, après avoir dissous le Soviet suprême en 1993,
gouverna par décret jusqu'au mois de mars 1994, date à laquelle
eurent lieu de nouvelles élections parlementaires.
En mars 1995, après l'annulation des élections de 1994,
M. Nazarbaev fit, par référendum, prolonger son mandat
jusqu'en 2000. En août 1995, un nouveau référendum consacra
l'adoption d'une nouvelle constitution ménageant au président des
pouvoirs encore accrus. Ainsi, il a le droit de dissoudre le Parlement et
détient l'essentiel des prérogatives constitutionnelles.
Le Kazakhstan a connu une période de relative liberté à
partir de 1996, qui s'est traduite par un relâchement de la censure, une
plus grande indépendance de la presse et l'apparition d'une opposition
politique.
Toutefois, le Président Nazarbaev a profité des premiers effets
de la crise économique pour pérenniser son autorité
à la tête de l'Etat. Ainsi, il a provoqué une crise
constitutionnelle afin d'organiser, à l'initiative du Parlement, une
élection présidentielle anticipée. La Commission Centrale
Electorale a refusé d'enregistrer les dossiers de deux candidats, dont
celui de M. Akejan Kajegueldine, Premier ministre de 1994 à 1997 et
seul véritable rival du Président. Ce dernier a été
réélu avec 81,7 % des suffrages le
10 janvier 1999. Son mandat est passé de 5 à
7 ans.
2. Un potentiel économique important mais fragilisé par de lourdes contraintes
Le
Kazakhstan dispose d'un potentiel économique important puisque son
immense territoire (2,7 millions de km2 pour seulement 15 millions
d'habitants) recèle d'énormes ressources naturelles :
hydrocarbures, or, cuivre, chrome, nickel, plomb, manganèse,
étain, uranium...
En outre, l'étendue de son territoire l'incite à
développer l'élevage extensif. L'agriculture du Kazakhstan
dispose de 150 millions d'hectares de prairies naturelles et de
35 millions d'hectares de terres arables, dont 23 millions sont
consacrés aux céréales.
Fin 1991, la dissolution de l'URSS a plongé le Kazakhstan dans une crise
aiguë. A partir de 1994, les autorités ont choisi d'ouvrir le pays
sur l'extérieur et ont entamé des réformes de structure
avec l'aide du Fonds Monétaire International (FMI).
Cette politique volontariste a permis de parvenir à une stabilisation
macro-économique en moins de deux ans, notamment en matière de
lutte contre l'inflation, de contrôle du déficit budgétaire
et d'une amélioration du solde commercial.
Par ailleurs, les réserves de change se sont accrues au-delà des
objectifs du FMI grâce à des recettes d'exportation importantes et
des nouveaux financements multilatéraux de la part du FMI et de la
Banque mondiale. En 1997, la part du secteur privé représentait
55 % du produit intérieur brut et le volume des investissements
étrangers atteignait 1,2 milliard de francs.
Toutefois, le Kazakhstan a subi de plein fouet les conséquences des
crises asiatique et russe. Alors que le gouvernement prévoyait une
croissance de 3 % en 1998, le produit intérieur brut a
diminué de 2,5 %.
Le commerce extérieur a baissé de 7 % globalement en 1998
par rapport à l'année précédente, mais il a
chuté de 40 % avec les principaux partenaires asiatiques, comme la
Corée du Sud, Hong Kong, la Thaïlande ou le Japon.
Outre la contraction de la demande asiatique, le Kazakhstan a été
également confronté à la baisse des cours des
hydrocarbures et des métaux, postes qui représentent plus de
60 % de ses exportations :
- les prix du pétrole en 1998 étaient de 27 %
inférieurs à ceux de 1997, plongeant l'industrie
pétrolière dans la crise et obligeant le gouvernement à
interrompre le processus de privatisation des entreprises
pétrolières ;
- les prix des métaux ont également fortement chuté en
1998, alors qu'ils représentent 35 % des exportations totales.
Enfin, la récolte de céréales a été
extrêmement mauvaise en raison d'une invasion de criquets et le
Kazakhstan, qui comptait exporter 3 millions de tonnes de
céréales en 1998, a dû en importer.
La crise financière russe est survenue dans ce contexte
économique déjà déprimé
. La Russie est
le premier partenaire commercial du Kazakhstan : 46 % des
importations de ce pays proviennent de la Russie tandis que celle-ci
reçoit 35 % des exportations kazakhes.
Pour faire face à la contraction de ses exportations vers la Russie et
la dégradation de sa balance commerciale, la banque nationale du
Kazakhstan a finalement décidé de laisser flotter sa monnaie
nationale, le Tengué.
Au-delà de la répercussion des effets de la crise
financière russe, l'économie du Kazakhstan souffre de handicaps
structurels. La principale contrainte du Kazakhstan est son enclavement
géographique, qui entrave notamment l'évacuation des
hydrocarbures et rend ce pays totalement dépendant des Etats
frontaliers, en particulier de la Russie.
En outre, l'absence de consensus sur le statut juridique de la mer Caspienne
retarde l'exploitation de ses ressources.
En 1998, les exportations de pétrole ont soit emprunté le
réseau russe d'oléoducs, soit fait l'objet d'accords de swap avec
l'Iran. Toutefois, l'indépendance économique du Kazakhstan
nécessite la construction d'oléoducs autonomes. Ainsi, les
autorités russes ne permettent des exportations de pétrole vers
les marchés mondiaux que de 5 à 8 millions de tonnes par
an.
B. DES RELATIONS COMMERCIALES ENCORE BALBUTIANTES
1. Des relations commerciales peu développées
Les
échanges commerciaux entre la France et le Kazakhstan sont encore
très faibles. En 1998, le volumes des échanges de notre pays a
atteint 1 milliard de francs (contre 1,2 milliard de francs en 1997),
avec un solde commercial positif pour la France de 6 millions de francs en
raison d'une diminution de 30 % de ses importations en valeur.
Les échanges entre la France et le Kazakhstan montrent d'une
année sur l'autre des tendances contradictoires, car ils sont sensibles
à l'exécution des grands contrats et aux variations des cours des
métaux non ferreux.
Les exportations françaises sont constituées essentiellement de
produits industriels tandis que les importations se composent d'hydrocarbures
(254 millions de francs en 1998) et de métaux non ferreux
(223 millions de francs en 1998).
La part de marché de la France s'élevait à 1,1 % en
1997, contre 44,18 % pour la Russie, 6,25 % pour l'Allemagne,
3,44 % pour la Chine et le Turkménistan, 2,1 % pour les
Etats-Unis et 1,2 % pour l'Italie.
2. Une présence française encore modeste
La part
des investissements français parmi les investissements directs
étrangers se montait à 4 % contre 66 % pour les
Etats-Unis.
Fin 1997, la France n'était que le onzième investisseur
étranger au Kazakhstan.
Notre pays est passé du quatrième au onzième rang des
investisseurs entre 1995 et 1997.
Certes, la coopération en matière économique se
développe. Ainsi, un groupe de travail intergouvernemental et une
chambre de commerce franco-kazakhe a été créé en
1993.
Les dernières réunions du groupe de travail ont permis de
relancer la coopération économique bilatérale par un
engagement du côté kazakhstanais à délivrer des
garanties souveraines pour deux contrats, l'un pour Thomson relatif au
contrôle aérien, l'autre pour Technip Spechim concernant la
rénovation d'une distillerie de blé. De nombreux projets ont
recueilli l'appui des deux parties et quatre secteurs de coopération
privilégiés ont été identifiés :
infrastructure, agriculture, eau, énergie.
En outre, le groupe de travail intergouvernemental est parvenu à deux
accords signés le 3 février 1998 à Paris portant
d'une part sur la promotion et la protection réciproque des
investissements et, d'autre part, sur la fiscalité visant à
éviter la double imposition et l'évasion fiscale : il s'agit
de la présente convention.
Au total, une cinquantaine d'entreprises et de filiales françaises sont
implantées au Kazakhstan, comme Bouygues, Technip/Spechim, Thomson,
Almaric, Alcatel, Bull, Total, Société Générale.
Toutefois, la présence française reste encore très
discrète.
II. LES DISPOSITIONS TECHNIQUES DE LA CONVENTION
La
convention fiscale signée par la France et le Kazakhstan, à
Paris, le 3 février 1998 a été conclue en vue
d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion
et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la
fortune.
Ce projet est destiné à se substituer à la convention
fiscale franco-soviétique du 4 octobre 1985 qui régissait
les relations fiscales bilatérales entre la France et le Kazakhstan
jusqu'à sa dénonciation par ce dernier à la fin de
l'année 1994, avec prise d'effet au 1
er
janvier 1996.
Les négociations du projet de convention entre la France et le
Kazakhstan ont débuté à Almaty en mars 1994. Le texte a
été paraphé le 7 juillet 1995 à l'issue d'un
troisième tour de négociations tenu à Paris. Conduites
dans un climat de compréhension mutuelle, les négociations n'ont
pas présenté de difficultés particulières.
L'entrée en vigueur de la convention fiscale nécessite, au
Kazakhstan comme en France, une approbation parlementaire. Le Kazakhstan a fait
part de l'approbation, le 9 septembre 1998, de la convention fiscale par son
Parlement.
A. UNE CONVENTION GLOBALEMENT CONFORME AU MODÈLE DE L'OCDE
La
convention franco-kazakhe en vue d'éviter les doubles impositions et de
prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière
d'impôts sur le revenu et sur la fortune, signée à Paris le
3 février 1998, est conforme dans ses grandes lignes au modèle de
l'OCDE.
Les dispositions qui s'écartent du modèle résultent dans
la majorité des cas, soit de demandes de la partie française
liées aux spécificités de notre modèle de
convention fiscale, soit de demandes kazakhes qui ont été
acceptées dans la mesure où elles correspondent aux clauses
figurant dans les conventions signées par la France avec les principaux
Etats de cette zone géographique.
1. Etablissements stables et revenus de biens immobiliers
L'article 5 de la convention
,
relatif à
la
notion d'établissement stable,
est globalement conforme au
modèle de l'OCDE. Néanmoins, à la différence de
celui-ci, cet article ajoute à la liste d'exemples traditionnels
d'installations fixes constitutives d'un établissement stable les
installations utilisées pour l'exploitation des ressources naturelles,
les activités de surveillance de ces installations et des chantiers
ainsi que la fourniture de services, y compris les services des consultants,
mais seulement lorsque les activités de cette nature se poursuivent sur
le territoire du pays pendant plus de douze mois.
L'article 6, relatif aux revenus de biens immobiliers,
prévoit leur imposition au lieu de situation de ces biens. Cependant, un
paragraphe additionnel précise que les revenus des parts ou actions
conférant à leur détenteur la jouissance de biens
immobiliers situés dans un Etat contractant, sont imposables dans cet
Etat.
Ce paragraphe permet d'adapter la présente convention au droit interne
français dans lequel les personnes qui détiennent des parts dans
une société civile immobilière sont
considérées fiscalement comme si elles étaient directement
propriétaires des immeubles gérés par cette
dernière.
2. Les bénéfices des entreprises
L'article 7 relatif aux bénéfices des
entreprises
est conforme au modèle de la convention de l'OCDE. Ainsi, il est
prévu que les bénéfices d'une entreprise d'un Etat
contractant ne sont imposables que dans cet Etat, à moins que
l'entreprise n'exerce son activité dans l'autre Etat contractant par
l'intermédiaire d'un établissement stable qui y est situé.
Dans ce cas, les bénéfices de l'entreprise sont imputables dans
l'autre Etat dans la mesure où ils sont réalisés par cet
établissement stable.
Les règles de détermination des bénéfices
imposables sont cependant plus strictes que dans le modèle de convention
de l'OCDE puisque la convention n'admet pas la déduction de paiements
par l'établissement stable à son siège central à
l'exception de remboursements de dépenses engagées aux fins de
cet établissement : les redevances, les honoraires ou autres
paiements au titre de l'usage de brevets ne peuvent donc être
considérés comme des charges déductibles dans la
détermination du bénéfice imposable de
l'établissement stable.
3. Dividendes et intérêts
L'article 10 relatif aux dividendes
prévoit
la
possibilité d'appliquer des retenues à la source dont les taux
sont ceux prévus par le modèle de l'OCDE. Ainsi, l'Etat de la
source peut imposer les dividendes à un taux n'excédant pas
15 % de leur montant brut, ce taux pouvant être ramené
à 5 % lorsque ces dividendes sont payés à une
société qui détient directement ou indirectement au moins
10 % du capital de la société distributrice
. Il est
à noter que dans le modèle de l'OCDE, le pourcentage minimal de
détention directe du capital est de 25 % pour que les dividendes
fassent l'objet d'une retenue à la source de seulement 5 %.
En outre, cet article s'écarte du modèle de l'OCDE en
prévoyant que l'Etat de situation de l'établissement stable
pourra prélever un impôt au titre des bénéfices non
réinvestis réalisés par cet établissement
stable
, après que ces bénéfices ont fait l'objet d'une
imposition conformément aux dispositions de l'article 7 de la
convention. En France, cette clause correspond au dispositif prévu par
l'article 115
quinquies
du code général de
impôts. Elle vise à assurer la neutralité fiscale entre les
filiales et les établissements stables.
En effet, le régime des filiales est a priori moins intéressant
que celui des établissements stables puisque seuls les
bénéfices de ces premières font l'objet d'une taxation
dans le pays où est exercée l'activité lorsque lesdits
bénéfices sont inclus dans le résultat comptable de la
société mère. L'introduction d'une taxation des
bénéfices non réinvestis de l'établissement stable
assure la neutralité fiscale.
Toutefois, le taux de ce prélèvement est plafonné à
5 %, au lieu de 25 % en droit interne.
L'article 11 relatif aux intérêts
prévoit,
conformément au modèle de l'OCDE, qu'ils ne sont imposables que
dans l'Etat de résidence du bénéficiaire de ces revenus.
Toutefois, l'Etat de la source peut prélever une retenue à la
source à un taux n'excédant pas 10 % du montant brut
des intérêts. Les intérêts sont cependant
exonérés de retenue à la source si l'une des conditions
suivantes est remplie :
- les intérêts sont payés ou reçus par un Etat
contractant, sa banque centrale, l'une de ses subdivisions politiques ou
collectivités locales ou l'une de ses personnes morales de droit
public ;
- les intérêts correspondent à un prêt garanti ou
assuré par la COFACE dans le cas de la France, ou par un organisme
analogue pour le Kazakhstan.
4. Redevances
L'article 12
dispose que les redevances sont
imposables
dans l'Etat de résidence de leur bénéficiaire,
conformément au modèle de l'OCDE. Toutefois, à la
différence de ce modèle, l'Etat de la source peut imposer les
redevances à un taux n'excédant pas 10 % de leur montant
brut.
En outre, la définition des redevances inclut les
rémunérations de toute nature payées pour l'usage ou la
concession de l'usage d'équipements industriels, commerciaux ou
scientifiques. Deux options sont ouvertes au contribuable
bénéficiaire desdites rémunérations :
- soit elles sont imposées au taux normal des bénéfices
sur leur montant net, comme s'il s'agissait d'un bénéfice ;
- soit elles font l'objet de l'application d'une retenue à la source sur
leur montant brut.
5. Artistes et sportifs
L'article 17 relatif aux artistes et aux sportifs
est
conforme au modèle de l'OCDE et pose le principe de l'imposition dans
l'Etat où sont exercées les activités.
Toutefois, lorsque les activités dans un Etat sont financées de
manière prépondérante par des fonds publics provenant de
l'autre Etat, les revenus correspondants ne sont imposables que dans ce dernier
Etat.
6. Les méthodes retenues pour éliminer les doubles impositions
L'article 23 traite des modalités
d'élimination des
doubles impositions
. S'agissant des revenus des sociétés, la
convention maintient le principe de l'exonération en France des revenus
qui sont imposables ou ne sont imposables qu'au Kazakhstan, dans la mesure
où ils sont exemptés d'impôts sur les
sociétés en application de la législation française.
Dans les autres cas, la double imposition des revenus provenant du Kazakhstan
et perçus par des personnes résidentes de France est
éliminée par l'imputation sur l'impôt français d'un
crédit d'impôt dont le montant dépend du type de revenus
considérés.
S'agissant des dividendes, intérêts, redevances, des gains en
capital provenant de l'aliénation de biens immobiliers, des
rémunérations versées au titre d'un emploi exercé
à bord d'un navire ou d'un aéronef exploité en trafic
international, des rémunérations des administrateurs de
sociétés et de certains revenus d'artistes et sportifs non
financés par des fonds publics, le crédit d'impôt imputable
sur l'impôt français est égal au montant de l'impôt
payé au Kazakhstan en application de la convention mais dans la limite
de l'impôt français correspondant à ces revenus. Cette
règle s'applique également pour l'impôt sur la fortune.
Enfin, s'agissant des autres revenus, le crédit d'impôt imputable
en France est égal au montant de l'impôt français
correspondant à ces revenus à condition que le
bénéficiaire soit soumis à l'impôt kazakh à
raison de ces revenus. Cette méthode permet d'éviter la double
imposition sans porter atteinte à la progressivité de
l'impôt. La méthode d'élimination des doubles impositions
utilisée par le Kazakhstan consiste à imputer sur l'impôt
prélevé au Kazakhstan un crédit à raison de
l'impôt payé en France, dans la limite de l'impôt kazakh
payé sur ces revenus.
B. UNE CONVENTION LÉGÈREMENT DIFFÉRENTE DE LA CONVENTION FRANCO-RUSSE
1. Les points communs
Les
dispositions de la convention fiscale franco-kazakhe et de la convention
franco-russe, signée le 26 novembre 1996, sont très
largement similaires sur la plupart des points.
Ainsi, les deux textes contiennent les ajouts habituellement
insérés dans les conventions conclues par la France afin de
préserver l'application des dispositions particulières de la
législation fiscale française.
Par ailleurs, la convention franco-russe et la convention franco-kazakhe se
caractérisent par les mêmes règles d'imposition en ce qui
concerne les revenus suivants : revenus immobiliers,
bénéfices des entreprises, bénéfices tirés
du transport international, bénéfices entre entreprises
associées, gains en capital, salaires, rémunérations des
administrateurs de sociétés, pensions privées et autres
revenus.
Enfin, elles appliquent des règles identiques, s'agissant du
régime fiscal applicable aux étudiants et stagiaires, de
l'imposition de la fortune, des modalités d'élimination des
doubles impositions et des dispositions relatives à la procédure
amiable et à l'assistance administrative.
2. Les différences
En ce
qui concerne l'article
définissant la notion de
" résident à un Etat contractant ",
toutes deux
sont conformes au modèle de l'OCDE et intègrent notamment, dans
la notion de résident, les Etats ainsi que leurs démembrements,
de même que les sociétés de personnes et les groupements de
personnes dont le siège de direction effective est situé dans un
Etat contractant.
Toutefois, dans la convention franco-kazakhe, lorsqu'une personne morale est
considérée comme résidente des deux Etats en vertu de leur
droit interne, ce sont les autorités compétentes qui
déterminent, d'un commun accord, de quel Etat elle doit être
considérée comme résident au sens de la convention. A
défaut d'accord, la personne en cause est considérée comme
n'étant résident d'aucun des deux Etats concernés au sens
de la convention et ne peut donc bénéficier de ces dispositions.
En ce qui concerne la notion d'établissement stable
, comme il l'a
été noté précédemment, la convention
franco-kazakhe ajoute à la liste d'exemples traditionnels
d'installations fixes constitutives d'un établissement stable, les
services de surveillance se rattachant à un chantier de construction ou
de montage ainsi que la fourniture de services à une structure
utilisée pour l'exploration de ressources naturelles, dès lors
que la durée de leur présence est supérieure à
douze mois.
En ce qui concerne l'imposition des bénéfices des
entreprises
, les deux conventions contiennent les mêmes
règles.
Toutefois, votre rapporteur a déjà indiqué que la
convention franco-kazakhe instaurait des règles de détermination
des bénéfices imposables plus strictes que dans le modèle
de convention de l'OCDE.
En ce qui concerne le régime applicable aux dividendes
, les deux
conventions retiennent le principe du partage d'imposition entre l'Etat de la
source et l'Etat de la résidence, en limitant le niveau des retenues
à la source applicables dans le premier Etat. Toutefois, les taux
d'imposition varient.
Ainsi, la convention franco-kazakhe prévoit des taux de 5 % ou de
15 % alors que la convention franco-russe permet l'application de retenues
à la source de 5, 10 ou 15 % selon les cas.
En outre, le texte franco-russe ne prévoit pas la possibilité
d'opérer une retenue à la source sur les bénéfices
non réinvestis des établissements stables.
En ce qui concerne le régime applicable aux
intérêts
, la convention fiscale franco-kazakhe retient un taux
de retenue à la source de 10 % mais prévoit toutefois une
exonération à la source pour les intérêts
payés ou reçus par un Etat contractant ou l'un de ses
démembrements ou pour les intérêts correspondant à
une dette assurée ou garantie par la Coface, ou un organisme similaire
pour le Kazakhstan.
En revanche, la convention franco-russe prévoit une imposition exclusive
de ce type de revenus dans l'Etat de résidence du
bénéficiaire.
En ce qui concerne le régime des redevances
, la convention
franco-russe prévoit, dans tous les cas, une imposition exclusive de ces
revenus dans l'Etat de résidence du bénéficiaire, alors
que le texte franco-kazakh accorde à l'Etat de la source le droit
d'imposer les redevances à un taux n'excédant pas 10 % de
leur montant brut.
Par ailleurs, la définition des redevances dans la convention
signée avec le Kazakhstan inclut les rémunérations
payées pour l'usage ou la concession de l'usage d'un équipement
industriel, commercial ou scientifique.
En ce qui concerne le régime des revenus des professions
indépendantes
, la convention franco-kazakhe prévoit
l'imposition, dans l'Etat du séjour, lorsque celui-ci s'étend sur
une période ou des périodes excédant 183 jours au
cours de l'année fiscale considérée, alors que la
convention franco-russe ne prévoit une telle imposition qu'en
présence d'une base fixe.
En ce qui concerne les revenus des artistes et sportifs
, les deux
conventions posent le principe d'une imposition dans l'Etat d'exercice de
l'activité, à l'exception, conformément à la
pratique française, des revenus constitués (s'agissant de la
convention franco-russe) ou tirés d'activités financées
(s'agissant de la convention franco-kazakhe) principalement par des fonds
publics provenant de l'autre Etat.
En outre, la convention franco-kazakhe retient cette exception y compris dans
l'hypothèse où les revenus sont attribués, non pas
à l'artiste ou au sportif lui-même, mais à une autre
personne, qu'elle soit ou non résidente d'un Etat contractant.
Enfin, en ce qui concerne le régime des rémunérations
publiques
, les deux conventions retiennent le principe internationalement
reconnu de l'imposition exclusive dans l'Etat qui paie les revenus en cause.
Une exception à ce principe est prévue lorsque les
bénéficiaires de ces revenus sont des résidents et des
ressortissants de l'autre Etat contractant et si l'activité est
exercée dans ce dernier Etat. Toutefois, dans la convention
franco-kazakhe, les binationaux demeurent imposables dans l'Etat qui les paie
s'ils sont ressortissants de cet Etat.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 9 novembre 1999, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé,
sur le rapport de M. Jacques Chaumont, à l'examen du projet de loi
tendant à autoriser l'approbation de la convention fiscale signée
le 3 février 1998 entre la France et le Kazakhstan.
Elle a décidé de proposer au Sénat l'adoption du projet de
loi dont le texte suit :
"Article unique
Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kazakhstan en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole), signée à Paris le 3 février 1998 set dont le texte est annexé à la présente loi."
1 Pour résumer la situation politique et économique du Kazakhstan, votre rapporteur s'est largement inspiré du rapport d'information de MM. Jean François-Poncet, Philippe François, Louis Minetti, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Boyer, Gérard Braun, Roland Courteau et Léon Fatous sur " le grand retour de l'Asie centrale ", les rapports du Sénat, commission des affaires économiques, n °412, 1997-1998.