Projet de loi relatif à l'organisation internationale de télécommunications mobiles par satellites
ROUVIERE (André)
RAPPORT 323(98-99) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
- INTRODUCTION
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT22 Documents communiqués par le Gouvernement pour l'information des parlementaires.
N°
323
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 28 avril 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant la ratification des amendements à la convention portant création de l'Organisation internationale de télécommunications maritimes par satellites (INMARSAT) relatifs à la création de l'Organisation internationale de télécommunications mobiles par satellites (ensemble une annexe),
Par M.
André ROUVIÈRE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir le
numéro :
Sénat : 239
(1998-1999).
Traités et conventions. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'Assemblée des Etats Parties à l'Organisation internationale de
télécommunications mobiles par satellites, INMARSAT, crée
en 1979, a adopté, le 24 avril 1998, des modifications à la
convention qui l'avait créée il y a près de vingt ans.
Ces amendements -qui font l'objet du présent projet de loi autorisant
leur ratification-, tendent à modifier l'Organisation originelle en une
" nouvelle Inmarsat ", société sous tutelle d'une
Organisation intergouvernementale, destinée à assurer sa
pérennité dans un contexte économique et industriel devenu
très concurrentiel.
La téléphonie mobile par satellite, outre ses applications
prioritaires de détresse et de sécurité, constitue, dans
son volet commercial destiné à un public plus large, un outil
précieux, notamment dans les zones qui ne sont pas couvertes par les
réseaux traditionnels de téléphonie mobile -zones peu
habitées ou pays en développement-.
Or ce secteur de la téléphonie mobile par satellite, initialement
protégé au bénéfice d'Inmarsat fait, depuis 1998,
l'objet d'une forte concurrence.
La modification statutaire présentement soumise à notre examen a
donc précisément pour objet de donner à l'Organisation,
dont la France est, à travers France Telecom, un partenaire actif,
toutes ses chances pour affronter ce nouveau contexte industriel.
I. OBJECTIFS ET STRUCTURES DE L'ORGANISATION INMARSAT
A. UNE COOPÉRATIVE INTERNATIONALE
L'Organisation Internationale de
Télécommunications
Maritimes par Satellites INMARSAT, dont le siège est à Londres, a
été fondée en 1979 pour mettre en place le secteur spatial
nécessaire à l'amélioration des communications maritimes.
Elle a élargi progressivement ses activités pour devenir l'unique
fournisseur de télécommunication universelles mobiles par
satellites, à la fois pour des applications commerciales et des
applications de détresse et de sécurité, afin de
répondre aux besoins maritimes, terrestres et aéronautiques.
Elle repose sur deux instruments :
- La
Convention
tout d'abord, traité international ratifié
par chaque gouvernement désireux de devenir partie à Inmarsat.
Cette convention est entrée en vigueur le 16 juillet 1979 et
réunit aujourd'hui 86 Etats.
- L'
Accord d'exploitation
ensuite, signé par chaque Signataire.
Le Signataire, désigné par chaque Etat partie, est habituellement
un opérateur de télécommunications ; pour la France,
le Signataire est France Telecom. C'est le Signataire qui finance
l'Organisation, au prorata de sa part d'investissements, liée à
son utilisation du système Inmarsat.
Inmarsat est constituée de trois organes principaux :
- l'
Assemblée des Parties
qui réunit les
représentants des 86 pays membres, chacun d'eux disposant d'une voix.
Elle examine les activités et les orientations stratégiques
d'Inmarsat et présente des recommandations au conseil.
- le
Conseil des Signataires
. Fonctionnant sur le modèle du
conseil d'administration d'une société, il réunit les
représentants des 18 signataires (opérateurs) de
télécommunications dont les parts d'investissements sont les plus
élevées, auxquels s'ajoutent 4 autres représentants de
Signataires élus sur le principe d'une répartition
géographique équitable et prenant en compte les
intérêts des pays en développement. Le Conseil supervise
les activités de l'Organe directeur.
- l'
Organe directeur
est chargé de la gestion courante de
l'Organisation, il compte quelque 500 personnes représentant plus de 50
nationalités qui travaillent sous la direction du Directeur
général, actuellement M. Warren Grace, de nationalité
australienne.
Les ressources de l'Organisation
proviennent des Signataires des pays
membres, chacun d'entre eux ayant une part d'investissement correspondant
à l'utilisation qu'il fait du système Inmarsat, qui est
calculée chaque année.
B. LES SERVICES OFFERTS PAR INMARSAT
L'exploitation du système
INMARSAT repose sur un
partenariat entre son Organe directeur, les Signataires, les exploitants de
stations terrestres, les constructeurs d'équipement et les prestataires
de services à valeur ajoutée, sur la base d'un partage des
responsabilités assuré de la façon suivante :
• L'organe directeur est en charge du secteur spatial, de la gestion
financière du système, de la mise au point et de l'approbation
des normes pour les stations terriennes mobiles et terrestres. Il assise les
Signataires pour la promotion des services INMARSAT.
• Les Signataires assurent l'apport des capitaux, la gestion d'ensemble
de l'Organisation ainsi que la prestation et la promotion des services INMARSAT
dans leur pays respectif.
• Les exploitants de stations terrestres ont la charge de la liaison
entre le secteur spatial et les réseaux de
télécommunications publics commutés.
• Les constructeurs mettent au point, construisent, commercialisent et
assurent la maintenance des stations terriennes mobiles et terrestres.
• Les prestataires de services assurent la mise au point et la prestation
des services spécialisés offerts aux propriétaires de
terminaux INMARSAT.
Le réseau des 9 satellites
INMARSAT propose divers
systèmes de communications mobiles couvrant, dans 190 pays, une large
gamme de services.
- Pour le
domaine maritime
: le téléphone à
numérotation directe, le télex, la télécopie, le
courrier électronique et les transmissions de données.
- Pour le
secteur aéronautique
: les services concernent des
systèmes téléphoniques et de transmission de
données, l'indication automatique de la position et des conditions de
vol ainsi que, pour les passagers, des téléphones à
numérotation directe.
- Pour le
secteur terrestre
enfin, INMARSAT permet la communication de
données dans les deux sens, l'indication de la position, le courrier
électronique et la gestion du parc automobile.
Les terminaux mis à la disposition des usagers se déclinent en
plusieurs catégories de matériel (INMARSAT A, B, C, M et phone
mini-M), les plus récents étant généralement plus
compacts, d'un coût d'acquisition et d'utilisation plus réduits.
En 1999, on pouvait recenser un total de 143.000 terminaux mobiles INMARSAT
opérationnels à travers le monde, répartis ainsi par type
de marchés : 50 % en services terrestres, 48 % en services
maritimes et 2 % en services aéronautiques.
Au total, les activités d'Inmarsat ont bénéficié
d'une croissance constante depuis 1979, liée notamment à la
demande d'équipement des navires et aux besoins professionnels de
certains secteurs spécialisés. Cette croissance a
généré des bénéfices élevés
(17 % en 1998/1997) pour les opérateurs-Signataires
désignés par les Etats-Membres.
C. LA PLACE DE FRANCE TELECOM
En tant
que Signataire désigné par la France et partie à l'Accord
d'exploitation, France Telecom a été parmi les premiers
investisseurs et utilisateurs du système satellitaire proposé par
l'Organisation internationale.
Avec un investissement de 5,1 % en 1999, France Telecom est cinquième
investisseur. Il est également l'un des principaux fournisseurs des
services Inmarsat. Ainsi en 1999, avec environ 17.700 clients -12 % du total
d'Inmarsat-, l'opérateur a mis en service 450 terminaux Inmarsat A (2 %
du total mondial), 400 terminaux Inmarsat B (5 %), 856 terminaux Inmarsat M
(6 %), 2.250 Inmarsat C (4 %), 7.050 terminaux Inmarsat-Phone (17 %) et
6.700 cartes SIM (22 %) destinées aux terminaux Inmarsat Phone.
INMARSAT
Les 15 premiers investisseurs
(mars
1999)
Membres |
Signataires |
Part d'investissement |
USA |
COMSAT Corporation |
22.20 |
Royaume-Uni |
British Telecom plc |
7.86 |
Japon |
Kokusai Denshin Denwa Co.Ltd |
7.58 |
Norvège |
Telenor Saellite Services AS |
6.80 |
France |
France Telecom |
5.10 |
Grèce |
Hellenic Telecommunications Organization (OTE) SA |
4.67 |
Allemagne |
Deutsche Telekom AG |
4.28 |
Pays-Bas |
PTT Telecom Netherlands |
3.83 |
Russie/Bélarus |
Morsviazsputnik |
3.69 |
Chine |
Beijing Marine Communication and Navigation Company |
2.33 |
Corée |
Korea Telecom |
2.29 |
Italie |
Telecom Italia |
2.09 |
Australie |
Telstra Corporation Limited |
2.02 |
Inde |
Videsh Sanchar Nigam Limited |
2.02 |
Brésil |
Empresa Brasileira de Telecommunicacoes SA |
1.99 |
II. L'ÉVOLUTION DU MARCHÉ DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE PAR SATELLITES ET L'APPARITION DE LA CONCURRENCE JUSTIFIENT UNE MODIFICATION DU STATUT D'INMARSAT
A. L'ÉVOLUTION DU MARCHÉ DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE PAR SATELLITE
INMARSAT
a bénéficié jusqu'en 1998 d'une longue période de
monopole sur le marché mondial de la téléphonie mobile par
satellite. Depuis novembre 1998 cependant, une concurrence s'est fait jour avec
le projet
Iridium
, lancé par l'américain Motorola -
services de communications mobiles personnelles par satellites et, à
l'horizon 2000,
Globalstar
, de l'américain Coral, et
ICO
,
filiale d'INMARSAT financée par les principaux Signataires et le
constructeur américain Hugues.
Ces systèmes s'appuieront sur des
constellations de satellites
permettant d'offrir des services de type téléphonie, fax, et
transmission de données bas débit reposant sur l'utilisation de
terminaux portatifs de poche - type GSM. Ils nécessiteront des
investissements cumulés de près de 13 milliards de dollars.
Iridium est opérationnel depuis le ler novembre 1998. Il se fonde sur
une constellation de 66 satellites interconnectés en orbite basse (780
km), plus 6 satellites de réserve (748 km). Le financement du
système (5,3 milliards de dollars) a été
assuré par des firmes américaines (Motorola et Sprint), italienne
(Stet-Telecom Italia) et allemande (Verbacom).
Iridium permet une couverture mondiale sur terre, en mer et dans les airs et
peut fonctionner de façon autonome, indépendamment des
réseaux terrestres. La cible commerciale couvre en particulier les
hommes d'affaires pour des communications mobiles terrestres,
aéronautiques et maritimes.
Globalstar
, dans lequel Loral
(Etats-Unis) détient une participation majoritaire à 31 %,
associé davantage de sociétés européennes,
notamment françaises -Alcatel et France Telecom y participent à
hauteur de 5,9 et 4,1 % du capital par le biais de la société
Tesam. Des partenariats multiples impliquent également Qualcomm
(Etats-Unis), Alenia (Italie), Dasa (Allemagne), Hyndai Dacom (Corée) et
Vodaphone (Grande-Bretagne). Le système sera composé de 48
satellites en orbite basse (1414 km) et 8 de rechange en orbite
intermédiaire.
Globalstar devrait permettre à des pays, sous-équipés en
réseaux terrestres ou dans lesquels se trouvent des zones rurales
éloignées ou désertiques, d'être
désenclavés en ayant accès aux services de base.
ICO
est une filiale à 10 % d'Inmarsat qui, par le biais de ses
Signataires, a directement investi 150 millions de dollars dans sa
filiale, soit 12 % du montant du capital souscrit à sa création,
part réduite à 10 % après la cotation d'ICO en bourse en
1998 accompagnée d'une augmentation de capital. L'objectif du
système ICO, basé sur 12 satellites en orbite moyenne, deux
centres de contrôle des satellites, un réseau de communications et
deux centres de contrôle du réseau, est d'offrir, dès l'an
2000, des services mobiles personnels, principalement de
téléphonie.
Par ailleurs, des projets de téléphonie mobile par
satellites
régionaux
sont en cours de développement. Ils utilisent des
satellites géostationnaires conçus par MATRA pour la
région Europe-Bassin méditerranéen-Afrique.
On pouvait s'interroger sur les opportunités à venir du
marché de la téléphonie mobile terrestre dont le nombre
d'utilisateurs devrait atteindre 450 millions à la fin de cette
année. Les analystes n'ont cependant pas revu leurs prévisions
à la baisse entre les services de téléphonie mobile par
satellite d'une part et terrestre d'autre part. Ainsi les estimations du nombre
d'abonnés à des systèmes par satellites pour les cinq
prochaines années varient entre 10 et 30 millions de personnes.
La concurrence sera toutefois présente dans l'avenir et se substituera
à l'actuelle complémentarité entre les deux
systèmes. Cette concurrence se portera notamment sur les conditions de
commercialisation des terminaux (tarifs, réseau de distribution, service
après vente...). S'ajoute l'évolution de la
téléphonie mobile vers le multimédia : les services
de transmissions de données, voix et images seront de plus en plus
intégrées dans la nouvelle génération de
systèmes de téléphone mobile. Le projet HORIZONS
d'INMARSAT se propose ainsi d'offrir des applications multimédias sur
des terminaux mobiles, téléphones et ordinateurs.
B. LA PRIVATISATION D'INMARSAT : UNE RÉPONSE A LA NOUVELLE CONFIGURATION CONCURRENTIELLE DU MARCHÉ ET L'ENJEU DU PROJET DE LOI
Pour
être à même de figurer en place dan le nouvel environnement
concurrentiel des systèmes de téléphonie mobile par
satellites, une modification de la structure actuelle de coopérative
internationale était nécessaire. En effet, les contraintes
financières, la recherche d'alliance avec divers partenaires imposaient,
assez rapidement, une forme de privatisation.
C'est l'objet des amendements à la Convention Inmarsat originelle
qui ont été adoptés par l'Assemblée des Parties
réunies à Londres en avril 1998 et qui entraînent la
restructuration de l'Organisation, qui conduit à la juxtaposition d'une
société par actions, entièrement nouvelle d'une part et de
l'organisation intergouvernementale, maintenue dans son rôle
d'utilité publique, d'autre part.
- La création d'une société privée :
INMARSAT PLC
•
l'objet social
de la nouvelle société
recouvrira : la fourniture des services du Système Mondial de
Détresse et de Sécurité en Mer (SMDSM) et la poursuite de
la fourniture d'une capacité de secteur spatial, en maintenant les
normes, services et systèmes de station terrienne de navire -notamment
INMARSAT A, B, C, E, ainsi que les services visés dans la convention
SOLAS et les résolutions de l'OMI qui y sont liées.
• la
localisation
de la Société -de droit
britannique-, sera Londres et sa structure comportera deux niveaux : une
holding et une société d'exploitation.
• la nouvelle société recevra d'INMARSAT les
activités opérationnelles et les actifs
correspondants
par
transformation des actuels Signataires en
actionnaires
-ceux-ci pouvant procéder à des échanges
de parts. La part maximale du capital autorisé pour un actionnaire est
fixée à 15 %, à l'exception de la Comsat (Etats-Unis)
qui conservera tous ses droits au niveau qu'elle détient actuellement
(23 %). Dans les deux ans qui suivront la création de la
société, une
ouverture à des investisseurs
extérieurs
sera réalisée par le biais d'une
offre
publique initiale
(IPO), basée sur les conseils d'une banque
d'investissements.
• Le
Conseil d'administration
de la société
comprendra 15 administrateurs élus par les actionnaires : 9 d'entre
eux représentant les investisseurs les plus importants et 3
représentant les pays en développement.
- Le maintien de l'Organisation internationale de
télécommunications mobiles par satellites
Sous un
nouveau statut
-objet du présent accord-, on retrouve en
réalité l'
Organisation intergouvernementale originelle
qui
se trouve maintenue dans le dispositif, même si son acronyme ancien
INMARSAT est supprimé, le terme " mobiles " ayant
été substitué au qualificatif " maritimes ". Les
gouvernements des Etats-membres, à travers l'Assemblée des Etats
Parties auront à veiller au respect des
principes de base
suivants :
- assurer la
prestation continue des services mondiaux
de communications
par satellite
de détresse et de sécurité en mer
(SDMSM),
- assurer les services
sans aucune discrimination
sur la base de la
nationalité,
- exercer ses activités à des
fins pacifiques
exclusivement,
- desservir toutes les zones dans lesquelles le besoin de communications par
satellite se fait sentir, compte dûment tenu des
régions
rurales et isolées des pays en développement
,
- fonctionner selon les principes de la
concurrence loyale
, tout en
respectant les lois et réglementations applicables.
Ces principes de base constituent le nouvel article 3 de la Convention
originelle.
La structure de l'Organisation est remaniée : suppression du
Conseil et de l'organe directeur sous l'autorité du directeur
général ; création d'un
secrétariat
dirigé par un
Directeur.
Les fonctions et le mode de fonctionnement de l'
assemblée des Etats
Parties
évoluent. Celle-ci examine les buts et la politique
générale de l'organisation au regard notamment des principes de
base déjà évoqués ; elle décide de
toute question concernant les relations de l'Organisation avec les Etats ;
elle décide les amendements à la Convention ; elle nomme et
peut congédier le Directeur.
Le nouveau
Secrétariat
est dirigé par un
Directeur
dont le mandat est de 4 ans. Il est chargé de déterminer les
conditions de fonctionnement de l'Organisation et de la gestion de son
personnel. Celui-ci bénéficiera des privilèges et
immunités traditionnels sur le territoire de toute partie contractante.
Ces modifications structurelles constituent les nouveaux articles 5 à 9
de la convention.
Les dépenses de l'Organisation
sont
prises en charge par la
Société
pour couvrir les coûts relatifs à
l'
établissement et au fonctionnement du Secrétariat
,
à la
tenue des sessions
de l'Assemblée et à
l'application des mesures prises par l'Organisation pour s'assurer du respect,
par la Société, des principes de base qui encadrent son
activité.
Les modalités nouvelles de
règlement des différends
prévoient qu'en cas de litige entre des Parties ou entre des Parties et
l'Organisation, qui ne seraient pas réglés par la
négociation dans un délai d'un an, la procédure suivante
serait suivie :
- soumission du différend à la
Cour Internationale de Justice
(CIJ) en cas de litige entre Parties,
- dans les autre cas de différends, recours à un
tribunal
arbitral
, dans le cadre de l'annexe à la présente
convention.
CONCLUSION
Le texte
qui nous est soumis, en modifiant la structure originelle d'INMARSAT permet
à celle-ci de se placer, en position favorable, dans le contexte
concurrentiel dans lequel il lui faudra désormais évoluer.
Dans la négociation qui a précédé l'adoption de ces
amendements, notre pays s'était efforcé de maintenir, pour la
nouvelle structure, un équilibre entre ses obligations de service public
d'une part et les possibilités qui devaient lui être
données de demeurer viable à long terme sur le plan commercial.
Le texte soumis aujourd'hui à notre appréciation retient ce souci
manifesté par notre pays, en accord avec nos partenaires
européens.
Compte tenu des implications économiques et industrielles du contexte,
votre rapporteur ne peut qu'inviter notre commission des affaire
étrangères, de la défense et des forces armées
à adopter le présent projet de loi.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent projet de loi lors de
sa séance du mercredi 28 avril 1999.
M. Robert del Picchia a relevé que, grâce à INMARSAT, le
téléphone mobile par satellite était une
réalité depuis plusieurs années. Il a estimé qu'il
était de l'intérêt de France Telecom, grâce à
la modification du statut d'INMARSAT, de se positionner favorablement sur ce
marché désormais très concurrentiel.
En réponse à M. Xavier de Villepin, président, M.
André Rouvière, rapporteur, a précisé que la part
d'investissement des opérateurs de télécommunications au
sein d'INMARSAT était calculée au prorata de leur utilisation des
services proposés par l'Organisation.
Puis la commission a approuvé le projet de loi qui lui était
soumis.
PROJET DE LOI
(Texte
proposé par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée la ratification des amendements à la convention portant création de l'Organisation internationale de télécommunications maritimes par satellites (INMARSAT) relatifs à la création de l'Organisation internationale de télécommunications mobiles par satellites (ensemble une annexe), adoptés à Londres le 24 avril 1998, et dont le texte est annexé à la présente loi. 1( * )
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT2(
*
)
PROJET DE LOI N° 239
1.
Etat de droit et situation de faits existants et leurs insuffisances
Dans le nouveau contexte concurrentiel, une transformation d'INMARSAT en une
entité privée ayant des structures de gouvernement d'entreprise
et d'investissement plus souples s'avère inéluctable pour assurer
la survie de l'organisation.
2. Bénéfices escomptés en matière
a. d'emploi
Les bénéfices en matière d'emploi pour la France sont
difficiles à quantifier tant pour les emplois directs que pour les
emplois indirects. Néanmoins on peut estimer que la transformation de la
partie opérationnelle d'INMARSAT en une société
privée de télécommunications mobiles par satellites de
droit britannique, basée à Londres, devrait avoir des effets en
retour importants pour les entreprises françaises et européennes
de construction et de lancement de satellites, ainsi que pour les fournisseurs
de services utilisant INMARSAT.
b. d'intérêt général
L'apparition d'un nouvel acteur privé sur le marché des
télécommunications mobiles par satellites stimulera la
concurrence, ce qui bénéficiera au consommateur final.
c. financière
L'Etat français n'est pas financièrement impliqué dans le
fonctionnement d'INMARSAT. Néanmoins le changement de structure
permettra au signataire français, France Télécom, de
valoriser ses investissements en transformant ses parts d'investissement en
action. L'Etat en tant qu'actionnaire de l'opérateur historique y
trouvera donc un avantage.
d. de simplification de formalités administratives
Sans objet.
e. de complexité de l'ordonnancement juridique
Impossible à quantifier.
1
Voir le texte annexé au document
Sénat n° 239.
2
Documents communiqués par le Gouvernement pour
l'information des parlementaires.