Projet de loi créant le Conseil national des communes "Compagnon de la Libération"
NEUWIRTH (Lucien)
RAPPORT 154 (98-99) - Commission des Affaires sociales
Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
EXPOSE GENERAL
- I. LE PASSÉ : UN ORDRE EXEMPLAIRE
- II. LE PRÉSENT : UN ORDRE ACTIF ET STRUCTURÉ, GARANT DU DEVOIR DE MÉMOIRE
- III. L'AVENIR : UN PROJET DE LOI QUI ASSURE LA PÉRENNITÉ DE L'ORDRE
-
EXAMEN DES ARTICLES
-
Article premier
Création du Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération " -
Art. 2
Missions du Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération " -
Art. 3
Composition du Conseil d'administration du Conseil national -
Art. 4
Présidence du Conseil national -
Art. 5
Fonctions du conseil d'administration du Conseil national -
Art. 6
Fonctions du délégué national
Statut du personnel -
Art. 7
Service de la médaille de la Résistance française -
Art. 8
Ressources du Conseil national -
Art. 9
Contrôle du Conseil national -
Art. 10
Conditions d'entrée en vigueur de la présente loi
-
Article premier
- ANNEXES
N°
154
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 janvier 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, créant le Conseil national des communes " Compagnon de la Libération " ,
Par M.
Lucien NEUWIRTH,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir
les numéros :
|
|
Anciens combattants et victimes de guerre. |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Le
mardi 19 janvier 1999
, sous la
présidence de M. Jean
Delaneau, président
, la commission a procédé à
l'examen du rapport de
M. Lucien Neuwirth, rapporteur
, sur le
projet
de loi n° 142
(1998-1999), adopté par l'Assemblée
nationale, créant le Conseil national des communes
" Compagnon
de la Libération ".
M. Lucien Neuwirth, rapporteur,
a observé que ce projet de loi, loin
d'avoir une portée exclusivement symbolique, était un texte
important car il associait le législateur au devoir de mémoire
sur l'une des heures les plus tragiques, mais aussi paradoxalement
peut-être les plus glorieuses, de l'histoire de France. Il a
indiqué que ce texte visait à assurer la pérennité
de l'Ordre de la Libération au moment où la disparition
progressive et inexorable des Compagnons de la Libération
menaçait l'existence même de l'Ordre.
Il a estimé que l'extinction de l'Ordre apparaissait inconcevable car
celui-ci incarnait la mémoire de la Libération et l'esprit de la
Résistance. Il a rappelé que l'Ordre de la Libération
avait été créé le 16 novembre 1940 à
Brazzaville par une ordonnance du Général de Gaulle. Il a
précisé que la Croix de la Libération, destinée
selon les termes de l'ordonnance à " récompenser les
personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront
signalées de manière exceptionnelle dans l'oeuvre de
libération de la France et de son empire ", avait été
décernée entre 1941 et 1946 à 1.036 personnes
physiques, à 18 unités militaires et à
5 communes françaises (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors
et l'Ile-de-Sein).
Il a également rappelé les circonstances de la création de
l'Ordre, observant que le Général de Gaulle avait jugé
nécessaire la création d'une récompense
particulière pour tous ceux qui, au prix d'immenses sacrifices, avaient
tout abandonné et risqué leur vie pour la Libération de la
France.
M. Lucien Neuwirth, rapporteur,
a indiqué que la
Libération n'avait pas signifié une quelconque mise en sommeil de
l'Ordre, car deux ordonnances du 26 août 1944 et du
10 août 1945 avaient assuré sa pérennité et
confirmé ses missions. Il a indiqué que cette architecture
était très largement celle qui existait encore aujourd'hui.
Il a ensuite précisé que l'Ordre de la Libération,
deuxième ordre national après celui de la Légion
d'Honneur, était doté de la personnalité morale et de
l'autonomie financière et qu'il était financé par un
budget annexe à celui du ministère de la justice, ses
crédits s'élevant à un peu plus de 5 millions de
francs en loi de finances initiale pour 1999.
S'agissant de l'organisation actuelle de l'Ordre, il a rappelé qu'elle
reposait sur deux piliers complémentaires. Il a précisé
que le Conseil de l'Ordre, composé actuellement de 16 membres tous
Compagnons de la Libération, était chargé de veiller
à la discipline de l'Ordre et d'élaborer les grandes lignes de
son action. Il a observé que le Chancelier, nommé par
décret du Président de la République, après avis du
Conseil de l'Ordre, pour un mandat de 4 ans renouvelable, assurait la
direction et l'administration de l'Ordre, le Chancelier en exercice
étant depuis 1978 le Général d'Armée Jean Simon.
S'agissant des missions actuelles de l'Ordre,
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur,
a estimé qu'elles étaient très
diversifiées. Il a indiqué que la première d'entre elles
était bien évidemment la politique de la mémoire :
organisation de cérémonies commémoratives dont celle du
18 juin au Mont Valérien, administration du musée de l'Ordre
de la Libération, conservation des archives de l'Ordre, maintien de la
discipline des membres afin de préserver la tradition et l'idéal
issus de la Résistance. Il a également observé que l'Ordre
était aussi chargé d'assurer le service de la médaille de
la Résistance française, cette médaille,
créée le 9 février 1943, ayant vocation à
" reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en
France, dans l'empire et à l'étranger, auront contribué
à la résistance du peuple français contre l'ennemi et ses
complices depuis le 18 juin 1940 " et ayant été
attribuée à près de 43.000 résistants, mais
aussi à 17 communes et au Territoire de Nouvelle-Calédonie.
Il a enfin précisé que l'Ordre avait pour mission, depuis
l'ordonnance du 26 août 1944, d'apporter un secours exceptionnel aux
Compagnons de la Libération, aux Médaillés de la
Résistance française et à leur famille.
M. Lucien Neuwirth, rapporteur,
a estimé que c'était parce
que l'Ordre correspondait à une mémoire glorieuse et exemplaire,
mais aussi à une réalité concrète, qu'il importait
d'assurer sa pérennité pour l'avenir.
Il a indiqué que le projet de loi proposait la création d'un
établissement public national à caractère administratif,
le Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération ", qui serait appelé à succéder
à l'actuel Conseil de l'Ordre. Il a estimé que ce projet reposait
sur une logique limpide : fonder l'avenir de l'Ordre sur les seuls Compagnons
de la Libération dont la permanence serait assurée,
c'est-à-dire les 5 communes.
Il a ensuite rappelé les grandes étapes de préparation de
ce projet de loi, estimant qu'elles soulignaient le caractère
très consensuel de ce texte. Il a ainsi précisé que le
projet de loi était l'aboutissement d'une démarche engagée
depuis plusieurs années par l'Ordre de la Libération. Il a ainsi
indiqué qu'en avril 1996 la Chancellerie de l'Ordre avait
présenté au Gouvernement un avant-projet et qu'à la
demande du Président de la République, le Gouvernement avait
déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale, le
16 avril 1997, un projet de loi très proche de l'avant-projet
initial. Il a rappelé qu'après la dissolution de
l'Assemblée nationale, le nouveau Gouvernement avait
redéposé un projet de loi identique le 19 juin 1997,
adopté à l'unanimité par l'Assemblée nationale le
17 décembre 1998.
S'agissant de l'architecture institutionnelle proposée pour assurer la
pérennité de l'Ordre de la Libération,
M. Lucien
Neuwirth, rapporteur,
a indiqué que le présent projet de loi
déterminait les missions, l'organisation, le fonctionnement et les
conditions de mise en place du futur Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération ".
Concernant les missions du futur Conseil national, le rapporteur a
observé que les missions énumérées à
l'article 2 du projet de loi correspondaient aux missions actuellement
assurées par le Conseil de l'Ordre : garantir la pérennité
des traditions de l'Ordre et porter témoignage devant les
générations futures, mettre en oeuvre des initiatives
pédagogiques ou culturelles afin de préserver la mémoire
de l'Ordre, veiller sur le musée et les archives de l'Ordre, organiser
les cérémonies commémoratives, participer à l'aide
morale et matérielle aux Compagnons et à leur famille. Il a
indiqué que l'article 7 du projet de loi précisait que le Conseil
national assurait également le service de la Médaille de la
Résistance française.
A cet égard, il a rappelé que l'Assemblée nationale avait
adopté un amendement permettant aux médaillés de la
Résistance française de bénéficier de l'aide morale
et matérielle du Conseil national. Il a indiqué qu'il proposerait
à la commission, dans un souci d'équilibre, un amendement
étendant aux médaillés de la Résistance
française la mission de mémoire du futur Conseil national.
S'agissant de l'organisation et du fonctionnement du futur Conseil national, il
a observé que le texte prévoyait un conseil d'administration du
Conseil national, composé des personnes physiques titulaires de la Croix
de la Libération, des maires en exercice des 5 communes
" Compagnon de la Libération " et d'un
délégué national, ce délégué national
devant succéder à l'actuel Chancelier. Il a précisé
que la présidence du Conseil national serait assurée
conjointement par l'un des maires, ceux-ci se succédant chaque
année, et par le délégué national. Il a
considéré qu'il était difficile d'intégrer les
unités combattantes " Compagnon de la Libération " dans
le futur Conseil national car leur pérennité n'était pas
assurée mais il a observé que ces unités seraient
toutefois associées à la mission de mémoire du Conseil
national.
M. Lucien Neuwirth, rapporteur,
a estimé que ce nouveau
mécanisme institutionnel n'était pas une création ex
nihilo, car les communes " Compagnon de la Libération ",
actuellement regroupées au sein d'une association, étaient
déjà très actives.
S'agissant des conditions de mise en place du futur Conseil national, il a
indiqué que la loi entrerait en vigueur au moment où l'actuel
Conseil de l'Ordre ne pourrait plus réunir 15 compagnons de la
Libération, personnes physiques.
En conclusion,
M. Lucien Neuwirth, rapporteur,
a jugé que ce
projet de loi permettrait d'assurer la pérennité de l'Ordre en le
fondant sur une nouvelle architecture institutionnelle ; il a
déclaré qu'il aurait souhaité pouvoir proposer d'adopter
conforme ce projet de loi mais il a estimé nécessaire de
présenter quelques amendements visant essentiellement à corriger
certaines erreurs matérielles, à apporter des
éclaircissements rédactionnels mais aussi, en accord avec la
Chancellerie de l'Ordre de la Libération, à étendre la
mission de mémoire du futur Conseil national aux Médaillés
de la Résistance française.
M. Guy Fischer
a déclaré, au nom de son groupe, approuver
ce projet de loi, même s'il pouvait se poser des problèmes de
moyens. Il a souligné l'importance du devoir de mémoire et la
nécessité de transmettre l'esprit de Résistance aux jeunes
générations.
M. Jean Chérioux
a également insisté sur
l'importance de ce texte sur le double plan de la mémoire et du
consensus. Il a indiqué l'adhésion et la satisfaction de son
groupe en précisant que la question de l'avenir de l'Ordre de la
Libération avait souvent été abordée au Conseil de
Paris. Il a enfin tenu à rappeler le rôle majeur qu'avait
joué M. Lucien Neuwirth dans la Libération de la France.
Mme Gisèle Printz
a également estimé qu'il
était important d'assurer la pérennité de l'Ordre de la
Libération au-delà de la disparition des Compagnons, personnes
physiques. Elle a indiqué que son groupe approuvait totalement ce projet
de loi.
En réponse à M. Guy Fischer,
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur,
a précisé que le budget de l'Ordre de la
Libération était rattaché à celui du
ministère de la justice et que la loi de finances initiale pour 1999
prévoyait une augmentation substantielle des crédits, de
près d'un million de francs.
Puis la commission a abordé l'examen des articles.
A l'article 2
(missions du Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération "), elle a adopté un
amendement visant à étendre aux Médaillés de la
Résistance française la mission de mémoire de l'Ordre de
la Libération ainsi qu'un amendement rédactionnel.
A l'article 4
(présidence du Conseil national), la
commission a adopté un amendement précisant que la
présidence visée par cet article était celle du conseil
d'administration du Conseil national.
A l'article 7
(service de la Médaille de la
Résistance française), la commission a adopté un
amendement rédactionnel.
A l'article 10
(entrée en vigueur de la loi), elle a
également adopté un amendement rédactionnel.
Puis la commission a
approuvé à l'unanimité le projet
de loi ainsi amendé
.
M. Jean Delaneau, président
, a insisté sur le
caractère très consensuel de ce texte et il a fait part de son
souhait que l'Assemblée nationale puisse, en deuxième lecture,
adopter conforme le projet voté par le Sénat.
EXPOSE GENERAL
Mesdames, Messieurs,
"
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française
ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas
". C'est par
ces mots que le Général de Gaulle a conclu, le 18 juin 1940,
son
Appel à tous les Français
. Cette exigence conserve
aujourd'hui encore toute son actualité et c'est dans cette perspective
que s'inscrit le présent projet de loi.
Créé en novembre 1940, l'Ordre de la Libération avait
à l'origine vocation à récompenser ceux qui
s'étaient tout particulièrement distingués dans l'oeuvre
de la Libération. 1.036 hommes et femmes, 5 communes et
18 unités combattantes ont ainsi obtenu la Croix de la
Libération. La mission de l'Ordre a ensuite progressivement
évolué. L'Ordre, devenu le "
symbole de la
Libération
" selon l'expression d'André Malraux, est
désormais le gardien de la mémoire de la Libération et de
l'esprit de la Résistance.
Mais, fragilisée par la disparition progressive des Compagnons de la
Libération, la pérennité de l'Ordre est aujourd'hui
menacée. L'extinction de l'Ordre semble pourtant inacceptable tant
celui-ci incarne la mémoire de la Libération et de la
Résistance.
Le présent projet de loi vise précisément à
garantir la pérennité de l'Ordre et à confirmer sa mission
de gardien de la mémoire de cette période à la fois
tragique et glorieuse de l'histoire de notre pays.
Elaboré en étroite concertation avec la chancellerie de l'Ordre,
déposé à deux reprises et dans les mêmes termes par
deux gouvernements différents sur le bureau de l'Assemblée
nationale en avril puis en juin 1997, adopté à l'unanimité
à l'Assemblée nationale en première lecture en
décembre 1998, ce texte consensuel participe au " devoir de
mémoire ". Il repose sur une logique à la fois simple et
cohérente : il s'agit d'assurer l'avenir de l'Ordre en le structurant
autour d'une nouvelle architecture institutionnelle stable, fondée sur
les seuls Compagnons de la Libération dont la permanence est garantie :
les cinq communes (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors, Ile-de-Sein).
Il propose ainsi de créer un nouvel établissement public national
à caractère administratif, le Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération ", qui succédera à
l'actuel Conseil de l'Ordre.
Evoquant les Compagnons de la Libération morts pour la Libération
de la France, le Général de Gaulle écrivait, en 1961 :
"
votre pensée fut, naguère, la douceur de nos deuils.
Votre exemple est, aujourd'hui, la raison de notre fierté. Votre gloire
sera, pour jamais, la compagne de notre espérance
". Ce sont ce
passé, ce présent et cet avenir dont sera dépositaire le
futur Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération ".
I. LE PASSÉ : UN ORDRE EXEMPLAIRE
Exemplaire, l'Ordre de la Libération l'est tout autant par ses origines à la fois tragiques et glorieuses que par l'engagement de ses membres, qui symbolisent aujourd'hui l'oeuvre de la Libération et l'esprit de la Résistance.
A. UNE NAISSANCE " AU MOMENT LE PLUS GRAVE DE L'HISTOIRE DE FRANCE "
1. Une création étroitement associée aux débuts de la France Libre
Dans ses
Mémoires de Guerre
1(
*
)
,
le
Général de Gaulle décrit ses préoccupations
à son arrivée à Londres en juin 1940. "
Devant le
vide effrayant du renoncement général, ma mission m'apparut, d'un
seul coup, claire et terrible. En ce moment, le pire de son histoire,
c'était à moi d'assumer la France. Mais il n'y a pas de France
sans épée. Constituer une force de combat, cela importait avant
tout. "
Les difficultés étaient pourtant énormes.
Le Général de Gaulle le reconnaissait le premier :
" Huit
jours après mon appel du 18 juin, le nombre de volontaires campés
dans la salle de l'Olympia, que les Anglais nous avait prêtée, ne
se montait qu'à quelques centaines. "
Dans ces circonstances tragiques, il apparaissait prioritaire de rallier des
combattants aux troupes naissantes de la Résistance extérieure et
de fonder le cadre structuré de la France Libre. C'est dans ce contexte
que le Général de Gaulle conçut pour la première
fois l'idée de créer l'Ordre de la Libération. L'Ordre
devait en effet à la fois distinguer ceux qui, au nom d'immenses
sacrifices et par des actions exemplaires, risquaient leur vie pour la
Libération de la France et symboliser la constitution progressive de la
France Libre comme seule incarnation légitime de la France.
La naissance de l'Ordre de la Libération se dessine alors
progressivement.
Le Général de Gaulle envisage d'abord la création d'une
décoration spéciale, se distinguant de la Légion d'honneur
par son objet bien spécifique : la Libération de la France.
Ainsi, à Fort-Lamy, en octobre 1940, il déclarait :
" Notre entreprise est hérissée de difficultés.
Les Français seront lents à nous rallier... Je suis
décidé à créer un insigne nouveau face à
l'imprévisible conjoncture. Il récompensera ceux des nôtres
qui se seront signalés dans cette haute et âpre campagne, pour la
libération de la France. "
Le 15 novembre 1940, dans un télégramme adressé de
Brazzaville au Colonel Fontaine, de Gaulle évoque pour la
première fois un Ordre de la Libération et non plus une simple
marque de reconnaissance spécifique :
" J'ai
décidé de créer un ordre ayant pour titre
" Ordre
de la Libération "
avec, comme décoration, la Croix de
la Libération ; les titulaires de cet ordre porteront le titre de
" Croisés de la Libération ".
L'intention de cet
Ordre est de reconnaître les services des militaires et des civils qui
ont rendu des services distingués à la cause de la
libération de la France. L'opportunité de la création de
cette distinction ne vous échappera pas. Elle s'est imposée
à la suite des événements du Gabon où il y a de
nombreux officiers et hommes qui se sont distingués par des actions
remarquables. "
Le lendemain, le 16 novembre 1940, il signe l'ordonnance n° 7
créant l'Ordre de la Libération. C'est sur la suggestion du
Général de Larminat que le terme " croisé " fut,
en définitive, remplacé par celui de
" compagnon ".
2. Les fondements juridiques de l'Ordre
La
création de l'Ordre de la Libération repose sur trois textes
fondateurs
2(
*
)
: l'ordonnance n° 7 du 16
octobre 1940 créant l'Ordre de la Libération, le décret du
29 janvier 1941 réglant l'organisation de l'Ordre de la
Libération, l'arrêté du 1
er
août 1941
relatif à la remise et au port de la Croix de la Libération.
Ces textes fixent les conditions d'admission dans l'Ordre et de son
organisation et témoignent de sa spécificité.
S'agissant des conditions d'admission dans l'Ordre, l'article premier de
l'ordonnance du 16 novembre 1940 précise que cet
" Ordre est
destiné à récompenser les personnes ou les
collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans
l'oeuvre de libération de la France et de son Empire ".
L'admission se fait donc exclusivement en fonction du mérite personnel
et n'exige le respect d'aucun critère fondé sur la
nationalité ou le statut militaire. L'article 3 indique que l'admission
dans l'Ordre est prononcée par le Chef des Français Libres. Le
décret du 29 janvier 1941 précise cependant que le Conseil de
l'Ordre émet un avis sur toute admission.
S'agissant de l'organisation de l'Ordre, celle-ci repose sur un Conseil de
l'Ordre créé par le décret du 29 janvier 1941.
Présidé par le chef des Français Libres -le
Général de Gaulle sera d'ailleurs le seul Grand-Maître de
l'Ordre-, il maintient la discipline de l'Ordre et émet un avis sur les
admissions. L'Ordre a également la particularité d'être un
ordre égalitaire : il n'existe pas de grade et donc pas de
hiérarchie entre les titulaires de la Croix de la Libération.
S'agissant de la Croix de la Libération, ces textes déterminent
enfin sa forme et les conditions de sa remise. La Croix est constituée
d'un écu, portant un glaive surchargé d'une croix de Lorraine
avec, au revers, inscrit en exergue, la devise
" Patriam servando
victoriam tulit "
(En servant la Patrie, il apporte la victoire). Le
ruban de moire verte et noire symbolise le deuil et l'espérance. La
remise de la Croix se fait au cours d'une prise d'armes et les termes
employés sont les suivants :
" Nous vous reconnaissons comme
notre Compagnon pour la Libération de la France, dans l'honneur et pour
la victoire ".
Ces textes définissent ainsi un cadre très solennel pour l'Ordre
de la Libération, correspondant finalement à la mission
assignée à celui-ci : assurer une reconnaissance pour tous ceux
qui se sont particulièrement distingués dans la Libération
de la France.
B. UNE HISTOIRE SYMBOLE DU COMBAT POUR LA LIBÉRATION DE LA FRANCE
Si la création de l'Ordre témoigne du contexte de naissance de la France Libre, son histoire de 1940 à 1946 symbolise la marche à la fois glorieuse et dramatique vers la libération de notre pays.
1. Les Compagnons, ceux " qui se sont signalés dans l'oeuvre de libération de la France "
La
mission de l'Ordre est, historiquement, une mission de reconnaissance. Il n'est
donc pas étonnant que l'exercice de cette mission reflète au plus
près les épisodes et les itinéraires les plus symboliques
de l'oeuvre de la libération. Au-delà des parcours individuels,
l'Ordre témoigne d'une aspiration commune.
De 1941 à 1946, date de la fin de l'attribution de la Croix,
1.059 Croix de la Libération ont été
attribuées. Le nombre limité de Compagnons ne fait alors que
souligner leur valeur exemplaire.
1.036 sont des hommes et femmes
3(
*
)
. La
plupart d'entre eux le sont au titre de la France Libre. Plusieurs
étrangers furent également faits Compagnons, comme le
Général Dwight Eisenhower, Sir Winston Churchill ou le roi George
V. Les cinq premiers compagnons de la Libération, nommés par le
décret du 29 janvier 1941, sont le Capitaine de Vaisseau Thierry
d'Argenlieu, le Gouverneur Général Eboué, le lieutenant
d'Ollonde, l'officier de la Marine Marchande Popieul et l'adjudant aviateur
Bouquillard.
André Malraux, dans un texte célèbre sur les
Compagnons
4(
*
)
, les définissait par trois
traits principaux : l'espoir, l'engagement volontaire, le
témoignage.
"
1 - Aux pires jours de la défaite, ils n'ont pas
perdu Confiance en la France. Et dès qu'ils ont repris le combat ils ont
entendu assumer la France et non former une Légion
étrangère. Ce qui était fort important. Car c'est cette
résolution d'assumer la France, qui a permis l'unité des Forces
françaises libres et de la Résistance de Leclerc et de Jean
Moulin.
2 - Ils étaient des Volontaires, et se séparent ainsi
de leurs grands prédécesseurs, les Anciens de Verdun, par exemple.
3 - Ils ont été des Témoins. Nous ne tenons pas
Bir-Hakeim pour Austerlitz. Mais Bir-Hakeim, comme le premier combat de Jeanne
d'Arc à Orléans, a été la preuve que la France
n'était pas morte.
"
Sur les 1.036 Compagnons, 238 d'entre eux ne reçurent leur insigne
qu'à titre posthume. Le Général de Gaulle a souvent rendu
hommage à leur mémoire. Ainsi, en préface au
Mémorial des Compagnons de la Libération
(1961), il
écrivait :
" Soldats tombés dans les déserts, les
montagnes ou les plaines ; marins noyés que bercent pour toujours
les vagues de l'océan ; aviateurs précipités du ciel pour
être brisés sur la terre ; combattants de la Résistance
tués aux maquis et aux poteaux d'exécution ; vous tous qui,
à votre dernier souffle, avez mêlé le nom de la France,
c'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort,
cimenté les résolutions... Vous avez pris la tête de
l'immense et magnifique cohorte des fils et des filles de la France qui ont,
dans les épreuves, attesté sa grandeur. "
18 unités combattantes de la France
Libre
1
furent également élevées au rang de Compagnon de la
Libération : 10 de l'armée de terre, 3 de la marine et 5 de
l'armée de l'air.
Cinq
communes
1
se sont enfin vu attribuer le titre de
Compagnon de la Libération : Nantes, Grenoble, Paris,
Vassieux-en-Vercors et l'Ile-de-Sein. Les décrets d'attribution de la
Croix de la Libération précisent les motifs pour lesquels ces
communes ont été distinguées.
Ainsi, Nantes
" Ville héroïque qui, depuis le crime de la
capitulation a opposé une résistance acharnée à
toute forme de collaboration avec l'ennemi. Occupée par les troupes
allemandes et soumise aux plus dures mesures d'oppression, a donné aux
Français, par de nombreuses actions individuelles et collectives, un
magnifique exemple de courage et de fidélité. Par le sang de ses
enfants martyrs, vient d'attester devant le monde entier la volonté
française de libération nationale ".
De même, Grenoble,
" Ville héroïque à la
pointe de la résistance française et du combat pour la
Libération. Dressée dans sa fierté, livre à
l'Allemand, malgré ses deuils et ses souffrances, malgré
l'arrestation et le massacre des meilleurs de ses fils, une lutte
acharnée de tous les instants (...). "
Paris,
" Capitale fidèle à elle-même et à la
France, a manifesté, sous l'occupation et l'oppression ennemies, et en
dépit des voix d'abandon et de trahison, sa résolution
inébranlable de combattre et de vaincre. Par son courage en
présence de l'envahisseur et par l'énergie indomptable avec
laquelle elle supporta les plus cruelles épreuves, a
mérité de rester l'exemple pour la Nation tout entière
(...). "
Vassieux-en-Vercors,
" Village du Vercors (...), grâce au
patriotisme de ses habitants, s'est totalement sacrifié pour la cause de
la Résistance française en 1944 (...). "
Enfin, l'Ile-de-Sein,
" Devant l'invasion ennemie, s'est refusée
à abandonner le champ de bataille qui était le sien : la mer.
Elle a envoyé tous ses enfants au combat sous le pavillon de la France
libre devenant ainsi l'exemple et le symbole de la Bretagne tout
entière. "
2. L'Ordre, " chevalerie exceptionnelle "
Le jour
où lui fut officiellement remis, des mains du Chancelier Georges Thierry
d'Argenlieu, le collier de Grand-Maître de l'Ordre de la
Libération, le 31 août 1947, le Général de Gaulle
devait déclarer :
" Je ne voulais pour rien au monde
négliger l'occasion qui m'était donnée, de rendre hommage
à l'Ordre. Cette chevalerie exceptionnelle, créée au
moment le plus grave de l'histoire de France, fidèle à
elle-même, solidaire dans le sacrifice et dans la lutte. "
Le prestige incomparable de l'Ordre tient aux conditions de sa création,
à la valeur exemplaire de ses membres mais aussi au nombre très
restreint de ses membres.
Soucieux de mieux prendre en compte la Résistance intérieure, de
maintenir le caractère resserré de l'Ordre et d'offrir d'autres
formes de reconnaissance à ceux qui ont risqué leur vie pour la
Libération de la France, le Général de Gaulle a, le 9
février 1943, créé la Médaille de la
Résistance française.
La médaille de la Résistance Française
A
Londres, par ordonnance n° 42 et par décret n° 774 du 9
février 1943, le Général de Gaulle institue la
Médaille de la Résistance Française, destinée
à
" reconnaître les actes remarquables de foi et de
courage qui, en France, dans l'Empire et à l'étranger, auront
contribué à la Résistance du peuple français contre
l'ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ".
L'ordonnance du 7 janvier 1944 précise qu'il s'agit des personnes ou
collectivités françaises qui ont :
" 1. pris une part spécialement active depuis le 18 juin
1940 à la Résistance contre les puissances de l'Axe et leurs
complices sur le sol français ou en territoire relevant de la
souveraineté française,
" 2. pris une part effective importante au ralliement de territoires
français ou rendu des services signalés dans l'effort de guerre
de ces territoires,
" 3. joué un rôle éminent à
l'étranger dans la propagande et dans l'action des organisations
destinées à grouper et à soutenir les efforts de la
Résistance,
" 4. rallié les troupes, les navires ou les avions dans des
conditions exceptionnelles de difficultés ou de dangers,
" 5. rejoint les Forces Françaises en guerre dans des
conditions particulièrement dangereuses et méritantes. "
Cette ordonnance a été complétée par l'ordonnance
du 2 novembre 1945 qui a créé la Médaille de la
Résistance avec rosette dont les titulaires recevaient le titre
d'Officier de la Résistance (4.345, soit environ 10 % du chiffre
total d'attribution).
La médaille en bronze porte à l'avers un bouclier frappé
de la Croix de Lorraine avec, en exergue,
" 18 juin 1940 "
et
au revers
" Patria non Immemor ".
Le ruban est noir,
traversé verticalement par des bandes rouges.
Les Médaillés de la Résistance Française, au nombre
de 43.000 environ, dont 19.000 à titre posthume, groupent les plus
méritants des membres des Forces Françaises Libres, des Forces
Françaises Combattantes et des Forces Françaises de
l'Intérieur. Parmi eux, 10 % de femmes et 55 collectivités.
La Commission nationale de la Médaille de la Résistance
Française, créée par ordonnance du 7 janvier 1944 et
présidée par le Chancelier de l'Ordre de la Libération,
assure la discipline des Médaillés.
Garants du souvenir, en 1986, un pacte d'amitié liait les 17 communes
médaillées de la Résistance. Cette relation
privilégiée est désormais institutionnalisée dans
le Comité national des collectivités territoriales
médaillées de la Résistance française, qui comprend
:
- Béthincourt, dans la Meuse,
- Brest, dans le Finistère,
- Caniac, dans le Lot,
- Caen, dans le Calvados,
- La Chapelle-en-Vercors, dans la Drôme,
- Lyon, dans le Rhône,
- Marsoulas, en Haute-Garonne,
- Meximieux, dans l'Ain,
- Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire,
- Nantua, dans l'Ain,
- Plougasnou, dans le Finistère,
- Saint-Nizier-de-Moucherotte, dans l'Isère,
- Sein, dans le Finistère,
- Travaux-Pontsericourt, dans l'Aisne,
- Terrou, dans le Lot,
- Thones, en Haute-Savoie,
- Territoire de Nouvelle-Calédonie.
La Médaille n'est plus attribuée depuis le 31 mars 1947. Il reste
cependant possible de décerner, à titre posthume, la
Médaille à des personnes mortes pendant la guerre.
Le Général de Gaulle écrira, le 9 mai 1948 :
" La Résistance, ce fut la Défense Nationale.
" Suivant les péripéties et les conditions terribles d'une
guerre sans précédent, elle a pris toutes les formes,
rassemblé toutes les tendances, utilisé tous les sacrifices. Mais
elle fut, toujours et partout, un combat, un seul combat, pour la Patrie.
" En voici le témoignage : c'est la liste glorieuse de ses noms,
Médaillés de la Résistance, mes camarades, morts ou
vivants... "
Source : Chancellerie de l'Ordre de la Libération.
II. LE PRÉSENT : UN ORDRE ACTIF ET STRUCTURÉ, GARANT DU DEVOIR DE MÉMOIRE
La
Libération n'a pas signifié une quelconque mise en sommeil de
l'Ordre. Certes, le décret du 23 janvier 1946 a mis fin à
l'attribution de la Croix de la Libération. Mais deux ordonnances du 26
août 1944 et du 10 août 1945
5(
*
)
assurent la pérennité de l'Ordre, tout en marquant
l'évolution de sa mission.
A la mission de reconnaissance succède en effet une mission de
mémoire. Durant la guerre, l'Ordre incarnait la lutte pour la
Libération et l'esprit de Résistance. Désormais, il est
chargé de les perpétuer et d'en porter témoignage devant
les nouvelles générations. C'est le sens de l'inscription de la
crypte du Mont Valérien où un emplacement réservé
attend le dernier Compagnon : "
Nous sommes ici pour témoigner
devant l'histoire que de 1939 à 1945 ses fils ont lutté pour que
la France vive libre
".
Les nouvelles architectures institutionnelles et missions définies au
lendemain de la Libération sont encore celles qui existent
aujourd'hui.
A. L'ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE ACTUELLE
L'ordonnance du 10 août 1945 pose le principe de l'autonomie de l'Ordre et définit le cadre général de son organisation.
1. Une autonomie garantie
L'exposé des motifs de l'ordonnance du 10 août
1945
indiquait qu'"
il est donc apparu nécessaire de donner à
l'Ordre de la Libération un statut lui permettant de remplir sa mission
et d'atteindre son but
". Ce statut passe nécessairement par la
reconnaissance d'une autonomie.
Cette autonomie est assurée d'une double manière.
L'Ordre est d'abord doté de la
personnalité morale
. Cela
entraîne une série d'implications juridiques qui deviennent autant
de garanties d'autonomie. Il est ainsi appelé à prendre des
décisions exécutoires, lesquelles peuvent parfois appeler une
approbation de l'autorité de tutelle. Il possède un patrimoine
propre. Il dispose également d'un budget propre. Il peut enfin agir en
justice, en action comme en défense, pour y défendre les
intérêts de l'Ordre.
Corollaire de la personnalité morale, l'Ordre est également
doté de
l'autonomie financière
. L'Ordre possède
ainsi un budget propre dont le Chancelier est l'ordonnateur principal. Ce
budget est un budget annexe rattaché au budget du ministère de la
justice. Les crédits s'élèvent à un peu plus de 5
millions de francs en loi de finances initiale pour 1999.
2. Une institution structurée
Second
Ordre national après celui de la Légion d'honneur, l'organisation
de l'Ordre de la Libération est similaire à celle de l'Ordre de
la Légion d'honneur. L'exposé des motifs de l'ordonnance du 10
août 1945 soulignait d'ailleurs que son statut était
"
inspiré par celui de la Légion d'honneur
".
L'Ordre de la Libération repose sur deux organes aux fonctions
complémentaires.
Le
Conseil de l'Ordre
a été institué par le
décret du 29 janvier 1941. Il est chargé d'assurer la
pérennité des traditions de l'Ordre. A ce titre, il fixe les
grandes orientations de celui-ci. Il a également pour mission d'assurer
la discipline de l'Ordre.
Présidé par le Chancelier, le Conseil est exclusivement
composé de Compagnons de la Libération, qui sont nommés
par décret, pour une durée indéterminée.
Actuellement, les membres du Conseil sont au nombre de seize, mais aucun texte
ne fixe de nombre de membres. Le Conseil se réunit au moins quatre fois
par an sur convocation du Chancelier.
Le
Chancelier
, en application de l'article premier de l'ordonnance du 10
août 1945, assure l'administration de l'Ordre. L'Ordre n'ayant eu qu'un
seul Grand-Maître en la personne du Général de Gaulle, le
Chancelier est incontestablement le premier personnage de l'Ordre.
Dépositaire du Sceau de l'Ordre, il dirige les services de la
Chancellerie. Il convoque le Conseil et en prépare les séances.
Il est l'ordonnateur principal du budget. Il a seul qualité pour
représenter l'Ordre de la Libération. Il préside en outre
la Commission nationale de la Médaille de la Résistance
française.
Choisi au sein du Conseil, il est nommé, sur proposition du Conseil, par
un décret du Président de la République pour un mandat de
quatre ans renouvelable. Quatre chanceliers se sont succédé
depuis la création de l'Ordre : l'amiral Georges Thierry
d'Argenlieu (1941-1958), le général François Ingold
(1958-1962), M. Claude Hettier de Boislambert (1962-1978) et le
général d'armée Jean Simon (depuis 1978).
B. UNE ACTION RECONNUE
Si la perpétuation de la mémoire de la Libération est aujourd'hui l'action principale de l'Ordre, celui-ci attribue également un secours exceptionnel aux Compagnons de la Libération et à leurs familles et assure le service de la Médaille de la Résistance française.
1. La perpétuation de la mémoire de la Libération
L'action
en faveur de la mémoire donne lieu à des initiatives
variées de l'Ordre. Ces initiatives visent aussi bien à
sensibiliser le public et notamment les jeunes générations,
qu'à conserver et à entretenir le patrimoine historique que
constitue l'Ordre.
L'Ordre participe ainsi à l'organisation de nombreuses
cérémonies commémoratives
. La plus importante est
évidemment celle organisée tous les 18 juin au Mont
Valérien pour commémorer l'"
Appel à tous les
Français
". Cette commémoration très solennelle
se double de très nombreuses cérémonies
commémoratives, notamment en liaison avec les cinq communes Compagnon de
la Libération et les unités combattantes titulaires de la Croix
de la Libération.
L'Ordre contribue également, soit par sa présence à
l'inauguration, soit par une participation à l'organisation, à
diverses
expositions ou colloques
tant en France qu'à
l'étranger (Congo-Brazzaville, Grande-Bretagne, Belgique,
Norvège). Dans cette perspective, l'Ordre s'attache tout
particulièrement à une action vers les plus jeunes.
Depuis 1970, l'action en faveur de la mémoire s'incarne aussi dans le
Musée de l'Ordre de la Libération
. Imaginé
dès 1954, le Musée fut inauguré en 1970. D'une richesse
exceptionnelle, les collections comportant plus de 3.400 pièces. Le
Musée reçoit en moyenne 400 visiteurs par jour, dont une
très forte proportion de jeunes scolarisés.
L'Ordre ouvre enfin un très large accès à ses
archives
. Une salle de documentation est ainsi ouverte à un
public de chercheurs et d'étudiants.
2. Une fonction d'aide morale et matérielle
L'ordonnance du 26 août 1944 a chargé l'Ordre de
la
Libération d'attribuer "
aux Compagnons de la Libération,
ainsi qu'à leurs veuves, orphelins ou ascendants, les secours
nécessaires qui pourraient leur être
nécessaires
". Cette mission a été
ultérieurement étendue aux Médaillés de la
Résistance française.
Cette action reste aujourd'hui encore bien souvent nécessaire. Ainsi, en
1997, l'Ordre de la Libération a apporté une aide
matérielle à 25 Compagnons de la Libération ou ayant
droits et à 10 Médaillés de la Résistance
française pour un montant total de 409.000 francs.
3. Le service de la Médaille de la Résistance française
En
application de l'Ordonnance du 10 août 1945, l'Ordre de la
Libération assure le service de la Médaille de la
Résistance française. Dans cette perspective, le Chancelier de
l'Ordre préside la Commission nationale de la Médaille de
Résistance française, chargé d'instruire les demandes
d'attribution.
Malgré le décret du 16 janvier 1947 qui a mis fin à
l'attribution de cette distinction, cette action garde aujourd'hui encore une
actualité car il reste possible de décerner cette
décoration à titre posthume. Quelques Médailles de la
Résistance française sont ainsi attribuées chaque
année.
III. L'AVENIR : UN PROJET DE LOI QUI ASSURE LA PÉRENNITÉ DE L'ORDRE
"
L'Ordre est un cimetière
"
déclarait André Malraux dès 1971. La disparition de
l'Ordre, qui surviendrait naturellement avec la disparition du dernier
Compagnon de la Libération, est pourtant inconcevable tant celui-ci
symbolise la mémoire de la Libération et l'esprit de la
Résistance. C'est cette image de la France, "
fidèle
à elle-même, solidaire dans le sacrifice et dans la
lutte
" selon l'expression du Général de Gaulle, qui ne
doit pas s'éteindre au moment où le dernier Compagnon rejoindra
la place qui l'attend dans la crypte du Mont Valérien.
Ce projet de loi, établi en étroite concertation avec l'Ordre,
vise précisément à assurer la pérennité de
l'Ordre au-delà de la disparition du dernier Compagnon. Il propose ainsi
la mise en place dans l'avenir d'une nouvelle architecture institutionnelle
pour l'Ordre, fondée sur les cinq communes titulaires de la Croix de la
Libération -seuls compagnons dont la permanence soit assurée-,
afin de garantir sa pérennité.
A. UN PROJET DE LOI ATTENDU ET CONSENSUEL
1. Une pérennité menacée
L'Ordre
de la Libération est inséparable de ses membres. Cela est
évident sur le plan historique, mais cela se vérifie
également sur le plan juridique. La structure de l'Ordre de la
Libération repose en effet sur deux organes : le Conseil de l'Ordre et
le Chancelier. Or, les membres du Conseil de l'Ordre et le Chancelier sont
tous, en vertu des statuts de l'Ordre, des Compagnons de la Libération.
Il en découle nécessairement qu'à l'issue de la
disparition progressive mais inexorable des Compagnons de la Libération,
la structure de l'Ordre serait dissoute et l'Ordre ne serait plus qu'une
" coquille vide ".
Au 21 janvier 1999, il ne restait que 171 Compagnons encore en vie, leur
âge moyen étant de 83 ans.
2. Une démarche consensuelle
A
l'heure où le " devoir de mémoire " apparaît de
plus en plus nécessaire, nul ne saurait se résoudre à la
disparition de l'Ordre de la Libération. Il importait donc
d'élaborer un nouveau schéma institutionnel susceptible d'assurer
la pérennité d'un Ordre si chargé de mémoire. Or,
la préparation de ce projet de loi témoigne du caractère
très consensuel de ce texte. Consensuel par son enjeu, ce projet de loi
l'est aussi par la méthode de très large concertation ayant
présidé à sa rédaction initiale.
Ce texte est l'aboutissement d'une démarche engagée depuis
plusieurs années déjà par l'Ordre de la Libération.
En avril 1996, la Chancellerie de l'Ordre a présenté un
avant-projet au ministre délégué aux anciens combattants
de l'époque, M. Pasquini. A la demande du Président de la
République, celui-ci a accepté de présenter un projet de
loi devant le Parlement. Un projet de loi, très proche des propositions
de la Chancellerie de l'Ordre, a été rédigé en
novembre 1996 et transmis au Conseil de l'Ordre qui a émis une
délibération à ce sujet. Après avis du Conseil
d'Etat, le projet a été déposé, sur le bureau de
l'Assemblée nationale le 16 avril 1997, par M. Pasquini, ministre
délégué aux anciens combattants et victimes de guerre, et
M. Toubon, Garde des Sceaux. Après la dissolution de l'Assemblée
nationale, le nouveau Gouvernement a redéposé un projet de loi
identique le 19 juin 1997. Il a été adopté à
l'unanimité par l'Assemblée nationale le 17 décembre
1998.
B. UNE NOUVELLE ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE ASSURANT L'AVENIR DE L'ORDRE
Le
présent projet de loi vise à garantir la pérennité
de l'Ordre au-delà de la disparition de ses membres. Le dispositif
proposé repose sur une
double spécificité :
- ce projet fonde l'organisation de l'Ordre sur un Conseil national des
communes " Compagnon de la Libération ", qui succédera
à l'actuel Conseil de l'Ordre ;
- l'entrée en vigueur du texte est différée jusqu'au
moment où l'organisation actuelle de l'Ordre deviendra
inopérante.
1. Une nouvelle structure institutionnelle accordant un rôle central aux cinq communes titulaires de la Croix de la Libération
Le
projet de loi propose la création d'un nouvel établissement
public national à caractère administratif -le Conseil national
des communes " Compagnon de la Libération "- qui sera
chargé de succéder à l'actuel Conseil de l'Ordre afin
d'assurer la pérennité de l'Ordre. La logique du dispositif
proposé est à la fois claire et cohérente : il s'agit de
fonder l'avenir de l'Ordre sur les seuls compagnons de la Libération
dont la permanence sera assurée, c'est-à-dire les cinq communes.
Il apparaissait en effet difficile d'intégrer les unités
combattantes " Compagnon de la Libération " dans le futur
Conseil national. Certaines sont d'ores et déjà dissoutes et le
mouvement actuel de restructuration des armées ne permet pas de garantir
la pérennité des autres. Les unités combattantes seront
toutefois associées à la mission de mémoire du Conseil
national.
Un tel dispositif permettra alors de garantir une continuité dans la
mémoire et l'architecture institutionnelle de l'Ordre. D'une part,
l'organisation de l'Ordre reposera toujours sur des titulaires de la Croix de
la Libération. La mémoire, que l'Ordre doit tout à la fois
incarner et transmettre, sera bien celle de ces membres. D'autre part,
l'équilibre institutionnel de l'Ordre ne sera que peu modifié :
le futur Conseil national succédera au Conseil de l'Ordre dans toutes
ses attributions. Les missions de l'Ordre resteront donc inchangées et
ses modalités d'organisation et de fonctionnement seront très
proches de celles existant actuellement.
L'équilibre du texte proposé témoigne de cette
continuité. L'article premier crée le futur Conseil national,
qu'il place sous la tutelle du garde des Sceaux, ministre de la justice. Les
articles 2 à 9 précisent les missions, l'organisation et le
fonctionnement de ce nouvel établissement public. Ils ne font donc que
reprendre et parfois adapter, dans la loi, les dispositions déjà
existantes en ces trois domaines.
Les
missions
du futur conseil national énumérées
à
l'article 2
du projet de loi correspondent aux missions
actuellement assurées par le Conseil de l'Ordre. Ces missions sont au
nombre de cinq : assurer la pérennité des traditions de l'Ordre
et porter témoignage devant les générations futures,
mettre en oeuvre des initiatives pédagogiques, muséographiques ou
culturelles afin de conserver la mémoire de l'Ordre, veiller sur le
Musée et sur les archives de l'Ordre, organiser les
cérémonies commémoratives de l'appel du 18 juin et de
la mort du Général de Gaulle, participer à l'aide morale
et matérielle aux Compagnons et à leur femme et leurs enfants.
Par ailleurs,
l'article 7
du projet de loi précise que le Conseil
national assure le service de la Médaille de la Résistance.
Sur proposition de son rapporteur, l'Assemblée nationale a adopté
un amendement précisant que les médaillés de la
Résistance pourront également bénéficier de l'aide
morale et matérielle du Conseil national. Votre commission estime
également légitime que le projet de loi contienne une telle
disposition dans la mesure où cette aide est actuellement l'une des
missions de l'Ordre de la Libération.
Dans le même esprit, et à des fins d'équilibre, votre
commission vous propose un
amendement
étendant aux
Médaillés de la Résistance française la mission de
mémoire du futur Conseil national. Elle considère en effet que
les médaillés de la Résistance ne peuvent pas être
associés à la seule mission sociale du futur Conseil national.
Dans la mesure où ils symbolisent aussi la mémoire exemplaire de
la Libération et de la Résistance, le futur Conseil national
devra également s'attacher à conserver leur mémoire.
S'agissant de
l'organisation et du fonctionnement
du futur Conseil
national, le texte prévoit que le conseil d'administration du Conseil se
compose des personnes physiques titulaires de la Croix de la Libération,
des maires en exercice des cinq communes " Compagnon de la
Libération " et d'un délégué national. A
terme, le Conseil ne devrait donc réunir que six membres : les cinq
maires et le délégué national. Le
délégué national, qui succédera à l'actuel
chancelier, sera nommé par décret du Président de la
République après avis des membres du conseil (
article 3
).
La présidence du Conseil national sera assurée conjointement par
l'un des maires, ceux-ci se succédant chaque année, et par le
délégué national (
article 4
). Votre commission vous
propose d'adopter un
amendement
précisant que la
présidence visée à l'article 4 est celle du Conseil
d'administration.
Les fonctions du conseil d'administration et du délégué
national sont précisées aux
articles 5 et 6
. Le conseil
d'administration, organe délibérant, fixe les grandes
orientations, vote le budget et approuve les comptes. Le
délégué national, organe exécutif, dispose du
pouvoir administratif et financier.
L'article 8
détermine les
ressources du conseil national.
L'article 9
soumet le Conseil
national au contrôle administratif et financier.
Le schéma institutionnel prévu apparaît donc très
cohérent. Votre commission observe en outre qu'il est loin d'être
une création
ex nihilo
. Il s'appuie au contraire sur une
expérience qui a su faire la preuve de son dynamisme
. Ce
schéma fait reposer très largement l'avenir de l'Ordre sur les
cinq communes " Compagnon de la Libération ". Or, celles-ci,
regroupées au sein d'une association, sont déjà
très actives. Elles organisent successivement l'assemblée
générale du Conseil de l'Ordre et prennent de nombreuses
initiatives dans le cadre de la politique de mémoire de la
Libération et de la Résistance. En ce sens, le projet de loi ne
fait finalement qu'institutionnaliser le rôle moteur joué par les
communes dans la vie de l'Ordre.
2. Une entrée en vigueur différée
La
seconde spécificité du projet de loi concerne les
modalités d'entrée en application du futur schéma
institutionnel. L'entrée en vigueur du texte est en effet
différée jusqu'au moment où l'organisation actuelle de
l'Ordre ne sera plus en mesure d'assurer son fonctionnement régulier.
Là encore, il s'agit d'assurer une continuité entre le
système existant et le dispositif futur.
L'article 10
du projet prévoit que la loi entrera en application
au moment où l'actuel Conseil de l'Ordre ne pourra plus,
matériellement, réunir 15 Compagnons de la
Libération. La Chancellerie de l'Ordre estime qu'un tel fait constitutif
pourrait survenir d'ici une dizaine d'années.
En première lecture, L'Assemblée nationale a, sur proposition de
son rapporteur, adopté un amendement à l'article 10. Sans
modifier le sens de l'article, cet amendement a supprimé l'exigence
initiale d'un décret du Président de la République pour
fixer la date d'entrée en vigueur de la présente loi. En
revanche, cet amendement prévoit qu'un décret du Président
de la République nommera le Chancelier de l'Ordre en exercice
délégué national afin d'officialiser par un acte le
changement de statut institutionnel de l'Ordre de la Libération, tout en
assurant la continuité de son fonctionnement.
*
* *
L'Ordre
de la Libération était, pour André Malraux, "
le
symbole de la Libération
". Le présent projet de loi
permettra à l'Ordre, dont la pérennité est aujourd'hui
menacée, de perdurer et de continuer à assurer, dans l'avenir, sa
vocation de gardien de la mémoire de la Libération et de la
Résistance.
C'est à l'unanimité que votre commission a
décidé de vous proposer d'adopter le présent projet de
loi.
EXAMEN DES ARTICLES
Article premier
Création du Conseil national
des communes
" Compagnon de la
Libération "
Cet
article crée un nouveau Conseil national des communes " Compagnon
de la Libération ", afin d'assurer la pérennité de
l'Ordre de la Libération en garantissant le maintien d'une structure ad
hoc. L'Ordre de la Libération ne sera pas dissous. Seul, le Conseil de
l'Ordre sera remplacé par le Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération ".
Il est cependant prévu que la création de ce Conseil national
des communes " Compagnon de la Libération " ne soit pas
immédiate
. Le nouveau conseil succédera à l'actuel
conseil de l'Ordre de la Libération, dans les conditions fixées
à l'article 10 du présent projet de loi. Le Conseil national des
communes " Compagnon de la Libération " ne sera effectivement
mis en place qu'à partir du moment où l'actuel Conseil de l'Ordre
ne sera plus en mesure de réunir quinze membres. Il s'agit donc d'une
création différée, associée à la
réalisation à venir d'un événement constitutif
à une date indéterminée.
Cet article précise également le
statut juridique
du
Conseil national des communes " Compagnon de la Libération ".
Il s'agit d'un établissement public national à caractère
administratif. Le choix d'un tel statut, qui répond au souci de proposer
une structure administrative stable correspondant à la solennité
de l'Ordre de la Libération, a deux implications juridiques directes.
La première implication est d'ordre législatif. Le nouveau
Conseil national des communes " Compagnon de la Libération "
semble devoir constituer à lui seul une nouvelle catégorie
d'établissement public. Le Conseil Constitutionnel
6(
*
)
considère en effet que forment une même
catégorie les établissements publics dont l'activité
s'exerce territorialement sous une même tutelle et qui ont une
spécialité analogue. Or, la spécificité même
de la mission du Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération " fait qu'il n'existe aucun établissement ayant
une spécialité analogue. Le Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération " constituera donc à lui
seul une nouvelle catégorie d'établissements publics. L'article
34 de la Constitution précise que
" la loi fixe également
les règles concernant (...) la création de catégories
d'établissements publics ".
Dans ces conditions, la
création du Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération " relevait nécessairement du domaine
législatif.
Mais, si seule la loi peut créer, en vertu de l'article 34 de la
Constitution, une nouvelle catégorie d'établissements publics, la
jurisprudence du Conseil Constitutionnel
7(
*
)
précise également que
" le législateur est seul
compétent pour fixer ses règles de création, lesquelles
comprennent nécessairement ses règles constitutives ".
Cette notion de " règles constitutives " nécessairement
fixées par la loi recouvre un certain nombre de dispositions, et
notamment les conditions de création de l'établissement public,
la détermination de sa personnalité juridique, la
définition du cadre général de sa mission, le cadre
général de son organisation et de son fonctionnement, l'extension
géographique de son activité et ses rapports avec l'Etat. Les
articles 2 à 10 du présent projet de loi constituent la
définition de ces " règles constitutives ".
La seconde implication juridique concerne le régime juridique applicable
au futur Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération ".
Le choix du statut d'établissement public
n'est pas en effet sans conséquence pratique.
Ainsi, en vertu du
principe d'autonomie, l'établissement public est doté d'un organe
délibérant et d'un organe exécutif. Il dispose d'un budget
propre et d'un patrimoine et peut agir en justice en son nom propre. De
même, en vertu du principe de rattachement, il est soumis à une
tutelle et à un contrôle. Plus largement ils entrent dans le champ
d'application du droit public, ce qui leur offre un certain nombre de
prérogatives mais les soumet également à des contraintes
spécifiques. Enfin, en vertu du principe de spécialité,
l'établissement reste cantonné dans la limite de la mission qui
lui a été assignée par son acte fondateur.
Le présent article premier précise enfin que la
tutelle
du
futur Conseil national des communes " Compagnon de la
Libération " sera exercée par le garde des sceaux, ministre
de la justice. La tutelle demeure en fait inchangée par rapport à
la situation actuelle. Depuis l'ordonnance du 10 avril 1945 portant
organisation de l'Ordre de la Libération et comme les autres ordres
nationaux, l'Ordre de la Libération est rattaché au
ministère de la justice et se voit affecté un budget annexe
rattaché pour ordre au budget de la justice.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 2
Missions du Conseil national des
communes
" Compagnon de la Libération "
Cet
article précise les missions du futur Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération ". Cinq missions sont ainsi
dévolues au futur conseil national. Votre commission observe que ces
missions recouvrent très largement les missions actuellement
exercées par le Conseil de l'Ordre. Cet article permet cependant de leur
donner, pour l'avenir, une base légale dans la mesure où les
missions actuelles de l'Ordre de la Libération ne sont
déterminées que dans des textes à valeur
législative ou réglementaire multiples et d'origine diverse et
relèvent bien souvent de la tradition et non d'une norme juridique.
La
première mission
du futur conseil national, à
portée très générale, sera "
d'assurer la
pérennité des traditions de l'Ordre de la Libération et de
porter témoignage de cet ordre devant les générations
futures
". Il s'agit du coeur même de la mission de
mémoire. Le devoir de mémoire ne peut en effet avoir une
signification que s'il se fonde sur la rencontre des générations
futures avec un passé exemplaire. Votre commission observe que cette
mission sera exercée "
en liaison avec les unités
combattantes titulaires de la Croix de la Libération
". Les
unités " Compagnon de la Libération " ne sont pas les
oubliées de ce projet de loi. Elles sont au contraire pleinement
associées à la mission centrale du Conseil national.
Les troisième, quatrième et cinquième alinéas du
présent article déterminent, de manière plus
concrète, les conditions de mise en oeuvre de cette mission de
mémoire comme autant de missions dévolues au Conseil national.
La
seconde mission
consiste dans la mise en oeuvre de "
toutes
les initiatives
" jugées utiles par le Conseil
"
dans les domaines pédagogique, muséographique ou
culturel ".
Cette mission recouvre les initiatives déjà
prises par l'Ordre de la Libération depuis de nombreuses années.
Ainsi, la Chancellerie de l'Ordre organise des conférences sur l'Ordre
de la Libération et sur les Compagnons de la Libération. Elle
assure également l'ouverture à un public de chercheurs et
d'étudiants d'une salle de documentation qui comprend plus de 3.000
ouvrages. Elle accueille chaque année des lauréats du Concours
national de la Résistance et de la Déportation. Elle organise
régulièrement des visites guidées pour les groupes
scolaires ou associatifs. Elle assure enfin la publication et la diffusion
d'ouvrages de références tels le
Mémorial des
Compagnons de la Libération
(1961) ou le
catalogue du
Musée de l'Ordre de la Libération
(1990). Toutes ces
initiatives correspondent à l'objectif de "
conservation de la
mémoire de l'Ordre de la Libération
". Votre commission,
reconnaissant l'impact des actions déjà accomplies, ne peut que
souhaiter la poursuite de telles initiatives.
La
troisième mission
est celle "
de veiller sur le
Musée de l'Ordre de la Libération et de le maintenir, ainsi que
les archives de l'Ordre
". Créé en 1970 par le
chancelier Claude Hettier de Boislambert, le
Musée de l'Ordre
abrite une collection exceptionnelle. Les quelque 3.400 pièces du
musée proviennent exclusivement de dons provenant des Compagnons de la
Libération, de leurs familles ou de Résistants et Français
libres. Il compte notamment quelques pièces uniques comme le manuscrit
de "
l'Appel à tous les Français
" ou le collier
du Grand Maître de l'Ordre de la Libération. Véritable
gardien de la mémoire de l'Ordre, le Musée accueille
quotidiennement en moyenne 400 visiteurs. Les
archives
sont
également d'une richesse remarquable. Elles comportent notamment un
dossier individuel pour chaque compagnon, comprenant l'extrait de décret
attribuant la Croix de la Libération, des renseignements biographiques,
la correspondance échangée avec l'Ordre et bien souvent de
nombreux documents ou témoignages. Elles comportent également une
très riche collection photographique ainsi que les documents internes de
l'Ordre (statuts, règlements, comptes-rendus des séances du
conseil). Le musée et les archives, par leur richesse et leur
intérêt historique, constituent une part du patrimoine de la
nation et méritent incontestablement une attention toute
particulière.
La
quatrième mission
est l'organisation des
cérémonies commémoratives de l'Appel du 18 juin et de la
mort du Général de Gaulle. Les cérémonies
commémoratives constituent l'une des activités principales et les
plus visibles du Conseil de l'Ordre. Outre la très solennelle
cérémonie du 18 juin au Mont Valérien, en
présence du Président de la République, l'Ordre organise
et participe à de nombreuses cérémonies aussi bien en
France qu'à l'étranger (Congo-Brazzaville, Grande-Bretagne,
Belgique, Norvège). Il organise notamment des cérémonies
commémoratives en liaison avec les cinq communes " Compagnon de la
Libération ". Cette fonction commémorative doit bien entendu
être poursuivie car elle participe en premier chef à l'entretien
de la mémoire de la Libération et de l'esprit de la
Résistance.
Enfin, la
cinquième mission
est la participation à
"
l'aide morale et matérielle aux Compagnons de la
Libération, aux médaillés de la Résistance et
à leurs veuves et enfants
". Instituée par l'ordonnance
du 26 août 1944, cette mission de secours n'a en rien perdu de sa
nécessité. Ainsi, en 1997, l'Ordre de la Libération a
apporté une aide matérielle à 25 Compagnons ou ayants
droit et à 10 médaillés de la Résistance
française ou ayants droit pour un montant global de 409.000 francs.
Cette fonction ne doit pas disparaître car tous les Compagnons de la
Libération et médaillés de la Résistance
française ne sont pas éligibles à l'action sociale de
l'Office National des Anciens Combattants dans la mesure où beaucoup
d'entre eux sont issus de la Résistance intérieure ou
extérieure et non des rangs militaires.
En première lecture, l'Assemblée nationale a adopté, sur
proposition de son rapporteur, un amendement étendant cette mission. La
rédaction initiale du texte limitait en effet l'aide morale et
matérielle aux seules veuves et enfants des Compagnons de la
Libération. La nouvelle rédaction l'étend aux Compagnons
de la Libération car il restera des compagnons en vie au moment de
l'entrée en vigueur de la loi. Elle l'étend également aux
médaillés de la Résistance française qui
bénéficient actuellement du secours de l'Ordre de la
Libération et qui ne doivent pas être oubliés par le
présent texte.
Votre commission, qui ne peut qu'approuver la modification introduite par
l'Assemblée nationale, estime cependant que les médaillés
de la Résistance ne peuvent pas être uniquement associés
à la mission sociale du futur conseil national.
C'est pourquoi, par
souci d'équilibre, votre commission vous propose d'adopter un amendement
étendant la mission de mémoire prévue au troisième
alinéa de cet article aux médaillés de la
Résistance française.
Votre commission vous propose également d'adopter un
amendement
rédactionnel visant à rétablir l'appellation officielle de
la médaille de la Résistance française.
Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi
amendé.
Art. 3
Composition du Conseil d'administration du
Conseil national
Cet
article définit
l'organisation du futur conseil national
en
prévoyant qu'un conseil d'administration soit l'organe
délibérant de l'établissement public. Il faut d'ailleurs
observer que la plupart des établissements publics nationaux à
caractère administratif comportent aujourd'hui un conseil
d'administration. La structure retenue pour le futur conseil national est donc
classique.
Cet article précise également la
composition de ce conseil
d'administration
. Trois séries de membres sont prévues : les
maires en exercice des cinq communes " Compagnons de la Libération,
les personnes physiques titulaires de la Croix de la Libération, soit 14
personnes au maximum à la date d'entrée en vigueur de la loi et
le délégué national, successeur de l'actuel chancelier.
Cette composition apporte une innovation substantielle par rapport à
l'actuel Conseil de l'Ordre de la Libération. Ne sont en effet membres
de celui-ci que les personnes physiques titulaires de la Croix de la
Libération nommées par décret. Le présent texte
ouvre donc le Conseil national aux maires des cinq communes sur lesquelles
reposera l'avenir de l'Ordre de la Libération et à un
délégué national qui ne sera pas plus, à moyen
terme, lui-même Compagnon de la Libération. L'équilibre de
l'organe délibérant de l'Ordre de la Libération est alors
profondément modifié.
Certes, au moment de l'entrée en vigueur de la loi, les personnes
physiques titulaires de la Croix de la Libération seront sans doute
encore majoritaires au sein du conseil d'administration. Mais, à terme,
du fait de la disparition progressive des Compagnons de la Libération,
le conseil d'administration ne sera plus composé que de six membres :
les cinq maires et le délégué général.
Cet article détermine enfin les
conditions de nomination du
délégué national
. Celui-ci sera nommé par
décret du Président de la République, après avis du
conseil d'administration, pour un mandat de quatre ans renouvelable plusieurs
fois. Votre commission constate que ces dispositions sont très proches
des conditions actuelles de nomination du chancelier, en application du
décret n° 62-465 du 13 avril 1962. L'article 10 du présent
projet de loi prévoit toutefois que la nomination du premier
délégué national, au moment de l'entrée en vigueur
de la loi, sera contrainte : le premier délégué national
sera le dernier chancelier de l'Ordre.
L'Assemblée nationale, sur proposition de son rapporteur, a
adopté un amendement tendant à indiquer de manière
explicite que le mandat du délégué national est
renouvelable "
plusieurs fois
". Votre commission s'interroge
sur l'utilité d'une telle modification, estimant que la rédaction
initiale n'était pas limitative.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 4
Présidence du Conseil
national
Cet
article définit un système original de coprésidence pour
le futur Conseil national. Traditionnellement en effet, dans le cas des
établissements publics nationaux, la structure de direction comprend un
président du conseil d'administration, qui est aussi président de
l'établissement public, et un directeur général. Le
système de présidence prévu par cet article est tout
autre. La présidence sera assurée conjointement par l'un des
maires en exercice, pour une durée d'une année, et par le
délégué national, pour une durée de quatre ans
égale à la durée de son mandat.
Ce système mixte repose sur une double justification. D'une part, il
était peu envisageable de ne pas associer les maires des communes
" Compagnon de la Libération " à la présidence
du Conseil national car ceux-ci incarnent en quelque sorte la
légitimité historique du conseil. D'autre part, la
nécessaire continuité de gestion de l'Ordre et la rotation rapide
des maires au poste de président exigeait également d'associer
à la présidence un acteur plus permanent : le
délégué national.
Votre commission observe d'ailleurs qu'un système de présidence
tournante pour une durée d'une année entre les cinq maires et en
association étroite avec le chancelier de l'Ordre existe
déjà au sein de l'association nationale des communes
" Compagnon de la Libération " et donne toute satisfaction.
Deux précisions complémentaires doivent être
apportées. En premier lieu, s'agissant de l'ordre d'accession des maires
à la coprésidence, les maires devraient se succéder dans
l'ordre d'ancienneté de nomination dans l'ordre : Nantes, Grenoble,
Paris, Vassieux-en-Vercors et Ile-de-Sein. En second lieu, en cas de changement
de maire au cours de la coprésidence, le maire nouvellement élu
devrait terminer le mandat commencé par son prédécesseur.
Votre commission observe cependant que la rédaction actuelle de cet
article est entachée d'une erreur matérielle. La
présidence visée à cet article n'est pas celle du conseil
national, mais celle du conseil d'administration du conseil national. Dans sa
présente rédaction, le projet de loi institue en effet un conseil
d'administration, mais ne précise pas qui le préside. Or, dans un
établissement public doté d'un conseil d'administration, le
président de l'établissement est de droit celui du conseil
d'administration. Votre commission vous propose donc d'adopter un
amendement
corrigeant cette erreur matérielle en précisant que la
présidence visée est bien celle du conseil d'administration.
Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi
amendé.
Art. 5
Fonctions du conseil d'administration du
Conseil national
Cet
article détermine les fonctions du conseil d'administration du Conseil
national. Celles-ci sont au nombre de quatre :
- il fixe les orientations de l'établissement public ;
- il arrête ses programmes ;
- il vote son budget ;
- il approuve les comptes.
Ces fonctions sont, classiquement, celles de tout conseil d'administration d'un
établissement public national à caractère administratif.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 6
Fonctions du délégué
national
Statut du personnel
Cet
article a un double objet.
Il détermine d'abord les fonctions du
délégué
national.
Outre son rôle de coprésident du conseil
d'administration, il exerce également les fonctions qui reviennent
traditionnellement au directeur général d'un établissement
public.
Ainsi, il
" prépare et exécute les
délibérations du conseil d'administration. Il représente
l'établissement en justice dans tous les actes de la vie civile. Il
prend les décisions qui ne relèvent pas de la compétence
du conseil d'administration ".
De fait, le
délégué national est alors chargé d'assurer la
représentation et la gestion du Conseil national. Les fonctions du
délégué national sont donc largement identiques à
celles exercées actuellement par le chancelier de l'Ordre.
Cet article définit également le
statut du personnel de
l'établissement public
. Il est ainsi précisé que le
délégué national sera assisté d'un
secrétaire général. Telle est actuellement la situation du
chancelier de l'Ordre. Il est également prévu que les
collaborateurs du délégué national appartiennent à
"
des corps de fonctionnaires de l'Etat ou des collectivités
locales mis à disposition ou détachés
". Cette
définition du statut ne fait en définitive que reproduire la
situation actuelle des services de l'Ordre de la Libération. Ceux-ci
sont en effet constitués aujourd'hui de 12 personnes, qui sont
toutes détachées ou mises à disposition et sont issues de
la fonction publique civile ou militaire de l'Etat. Cet article prévoit
cependant qu'ils puissent être aussi issus de la fonction publique
locale. Une telle disposition est somme toute logique dans la mesure où
les cinq communes sont appelées à jouer un rôle moteur dans
la vie de l'Ordre. En tout état de cause, les effectifs de
l'établissement public devraient à l'avenir se stabiliser au
niveau actuel, voire diminuer.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 7
Service de la médaille de la
Résistance française
Cet
article définit une nouvelle mission au futur conseil national,
au-delà des missions énumérées à l'article 2
: le service de la médaille de la Résistance française.
L'article premier de l'ordonnance du 10 avril 1945 portant organisation de
l'Ordre de la Libération a chargé celui-ci du service de la
médaille de la Résistance française. Or, si la
médaille n'est plus attribuée depuis le 31 mars 1974, il reste
exceptionnellement possible de la décerner à titre posthume
à des personnes disparues durant la guerre. 3 à 4
médailles de la Résistance sont ainsi attribuées chaque
année. La Commission nationale de la médaille de la
Résistance française, présidée par le chancelier de
l'Ordre de la Libération est ainsi chargée d'instruire les
demandes d'attribution et de veiller à la discipline des
médaillés de la Résistance.
Le présent article ne fait donc que perpétuer les relations
existantes entre l'Ordre de la Libération et les médaillés
de la Résistance française. Le futur établissement public
poursuivra le service de la médaille de la Résistance
française et le futur délégué national
succédera au chancelier de l'Ordre dans sa fonction de président
de la commission nationale de la médaille de la Résistance
française.
Dans un souci de précision, votre commission vous propose d'adopter un
amendement
rédactionnel afin de retenir l'appellation officielle
de cette commission.
Elle vous propose d'adopter cet article ainsi amendé.
Art. 8
Ressources du Conseil
national
Cet
article détermine, de manière non limitative, les ressources de
l'établissement public. Il prévoit ainsi que les ressources du
Conseil national comprennent notamment les subventions attribuées par
l'Etat et, le cas échéant, par d'autres personnes publiques, mais
aussi les dons et legs.
Il ne semble pas que les modalités de financement de l'Ordre de la
Libération doivent évoluer par la suite. Il devrait toujours
être financé par un budget annexe rattaché au budget du
ministère de la justice.
La loi de finances initiale pour 1999 fixe le montant des crédits
à un peu plus de 5 millions de francs. La hausse sensible des
crédits par rapport à 1998 tient avant tout à des travaux
de rénovation des locaux de la chancellerie.
Budget de l'Ordre de la Libération
(en francs)
|
1998 |
Mesures acquises |
Mesures nouvelles |
1999 |
Exploitation |
4.113.066 |
+ 34.432 |
+ 16.533 |
4.164.031 |
Dépenses en capital |
- |
- |
+ 850.000 |
850.000 |
Total |
4.113.066 |
+ 34.432 |
+ 866.533 |
5.014.031 |
Source : projet de loi de finances pour 1999
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 9
Contrôle du Conseil
national
Cet
article prévoit que le futur établissement public soit soumis au
contrôle administratif et financier. L'article premier du projet de loi
précisait en outre que la tutelle de l'établissement public
était exercée par le Garde des Sceaux. Une telle disposition
correspond aux règles générales de contrôle
applicables aux établissements publics nationaux à
caractère administratif.
Concrètement, les modalités de contrôle resteront
inchangées par rapport à la situation actuelle de l'Ordre de la
Libération. Depuis le 1
er
janvier 1998 en effet le
contrôle administratif et financier est assuré par un agent
comptable relevant du ministère de l'économie et des finances. En
outre, tous les actes d'engagement de dépenses (dépenses en
capital, contrats de personnel, dépenses de fonctionnement
supérieures à 10.000 francs) sont soumis au visa du
contrôleur financier du ministère de la justice.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans
modification.
Art. 10
Conditions d'entrée en vigueur de la
présente loi
Cet
article fixe les conditions d'entrée en vigueur de la loi. Ces
conditions associent à la fois la réalisation d'un fait
constitutif et d'une procédure spécifique.
Le
fait constitutif
réside dans l'incapacité du Conseil de
l'Ordre de la Libération à réunir 15 membres personnes
physiques. Cela ne signifie pas pour autant que la procédure
d'entrée en vigueur de la loi se déclenchera lorsqu'il ne restera
plus que 14 Compagnons de la Libération en vie. Mais le fait constitutif
sera réalisé lorsque le Conseil de l'Ordre ne pourra plus
réunir, matériellement, 15 membres. Il restait, au 21 janvier
1999, 171 Compagnons de la Libération. Leur moyenne d'âge
était de 83 ans. La chancellerie de l'Ordre estime que le fait
constitutif pourrait survenir d'ici une dizaine d'années.
S'agissant de la
procédure
, elle a été
profondément modifiée lors de l'examen du projet de loi en
première lecture à l'Assemblée nationale. Dans sa
rédaction initiale
, le projet de loi prévoyait que lorsque
le chancelier aurait constaté la réalisation du fait constitutif,
un décret du président de la République fixerait la date
d'entrée en vigueur de la loi.
La
rédaction adoptée à l'Assemblée
nationale
, sur proposition du rapporteur, modifie sensiblement la
procédure initialement envisagée. Il est désormais
prévu que la loi entre
automatiquement
en vigueur lorsque le
Conseil de l'Ordre ne peut plus réunir 15 membres, personnes physiques.
Le chancelier de l'Ordre de la Libération en informe le Président
de la République. L'information du Président de la
République devient alors une conséquence et non plus une
condition nécessaire de l'entrée en vigueur de la loi.
Cet article prévoit également que le chancelier en exercice
à la date de réalisation du fait constitutif devienne le premier
délégué national du Conseil national des communes
" Compagnon de la Libération " pour la durée restant
à courir de son mandat de chancelier. A l'origine, il était
prévu que ce changement de titre soit automatique. La rédaction
adoptée à l'Assemblée nationale précise que ce
changement de titre est subordonné à un décret du
président de la République. Il s'agit là d'une
compétence liée, mais ce décret vise avant tout à
marquer officiellement et solennellement le changement de titre et de fonction
du chancelier et, plus largement, la mise en place effective du conseil
national.
Votre commission vous propose d'adopter un
amendement
rédactionnel de clarification.
Elle vous propose d'adopter cet article ainsi amendé.
ANNEXES
1. LISTE DES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
1. Les Compagnons de la Libération.
2. Les villes Compagnon de la Libération.
3. Les unités Compagnon de la Libération.
2. TEXTES FONDANT ET RÉGISSANT L'ORDRE DE LA
LIBÉRATION
1. Ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération.
2. Décret du 29 janvier 1941 réglant l'organisation de l'Ordre de
la Libération.
3. Arrêté du 1
er
août 1941 relatif à la
remise et au port de la Croix de la Libération.
4. Décret n° 140 du 3 février 1942 relatif à
l'attribution de la Croix de la Libération.
5. Décret n° 765 du 17 février 1943 relatif à
l'organisation de l'Ordre de la Libération.
6. Ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la Croix de
la Libération.
7. Ordonnance du 26 août 1944 relative aux secours attribués aux
Compagnons de la Libération et à leur famille.
8. Ordonnance n° 45-1779 du 10 août 1945 portant organisation
de l'Ordre de la Libération.
9. Décret du 23 janvier 1946 mettant fin à l'attribution de la
Croix de la Libération.
3. LES VILLES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
1. Citation des villes Compagnons de la Libération.
2. Pacte d'amitié entre les villes Compagnons de la Libération
du 3 décembre 1981.
4 TEXTES DU GENERAL DE GAULLE ET D'ANDRE MALRAUX SUR LES COMPAGNONS DE
LA LIBERATION
1. Texte d'introduction du Général de Gaulle au
Mémorial des Compagnons de la Libération (1961)
2. Intervention d'André Malraux sur l'Ordre de la Libération (le
17 juin 1971)
3.
ANNEXE N° 1
-
LISTE DES COMPAGNONS DE LA
LIBÉRATION
Source : Chancellerie de l'Ordre de la Libération
LES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
AALBERG
André (RI), ABALAN Michel (FL), ABEILLE Valentin (RI), ABOULKER
José (RI), ABRAHAM Robert (FL), ADELINE Henri (RI), AGENET Alain (FL),
AHNNE Edouard (RI/FL), ALBERT Marcel (FL), ALBRECHT Berthy (RI), ALEXANDRE
Blaise (FL), ALIBERT de FALCONNET Roland (FL), ALLEGRET Emile (FL), ALLOUES
Roger (FL), AMIEL Henri (FL), AMILAKVARI Dimitri (FL), AMIOT René (FL),
AMYOT D'INVILLE Hubert (FL), ANDLAUER Louis (FL), ANDRE Gustave (RI), ANDRE
Roger (FL), ANDRIEUX Jacques (FL), ANGLADE Pierre (FL), ANQUETIL Bernard (RI),
ANTONIETTI Roméo (FL), APPERT Raymond (FL), ARAINTY Pierre (FL), ARIBAUD
Paul (RI), ARMAND Louis (RI), ARNAUD Michel (FL), ARNAULT Paul (FL), ARRIGHI
Pierre (RI/D), ARZEL François (FL), ASTIER DE LA VIGERIE (d') Henri
(RI), ASTIER DE LA VIGERIE (d') Emmanuel (RI), ASTIER DE LA VIGERIE (d')
François (FL), ASTIER DE VILLATTE Jean (FL), AUBERTIN Pierre (FL),
AUBOYNEAU Philippe (FL), AVININ Antoine (RI), AYME Fernand (FL), AYRAL Robert
(FL/RI), BABLON Gabriel (FL), BABONNEAU René (FL), BAKOS Joseph (FL),
BALLARIN Jean (FL), BALLATORE André (FL), BALLET Jacques (RI/FL),
BARBERON Bernard (FL), BARBEROT Roger (FL), BARLOT Gustave (RI/D), BASSET
Raymond (RI), BATIMENT Paul (FL), BAUCHE Jacques (FL), BAUCHERON DE BOISSOUDY
Guy (FL), BAUDEN René (FL), BAUDENOM DE LAMAZE Jacques (FL), BAUDRY
René (FL), BAUMEL Jacques (RI), BAVIERE Georges (FL), BAYROU Maurice
(FL), BAZELAIRE DE RUPPIERE Jean (FL), BEAUGE-BERUBE Henri (FL), BEAUGRAND
Pierre (FL), BECOURT-FOCH Jean (FL), BEGUIN Didier (FL), BEGUIN Louis (FL),
BEHELO Valentin (FL), BEL HADJ Mohamed (FL), BELLEC Jean (FL), BELLET Emile
(FL), BENARD Louis (FL), BENEBIG Auguste (FL), BENEVEN Henri (FL), BENEYTON
Lionel (FL), BEON Raoul (FL), BERGAMIN Alfred (FL), BERGE Georges (FL), BERGER
Jean-Pierre (FL), BERGERET André (FL), BERNARD Claude (FL), BERNARD
Pierre (FL), BERNARDINO Philippe (FL), BERNAVON Adrien (FL), BERNE Lucien (FL),
BERNHEIM Pierre (RI), BERNIER Lucien (FL), BERTAUX Pierre (RI), BERTIN Jean
(RI), BERTOLI Jean (FL), BETBEZE Alexis (FL), BETHOUART Antoine (FL), BEUCLER
Pierre (RI), BIDAULT Georges (RI), BIGO François (FL), BILLOTTE Pierre
(FL), BILLY Abel (FL), BINEAU Robert (FL), BINGEN Jacques (FL/RI), BINOCHE
François (RI), BIROT Roger (FL), BISSAGNET Antoine (RI/FL), BISSON
Arnaud (RI), BLANCHARD René (FL), BLANCHARD André (FL), BLANCHET
Pierre (FL), BLASQUEZ Jacques (FL), BLEDNICKI Sigismond (FL), BLESY Louis (RI),
BOISROUVRAY (du) Maurice (FL), BOISSIEU DEAN de LUIGNE (de) Alain (FL),
BOLIFRAUD François (FL), BOLLAERT Emile (RI/D), BOLLIER André
(RI), BOLLOT Michel (FL), BONALDI Paul (FL), BONNET Georges (FL), BONNIER
Claude (RI), BONTE Maurice (FL), BONVIN Louis (RI/FL), BOQUET François
(RI/D), BORDAS de Henri (FL), BOUBAKARI Sidiki (RI/FL), BOUCHEZ Jean (RI),
BOUCHINET-SERREULLES Claude (FL/RI), BOUDIER Michel (FL), BOULLOCHE
André (RI/D), BOUQUILLARD Henry (FL), BOURDET Claude (RI/D), BOURDIS
Jean-Jacques (FL), BOURGEOIS Henri (FL/RI), BOURGES-MAUNOURY Maurice (RI),
BOURGOIN Pierre-Louis (FL), BOURGOIN Pierre (FL), BOURRAT Augustin (FL),
BOURRET Edouard (RI), BOUTHEMY Emile (FL), BOUVIER Léon (FL), BOUVRET
René (RI), BOVIS Laurent (FL), BOYER André (RI/D), BRANET Jacques
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(FL), BRIOUX Pierre (RI), BRISDOUX GALLONI Pierre (FL), BROCHE Félix
(FL), BROSSET Diégo (FL), BROSSOLETTE Pierre (RI), BROUDIN Louis (FL),
BROUSSET Amédée (FL), BRUNEL André (FL), BRUNET DE
SAIRIGNE Gabriel (FL), BRUNSCHWIG-BORDIER Jacques (RI/D), BRUSCHI Augusto (FL),
BRUSSON Pierre (FL), BUFFET-BEAUREGARD Paul (RI), BUGEAC Martial (RI), BUIS
Georges (FL), CABANIER Georges (FL), CADEAC D'ARBAUD Jean (FL), CAILLEAUD
René (RI), CAMARET (de) Michel (FL), CAMBAS Lucien (RI), CAMERINI
Gustavo (FL), CAMORS Jean-Claude (RI), CANALE Joseph (FL), CANEPA Georges (FL),
CANTES André (FL), CAPAGORY Jean (RI), CARAGE Michel (FL),
CARCASSONNE-LEDUC Roger (RI/FL), CARRIER Jean-Claude (RI), CASILE Joseph (FL),
CASPARIUS René (FL), CASSIN René (RI), CASSOU Jean (RI),
CASTELAIN Noël (FL), CATROUX Georges (FL), CAVAILLES Jean (RI), CAZAUD
Alfred (FL), CECCALDI Roger (FL), CEDILE Jean (FL), CHABAN-DELMAS Jacques (RI),
CHABERT Julien (FL), CHAMBONNET Albert (RI), CHANCEL Jean-Louis (RI), CHANDON
Claude (RI/FL), CHARBONNEAUX Pol (FL), CHAREYRE Albert (FL), CHARMOT Guy (FL),
CHAS Henri (RI/D), CHATEAU-JOBERT Pierre-Yvon (FL), CHAULIAC Guy (FL), CHAUMET
Guy (RI), CHAUSSE Paul (FL), CHAVANAC Albert (FL), CHAVANT Eugène (RI),
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CHEVANCE-BERTIN Maurice (RI), CHEVIGNARD Bernard (RI), CHEVIGNE de Pierre (FL),
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Jean-Marie (FL), CORNIGLION-MOLINIER Edouard (RI/FL), CORTA (de) Renaud (FL),
CORTOT Louis (RI), COTTERET Henri (FL), COUDRAY Christian (FL), COUE
Hervé (FL), COULAUDON Emile (RI), COUPIGNY Jean (FL), COURNARIE Pierre
(RI/FL), COUROUNET Paul (FL), COUSSIEU Edmond (FL), CREMEL Robert (FL), CREPIN
Jean (FL), CRIVELLI Roger (RI), CROCQ René (FL), CROS
Irénée (RI), CRUGER Michel (FL), CUNIBIL Robert (FL), CUNIN
Camille (FL), DAMMANN André (FL), DANGEL Justin (FL), DARUVAR de Yves
(FL), DEBEAUMARCHE Edmond (RI/D), DEBIEZ Henri (RI), DECHELETTE Eugène
(RI), DECUGIS Raymond (RI/FL), DEFOSSE Raymond (FL), DEGAND Emile (FL),
DEGLIAME Marcel (RI), DEGLISE-FAVRE André (RI), DEHON Emile (FL),
DEJUSSIEU Pierre (RI/D), DEL FAVERO Dino (FL), DELAGE Maurice (FL), DELANGE
Raymond (FL), DELESTRAINT Charles (RI/D), DELEULE Raymond (RI), DELFAU
André (FL), DELIMAL François (RI), DELRIEU Georges (FL), DELSAUX
Fortuné (FL), DELSOL Pierre (FL), DEMOLINS Bernard (FL), DEMOZAY Jean
(FL), DENIS James (FL), DESHAYES Pierre (RI), DESMAISONS Jean (FL), DESMET
Victor (FL), DETOUCHE Lucien (FL), DETROYAT Robert (FL), DEVIGNY André
(RI), DEWAVRIN-PASSY André (FL/RI), DEWEY Jean (FL), DIAGNE Adolphe
(FL), DIEBOLD Laure (RI/D), DIFFRE Thadée (FL), DIO Louis (FL), DIVRY
Daniel (FL), DODELIER Jacques (FL), DOMENGET Joseph (FL), DOORNIK Jan (FL/RI),
DOURSAN Idrisse (FL), DREYFOUS-DUCAS Daniel (FL), DREYFUS Jean (RI), DROGOU
François (FL), DRONNE Raymond (FL), DROUILH Henri (RI), DROUOT-L'HERMINE
Jean (RI), DU PLESSIS Bertrand (FL), DUAULT Raoul (FL), DUBOIS Georges (RI/FL),
DUCHE DE BRICOURT Gaston (FL), DUCLOS Maurice (FL/RI), DUHAUTOY-SCHUFFENECKER
Joseph (FL), DULAU Jean (FL), DUMONT François (FL), DUMONT Roger (RI),
DUPERIER Bernard (FL), DUPONT René (FL), DUPUIS Louis (FL), DUPUIS
Baptiste (FL), DURAND Albert (FL), DUREAU Pierre (FL), DURRMEYER Michel (FL),
DUVAUCHELLE René (FL), EBOUE Félix (RI/FL), ECKSTEIN Hermann
(FL), EGGENSPILLER Albert (FL), EGGS Rudolf (FL), EISENHOWER Dwight, ENGELS
Constant (FL), EON Jean (FL), ESPANA Juan (FL), ESTIENNE D'ORVES (D')
Honoré (FL/RI), EVENOU Jules (FL), EZANNO Yves (FL), FARGE Yves (RI),
FARRET Henry (FL), FAUCRET Marceau (FL), FAUL Michel (FL), FAUQUET Philippe
(FL), FAURE François (RI), FAURE Marcel (FL), FAVEREAU André
(RI), FAVREAU Benjamin (FL), FAYOLLE François (FL), FELDZER Constantin
(FL), FERRANO Maurice (FL), FERRANT Louis (FL), FERRIERES DE SAUVEBOEUF Joseph
(FL), FERTET Henri (RI), FEVRE Jean (FL), FINANCE Marcel (FL), FINET Louis
(RI), FINET Pierre (FL), FITAMANT Jacques (FL), FLANDRE Paul (FL), FLAVIEN Guy
(RI/D), FLOCH Albert (FL), FLORENTIN Jacques (FL), FLURY-HERARD Louis (FL),
FOLLIOT Raphaël (FL), FOSSEY Albert (RI), FOUGERAT Henri (FL), FOUQUAT
François (RI), FOUR Claudius (RI), FOURCAUD Pierre (FL/RI), FOURNIER
Jean (FL), FOURNIER de la BARRE Louis (FL), FOURQUET Michel (FL), FOURRIER
Pierre (FL), FRANOUL Yvan (FL), FRATACCI Philippe (FL), FREMOND Pierre (FL),
FRENAY Henri (RI), FROTTIER de BAGNEUX Geoffroy (FL), FRUCHAUD Henri (FL),
FUCHS Bernard (FL), FURST Roger (FL), GABARD Pierre (FL), GAETAN Adolphe (FL),
GALLAS André (FL), GALLEY Robert (FL), GARACHE Gilbert (FL), GARBAY
Pierre (FL), GARBIT François (FL), GARDET Roger (FL), GARGUE (FL),
GARNIER Henri (RI), GAROT Jean (FL), GARY Romain (FL), GATISSOU René
(FL), GAUFFRE Paul (FL), GAUTHERON Louis (FL), GAUTHIER Gontrand (FL), GAYANT
Marcel (FL), GAYET Alain (FL), GEMAHLING Jean (RI), GENET André (FL),
GENIN René (FL), GENTIL Louis (RI/D), GEOFFROY André (FL), GEORGE
VI, GERARD-BECUWE Roger (RI), GERBERON André (FL), GERMAIN Hubert (FL),
GERVAIS René (RI), GIBERT-SEIGNEUREAU Raymond (FL), GILBERT Jean (FL),
GILLOT Xavier (FL), GIMPEL Ernest (RI/D), GINAS Emile (RI), GINS Alexandre
(FL), GIORGI Noël (FL), GIOVONI Arthur (RI), GIRARD Christian (FL), GLOS
(de) Nicolas (FL), GODEFROY Louis (RI), GODIN André (RI), GOISLARD de
MONSABERT (de) Aimé (FL), GONARD Charles (RI), GORCE-FRANKLIN Henri
(RI), GOSSET Jean (RI/D), GOUBY Robert (FL), GOUJON de THUISY Jean (FL), GOULD
William (FL), GOUMIN Georges (FL), GOUSSAULT François (FL), GOYCHMAN
Georges (FL), GOZZI Toussaint (FL), GRAND Albert (FL), GRANDVAL Gilbert (RI),
GRASSET Georges (FL), GRAVIER André (FL), GRENIER Paul (RI), GRISEY
Roger (FL), GROUT de BEAUFORT Alain (RI), GUAFFI Marcel (FL), GUEDJ Max (FL),
GUELLEC Yves (FL), GUENA Alphonse (FL), GUENON Paul (FL), GUERIN Albert (RI),
GUERIN Claude (FL), GUFFLET René (FL), GUIGONIS Gaston (FL), GUILHEMON
Pierre (RI), GUILLAIN DE BENOUVILLE Pierre (RI), GUILLAMET Roger (FL),
GUILLAUDOT Maurice (RI/D), GUILLEBON (de) Jacques (FL), GUILLON Paul (FL),
GUILLOT Marcel (FL), GUILLOT Maxime (RI), GUILLOU Auguste (FL), GUINGOIN
Georges (RI), GUYOT Jean (RI), GUYOT Marius (FL), HACKIN Joseph (FL), HACKIN
Marie (FL), HALNA du FRETAY Maurice (FL), HARCOURT (d') Emmanuel (FL), HARENT
Bernard (FL), HARTY de PIERREBOURG Olivier (RI), HASEY John (FL), HAUTECLOCQUE
(de) Pierre (FL), HAUTEFEUILLE Pierre (FL), HAUTIERE (de la) Yves (FL), HAZARD
Jacques (FL), HEBERT Bernard (FL), HEBERT Jacques (FL), HELLARD Jean (FL),
HENNEBERT Gérard (RI), HENRIO Mathurin (RI), HENRY André (FL),
HENRY Marcelle (RI/D), HERAUD Paul (RI), HERBINGER Pierre (RI), HERITIER
Georges (RI), HERS (d') Jean (RI), HERVE Robert (FL), HERVE Yves (FL), HETTIER
DE BOISLAMBERT Claude (FL), HEURTAUX Alfred (RI/D), HEYREND Jean-Marie (RI),
HIRLEMAN Jules (FL), HOUCHET Jean-Baptiste (FL), HUGO Georges (FL), HUGUET
Robert (RI), HUMIERES (d') François (RI), IBOS Paul (FL), IDOHON Albert
(RI/FL), IEHLE Pierre (FL), IMA André (FL), INGOLD Joseph (FL), INGRAND
Henry (RI), ITURIA Victor (FL), JABOULAY Henri (RI), JACOB André (FL),
JACOB François (FL), JACQUIER Paul (FL), JAEGER Rodolphe (FL), JAMME
André (RI/FL), JANNEY André (FL), JAOUEN Jean (FL), JAQUEMET
Félix (RI/FL), JARROT André (RI), JEAN Edmond (FL), JEANPERRIN
Georges (FL), JESTIN Jean (FL), JEULIN Marcel (RI), JOIRE Jules (FL), JOLY Paul
(RI/D), JONAS Paul (FL), JORDAN Augustin (FL), JOUBERT des HOUCHES Jacques
(FL), JOUNEAU Georges (RI), JOURDAN Maurice (FL), JOURDIER Paul (FL), JOUSSE
Moïse (RI/FL), JULITTE Pierre (FL/RI/D), JULLIAN Yves (FL), JUMEL Robert
(FL), KAILAO André (FL), KAOUZA Maurice (RI/FL), KARCHER Henri (FL),
KASKOREFF Robert (RI), KERLEO Jean (FL), KIEFFER Philippe (FL), KIEFFER Charles
(FL), KIRMANN Auguste (FL), KIRSCH Henry (FL), KOCSIS Imre (FL), KOENIG
Pierre-Marie (FL), KOENIGSWARTER (de) Jules (FL), KOHAN Albert (FL), KOLI
Yorgui (FL), KOLLEN Marcel (FL), KOSSEYO Dominique (FL), KOUDOUKOU Georges
(FL), KOUDOUSSARAGNE Paul (FL), KREMENTCHOUSKY Alexandre (FL), LA COMBE
René (RI), LA GRANDIERE (de) Roger (FL), LA QUINTINIE Jean (FL), LABIT
Henri (FL/RI), LABORDE-NOGUES (de) François (FL), LABOUCHERE (de)
François (FL), LAFFON Emile (RI), LAFONT Henry (FL), LAFONT Pierre (FL),
LAGATU Yves (FL), LAGER Gustave (FL), LALANDE André (FL), LAMARQUE
Georges (RI), LAMBERT Pierre (RI), LAMIRAULT Claude (RI), LANGER Marcel (FL),
LANGER Arnaud (FL), LANGLOIS Pierre (FL), LANGLOIS Xavier (FL), LANGLOIS de
BAZILLAC Jacques (FL), LANTENOIS Roger (FL), LAOUENAN Georges (FL), LARINE
Michel (FL), LARMINAT (de) Edgard (FL), LASSERRE Raymond (FL), LATTRE de
TASSIGNY (de) Jean (FL), LAURENT Edouard (RI), LAURENT Robert (FL),
LAURENT-CHAMPROSAY Jean-Claude (FL), LAURENTIE Henri (RI/FL), LAUREYS Pierre
(FL), LAVENIR Roger (FL), LAVERGNE André (FL), LE BASTARD Louis (FL), LE
CONIAC de la LONGRAYS Guy (FL), LE DÛ Yves (FL), LE GOASGUEN Charles
(FL), LE GOFFIC Pierre (FL), LE GOURIEREC Pierre (FL), LE GUEN François
(FL), LE HENAFF Claude (FL), LE MIERE Jules (FL), LE MOIGN' Pierre (RI), LE
SANT Georges (FL), LE TAC Joël (FL/RI/D), LE THOMAS Henri (RI/FL), LEBOIS
Marcel (FL), LEBON Albert (RI/D), LECARROUR Georges (FL), LECLERC de
HAUTECLOCQUE Philippe (FL), LECOCQ Charles (RI), LECOMPTE-BOINET Jacques, Henri
(RI), LEFAUCHEUX Pierre (RI/D), LEFEVRE Marcel (FL), LEGENTILHOMME Paul (FL),
LEGER Yves (RI), LEGRAND Michel (FL), LEISTEN-SCHNEIDER Paul (RI), LEJEUNE Jean
(RI), LEMARINEL Jacques (FL), LEMOINE René (FL), LENOIR René
(FL), LEONARD Joseph (FL), LEPELTIER René (FL), LEPERCQ Aimé
(RI), LEPEU Claude (FL), LEQUESNE Pierre (FL), LEROY Raymond (FL), LESCURE
Roger (RI), LESECQ René (FL), LEVASSEUR Jean-Marie (FL), LEVY
Jean-Pierre (RI), LEVY Roger (FL), LEVY-FINGER Henri (FL), LHUILLIER Jean (FL),
LICHTWITZ André (FL), LIMANTON Lucien (FL), LIMONTI Hugues (RI/D), LITAS
Albert (FL), LITTOLFF Albert (FL), LIVRY-LEVEL Philippe (FL), LOFI Alexandre
(FL), LOUIS-DREYFUS Pierre (FL), LOUVEAU Edmond (FL/RI), LUCCHESI Jean (FL),
LUCCHESI Yves (FL), LUGIEZ André (RI), LUIZET Charles (FL), MAEZTU
Felipe (FL), MAGENDIE Edmond (FL), MAGNAT Louis (FL), MAGNE Jean (FL), MAGNY
Henri (FL), MAHE Yves (FL), MAHE Jean (FL), MAILLET Jacques (RI), MAILLOT Henri
(RI), MAIRET Louis (FL), MAIREY Jean (RI), MAISMONT (de) Pierre (FL),
MALEC-NATLACEN Stanislas (FL), MALFETTES Roger (FL), MALIN Henri (FL), MALLET
Jean-Pierre (FL), MALLET Horace (FL), MALRAUX André (RI), MANGIN
Stanislas (FL), MANHES Henri, (RI/D), MANIGART Henri (RI), MANSION Jacques (FL
/ RI), MANTEL Claude (FL), MANTELET Jean-Paul (FL), MARAIS Henri (FL), MARCHAND
Robert (RI), MARCHAND Pierre (FL), MARIDOR Jean (FL), MARIENNE Pierre (FL),
MARMISSOLLE- DAGUERRE Philippe (FL), MARSAULT Gérard (FL), MARSON Paul
(FL), MARTEAU Albert (FL), MARTELL Christian (RI/FL), MARTIN François
(FL), MARTIN-SIEGFRIED Marc (FL), MARTY Albert (FL), MASQUELIER Louis (FL),
MASSART Olivier (FL), MASSIET-DUFRESNE Raymond (RI), MASSON Robert (RI), MASSU
Jacques (FL), MASUREL Antoine (RI), MATHIEU Roger (FL), MATHIS Jacques (FL),
MAUGARD Joseph (FL), MAURIC Charles (FL), MAURICE-BOKANOWSKI Michel (FL),
MAYLIE Roger (FL), MAZANA André (FL), MAZIERAS Alphé (FL), MEGRET
DE DEVISE Christian, (FL), MELIS Paul (FL), MENESTREY Jacques (FL), MENTHON
(de) François (RI), MERIC Edouard (FL), MESSMER Pierre (FL), MEYER
Raymond (FL), MEZAN Paul-Hémir (FL), MICHARD Louis (FL) MICHEL-LEVY
Simone (RI/D), MILLELIRI Paul (RI), MILLERET (de) Jean (RI), MILLET René
(FL), MIRKIN Victor (FL), MOGUEZ Pierre (FL), MOHAMED BEN YOUSSEF Sidi,
MOMPEZAT Roger (RI), MONCLAR Rémond (FL), MONCLAR Raoul (FL), MONDENX
René (FL), MONEGER Guy (RI), MONFORT Henri (FL), MONTBRON (de) Xavier
(FL), MONTEGGIANI Yves (FL), MOORE Fred (FL), MORANDAT Yvon (RI), MOREAU-EVRARD
Emilienne (RI), MOREL André (FL), MOREL René (FL), MOREL
Théodore (RI), MOREL-DEVILLE François (FL), MORLON Paul (FL),
MORSIER (de) Pierre (FL), MOTTE Roger (FL), MOUCHEL-BLAISOT Jacques (FL),
MOUCHOTTE René (FL), MOULIN Jean (RI), MOULINIER André (RI),
MOUNIER André (RI), MOUNIRO (FL), MOURIER Yves (FL), MOUSTIER (de)
Lionel (RI/D), MOUTIS (des) Jean (FL), MOYNET André (FL), MUFRAGGI Jean
(FL), MULLER Henri (FL), MURACCIOLE Jules (FL), MUSELIER Emile (FL), NANTERRE
Jean (FL), NAUROIS de René (FL), NAUTIN Léon (RI), NEMIR (FL),
NESSLER Edmond (FL), NETTER Jean (FL), NEUVILLE Paul (FL), NEY Jean-Bernard
(FL), NICOLAS Louis (FL), NICOLAU René (RI/FL), NOEL Alfred (FL),
NOIREAU Robert (RI), NONEN Yves (FL), NOUAUX Lucien (RI), NOUKOUN-KONE Noukoun
(FL), NOUVEAU Jean-Pierre (FL), O'NEILL Marc (RI), ODDO Paul (FL), ODERVOLE
Aloysius (RI/FL), OLIVIER Pierre (FL), ORBELLO Jean (RI), ORSINI Marcel (FL),
ORTOLI Paul (FL), OUBRE Louis (RI/FL), PAILLERET René (FL), PALAUD
Noël (RI), PALCY William (FL), PALEWSKI Gaston (FL), PANNETIER Pierre
(FL), PARANT André (FL), PARAZOLS Gilbert (FL), PARIS de BOLLARDIERE
Jacques, (FL), PARODI René (RI), PARODI Alexandre (RI), PATOU
André (FL), PATURAU Maurice (FL), PECRO Joseph (FL), PEETERS René
(RI), PEJU Elie (RI), PELISSIER Louis (RI), PELTIER Adrien (RI), PENE Pierre
(RI), PERCEVAL Joseph (FL), PERETTI-VATIE Achille (RI), PEREZ Etelvino (FL),
PERNER Victor (FL), PERNET Jacques (FL), PERON François (RI), PERONNE
Antoine (FL), PEROTIN Guy (FL), PERRAUD Raymond (FL), PETAIN Raymond (FL),
PETITJEAN Jacques (FL), PETRE René (FL), PHILIPPE François (FL),
PIAULT Albert (FL), PICHARD Michel (RI), PICHAT Jean (FL), PIETTE Jacques (RI),
PIJEAUD Charles (FL), PILAFORT Alfred (RI/FL), PILLARD Jean (FL), PINEAU
Christian (RI/D), PINHEDE Edmond (FL), PINOT Edouard (FL), PIOBETTA
Stéphane (FL), PIOZIN Hippolyte (FL), PLANTEVIN Jean-Charles (FL),
PLANTIER Maurice (RI), PLEVEN René (FL), PODEUR Roger, (FL), POGNON
Raymond (RI/FL), POIREL Jean (FL), POIS (FL), POITEVIN René (RI),
POLETTI Pierre (FL), POMPEI Jean (FL), PONCHARDIER Dominique (RI), PONCHARDIER
Pierre (RI), POPIEUL Edmond (FL), PORCHERON Charles (FL), POSTAIRE Paul (FL),
POSTEL-VINAY André (RI), POULIQUEN Joseph (FL), POUYADE Pierre (FL),
POYPE de la Roland (FL), PRETS Paul (FL), PRIEZ Moïse (FL), PRIGENT
Corentin (FL), PROCHASSON Maurice (FL), PROST Georges (FL), PROZECK Jean (FL),
PRUVOST Ernest (RI), PRZYBYLSKI Edouard (FL), PUECH-SAMSON Pierre (FL), PUTZ
Joseph (FL), PYTKOWICZ Lazare (RI), QUANTIN René (FL), QUELEN
André (FL), QUERVILLE Jean-Marie (FL), QUILICHINI Robert (FL), QUIROT
André, (FL), RAGUENEAU Philippe (FL/RI), RANCOURT de MIMERAND (de) Henri
(FL), RAOUL-DUVAL Claude (FL), RATEAU Pierre (RI), RAUVELIN de Roger (FL),
RAVANEL Serge (RI), RAVIX Laurent (FL), REBATTET Georges (RI), REBOUR Louis
(FL), REGNIER David (RI), REILHAC Eugène (FL), REILINGER Alfred (FL),
REMY Jean (FL), RENARD Jacques (FL), RENARD Jacques, Roger (RI), RENAULT
Gilbert (FL/RI), RENDU Henri (FL), RENOUVIN Jacques (RI/D), REVAULT d'ALLONNES
Jean-Gabriel (FL), REVESZ-LONG Tibor (RI), REY Jean (FL), RICARDOU Louis (FL),
RICHAVY Joseph (FL), RIMBAUD Paul (FL), RIOU Noël (RI/D), RISSO Joseph
(FL), RITOUX-LACHAUD Jean (FL), RIVIE Louis (FL), RIVIERE Paul (RI), ROBERT
Jacques (RI), ROGER Julien (FL), ROGIER Mathieu (FL), ROL-TANGUY Henri (RI),
ROLLAND Maurice (RI), ROLLAND Yves (FL), ROMANETTI Yves (FL), ROMANS-PETIT
Henri (RI), RONDENAY André (RI), ROQUERE Paul (FL), ROQUES Raymond (FL),
ROQUES Philippe (RI), ROSENTHAL Jean (RI), ROSENWALD Jean-Pierre (FL),
ROSSET-GOURNAND Pierre (FL), ROSSI Robert (RI), ROSSI Georges (FL), ROSSIGNOL
Charles (FL), ROSSIGNOL Georges (FL), ROUBY Elie (RI), ROUDAUT Constant (FL),
ROUGE Pierre (FL), ROULEAU Jacques (FL), ROUMEGUERE Jacques (FL), ROUMIANTZOFF
Nicolas (FL), ROURE Rémy (RI/D), ROUSSEAU-PORTALIS Jean (RI), ROUSSELOT
Antoine (FL), ROUSSELOT Henri (FL), ROUX André (FL), ROUX (de) Robert
(FL), ROUXEL André (FL), ROZOY François (FL), RUBAUD Louis (FL),
RUDELLE (de) Henry (FL), RUDRAUF Charles (FL), RUIBET Pierre (RI), SABOT
Raymond (FL), SAINT MART (de) Pierre (FL/RI), SAINT PEREUSE (TASSIN de) Pierre
(FL), SAINT-HILLIER Bernard (FL), SAINTENY Jean (RI), SALIEGE Jules (RI),
SALVAT André (FL), SAMMARCELLI Marcel (FL), SANTINI Charles (FL),
SARRAZAC Maurice (FL), SARTIN Jean-Pierre (FL), SASSOON Philippe (FL), SAUNAL
Robert (FL), SAUTOT Henri (RI/FL), SAUVALLE Robert (FL), SAVARY Alain (FL),
SAVARY Albert (FL), SAVELLI Horace (FL), SAVEY Jacques (FL), SCAMARONI Fred
(FL/RI), SCHAERRER Pierre (RI), SCHAMPHELAERE Alfred (FL), SCHLOESING
Jacques-Henri (FL), SCHLUMBERGER Etienne (FL), SCHMIDT Paul (RI), SCHOCK
André (RI/D), SCHRIMPF Georges (FL), SCHUMANN Maurice (FL), SCITIVAUX
(de) Xavier (FL), SCITIVAUX (de) Charles (FL), SEGRAIS (de) Jacques (FL), SEITE
François (FL), SERE Maurice (RI), SERIZIER Henri (FL), SERRE Charles
(RI/D), SEVESTRE Jacques (FL), SICE Adolphe (RI/FL), SILVY Henri (FL), SILVY
Jean (FL), SIMON Henry (RI), SIMON Jean-Salomon (FL), SIMON Jean (FL),
SIMON-DUBUISSON Henri (FL), SIMONET Pierre (FL), SINAUD Roger (FL), SOMMER
François (FL), SONNEVILLE Pierre (FL/RI), SORRET André (FL),
SOUBERVIELLE Jean (FL), SOUCY (HAUDRY de) Arnauld (FL), SOUFFLET Jacques (FL),
SOULAT Henri (FL), SOUQUES Albert (FL), SOURBIEU Jean-Louis (FL), SPEICH Roger
(FL), STADIEU de Jacques (FL), STAHL Michel (FL), STARCKY Jean (FL), SUARES
Marcel (RI), TAGGER Benjamin (FL), TAILLANDIER Marcel (RI), TARDIEU Joseph
(RI), TARDY René (RI/D), TARTIERE Jacques (FL), TASSIN Marie (FL),
TAVIAN Gaston (FL), TAYAR Jacques (RI), TAYLOR Georges (FL), TECHER Auguste
(FL), TEDESCO (de) Jean (FL), TEISSEIRE Aimé (FL), TEITGEN Pierre-Henri
(RI), TER SARKISSOFF Alexandre (FL), TERRIER Roland (FL), TESTA (de) Charles
(FL), TETILEROO-TERIEROOTTERA (RI/FL), THEODORE Gérard (FL), THEVENET
Fernand (FL), THIBAUX Pol (FL), THIERRY Gabriel (RI), THIERRY D'ARGENLIEU
Georges (FL), THIRIAT Denis (FL), THOREAU André (FL), THUILLIEZ Lucien
(FL), TILLY François (FL), TILLY Félix (FL), TONEATTI Ettore
(FL), TORCATIS Louis (RI), TOUCHALEAUME Marie-Gabriel (FL), TOUNY Roger (FL),
TOUNY Alfred (RI), TOURNIER Raymond (FL), TOURTET Désiré (FL),
TOUZEAU Martin (FL), TRANAPE Jean (FL), TRIGEAUD Joseph (FL), TRIPIER Paul
(FL), TROADEC René (FL), TROEL René (FL), TROLLEY de PREVAUX
Jacques (RI), TROQUEREAU Pierre (FL), TULASNE Jean-Louis (FL), TUPËT-THOME
Edgard (FL), TURRELL Y TURRULL Jaime (FL), ULMER Pierre (RI), UNGERMAN Georges
(FL), VALIN Martial (FL), VALLEE François (RI/D), VALLI François
(FL), VANNER Lucien (FL), VARNIER André (FL), VAUX (de) Etienne (FL),
VAZAC Edward (FL), VEDEL Gaston (RI/D), VEDY Gilbert (RI), VENDEUVRE (de)
Jacques (FL), VERDIER Henri (FL), VERGES Michel (RI/FL), VERGOS Joseph (FL),
VERHEUST Richard (FL), VERMEIL Firmin (FL), VERNANT Jean-Pierre (RI), VERNIER
Jean (FL), VERRIER André (FL), VERSTRAETE Michel (FL), VEZINET Adolphe
(FL), VIALARD-GOUDOU Jean (FL), VIBERT Paul (FL), VIENOT Pierre (RI/FL), VIGNES
Charles (FL), VIGNEUX Daniel (FL), VILLEROT Angel (FL), VILLOUTREYS (de) Harry
(FL), VILTARD Henri (RI), VINCENT Marcel (FL), VISTEL Alban (RI), VOLVEY Jean
(FL), VOURC'H Jean (FL), VOYER Jacques (RI), WABI Agoussi (RI/FL), WAGNER
René (FL), WAGNER Otto (FL), WALEINA Aloizo (FL), WEIL Robert (FL),
WEILL René (FL), WEILL René-Georges (FL/RI), WORDEN James (FL),
WYBOT Roger (FL), WYROUBOFF Nicolas (FL), ZIRNHELD André (FL).
R.I. : Résistance Intérieure
FL : France Libre
D : Déportation
LES VILLES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
GRENOBLE
(décret du 4 mai 1944)
NANTES
(décret du 11 novembre 1941)
PARIS
(décret du 24 mars 1945)
ILE-DE-SEIN
(décret du 1
er
janvier 1946)
VASSIEUX-EN-VERCORS
(décret du 4 août 1945)
LES UNITÉS COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
1 er Régiment d'artillerie coloniale |
Décret du 7 août 1945 |
13 ème Demi-Brigade de Légion étrangère |
Décret du 6 avril 1945 |
1 er Bataillon d'infanterie de Marine et du Pacifique |
Décret du 28 mai 1945 |
1 er Régiment d'artillerie coloniale |
Décret du 7 août 1945 |
1 er Régiment de fusiliers-marins |
Décret du 12 juin 1945 |
1 er Régiment de marche de spahis marocains |
Décret du 7 août 1945 |
1 ère Escadrille de chasse du groupe Alsace |
Décret du 21 juin 1941 |
2 ème Régiment d'infanterie coloniale |
Décret du 12 juin 1945 |
2 ème Régiment de chasseurs parachutistes de l'Armée de l'Air |
Décret du 8 novembre 1945 |
501 ème Régiment de chars de combat |
Décret du 7 août 1945 |
Bataillon de marche n° 2 |
Décret du 9 septembre 1942 |
Corvette Aconit |
Décret du 19 avril 1943 |
Groupe de bombardement Lorraine |
Décret du 28 mai 1945 |
Groupe de chasse Alsace |
Décret du 28 mai 1945 |
Groupe de chasse Ile-de-France |
Décret du 28 mai 1945 |
Groupe de chasse Normandie-Niémen |
Décret du 11 octobre 1943 |
Régiment de marche du Tchad |
Décret du 12 juin 1945 |
Sous-marins Rubis |
Décret du 14 octobre 1941 |
ANNEXE
N° 2
-
TEXTES FONDANT ET
RÉGISSANT
L'ORDRE DE LA LIBÉRATION
ORDONNANCE N° 7
créant l'Ordre de la Libération
Au nom du Peuple et de l'Empire Français,
Nous, Général
de Gaulle,
Chef des Français libres,
Vu notre
ordonnance n° 1 du 27 octobre 1940, organisant les pouvoirs publics durant
la guerre et instituant un Conseil de défense de l'Empire,
Vu notre ordonnance n° 5 du 12 novembre 1940, précisant les
conditions dans lesquelles seront prises les décisions du Chef des
Français libres :
ORDONNONS :
ARTICLE PREMIER - Il est créé un Ordre dit " ORDRE DE LA
LIBERATION " dont les membres porteront le titre de " COMPAGNONS DE
LA LIBERATION ".
Cet ordre est destiné à récompenser les personnes ou les
collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans
l'oeuvre de la libération de la France et de son Empire.
ART. 2 - L'insigne unique de cet Ordre est la Croix de la Libération.
ART. 3 - L'admission dans l'Ordre de la Libération est prononcée
par le Chef des Français Libres.
ART. 4 - Les modalités d'application de la présente ordonnance
seront réglées par décret.
ART. 5 - La présente ordonnance sera promulguée au
Journal
Officiel de la France Libre
provisoirement, au
Journal de l'Afrique
Equatoriale Française.
Fait à Brazzaville, le 16 novembre 1940
C. de GAULLE
(J.O. du 20 janvier 1941)
DECRET
réglant l'organisation de l'Ordre de la
Libération
Le Général de Gaulle
Chef des Français Libres,
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - En exécution de l'ordonnance n° 7 du
16 novembre 1940 instituant un Ordre de la Libération, il est
créé un Conseil de l'Ordre de la Libération.
Ce Conseil, qui sera présidé par le Chef des Français
Libres, sera composé de cinq membres, dont l'un remplira les fonctions
de Chancelier.
Sont nommés Compagnons de la Libération et Membres du Conseil :
- Le Capitaine de Vaisseau Thierry d'Argenlieu,
- Le Gouverneur Général Eboué,
- Le Lieutenant d'Ollonde,
- L'Officier radiotélégraphiste de la Marine Marchande Popieul,
- L'Adjudant aviateur Bouquillard ;
Le Capitaine de Vaisseau Thierry d'Argenlieu est nommé Chancelier.
ART. 2 - Le Conseil de l'Ordre de la Libération se réunira une
fois tous les trois mois, si les opérations militaires le permettent et,
extraordinairement sur la convocation du Chef des Français Libres.
Le registre de ses délibérations sera tenu par un
Secrétaire qui sera dépositaire du sceau de l'Ordre.
Le Conseil délibérera et émettra un avis sur toutes les
propositions qui seront soumises au Chef des Français Libres : celui-ci
pourra également consulter séparément un ou plusieurs
membres du Conseil qui donneront leur réponse par écrit.
ART. 3 - L'insigne de l'Ordre de la Libération consistera dans un
écu, portant un glaive surchargé d'une Croix de Lorraine avec, au
revers, cet exergue :
" PATRIAM SERVANDO VICTORIAM TULIT "
Le ruban
de moire verte et noire, symbolisera le deuil et l'espérance de la
Patrie.
ART. 4 - La Croix de la Libération sera décernée, par voie
de Décret, par le Chef des Français Libres, après avis du
Conseil de l'Ordre, soit de son propre mouvement, soit sur les propositions qui
auront été faites par les Hauts-Commissaires, les Gouverneurs
Généraux et Gouverneurs de Colonies, par les représentants
du Chef des Français Libres à l'étranger, par les membres
du Conseil de l'Empire ou par toutes autres personnes auxquelles elles auront
été demandées.
ART. 5 - La Croix de la Libération sera solennellement remise à
son titulaire par le Chef des Français Libres ou, en son nom, par toute
personne par lui commise à cet effet.
Les étrangers qui auront rendu à la cause de la France Libre des
services signalés pourront recevoir la Croix de la Libération et
seront considérés comme membres de l'Ordre de la
Libération.
ART. 6 - La discipline de l'Ordre de la Libération sera maintenue par le
Conseil : celui-ci pourra émettre des blâmes ou proposer
l'exclusion qui sera prononcée par le Chef des Français Libres.
L'exclusion pourra être prononcée pour tout acte contraire
à l'honneur commis par les titulaires de la Croix de la
Libération, sans préjudice des sanctions disciplinaires ou
pénales encourues, que l'acte incriminé ait été
commis après l'attribution de la Croix de la Libération ou qu'il
ait été commis antérieurement mais découvert ou
porté à la connaissance du Conseil après cette attribution.
ART. 7 - Des arrêtés régleront les modalités
d'application du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la France Libre
.
Fait à Londres, le 29 janvier 1941
C. DE GAULLE
(J.O. du 25 février 1941)
ARRÊTÉ
relatif à la remise et au port
de
la Croix de la Libération
Le Général de Gaulle
Chef des Français Libres,
Vu
l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940, créant l'Ordre de la
Libération.
Vu le décret du 29 janvier 1941 réglant l'organisation de l'Ordre
de la Libération,
ARRÊTE :
ARTICLE PREMIER - La Croix de la Libération décernée par
le Chef des Français Libres, pourra être remise, en son nom, par
un membre du Conseil de l'Ordre de la Libération ou par tout Compagnon
de la Libération, notamment par un membre du Conseil de Défense
de l'Empire, les membres du Conseil de Défense de l'Empire sont, de
droit, Compagnons de la Libération.
ART. 2 - La remise sera faite solennellement au cours d'une prise d'armes.
Les troupes présenteront les armes.
L'ordre d'ouvrir le ban ayant été donné, le membre de
l'Ordre chargé de la remise, interpellera le récipiendaire par
son grade et son nom et lui remettra l'insigne en lui adressant les paroles
suivantes :
" Nous vous reconnaissons comme notre Compagnon pour la Libération
de la France dans l'Honneur et par la Victoire ".
ART. 3 - La Croix de la Libération est portée sur le
côté gauche de la poitrine, immédiatement après la
Légion d'Honneur, avant la Médaille Militaire, la Croix de Guerre
1914-1918 et la Croix de Guerre 1939.
ART. 4 - Le présent arrêté sera publié au
Journal
Officiel de la France Libre.
Fait à Beyrouth, le 1
er
août 1941
C. DE GAULLE
(J.O. du 23 septembre 1941)
DÉCRET N° 140
relatif à l'attribution
de la
Croix de la Libération
Le Général de Gaulle
Chef des Français
Libres,
Président du Comité National
Vu
l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération,
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - Par dérogation à l'article 4 du décret
du 29 janvier 1941 réglant l'organisation de l'Ordre de la
Libération, l'avis préalable du Conseil de l'Ordre de la
Libération ne sera pas nécessaire avant l'attribution de la Croix
de la Libération par le Chef des Français Libres sur le champ de
bataille, en cas d'urgence exceptionnelle.
ART. 2 - Le Commissaire National de la Guerre, le Commissaire National à
la Marine Marchande et le Commissaire National à l'Air sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du
présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de
la France Libre
.
Fait à Londres, le 3 février 1942
C. DE GAULLE
Par le Chef des Français Libres,
Président du Comité National
Le Commissaire National à la Guerre et à la Marine
P.L. LEGENTILHOMME
Le Commissaire National à la Marine Marchande
R. PLEVEN
Le Commissaire National à l'Air
M. VALIN
(J.O. du 16 février 1942)
DÉCRET N° 765
relatif à l'organisation
de
l'Ordre de la Libération
Le Général de Gaulle
Chef de la France
Combattante
Président du Comité National
Vu
l'ordonnance n° 7 du 10 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération.
Vu le décret du 29 janvier 1941 réglant l'organisation de l'Ordre
de la Libération.
Vu le décret n° 140 du 3 février 1942 relatif à
l'attribution de la Croix de la Libération.
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - Le Conseil de l'Ordre de la libération
créé par l'article premier du 29 janvier 1941 susvisé peut
se compléter sur l'initiative du Chancelier ou de son suppléant,
en faisant appel toutes les fois qu'il est nécessaire à tout
Compagnon de la Libération présent au lieu des réunions du
Conseil.
Art. 2 - Le Commissaire National à la Justice est chargé de
l'exécution du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la France Combattante.
Fait à Londres, le 17 février 1943
C. DE GAULLE
Par le Chef de la France Combattante,
Président du Comité National,
Le Commissaire National à la Justice :
R. CASSIN
(J.O. du 18 mars 1943)
ORDONNANCE DU 7 JANVIER 1944
relative à
l'attribution
de la Croix de la Libération
Le
Comité Français de la Libération Nationale,
Vu l'ordonnance du 3 juin 1943 portant institution du Comité
Français de la Libération Nationale ;
Vu l'ordonnance n° 7 du Comité National Français du 16
novembre 1940 créant l'Ordre de la Libération ;
Vu le décret du 29 janvier 1941 réglant l'Organisation de l'Ordre
de la Libération ;
Vu le décret n° 140 du Comité National Français du 3
février 1942 relatif à l'attribution de la Croix de la
Libération ;
Vu le décret n° 765 du Comité National Français du 17
février 1943 relatif à l'Organisation de l'Ordre de la
Libération ;
Vu l'arrêté du 1
er
août 1941, relatif à la
remise et au port de la Croix de la Libération,
ORDONNE :
ARTICLE PREMIER - L'Ordre de la Libération, créé par
l'ordonnance n° 7 du Comité National Français du 16 novembre
1940, est destiné à récompenser les personnes ou
collectivités militaires et civiles qui se seront signalées d'une
manière exceptionnelle dans l'oeuvre de la Libération de la
France et de son Empire.
Ses membres portent le titre de " COMPAGNONS DE LA LIBERATION ".
ART. 2 - L'insigne de cet Ordre est la Croix de la Libération consistant
dans un écu portant un glaive surchargé d'une Croix de Lorraine
avec, au revers, l'exergue : "
Patriam Servando Victoriam
Tulit "
. Le ruban est de couleur verte et noire.
ART. 3 - L'admission dans l'Ordre de la Libération est prononcée
par décret sur proposition de l'un des Commissaires et après avis
-sauf cas d'urgence- du Conseil de l'Ordre de la Libération, qui
délibère et émet son avis sur les propositions qui lui
sont obligatoirement soumises par les membres du Comité Français
de la Libération Nationale.
ART. 4 - La discipline de l'Ordre de la Libération est maintenue par le
Conseil de l'ordre qui peut émettre des blâmes ou proposer
l'exclusion pour tout acte contraire à l'honneur, que l'acte
incriminé ait été commis avant ou après
l'attribution de la Croix de la Libération. L'exclusion est
prononcée par décret.
ART. 5 - Les membres du Conseil de l'Ordre de la Libération dont l'un
remplit les fonctions de Chancelier, sont nommés par décret. Le
Conseil peut se compléter sur l'initiative du Chancelier ou de son
suppléant en faisant appel toutes les fois qu'il est nécessaire,
à tout Compagnon de la Libération présent au lieu des
réunions.
Le registre des délibérations du Conseil est tenu par un
secrétaire qui est dépositaire du sceau de l'Ordre.
ART. 6 - La Croix de la Libération est remise solennellement au cours
d'une prise d'armes par le Président du Comité Français de
la Libération Nationale ou en son nom, par un membre du Conseil de
l'Ordre ou par tout Compagnon de la Libération désigné qui
interpelle le récipiendaire par son grade et lui remet l'insigne en lui
adressant les paroles suivantes :
" Nous vous reconnaissons comme notre Compagnon pour la Libération
de la France dans l'honneur et par la victoire ".
La Croix de la Libération est portée sur le côté
gauche de la poitrine, immédiatement après la Légion
d'honneur, avant la Médaille Militaire, la Croix de Guerre 1914-1918 et
la Croix de Guerre 1939.
ART. 7 - La présente ordonnance sera publiée au
Journal
Officiel de la République Française
et exécutée
comme loi.
Alger, le 7 janvier 1944
C. DE GAULLE
Par le Comité Français de la Libération Nationale :
Le Commissaire d'Etat aux Affaires Musulmanes :
G. CATROUX
Le Commissaire aux Colonies :
R. PLEVEN
Le Commissaire à la Marine :
Louis JACQUINOT
Le Commissaire à la Justice :
François de MENTHON
Le Commissaire aux Affaires Etrangères :
R. MASSIGLI
Le Commissaire à l'Information
H. BONNET
Le Commissaire au Ravitaillement et à la Production :
André DIETHELM
Le Commissaire aux Finances :
P. MENDES-FRANCE
Le Commissaire aux Communications
et à la Marine Marchande :
René MAYER
Le Commissaire à l'Education Nationale :
René CAPITANT
Le Commissaire aux Affaires Sociales :
A. TIXIER
Le Commissaire à l'Air et à la Guerre :
André LE TROQUER
(
J.O. du 22 janvier 1944)
ORDONNANCE DU 26 AOÛT 1944
Relative aux secours
attribués
aux Compagnons de la Libération et à leurs
familles
Le
Gouvernement provisoire de la République Française, sur le
rapport du Commissaire à la Justice et du Commissaire aux Finances,
Vu l'ordonnance du 3 juin 1943 portant institution du Comité
Français de la Libération Nationale, ensemble l'ordonnance du 3
juin 1944 ;
Vu l'ordonnance du 16 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération ;
Vu l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la Croix
de la Libération ;
Vu le décret du 18 août 1944 relatif à l'exercice de la
Présidence du Gouvernement provisoire de la République
Française pendant l'absence du Général de Gaulle,
Le Comité Juridique entendu
ORDONNE :
ARTICLE PREMIER - Le Conseil de l'Ordre de la Libération a
qualité pour attribuer aux Compagnons de la Libération, ainsi
qu'à leurs veuves, orphelins ou ascendants, les secours exceptionnels
qui pourraient leur être nécessaires.
ART. 2 - Les dépenses entraînées par l'attribution de ces
secours sont couvertes par des crédits inscrits à un chapitre
spécial du budget du Commissariat à la Justice.
ART. 3 - Le Chancelier de l'Ordre de la Libération ou, par
délégation de celui-ci, le secrétaire, sont ordonnateurs
des crédits inscrits au budget du Commissariat à la Justice, en
application de la présente ordonnance.
Le Chancelier de l'Ordre de la Libération rend compte globalement chaque
année, au Gouvernement Provisoire de la République
Française, sous le couvert du Commissaire à la justice, des
secours attribués par le Conseil de l'Ordre de la Libération.
ART. 4 - La présente ordonnance sera publiée au
Journal
officiel de la République française
et exécutée
comme loi.
Alger, le 26 août 1944
Henri QUEUILLE
Par le Gouvernement Provisoire de la République Française :
Le Commissaire à la Justice :
François de MENTHON
ORDONNANCE N° 45-1779 DU 10 AOUT 1945
portant
organisation de l'Ordre de la Libération
EXPOSE DES MOTIFS
Jusqu'à présent les frais de fonctionnement de la
chancellerie de l'Ordre de la Libération étaient couverts par des
crédits extrêmement réduits inscrits à divers
chapitres du budget du ministère de la Justice.
Cette situation ne permet pas à l'Ordre de la Libération de faire
face à ses diverses tâches.
En effet, sans même parler de son activité première et
fondamentale, le Conseil de l'Ordre a été chargé par le
président du Gouvernement provisoire d'assumer les charges d'un
véritable service social au bénéfice des Compagnons de la
Libération et de tous les membres et anciens membres des Forces
Françaises Libres.
C'est ainsi qu'il lui appartiendra, sans préjudice de l'action
confiée aux établissements nationaux d'assurer l'aide
matérielle et morale aux blessés, mutilés et malades, le
placement des démobilisés, l'éducation des orphelins.
Il est donc apparu nécessaire de donner à l'Ordre de la
Libération un statut lui permettant de remplir sa mission et d'atteindre
son but, statut inspiré par celui de la Légion d'Honneur.
En vertu de la présente ordonnance, l'Ordre de la Libération sera
doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière. Son budget dont le chancelier est institué
l'ordonnateur principal sera un budget annexe à celui du
ministère de la Justice.
Le Gouvernement provisoire de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'Economie nationale et des Finances et du
ministre de la Justice,
Vu l'ordonnance du 3 juin 1943 portant institution du Comité
français de la Libération nationale, ensemble les ordonnances des
3 juin et 4 septembre 1944 ;
Vu l'ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la
légalité républicaine sur le territoire continental ;
Vu l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la Croix
de la Libération ;
Vu l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la
médaille de la Résistance française,
Le Comité juridique entendu,
ORDONNE :
ARTICLE PREMIER - L'administration de l'Ordre de la Libération est
assurée par le chancelier assisté du secrétaire de
l'Ordre, du secrétaire de la commission visé à l'article 5
de l'ordonnance du 7 janvier 1944 et des bureaux de la chancellerie.
L'Ordre de la Libération assume le service des médailles de la
Résistance.
ART. 2 - L'effectif, les traitements et le statut des personnels de la
chancellerie seront fixés par décret.
ART. 3 - Il est institué à compter d'une date qui sera
formulée ultérieurement un budget annexe de l'Ordre de la
Libération, rattaché pour ordre au budget de la Justice.
ART. 4 - L'Ordre de la Libération est doté de la
personnalité morale et a, notamment, capacité pour recevoir tous
dons et legs.
Les sommes reçues à ce titre seront rattachées au budget
annexe suivant la procédure prévue en matière de fonds de
concours ou suivant celle applicable aux arrérages des dons et legs ;
selon les intentions des donateurs ou testateurs.
ART. 5 - La présente ordonnance sera publiée au
Journal
Officiel à la République française
et
exécutée comme loi.
Fait à Paris, le 10 août 1945
C. DE GAULLE
Par le Gouvernement provisoire de la République Française:
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice :
Pierre-Henri TEITGEN
Le ministre de l'Economie nationale et des Finances
R.
PLEVEN
(J.O. du 11 août 1945)
DÉCRET
mettant fin à l'attribution de la
Croix
de la Libération
Le
Président du Gouvernement provisoire de la République sur le
rapport du Garde des Sceaux, ministre de la Justice
Vu la loi du 2 novembre 1945 portant organisation provisoire des pouvoirs
publics
Vu l'ordonnance n° 7 du 10 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération.
Vu l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la voix de
la Libération.
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - Il ne sera plus procédé à l'attribution
de la Croix de la Libération à dater du 23 janvier 1946.
ART. 2 - Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice est chargé de
l'exécution du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la République française.
Fait à Paris, le 23 janvier 1946
C. DE GAULLE
Par le Président du Gouvernement provisoire de la République :
Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice :
Pierre-Henri TEITGEN
ANNEXE
N° 3
-
LES VILLES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
Source : Chancellerie de l'Ordre de la Libération
ANNEXE
N° 3.1
-
CITATION DES VILLES COMPAGNONS
DE LA
LIBÉRATION
DÉCRET N° 41
PORTANT ATTRIBUTION DE LA CROIX DE LA LIBÉRATION
Le Général de Gaulle,
Chef des Français Libres,
Président du Comité national,
VU l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940, créant l'Ordre de la Libération,
DÉCRÈTE :
ARTICLE Ier - La Croix de la Libération est décernée à la :
Ville de NANTES ,
" Ville héroïque qui, depuis le crime de la
capitulation a opposé une résistance acharnée à
toute forme de collaboration avec l'ennemi.
" Occupée par les troupes allemandes et soumise aux plus dures
mesures d'oppression, a donné aux Français, par de nombreuses
actions individuelles et collectives, un magnifique exemple de courage et de
fidélité.
" Par le sang de ses enfants martyrs, vient d'attester devant le monde
entier la volonté française de libération nationale. "
ARTICLE II
- Le présent décret sera publié au
Journal Officiel de la France libre.
Fait à Londres, le 11 novembre 1941
Signé : C. DE GAULLE
Par le Chef des Français Libres,
Président du Comité National,
Le Commissaire National à l'Intérieur,
au Travail et à l'Information
signé : A. DIETHELM.
DÉCRET DU 4 MAI 1944 PORTANT ATTRIBUTION
DE LA
CROIX DE
LA LIBÉRATION
(J.O. du 22.06.44)
--=oOo=--
Le
Comité français de la Libération nationale,
Sur le rapport du commissaire à l'intérieur,
VU l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 créant l'Ordre
de la Libération ;
VU l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la
Croix de la Libération ;
VU l'avis favorable du Conseil de l'Ordre de la Libération du 2 mai
1944.
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - La Croix de la Libération est décernée à la :
Ville de GRENOBLE
pour le
motif suivant :
" Ville héroïque à la pointe de la résistance
français et du combat pour la Libération.
" Dressée dans sa fierté, livre à l'Allemand,
malgré ses deuils et ses souffrances, malgré l'arrestation et le
massacre des meilleurs de ses fils, une lutte acharnée de tous les
instants.
" Bravant les interdictions formulées par l'envahisseur et ses
complices, a manifesté le 11 novembre 1943, sa certitude de la
victoire et sa volonté d'y prendre part.
" Les 13, 14 et 16 novembre 1943, a répondu aux
représailles et à l'exécution des chefs des mouvements de
la Résistance par la destruction de la poudrière, de casernes, de
transformateurs et d'usines utilisées par l'ennemi.
" A bien mérité de la Patrie. "
ARTICLE 2
- Le commissaire à l'intérieur est chargé
de l'exécution du présent décret qui sera publié au
Journal Officiel de la République française.
ALGER, le
4 mai 1944,
DE GAULLE
Par le Comité français de la Libération nationale :
Le Commissaire à l'intérieur,
Emmanuel d'Astier.
DÉCRET PORTANT ATTRIBUTION
DE LA CROIX DE LA LIBÉRATION
LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE,
VU
l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940, créant l'Ordre de
la Libération,
VU l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la
Croix de la Libération ;
VU l'avis du Conseil de l'Ordre de la Libération du 18 mars 1945;
DÉCRÈTE :
ARTICLE PREMIER - La Croix de la Libération est décernée à la :
Ville de PARIS
pour le
motif suivant :
" Capitale fidèle à elle-même et à la France, a
manifesté, sous l'occupation et l'oppression ennemies, et en
dépit des voix d'abandon et de trahison, sa résolution
inébranlable de combattre et de vaincre.
" Par son courage en présence de l'envahisseur et par
l'énergie indomptable avec laquelle elle supporta les plus cruelles
épreuves, a mérité de rester l'exemple pour la Nation tout
entière.
" Le 19 août 1944, conjuguant ses efforts avec ceux des
armées alliées et françaises, s'est dressée pour
chasser l'ennemi par une série de glorieux combats commencés au
coeur de la Cité et rapidement étendus en tous les points de la
ville. Malgré de lourdes pertes subies par les Forces Françaises
de l'Intérieur levées dans son sein, s'est libérée
par son propre effort, puis, unie à l'avant-garde de l'Armée
française venue à son secours a, le 25 août,
réduit l'Allemand dans ses derniers retranchements et l'a fait
capituler. "
PARIS, le 24 mars 1945
C. DE GAULLE.
Par le Gouvernement provisoire de la
République française,
Le Ministre de l'Intérieur :
A. TIXIER
DÉCRET DU 4 AOÛT 1945 PORTANT
ATTRIBUTION DE LA CROIX DE LA LIBÉRATION
8(
*
)
Le
Gouvernement provisoire de la République française,
Sur la proposition du ministre de l'intérieur,
VU l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 créant l'Ordre de la
Libération ;
VU l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la Croix
de la Libération ;
VU l'avis du Conseil de l'Ordre de la Libération du 31 juillet 1945,
DÉCRÈTE
ARTICLE PREMIER
- La Croix de la Libération est
décernée au village de
VASSIEUX-EN-VERCORS
(Drôme).
ARTICLE 2
- Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent décret, qui sera publié au
Journal Officiel de la République française.
Fait à Paris, le 4 août 1945
C. DE
GAULLE
Par le Gouvernement provisoire de la
République Française ;
Le ministre de l'intérieur
A. TIXIER
DÉCRET PORTANT ATTRIBUTION
DE LA CROIX DE LA
LIBÉRATION
9(
*
)
LE PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE
FRANÇAISE,
Sur la
proposition du Ministre des Armées,
VU l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940, créant l'Ordre
de la Libération,
VU l'ordonnance du 7 janvier 1944, relative à l'attribution de la
Croix de la Libération,
DÉCRÈTE :
ARTICLE Ier - La Croix de la Libération est décernée à:
L'île de SEIN ,
ARTICLE II
- Le ministre des Armées est
chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 1
er
janvier 1946
C. DE GAULLE
Par le Président du Gouvernement Provisoire
de la République française
Ministre des Armées :
M. MICHELET
ANNEXE
N° 3.2
-
PACTE D'AMITIÉ ENTRE LES VILLES
COMPAGNONS DE
LA LIBÉRATION
PACTE D'AMITIÉ ENTRE LES VILLES
COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION
Sous
l'égide du Général d'Armée Jean Simon, Chancelier,
a été ratifié le 3 décembre 1981, un pacte
destiné à assurer la pérennité de l'Ordre.
Le Général Simon terminait son allocution :
" Villes Compagnons de la Libération, représentées en
la personne de vos Maires,
" En renouvelant aujourd'hui votre fidélité,
" En resserrant vos liens fraternels,
" En marquant d'un acte votre volonté de conserver la
mémoire,
" Vous maintenez présent l'idéal commun dans la
continuité de l'Histoire.
" Vous êtes dans l'honneur, dans la pérennité,
garantes de l'exigence la plus noble, celle de penser juste et d'agir dans le
malheur.
" Vous êtes, Grenoble, Nantes, Paris, Ile de Sein,
Vassieux-en-Vercors, notre Espérance. "
Les cinq maires ont décidé, à l'initiative de Jacques
Chirac, de veiller à ce que le Musée de l'Ordre de la
Libération ait les moyens nécessaires pour subsister. Ils ont
décidé, également, de créer une association
à but non lucratif, présidée par les cinq maires à
tour de rôle, qui veillerait, sur le plan national, au respect de l'Ordre
et organiserait des manifestations pour préserver sa mémoire.
Chacun des maires, au nom de sa commune, a fait la déclaration suivante :
Alain Chenard
Député-maire de Nantes,
" Dans sa séance du 27 février 1981, le Conseil municipal de
Nantes a adopté la délibération suivante :
" Soucieux d'assumer la responsabilité historique de la
signification de la qualité de Compagnon de la Libération de sa
ville, le Conseil Municipal propose aux conseils municipaux des quatre autres
communes de France, Compagnons de la Libération, à savoir :
Grenoble, Ile de Sein, Paris, Vassieux-en-Vercors :
" 1° D'établir entre elles un lien fraternel destiné au
maintien en commun, dans l'avenir, de la signification du titre de Compagnon de
la Libération et la perpétuation du souvenir des
événements tragiques et glorieux qui ont justifié
l'attribution de ce titre ;
" 2° De demander à M. le Chancelier de l'Ordre de la
Libération de vouloir bien organiser une réunion de maires, ou de
leurs représentants, des communes en cause, pour la mise au point d'une
formule de réalisation de ce lien fraternel, avec quelque
solennité.
" Il faut souligner que cette délibération a
été votée à l'unanimité.
" La signature du pacte d'amitié, le 3 décembre,
répond au voeu exprimé par cette délibération. Ce
pacte doit être complété par une structuration de nature
à permettre, après la disparition des personnes physiques
Compagnons de la Libération, la continuité des tâches
assurées jusqu'à cette échéance par la Chancellerie
de l'Ordre.
" Les unités militaires, de terre et de mer, non encore
contactées, devront être associées à nos cinq
communes, dans les limites des possibilités légales.
" Dès à présent, nos cinq communes pourront se
concerter pour la réalisation de nos projets.
" La ville de Nantes se propose d'organiser dans son Musée d'arts
et de traditions populaires une salle de la Résistance et de la
Libération. "
Hubert Dubedout
Député de l'Isère,
Maire de Grenoble,
" C'est, on s'en doute, avec un immense espoir qu'au nom de la ville de
Grenoble j'ai signé le pacte d'amitié qui, désormais, lie
entre elles les cinq villes titulaires de la Croix de la Libération.
" Cet espoir, c'est que les années, parfois difficiles, qui nous
séparent des combats pour la libération de la France ne puissent
jamais jeter un voile d'oubli sur cette période de notre histoire
nationale.
" Cet espoir, c'est que tous ceux qui, ici comme à Paris, à
Nantes, à l'île de Sein, à Vassieux-en-Vercors, et
ailleurs, ont enduré pendant des années, des destructions, des
privations, des angoisses et des mutilations n'aient jamais à constater
l'indifférence des uns ou l'ignorance des autres.
" Cet espoir, enfin, c'est que ces pages écrites avec le sang, les
larmes, les deuils, les actes d'héroïsme et les sacrifices
librement consentis débouchent le plus vite possible sur un
désarmement global et simultané. C'est là une
nécessité vitale après laquelle il restera encore un geste
à faire en faveur de la paix : le désarmement dans les esprits,
le désarmement dans les âmes, c'est-à-dire la
compréhension et l'union.
" Je souhaite de tout coeur qu'au-delà de la transmission de notre
mémoire collective la signature de notre pacte d'amitié
préfigure la réalisation de cette Paix. "
Jacques Chirac
Marie de Paris,
" La signature d'un pacte d'amitié entre les villes Compagnons de
la Libération m'apparaît à la fois comme un acte
nécessaire et comme un témoignage de fidélité.
" C'est un acte nécessaire qui doit permettre, dans l'avenir,
d'assurer la pérennité de la mission confiée par le
Général de Gaulle à l'Ordre de la Libération, dont
l'esprit doit être pour les générations futures une
expression privilégiée de la volonté nationale de
résistance et d'indépendance. Le jour où le dernier des
Compagnons nous aura quittés, les cinq villes qui partagent aussi
l'honneur d'une telle dignité auront à prendre la relève
de cette moderne chevalerie et à manifester par leur action une
inébranlable volonté de promouvoir le geste de liberté qui
est la source même de leur engagement commun.
" Mais il s'agit également, dès aujourd'hui, d'un
témoignage de fidélité auquel Paris se trouve, par son
histoire, personnellement lié. La capitale sait bien quel fut le prix
payé pour la reconquête de notre liberté. Le Paris
insurgé de l'été 1944, qui se dresse contre l'occupant et
proclame, par le sang de ses habitants, que le désespoir n'a pas de
place au pays de France, doit être prêt, quarante ans plus tard,
à la même alliance du peuple et de la liberté qui est le
rempart le plus sûr contre toutes les entreprises d'oppression.
Siège du Musée de l'Ordre de la Libération, Paris aura
à coeur de favoriser le développement de son rôle et
d'aider à organiser toutes les manifestations et
cérémonies susceptibles d'en développer encore le
rayonnement. C'est avec la foi et l'espérance qui animent les grandes
heures de son histoire que Paris est heureux de s'associer pleinement à
cette initiative nouvelle et à établir avec les quatre autres
cités Compagnons une concertation étroite et
régulière qui permette à l'Ordre de poursuivre et de
renforcer son rôle indispensable au service de la Nation tout
entière. "
Jacques Roux
Maire de Vassieux-en-Vercors
" Vassieux-en-Vercors : humble cité au coeur du massif du Vercors.
" Sur ses terres âpres et difficiles, une centaine de soldats de la
Résistance donnèrent leur vie au cours de combats de juillet 1944
imposés par un ennemi implacable mais déjà
fléchissant. 73 habitants de la commune tombèrent à leurs
côtés, innocentes victimes abattues sur le sol ancestral.
" Héros et martyrs ont écrit de leur sang une des pages les
plus nobles de notre Histoire, et leurs sacrifices communs ont fait de ce
village un des hauts lieux de France, Compagnon de l'Ordre de la
Libération.
" Il aura, dès la disparition du dernier être humain
auréolé de ce titre, la lourde tâche d'assurer la
pérennité de l'Ordre de la Libération aidé en cela
par Paris, Nantes, Grenoble et l'Ile de Sein, autres dignitaires de cette
chevalerie des temps modernes auxquels il s'est lié par un pacte
d'amitié.
" Mission agréable dans un premier temps qui permettra aux cinq
communes de tisser entre elles des liens fraternels.
" Mission difficile dans un avenir plus lointain où les
témoins de ces heures sombres et glorieuses auront disparu eux aussi,
où les sacrifices consentis se seront estompés dans les brumes du
temps pour entrer dans la légende.
" Alors, il conviendra de rappeler les circonstances de leurs combats, la
diversité de leurs champs de bataille, dire et redire que chaque
cérémonie demeure un pèlerinage du souvenir, montrer les
cicatrices restées vives dans la chair de notre terroir et conserver
pieusement les derniers vestiges de leurs dernières luttes.
" Ainsi demeurera la flamme de l'honneur et de la liberté transmise
de génération en génération... Flambeau
éternel souvent ravivé qui rappellera inlassablement à
notre jeunesse -dès ses plus tendres années- que des gars de
vingt ans, aux heures les plus sombres de notre Histoire, ont montré le
sens de l'honneur et de l'abnégation dans la lutte qu'ils menaient pour
la liberté et l'indépendance de notre Patrie.
" A nous donc de faire luire de son plus vif éclat cette flamme
vivace ; elle est l'âme de la France éternelle. "
Alain Le Roy
Maire de l'Ile de Sein,
" Les Sénans sont heureux et fiers de se voir confier pour
tâche une charge aussi importante que la conservation de la
Mémoire de l'Ordre.
" Je me permets de reprendre la citation à l'Ordre de la
Libération de l'Ile de Sein :
"
Devant l'invasion ennemie s'est refusée à abandonner le
champ de bataille qui était le sien : la mer.
"
" Cette mer qui est notre ennemie mais aussi notre vie, notre
nourricière, mais nous isole, et cet isolement de l'insularité
nous oblige à la solidarité, solidarité qui nous permet de
résister à un monde en perpétuel agression et sans cette
solidarité nous ne pourrions survivre.
" Il est très important que par solidarité les communes
Compagnons de la Libération se lient en un pacte d'amitié pour
assurer la pérennité et les traditions de l'Ordre.
" Il est important que se perpétue l'idéal de l'Ordre de la
Libération à travers les communes rassemblées dans la
liberté et de transmettre intact le patrimoine de l'Ordre.
" L'Ile de Sein, quant à elle, prend la ferme résolution de
continuer la tradition, la fidélité, le service de la Patrie, tel
que les Compagnons en avaient l'idéal. "
ANNEXE
4
-
TEXTES DU GÉNÉRAL DE GAULLE
ET
D'ANDRÉ MALRAUX
SUR LES COMPAGNONS DE LA
LIBÉRATION
Source : Chancellerie de l'Ordre de la Libération
TEXTE
D'INTRODUCTION AU
MÉMORIAL DES COMPAGNONS DE LA LIBÉRATION (1961)
" Soldats tombés dans les déserts, les montagnes ou les plaines ; marins noyés que bercent pour toujours les vagues de l'océan ; aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre ; combattants de la Résistance tués aux maquis et aux poteaux d'exécution ; vous tous qui, à votre dernier souffle, avez mêlé le nom de la France, c'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort, cimenté les résolutions... Vous avez pris la tête de l'immense et magnifique cohorte des fils et des filles de la France qui ont, dans les épreuves, attesté sa grandeur. Votre pensée fut, naguère, la douceur de nos deuils. Votre exemple est, aujourd'hui, la raison de notre fierté. Votre gloire sera, pour jamais, la compagne de notre espérance . "
C. DE GAULLE
TEXTE
D'ANDRÉ MALRAUX
L'ORDRE DE LA LIBÉRATION
" Vous savez, dans cinquante ans, l'Ordre aura disparu,
puisque
nous serons tous morts. Les historiens seront soucieux de savoir ce qu'il
signifie, non en théorie, mais dans la vie des Compagnons. Je ne parle
pas ici pour moi, mais pour eux. Prenons le résumé de ce qu'ils
m'ont dit :
" - Aux pires jours de la défaite, ils n'ont pas perdu
Confiance en la France. Et dès qu'ils ont repris le combat ils ont
entendu assumer la France, et non former une Légion Etrangère. Ce
qui était fort important. Car c'est cette résolution d'assumer la
France, qui a permis l'unité des Forces Françaises libres et de
la Résistance de Leclerc et de Jean Moulin.
" - Ils étaient des volontaires, et se séparent ainsi
de leurs grands prédécesseurs, les Anciens de Verdun, par exemple.
" - Ils ont été des Témoins. Nous ne tenons pas
Bir-Hakeim pour Austerlitz. Mais Bir-Hakeim, comme le premier combat de Jeanne
d'arc à Orléans, a été la preuve que la France
n'était pas morte.
" - L'Ordre est un Cimetière.
" Les vraies décorations nous sont remises par la mort au
passage... On dit, légitimement d'ailleurs : la Croix de la
Libération. Regardez-là : ce n'est pas une croix, c'est une dalle
funéraire. Il faut dire, répéter, proclamer, que l'Ordre
de la Libération n'est pas formé d'hommes qui se sont
séparés des autres par leur courage, mais bien d'hommes à
qui leur courage a donné la chance de représenter tous ceux qui,
le cas échéant, n'avaient pas été moins courageux
qu'eux. Il n'est pas une hiérarchie dans la Libération, il est le
symbole de la Libération. Nous parlons au nom de nos survivants -qui
parlent au nom de leurs morts- qui parlent au nom de tous les morts.
" Vous savez que dans la crypte du mont Valérien, il y a un
cercueil vide : il attend le dernier Compagnon de la Libération.
" Quand on le clouera, il n'y aura plus aucun des nôtres pour dire :
" A Bir-Hakeim, nous avons enfoncé les lignes de Rommel par une
soirée féérique... ", ni " Quand nous sommes
entrés par la porte d'Orléans, personne ne croyait que les chars
qui fonçaient dans Paris était des chars français, et nous
sommes arrivés à la porte d'Orléans couverts de rouge
à lèvres... "
" Dans le silence, le dernier Compagnon retrouvera le premier Compagnon.
" Le dernier cercueil du Mont Valérien ne sera pas non plus un
cercueil solitaire. On ne le fermera pas seulement sur le dernier Compagnon :
on le fermera aussi sur le dernier combattant de la Première Division
Française Libre ou de la 2e Division Blindée, sur le dernier
pêcheur breton qui amena des Français clandestins en Angleterre,
sur le dernier cheminot qui paralysa provisoirement les V2, sur les derniers
maquisards grâce à qui les panzers d'Aquitaine n'arrivèrent
pas à temps en Normandie, sur la dernière couturière morte
dans un camp d'extermination pour avoir pris chez elle un de nos postes
émetteurs. Comme les gisants de la Chevalerie morte écoutaient
crépiter le bûcher de Rouen, tous ceux qui se sont
réfugiés dans l'âge de la France, écouteront le
marteau sur les clous funèbres. Des archers d'Agnadel aux clochards
d'Arcole, de la Garde Impériale jusqu'aux trois cent mille morts du
Chemin-des-Dames, des cavaliers de Reims et de Patay aux francs-tireurs de 70,
montera le silence séculaire de l'acharnement. Avec la phosphorescence
des yeux des morts, ceux qu'on ne verra plus jamais veilleront notre dernier
Compagnon -non pour son courage, mais parce que l'ouvrier qui clouera le
cercueil, le clouera sur la confuse multitude de tous les morts qui auront
tenté de soutenir à bout de bras les agonies successives de la
France.
" Alors, la Croix de Lorraine de Colombey, l'avion écrasé de
Leclerc, la grand'mère corse qui cachait tranquillement le revolver de
Maillot dans la poche de son tablier, le dernier cheminot fusillé comme
otage, la dernière dactylo morte à Ravensbrück pour avoir
donné asile à l'un des nôtres, confondront leur ombre avec
celle de notre dernier Compagnon. Et avant que l'éternelle histoire se
mêle à l'éternel oubli, l'ombre étroite qui
s'allongera lentement sur la France, aura encore la forme d'une
épée. "
Texte transcrit par Michelle Michel avec l'accord d'Albert Beuret
(exécuteur testamentaire d'après l'interview accordée
à Madame Anglade, émission télévisée du 17
juin 1971).
1
Mémoires de Guerre, Plon, 1954,
p. 74.
2
Cf. annexe 2.
3
cf. liste en annexe 1.
4
cf. annexe 4.
5
Ordonnance du 26 août 1944 relative aux secours
attribués aux Compagnons et à leurs familles et ordonnance
n° 45-779 du 10 août 1945 portant organisation de l'Ordre de la
Libération (cf. annexe 2).
6
Décision 15 L, " institut des hautes études
d'outre-mer ", 18 juillet 1961.
7
Décision 27 L, " Radiodiffusion
Télévision Française ", 17-19 mars 1964.
8
Le motif proposé pour la citation était le suivant :
" Village du VERCORS qui, grâce au patriotisme de ses habitants,
s'est totalement sacrifié pour la cause de la Résistance
française en 1944.
" Principal centre de parachutage pour l'aviation alliée sur le
plateau, a toujours aidé de tous ses moyens les militaires du Maquis
dans les opérations de ramassage des armes. Très violemment
bombardé le 14 juillet, attaqué par 44 planeurs
allemands les 21 et 22 juillet, a eu 72 de ses habitants massacrés
et la totalité de ses maisons brûlées par un ennemi sans
pitié. Martyr de sa foi en la résurrection de la Patrie. "
9
La Croix de la Libération a été
décernée à l'Ile de Sein avec le motif suivant :
" Devant l'invasion ennemie, s'est refusée à abandonner le
champ de bataille qui était le sien : la mer.
" A envoyé tous ses enfants au combat sous le pavillon de la France
libre devenant ainsi l'exemple et le symbole de la Bretagne tout
entière. ".