Projet de loi portant règlement définitif du budget de 1996
MARINI (Philippe)
RAPPORT 37 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- EXPOSÉ GÉNÉRAL
-
CHAPITRE PREMIER
1996, UNE ANNEE CHARNIERE -
CHAPITRE II
DU BUDGET INITIAL À LA LOI DE RÈGLEMENT -
CHAPITRE III
LES RECETTES ET LES DÉPENSES -
EXAMEN DES ARTICLES
-
ARTICLE PREMIER
Résultats généraux de l'exécution
des lois de finances pour 1996 -
ARTICLE 2
Recettes du budget général -
ARTICLE 3
Dépenses ordinaires civiles du budget général -
ARTICLE 4
Dépenses civiles en capital du budget général -
ARTICLE 5
Dépenses ordinaires militaires du budget général -
ARTICLE 6
Dépenses militaires en capital du budget général -
ARTICLE 7
Résultat du budget général de 1996 -
ARTICLE 8
Résultats des budgets annexes -
ARTICLE 9
Comptes spéciaux dont les opérations se poursuivent en 1997 -
ARTICLE 10
Pertes et profits sur emprunts et engagements de l'Etat -
ARTICLE 11
Apurement d'une partie du solde créditeur d'un compte spécial du Trésor -
ARTICLE 12
Reconnaissance d'utilité publique de dépenses comprises
dans des gestions de fait -
ARTICLE 13
Transport aux découverts du Trésor
-
ARTICLE PREMIER
- EXAMEN EN COMMISSION
-
REPONSES DE LA COUR DES COMPTES AUX QUESTIONS
POSEES PAR LA COMMISSION DES FINANCES-
I. - LES SERVICES FINANCIERS
-
A. LES RECETTES ET DÉPENSES EXTRABUDGÉTAIRES RETRACÉES
SUR LES COMPTES 466 DE LA COMPTABILITÉ DES TRÉSORIERS PAYEURS
GÉNÉRAUX.
- 1. - Le compte 466-17 "Frais de services des comptables du Trésor"
- 2. - Compte 466-21 "Opérations d'encaissement et de répartition de remises et commissions sur emprunts et émissions de correspondants nationaux"
- 3. - Comptes 466-223 et 466-224 "Rémunérations accessoires de certains agents de l'Etat - Cadastre"
- 4. - Compte 466-226 "Hypothèques"
- 5. - Compte 466-24 "Masse des douanes"
- B. LES AUTRES RECETTES ET DÉPENSES EXTRABUDGÉTAIRES DES SERVICES FINANCIERS.
-
A. LES RECETTES ET DÉPENSES EXTRABUDGÉTAIRES RETRACÉES
SUR LES COMPTES 466 DE LA COMPTABILITÉ DES TRÉSORIERS PAYEURS
GÉNÉRAUX.
- II. MINISTERE DE L'EQUIPEMENT
- III. MINISTERE DE L'AGRICULTURE
- I. ANNEXE : DATE ET MONTANT DES PRINCIPAUX PRODUITS DE CESSION DE TITRES ENCAISSÉS ET DES PRINCIPAUX CONCOURS AUX ENTREPRISES PUBLIQUES VERSÉS EN 1996.
-
I. - LES SERVICES FINANCIERS
N° 37
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 27 octobre 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant règlement définitif du budget de 1996 ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
587
,
934
,
997
et T.A.
177
.
Sénat
:
528
(1997-1998).
Loi de règlement. |
EXPOSÉ GÉNÉRAL
CHAPITRE PREMIER
1996, UNE ANNEE
CHARNIERE
La
prévision de croissance pour 1996, de 2,8 % en volume et de
4,9 % en valeur a été déjouée. La croissance
fut en réalité de 1,2 % en volume et de 2,6 % en valeur.
Le scénario du gouvernement alors associé au projet de loi de
finances initiale ressort du tableau ci-dessous.
Principales hypothèses économiques
portant
sur
l'évolution des ressources et emplois des biens et des services
(en milliards de francs)
|
1995 |
1996 |
||||
|
Valeurs prix courants |
Indice de volume |
Valeurs prix 1995 |
Indice de prix |
Valeurs prix courants |
Indice de valeur |
Ressources |
|
|
|
|
|
|
Produit intérieur brut |
7.752,7 |
102,8 |
7.970,4 |
102,0 |
8.133,0 |
104,9 |
Importations |
1.636,4 |
105,7 |
1.730,0 |
101,6 |
1.758,0 |
107,4 |
Total des ressources |
9.389,1 |
103,3 |
9.700,4 |
102,0 |
9.891,0 |
105,3 |
Emplois |
|
|
|
|
|
|
Consommation finale des ménages |
4.622,6 |
102,3 |
4.729,5 |
102,2 |
4.833,8 |
104,6 |
Consommation finale des administrations |
1.527,8 |
102,1 |
1.559,5 |
101,7 |
1.585,3 |
103,8 |
Formation brute de capital fixe totale |
1.414,5 |
105,1 |
1.486,8 |
102,3 |
1.521,2 |
107,5 |
Dont : |
|
|
|
|
|
|
Sociétés et entreprises individuelles |
771,7 |
108,0 |
833,6 |
102,0 |
850,5 |
110,2 |
Ménages |
364,5 |
102,0 |
371,8 |
102,7 |
381,8 |
104,7 |
Administrations publiques |
248,9 |
101,0 |
251,3 |
102,7 |
258,1 |
103,7 |
Administrations privées |
5,4 |
101,9 |
5,5 |
101,8 |
5,6 |
103,7 |
Assurances et institutions de crédits |
24,0 |
102,9 |
24,7 |
102,0 |
25,2 |
105,0 |
Variations de stocks |
1,5 |
|
9,3 |
|
9,7 |
|
Exportations |
1.822,7 |
105,1 |
1.915,3 |
101,3 |
1.941,0 |
106,5 |
Total des emplois |
9.389,1 |
103,3 |
9.700,4 |
102,0 |
9.891,0 |
105,3 |
I. UN SCÉNARIO FONDÉ SUR UNE REPRISE DE LA DEMANDE INTERIEURE...
Sur
fond de quasi-neutralité de la contribution du commerce extérieur
à la croissance, les importations devant s'accroître un peu plus
vite que les exportations, la demande intérieure devait soutenir une
croissance ainsi consolidée par rapport à 1995.
La consommation des ménages
devait s'accroître de
2,3 % comme on estimait alors qu'elle le ferait en 1995. Cette
hypothèse reposait sur le pari d'une augmentation du pouvoir d'achat du
revenu disponible des ménages de 1,6 % et d'une baisse importante
de 0,7 point du taux d'épargne des ménages attendue d'un retour
à la confiance, du recul espéré du chômage et de
l'inflexion des taux d'intérêt.
La demande des entreprises
était censée amplifier les
effets sur la croissance de l'augmentation de la consommation des
ménages. On escomptait une variation de 8 % de l'investissement des
entreprises favorisée par un partage de la valeur ajoutée
stabilisée et par une baisse des charges d'intérêt -effet
de profit- ainsi que -effet d'accélération- par le dynamisme de
la consommation des ménages.
La dynamique du prix du PIB
devait être modérée ;
néanmoins, on en attendait une augmentation de 2 %.
Sur ces bases économiques,
le besoin de financement des
administrations publiques
devait se réduire d'1 point.
Cette évolution devait principalement provenir d'un freinage de
la dépense publique assumée par le budget de l'Etat dont
l'augmentation devait être contenue à 1,8 % pour une
croissance nominale du PIB de 4,9 %.
Les recettes fiscales perçues par l'Etat devaient, quant à
elles, progresser de 3,9 % grâce, principalement, à
l'extension en année pleine des mesures arrêtées par la loi
de finances rectificative du 4 août 1995.
Tout devait donc se passer comme si le poids des dépenses
publiques dans le PIB étant sensiblement allégé, ce
phénomène compenserait et au-delà la baisse des
prélèvements fiscaux exprimés en proportion du PIB pour
aboutir à une réduction du déficit public en points de PIB.
Le rapport économique, social et financier comportait en outre une
hypothèse conventionnelle de maîtrise des déficits sociaux
aux termes de laquelle le besoin de financement des régimes sociaux
devait être réduit de 0,4 point de PIB et, par
conséquent, diminué de moitié par rapport aux estimations
alors possibles.
II. ... QUI N'ATTEIGNIT PAS LES OBJECTIFS ESCOMPTÉS
Dans
les faits, l'activité devait décevoir les attentes, le rythme de
croissance, toutefois positif, étant deux fois moins rapide
qu'escompté.
Comme le montre le tableau ci-dessous, ce phénomène fut loin
d'être le monopole de la France.
Eléments sur la croissance en 1995 et 1996
de
quelques
pays industrialisés
(1)
(en %)
|
1995 |
1996 |
France |
2,0 |
1,3 |
Allemagne |
1,8 |
1,4 |
Royaume-Uni |
2,7 |
2,2 |
Italie |
2,9 |
0,7 |
Belgique |
2,1 |
1,5 |
Pays-Bas |
2,3 |
3,3 |
Espagne |
2,9 |
2,3 |
UE à 15 |
2,4 |
1,7 |
UEM |
2,4 |
1,6 |
Etats-Unis |
2,3 |
3,4 |
Canada |
2,2 |
1,2 |
Japon |
1,4 |
4,1 |
OCDE |
2,2 |
2,8 |
L'écart concernant la France avec le chiffre cité par ailleurs provient de la prise en compte d'un autre déflateur.
L'ensemble des pays industrialisés hors Japon, Etats-Unis et Pays-Bas,
connurent une inflexion de leur croissance de l'ordre de grandeur de celle
qu'éprouva notre pays.
On peut à juste titre évoquer le parallélisme des phases
économiques dans les pays d'Europe continentale, les Pays-Bas
constituant une exception dont la signification ne doit probablement pas
être exagérée.
Le tableau ci-après décrit l'évolution du PIB en France
et de ses différentes composantes.
Principales réalisations (1)
(en milliards de francs)
|
1995 |
1996 |
||||
|
Valeurs prix courants |
Indice de volume |
Valeurs prix 1995 |
Indice de prix |
Valeurs prix courants |
Indice de valeur |
Ressources |
|
|
|
|
|
|
Produit intérieur brut |
7.662,4 |
101,2 |
7.756,3 |
101,3 |
7.860,5 |
102,6 |
Importations |
1.621,4 |
103,0 |
1.669,6 |
100,7 |
1.681,2 |
103,7 |
Total des ressources |
9.283,8 |
101,5 |
9.425,9 |
101,2 |
9.541,7 |
102,8 |
Emplois |
|
|
|
|
|
|
Consommation finale des ménages |
4.586,6 |
101,9 |
4.672,7 |
102,0 |
4.768,0 |
104,0 |
Consommation finale des administrations |
1.495,7 |
101,6 |
1.520,3 |
101,6 |
1.544,3 |
103,2 |
Formation brute de capital fixe totale |
1.374,8 |
98,9 |
1.360,0 |
100,6 |
1.367,5 |
99,5 |
Dont : |
|
|
|
|
|
|
Sociétés et entreprises individuelles |
758,3 |
98,5 |
746,7 |
100,5 |
750,0 |
98,9 |
Ménages |
351,1 |
99,8 |
350,5 |
100,8 |
353,2 |
100,6 |
Administrations publiques |
242,1 |
98,5 |
238,4 |
100,8 |
240,4 |
99,3 |
Administrations privées |
4,9 |
101,5 |
4,9 |
101,2 |
5,0 |
102,0 |
Assurances et institutions de crédits |
18,4 |
106,0 |
19,5 |
97,4 |
18,9 |
102,7 |
Variations de stocks |
23,7 |
|
- 17,0 |
|
- 23,7 |
|
Exportations |
1.803,0 |
104,8 |
1.889,9 |
99,8 |
1.885,6 |
104,6 |
Total des emplois |
9.283,8 |
101,5 |
9.425,9 |
101,2 |
9.541,7 |
102,8 |
(1)
Comptes provisoires
La demande intérieure s'est, en moyenne, montrée beaucoup moins
dynamique que prévu.
La consommation des ménages n'a progressé que de 1,9 %
mais, surtout, la demande des entreprises a reculé.
Le dynamisme de la consommation des ménages
fut moindre
qu'escompté en raison d'une progression de leur pouvoir d'achat bien
inférieure à la prévision (0,4 % contre 1,6 %).
L'augmentation des salaires bruts fut moins forte qu'escompté (0,5
contre 1,4 %). Les transferts nets entre ménages et administrations
publiques étant beaucoup moins défavorables que prévu
(- 0,3 point contre - 0,6), la progression des revenus de la
propriété étant décevante, la consommation des
ménages ne fut soutenue que grâce à une baisse très
importante de leur taux d'épargne (- 1,2 point).
C'est aux conditions du partage du revenu primaire, qu'il s'agisse de
l'évolution de la masse salariale, ou de l'évolution des fruits
de la propriété, qu'est imputable un rythme décevant de
consommation des ménages.
Quant à la demande des entreprises
, elle s'inscrivit en retrait non
seulement par rapport aux prévisions, mais aussi par rapport à
l'année précédente.
Outre un déstockage important provoqué notamment par des
perspectives de prix plutôt déprimées, l'investissement des
entreprises déclina légèrement.
La très modeste progression de l'excédent brut d'exploitation
des entreprises, les perspectives peu favorables de la demande, l'absence donc
de tension sur les capacités de production, laissèrent
languissante la composante de croissance dont on attendait le plus grand
dynamisme.
En revanche, le
commerce extérieur
se révéla
particulièrement bien orienté et contribua pour 0,5 point
à la croissance alors qu'une contribution neutre était attendue.
Cette composition de la croissance et son rythme n'étaient "a
priori" pas favorables à une réduction de nos déficits
publics
. Celle-ci étant pourtant nécessaire compte tenu des
risques financiers qu'un endettement public important fait courir à
l'Etat, de nos engagements européens et de l'effet d'éviction
exercé sur les investisseurs privés,
le gouvernement
décida de conduire une politique rigoureuse des finances publiques
.
L'objectif de réduction du déficit public fut quasiment atteint,
grâce en particulier à la mise en oeuvre du plan de redressement
des comptes sociaux.
On peut supposer que la détermination du gouvernement à abaisser
le niveau du déficit public par la crédibilité qu'elle a
conférée à la politique économique du pays a
puissamment contribué à la décrue des taux
d'intérêt, si nécessaire et tant attendue, observée
en cours d'année. L'amélioration de la conjoncture à
partir du second semestre de l'année, masquée par l'expression
en moyenne des résultats économiques de 1996, fut pour beaucoup
la résultante de la politique économique alors mise en oeuvre.
Cette politique allait déboucher sur la reprise de 1997 et sur les
succès rencontrés dans la poursuite de nos objectifs
d'unification monétaire en Europe.
CHAPITRE II
DU BUDGET INITIAL À LA LOI DE
RÈGLEMENT
Dans un
contexte marqué sur le moyen terme par l'intervention croissante du
budget de l'Etat dans des domaines situés à la
périphérie de ses compétences traditionnelles, les lois de
finances pour 1996 se situaient dans une perspective de rigueur
financière et de réaffirmation du rôle de l'Etat.
Répondant à la fois à une urgence sociale ainsi
qu'à une nécessité économique, elles faisaient de
la maîtrise des finances publiques et de la dépense sociale la
condition du maintien du rang et du rôle de la France, notamment dans le
cadre de la construction européenne.
I. LA LOI DE FINANCES INITIALE POUR 1996
A. LA NÉCESSAIRE SAGESSE
L'examen
de l'architecture de ce projet de loi de finances avait mis en évidence
la part considérable de la charge de la dette, représentant
à elle seule près de 18 % des ressources nettes, ainsi que
la persistance d'un solde primaire déficitaire à hauteur de
60 milliards de francs.
Dans ce contexte, après les "années-cigale" de 1989-1992 et la
crise de 1993, il apparaissait indispensable de poursuivre l'effort de sagesse
mis en place depuis 1994 en matière de dépenses publiques, tout
en procédant à un remodelage du système de
prélèvements obligatoires.
B. L'ÉQUILIBRE FIXÉ EN LOI DE FINANCES INITIALE
Equilibre du budget 1996
(en milliards de francs)
|
Loi de finances pour 1995 |
Loi de finances pour 1996 |
Variation en % |
- Dette publique (hors remboursement et dégrèvement) |
224,6 |
247,0 |
+ 10,0 |
- Budgets civils |
|
|
|
. Pouvoirs publics |
3,9 |
4,2 |
+ 5,75 |
. Moyens des services |
511,8 |
533,2 |
+ 4,20 |
. Interventions publiques |
417,5 |
447,8 |
+ 7,25 |
. Dépenses en capital |
86,2 |
84,4 |
- 2,10 |
TOTAL |
1.019,4 |
1.069,6 |
+ 4,90 |
- Budget militaire |
|
|
|
. Dépenses de fonctionnement |
148,5 |
152,5 |
+ 2,70 |
. Dépenses en capital |
94,9 |
88,9 |
- 6,30 |
TOTAL |
243,4 |
241,4 |
- 0,80 |
TOTAL BUDGET GENERAL |
1.487,4 |
1.558,0 |
+ 4,75 |
Charge nette des comptes spéciaux du Trésor |
15,9 |
10,8 |
- 32,10 |
Total des charges |
1.503,3 |
1.568,8 |
+ 4,35 |
Recettes nettes |
1.228,2 |
1.281,0 |
+ 4,30 |
Solde général |
- 275,1 |
- 287,8 |
+ 4,60 |
Solde en % du PIB |
- 3,5 |
- 3,5 |
|
L'équilibre proposé par la loi de finances
initiale se
traduisait par une progression des charges du budget général de
4,75 %, une augmentation de 4,30 % des recettes nettes et un solde
général négatif de 287,8 milliards de francs.
- Les charges du budget général progressaient de 4,75 % pour
s'établir à 1.558 milliards de francs. Cette augmentation
était limitée à 4,35 % si l'on y intègre la
charge nette des comptes spéciaux du Trésor qui était
estimée à 10,8 milliards de francs.
La charge de la dette publique était en augmentation de 10 %
par rapport à la foi de finances initiale pour 1995 ;
Les moyens des services civils progressaient de 4,2 %, et les
dépenses militaires de fonctionnement augmentaient de 2,7 % ;
Les dépenses d'intervention s'accroissaient de 7,25 % ;
Les dépenses civiles en capital diminuaient de 2,1 % et les
dépenses militaires de 6,30 %.
S'agissant des recettes, la loi de finances était construite sur deux
paramètres positifs : une hypothèse de croissance
élevée (2,8 %) et les effets de l'extension en année
pleine des mesures fiscales du collectif budgétaire du 4 août
1995.
- Les recettes nettes augmentaient de 4,30 % et représentaient
1.281 milliards de francs, soit une progression inférieure à
celle prévue pour le PIB en valeur (+ 5,1 %), traduisant ainsi
une croissance "pauvre en impôt".
Les recettes fiscales nettes représentaient 1.401,1 milliards
de francs, contre 1.305,9 milliards de francs en 1995, soit une hausse de
7,3 %.
Les ressources non fiscales s'élevaient à
115,6 milliards de francs (hors recettes d'ordre) en très net repli
par rapport à 1995 (156,4 milliards de francs), soit une diminution
de 26,1 %.
Les prélèvements sur recettes représentaient
252,5 milliards de francs, soit une augmentation de 2,95 % par
rapport à 1995.
Les prélèvements au profit des collectivités locales
augmentaient de 4 % et ceux au profit des communautés
européennes de 1,1 %.
II. LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DU 30 DÉCEMBRE 1996
Le "collectif de fin d'année" avait pour objet de procéder aux ajustements rendus nécessaires par l'évolution de la conjoncture et par la mise en oeuvre de mesures décidées en cours d'année. Ne modifiant que marginalement le déficit fixé en loi de finances initiale, il confirmait les orientations de la politique budgétaire alors définies, dans un contexte marqué par une croissance en volume inférieure de 1,5 point aux prévisions : 1,3 % contre 2,8 %.
A. LES OUVERTURES DE CRÉDITS
Les
ouvertures de crédits supplémentaires s'élevaient pour le
budget général à 27,9 milliards de francs, se
répartissant comme suit :
- 18,4 milliards de francs pour les dépenses ordinaires
civiles ;
- 8,3 milliards de francs pour les dépenses civiles en
capital ;
- 1,2 milliards de francs pour les dépenses militaires
(rémunération des personnels militaires au titre du surcoût
induit par les opérations extérieures).
Les principaux mouvements concernant les dépenses civiles sont les
suivants :
- les dotations en capital aux entreprises publiques pour lesquelles
4,9 milliards de francs sont inscrits au budget des charges communes ;
- la prime à la reprise des véhicules anciens, à
hauteur de 2 milliards de francs ;
- la majoration de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour
2,5 milliards de francs ;
- le relèvement de 1,1 milliard de francs de la contribution
de l'Etat aux transports collectifs d'Ile-de-France, compte tenu des mouvements
de grève de la fin de l'année 1995 ;
- l'augmentation de 1,1 milliard de francs de la subvention
versée au CNES.
Par ailleurs, associés aux ouvertures de crédits de ce projet de
loi de finances rectificative, 16,15 milliards de francs de crédits
(nets de remboursements et dégrèvements) ont été
annulés par arrêté en date du 13 novembre 1996.
Ces annulations se répartissaient comme suit :
12,6 milliards de francs de dépenses ordinaires des services
civils, dont 9,4 milliards de francs d'annulation sur la charge de la
dette ;
1,5 milliard de francs pour les dépenses civiles en
capital ;
2,04 milliards de francs de dépenses d'équipement
militaire.
B. LES RÉÉVALUATIONS DE RECETTES
Les
ressources nettes du budget général étaient
réévaluées de 7,6 milliards de francs.
Les recettes fiscales nettes baissaient de 22,8 milliards de francs, soit
une moins-value approchant 1,6 % de la prévision initiale et
provenant pour l'essentiel de la révision de croissance. Ainsi, les
recettes de TVA étaient estimées en retrait de
22,1 milliards de francs pour leur produit net.
Les recettes non fiscales progressaient de 21,6 milliards de francs, en
hausse de 16,3 % par rapport aux estimations initiales, mais en baisse de
5,9 % par rapport à 1995. Cette progression correspondait, à
hauteur de 19,8 milliards de francs, à celle de recettes diverses
(reversement de la COFACE, reversements de la BFCE...).
Les prélèvements sur recettes dégageaient un
supplément de recettes de 8,8 milliards de francs, en raison
principalement de la révision du montant du prélèvement
effectué au profit du budget des communautés
européennes.
C. LA RATIFICATION DE DEUX DÉCRETS D'AVANCES
1. Le décret d'avance du 10 avril 1996
Le
décret d'avance du 10 avril 1996 ouvrait 6,81 milliards de
francs sur neuf chapitres des budgets civils, la quasi-totalité de ces
ouvertures étant consacrée à trois objets :
les dotations en capital aux entreprises publiques, à hauteur de
3,72 milliards de francs ;
la prime à la reprise des véhicules anciens, avec
1,51 milliard de francs ;
le financement des prêts à taux zéro pour le logement
ancien, avec 1 milliard de francs.
En contrepartie, un arrêté d'annulation du même jour avait
annulé 4,81 milliards de francs en crédits de paiement.
L'essentiel de ces annulations avait touché les crédits
d'équipement de la défense à hauteur de
3,72 milliards de francs.
2. Le décret d'avance du 26 septembre 1996
Le
décret d'avance du 26 septembre 1996 ouvrait 10,92 milliards
de francs, dont 10,8 milliards de francs au titre des dépenses
ordinaires et, parmi celles-ci, 2,75 milliards de francs sur le budget de
la défense.
Les principales ouvertures ont concerné :
les crédits destinés aux contrats emploi-solidarité,
à hauteur de 3,4 milliards de francs et aux emplois ville,
majorés de 200 millions de francs ;
le financement de la majoration de l'allocation de rentrée
scolaire (doublée en 1996 alors qu'elle avait été
triplée en 1993, 1994 et 1995), soit 3,19 milliards de francs ;
la couverture du surcoût des opérations extérieures,
soit 2,62 milliards de francs au titre de la défense ;
des aides exceptionnelles liées à la maladie de
l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), à hauteur de
420 millions de francs.
L'arrêté d'annulation pris en même temps que le
décret d'avance a annulé 10,03 milliards de francs en
crédits de paiement sur tous les ministères.
III. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS OPÉRÉS PAR VOIE RÉGLEMENTAIRE
Les modifications du montant des crédits du budget général représentaient, en 1996, 106,2 milliards de francs, correspondant à 55,4 milliards de francs de reports, à 17,7 milliards de francs résultant des deux décrets d'avances, à 40,2 milliards de francs d'annulation de crédits et au rattachement de fonds de concours à hauteur de 73,3 milliards de francs.
A. LES REPORTS DE CRÉDITS
Les reports de crédits de 1995 vers 1996 s'établissaient à 55,4 milliards de francs, en progression de 15,6 % par rapport à 1995.
B. LES FONDS DE CONCOURS
Le volume des fonds de concours rattachés augmentait en 1996 de 12,3 % pour représenter 73,3 milliards de francs.
C. LES ANNULATIONS DE CRÉDITS
Elles représentaient, au sein du budget général en 1996, 40,2 milliards de francs, contre 43,1 milliards de francs en 1995.
IV. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS CONTENUS DANS LA LOI DE RÈGLEMENT
Le
projet de loi de règlement pour 1996 demandait, au titre du budget
général, l'ouverture de crédits à hauteur de
23,2 milliards de francs et l'annulation de 10,2 milliards de francs
de crédits. Ces montants étaient, respectivement en progression
de 44,8 % et en diminution de 28,4 %.
Les crédits ouverts concernaient presque exclusivement les
dépenses ordinaires civiles, et plus particulièrement les charges
de la dette publique et les dépenses en atténuation de recettes,
ainsi que, à hauteur de 113 millions de francs, les dépenses
militaires.
Les annulations de crédits s'imputaient, à hauteur de
8,9 milliards de francs sur les dépenses civiles et
1,2 milliard de francs sur les dépenses militaires.
CHAPITRE III
LES RECETTES ET LES
DÉPENSES
I. LES RECETTES EN 1996
A. L'ÉVOLUTION DES RECETTES FISCALES
En 1996, les recettes fiscales nettes de l'Etat ont progressé de 4,44 % par rapport à 1995, soit une croissance moins forte que celle attendue (7,6 %) mais nettement plus élevée que l'augmentation du PIB en valeur (3,2 %).
1. Les effets de la modification du contexte légal et réglementaire
Jusqu'en
1994, une méthode de répartition forfaitaire des recettes entre
catégories d'imposition était appliquée. Depuis 1995, la
répartition s'effectue sur la base des recouvrements réels
constatés, grâce à un dispositif informatique
extra-comptable intitulé "FVENT". Cette nouvelle méthode a
montré pour l'exercice 1996 que la répartition forfaitaire
conduisait à majorer les recettes d'impôt sur le revenu
(+ 1,5 milliard de francs) et des impôts locaux
(+ 5 milliards de francs), les recettes des autres impôts
d'Etat étant dès lors minorées.
Concernant les impôts locaux, la nouvelle méthode de
répartition, sur l'exercice courant, fait constater de moindres recettes
que la répartition forfaitaire (- 5 milliards) mais
l'extension de cette méthode à l'exercice précédent
a permis, au contraire, de comptabiliser un supplément de recettes si
bien qu'en 1996 a été constaté un supplément
d'impôts sur les rôles locaux de 4,5 milliards de francs lié
aux seules modifications de la comptabilisation.
Les écarts constatés en 1996 sont strictement inverses de ceux
enregistrés en 1995 dans la mesure où la répartition
comptable de 1995 ne concernait que les émissions sur exercice courant.
En 1996 :
•
l'impôt sur le revenu a été majoré de
5,4 milliards de francs
(- 1,5 milliard de francs pour l'exercice
courant, + 6,9 milliards de francs pour l'exercice
précédent) ;
• les autres impôts d'Etat ont été minorés
de 9,8 milliards de francs
(+ 4,8 milliards de francs pour
l'exercice courant, - 14,7 milliards de francs pour l'exercice
précédent) ;
• les impôts locaux ont été majorés de 4,4
milliards de francs
(- 3,4 milliards de francs au titre de
l'exercice courant, + 7,8 milliards de francs au titre de l'exercice
précédent).
Compte tenu de ces éléments, l'évolution des impôts
sur rôles doit être modifiée.
Évolution des impôts sur rôles
(en milliards de francs)
|
|
Évolution retraitée (hors effet du changement de mode de comptabilisation) |
Impôt sur le revenu |
+ 17,1 |
+ 11,7 |
Autres impôts d'Etat sur rôle |
- 13,5 |
- 3,6 |
Impôts locaux |
+ 38,7 |
+ 34,2 |
Total |
+ 42,3 |
+ 42,3 |
Source : Cour des comptes
2. L'évolution des principaux impôts
a) Les impôts perçus par voie de rôle
L'impôt sur le revenu
progresse de 5,7 % par
rapport à 1995, mais de 2,9 % à méthode de
comptabilisation constante, pour atteindre 314,1 milliards de francs. Cette
évolution est inférieure à celle des emplois taxables,
représentés par les salaires et les pensions, qui ont
progressé de 3,8 % en valeur en 1995.
L'impôt sur les sociétés
progresse de 13,8% et
même de 14,1 % à législation inchangée,
c'est-à-dire hors prise en compte de la majoration d'un point du taux de
l'amortissement dégressif des biens immobilisés. Il
s'élève à 143,1 milliards de francs. Le dynamisme de
l'impôt sur les sociétés net traduit une inversion de
tendance notable, et l'exécution définitive est bien
supérieure aux prévisions de la loi de finances rectificative
(+ 10,3 % pour l'impôt sur les sociétés brut).
La majoration exceptionnelle de 10 % décidée en 1995 ayant
été acquittée par les entreprises sous forme d'acompte, la
régularisation sur l'année 1996 a gonflé
l'impôt. De plus, la progression de l'impôt sur les
sociétés étant bien supérieure à celle de
l'excédent brut d'exploitation (+ 3 %), une explication de cet
écart pourrait résider dans la diminution des dotations aux
provisions qui avaient sensiblement diminué le produit de l'impôt
en 1995.
b) Les autres impôts
L'impôt de solidarité sur la fortune
a
progressé de 4,6 %, atteignant 8,92 milliards de francs en
1996.
La taxe sur les salaires
enregistre une légère diminution
(- 0,6 %) pour s'établir à 44,15 milliards de
francs.
Le
produit de la TVA brute
s'établit à
728 milliards de francs, soit une progression de 8,8 % par rapport
à 1995, alors que la TVA nette s'accroît de 6,5 % en raison
de l'augmentation des remboursements et crédits de TVA. Cependant, hors
l'effet de l'extension en année pleine de la hausse de deux points du
taux normal de TVA, le produit de la TVA brute augmente de 1,8 % et celui
de la TVA nette de 0,2 % par rapport à 1995.
La taxe intérieure sur les produits pétroliers
s'élève à 148,3 milliards de francs en 1996, en
progression de 3,5 %. Cette progression résulte de l'alourdissement
de la fiscalité du gazole, et de la progression de la consommation de
supercarburant sans plomb et de fioul domestique.
3. Les remboursements et dégrèvements d'impôts
Les
remboursements et dégrèvements d'impôts
figurent
à trois chapitres de crédits évaluatifs du budget des
charges communes :
- chapitre 15-01 - "dégrèvements, remises et annulations,
remboursements et restitutions sur contributions directes" ;
- chapitre 15-02 - "remboursements sur produits indirects et divers" ;
- chapitre 15-07 - "remboursement forfaitaire aux exploitants agricoles
non assujettis à la TVA".
La dépense globale sur ces chapitres s'est élevée à
260 milliards de francs en 1996, contre 222 milliards de francs en
1995, soit une progression de 17,3 %. Ce sont
les remboursements sur
TVA
qui ont progressé de manière la plus significative
(+ 20,8 %) devant
les dégrèvements sur impôts
directs
(+ 14,4 %).
Les remboursements de TVA
constituent la quasi-totalité
(97,2 %) des "remboursements sur produits indirects" inscrits au
chapitre 15-02. La moitié de l'augmentation observée
résulte du relèvement de deux points du taux normal de TVA et
l'autre moitié des remboursements à l'exportation et de
l'investissement, en raison d'un mécanisme de remboursement plus
favorable au régime exportateur. La progression avait été
bien anticipée en loi de finances initiale (+ 19 milliards de
francs), mais la révision effectuée en loi de finances
rectificative (annulation de 9,1 milliards de francs) est allée
à contre-courant de l'évolution observée.
Les
dégrèvements sur impôts directs
ont atteint
74,9 milliards de francs.
La progression la plus sensible a concerné les
dégrèvements prononcés sur impôts d'Etat
(+ 14,2 % soit 21,4 milliards contre 18,7 milliards de
francs), progression qui n'avait pas été pleinement
anticipée (la loi de finances rectificative prévoyait
20 milliards de francs). L'accroissement des dégrèvements
sur impôts d'Etat s'explique pour une large part par les
dégrèvements d'impôts sur les sociétés
(+ 46,3 % soit 6,22 milliards de francs en 1996 contre
4,26 milliards en 1995).
Les dégrèvements sur impôts locaux
progressent moins
sensiblement (+ 4,8 %), et cette hausse est due essentiellement aux
dégrèvements de taxe professionnelle liés au
mécanisme de plafonnement par rapport à la valeur ajoutée.
Alors qu'en loi de finances initiale pour 1996, une baisse du coût du
dégrèvement de taxe professionnelle était attendue, une
progression de la valeur ajoutée plus faible que prévue, et
nettement inférieure à l'évolution des cotisations de taxe
professionnelle, a majoré de 6,23 milliards de francs le montant
des dégrèvements attendus.
Les admissions en non-valeur et les remises et annulations ont progressé
de 37,6 % par rapport à 1995, soit une augmentation de
5,5 milliards de francs.
B. LES RECETTES NON FISCALES
Les
recettes non fiscales, hors recettes de privatisation, s'élèvent
à 159,5 milliards de francs en 1996, en diminution de 3,1 %
par rapport à 1995.
Ces recettes sont composées essentiellement des retenues et cotisations
sociales au profit de l'Etat (26,2 milliards de francs), des taxes,
redevances et recettes assimilées (23 milliards de francs), des
produits des exploitations industrielles et commerciales des
établissements publics à caractère financier
(18,2 milliards de francs). Par ailleurs, les recettes diverses
(82 milliards de francs) représentent, comme en 1995, plus de la
moitié du total des recettes non fiscales.
Le produit des
retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
progresse sensiblement (+ 3,8 %) en raison d'un surcroît de
cotisations lié à la suppression, le 1er septembre 1995, de la
remise forfaitaire de 42 francs sur la contribution sociale
généralisée.
Les taxes, redevances et recettes assimilées
progressent
très fortement (+ 15,7 %). Cette progression résulte,
en partie, de la hausse des frais d'assiette et de recouvrement des quatre
principaux impôts locaux et du remboursement des frais concernant les
autres impôts locaux (+ 7,6 %), cette hausse s'expliquant par
le dynamisme de la fiscalité locale en 1996. Les émissions
d'impôts locaux ont en effet atteint 324,9 milliards de francs en
1996 contre 303,5 milliards de francs en 1995 et l'Etat a perçu une
somme correspondant à un forfait de 4 % des émissions (soit
14,8 milliards de francs).
Le produit des
exploitations industrielles et commerciales et des
établissements publics à caractère financier
reste
stable par rapport à 1995 (+ 0,4 %) :
• les recettes perçues au titre des participations de l'Etat dans
les entreprises financières continuent leur chute : elles ne
représentent plus qu'un quart du montant de 1994 (1,4 milliard de
francs contre 6,2 milliards de francs). Cette évolution est due aux
privatisations, à la baisse des dividendes versés par la Banque
de France et la Caisse des dépôts et consignations, à la
dégradation des résultats des entreprises financières du
fait des provisions passées pour faire face à la crise
immobilière ;
• la Caisse des dépôts et consignations s'acquitte d'une
contribution représentative de l'impôt sur les
sociétés de 1,5 milliard de francs, alors que cette
contribution était nulle en 1995 ;
• le produit des jeux exploités par "La Française des Jeux"
atteint 6,6 milliards de francs, en léger recul par rapport
à 1995 qui avait été une année de forte hausse, en
raison de l'augmentation du prélèvement de l'Etat
conjuguée à une diminution des frais de gestion ;
• le produit des participations de l'Etat dans des entreprises
non-financières et des bénéfices des établissements
publics non-financiers est en retrait de 4,8 % par rapport à 1995,
à 8,5 milliards de francs.
Les produits et revenus du domaine de l'Etat atteignent 0,98 milliard de
francs (- 13,2 % à structure constante).
Même si elles enregistrent une baisse sensible (- 6,8%), l
es
recettes diverses
représentent, pour la deuxième année
consécutive, la moitié des recettes non fiscales.
Les recettes quasi-courantes représentent 27,3 milliards de francs
dont 20,3 milliards de francs au titre des recettes en atténuation
des charges de la dettes et des frais de trésorerie.
Les produits d'opérations diverses comprennent notamment les
reversements de la Banque française du commerce extérieur pour
2,9 milliards de francs et les reversements de la Compagnie
française d'assurance pour le commerce extérieur pour
7,4 milliards de francs, qui sont en forte hausse par rapport à
1995. Par ailleurs, la rémunération de la garantie
accordée par l'Etat aux caisses d'épargne diminue par rapport
à 1995, de 18 à 10 milliards de francs. Les versements de la
caisse d'amortissement de la dette sociale s'élèvent à
12,5 milliards de francs.
Les recettes de la ligne 899 s'élèvent à
18,1 milliards de francs, dont 6,8 milliards de francs de
prélèvement sur les fonds de réserve des livrets
d'épargne populaire et 4,6 milliards de francs pour la
rémunération de la garantie accordée par l'Etat à
ces fonds. Le reversement des résultats du Fonds de soutien des rentes,
qui n'avait pas été opéré en 1995, l'a
été en 1996 pour 1 milliard de francs.
C. LES PRÉLÈVEMENTS SUR RECETTES
Après une diminution inédite en 1995, les
prélèvements sur recettes ont repris leur tendance à la
hausse, atteignant 243 milliards de francs, soit une progression de
3,4 %.
Les prélèvements destinés aux collectivités locales
s'établissent à 162,5 milliards de francs en 1996
(+ 3,8 %).
Les prélèvements au bénéfice du budget des
Communautés européennes s'élèvent à
80,4 milliards de francs (+ 2,8 %).
D. LES FONDS DE CONCOURS
Les
fonds de concours progressent de 13 % en 1996, après une
augmentation de 3,3 % en 1995.
Les fonds de concours ordinaires et spéciaux
progressent de
5,9 %, à 50,3 milliards de francs.
Les fonds de concours rattachés au budget des charges communes
progressent de 5,8 % en raison de la hausse des contributions, notamment
de la Poste et de France Telecom, aux régimes des pensions.
Les fonds de concours rattachés au budget des routes (6,2 milliards
de francs), et de la défense (3,7 milliards de francs) progressent
très sensiblement, respectivement de 13,3 % et 9,1 %. En
revanche, les fonds de concours rattachés au budget du travail
(3 milliards de francs) diminuent fortement, à - 8,5 %.
Les fonds de concours de coopération internationale
font un bond
de 37,4 % par rapport à 1995, à 18,9 milliards de
francs. Hormis les dotations du fonds social européen, en
régression (après une hausse de 52,3 % en 1995), les fonds
européens poursuivent la tendance enregistrée en 1995 et
progressent très fortement, notamment le fonds européen de
développement de l'espace rural qui double de montant pour atteindre
5,3 milliards de francs, et les dépenses du FEOGA pour
l'agriculture et la pêche, qui progressent de 44 % pour atteindre
8,2 milliards de francs.
II. DES DÉPENSES ENCORE EN PROGRESSION
A. LE BUDGET GÉNÉRAL
Fixés en loi de finances initiale pour 1996 à
1.799,3 milliards de francs (+ 5,35 % par rapport à la
loi de finances initiale pour 1995), les crédits ouverts en budget
général se sont finalement élevés à
1.946,9 milliards de francs, compte tenu notamment des décrets
d'avances ainsi que de la loi de finances rectificative du
30 décembre 1996.
Les dépenses effectives (1.902,6 milliards de francs) ont
augmenté de 4,6 % par rapport à 1995, après une
progression de 3,2 % par rapport à 1994.
Hors remboursements et dégrèvements d'impôts, la hausse
est, respectivement de 2,8 % et de 2,9 %. L'augmentation est plus
sensible pour les dépenses en capital (+ 5,75 %), soit 186,5
milliards de francs, que pour les dépenses ordinaires
(+ 4,45 %), soit 1.716 milliards de francs.
Evolution des dépenses effectives
(en millions de francs)
Dépenses effectives |
1995 |
1996 |
Variation |
I - Dépenses ordinaires |
|
|
|
Services civils |
|
|
|
|
|
|
|
Titre I - Dette publique |
470.063,7 |
505.228,1 |
7,48 % |
Titre II - Pouvoirs publics |
3.963,3 |
4.195,6 |
5,86 % |
Titre III - Moyens des services |
599.529,7 |
620.125,8 |
3,44 % |
Titre IV - Interventions publiques |
463.759,5 |
479.038,6 |
3,29 % |
|
|
|
|
Sous total A |
1.537.316,2 |
1.608.588,1 |
4,64 % |
|
|
|
|
Services militaires |
|
|
|
|
|
|
|
Titre III - Moyens des services |
105.235,8 |
107.454,8 |
2,11 % |
|
|
|
|
Total des dépenses ordinaires |
1.642.552,0 |
1.716.042,9 |
4,45 % |
|
|
|
|
II - Dépenses en capital |
|
|
|
Services civils |
|
|
|
|
|
|
|
Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
24.862,7 |
28.967,9 |
16,51 % |
Titre VI - Subventions accordées par l'Etat |
76.803,7 |
79.579,2 |
3,61 % |
Titre VII - Réparation des dommages de guerre |
- 0,9 |
0,4 |
N.S |
|
|
|
|
Sous-total |
101.665,5 |
108.547,5 |
6,8 % |
|
|
|
|
Services militaires |
|
|
|
|
|
|
|
Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
73.907,1 |
77.213,4 |
4,51 % |
Titre VI - Subventions accordées par l'Etat |
822,5 |
784,5 |
- 4,63 % |
|
|
|
|
Sous-total |
74.729,6 |
77.997,9 |
4,37 % |
|
|
|
|
Total des dépenses en capital |
176.395,1 |
186.545,4 |
5,75 % |
|
|
|
|
Total général |
1.818.947,1 |
1.902.588,3 |
4,60 % |
(Source : Cour des comptes)
Taux de variation annuelle des charges du budget général (1992-1996)
Variation en % par rapport à l'année précédente |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
I - Dépenses ordinaires |
|
|
|
|
|
Services civils |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre I - Dette publique |
10,4 |
0,8 |
-0,6 |
9,9 |
7,5 |
Titre II - Pouvoirs publics |
2,9 |
4,8 |
1,2 |
3,6 |
5,9 |
Titre III - Moyens des services |
6,3 |
5,2 |
4 |
3,4 |
3,4 |
Titre IV - Interventions publiques |
6,3 |
5,7 |
5,2 |
1,9 |
3,3 |
|
|
|
|
|
|
Sous total |
7,5 |
4 |
2,9 |
4,8 |
4,6 |
|
|
|
|
|
|
Services militaires |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre III - Moyens des services |
0,5 |
4,6 |
3,3 |
1,5 |
2,1 |
|
|
|
|
|
|
Total des dépenses ordinaires |
7 |
4 |
3 |
4,6 |
4,5 |
|
|
|
|
|
|
II - Dépenses en capital |
|
|
|
|
|
Services civils |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
- 10,3 |
4,6 |
- 9,7 |
- 2,3 |
16,5 |
Titre VI - Subventions accordées par l'Etat |
13,7 |
6,3 |
- 2,7 |
- 3,3 |
3,6 |
|
|
|
|
|
|
Sous-total |
6,3 |
5,9 |
- 4,5 |
- 3,1 |
6,8 |
|
|
|
|
|
|
Services militaires |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre V |
0,5 |
- 5,6 |
- 0,5 |
- 15,8 |
4,5 |
Titre VI |
4,9 |
2,5 |
45,3 |
13 |
- 4,6 |
|
|
|
|
|
|
Sous-total |
0,5 |
- 5,6 |
- 0,2 |
- 15,5 |
4,4 |
|
|
|
|
|
|
Total des dépenses en capital |
3,5 |
0,4 |
- 2,6 |
- 8,8 |
5,8 |
|
|
|
|
|
|
Total général |
6,6 |
3,6 |
2,3 |
3,2 |
4,6 |
|
|
|
|
|
|
Total hors remboursements et dégrèvements |
4,0 |
4,5 |
2,1 |
2,9 |
2,8 |
(Source : Cour des comptes)
1. Les dépenses du titre I
Les dépenses ont augmenté de 7,5 % (505,2 milliards de francs) compte tenu d'une progression très notable des dépenses en atténuation de recettes (+ 17,4 %) alors que la charge brute de la dette publique ne s'accroissait que de 1,9 %.
a) La dette publique
La
progression de la charge brute de la dette qui s'élevait à
240 milliards de francs a été de 1,9 % en 1996 contre
12,6 % en 1995 en raison principalement de taux d'intérêts
constatés inférieurs à ceux prévus tant en loi de
finances initiale qu'en loi de finances rectificative. Entre 1993 et 1996, la
variation annuelle moyenne s'établit à 6,9 %.
La part de la dette négociable au sein de la charge de la dette publique
continue de s'accroître pour s'établir à 93,6 % contre
92,5 % en 1995. La dette non négociable ne représente plus
que 5,2 %, soit 12,65 milliards de francs.
b) Les dépenses de garantie
Leur
montant était en baisse de 85 %. Elles représentaient
1,5 milliard de francs en 1996, contre 10,1 milliards en 1995 et
5,2 milliards en 1994.
Par delà les aléas conjoncturels, l'amélioration de la
solvabilité de pays naguère jugés à risques, ainsi
que la politique de réorientation du commerce extérieur
français expliquent pour l'essentiel ce mouvement de baisse
tendancielle.
c) Les dépenses en atténuation de recettes
Ces dépenses représentaient en 1996 263,7 milliards de francs contre 224,6 milliards de francs en 1995 (+ 17,4 %). Cette forte progression était imputable à l'augmentation très sensible des dégrèvements sur impôts directs (+ 14,4 %) ainsi que des remboursements sur TVA (+20,8 %) en raison du relèvement de deux points du taux normal de cette taxe.
2. Les dépenses de fonctionnement
Au sein
de l'ensemble des crédits civils et militaires du titre III, les
dépenses de personnel qui avaient augmenté de 3,96 % en 1995
progressaient de 3,4 % en 1996 pour s'établir à
601,7 milliards de francs contre 582 milliards de francs. Cette
moindre progression concerne plus les rémunérations
d'activités (+2,7 % contre + 4 %) que les pensions
(+ 4,3 % contre 5,3 %) tandis que les charges sociales
augmentaient, elles, de 4,7 % en 1996 contre 0,8 % en 1995.
Les rémunérations civiles d'activité (293,9 milliards
de francs) s'accroissaient globalement de 3,2 %, contre 4,05 % en 1995, en
l'absence de revalorisation de la valeur du point d'indice en 1996, mais compte
tenu, outre le "GVT" de l'application en année pleine d'accords
salariaux antérieurs. Les rémunérations connaissent par
ailleurs, sectoriellement, des évolutions très disparates allant
d'une diminution de 3 % pour la recherche à un accroissement de
9,9 % pour l'outremer.
Les charges de pensions civiles et militaires étaient en augmentation de
4 ,3 % (164,9 milliards de francs) contre 2,7 % pour les
rémunérations d'activité. Elles progressaient plus
sensiblement pour les pensions civiles (+ 5,2 %) que pour les
pensions militaires (+2,5 %). De ce fait, la Cour des comptes, dans son
rapport sur l'exécution du budget de 1996 a tenu à souligner,
à nouveau, que
"l'évolution de cette catégorie de
charges constitue une préoccupation sérieuse pour les budgets
futurs".
Projections démographiques du régime de pensions
Années |
1993 |
1995 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
Retraités de droit direct |
776.924 |
821.451 |
949.245 |
1.118.428 |
1.309.257 |
1.480.735 |
Cotisants (1) |
2.075.209 |
2.075.209 |
2.075.209 |
2.075.209 |
2.075.209 |
2.075.209 |
Rapport démographique |
2,67 |
2,53 |
2,19 |
1,86 |
1,59 |
1,40 |
(1)
Parmi les cotisants, figurent les fonctionnaires en activité
auprès de la Poste et France Télécom ; par convention
la population active est considérée comme stable sur la
période considérée.
Source : Commissariat général au Plan - Perspectives
à long terme des retraites.
Enfin, les dépenses de charges sociales s'accroissaient de 4,7 %
notamment en raison d'une forte progression des charges au titre de la
compensation démographique (+ 11,6 %).
La part des autres dépenses des services civils (dépenses de
matériel, d'entretien, etc...) dans le budget général
continuait de diminuer en raison d'une progression d'ensemble limitée
à 1,6 %. Elles s'établissaient à 96 milliards de
francs.
3. Les dépenses d'interventions publiques
Leur
montant s'élevait à 479 milliards de francs, en progression
de 3,3 % contre 1,9 % en 1995. Cette moindre progression
était, en 1995, imputable principalement à la diminution de
9,7 milliards de francs de la subvention versée au BAPSA, qui
avait été compensée par le relèvement de
0,3 point de la part de la TVA affectée à celui-ci.
Toutes les différentes dépenses civiles du titre IV,
à l'exception de celles consacrées à l'action
internationale, progressaient en 1996 pour des montants compris entre
1,5 % au titre de l'action sociale et 8,2 % pour l'action
éducative et culturelle.
Parmi les dépenses d'action économique (148,8 milliards de
francs soit une progression de + 3,3 %), les interventions en faveur
de l'emploi augmentaient de 15,7 milliards de francs, soit
12,5 %.
4. Les dépenses en capital
Evolution des dépenses en capital
(en millions de francs)
|
Montant |
Evolution |
|||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
96/95 |
96/92 |
A - Services civils |
|
|
|
|
|
|
|
Titre
V
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre
VI
|
|
|
|
|
|
|
|
Titre
VII
|
2,0 |
2,8 |
0,8 |
0,1 |
0,5 |
NS |
NS |
Sous-total services civils |
103.724,7 |
109.796,0 |
104.892,2 |
101.665,6 |
108.547,6 |
6,8% |
1,1% |
B - Services militaires |
|
|
|
|
|
|
|
Titre
V
|
93.396,1 |
88.165,1 |
87.748,1 |
73.907,1 |
77.213,4 |
4,5% |
-4,7% |
Titre
VI
|
|
|
|
|
|
|
|
Sous-total services militaires |
93.884,6 |
88.666,0 |
88.475,7 |
74.729,6 |
77.997,9 |
4,4% |
-4,5% |
Total des dépenses en capital |
197.609,4 |
198.462,0 |
193.367,9 |
167.395,2 |
186.545,4 |
5,8% |
-1,4% |
Source : Cour des comptes
Les
dépenses civiles et militaires en capital ont, en exécution,
augmenté en 1996 de 5,8 % pour représenter 186,5 milliards
de francs. Cette progression, qui constitue, selon la Cour des comptes,
" un fait saillant de l'exécution du budget en 1996
"
est de 6,8 % pour les services civils (108,5 milliards de francs) et
de 4,4 % (78 milliards de francs) pour les services militaires.
Les dépenses militaires, en capital, après avoir diminué
entre 1992 et 1995 de plus de 20 % et malgré des crédits
initiaux en baisse de 6,3 %, ont augmenté de 4,4 % par rapport
à 1995 en raison de l'amélioration du taux de consommation des
crédits.
La progression des dépenses civiles résultait de la dotation en
capital de 3,7 milliards au profit du GIAT-Industries ainsi que de la
hausse de 11,4 % du budget des routes et de 22 % du budget du
logement.
B. LES BUDGETS ANNEXES
Pour
1996, le montant des opérations définitives des budgets annexes
s'élevait à 100,5 milliards de francs, soit un montant
strictement identique à celui de 1995.
Toutes les dépenses des budgets annexes augmentaient à
l'exception de celles du BAPSA, en diminution de 0,5 %. Elles
représentaient, à elles seules, avec 90,8 milliards de
francs, 90,4 % de l'ensemble des dépenses de ces budgets.
C. LES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR
Les
dépenses au titre des opérations définitives des comptes
d'affectation spéciale se sont élevées à
34,2 milliards de francs et les recettes à 36,1 milliards de
francs alors que les prévisions en loi de finances initiale les fixaient
respectivement à 44,6 et 44,7 milliards de francs.
En effet les recettes des privatisations n'ont été que de
13,2 milliards de francs contre un produit attendu de 22 milliards de
francs.
Le solde des comptes d'avances s'est révélé
excédentaire de 1,9 milliard, contre un déficit initialement
prévu de 6,6 milliards et de 15,3 milliards de francs en 1995.
En effet, le compte d'avances sur le montant des impositions revenant aux
collectivités locales a été pour la première fois,
et pour des raisons conjoncturelles, excédentaire.
III. LE SOLDE D'EXECUTION DES LOIS DE FINANCES EN 1996
Le
déficit budgétaire exécuté en 1996 s'est
établi à 295,4 milliards de francs, soit 2,6 %
au-dessus de ce que prévoyait la loi de finances initiale
(287,8 milliards de francs). Cette détérioration sensible
reste modérée au regard de l'écart considérable
entre la prévision de croissance (+ 2,8 %) et la
réalisation (+ 1,2 %).
Malgré ce contexte très défavorable, le déficit
d'exécution repassait pour la première fois depuis 1992 sous la
barre des 300 milliards de francs, et se trouvait amélioré
de 27,6 milliards de francs par rapport à 1995. Ce déficit
représentait 3,8 % du PIB. Par ailleurs, l'amélioration
sensible des comptes des collectivités locales et celle, relative, de
ceux de la sécurité sociale, a permis à la France de se
rapprocher encore du ratio de déficit public nécessaire à
la qualification pour la monnaie unique (4,1 %).
Cette amélioration des déficits publics ne permettait toutefois
pas d'enrayer la vive progression de la dette publique, passant de 52,7 %
du PIB en 1995 à 55,7 % en 1996 (à 4.359,42 milliards
de francs).
EXAMEN DES ARTICLES
ARTICLE PREMIER
Résultats
généraux de l'exécution
des lois de finances pour
1996
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter les résultats définitifs de l'exécution
des lois de finances pour 1996.
Le présent article a pour objet de présenter, sous forme de
tableau synthétique, les résultats définitifs de
l'exécution de 1996, conformément à l'article 35 de
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 qui dispose que "
le projet annuel
de loi de règlement constate le montant définitif des
encaissements de recettes et des ordonnancements de dépenses se
rapportant à une même année
".
L'article premier fixe, d'une part, le résultat des opérations
à caractère définitif du budget général
ainsi que des budgets annexes et des comptes d'affectation spéciale, et
d'autre part, le résultat des opérations à
caractère temporaire en le présentant par catégorie de
comptes spéciaux.
Le solde des opérations définitives de l'Etat est
arrêté à - 294,77 milliards de francs (il
était de - 301,91 milliards de francs en 1995).
Le solde des opérations temporaires est de - 0,29 milliard de
francs (- 20,77 milliards de francs en 1995).
Le solde global hors opérations avec le FMI est de -
294,48 milliards de francs (- 322,68 milliards de francs en 1995).
Le solde global hors opérations avec le FMI et hors fonds de
stabilisation des changes est de - 295,42 milliards de francs
(- 322,95 milliards de francs en 1995).
Ce solde représente 3,80 % du PIB de 1996.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 2
Recettes du budget
général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant des recettes du budget général pour
1996.
Le montant des recettes du budget général est arrêté
à 1.605,94 milliards de francs pour l'année 1996, soit une
progression de 6 %par rapport à 1995.
Ces recettes se décomposent comme suit :
- 1.620,12 milliards de
recettes fiscales
, soit une progression de 6,3%
par rapport à 1995.
- 159,52 milliards de
recettes non fiscales
, soit une progression de 3,2
% par rapport à 1995.
- 69,31 milliards de
fonds de concours et recettes assimilées
,
soit une progression de 13% par rapport à 1995.
- 243,02 milliards de
prélèvements sur recettes de l'Etat
venant en déduction des recettes totales, soit une progression de 3,4%
par rapport à 1995.
En prenant en compte les dégrèvements et remboursements
d'impôts, les recettes nettes du budget général
s'élèvent à 1345,39 milliards de francs, soit une
augmentation de 4,07% par rapport à 1995.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 3
Dépenses ordinaires civiles du
budget général
Commentaire : Le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses ordinaires
civiles du budget général en 1996.
Le montant définitif des dépenses ordinaires civiles
s'établit à 1.608,59 milliards de francs, contre
1.537,32 milliards de francs en 1995 et 1.466,29 milliards de francs
en 1994. Leur progression s'établit donc à 4,6 %
après une augmentation de 4,8 % en 1995 et de 2,9 % en 1994.
Par titre, l'évolution de ces dépenses est la suivante :
+ 7,5 % contre + 9,9 % en 1995 pour le titre I
(505,23 milliards de francs) ;
+ 5,9 % contre + 3,6 % en 1995 pour le titre II
(4,20 milliards de francs) ;
+ 3,4 %, soit une progression identique à celle de 1995
pour le titre III (620,12 milliards de francs) ;
+ 3,3 % contre + 1,9 % en 1995 pour les
crédits du titre IV (479,04 milliards de francs).
Par ailleurs, le présent article demande l'ouverture de
23,14 milliards de francs de crédits complémentaires et
l'annulation de 8,97 milliards de francs de crédits non
consommés. Le solde s'établit en conséquence à
14,17 milliards de francs. Il était de 3,06 milliards de
francs en 1995.
Les crédits complémentaires détaillés dans le
tableau B concernent, à deux exceptions près, des
crédits évaluatifs pour lesquels, en vertu du second
alinéa de l'article 9 de l'ordonnance organique du 2 janvier
1959, les dépenses peuvent "
s'imputer, au besoin, au-delà de
la dotation inscrite aux chapitres qui les concernent
".
Il s'agit, d'une part, d'un dépassement de 8,1 millions de francs
sur le chapitre 31-05 des services du Premier ministre (services
généraux) qui n'avait pas été, de même qu'en
1995, doté en loi de finances initiale, et, d'autre part, d'un
ajustement comptable de 4,90 francs, résultant de la tenue en
centimes, et non en francs, des comptes publics.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 4
Dépenses civiles en capital du
budget général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses civiles en
capital du budget général pour 1996.
Les dépenses civiles en capital du budget général
représentent en 1996 une somme de 108,55 milliards de francs,
contre 101,67 milliards de francs en 1995, soit une progression de
6,8 %, après une diminution de 3,1 % en 1995.
Il est, par ailleurs, proposé de façon traditionnelle d'ouvrir
des crédits complémentaires à hauteur de 9,57 francs
pour des raisons de régularisation comptable.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 5
Dépenses ordinaires militaires
du budget général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses ordinaires
militaires pour le budget général au titre de 1996.
Au titre du budget général de 1996, les dépenses
ordinaires militaires représentent 107,45 milliards de francs, en
progression de 2,1 % par rapport à 1995, contre 1,5 %
d'augmentation par rapport à 1994.
Par ailleurs, le présent article demande, à hauteur de
113 millions de francs, contre 14,2 millions de francs en 1995,
l'ouverture de crédits complémentaires détaillés
dans le tableau D annexé, correspondant à des crédits
évaluatifs concernant, d'une part, les cotisations sociales (part de
l'Etat) et, d'autre part, les frais de contentieux (règlement des
dommages et accidents du travail).
Les annulations des crédits non consommés s'élèvent
à 1,25 milliard de francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 6
Dépenses militaires en capital
du budget général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses militaires en
capital du budget général pour 1996.
En 1996, les dépenses militaires en capital du budget
général se sont élevées à 78 milliards
de francs, en progression de 4,4 %, après avoir connu, en 1995, une
forte diminution (- 15,5 %), passant de 88,47 milliards de
francs à 74,73 milliards de francs. Au total, celles-ci ont connu,
entre 1992 et 1996, une baisse annuelle de - 4,5 %.
Par ailleurs, le présent article propose une régularisation
comptable portant sur des crédits non consommés à hauteur
de 3,82 francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 7
Résultat du budget
général de 1996
Commentaire : Le présent article a pour objet
d'arrêter, compte tenu des montants de recettes et de dépenses
fixés aux articles précédents, le solde du budget
général en 1996.
L'excédent des dépenses (1.902,59 milliards de francs) sur
les recettes (1.605,94 milliards de francs) est arrêté par le
présent article à
296,65 milliards de francs.
Ce résultat représente une diminution de 2,4 % par rapport
à 1995, mais une dérive de 7 % par rapport à la
prévision initiale pour 1996.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 8
Résultats des budgets
annexes
Commentaire : Le présent article a pour objet
d'arrêter les résultats des budgets annexes et d'autoriser des
ajustements de crédits sur ces budgets.
Les résultats des six budgets annexes pour 1996 sont
arrêtés, en recettes et en dépenses, à
100,47 milliards de francs. Ils augmentent de 3,7 %.
Les ajustements demandés s'élèvent à :
- 1.359 millions de francs en ouvertures de crédits
complémentaires dont l'essentiel au budget annexe des prestations
agricoles ;
- 2.148 millions de francs en annulations de crédits non
consommés, dont :
. 1.915 millions de francs au B.A.P.S.A ;
. 175 millions de francs au budget annexe de l'aviation civile
(BAAC).
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 9
Comptes spéciaux dont les
opérations se poursuivent en
1997
Commentaire : cet article a pour objet, en application des
dispositions de l'article 35 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959,
d'établir les profits et les pertes constatés dans
l'exécution des comptes spéciaux du Trésor. Le solde des
comptes d'affectation spéciale est, en application de l'article 24 de
l'ordonnance, reporté en 1997.
Le paragraphe I de l'article
arrête les résultats des comptes
spéciaux du Trésor dont les opérations se poursuivent en
1997. Il retrace les modifications de crédits (ouvertures de
crédits complémentaires et annulations de crédits non
consommés) et les autorisations de découverts
complémentaires.
Les ajustements de la loi de règlement portent sur l'ouverture de
24,9 milliards de francs de crédits complémentaires,
l'annulation de 9,7 milliards de francs de crédits non
consommés et une autorisation de découvert complémentaire
de 41,3 milliards de francs.
Les crédits complémentaires s'expliquent par le
dépassement constaté du compte d'avances n°903-58 ("Avances
à divers services de l'Etat ou organismes gérant des services
publics"), doté de crédits évaluatifs.
Le paragraphe II de l'article
arrête les soldes des comptes
spéciaux du Trésor à la date du 31 décembre 1996.
Les soldes débiteurs représentent un total de 279,9 milliards de
francs, en stabilité par rapport à 1995, alors que le montant des
soldes créditeurs augmente, à 29,6 milliards de francs.
Le paragraphe III de l'article
procède au report des soldes
arrêtés au paragraphe II, à l'exception du solde
débiteur du compte "pertes et bénéfices de change" de
971,7 millions de francs, et du solde débiteur de 2,1 milliards de
francs figurant aux comptes de prêts, en raison de remises de dettes aux
pays les moins avancés.
En application des dispositions particulières figurant dans le
décret de répartition des crédits ouvert au titre de la
loi de finances de l'année, le solde du compte "pertes et
bénéfices de change" est porté en atténuation des
découverts du Trésor (article 13 du projet de loi de
règlement).
Le solde débiteur des comptes de prêts correspondant à des
remises de dette aux pays les moins avancés est porté en
augmentation des découverts du Trésor (article 13 du projet de
loi de règlement).
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 10
Pertes et profits sur emprunts et
engagements de l'Etat
Commentaire : le présent article arrête le
solde des
pertes et profits sur emprunts et engagements de l'Etat à la somme de
1,99 milliard de francs au 31 décembre 1996.
En vertu des dispositions du 5ème alinéa de l'article 35 de
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959, le projet de loi de
règlement établit le compte de résultat de l'année
au sein duquel figurent les profits ou les pertes résultant de la
gestion des opérations de trésorerie.
Ces opérations de trésorerie ont dégagé un solde
négatif de 1,99 milliard de francs, contre 15,22 milliards de
francs en 1995 et 156,5 milliards de francs en 1994
La très nette amélioration de ce solde résulte de
l'inscription de 11 milliards de francs au titre des profits sur
adjudication de titres. D'après la Cour des comptes, ce bon
résultat s'explique par la baisse des taux d'intérêt. Le
montant de dépenses est de 12,99 milliards de francs, en retrait
par rapport à celui de 1995 (20,68 milliards de francs). En
l'espèce, les pertes sur adjudication de titres se sont
élevés à 1,96 milliard de francs, contre
9,15 milliards de francs en 1995.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 11
Apurement d'une partie du solde
créditeur d'un compte spécial du
Trésor
Commentaire : le présent article procède
à
l'apurement d'une somme de 34,17 millions de francs au titre de
l'excédent net constaté sur le compte 904-14 "liquidations
d'établissements publics et d'organismes para-administratifs ou
professionnels et liquidations diverses".
En application de l'article 24 de l'ordonnance organique n°59-2 du
2 janvier 1959, le solde de chaque compte spécial du Trésor
est reporté d'une année sur l'autre mais les profits et les
pertes constatés sur toutes les catégories de comptes, à
l'exception des comptes d'affectation spéciale, sont imputés aux
résultats de l'année. Ils figurent donc au compte de
résultat de l'année établi par le projet de loi de
règlement, conformément à l'article 35 de l'ordonnance
organique.
Les opérations de la liquidation de trois organismes sur le compte
904-14 "liquidations d'établissements publics de l'Etat et d'organismes
para-administratifs ou professionnels et liquidations diverses" ont fait
apparaître un profit de 34,17 millions de francs dont 34,6 millions de
francs de profit concernant le centre mondial informatique et ressource
humaine, 80.505 francs concernant la caisse professionnelle de l'industrie
semoulière, et une perte de 515.052 francs pour l'union centrale des
caisses de crédit municipal.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 12
Reconnaissance d'utilité
publique de dépenses comprises
dans des gestions de
fait
Commentaire : le présent article vise à
reconnaître d'utilité publique des dépenses comprises dans
la gestion de fait des deniers de l'Etat.
I. LES DEUX GESTIONS DE FAIT CONCERNEES
Cet article intervient dans la phase ultime de deux procédures
juridictionnelles conduites devant la Cour des comptes et concernant des
gestions de fait :
- la gestion de fait de " l'association Ouest-Atlantique " mettant en
cause le ministre délégué à l'aménagement du
territoire et aux reconversions et son directeur de cabinet pour la
période de juillet 1988 à janvier 1992 ;
- la gestion de fait de " l'association pour la promotion de l'information
économique et sociale " (APIES) pour laquelle la Cour des comptes a
rendu trois arrêts. D'une part, elle a déclaré comptables
de fait l'association APIES, le secrétaire général pour
les affaires régionales de la préfecture de la région
Auvergne et le Trésorier-Payeur-Général du Puy de
Dôme à raison d'opérations exécutées en
application d'une convention du 26 décembre 1990.
D'autre part, elle a déclaré comptables de fait sur des
opérations effectuées entre 1987 et 1990 avec le
secrétariat général pour les affaires régionales de
la Préfecture de la région Auvergne, l'association APIES, le
secrétaire général susmentionné et le
trésorier de l'APIES.
Enfin, elle a déclaré comptables de fait sur des
opérations effectuées avec le directeur régional de
l'INSEE en application d'une convention du 19 novembre 1993 l'association
APIES, le directeur régional de l'INSEE en Auvergne et le
trésorier de l'APIES.
Dans la première affaire, la gestion de fait provenait de ce que les
subventions versées par la DATAR à l'association Ouest-Atlantique
et destinées au financement des projets et études, que celle-ci
était chargée d'effectuer dans le but du développement
Ouest atlantique, servaient en réalité à des
dépenses étrangères à l'objet de l'association. En
effet, les fonds attribués (2.828.457 francs) ont servi à
payer d'une part la rémunération du chargé de mission,
devenu directeur de cabinet du ministre délégué à
l'aménagement du territoire et des reconversions, d'août 1988
à janvier 1992, d'autre part les frais de location d'un
véhicule équipé de téléphone, de mars 1989
à octobre 1991, enfin la prise en charge d'un stage de langue anglaise
à la fin 1991 et au début 1992.
S'agissant de la deuxième affaire concernant l'association pour la
promotion de l'information économique et sociale, trois gestions de fait
ont été relevées par la Cour des comptes.
La première a pour origine une convention qui avait confié
à l'association APIES la gestion financière des crédits
mis à la disposition du secrétariat général pour
les affaires régionales par la Commission des communautés
européennes dans le cadre du " programme opérationnel,
objectif 2, au titre de la mesure assistance technique ". Or, les
500.000 francs versés par mandat au bénéfice de
l'APIES sont restés à l'entière disposition du
secrétaire général pour les affaires
générales, ils ont donc été
irrégulièrement extraits des caisses du Trésor public.
Par ailleurs, la préfecture de la région Auvergne avait fait
verser la somme de 797.500 francs à l'APIES qui sont en fait
restés à la disposition de l'administration ou qui ont servi
à prendre en charge des frais qui incombaient à l'association
" qualif 2001 ".
Enfin, une convention confiait à l'APIES le soin de réaliser une
action de formation au profit du personnel de l'INSEE. Un mandat de
38.000 francs avait été émis en vue du
règlement d'un mémoire produit par l'APIES. Or, les prestations
prévues par la convention n'ont jamais été
effectuées et les sommes versées à l'association sont
restées à la disposition de l'administration.
Le contenu détaillé de chacune de ces quatre affaires est
rappelé aux pages 84 à 87 de l'exposé des motifs du projet
de loi de règlement.
Il convient dès à présent de rappeler que la
reconnaissance d'utilité publique des dépenses comprises dans les
gestions de fait précitées se fonde sur les arrêts de la
Cour des comptes qui, après enquête, est en mesure de
définir le montant exact des sommes qui, bien que n'ayant pas
été manipulées selon les règles de la
comptabilité publique, ont toutefois le caractère
d'utilité publique par leur destination. Quant aux sommes auxquelles la
Cour a dénié le caractère d'utilité publique, elles
sont soumises à une procédure de recouvrement parallèle
qui peut conduire à une procédure contentieuse.
II. DESCRIPTION DE LA PROCÉDURE
L'objet du présent commentaire se limite à souligner les grands
traits de la procédure aboutissant à la reconnaissance de
l'utilité publique des sommes mentionnées dans le présent
article :
- Dans chacune des affaires susmentionnées, la Cour des comptes a tout
d'abord été conduite à déterminer les
éléments constitutifs de la gestion de fait en séparant,
au sein des masses financières concernées, celles
répondant à l'objet qui leur avait initialement été
assigné et celles affectées, en-dehors du circuit comptable de
l'Etat, à des dépenses à caractère
budgétaire. Ces dernières sont seules constitutives de la gestion
de fait.
- Conformément aux dispositions de l'article L. 131-2 du code des
juridictions financières, la Cour des comptes a alors jugé les
comptes que lui avaient rendus les personnes qu'elle avait
déclarées comptables de fait.
Elle a ainsi été conduite à établir la ligne de
compte de la gestion de fait et à enjoindre au comptable de fait de
reverser auprès d'un comptable public l'excédent éventuel
des recettes sur les dépenses.
- Ensuite, la Cour a fait application du troisième alinéa de
l'article 60-XI de la loi n °63-156 du 23 février 1963 qui
dispose que "
les gestions irrégulières entraînent,
pour leurs auteurs, déclarés comptables de fait par la Cour des
comptes, les mêmes obligations et responsabilités que les gestions
patentes pour les comptables publics
".
En d'autres termes, le comptable de fait a été reconnu
responsable sur ses propres deniers de la régularité des
opérations auxquelles il avait procédé.
En ce qui concerne la gestion de fait liée aux versements par la DATAR
de subventions à l'association Ouest-Atlantique, la Cour a fixé
provisoirement une ligne de compte de 2.828.457 francs en recettes et en
dépenses. Aucun reversement n'a été demandé.
L'utilité publique des dépenses se justifie par le fait que ces
dernières ont servi à subvenir au fonctionnement du
ministère de l'aménagement du territoire, même si les
sommes en jeu étaient à l'origine destinées à
l'association Ouest-Atlantique.
En ce qui concerne la gestion de fait de l'APIES à raison
d'opérations exécutées en application d'une convention du
26 novembre 1996, la Cour a statué définitivement dans son
arrêt en date du 21 novembre 1996 sur la gestion de fait et
fixé provisoirement la ligne de compte ainsi :
957.552,13 francs en recettes, 758.873,61 francs en dépenses,
sous réserve de la reconnaissance de leur utilité publique, soit
un reliquat reversé dans les caisses du Trésor public de
198.678,52 francs.
En ce qui concerne les opérations effectuées de 1987 à
1990 entre l'APIES et le secrétaire général pour les
affaires régionales de la Préfecture de la région
Auvergne, la Cour, par arrêt du 4 juillet 1996, a fixé
provisoirement la ligne de compte ainsi : 797.500 francs en recettes,
702.173,37 francs en dépenses. En outre, 12.857,21 francs
avaient été reversés au Trésor public. Il restait
donc à reverser 82.469,42 francs. C'est la somme qu'elle a
exigée du trésorier de l'APIES dans la mesure où
l'utilisation de cette dernière était manifestement sans lien
avec les objectifs poursuivis par l'association et n'avait donc pas le
caractère d'utilité publique.
De même, s'agissant des opérations effectuées avec la
direction régionale de l'INSEE, la Cour a décidé, par
arrêt du 4 juillet 1996, qu'un excédent de 5.385 francs devait
être reversé au Trésor public après avoir admis
38.000 francs en recettes et 32.615 francs en dépenses.
Toutefois, la Cour des comptes n'a pas estimé qu'il y avait lieu de
condamner à une amende les gestionnaires de fait.
Le Parlement doit ensuite statuer sur l'utilité publique des
dépenses de la gestion de fait. En effet, lui seul est habilité,
dans le cadre d'une loi de finances, à déterminer la nature, le
montant et l'affectation des charges de l'Etat.
Ainsi, en application des dispositions précitées de l'article
60-XI de la loi du février 1963, la Cour a également enjoint les
comptables de fait "
de produire une décision du Parlement,
prise en la forme constitutionnellement requise pour le vote des lois de
finances, statuant sur l'utilité publique des dépenses de la
gestion de fait
".
Le comptable de fait, muni des dispositions prises dans le cadre du
présent article, pourra alors se retourner vers la Cour des comptes afin
d'être définitivement déchargé de l'obligation de
restituer les sommes correspondantes.
Le présent article propose de reconnaître d'utilité
publique, pour un montant de 2.828.457 francs les dépenses
comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat, jugée par la
Cour des comptes dans ses arrêts en date du 9 juillet 1992, des
7 février et 27 mars 1997, au titre du ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Par ailleurs, il propose de reconnaître d'utilité publique, pour
un montant de 758.873,61 francs d'une part, de 702.173,37 francs et
32.615 francs d'autre part les dépenses comprises dans la gestion
de fait des deniers de l'Etat au titre du ministère de
l'intérieur et du ministère de l'économie, des finances et
de l'industrie. Pour le calcul de ces sommes, la Cour des comptes a pris en
compte les éventuels reliquats à reverser au Trésor public
dont le recouvrement constitue une procédure parallèle.
III. LES NOUVEAUX ÉLÉMENTS INTERVENUS DANS LA GESTION DE FAIT
" ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DE L'INFORMATION ÉCONOMIQUE ET
SOCIALE "
Rédigé au début du dernier trimestre 1997, le
présent article ne pouvait tenir compte, dans la gestion de fait APIES,
du nouvel arrêt de la Cour des comptes en date du 6 novembre 1997 et
notifié le 15 janvier 1998.
Celle-ci a admis à hauteur de 40.817 francs les nouvelles
justifications présentées par les gestionnaires de fait à
l'appui de dépenses initialement rejetées concernant les
opérations effectuées entre 1987 et 1990 avec le
secrétaire général pour les affaires régionales de
la préfecture de la région Auvergne.
La ligne de compte est ainsi portée en dépenses à
742.990,37 francs au titre des opérations concernant la
société APIES.
Lors de la discussion du présent article en séance publique
à l'Assemblée nationale, le gouvernement a proposé deux
amendements visant à tirer les conséquences de cette
décision juridictionnelle.
Le premier amendement vise à remplacer la somme de
702.173,37 francs par la nouvelle somme de 742.990,37 francs tandis
que le deuxième amendement insère dans la liste des arrêts
rendus par la Cour des comptes celui du 6 novembre 1997.
Votre rapporteur général ne voit pas d'objection à ces
deux modifications.
Décision de la commission : votre commission vous propose
d'adopter cet article sans modification.
ARTICLE 13
Transport aux découverts du
Trésor
Commentaire : Conformément à
l'article 35
de l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois
de finances, le présent et dernier article de la loi de règlement
récapitule le compte de résultat de l'année et autorise
son transfert au compte permanent des découverts du Trésor.
Le paragraphe I
porte
en augmentation
des découverts du
Trésor les sommes mentionnées aux articles 7 et 10,
soit :
l'excédent des dépenses sur les recettes du budget général de 1996 |
|
les pertes et profits sur emprunts et engagements |
|
Le paragraphe II porte en atténuation des découverts du Trésor :
le résultat net du compte spécial du Trésor "Pertes et bénéfices de change" |
|
l'apurement d'une partie du solde créditeur du compte 904-14 "Liquidation d'établissements publics de l'Etat et d'organismes para-administratifs ou professionnels et liquidations diverses" |
|
Le
paragraphe III
porte en
augmentation
des découverts du
Trésor les sommes correspondant à diverses remises de dettes
opérées par des lois de finances antérieures, au total
2.136,54 milliards de francs.
Le montant net des découverts du Trésor
après
inscription du résultat de 1996 (299,77 milliards de francs)
devrait s'élever à 3.227,3 milliards de francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
EXAMEN EN COMMISSION
I. AUDITION DE M. PIERRE JOXE, PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR DES COMPTES
Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à
l'audition
de
M. Pierre Joxe, Premier Président
de la Cour des Comptes,
accompagné de
M. François
Logerot, Président de la Première Chambre
,
et de
M. Bernard Cieutat, Rapporteur Général des lois de
règlement,
sur les
projets
de
loi
n°
527
(1997-1998) portant
règlement
définitif
du
budget
de
1995
et n°
528
(1997-1998) portant
règlement définitif
du
budget
de
1996
et sur le rapport de la Cour des comptes sur
l'exécution
des
lois de finances
pour
l'année
1997
.
En réponse à
M. Alain Lambert
,
président
,
qui l'interrogeait sur la contribution française au budget
européen,
M. Pierre Joxe
a évoqué les
crédits dont disposent les institutions de l'Union européenne,
dont l'utilisation fait actuellement l'objet de critiques.
Il a tout d'abord fait valoir que la disparité des traitements entre
les membres du Parlement européen se traduisait par des
rémunérations allant du simple au quadruple, ce qui expliquait le
recours à des frais de mission excessifs, et parfois fictifs, que des
magistrats français de la Cour des Comptes et de Chambre
régionale des comptes avaient critiqués.
Il a ensuite jugé indispensable de procéder à une
harmonisation des contrôles sur l'utilisation des fonds européens.
S'agissant notamment du fonds européen d'orientation et de garantie
agricole (FEOGA),
M. Pierre Joxe
a indiqué que les pays de
l'Union européenne avaient fait des choix différents en
matière de contrôle de l'utilisation de ce fonds, confiant parfois
cette tâche à leur Cour des comptes, parfois au ministère
de l'agriculture ou même, comme c'est le cas en Grande-Bretagne, à
un cabinet d'audit. Il a expliqué que, malgré leur progression
très lente, les fonds européens représenteraient
l'équivalent d'un grand ministère français d'ici cinq
à dix ans, ce qui justifiait de prévoir, dès à
présent, des contrôles adaptés.
Le Premier Président de la Cour des Comptes a ensuite abordé la
question de l'exécution du budget en France.
Il a indiqué que les comptes de l'Etat étaient désormais
arrêtés plus tôt, la période complémentaire,
qui s'achevait auparavant au 7 février, ayant été
ramenée au 31 janvier. A terme, il a souhaité que cette
période complémentaire soit supprimée comme elle l'est
déjà, par exemple, à Singapour.
M. Pierre Joxe
a ajouté que le rapport préliminaire
de la Cour des Comptes sur l'exécution des lois de finances était
un élément important pour accroître le contrôle du
Parlement sur l'exécution budgétaire, mais que ce contrôle
avait plus d'impact quand le projet de loi de règlement était
inscrit rapidement à l'ordre du jour des Assemblées.
M. Pierre Joxe
a ensuite abordé deux points :
l'amélioration de la situation budgétaire en 1995 et 1996 et la
nécessité d'une transparence accrue des procédures
comptables.
S'agissant du premier point, il a fait remarquer que le montant des
déficits et des pertes de l'Etat avait diminué, pour revenir
à 299 milliards de francs en 1996. Cette amélioration a
été rendue possible par l'accroissement des recettes fiscales et
par une moindre progression de la charge de la dette, grâce à une
diminution des taux d'intérêt. Toutefois, les dépenses de
personnel n'ont pas cessé d'augmenter sur cette période.
S'agissant du second point,
M. Pierre Joxe
a indiqué que
des améliorations avaient été constatées en
matière de transparence et de rigueur comptable. Il a pris comme exemple
le nouveau mode de comptabilisation des recettes fiscales perçues par
voie de rôles et la disposition du projet de loi de règlement pour
1995 concernant l'écart d'intégration des comptes chèques
postaux. Il a ajouté que des progrès devaient toutefois
être réalisés en matière de
prélèvements sur recettes, et que l'ensemble des
rémunérations accessoires devraient être
réintégrées au budget de l'Etat.
En réponse à
M. Alain Lambert
,
président
, le Premier Président de la Cour des Comptes a
ensuite évoqué l'enquête menée par la Cour depuis
trois ans sur les effectifs et les rémunérations dans la fonction
publique. Il a estimé légitime que l'Etat choisisse de
rémunérer certains de ses agents au-delà de leur salaire
déterminé par la grille indiciaire, mais il a souhaité que
cette rémunération soit publique. Il a pris l'exemple des
Pays-Bas, pays où les fonctionnaires sont rémunérés
de manière transparente, suivant une échelle allant de 1 à
27. Il a ajouté que cette enquête permettrait de décrire la
réalité des rémunérations dans la fonction
publique, seul moyen d'effectuer des comparaisons utiles entre les agents
publics.
Le Premier Président de la Cour des Comptes a ensuite répondu
aux questions de
M. Philippe Marini, rapporteur
général.
M. Pierre Joxe
a indiqué que, s'agissant de la
réforme de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959, un groupe de
travail avait été mis en place à l'Assemblée
nationale. Il a souhaité que les parlementaires s'impliquent dans cette
réforme, dans la mesure où les administrations publiques
étaient très réticentes au changement.
M. François Logerot,
président de la première
chambre de la Cour des Comptes,
a précisé que la Cour
n'avait pas procédé à un travail d'ensemble sur
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Il a cependant
évoqué l'éventuelle révision de l'article 13 de
l'ordonnance, qui autorise le ministre des finances à annuler par
arrêté tout crédit devenu sans objet. Il a
déclaré que, les hypothèses de croissance des recettes
fiscales étant arrêtées au milieu de l'année, au
plus tard au mois d'août ou septembre, la régulation
budgétaire était en réalité devenue un outil
d'ajustement aux évolutions de la croissance économique. Il a
ajouté que la Cour des Comptes s'était exprimée à
plusieurs reprises sur l'utilisation faite des dispositions de
l'article 13 de l'ordonnance organique de 1959, et qu'elle souhaitait
toujours que d'autres techniques budgétaires puissent être mises
en place.
Le président de la première chambre de la Cour des Comptes a
ensuite constaté que la comptabilité publique française
restait rudimentaire. Il a indiqué qu'elle n'appliquait pas le principe
des droits constatés, à la différence des autres pays
européens, alors que l'application de ce principe permettrait de
commencer l'élaboration d'une comptabilité patrimoniale de
l'Etat. Il a ajouté que la Cour des Comptes avait noté que
certaines pratiques traduisaient un changement de méthode d'un exercice
budgétaire à l'autre. Il a regretté que certaines charges
de structure ne soient pas correctement décrites dans les comptes de
l'Etat, de même que les charges futures des opérations de
défaisance. Il en a conclu que des réformes sur ces sujets
permettraient d'apporter des clarifications dans les comptes publics et de
donner une meilleure information au Parlement.
M. Bernard Cieutat,
rapporteur général des lois de
règlement, a évoqué la question de l'écart
d'intégration entre le montant des avoirs des comptes chèques
postaux et la somme déposée par la Poste au Trésor public.
Il a tout d'abord rappelé que la Cour avait soulevé ce
problème il y a de nombreuses années. Le rapport public pour 1988
décrivait déjà la confusion existant entre la
trésorerie de la Poste et la trésorerie de l'Etat. La Cour avait
noté qu'il existait des discordances entre ce que la Poste
déposait au titre des avoirs des comptes chèques postaux et ses
engagements vis-à-vis des titulaires de ces mêmes comptes.
M. Bernard Cieutat
a fait observer que, sous le régime du
budget annexe, la Poste était obligée de déposer les
avoirs des comptes chèques postaux au Trésor public, mais que
l'Etat, ne voulant pas la subventionner à hauteur de ses charges
d'exploitation, l'avait autorisée à conserver une partie de ces
avoirs. Si la Poste a effectivement puisé dans ces avoirs, il a
estimé que l'Etat avait une part de responsabilité importante
dans cette opération, d'autant qu'il avait effectué des
prélèvements au détriment de la Poste de l'ordre de
4 milliards de francs par an pendant cette période.
M. Bernard Cieutat
a ajouté qu'une commission avait
été constituée, présidée par un magistrat de
la Cour des Comptes, pour établir le bilan d'ouverture de la Poste.
C'est à ce moment que l'écart entre les comptes de la Poste et
ceux de l'Etat est ouvertement apparu. En 1992, le Gouvernement a pris la
décision de ne pas faire apparaître cette dette dans les comptes
de la Poste, pour que l'établissement public ne soit pas
créé avec une situation nette négative.
M. Bernard Cieutat
a conclu que l'article 15 du projet de loi
de règlement pour 1995 apportait une solution comptable au
problème évoqué, en inscrivant en pertes de
trésorerie pour l'Etat l'écart de 18 milliards de francs
constaté lors de l'établissement du bilan de la Poste. Il a
estimé que, si l'autonomie de la Poste s'accroissait à
l'égard de l'Etat, c'est-à-dire si elle était
dispensée de déposer les avoirs des comptes postaux au
Trésor, ou encore si tous les titulaires de ces comptes souhaitaient
retirer leur argent, l'Etat s'engagerait à honorer ces 18 milliards
de francs.
En matière de pensions,
M. Bernard Cieutat
a indiqué
que l'étude menée par la Cour des Comptes était loin
d'être achevée, mais que la Cour avait présenté des
observations dans ses derniers rapports publics. Il a indiqué que les
rémunérations principales, les indemnités, et surtout les
pensions augmentaient à un rythme très rapide, puisqu'elles
étaient passées de 139 milliards de francs en 1993 à
166 milliards de francs en 1997, soit une progression de 18 % sur 4
ans et de 4,2 % par an. Il a ajouté que cette moyenne était
toutefois erratique, puisqu'en 1997 la progression n'avait été
que de 3,6 %, en raison de l'absence du relèvement du point de la
fonction publique. Il a estimé toutefois que l'hypothèse d'un
accroissement de la charge des retraites de 12 milliards de francs par an
à partir de l'an 2000 était sans doute excessive.
M. Bernard Cieutat
a ajouté que la dégradation du rapport
entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités dans la fonction
publique était très inquiétante pour l'avenir, car ce
rapport devrait passer de 2,5 en 1995 à 1,4 en 2015. Ce chiffre est
toutefois plus favorable que celui retenu pour le secteur privé, qui
s'élèvera à 1,2. Quelle que soit l'hypothèse
choisie, sur les 15 années à venir, la moitié des
fonctionnaires partira en retraite, si bien que le nombre de pensionnés
progressera de 10 % tous les deux ans et sera doublé en 2015.
M. Bernard Cieutat
a expliqué que les mesures
catégorielles accordées aux actifs étaient étendues
aux retraités, notamment la progression des indices de la fonction
publique, en application de l'article L 16 du code des pensions. De
surcroît, le renforcement des emplois d'encadrement fera progresser la
charge des pensions, alors qu'en sens inverse l'entrée plus tardive dans
la fonction publique minorera cette charge.
M. Bernard Cieutat
a conclu en indiquant que le commissariat
général du Plan était désormais chargé d'une
mission de prospection sur l'avenir des retraites et leur financement, ce qui
permettra d'actualiser le rapport sur les retraites de 1995.
M. François Logerot
a ensuite abordé la question des
rebudgétisations. Il a fait observer qu'un certain nombre
d'opérations de clarification introduites dans le projet de loi de
finances pour 1999 avaient pour origine des observations de la Cour des
Comptes, ou des études particulières menées par elle pour
répondre aux questions des commissions des finances, et
particulièrement à celle du Sénat. Concernant le
problème des "crédits d'article" au budget des services
financiers, il a indiqué qu'il s'agissait d'une incohérence de la
présentation budgétaire dans la mesure où des
dépenses n'étaient pas retracées dans le budget de l'Etat,
alors que les recettes les finançant y figuraient. Il a ajouté
que la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de finances pour
1998 avait définitivement convaincu le Gouvernement de modifier sa
présentation budgétaire. Il a par ailleurs indiqué que les
opérations faites par voie de comptes de classe 4 (comptes de
tiers) étaient réintégrées dans le budget pour 1999
pour 138 millions de francs.
M. François Logerot
a estimé qu'il restait toutefois
d'autres opérations extra-budgétaires qu'il convenait de
réintégrer dans le budget de l'Etat. Il a cité les fonds
d'honoraires du ministère de l'équipement pour 900 millions
de francs, les fonds d'honoraires du génie rural pour 400 millions
de francs, et les comptes de classe 4 du ministère des finances,
tels les frais de service des comptables du Trésor, pour lesquels il
n'existe aucune centralisation comptable nationale.
M. François Logerot
a déclaré que les
opérations de remboursement de la taxe à la valeur ajoutée
aux entreprises, consécutives à la suppression du décalage
d'un mois, sont traitées en opérations de trésorerie,
alors qu'il s'agit d'opérations de caractère budgétaire.
Il a également regretté que le remboursement à l'Etat de
la dette de la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) soit
intégralement retracé au budget général, alors que
la partie en capital correspondant à 5,8 milliards de francs avait
été intégralement traitée en opération de
trésorerie. Concernant les opérations de défaisance, il a
indiqué que les sommes versées à l'établissement
public de financement et de réalisation (EPFR) ne lui avaient pas permis
d'honorer les charges de l'emprunt contracté auprès du
Crédit lyonnais, ce qui avait entraîné des
pénalités de retard de 1 milliard de francs. Il a alors mis
en évidence le paradoxe aux termes duquel l'établissement public
de défaisance du Comptoir des Entrepreneurs avait, quant à lui,
reçu une dotation supérieure à ses besoins réels.
Enfin, il a regretté que des dépenses de fonctionnement des
administrations de l'Etat, notamment du ministère de
l'équipement, soient imputées sur les dépenses de certains
comptes spéciaux du Trésor, en contravention avec les
dispositions de l'ordonnance organique.
S'agissant des recettes attendues de la privatisation du Crédit
lyonnais en 1999, il a fait observer que les recettes prévues au titre
des privatisations s'élevaient à 17 milliards de francs dans
le projet de loi de finances pour 1999. Cette somme correspond au
complément de recettes dégagé par la privatisation du
groupement des assurances nationales (GAN) et à l'extension de la mise
sur le marché des actions de France Télécom. Il a convenu
qu'aucune recette n'était inscrite pour la privatisation du
Crédit lyonnais ou pour celle du Crédit foncier de France. Il a
toutefois indiqué que l'affichage de prévision de recettes se
révélait très difficile dans la mesure où la
capitalisation boursière était fluctuante et surtout parce qu'il
était dangereux d'afficher des prévisions trop excessives, qui
pouvaient décourager des repreneurs ou, au contraire, des
prévisions trop faibles qui pouvaient constituer un signe négatif
pour les négociations à venir. Il a fait observer que les
dotations inscrites sur la ligne correspondante n'avaient jamais
été conformes aux réalisations : en 1995,
55 milliards de francs étaient prévus mais seulement
21 milliards de francs ont été réalisés, en
1996, 22 milliards de francs étaient inscrits mais seulement
13 milliards de francs ont pu être réalisés, en 1997,
27 milliards de francs étaient inscrits mais 59 milliards de
francs ont finalement été réalisés. En 1998,
l'objectif inscrit en loi de finances ne devrait pas être atteint.
M. Michel Charasse
s'est félicité de l'étude
menée par la Cour des Comptes sur la fonction publique, ses effectifs,
ses rémunérations.
S'agissant du régime indemnitaire, il a tenu à préciser
que les fonds de concours du ministère des finances, qui viennent
d'être réintégrés dans le projet de loi de finances
pour 1999, étaient clairement identifiés, à la
différence de structures similaires existant au sein d'autres
ministères. Il a également distingué les régimes
indemnitaires correspondant à l'exercice effectif de
responsabilités et à la prise de risques de ceux relevant de
stratifications historiques. De même il s'est interrogé sur les
modalités de gestion des effectifs de la fonction publique, et notamment
sur l'utilisation de la mobilité dans l'intérêt du service.
Il a enfin souhaité que l'étude de la Cour des Comptes soit
étendue aux entreprises publiques.
S'agissant de la réforme de l'ordonnance du 2 janvier 1959, il a
rappelé la nécessité de l'autorisation préalable du
Parlement en matière des dépenses, l'importance de l'article
d'équilibre et l'intérêt que présente le
mécanisme dit de la " régulation budgétaire ",
ainsi que la nécessaire distinction entre l'autorisation et l'obligation
de dépense.
Enfin, évoquant, en sa qualité de rapporteur spécial des
crédits de la Coopération, sa récente mission en Afrique,
il a fait état de deux affaires, notamment en matière de
livraison d'aide alimentaire à caractère humanitaire, qui
pouvaient relever de la compétence de la Cour des Comptes.
M. Roland du Luart
, après s'être
félicité de la qualité des travaux de la Cour, s'est
interrogé sur les suites effectivement données à ses
conclusions. S'agissant de l'étude menée sur la fonction publique
et ses rémunérations, il a souhaité en connaître la
date de parution afin que celle-ci puisse clarifier le débat en la
matière, trop souvent polémique et excessif.
Il a enfin souhaité obtenir des informations quant au niveau
réel des primes versées à certains corps techniques de
l'Etat.
Partant de la situation de l'EPFR et des modalités de sa mise en
place,
M. Yann Gaillard
a souhaité que soient
examinées les conditions dans lesquelles cette structure avait
travaillé, ainsi que son coût financier. Il s'est par ailleurs
interrogé sur la nature précise et l'évolution à
venir des relations existant entre l'EPFR et le CDR (comptoir de
réalisation) et il a souhaité, que la Cour des Comptes puisse
apporter son éclairage en ce domaine.
M. Pierre Joxe
,
Premier Président de la Cour des Comptes,
s'agissant du travail actuellement effectué par la Cour des Comptes en
matière de rémunérations au sein de la fonction publique
en a reconnu la difficulté technique, notamment en raison du
nécessaire respect du caractère contradictoire de la
procédure. Il a par ailleurs souhaité obtenir des
précisions quant aux faits évoqués par M. Michel
Charasse en sa qualité de rapporteur spécial pour mieux orienter
l'action de contrôle de la Cour des Comptes.
Répondant à M. Roland du Luart, il lui a indiqué
que, lorsque les pressions, qu'elles émanent du Parlement, du
Gouvernement ou de l'opinion publique étaient fortes, les rapports et
études de la Cour connaissaient des suites rapides, mais qu'en tout
état de cause, la Cour ne disposait pas en principe de pouvoir de
sanction propre. A ce titre, évoquant les auditions publiques
menées en ces matières par le Parlement britannique, il a
estimé qu'elles pouvaient constituer un exemple transposable en France,
si le Parlement français le jugeait opportun.
S'agissant des rémunérations des ministres, il a rappelé
que celles-ci étaient réglementées et prévues de
façon très précise. De façon plus
générale, il a indiqué que les travaux de la Cour
permettraient de tracer un panorama clair et complet de la situation de
l'ensemble des rémunérations publiques.
En réponse à M. Yann Gaillard, il a convenu de
l'intérêt et de la nécessité, pour la Cour des
Comptes, d'étudier la situation de l'EPFR, tout en soulignant la
diversité, voire la complexité, des intérêts,
notamment financiers, en cause.
Il a enfin souligné l'utilité, notamment pour apprécier
l'effectivité des politiques publiques, des synergies pouvant exister
entre le développement de la fonction de contrôle du Parlement et
les travaux menés en ce domaine par la Cour des Comptes.
M. François Logerot, président de la première
chambre de la Cour des Comptes
, a apporté des précisions
à M. Roland du Luart sur les montants respectifs des
indemnités perçues par les fonctionnaires du génie rural
et ceux des ponts et chaussées.
S'agissant de la situation de l'EPFR, il a convenu de la justesse du propos de
M. Yann Gaillard et souhaité, à ce titre, de façon
plus générale, qu'une étude de synthèse soit
menée par la Cour sur les opérations de défaisance.
M. Alain Lambert, président
, a tenu à remercier
M. Pierre Joxe pour l'intérêt et les perspectives ouvertes
par son audition en matière de développement de la fonction de
contrôle du Parlement.
II. EXAMEN DU PROJET DE LOI
Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à
l'examen
des
projets
de
loi
n°
527
(1997-1998) portant
règlement
définitif
du
budget
de
1995
et n°
528
(1997-1998) portant
règlement définitif
du
budget
de
1996
, sur le
rapport
de
M. Philippe Marini, rapporteur
général.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a souligné
que l'examen de ces projets de loi était riche d'enseignements sur l'art
de piloter les finances publiques dans un environnement de plus en plus
incertain. A ce titre, il a souligné que, dans des conditions
très difficiles, la France avait poursuivi son chemin vers la monnaie
unique en 1995 et 1996.
Il a tout d'abord fait observer, s'agissant du cadrage
macro-économique, que des écarts importants existaient entre
prévisions et réalisations.
Il a indiqué qu'en 1995 le Gouvernement avait prévu une
croissance de 3,1 % et qu'elle fut de 2 %, tandis qu'en 1996 la
prévision fut encore davantage déjouée : 1,2 %
réalisé pour 2,8 % prévu.
De même il a souligné qu'au cours de chacune des deux
années, la demande intérieure n'avait pas atteint le niveau que
l'on attendait, les ménages préférant épargner et
les entreprises continuer à se désendetter.
Il a également fait remarquer que la croissance, qui avait repris
vivement en 1994, avait marqué le pas en 1995 et 1996 dans la plupart
des grandes économies de l'OCDE, notamment en raison de la crise
financière mexicaine de la fin de 1994.
En conséquence, il est apparu nécessaire, pour la plupart des
pays européens, d'adopter des politiques budgétaires rigoureuses
pour entrer dans l'épure des critères du traité sur
l'Union européenne, ce qui avait probablement accentué le
ralentissement économique.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ainsi
rappelé que la politique rigoureuse et responsable menée avait
alors permis à la France de faire ensuite partie des premiers
accédants à l'euro.
Il a ensuite détaillé les principaux éléments de
la gestion des finances publiques pour 1995 et 1996.
Il a tout d'abord rappelé que les recettes avaient été
marquées en 1995 et 1996 par un phénomène que les
gouvernements de l'époque avaient appelé
" déflation ". Non seulement la croissance économique
était plus faible que prévu, mais encore les recettes ne
suivaient pas cette croissance. Ainsi, en 1995, les recettes n'avaient
progressé spontanément que de 1,4 % alors que la croissance
nominale s'établissait à 3,4 %. La loi de finances
rectificative d'août 1995 a donc permis de redresser la courbe des
recettes, au prix d'un relèvement des prélèvements
obligatoires, surtout sur la TVA (+ 17 milliards de francs) et
l'impôt sur les sociétés (+ 11 milliards de
francs), soit au total 30 milliards de francs.
Le relèvement des impôts a ensuite été beaucoup
critiqué, mais s'il en avait été autrement, l'euro
n'aurait pas pu être mis en place le 1
er
janvier 1999.
Il a cependant souligné qu'en 1996, le phénomène n'avait
pas été aussi accentué même si les recettes fiscales
nettes avaient enregistré une moins-value de 1,6 %
(- 22,8 milliards de francs) essentiellement concentrée sur la
TVA (- 22,1 milliards de francs) et que le maintien du niveau des
recettes n'avait été obtenu que grâce à une
augmentation des recettes non fiscales : + 21,6 milliards de
francs.
Néanmoins, il a relevé que, malgré le souhait des
gouvernements successifs, les dépenses avaient été mal
contenues en 1995 et 1996, essentiellement du fait de la forte progression des
charges de la dette publique, mais aussi de certaines dépenses de
transfert liées aux difficultés économiques et sociales,
comme les aides personnelles au logement ou le revenu minimum d'insertion.
Ainsi, en exécution, les dépenses ont progressé en 1995
de 3,2 % par rapport à 1994, et encore de 4,6 % en 1996 par
rapport à 1995.
Il a rappelé que ces deux exercices avaient également subi le
vif emballement des charges de la dette publique : + 12,6 % en
1995 (235,4 milliards de francs) et que, même si la progression
s'était ralentie en 1996 (+ 1,6 %), la charge brute de
la dette publique qui représentait 240 milliards de francs
était devenue l'un des postes essentiels du budget de l'Etat avec les
crédits militaires et l'éducation nationale.
Par ailleurs, certaines dépenses d'intervention avaient
également exercé une très forte pression au cours de ces
deux années : le revenu minimum d'insertion (RMI) a augmenté
de 13,6 % en 1995 pour représenter 21,8 milliards de
francs, les aides au logement de 7,3 %, soit 29,9 milliards de
francs et les aides à l'emploi, de 7,2 % en 1995
et 15,2 % en 1996, pour atteindre le chiffre record de
148,8 milliards de francs.
Néanmoins,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a souligné que, malgré un effet de
ciseaux (déflation des recettes et pression des dépenses
liées aux difficultés économiques), les gouvernements de
1995 et 1996 avaient maintenu la France sur les rails de la monnaie unique. Le
déficit 1995 avait ainsi été maintenu au niveau
prévu initialement : 323 milliards de francs en
exécution pour 322,1 milliards de francs en loi de finances
initiale.
Il a également indiqué que, si en 1996 le dérapage avait
été moins bien contrôlé : 295,4 milliards
de francs pour 287,8 milliards de francs prévus, les
déficits avaient cependant continué de se réduire en
proportion du produit intérieur brut (PIB) (4,2 % en 1995 et
3,8 % en 1996), et que le déficit global des administrations
publiques avait atteint respectivement 4,9 %, puis 4,1 % du PIB,
grâce à l'amélioration spectaculaire des comptes sociaux en
1996. De ce fait, si la monnaie unique n'était pas accessible pour 1997,
la France était en bonne voie pour 1999.
En conclusion, il a tenu à souligner que les difficultés de
l'exécution des lois de finances pour 1995 et 1996 permettaient de tirer
deux leçons pour l'avenir, dont devraient s'inspirer les gouvernements
dans la construction de la loi de finances, et qui seraient utiles pour
l'analyse du projet de budget 1999.
D'une part, il lui apparaissait que la situation économique, sensible
au moindre choc externe, était devenue d'une incroyable
imprévisibilité. Cette donnée imposait donc de construire
avec prudence des budgets ne prévoyant pas de dépenser, surtout
sous forme de charges de structure, toutes les recettes que la prévision
économique du moment pouvait laisser espérer.
L'élaboration d'un budget sur la base d'une croissance nominale
inférieure d'un point au consensus des prévisionnistes
permettrait ainsi de garantir sans trop de dommages l'objectif initial de
déficit budgétaire.
Par ailleurs, il a rappelé que le niveau des taux
d'intérêt à court et long termes, qui était une
donnée échappant totalement à la volonté des
gouvernements, constituait une variable déterminante pour les charges de
la dette publique. En conséquence, si l'on souhaitait que l'idée
même de politique budgétaire puisse continuer à exister, il
était impératif de réduire le fardeau de la dette
publique, même si cela n'était pas toujours possible puisqu'il
fallait, en effet, que la conjoncture économique s'y prête.
Néanmoins, lorsque c'était possible, il fallait le faire avec la
plus extrême détermination, car le fait de dépenser les
fruits de la croissance lorsque l'Etat est endetté constituait un
gaspillage.
M. Bernard Angels
, après avoir reconnu que la loi de
règlement ne faisait que constater l'exécution d'une loi de
finances, a regretté les retards pris dans leur examen.
Il a cependant contesté, s'agissant de la loi de règlement 1995,
le qualificatif de "rigoureuse et réaliste" appliqué à la
gestion gouvernementale. Ainsi le déficit fixé initialement
à 275 milliards a été exécuté à
un niveau de 323 milliards, soit 4,2 % du PIB. De même, il a
souligné qu'en 1996, le budget s'inscrivait dans le cadre d'une "gestion
calamiteuse des finances publiques", même si la dérive avait
cependant été limitée de 288 à 295 milliards
de francs.
S'agissant de l'objectif de réduction des dépenses publiques, il
a relevé que celles-ci avaient évolué en 1995 au
même niveau que le PIB et tenu à indiquer qu'elles diminueraient
d'un point de PIB en 1999.
De même, il a tenu à souligner que le déficit
budgétaire avait été peu réduit malgré des
recettes fiscales supplémentaires et les ressources tirées des
opérations de privatisation.
A titre liminaire,
Mme Marie-Claude Beaudeau
a tenu à
rappeler que la majoration de TVA, en 1995, avait été
accompagnée d'une diminution de l'impôt sur les
sociétés. Elle a souligné l'importance pour
l'exécution du budget de 1995 des effets du collectif budgétaire,
ainsi que l'accroissement du niveau du déficit budgétaire.
S'agissant du relèvement du taux de la TVA elle a tenu à indiquer
que les craintes qu'elle avait alors exprimées s'étaient
révélées justes, et ainsi démontré
l'intérêt de diminuer le taux de celle-ci.
En réponse à M. Bernard Angels,
M. Philippe Marini,
rapporteur général
, a fait état des graves
aléas de conjoncture extérieure qu'avait connus la France en
1995, notamment du fait de la crise du Mexique en 1994 et de la baisse du cours
du dollar, et de ses effets négatifs sur la progression des recettes.
Dans ce contexte, après avoir rappelé le choix fait par le
Gouvernement d'agir sur les recettes et non de diminuer les dépenses, il
en a souligné l'intérêt et l'utilité pour limiter la
progression du déficit et protéger l'avenir de la croissance en
France dans un contexte économique très différent de celui
qui avait été prévu initialement.
La commission a ensuite procédé à l'examen du projet de
loi de règlement définitif du budget de 1995. Elle a
adopté sans modification les quatorze premiers articles.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, après
avoir présenté
l'article 15
et l'écart
d'intégration de 18 milliards de francs des dépôts des
comptes chèques postaux que cet article visait à apurer, a
souhaité, dans l'attente d'informations complémentaires et
satisfaisantes de la part du Gouvernement, présenter un amendement
"d'appel" visant à supprimer cet article. Cet amendement a
été adopté par la commission.
A
l'article 16
, il a présenté un amendement de
coordination consécutif à l'adoption de l'amendement de
suppression de l'article 15.
Puis, l'ensemble du projet de loi portant règlement définitif
du budget de 1995 ainsi amendé a été adopté.
La commission a ensuite adopté sans modification l'ensemble du
projet de loi portant règlement définitif du budget de
1996.
REPONSES DE LA COUR DES COMPTES AUX QUESTIONS
POSEES PAR LA COMMISSION DES FINANCES
QUESTION N° 1
ARTICULATION ENTRE LE PROJET DE LOI DE FINANCES
ET LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Dans sa réponse rédigée l'année dernière, la Cour présentait un certain nombre de remarques sur cette articulation, mais estimait manquer de recul suffisant pour porter une appréciation d'ensemble. La Cour est-elle en mesure aujourd'hui d'affiner son jugement ? Estime-t-elle en particulier que l'institutionnalisation de deux procédures concomitantes d'élaboration de la loi fiscale est de nature à permettre une gestion optimale des finances publiques ?
RÉPONSE
Dans son
rapport au Parlement sur la sécurité sociale de 1997, la Cour a
présenté une première analyse des problèmes
relevant de l'articulation entre le projet de loi de finances et le projet de
loi de financement de la sécurité sociale (pages 26 à 30).
Il est rappelé à cet égard que parmi les recettes de
sécurité sociale figurent :
- des versements de l'Etat employeur au titre principalement des cotisations
maladie et du solde des prestations familiales des fonctionnaires civils et
militaires ;
- des transferts de l'Etat aux régimes de sécurité sociale
(prise en charge d'exonérations de cotisations, remboursement de
prestations non contributives, subventions d'équilibre, transferts de
compensation) ;
- des impôts et taxes affectés.
Les deux premières catégories de recettes relèvent
à la fois de la loi de finances et de la loi de financement de la
sécurité sociale. Les impôts et taxes affectés font
l'objet d'un partage entre les deux.
Il importe donc que les deux procédures soient articulées, tant
sur le plan de la cohérence des données que sur celui de la
compatibilité des calendriers.
C'est ainsi que les évaluations des transferts sont faites par la
direction du budget en concertation avec le ministère de l'emploi et de
la solidarité et avec les autres ministères concernés, la
fixation définitive des hypothèses macro-économiques du
projet de loi de finances, que retient également le projet de loi de
financement de la sécurité sociale, pouvant donner lieu à
la mise à jour des évaluations de transferts et de
prélèvements affectés.
Les calendriers de dépôt et donc de préparation des deux
projets sont suffisamment proches pour que ceux-ci puissent comporter les
mêmes évaluations pour toutes les données communes.
La Cour avait toutefois souligné, dans le rapport précité,
que les difficultés rencontrées lors de la préparation du
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour
l'année n+1 ne sont pas liées à l'articulation avec la loi
de finances mais à la production tardive des comptes des régimes
et au calendrier des réunions de la commission des comptes de la
sécurité sociale d'automne et de la commission de compensation
chargée d'examiner les transferts définitifs pour l'année
n-1. En effet, au mois de septembre, seuls les comptes du régime
général sont connus. Quant aux commissions, elles se
réunissent, la Commission des comptes de la sécurité
sociale à la fin du mois de septembre, et la commission de compensation
en novembre ou décembre.
Dans son rapport sur la sécurité sociale de 1998, la Cour
poursuivra son analyse des questions posées par l'articulation entre les
procédures d'élaboration des deux lois et s'attachera notamment
à la clarification de la présentation des transferts financiers
entre l'Etat et la sécurité sociale.
QUESTION N° 2
PRÉSENTATION D'UN ÉTAT MENSUEL D'EXÉCUTION DU BUDGET
La présentation de cet état mensuel, désormais officialisée, représente un progrès certain dans l'information du Parlement. Il apparaît toutefois que ce document n'est pas facile à interpréter. Des controverses sur ce point se sont fait jour en 1997. Il semble en effet que des opérations lourdes n'obéissent pas à un calendrier précis (versements au budget communautaire, versement de la CADES, dotations aux entreprises publiques) ou obéissent à un calendrier très spécifique (compte d'avances aux collectivités locales). La Cour est-elle, conformément à sa mission constitutionnelle, en mesure d'aider les commissions des finances à suivre cette exécution mensuelle des lois de finances ? Dans l'affirmative, quelles méthodes de travail pourraient être mises en oeuvre ?
RÉPONSE
La
mission constitutionnelle de la Cour d'assister le Parlement et le Gouvernement
dans le contrôle de l'exécution des lois de finances (article 47
de la Constitution) est précisée par l'article L.O.132-1 du code
des juridictions financières qui prescrit à la Cour
d'établir, d'une part un rapport sur chaque projet de loi de
règlement, d'autre part une déclaration générale de
conformité, annexée au projet de loi de règlement, entre
les comptes individuels des comptables et les comptes généraux de
l'Etat.
Ces dispositions ont conduit la Cour à centrer ses travaux sur l'examen
a posteriori de l'exécution du budget et des comptes annuels de l'Etat,
en vue d'établir le rapport annuel - et, depuis peu, le " rapport
préliminaire " - sur l'exécution des lois de finances, ainsi
que la déclaration générale de conformité.
A contrario, la Cour n'oriente pas ses investigations sur l'exécution en
cours des lois de finances, c'est-à-dire avant achèvement de
celle-ci et clôture des comptes définitifs. En effet, les textes
en vigueur ne prévoient pas de contrainte particulière
d'exécution à l'intérieur de l'année, permettant
à la Cour d'asseoir son contrôle.
En outre, comme le souligne la Commission des finances, une partie des
variations observées par rapport à la même période
de l'année précédente est imputable à " des
opérations lourdes qui n'obéissent pas à un calendrier
précis... ou obéissent à un calendrier très
spécifique ". Or, dans leur présentation actuelle, les
situations publiées par le ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie se bornent à indiquer les variations
chiffrées du solde budgétaire, des recettes et des
dépenses, sans les accompagner des explications nécessaires
à leur compréhension, sinon sous la forme de " rappels
méthodologiques " très généraux, identiques
d'une situation à l'autre. Le ministère pourrait peut-être
enrichir ces documents d'un commentaire explicatif sur les chiffres et les
écarts enregistrés.
Il est cependant un domaine où la Cour a procédé cette
année à un examen systématique des opérations
enregistrées pendant une période déterminée de
l'exécution des lois de finances. Il s'agit des opérations de la
fin de gestion 1997. Cette enquête, effectuée au premier semestre
de 1998, dans le cadre du contrôle annuel de la Cour sur
l'exécution des lois de finances, avait pour objectif d'examiner les
conditions dans lesquelles l'exécution du budget de 1997 s'est
achevée, notamment les décisions prises en matière de
comptabilisation des dépenses et des recettes pendant la période
complémentaire. Les conclusions de cette enquête mettent en
lumière les choix opérés pour la comptabilisation en fin
de gestion des dernières opérations d'un montant
élevé, comparables, par leur ampleur, à celles que cite la
Commission des finances du Sénat, et leurs conséquences sur le
solde budgétaire. Elles feront l'objet, dans le rapport annuel sur
l'exécution des lois de finances pour 1997, d'un développement
particulier. Ce contrôle des opérations de fin de gestion sera
renouvelé afin de permettre des comparaisons pluriannuelles pour cette
période importante de l'exécution budgétaire.
QUESTION N° 3
" CERTIFICATION " DES PROCÉDURES COMPTABLES
•
Si la présentation, à structure constante, des projets de loi de
finances semble peu envisageable, il n'en demeure pas moins que, par analogie
avec la comptabilité d'entreprise, les principales modifications
pourraient être répertoriées en annexe aux documents
officiels. S'agissant de l'exécution, la Cour s'attache à les
retracer ex-post, qu'il s'agisse de la transformation de subventions en
dotations en capital, du passage d'opérations budgétaires en
opérations de trésorerie, comme de transferts de budget à
budget.
• S'agissant de l'exercice 1996, il est donc demandé de
récapituler l'ensemble des modifications intervenues, avec leurs
incidences budgétaires.
• Quels que soient les obstacles juridiques ou institutionnels, la Cour
serait-elle techniquement en mesure d'aider à la réflexion du
Parlement sur les modifications contenues dans les projets de lois ?
REPONSE
La Cour
est l'auxiliaire du Parlement en matière budgétaire dans le cadre
des fonctions qui lui ont été conférées par la
Constitution. Conformément à l'article 47 de la Constitution de
1958 qui prévoit que la Cour " assiste le Parlement dans le
contrôle de l'exécution des lois de finances ", la Cour
relève les irrégularités et les dysfonctionnements
administratifs. Il s'agit donc d'un
contrôle a posteriori
,
confirmé par l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 relative aux lois
de finances qui mentionne explicitement le rôle de la Cour dans l'article
36 qui précise que le projet de loi de règlement doit être
accompagné par le rapport de la Cour des Comptes.
La Cour aide en particulier à la réflexion du Parlement en
répertoriant
ex-post
chaque année les principales
modifications comptables intervenues avec leurs incidences budgétaires,
dans son rapport annuel sur l'exécution des lois de finances. Dans celui
pour l'année 1996, elle a ainsi récapitulé et
chiffré l'ensemble des modifications intervenues dans la deuxième
partie du rapport consacrée à la gestion des crédits
budgétaires, qu'il s'agisse de la transformation de subventions en
dotations en capital, du passage d'opérations budgétaires en
opérations de trésorerie ou des transferts de budget à
budget. (Cf. rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1996
pp. 19 à 21, 263, 265 et 281).
L'analyse a posteriori des principes comptables effectuée par la Cour
peut s'appuyer sur les rapports de gestion des ministres. Le projet de loi de
règlement est en effet également accompagné des rapports
de gestion des ministres qui comportent en annexe la présentation du
système comptable de l'Etat et les principes présidant à
la passation des écritures dans chaque classe de comptes.
Cette analyse des principes comptables peut-elle être menée
a
priori
? La Cour des Comptes contribue certes depuis trois ans à la
préparation d'un " débat d'orientation
budgétaire " sous la forme d'un document d'information
intitulé " rapport préliminaire sur l'exécution des
lois de finances ". Elle y commente de façon synthétique les
premiers résultats du budget dont les comptes viennent d'être
clos. Les travaux de la Cour continuent de se situer dans le cadre d'une
analyse a postériori des comptes de l'Etat.
En revanche il n'est pas dans les missions de la Cour, telles que les textes en
vigueur les définissent, d'intervenir trop en amont.
Même si elle est techniquement en mesure d'aider à la
réflexion du Parlement sur les modifications contenues dans les projets
de lois de finances, il n'appartient pas à la Cour, dans le contexte
juridique actuel, d'être mêlée plus avant au travail
parlementaire.
Dans la limite de ses responsabilités, la Cour apporte
déjà aux parlementaires des renseignements utiles à un
contrôle efficace et à une discussion documentée du budget
de l'Etat, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances et dans
sa contribution en vue du débat d'orientation budgétaire.
Un autre apport de la Cour consiste à
clarifier les
présentations budgétaires et comptables
. A cet égard
la Cour estime souhaitable que les changements de nomenclature
budgétaire, lorsqu'ils sont importants, apparaissent plus clairement
dans la présentation du projet de loi de finances de l'année, qui
devrait alors comporter des comparaisons à structure constante.
QUESTION N° 4
SECTION D'INVESTISSEMENT ET SECTION DE FONCTIONNEMENT
Il est demandé à la Cour de présenter la méthodologie comptable qui lui semble la mieux à même de permettre une distinction entre les crédits d'investissement et les crédits de fonctionnement inscrits dans la loi de finances. Dans cette problématique, il lui est demandé de fournir les chiffres correspondants pour l'exécution 1996 et d'examiner les éventuels écarts de méthode entre la présentation qu'elle aura retenue et celle utilisée par le ministère des finances (pages 57 et 58 du rapport de mai 1996 pour le débat d'orientation budgétaire).
RÉPONSE
I -
Les méthodes qui permettent de mesurer les investissements de
l'Etat
Des approches différentes permettent de mesurer les investissements
publics, en particulier ceux de l'Etat. Elles correspondent chacune à
des exigences propres, parfois peu conciliables, auxquelles la pratique
comptable doit s'efforcer de répondre.
1)
Ces approches sont les suivantes
:
- l'approche budgétaire, qui consiste à considérer, par
convention, comme dépense d'investissement toutes les dépenses en
capital imputées sur les budgets d'équipement;
- l'approche par la comptabilité nationale, qui évalue
l'investissement de manière classique comme la formation brute de
capital fixe, en excluant notamment les dépenses d'équipement
militaire considérées comme une consommation intermédiaire;
- l'approche à travers le plan comptable de l'Etat, qui regroupe dans
les comptes de classe 2 les immobilisations corporelles et incorporelles ainsi
que les immobilisations financières.
Or ces approches, qui sont complémentaires, présentent des
difficultés dues principalement à l'identification des
bénéficiaires des dépenses en capital, à la nature
économique particulière de l'investissement public ou encore
à l'appréhension comptable des immobilisations,
éléments matériels constitutifs de l'investissement.
2)
Les limites de la comptabilité budgétaire en matière
d'investissement
La méthode d'analyse apparemment la plus simple des investissements de
l'Etat consiste à répertorier les dépenses des titres V
" Investissements exécutés par l'Etat " et VI
" Subventions d'investissement accordées par l'Etat ". Or
cette méthode souffre d'imprécisions.
Ainsi les dépenses du titre V ne se traduisent pas directement par une
augmentation du patrimoine de l'Etat et ne recouvrent pas totalement la notion
d'immobilisation, notamment parce que les impôts et taxes
afférents à leur acquisition sont aussi imputés au titre
V. Elles ne retracent pas uniquement les acquisitions d'immobilisations
corporelles ou incorporelles (en particulier le chapitre 54-90 du budget des
charges communes " Apport au fonds de dotation ou au capital des
entreprises publiques ou d'économie mixte " correspond à des
acquisitions d'immobilisations financières). Enfin elles ne retracent
pas toutes les opérations d'acquisition d'immobilisations de l'Etat, en
particulier celles effectuées à travers les comptes
spéciaux.
Pour le titre VI, la notion d'investissement de l'Etat est plus ambiguë.
Les dépenses de ce titre regroupent en effet des subventions
d'investissement. Pour leurs bénéficiaires, l'investissement
peut, le cas échéant, être réalisé sur
plusieurs années et la comptabilisation par l'Etat d'une dépense
d'investissement peut ne pas correspondre à un investissement
effectivement réalisé.
Une seconde source d'imprécision réside dans la nature des biens
dont l'achat est comptabilisé comme investissement. On trouve ainsi dans
certains paragraphes du titre V (chapitre 57-71 Urbanisme et services communs)
des dépenses de " biens de consommation ". La classification
budgétaire ne tient généralement pas compte de la nature
des biens et services acquis. On trouve par exemple, en 1996, au chapitre 56-20
article 91 " Etudes " du budget de la Culture un paragraphe
destiné aux achats de livres, alors que sur le même budget, les
achats de livres pour la bibliothèque de France figurent au titre IV.
Sont également inscrits au titre IV les achats d'oeuvres d'art, qui, par
nature, ne sont pas susceptibles de se déprécier avec le temps ni
d'être consommées. Cette question de la nature des achats ou des
immobilisations acquises par l'Etat se pose également pour le titre III.
En effet, l'Etat considère l'acquisition de biens durables
alternativement comme des charges d'exploitation ou des investissements. Ainsi
l'achat ou le renouvellement de mobilier de bureau, normalement durable et qui
participe directement à la " capacité de production "
des services, est imputé le plus souvent au titre III.
En outre, la distinction entre les autorisations de programme (AP) et les
crédits de paiement (CP), inscrite dans l'ordonnance organique du 2
janvier 1959, tend à perdre de sa rigueur, comme la Cour l'a
déjà relevé, notamment sous l'effet de la
régulation des crédits d'investissement, qui privilégie
les paiements annuels par rapport aux engagements pluriannuels
(" régulation des AP par les CP ").
Enfin, les assouplissements apportés à l'annualité
budgétaire par l'ordonnance organique de 1959 en matière de
dépenses d'investissement peuvent conduire à l'imputation de
certaines dépenses ordinaires parmi les dépenses en capital (cf.
par exemple le soutien des programmes de recherche).
Face aux insuffisances de la comptabilité budgétaire,
l'instauration depuis 1988 d'une comptabilité de l'Etat proche du plan
comptable général, présentant notamment un compte
d'exploitation et un bilan, pourrait être de nature à permettre de
mesurer non pas la totalité de l'effort d'investissement de l'Etat
puisque dans ce cadre, les subventions d'investissement sont
comptabilisées à juste titre comme des charges d'exploitation,
mais tout au moins celui consenti à son propre profit.
3)
Les limites de la comptabilité patrimoniale de l'Etat en
matière d'investissement
L'approche patrimoniale, telle qu'elle apparaît dans le rapport de
présentation du compte général de l'administration des
finances (cf. annexe ci-jointe), est naturellement plus proche de la
définition comptable de l'investissement, c'est-à-dire de la
variation de l'actif immobilisé de l'Etat au sens strict. Comme la
comptabilité budgétaire, mais pour d'autres raisons, elle
présente des limites, surtout dans la manière dont elle a
été mise en oeuvre depuis 1988.
La comptabilité patrimoniale retrace en effet dans les comptes de classe
2:
- les immobilisations corporelles,
- les immobilisations incorporelles,
- les prêts,
- les dotations, participations et créances rattachées,
- les avances et autres participations financières,
ainsi que les amortissements des immobilisations corporelles et incorporelles.
La mesure de l'investissement de l'Etat à travers l'évolution des
éléments constitutifs de ce compte reste cependant peu fiable et
présente peu de signification pour diverses raisons, principalement les
suivantes:
- compte tenu des difficultés d'évaluation des actifs de l'Etat,
les comptes de classe 2 ne retracent que les immobilisations acquises depuis
1981;
- l'ensemble des immobilisations corporelles et incorporelles est amorti en
totalité dans l'année par écriture d'ordre. De ce fait,
l'augmentation, d'un exercice sur l'autre, de l'actif net immobilisé au
bilan de l'Etat ne correspond qu'aux acquisitions de terrains, la notion de
variation des immobilisations nettes a donc une signification très
relative et ne peut rendre compte du niveau d'investissement;
- ainsi, dès lors que la dotation aux amortissements correspond
exactement aux dépenses de l'année, la valeur patrimoniale reste
inchangée et la mesure de l'enrichissement ou de l'appauvrissement de
l'Etat est rendue très malaisée.
La mesure de la variation de l'actif net immobilisé n'a donc
guère de sens et le résultat patrimonial est très proche
du résultat budgétaire. Dans ces conditions, la
comptabilité patrimoniale souffre encore de trop d'incertitudes pour
s'avérer fiable en tant qu'instrument de mesure de la variation du
patrimoine de l'Etat en général et de son effort d'investissement
en particulier. Il n'en reste pas moins que seule l'amélioration de
cette comptabilité, qui a d'ailleurs été entreprise,
pourra permettre à terme d'améliorer le suivi de l'effort
réel d'investissement de l'Etat.
4)
Le cas particulier des dotations en capital
Pour l'essentiel, l'effort de l'Etat en faveur des entreprises publiques peut
être appréhendé à travers les recettes et les
dépenses des comptes 902-24 et 904-09 (compte de gestion des titres du
secteur public) où transitent les dotations financées soit par
cession de titres soit par dotations budgétaires.
Les rapports de la Cour sur l'exécution des lois de finances pour 1994,
1995 et 1996 décrivent le fonctionnement de ces comptes et les
opérations qu'ils retracent. Leurs principales observations sont les
suivantes:
- ces comptes étant alimentés par des dotations
budgétaires mais surtout par des recettes de privatisation, on peut
considérer d'un strict point de vue économique, qu'à
l'exception de l'ulilisation des dotations budgétaires, ces
opérations sont assimilables à des arbitrages d'actionnaire qui
n'ont pas pour effet d'augmenter l'actif financier immobilisé de l'Etat;
- par ailleurs, en dépit des remarques récurrentes de la Cour, on
observe que des versements assimilables à des subventions
d'investissement ou de fonctionnement sont également imputées sur
le compte 904-09 au lieu d'être retracées au budget
général.
Il en résulte que dans leur montant, si ce n'est dans leur nature, les
dotations en capital versées aux entreprises publiques ne traduisent pas
en totalité une dépense en capital de l'Etat.
En conclusion, la comptabilité patrimoniale fournit une mesure de la
variation des immobilisations financières et correspond mieux à
la notion d'investissement. Les participations de l'Etat dans les
sociétés et les dotations financières aux
établissements publics ont été répertoriées
et suivies sur un plan patrimonial depuis 1970. Ces éléments font
l'objet d'une récapitulation annuelle (développement des soldes
du compte 26) qui distingue les principaux éléments de variation
de la valeur des actifs financiers. Mais dans son état actuel, la
comptabilité patrimoniale de l'Etat souffre de nombreuses
imprécisions et appelle des réserves d'ordre
méthodologique et comptable, en particulier dans la prise en compte du
concept d'amortissement.. Les travaux en cours pour améliorer sa
fiabilité devraient donner dans les années à venir une
image plus précise de la variation de l'actif patrimonial de l'Etat et
donc des parts relatives des dépenses de fonctionnement et
d'investissement.
*
II -
La présentation du budget en deux sections, l'une pour le
fonctionnement, l'autre pour l'investissement
La Cour ne dispose pas d'une présentation du budget
exécuté de 1996 reclassant les dépenses et les recettes
entre une section de fonctionnement et une section d'investissement, comme le
précédent gouvernement l'avait fait pour le budget initial, au
mois de mai 1996, dans la perspective du débat d'orientation
budgétaire. Cette présentation s'inspirait des normes applicables
aux collectivités territoriales, plus précisément aux
départements (instruction M51). Elle visait à démontrer
que l'Etat n'était pas " en mesure de respecter la règle de
l'équilibre réel qui s'impose aux collectivités locales et
dont le respect justifie le cadre comptable contraignant qui leur est
imposé " (cf. rapport précité p.35). Elle recourait
à des conventions et opérait des reclassements que la Cour n'a
pas été en mesure de vérifier. Au demeurant, le
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a
indiqué à la Cour qu'il avait abandonné cette approche.
La Cour peut seulement situer son contrôle dans le cadre strict des
règles qui s'appliquent à l'Etat, en particulier celles de
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances. Elle ne
saurait se référer à d'autres règles, notamment
à celles qui s'appliquent aux collectivités locales, et qui
obéissent à des objectifs et à des exigences
nécessairement différents.. Les résultats d'une telle
approche ne pourraient que revêtir un caractère théorique.
Ils ne permettraient pas d'asseoir des comparaisons incontestables, ni
d'aboutir à des conclusions suffisamment étayées.
ANNEXE
Rapport
de présentation du Compte général de l'Administration des
Finances en 1996
3.0.1.1. Les immobilisations corporelles et incorporelles
Les opérations brutes relatives aux immobilisations incorporelles et
corporelles (1 157,2 milliards de F) correspondent, au
31 décembre 1996, aux flux d'investissements constatés
depuis 1981 (1 076,8 milliards de F) et aux opérations propres
à l'année 1996 (80,4 milliards de F).
Celles-ci se répartissent de la façon suivante :
|
Opérations de l'année 1996 |
Opérations de l'année 1995 |
Immobilisations incorporelles |
- |
- |
Terrains |
1,1 |
1,3 |
Constructions |
31,1 |
26,7 |
Installations techniques, matériel et outillage industriel |
38,8 |
36,0 |
Autres immobilisations corporelles |
9,4 |
9,4 |
TOTAL |
80,4 |
73,4 |
Les
investissements, à l'exception des terrains, sont amortis chaque
année en totalité par une écriture d'ordre. Cette
règle n'a pas été modifiée dans l'attente des
réflexions menées actuellement sur la comptabilité
patrimoniale de l'Etat.
3.0.1.2. Les immobilisations financières (ou actif financier)
(Milliards de Francs)
|
1996 |
1995 |
% |
Dotations, participations et créances rattachées |
493,6 |
619,3 |
- 20,3 |
Prêts |
134,3 |
133,2 |
0,8 |
Avances et autres immobilisations financières |
100,5 |
68,5 |
46,7 |
Créances correspondant aux valeurs du Trésor émises au profit du Fonds de Soutien des Rentes |
21,0 |
18,2 |
15,4 |
Total des immobilisations financières |
749,4 |
839,2 |
- 10,7 |
QUESTION N° 5
EXHAUSTIVITE DES CREDITS RETRACÉS DANS LE PROJET DE LOI DE REGLEMENT
Selon la
Cour, le projet de loi de règlement du budget 1996 décrit-il avec
exhaustivité l'ensemble des crédits dépensés au
cours de cet exercice ?
La Cour dispose-t-elle d'un bilan permettant de retracer les crédits
extra-budgétaires disponibles dans chaque ministère ? A
défaut d'un tel bilan, peut-elle communiquer des informations sur ce
type de crédits et indiquer les méthodes mises en oeuvre pour les
identifier ?
REPONSE
Le
projet de loi de règlement pour 1996 ne regroupe pas la totalité
des dépenses de cet exercice. La Cour avait déjà
noté dans son rapport sur l'exécution du budget de l'exercice
1995 l'existence de recettes " extrabudgétaires " donnant lieu
à des dépenses non retracées dans le budget et concernant
les services financiers, ceux de l'agriculture ainsi que ceux de
l'équipement.
L'article 110 de la loi de finances pour 1996 a prévu la
réintégration de ces recettes et dépenses dans le budget
de l'Etat. Sa mise en oeuvre a été retardée. La Cour en
fera le point dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances
pour 1997.
La Cour ne dispose pas d'un bilan exhaustif de ce type de dépenses, qui
par nature ne sont recensées dans aucun document budgétaire. Elle
dispose de certaines informations sur leur montant, leur évolution et le
type de dépenses financées. Un certain nombre de comptes de
classe 4 contribuent à des dépenses du budget de l'Etat (compte
466-226 ou 451-26 analysés ci-après par exemple), alors qu'en
sens inverse certains comptes sont alimentés par le budget de l'Etat
(tel le compte 466-171). En outre les données relatives aux
activités d'épargne ne sont pas rassemblées en
comptabilité au niveau national. Aucune présentation
consolidée n'est dans ces conditions disponible.
Ces recettes et ces dépenses sont pour partie retracées dans des
comptes de classe 4 de la comptabilité des comptables supérieurs
du Trésor, mais certaines ressources (telles qu'une partie des salaires
des conservateurs des hypothèques, la rémunération des
conseils aux collectivités locales et les indemnités des agents
huissiers du Trésor) ne font pas l'objet d'une inscription comptable
dans les comptes des trésoriers payeurs généraux et sont
affectées directement dès leur réception à des
emplois de rémunération de personnels de l'Etat ou à des
dépenses de fonctionnement.
Dans les deux cas, l'utilisation de ces fonds est dérogatoire à
l'ordonnance du 2 janvier 1959 et notamment son article 18 qui pose
le principe de l'unité et de l'universalité du budget de
l'Etat.
I. - LES SERVICES FINANCIERS
Les
services financiers bénéficient traditionnellement de ressources
de nature extrabudgétaire pour financer certaines dépenses de
rémunération et de fonctionnement.
Les chiffres dont dispose la Cour ont été communiqués par
le ministère des finances. Ils sont donnés par exercice,
c'est-à-dire retracent l'ensemble des recettes et des dépenses
effectuées au cours de l'année considérée, quelle
que soit leur année de rattachement en gestion comptable.
A. LES RECETTES ET DÉPENSES EXTRABUDGÉTAIRES RETRACÉES SUR LES COMPTES 466 DE LA COMPTABILITÉ DES TRÉSORIERS PAYEURS GÉNÉRAUX.
Les comptes concernés sont les comptes 466-17 (sous-comptes 171 et 176), " Frais de service des comptables du Trésor ", 466-21 " Opérations d'encaissement et de répartition de remises et commissions sur emprunts et émissions de correspondants nationaux ", 466-223 et 466-224 "Rémunérations accessoires de certains agents de l'Etat - Cadastre", le compte 466-226 " Hypothèques " et le compte 466-24 " Masse des douanes ".
1. - Le compte 466-17 "Frais de services des comptables du Trésor"
La
création de ce compte remonte, sous ce libellé, à une
circulaire de la direction de la comptabilité publique du
22 juin 1934. Ce texte s'inscrit dans la continuité de
pratiques anciennes remontant à l'époque où les receveurs
généraux des finances réglaient personnellement les frais
de leur service.
Ce compte est alimenté à la fois par des recettes
budgétaires et des recettes non budgétaires liées à
l'exécution de services. Au sein du compte 466-17, sont concernés
les comptes 466-171 "Frais de services des comptables du Trésor" et le
compte 466-176 "Frais de services des comptables du Trésor en
Polynésie".
Le montant des ressources et des dépenses sur ces comptes au cours des
quatre dernières années est retracé ci-dessous.
Compte 466-171
en MF |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
Evolution 1997/1996 |
Evolution moyenne 1997/1994 |
RESSOURCES |
|
|
|
|
|
|
Budgétaires |
869,5 |
830,4 |
809,7 |
807,6 |
-0,26% |
-2,43% |
Extrabudgétaires |
399,6 |
398,0 |
424,0 |
452,8 |
6,79% |
4,25% |
S/Total |
1 269,1 |
1 228,4 |
1 233,7 |
1 260,4 |
2,16% |
-0,23% |
Ressources extrabudg / S/Total |
31,5% |
32,4% |
34,4% |
35,9% |
|
|
Opérations d'ordre en crédit |
464,8 |
494,7 |
472,6 |
395,8 |
-16,25% |
-5,22% |
Total |
1 733,9 |
1 723,1 |
1 706,3 |
1 656,2 |
-2,94% |
-1,52% |
DEPENSES |
|
|
|
|
|
|
Indemnitaires |
5,1 |
5,2 |
5,6 |
5,6 |
0,00% |
3,17% |
Fonctionnement |
1 149,5 |
1 233,7 |
1 466,8 |
1 292,0 |
-11,92% |
3,97% |
Investissement |
0,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
|
|
S/Total |
1 154,7 |
1 238,9 |
1 472,4 |
1 297,6 |
-11,87% |
3,97% |
Opérations d'ordre en débit |
464,8 |
494,7 |
472,6 |
395,8 |
-16,25% |
-5,22% |
Total |
1 619,5 |
1 733,6 |
1 945,0 |
1 693,4 |
-12,94% |
1,50% |
Les
crédits budgétaires qui alimentent ce compte sont mandatés
par le préfet dans chaque département sur le chapitre 34-98.
Les recettes de nature non budgétaire sont les suivantes :
- rémunérations pour services rendus (réalisation de paye
à façon, tenue de comptes, etc...) à des organismes
publics : OPHLM, établissements publics locaux, ONF, organismes de
sécurité sociale... ; les recettes correspondantes se sont
élevées à
48,9 MF
en 1996 et
50,2 MF
en 1997 d'après les chiffres communiqués par la
direction de la comptabilité publique ;
- remboursement de dépenses effectuées par la direction de la
comptabilité publique pour le compte d'autres administrations, notamment
dans le cadre de la gestion inter-directionnelle d'hôtels des
finances ; ces recettes se sont élevées à
11,5 MF
en 1996 et
14,8 MF
en 1997 ;
- recettes provenant de remises et commissions relatives aux
dépôts de fonds des particuliers et inscrites au budget des
charges communes ; en 1996 pour
31,4 MF
et en 1997 pour
40,5 MF
;
- recettes liées à la collecte de l'épargne pour le compte
du groupe de la Caisse des dépôts et consignations ; en 1996
pour
238,7 MF
et en 1997 pour
244,5 MF
;
Ces deux dernières catégories de recettes sont portées en
crédit du compte 466-17 par débit d'un autre compte de classe 4,
le sous-compte 451-26 " Bénéfices et frais " du compte
451 " Fonds particuliers " (cf. plus loin).
- recettes liées à l'activité des fonds
particuliers ; en 1996 pour
93,5 MF
et en 1997 pour
102,8 MF
; d'après la direction de la
comptabilité publique, ces recettes couvrent des dépenses de
même nature pour un montant comparable.
Les débits du compte servent à financer les dépenses de
fonctionnement du réseau du Trésor.
Enfin, interviennent chaque année des écritures d'ordre
liées au fonctionnement du compte. Ces écritures correspondent
à l'apurement en débit ou en crédit du compte de
l'année précédente (compte 466-1712) par le compte de
l'ACCT.
Le fonctionnement de ce compte a été modifié en 1998 et
une partie des dépenses de fonctionnement du réseau du
Trésor fait désormais l'objet de procédures
budgétaires de droit commun.
En ce qui concerne le
compte 466-176
"Frais de services des comptables
du Trésor en Polynésie", les ressources proviennent des frais de
perception de divers produits perçus au profit du budget du Territoire.
Les dépenses servent à couvrir une partie des frais de
fonctionnement des postes comptables du territoire.
Compte 466-176
en MF |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
Ressources |
1,8 |
1,6 |
3,1 |
2,3 |
Dépenses |
1,8 |
1,6 |
3,1 |
2,3 |
2. - Compte 466-21 "Opérations d'encaissement et de répartition de remises et commissions sur emprunts et émissions de correspondants nationaux"
Le
mécanisme en vigueur jusqu'en 1996 résultait d'un
arrêté du ministre des finances du 10 novembre 1960 et
d'une instruction de la direction de la comptabilité publique du
5 janvier 1961.
Ce compte enregistrait le montant des commissions versées aux
trésoreries générales en rémunération de
leur activité de placement lors de chaque émission d'emprunt
d'Etat ou des correspondants nationaux du Trésor.
Compte 466-21
en MF |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
Evolution 1996/1995 |
Evolution moyenne 1996/1993 |
Ressources |
24,4 |
38,5 |
62,1 |
49,5 |
-20,2% |
26,7% |
Dépenses |
24,4 |
38,5 |
57,4 |
45,7 |
-20,2% |
23,4% |
Les
commissions enregistrées à ce compte étaient
intégralement réparties entre les agents
bénéficiaires. L'éventuel solde restant en fin
d'année correspondait aux recettes n'ayant pas encore fait l'objet d'une
répartition.
Le compte 466-21 a été soldé en 1997 et les recettes et
dépenses correspondantes sont désormais inscrites sur un
sous-compte de la comptabilité auxiliaire des fonds particuliers des
trésoriers payeurs généraux, le compte 451-28,
nouvellement créé.
3. - Comptes 466-223 et 466-224 "Rémunérations accessoires de certains agents de l'Etat - Cadastre"
Sur ces
comptes est retracée une partie des recettes liées à la
délivrance par les services du cadastre d'extraits ou de reproductions
de documents cadastraux. En effet, cette activité donne lieu en
application du décret n°46-1949 du 5 septembre 1946
à un paiement par l'usager dont les tarifs sont fixés par
décision ministérielle. Ces sommes sont recouvrées depuis
le 1er janvier 1994 par un régisseur de recettes placé
auprès de chaque centre des impôts fonciers.
Cette recette fait l'objet d'un prélèvement au profit du budget
de l'Etat, au taux de 85 % ou de 50 % selon le cas, et le solde est
porté en recette du compte 466-223 (compte départemental - le
compte 466-224 étant un compte central). Les modalités de
répartition entre ces deux affectations sont fixées par un
arrêté ministériel du 5 février 1947.
Comptes 466-223 et 224
en MF |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
1 997 |
Evolution 1997/1996 |
Evolution moyenne 1997/1994 |
Ressources |
65,4 |
64,0 |
68,5 |
68,7 |
0,28% |
1,68% |
Dépenses |
|
|
|
|
|
|
Indemnitaires |
59,4 |
65,7 |
58,5 |
39,0 |
-33,32% |
-13,09% |
Fonctionnement |
2,7 |
2,6 |
2,7 |
2,6 |
-3,40% |
-1,64% |
Total |
62,1 |
68,3 |
61,1 |
*41,6 |
-32,02% |
-12,53% |
* hors prélèvement exceptionnel de 110 MF
Les fonds du compte 466-223 contribuent essentiellement au financement des indemnités des agents de la DGI. Le décret n° 46-1949 du 5 septembre 1946 prévoit en effet qu'il peut être alloué aux agents du service du cadastre une indemnité variable pour la délivrance des extraits et des reproductions des documents cadastraux dans les communes à cadastre rénové.
4. - Compte 466-226 "Hypothèques"
Les
recettes de ce compte sont constituées d'une partie des "salaires"
perçus par les conservateurs des hypothèques pour les
formalités accomplies et les renseignements délivrés en
matière de publicité foncière. Ce régime a une
origine très ancienne, remontant à la loi du
21 ventôse an VII et plus récemment à la loi
du 30 avril 1921.
Une partie de cette recette est reversée au budget général
sur la ligne 505 des recettes non fiscales (art. 884 du CGI). Une
deuxième fraction est affectée directement à la
rémunération des conservateurs (art. 2 des arrêtés
ministériels des 9 juin et 3 août 1966). Le
solde est porté en recettes du compte 466-226.
Est également portée en recette du compte 466-226 la majoration
de 50 % du barème des salaires perçue pour la
délivrance de renseignements sommaires urgents (décrets n°
66-357 du 8 juin 1966 et n° 92-155 du
20 février 1992).
Compte 466-226
en MF |
1 994 |
995 |
1 996 |
1 997 |
Evolution 1997/1996 |
Evolution moyenne 1997/1994 |
Ressources |
148,5 |
168,1 |
178,0 |
183,7 |
3,20% |
7,34% |
Dépenses |
|
|
|
|
|
|
Indemnitaires |
73,2 |
72,9 |
74,4 |
77,0 |
3,48% |
1,68% |
Reversement au budget général |
75,3 |
95,2 |
103,7 |
106,8 |
3,00% |
12,32% |
Total |
148,5 |
168,1 |
178,0 |
*183,7 |
3,20% |
7,34% |
* hors prélèvement exceptionnel de 120 MF
Les
ressources de ce compte sont affectées au financement de deux
indemnités :
- la prime d'intéressement, servie aux personnels de collaboration
des conservateurs et receveurs-conservateurs des hypothèques ;
- l'indemnité pour délivrance de renseignements sommaires
d'urgence (RSU), servie aux agents qui, au cours du trimestre, ont
participé aux travaux de la conservation ou de la recette-conservation
des hypothèques.
Cependant, les montants retracés dans le compte 466-226 ne retracent pas
la totalité des ressources et dépenses extrabudgétaires
des conservations des hypothèques.
En effet, les postes des conservateurs des hypothèques, qui sont au
nombre de 354, ne sont pas comptabilisés dans les emplois ouverts au
budget et ne font pas l'objet d'une inscription de crédits de
rémunération principale. Les conservateurs des hypothèques
sont rémunérés exclusivement sur les
" salaires " qu'ils perçoivent auprès des usagers.
Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, une partie de ces
recettes est reversée au budget général sur la ligne 505
des recettes non fiscales, une deuxième fraction est affectée
directement à la rémunération des conservateurs, et le
solde est porté en recettes du compte 466-226.
En MF |
1995 |
1996 |
1997 |
RECETTES |
|
|
|
Salaires perçus par les C.H. |
1 669,4 |
1 752,2 |
1 817,7 |
DEPENSES |
|
|
|
Salaires conservés par les C.H. |
213,8 |
223,9 |
227,1 |
Versements au 466-226 |
168,1 |
178,0 |
183,7 |
Versements au budget général |
1 287,5 |
1 350,2 |
1 406,9 |
Total des dépenses |
1 669,5 |
1 752,2 |
1 817,7 |
Les
reversements au budget de l'Etat sont donc scindés en deux parties qui
se cumulent : le montant indiqué dans le tableau ci-dessus
reversé directement par les conservateurs, et le solde non
utilisé du compte 466-226 " Hypothèques ". Au total, le
montant reversé au budget de l'Etat a été de
1453,9 MF en 1996 et 1513,6 MF en 1997. Ce reversement est
comptabilisé pour l'essentiel sur la ligne 505-04 des recettes non
fiscales du budget de l'Etat.
Les montants reversés par les conservateurs à l'Etat pour
concourir à certaines dépenses de fonctionnement des
conservations, conformément au décret n°55-22 du
4 janvier 1955 (crédits " de l'article 55 ") sont
inclus dans le montant de versements au budget général
retracés dans le tableau précédent.
5. - Compte 466-24 "Masse des douanes"
L'origine de la Masse des douanes remonte à la
Révolution française. Les fonds de la Masse des douanes servent
à financer des logements pour les agents des douanes. Elle était
régie jusqu'en 1997 par un arrêté de 1980.
Les recettes de ce compte proviennent :
- des redevances d'occupation des logements de la Masse, et des redevances
diverses (en contrepartie de l'usage de mobilier, d'antennes T.V. collectives,
etc.) ;
- de la "première mise de masse" (droit d'entrée versé par
les agents lors de l'attribution d'un premier logement) ;
- d'une partie du fonds de concours alimenté par le "Revenu du Travail
Supplémentaire" (R.T.S.) ;
- du produit de la vente de biens mobiliers et immobiliers appartenant à
la masse ;
- du revenu du boni général de la masse placé à la
Caisse des dépôts et consignations en vertu d'une loi du
16 juillet 1908.
Enfin, le compte 466-24 est crédité d'une subvention annuelle sur
le chapitre 33-61 "Versements au fonds commun de la Masse des douanes".Compte
466-24
en MF |
1 993 |
1 994 |
1 995 |
1 996 |
Evolution 1996/1995 |
Evolution moyenne 1996/1993 |
Recettes |
|
|
|
|
|
|
Investissement |
17,7 |
20,0 |
19,7 |
25,3 |
28,5% |
12,7% |
Fonctionnement |
59,4 |
61,4 |
65,0 |
69,5 |
6,9% |
5,4% |
Trésorerie |
33,0 |
33,1 |
33,4 |
34,2 |
2,5% |
1,2% |
Mouvements de fonds |
8,5 |
6,5 |
8,9 |
7,2 |
-19,4% |
-5,2% |
Total |
118,5 |
121,0 |
127,0 |
136,2 |
7,3% |
4,7% |
Dépenses |
|
|
|
|
|
|
Investissement |
19,0 |
21,0 |
18,3 |
27,2 |
48,6% |
12,7% |
Fonctionnement |
58,5 |
61,4 |
63,2 |
64,4 |
1,9% |
3,3% |
Trésorerie |
32,5 |
32,9 |
32,9 |
36,1 |
9,7% |
3,6% |
Mouvements de fonds |
6,8 |
6,8 |
8,9 |
7,0 |
-21,7% |
0,8% |
Total |
116,8 |
122,1 |
123,3 |
134,7 |
9,2% |
4,9% |
En 1997,
les recettes se sont élevées à 140,4 MF et les
dépenses à 139,4 MF. Le solde à la fin de l'exercice
1997 s'est élevé à 23,8 MF.
Les fonds de la Masse des douanes sont utilisés pour acheter,
rénover ou louer des logements pour les agents des services
extérieurs des douanes.
La Masse des douanes a été transformée en
établissement public administratif par un décret du
24 décembre 1997. Les fonds enregistrés au compte
466-24 " Masse des douanes " ont été
transférés à l'établissement public au
1er janvier 1998.
B. LES AUTRES RECETTES ET DÉPENSES EXTRABUDGÉTAIRES DES SERVICES FINANCIERS.
A
côté de ces recettes et dépenses extrabudgétaires
qui transitent par les six comptes recensés plus haut, il existe
d'autres recettes et dépenses des services financiers non
retracées dans le budget de l'Etat, et parfois non retracées dans
un compte de la comptabilité des comptables supérieurs du
Trésor.
Les recettes et dépenses de ce type connues de la Cour sont les
suivantes.
1. - Les sous-comptes du compte 451 " Fonds particuliers "
Le
compte 451 " Fonds particuliers " retrace l'ensemble des mouvements
enregistrés sur les comptes de dépôts de fonds de
particuliers, à vue et à terme, qui sont tenus par les
trésoriers payeurs généraux. En particulier, deux
sous-comptes du compte 451, les comptes 451-26 " Bénéfices
et frais " et 451-27 " Services extérieurs du
Trésor " sont dédiés à la collecte et la
répartition entre les agents du réseau du Trésor des
remises et commission sur les opérations d'épargne.
Cependant, l'analyse détaillée de ces sous-comptes, qui a
été effectuée par la Cour au plan local dans certaines
trésoreries générales, n'est pas possible directement au
plan national car ceux-ci sont tenus dans chaque poste comptable centralisateur
dans une comptabilité auxiliaire. Il n'existe donc pas de données
comptables nationales permettant d'analyser les débits et les
crédits de ces sous-comptes.
La direction de la comptabilité publique a communiqué à la
Cour d'une part la somme des masses globales créditrices et
débitrices de ces comptes, corrigées de mouvements d'ordre pour
le compte 451-27, et d'autre part des informations extracomptables, issues de
l'analyse des comptes d'émolument des trésoriers payeurs
généraux, et données non par exercice comptable mais par
année d'origine de la ressource. Ces deux séries de
données ne sont donc pas immédiatement comparables.
1 - Le compte 451-26 " Bénéfices et frais ".
Le sous-compte 451-26 " Bénéfices et frais " retrace en
recettes :
- le traitement budgétaire du TPG, retracé également en
dépense (30,4 MF en 1996) ;
- les remises et commissions versées par le budget général
de l'Etat pour la collecte des fonds particuliers et le placement des bons du
Trésor (181,3 MF en 1996) ;
- les remises et commissions versées pour le placement de produits
d'épargne et d'assurance par les correspondants du réseau du
groupe de la Caisse des dépôts et consignations.
En dépenses, il enregistre les mouvements suivants :
- le traitement budgétaire des TPG ;
- des dépenses de fonctionnement pour un montant limité, pour le
financement des imprimés et carnets de chèques des fonds
particuliers ainsi que des objets publicitaires pour le service de
l'épargne (11,5 MF sur les recettes de l'année 1996) ;
- des versements au compte 466-17 " Frais de service " pour le
financement des frais de fonctionnement du réseau (217,9 MF sur les
recettes de l'année 1996) ;
- des versements au budget général (12,4 MF sur les recettes
de l'année 1996) ;
- des versements indemnitaires aux agents du réseau, soit directement
soit après transfert au compte 451-27 " Services extérieurs
sur Trésor " (cf. plus loin).
En données comptables, l'agrégation des masses débitrices
et créditrices des comptes départementaux par exercice comptable,
telle qu'elle est effectuée par la direction de la comptabilité
publique, fournit les résultats suivants :
en MF |
1996 |
1997 |
Recettes |
1 636,3 |
1 718,7 |
Dépenses |
1 615,2 |
1 731,6 |
Solde au 31/12 |
308,6 |
295,6 |
Le solde
du compte au 31/12 de chaque année représente le montant des
remises perçues au cours de l'année qui n'ont pas
été distribuées avant la fin de l'exercice et le seront au
cours de l'exercice suivant.
Le compte 451-26 retrace la totalité des remises et commissions sur
opérations d'épargne destinées aux trésoreries
générales. En revanche ne transitent pas par ce compte les
remises et commissions destinées aux recettes des finances et aux postes
non centralisateurs.
2 - Le sous-compte 451-27 " Services extérieurs du
Trésor ".
Le compte 451-27 est alimenté par des reversements sur le plafonnement
des rémunérations des comptables au titre de
l'écrêtement d'une part, et de la réglementation du cumul
d'autre part.
Une partie de ces recettes provient du compte 451-26. Il s'agit du produit de
l'écrêtement de la rémunération des TPG, ainsi que
des reversements au titre du cumul sur les comptes d'émolument des TPG
et des chefs des services des trésoreries générales. Ce
compte reçoit également d'autres recettes, provenant de
l'application des règles de l'écrêtement aux comptables des
postes non centralisateurs et aux receveurs des finances, et des règles
du cumul pour les receveurs des finances.
Les débits du compte sont constitués de dépenses
indemnitaires et de mouvements d'ordre. Les mouvements d'ordre sont dus au fait
que la direction de la comptabilité publique organise des transferts
entre les comptes départementaux des trésoreries
générales et le compte du payeur général du
Trésor afin d'assurer que chaque comptable dispose de la
trésorerie nécessaire pour assurer le paiement des
indemnités.
Les indemnités versées sur ce compte sont pour l'essentiel des
indemnités aux personnels du réseau qui ne participent pas
directement à la collecte de l'épargne et ne
bénéficient pas de ce fait de la répartition des remises
effectuée " au premier niveau " sur le compte 451-26.
L'agrégation des comptes départementaux tenus dans les
trésoreries générales est effectuée par la
direction de la comptabilité publique et fournit les chiffres suivants.
Compte 451-27
en MF |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Recettes externes |
177,2 |
204,6 |
941,3 |
194,4 |
Mouvements d'ordre |
0 |
246,5 |
0 |
493,9 |
Total des recettes |
177,2 |
451,1 |
941,3 |
688,3 |
|
|
|
|
|
Dépenses externes |
96,7 |
102,4 |
108,8 |
973,3 |
Mouvements d'ordre |
0 |
246,5 |
0 |
493,9 |
Total dépenses |
96,7 |
348,9 |
108,8 |
1467,2 |
|
|
|
|
|
Solde cumulé |
770,7 |
873,0 |
941,3 |
162,4 |
Le
montant élevé des dépenses en 1997 s'explique par un
prélèvement exceptionnel de 862 MF effectué sur le
solde du compte 451-27 à la fin de l'année 1997. Ce
prélèvement a fait l'objet d'un versement au budget
général au début de 1998.
Ce prélèvement mis à part, les dépenses du compte
hors mouvements d'ordre ont été en 1998 de 111,3 MF. Ce
dernier montant est constitué en principe en totalité de
versements indemnitaires aux agents du réseau.
2. Les indemnités versées aux agents huissiers du Trésor.
Comme l'a indiqué la monographie sur les services financiers contenues dans le rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1995, des indemnités sont versées aux agents-huissiers du Trésor au prorata des actes exécutés. Les montants correspondants sont retracés en partie dans le budget général.
en MF |
1994 |
1995 |
1996 |
Indemnités pour notification d'actes |
28,5 |
28,9 |
29,7 |
Indemnités en remboursement de frais réels |
11,7 |
10,3 |
8,5 |
TOTAL |
40,2 |
39,2 |
38,2 |
3. La rémunération des conseils aux collectivités locales.
Des rémunérations sont versées par les collectivités locales aux agents du Trésor public au titre de conseil. Elles s'élevaient en 1995 à 140,5 MF. Leur montant est relativement stable dans le temps car ces rémunérations sont votées par les assemblées des collectivités territoriales sur une base pluriannuelle.
II. MINISTERE DE L'EQUIPEMENT
Le
compte 466-221 retrace en recettes les facturations de concours apportés
par les services techniques de l'équipement aux collectivités
territoriales et à divers organismes et, en dépenses, les
rémunérations accessoires versées aux agents techniques de
l'équipement. Ce dispositif est régi par la loi du 29 septembre
1948 et ses textes d'application.
Les recettes sont constituées par les concours des services de
l'équipement auprès des collectivités locales et certains
organismes, comme les chambres de commerce et d'industrie, les
sociétés d'économie mixte, etc. Ces concours peuvent
être occasionnels (maîtrise d'oeuvre, conduite d'opérations,
conseil et assistance) ou permanents (aide technique à la gestion
communale, gestion de services autres que la voirie communale, contrôle
de concession, affermage et régie, conseil et assistance). Depuis 1990,
près de 70 % des recettes sont assurés par la maîtrise
d'oeuvre. L'aide technique à la gestion communale et la conduite
d'opérations représentent 10 à 15 % chacune.
Les recettes, une fois encaissées dans les sous-comptes locaux
(466-221-2), sont centralisées dans un sous-compte géré
par l'administration centrale du ministère de l'équipement
(466-221-1). Enfin, les dotations destinées aux
rémunérations accessoires sont versées dans un sous-compte
dont le montant est déterminé pour chaque service en fonction de
règles de répartition (466-221-3).
Quatre points méritent d'être signalés :
- Depuis 1980, il n'y a plus aucun lien direct entre le volume des travaux
exécutés localement et le montant des honoraires versés en
contrepartie aux ingénieurs et techniciens concernés.
- Comme tous les comptes de classe 4, le compte 466-221 n'est pas soumis
à la règle de l'annualité et les recettes non
consommées se reportent et peuvent se cumuler d'année en
année.
- Compte tenu de l'existence d'une réserve, les dépenses d'une
année sont fixées sans relation directe avec les recettes de la
même année.
- Si les rémunérations accessoires constituent l'essentiel des
dépenses, l'administration centrale opère quelques
prélèvements, limitativement prévus : frais de bureau
liés aux prestations concernées (3% de la masse des recettes,
reportables d'une année sur l'autre), réparation des risques
civils (1% des recettes à compter de 1995, 0,5 % auparavant), taxe sur
les salaires (au taux de 4,25 %).
La masse indemnitaire à verser aux agents est fixée par deux
éléments : d'une part, une enveloppe de points correspondant
à l'effectif des fonctionnaires concernés, multiplié par
des coefficients hiérarchiques liés aux grades ; d'autre part,
une valeur du point. Cette dernière fait l'objet, chaque année,
de discussions entre les services du ministère de l'équipement et
ceux de la direction du budget. Il en résulte que le calcul de la masse
indemnitaire est déconnecté du montant des recettes.
De 1986 à 1991, les recettes sont passées d'environ 600 MF
à 800 MF par an. Depuis 1991, ce montant est relativement stable. Le
même type d'évolution est constaté pour les dépenses
de rémunérations qui passent de 1986 à 1995 de 663 MF
à 834 MF (francs constants 1995).
Cependant, le parallélisme global des évolutions en recettes et
dépenses n'est plus favorable depuis la gestion de 1993. Jusqu'alors, la
multiplication des travaux et une distribution prudente avaient permis la
constitution d'une réserve d'environ 400 MF. A compter de 1994, les
augmentations de la valeur du point et la diminution des commandes ont
créé un décalage négatif entre recettes et
dépenses annuelles. Le déficit est financé à partir
de la réserve.
Mouvements de trésorerie du compte 466-221 :
1993-1997 (en MF)
ANNEE |
DEPENSES |
RECETTES |
|
1993 |
783,8 |
818,9 |
35,1 |
1994 |
825,6 |
794,9 |
-30,7 |
1995 |
843,4 |
783,4 |
-60 |
1996 |
875 |
864,6 |
-10,4 |
1997 |
911,6 |
858,8 |
-52,8 |
Total |
4 239,4 |
4 120,6 |
-118,8 |
Note pour
la lecture du tableau :
1. Les dépenses comprennent les rémunérations, les taxes
sur les salaires,
les frais de couverture civile, les frais de bureau.
2. En perspective pluriannuelle, la Cour dispose des éléments de
flux de
trésorerie, qui entretiennent quelques écarts avec
les données " en
gestion ".
III. MINISTERE DE L'AGRICULTURE
Le
compte 466-25 retrace également en recettes des
rémunératons liées à des missions
d'ingénierie publique pour le compte des collecitivtés locales ou
d'autres organismes, et en dépenses pour l'essentiel des
rémunérations accessoires versées à certains
fonctionnaires du ministère de l'agriculture.
Le tableau suivant retrace l'évolution des recettes et des
dépenses du compte entre 1993 et 1996.
Mouvements de trésorerie du compte 466-221 :
1993-1997 (en MF)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
RECETTES |
390,3 |
395,3 |
377,0 |
391,4 |
DEPENSES |
359,0 |
376,1 |
388,4 |
400,6 |
dont prélèvements obligatoires* |
5,7 |
7,4 |
7,1 |
7,0 |
rémunérations |
333,1 |
348,7 |
361,3 |
372,5 |
frais de bureau et de déplacement |
19,9 |
20,1 |
20,0 |
21,2 |
SOLDE |
31,3 |
19,2 |
-11,4 |
-9,2 |
* reversement à l'ONF et couverture de responsabilité civile.
QUESTION N°6
DÉLAIS DE VERSEMENT DES DOTATIONS EN CAPITAL AUX ENTREPRISES
PUBLIQUES
La Cour peut-elle dresser un bilan financier pour l'Etat et les entreprises publiques des délais entre l'encaissement des recettes tirées des cessions de titres publics et les versements des sommes correspondantes aux entreprises publiques dans le cadre du fonctionnement des comptes d'affectation spéciale retraçant ces opérations ?
RÉPONSE
L'encaissement des recettes tirées de cessions de titres
publics et le versement des dotations aux entreprises ont fait intervenir en
1996 deux comptes distincts :
- le compte d'affectation spéciale 902-24 "
compte d'affectation
des produits des cessions de titres du secteur publics
". Les
recettes qui y figurent n'ont pas été encaissées par
l'Etat pour leur intégralité. Une fraction a été
utilisée par les banques " chefs de file " chargées de
conduire les privatisations pour acquitter les dépenses et frais
correspondants. Seule la recette nette a été effectivement
versée dans les caisses de l'Etat, le reliquat ne faisant l'objet que
d'une inscription comptable à due concurrence des dépenses
payées. Par ailleurs, les concours imputés sur le compte 902-24
ne sont pas directement versés aux entreprises : ils transitent par
le compte
904-09.
- le compte de commerce 904-09
" gestion des titres du secteur public
et apports et avances aux entreprises publiques
" alimenté par
le compte 902-24, reçoit également le produit de la vente de
titres (hors opération de privatisation) et, le cas
échéant des versements du budget général. Cette
centralisation des flux permet de donner une vue d'ensemble des concours aux
entreprises publiques sur le compte 904-09 qui constitue en quelque sorte le
« livre comptable » des dépenses de
l'Etat-actionnaire.
Cette architecture, qui tient au souci d'isoler les opérations de
privatisation sans renoncer à obtenir une vue d'ensemble des
interventions de l'Etat, rend plus complexes les circuits de paiement aux
entreprises. Mais elle n'engendre pas de retard particulier puisque les
écritures entre les comptes sont automatiques et concomitantes. Par
conséquent, si des délais de versement sont constatés,
c'est qu'ils reflètent la longueur du processus de décision de
l'Etat actionnaire et de ses arbitrages en fonction des besoins des entreprises
et du niveau des ressources disponibles sur chaque compte.
De tels arbitrages sont la conséquence inévitable des contraintes
budgétaires qui pèsent sur l'Etat actionnaire et qui ont
été particulièrement fortes en 1996 en raison du report
d'importantes opérations engagées en cours d'année et
finalement différées. Ainsi, sur la gestion, les recettes
effectives de privatisation n'ont atteint que 60% des prévisions
initiales
Cette contrainte explique que les versements aux entreprises ne soient
effectués que lorsque la marge de manoeuvre budgétaire est
connue, et elle conduit à concentrer les paiements en fin de gestion.
Les deux tableaux reproduits en annexe, qui fournissent le détail des
principales opérations de recettes et de dépenses en 1996 avec
leur date d'imputation, illustrent cette tendance. Ainsi, sur le compte 902-24,
au 1er septembre 1996 près de 97% des recettes étaient
déjà encaissées alors que seulement 10% des dotations
avaient été versées. A la même date sur le compte
904-09, près de 66% des recettes étaient encaissées mais
seulement 36% des dépenses avaient été payées.
Cette logique d'affectation sous contrainte budgétaire s'est
également traduite fin 1996 par la " mise en réserve "
d'une fraction des ressources tirées des privatisations, pour couvrir
les besoins prévus pour 1997. Ainsi, les reliquats constatés sur
les comptes 902-24 et 904-09, soit respectivement 951,29 millions et
1 580,44 millions ont été reportés pour financer
des concours à l'établissement public de réalisation et de
défaisance (EPRD), afin de contribuer à la charge que supportera
l'Etat lors de la clôture des opérations de la première
défaisance du Comptoir des entrepreneurs.
L'insuffisance des moyens, et les arbitrages et délais qu'elle
occasionne pèsent sur les entreprises publiques qui peuvent être
conduites à recourir à l'endettement, si leur recapitalisation
est différée. La corrélation est évidemment
difficile à établir mais il est significatif de constater qu'en
1996, en dépit de la baisse générale des taux
d'intérêt à long terme la dette financière de
Charbonnages de France, qui n'a bénéficié d'aucun concours
de l'Etat, s'est accrue de 28 339 millions à
30 120 millions.
Cependant, en 1996, l'insuffisance des concours de l'Etat a surtout
été manifeste pour l'Etablissement public de financement et de
restructuration (EPFR) qui, pour la seconde année consécutive,
n'a pas été en mesure d'acquitter le paiement des
intérêts dus au Crédit Lyonnais. Au 31 décembre
1996, les impayés d'intérêts s'établissaient
à 3 110 millions pour l'échéance payable au 30
juin 1995 et à 8 367 millions pour l'échéance
payable au 30 juin 1996. Ces retards de paiements sont d'autant plus
préjudiciables qu'ils occasionnent des pénalités de retard
dont le montant s'est établi pour la seule année 1996, à
243 millions. Or cette charge, destinée à s'alourdir compte
tenu du montant des impayés, incombe à l'Etat qui subit donc
directement l'insuffisance des moyens disponibles sur les comptes de
privatisation.
En 1996 cette insuffisance a également eu pour conséquence, moins
visible, de l'empêcher d'utiliser une fraction des produits de
privatisation en vue de son désendettement. Alors que la loi de finances
prévoyait d'y consacrer 5.5 milliards, aucune dépense n'a
été effectuée sur les ressources encaissées en
1996. Dans ces conditions, il est regrettable que des délais aient
été constatés dans l'utilisation des 6.3 milliards
qui avaient été affectés au désendettement en 1995.
Ainsi, la dotation allouée en décembre 1995 à la Caisse
d'amortissement de la dette publique (soit 5 426 millions) n'a
donné lieu à des opérations effectives de
désendettement qu'en février 1997 (amortissement de titres de
BTAN).
I. ANNEXE : DATE ET MONTANT DES PRINCIPAUX PRODUITS DE CESSION DE TITRES ENCAISSÉS ET DES PRINCIPAUX CONCOURS AUX ENTREPRISES PUBLIQUES VERSÉS EN 1996.
Compte 902-24, en millions de francs.
Recettes |
|
|
|
Dotations |
|
|
|
Date d'imputation |
Opération |
Montant |
Montant cumulé |
Date de versement |
Bénéficiaire |
Montant |
Montant cumulé |
13/02/96 |
Pechiney/Elf |
725.00 |
725.00 |
|
|
|
|
05/02/96 |
Pechiney |
96.68 |
821.68 |
|
|
|
0.00 |
28/03/96 |
SEITA |
45.70 |
867.38 |
|
|
|
0.00 |
19/06/96 |
UAP |
491.38 |
1 358.76 |
14/06/96 |
CGMF |
250.00 |
250.00 |
10/06/96 |
AGF |
2 071.86 |
3 430.61 |
|
|
|
250.00 |
10/06/96 |
AGF |
5 820.23 |
9 250.84 |
|
|
|
250.00 |
28/06/96 |
AGF |
321.74 |
9 572.58 |
28/06/96 |
SMC |
858.00 |
1 108.00 |
05/07/96 |
AGF |
793.67 |
10 366.25 |
03/07/96 |
CFD |
3.35 |
1 111.35 |
15/07/96 |
Renault |
2 000.92 |
12 367.17 |
08/07/96 |
CFD |
76.23 |
1 187.58 |
12/07/96 |
AGF |
265.48 |
12 632.65 |
|
|
|
1 187.58 |
19/08/96 |
USINOR |
168.85 |
12 801.50 |
|
|
|
1 187.58 |
|
|
|
12 801.50 |
10/09/96 |
Air France |
5 000.00 |
6 187.58 |
|
|
|
12 801.50 |
12/11/96 |
SOFARIS |
262.50 |
6 450.08 |
|
|
|
12 801.50 |
30/10/96 |
CGMF |
875.00 |
7 325.08 |
|
|
|
12 801.50 |
04/12/96 |
CGMF |
430.00 |
7 755.08 |
|
|
|
12 801.50 |
09/12/96 |
CEA |
250.00 |
8 005.08 |
|
|
|
12 801.50 |
18/12/96 |
RSA |
277.87 |
8 282.95 |
|
|
|
12 801.50 |
18/12/96 |
SOFARIS |
137.50 |
8 420.45 |
27/12/96 |
Renault |
290.67 |
13 092.17 |
|
|
|
8 420.45 |
27/12/96 |
RH Poulenc |
68.76 |
13 160.93 |
|
|
|
8 420.45 |
29/12/96 |
ELF |
23.32 |
13 184.24 |
|
|
|
8 420.45 |
|
|
|
13 184.24 |
30/12/96 |
SFP |
350.00 |
8 770.45 |
|
|
|
13 184.24 |
06/01/97 |
EPFR |
1 162.00 |
9 932.45 |
|
|
|
13 184.24 |
06/01/97 |
CGMF |
220.00 |
10 152.45 |
|
|
|
13 184.24 |
16/01/97 |
EPRD |
1 340.00 |
11 492.45 |
|
|
|
13 184.24 |
21/01/97 |
GIAT |
37.50 |
11 529.95 |
|
|
|
13 184.24 |
07/02/97 |
EMC |
250.00 |
11 779.95 |
|
|
|
13 184.24 |
07/02/97 |
CFD |
60.80 |
11 840.75 |
Compte 904-09, en millions de francs.
Recettes |
|
|
|
Dotations |
|
|
|
Date d'imputation |
Opération |
Montant |
Montant cumulé |
Date de versement |
Bénéficiaire |
Montant |
Montant cumulé |
01/02/96 |
COFRES |
7.76 |
7.76 |
|
|
|
|
28/02/96 |
TAIBA |
1.53 |
9.29 |
|
|
|
0.00 |
06/03/96 |
TOTAL |
3 097.00 |
3 106.29 |
|
|
|
0.00 |
|
|
|
3 106.29 |
11/04/96 |
SOFIDEG |
8.10 |
8.10 |
18/04/96 |
GIAT |
3 716.00 |
6 822.29 |
18/04/96 |
GIAT |
3 716.00 |
3 724.10 |
30/04/96 |
SCET |
56.60 |
6 878.89 |
|
|
|
3 724.10 |
|
|
|
6 878.89 |
09/05/96 |
CADEC |
44.00 |
3 768.10 |
04/06/96 |
CGMF |
250.00 |
7 128.89 |
|
|
|
3 768.10 |
|
|
|
7 128.89 |
14/06/96 |
CGMF |
250.00 |
4 018.10 |
25/06/96 |
CFD |
3.35 |
7 132.24 |
|
|
|
4 018.10 |
25/06/96 |
CFD |
76.23 |
7 208.47 |
|
|
|
4 018.10 |
27/06/96 |
SMC |
858.00 |
8 066.47 |
|
|
|
4 018.10 |
|
|
|
8 066.47 |
08/06/96 |
SMC |
858.00 |
4 876.10 |
|
|
|
8 066.47 |
03/07/96 |
CFD |
3.35 |
4 879.45 |
05/07/96 |
SEM Clichy |
2.00 |
8 068.47 |
|
|
|
4 879.45 |
|
|
|
8 068.47 |
08/07/96 |
CFD |
76.23 |
4 955.68 |
|
|
|
8 068.47 |
11/07/96 |
SEM clichy |
2.00 |
4 957.68 |
20/08/96 |
Air France |
5 000.00 |
13 068.47 |
|
|
|
4 957.68 |
02/09/96 |
divers |
71.14 |
13 139.61 |
|
|
|
4 957.68 |
|
|
|
13 139.61 |
10/09/96 |
AIr France |
5 000.00 |
9 957.68 |
16/09/96 |
SOFARIS |
262.50 |
13 402.11 |
|
|
|
9 957.68 |
22/10/96 |
CGMF |
875.00 |
14 277.11 |
|
|
|
9 957.68 |
07/10/96 |
CLF |
1 216.77 |
15 493.88 |
|
|
|
9 957.68 |
|
|
|
15 493.88 |
18/12/96 |
RSA |
277.87 |
10 235.55 |
|
|
|
15 493.88 |
12/11/96 |
SOFARIS |
137.50 |
10 373.05 |
02/12/96 |
CGMF |
430.00 |
15 923.88 |
|
|
|
10 373.05 |
03/12/96 |
CEA |
250.00 |
16 173.88 |
|
|
|
10 373.05 |
03/12/96 |
Rhone Poulenc |
86.15 |
16 260.03 |
|
|
|
10 373.05 |
06/12/96 |
SOFARIS |
137.50 |
16 397.53 |
|
|
|
10 373.05 |
18/12/96 |
BDPME |
350.00 |
16 747.53 |
|
|
|
10 373.05 |
|
|
|
16 747.53 |
30/12/96 |
SFP |
350.00 |
10 723.05 |
31/12/96 |
EPFR |
1 162.00 |
17 909.53 |
|
|
|
10 723.05 |
02/01/97 |
CGMF |
220.00 |
18 129.53 |
|
|
|
10 723.05 |
06/01/97 |
EPRD |
1 340.00 |
19 469.53 |
|
|
|
10 723.05 |
|
|
|
19 469.53 |
06/01/97 |
CGMF |
220.00 |
10 943.05 |
|
|
|
19 469.53 |
06/01/97 |
EPFR |
1 162.00 |
12 105.05 |
13/01/97 |
GIAT |
37.50 |
19 507.03 |
|
|
|
12 105.05 |
|
|
|
19 507.03 |
16/01/97 |
EPRD |
1 340.00 |
13 445.05 |
20/01/97 |
EMC |
250.00 |
19 757.03 |
|
|
|
13 445.05 |
|
|
|
19 757.03 |
21/01/97 |
GIAT |
37.50 |
13 482.55 |
06/02/97 |
CFD |
60.80 |
19 817.83 |
|
|
|
13 482.55 |
|
|
|
19 817.83 |
07/02/97 |
EMC |
250.00 |
13 732.55 |
|
|
|
19 817.83 |
07/02/97 |
CFD |
60.81 |
13 793.36 |
QUESTION N°7
" Quel jugement la Cour porte-t-elle sur la situationd'endettement du budget annexe de l'aviation civile ? "
REPONSE
Au cours
des dernières années, la dette du budget annexe de l'aviation
civile a connu une très forte progression : de 1992 à 1996, la
masse de la dette (endettement au 31 décembre de chaque
année) est passée de 1 852,9 MF à 3 097,3 MF, soit un
accroissement de 67,2 %.
(en Millions de francs)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
- Endettement au 31/12 |
1 852,9 |
1 669 |
1 861,3 |
2 439,4 |
3 097,3 |
- Recettes d'exploitation |
5 584,6 |
5 655,8 |
6 320,1 |
6 706,4 |
6 889,0 |
- Emprunts souscrits dans l'année |
600 |
0 |
380 |
840 |
911 |
- Marge brute d'autofinancement |
1 001,2 |
778,9 |
1 234,4 |
1 268,9 |
875,9 |
- Total des ressources en capital |
1 906,7 |
822,8 |
1 632,8 |
2 187,1 |
1 822,9 |
En
l'espace de quatre ans, de 1993 à 1996, le poids de l'endettement par
rapport aux recettes d'exploitation est passé de 30 % à 45 %.
Après une pause en 1993, le recours à l'emprunt a repris à
des niveaux élevés en 1994 et surtout en 1995 et 1996. Ce recours
accru à l'emprunt résulte d'une double évolution : une
croissance soutenue des opérations en capital du budget annexe et donc
un besoin de financement en forte augmentation, alors que dans le même
temps la capacité d'autofinancement de ce budget connaissait une
très sensible diminution.
1)
Une forte croissance des dépenses d'investissements
La section investissements du budget annexe de l'aviation civile a connu en
l'espace de cinq années un important développement : de 1992
à 1996, les opérations en capital se sont accrues de 79 % en AP
et de 37 % en CP. Le volume des investissements (études et
équipements) effectivement réalisés a été
porté en 1995 et 1996 à plus de 1 500 MF.
(en Millions de francs)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Etudes
et équipements (crédits
|
1 280,4 |
1 480,2 |
1 490,8 |
1 586,8 |
1 539,4 |
Ces
investissements ont concerné, à hauteur des trois quarts, les
équipements de la navigation aérienne et, pour un quart, les
infrastructures aéroportuaires et de sûreté et
l'administration centrale.
Pour la navigation aérienne, des programmes importants ont
été engagés : équipement des centres en route de la
navigation aérienne (CRNA), systèmes d'aide
radio-électrique, modernisation de la chaîne de radars
(remplacement des radars primaires par des radars mono-impulsion),
développement des équipements informatiques (programmes CAUTRA et
PHIDIAS, remplacement de l'ensemble des périphériques de
présentation des informations dont disposent les contrôleurs).
Une partie importante de ces équipements doit être
réalisée par la France dans le cadre du programme EATCHIP
(European Air Traffic Central Harmonization and Integration Program). Ce
programme décidé par la Conférence européenne de
l'aviation civile est mis en oeuvre par Euro Control, dans une perspective
d'harmonisation du réseau européen des routes aériennes.
2)
Une capacité de financement en sensible diminution
De 1992 à 1996, la marge brute d'autofinancement est passée de 1
001,2 MF à 875,9 MF, soit une diminution de 12,5 %.
Cette évolution est due principalement à une croissance des
charges d'exploitation du budget annexe beaucoup plus importante que celle des
recettes.
De 1992 à 1996, les charges d'exploitation hors dotation aux
amortissements se sont accrues de 31,2 %, alors que les recettes progressaient
seulement de 23,4 %.
La double évolution décrite ci-dessus (croissance des
dépenses d'investissement et baisse de la capacité de
financement) a eu pour conséquence une baisse très sensible du
poids relatif de la capacité d'autofinancement dans le financement des
opérations en capital.
Alors que la marge brute d'autofinancement représentait 94,7 % des
ressources en capital en 1993, elle n'en représentait plus que 48 % en
1996.
Le fléchissement de la capacité d'autofinancement dans une
période où les dépenses d'investissement du budget annexe
sont maintenues à un niveau élevé, a conduit à un
recours accru à l'emprunt.
Le fait de financer plus de la moitié des investissements par l'emprunt
rend l'équilibre de ce budget de plus en plus fragile.
QUESTION N°8
PRÉLÈVEMENTS SUR LES " TRÉSORERIES
DORMANTES "
La Cour
est-elle en mesure, pour les comptes 1996, de fournir un état de la
trésorerie disponible des budgets annexes (certaines données
figurant déjà dans la déclaration générale
de conformité), des comptes spéciaux du Trésor, ainsi que
des principaux organismes publics centraux pouvant conserver de telles
trésoreries (offices agricoles, CNASEA, INPI,...) et sur lesquels
portent de manière réccurente les prélèvements
opérés souvent dans la loi de finances rectificative de fin
d'année ?
Au plan méthodologique, peut-on distinguer l'aspect trésorerie de
l'aspect "fonds de roulement", les réserves libres d'affectation de
celles qui ne le sont pas ?
D'une manière plus générale, la Cour estime-t-elle que ces
prélèvements sont contradictoires avec la nécessité
d'une bonne gestion des deniers publics, les gestionnaires de ces comptes ou
organismes étant tentés d'accumuler le moins possible de
réserves, c'est-à-dire de dépenser plus qu'il ne serait
raisonnable de le faire ?
RÉPONSE
I - Etat
de la trésorerie disponible des budgets annexes, des comptes
spéciaux du Trésor et de grands organismes publics
1.1 Budgets annexes
Les mouvements de trésorerie ne sont pas décrits en
comptabilité budgétaire. Ils ne peuvent être
appréhendés qu'à l'examen du bilan ou du compte financier
de l'agent comptable. La situation de trésorerie telle qu'elle
apparaît au bilan est arrêtée à la date du 31
décembre. Il n'est pas certain que cette situation à un moment
donné soit représentative de l'importance moyenne de la
trésorerie pendant l'année.
Dans le tableau 1 qui suit, la trésorerie disponible est définie
comme la différence entre l'actif immédiatement disponible
(disponibilités et réalisable à court terme) et le passif
immédiatement exigible (dettes à court terme).
Tableau 1
En milliers de F
|
Disponibilités |
Créances |
Dettes |
Trésorerie |
|
|
|
|
|
Aviation civile |
541 767 |
248 028 |
- 631 243 |
158 552 |
Journaux officiels |
286 102 |
76 529 |
- 193 270 |
169 361 |
B A P S A |
2 494 715 |
2 648 172 |
- 2 968 502 |
2 174 385 |
Ordre de la libération |
711 |
|
- 12 |
699 |
Légion d'Honneur |
41 466 |
8 890 |
- 4 859 |
45 497 |
Monnaies et Médailles |
407 870 |
181 218 |
- 58 057 |
531 031 |
|
|
|
|
|
Total |
3 772 631 |
3 162 837 |
- 3 855 943 |
3 079 525 |
Pour
apprécier l'importance de la trésorerie disponible, il convient
de la comparer au montant des dépenses de fonctionnement de l'entreprise
ou de l'organisme (cf. tableau 2).
Tableau 2
En milliers de F
|
Dépenses de fonctionnement |
Trésorerie |
|
|
|
Aviation civile |
6 952 389 |
158 552 |
Journaux officiels |
791 276 |
169 361 |
B A P S A |
90 302 496 |
2 174 385 |
Ordre de la Libération |
3 479 |
699 |
Légion d'Honneur |
116 283 |
45 497 |
Monnaies et Médailles |
712 089 |
531 031 |
|
|
|
Total |
98 878 012 |
3 079 525 |
Ainsi,
la trésorerie disponible représente en moyenne 11 jours de
dépenses. Cette moyenne recouvre des disparités importantes:
- deux budgets annexes (Aviation civile et Prestations sociales agricoles) se
situent en dessous de la moyenne: 8 jours;
- deux autres ont une trésorerie supérieure à deux mois de
dépenses: Journaux officiels et Ordre de la Libération;
- les deux derniers sont largement au-dessus: Légion d'Honneur, plus de
4 mois et Monnaies et médailles, près de 9 mois.
1.2 Comptes spéciaux du Trésor
S'agissant des comptes spéciaux du Trésor, la notion de
trésorerie dormante concerne essentiellement les comptes d'affectation
spéciale, pour lesquels les ressources d'ores et déjà
encaissées peuvent ne pas avoir été utilisées au 31
décembre de l'année. Mais il n'est pas approprié de
considérer le solde comptable de chaque compte à cette date, soit
un montant cumulé de 9327,9 millions pour l'ensemble des comptes
d'affectation spéciale, comme une trésorerie dormante.
Pour certains comptes en effet, les ressources peuvent avoir donné lieu
à des engagements non encore comptabilisés. C'est notamment le
cas pour le fonds national pour le développement des adductions d'eau
(compte 902-00). Son solde s'établissait au 31 décembre 1996
à 1246,8 millions mais les engagements non réglés en fin
de gestion atteignaient 1251,5 millions de telle sorte que la situation
réelle du fonds était déficitaire de 4,74 millions en
1996. Il en est de même du fonds forestier national (compte 902-01), qui
fait l'objet d'un plan de redressement.
Pour d'autres comptes, l'existence de ressources reportées
d'année en année résulte des délais
nécessaires à la mise à disposition des ressources
affectées, dont l'encaissement est un préalable à
l'engagement des dépenses. Il en est ainsi du fonds pour
l'aménagement de l'Ile de France (compte 902-22) dont le solde de fin
d'année était de 2 012,21 millions ou du fonds d'investissement
des transports terrestres et des voies navigables (compte 902-26), dont
l'excédent s'établissait à 1636,8 millions. La
dépennse est également ralentie, dans ces deux cas, par le rythme
pluriannuel d'exécution des opérations (aménagements
routiers par exemple).
Si l'on exclut ces deux cas de figure, l'existence de trésoreries
dormantes peut correspondre à différentes situations:
- un excédent de ressources collectées par rapport aux besoins
réels de financement; Pour le fonds de péréquation des
transports aériens, malgré une baisse de 4 francs à 3
francs du taux de la taxe versée par les entreprises, le solde non
utilisé s'établissait à 197 millions fin 1996 et
même déduction faite des sommes à payer non encore
engagées (61,6 millions), les réserves s'élevaient
135,4 millions. Pour le compte de financement des actions en faveur du
développement des départements d'outre-mer (compte 902-23), le
faible taux d'exécution des crédits (38% en 1996) conduit
à une réserve (124,9 millions), supérieure aux
dépenses annuelles du compte (71,7 millions);
- le souci de mettre des fonds en réserve en vue de faire face au cours
des années à venir à une charge d'ores et
déjà identifiée. Ainsi, pour le compte d'affectation du
produit de cession de titres du secteur public (compte
902-24), le reliquat
de 951,3 millions constaté fin 1996 devait financer les charges qui
seront imputées à l'Etat lors de la clôture des
opérations de la première défaisance du Comptoir des
entrepreneurs;
- la nécessité de financer des dépenses en début
d'année alors que les recettes de l'exercice ne sont pas encore
rattachées. Dans ce cas, la question posée est celle du niveau
souhaitable du fonds de roulement. Ainsi, pour le compte de soutien de
l'industrie cinématographique (compte 902-10), le fonds de roulement se
maintient à un niveau élevé en valeur (952,3 millions); il
correspond à 44% des dépenses de l'année. Pour le fonds de
soutien aux hydrocarbures et assimilés (compte 902-12), il atteint 106,2
millions, soit 38% des dépenses annuelles;
- enfin, s'agissant du fonds pour l'accession à la
propriété, l'importance des reliquats constatés fin 1996
(979,6 millions) reflète le retard dans la réalisation des
dépenses et la mise en place du compte.
1.3 Autres organismes publics
Faute de pouvoir les citer tous, on se limitera aux organismes d'intervention
agricoles.
Il est difficile de connaître et d'apprécier le montant des
trésoreries disponibles de ces organismes. Généralement,
celles-ci sont soit placées en valeurs mobilières, soit
affectées à des provisions de natures diverses, soit
considérées comme des avances sur subventions.
A l'occasion de ses contrôles, la Cour a observé une tendance
très nette à la constitution de réserves au sein des
offices d'intervention, des établisements publics et des associations du
secteur agricole. Les crédits budgétaires sont consommés
dans le budget de l'Etat mais restent à la disposition de
l'administration au sein des organismes subventionnés.
Par exemple, lors d'un contrôle récent, la Cour a constaté
que la Société d'intervention des oléagineux (SIDO)
disposait d'une réserve de
107,9 millions, dont 69,8 millions
à un comptes d'avance et 38,1 millions de solde de comptes dits
spéciaux, alors que les interventions de cette société sur
le marché national sont inférieures à 40 millions par an.
L'Office national d'intervention des céréales (ONIC) dispose d'un
milliard de réserves, affectées à la couverture de risques
dont la réalité peut être discutée. Quant au CNASEA,
ses réserves s'élevaient à plus de 4 milliards à la
fin de 1994, dont 727 millions avancés aux associations locales (ADASEA).
De même, la société UNIGRAINS (Union financière pour
le développement de l'économie céréalière)
disposait fin 1996 d'une trésorerie de
2 025,6 millions. Ce montant
était excessif, tant du point de vue de la gestion financière de
l'établissement, que des besoins des fonds gérés par la
société (fonds de solidarité des
céréaliculteurs et des éleveurs - FSCE- et fonds
d'utilisation règlementée -FUR).
II - Trésorerie, fonds de roulement et réserves
Ces notions sont définies par l'instruction comptable M 9-5
relative aux établissements publics industriels et commerciaux (EPIC).
Elles ne diffèrent guère de celles du plan comptable
général.
L'instruction M 9-5 les relie à la notion de sécurité
financière, qui " consiste, pour un établissement, à
disposer à tout moment des moyens de trésorerie indispensables
à son fonctionnement ". Elle implique que le fonds de roulement
soit au moins égal aux besoins en fonds de roulement de
l'établissement.
Le fonds de roulement recouvre l'excédent des capitaux permanents sur
les actifs immobilisés, ou des capitaux circulants sur les dettes non
financières. Il est composé de ressources stables
destinées à financer des actifs circulants peu liquides. Le
volume souhaitable de fonds de roulement dépend donc de la
liquidité des actifs circulants et pour l'essentiel de ceux qui sont
liés à l'activité normale de l'établissement,
à savoir les stocks et les créances découlant de la
gestion courante. La totalité des actifs circulants non est
composé de ressources stables destinées à financer des
actifs circulants peu liquides. Le volume souhaitable de fonds de roulement
dépend donc de la liquidité des actifs circulants et pour
l'essentiel de ceux qui sont liés à l'activité normale de
l'établissement, à savoir les stocks et les créances
découlant de la gestion courante. La totalité des actifs
circulants non liquides n'a pas à être financée par des
capitaux stables: des dettes nées de l'activité courante peuvent
financer partiellement les stocks ou d'autres éléments de l'actif
circulant non liquides n'a pas à être financée par des
capitaux stables: des dettes nées de l'activité courante peuvent
financer partiellement les stocks ou d'autres éléments de l'actif
circulant non liquides. Il convient donc de comparer l'exigibilité des
dettes et la liquidité des actifs circulants. Le besoin en fonds de
roulement est précisément égal à la
différence entre les actifs circulants d'exploitation et les dettes
d'exploitation.
Quant aux réserves, elles constituent des résultats
excédentaires affectés durablement à
l'établissement jusqu'à décision contraire des
autorités compétentes. Il y a lieu de distinguer les
réserves réglementées (plus-values nettes à long
terme, réserves consécutives à l'octroi de subventions
d'investissement...) et les autres réserves (réserve pour propre
assureur, réserves facultatives, c'est-à-dire les
résultats excédentaires affectés et les réserves
diverses).
Pour illustrer l'application de ces notions et ses difficultés, on
prendra l'exemple des budgets annexes dont la structure et la
présentation comptables ont fait l'objet, il y a plusieurs
années, d'une analyse de la Cour et de l'envoi d'un
référé au ministre de l'économie et des finances. A
cette occasion, la Cour avait critiqué la pratique consistant à
équilibrer fictivement le résultat d'exécution des budgets
annexes par une écriture comptable intitulée
" augmentation " ou " diminution du fonds de roulement ".
Elle rappelait que l'article 22 de la loi organique du 2 janvier 1959 n'a pas
prévu l'existence d'un tel fonds de roulement en matière
budgétaire; elle observait que la notion de fonds de roulement
répond à un besoin d'analyse financière et qu'elle peut
être entendue selon des acceptions différentes.
Pour certains, le fonds de roulement peut être défini comme
l'ensemble des sommes dont dispose l'entreprise pour son fonctionnement
courant; d'autres le définissent comme les éléments
d'actif patrimonial autres que les immobilisations. En pratique, on assimile
souvent le fonds de roulement à la trésorerie; mais cette
assimilation n'est possible que lorsque les actifs circulants ne comprennent
que les disponibilités et des créances à court terme.
Dans le cas des trois budgets annexes qui comptabilisent des stocks, la valeur
de ces derniers doit être prise en compte pour calculer le fonds de
roulement. Dès lors le tableau précédent concernant
l'exercice 1996, doit être complété comme suit:
Tableau 3
En milliers de F
|
Disponibilités |
Trésorerie |
Stocks |
Fonds de roulement |
|
|
|
|
|
Aviation civile |
541 767 |
158 552 |
28 251 |
186 803 |
Journaux officiels |
286 102 |
169 361 |
82 352 |
251 713 |
B A P S A |
2 494 715 |
2 174 385 |
|
2 174 385 |
Ordre de la libération |
711 |
699 |
|
699 |
Légion d'Honneur |
41 466 |
45 497 |
|
45 497 |
Monnaies et Médailles |
407 870 |
531 031 |
485 554 |
1 016 585 |
|
|
|
|
|
Total |
3 772 631 |
3 079 525 |
596 157 |
3 675 682 |
Comme la
Cour l'avait relevé dans son référé,la variation du
fonds de roulement constatée au " tableau récapitulatif des
opérations budgétaires " à la rubrique -selon le cas-
" affectation au fonds de roulement " ou " augmentation du fonds
de roulement " ou encore " diminution du fonds de roulement ",
correspond dans les deux premiers cas à un solde excédentaire des
opérations de l'exercice et dans le dernier cas à un
déficit global d'exécution.
Le tableau 4 montre le passage du résultat d'exploitation au
résultat de clôture et à son incidence sur le fonds de
roulement.
Tableau 4
En milliers de F
|
Résultat d'exploitation |
Solde des opérations en capital |
Versement au budget général |
Variation du fonds de roulement |
|
|
|
|
|
Aviation civile |
59 455 |
39 566 |
|
+ 99 022 |
Journaux officiels |
82 476 |
1 505 |
- 36 000 |
+ 47 981 |
B A P S A |
511 921 |
|
|
+ 511 921 |
Ordre de la libération |
1 119 |
- 420 |
|
+ 699 |
Légion d'Honneur |
15 886 |
- 12 809 |
|
+ 3 076 |
Monnaies et Médailles |
20 667 |
- 23 294 |
|
- 2 627 |
|
|
|
|
|
Total |
691 524 |
4 548 |
- 36 000 |
+ 660 072 |
Le
versement au budget général de l'excédent du budget annexe
de l'Ordre de la Libération n'ayant été
comptabilisé qu'au cours de l'exercice 1997, cet excédent
apparaît dans les comptes de 1996 en augmentation du fonds de roulement.
On peut constater que seul le budget annexe des Monnaies et médailles
accuse un déficit global de clôture qui se manifeste par une
diminution du fonds de roulement. Toutefois, les résultats
d'exploitation ne sont bien souvent excédentaires que par suite du
versement d'une subvention de l'Etat ou d'une reprise sur provision qui affecte
le fonds de roulement. C'est ainsi que les recettes suivantes ont
été comptabilisées au titre des subventions dans les
comptes d'exploitation de 1996:
- Aviation civile: 221 000 000
- BAPSA 6 393 952 257
- Légion d'Honneur 124 786 785
- Monnaies et médailles 114 200 000
S'agissant des réserves, seuls trois budgets annexes font
apparaître distinctement à leur bilan l'existence de
réserves (réglementées ou facultatives): Journaux
officiels, Légion d'Honneur et Monnaies et médailles. En fait les
pratiques comptables en la matière paraissent trop
hétérogènes pour que des comparaisons valables puissent
être faites. Quoiqu'il en soit, les réserves comptabilisées
dans les trois budgets annexes précités s'élèvent
globalement à 1554 millions pour un montant total de ressources en
capital -hors emprunts- de 3817 millions.
III - " Prélèvements et bonne gestion des deniers
publics "
Les prélèvements sur les " trésoreries
dormantes " ne sont pas nécessairement contradictoires avec une
bonne gestion publique. Il convient d'apprécier les situations au cas
par cas. En réalité les enquêtes menées par la Cour
montrent que dans la plupart des cas, le prélèvement
opéré fait moins problème que l'existence même de
l'excédent de trésorerie constaté.
Certes, les prélèvements peuvent présenter deux
inconvénients: celui d'amoindrir la couverture de risques réels
et celui d'inciter les organismes et services qui ont constitué des
réserves, à les utiliser, même en l'absence de
véritable nécessité.
Mais l'existence de réserves traduit très souvent des situations
critiquables: violation des règles budgétaires, gestion
défectueuse des moyens de l'Etat, recettes excessives... Le
prélèvement est alors un moyen de corriger une situation
anormale. Mais un moyen insuffisant si les excédents se reconstituent,
comme on l'observe pour certains organismes.
Le cas de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI)
est à cet égard éclairant. Cet établissement avait
fixé ses tarifs à un niveau excessif, globalement, par rapport
à ses besoins réels. Il en est résulté des
excédents importants que l'Etat a résorbés
périodiquement. Ce qui est en cause dans cet exemple n'est pas le
prélèvement opéré sur une trésorerie
surabondante, mais la gestion financière critiquable de
l'établissement et un contrôle insuffisant de la part des
autorités de tutelle. Comme la Cour l'a souligné dans son dernier
contrôle de l'INPI, cette situation aboutissait à un
prélèvement déguisé sur les déposants de
brevets et de marques au profit du Trésor.
Plus généralement, plutôt que d'instituer, en cas de
besoin, des prélèvements sur les trésoreries dormantes,
l'Etat devrait veiller à un meilleur emploi des fonds publics en
limitant le montant même des trésoreries excessives et en
s'interdisant de les utiliser pour des raisons étrangères
à l'objet des organismes concernés.