RAPPORT N° 251 - PROJET DE LOI, AUTORISANT L'APPROBATION DE LA CONVENTION ENTRE LE GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ET LE GOUVERNEMENT DE MONGOLIE EN VUE D'EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET DE PREVENIR L'EVASION ET LA FRAUDE FISCALES
M. Jacques CHAUMONT, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUE DE LA NATION - RAPPORT N° 251 - 1997/1998
Table des matières
N° 251
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 27 janvier 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Mongolie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole),
Par M. Jacques CHAUMONT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir le numéro
:
Sénat
:
396
(1996-1997).
Traités et conventions.
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser l'approbation de la
convention signée le 18 avril 1996 entre la France et la Mongolie en vue
d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion
et la fraude fiscales.
Il s'agit d'un texte qui ne diffère du modèle de convention de
l'OCDE que sur des points mineurs.
Après une brève présentation de la situation politique et
économique actuelle de la Mongolie, ainsi que des relations
bilatérales franco-mongoles, le présent rapport expose les
principales spécificités techniques de cette convention.
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La Mongolie est engagée depuis 1989 dans un
processus de démocratisation
très progressif, mais abouti.
Les deux premières élections libres de juillet 1990 et juin 1992
ont maintenu au pouvoir le Parti Populaire Révolutionnaire Mongol
(PPRM), ex-parti unique, mais l'opposition démocratique a
remporté les présidentielles de juin 1993, avec l'élection
de M. Otchirbat.
L'alternance a été complétée par le succès
de l'Union démocratique aux législatives de juin 1996, mais les
réformes économiques libérales engagées par le
nouveau Gouvernement ont eu un coût social assez lourd, qui explique le
regain de faveur des néo communistes
. Ceux-ci ont reconquis la
présidence en mai 1997, sans toutefois remettre en question les
réformes démocratiques, ni même le choix en faveur de
l'économie de marché.
Ainsi, la Mongolie traverse actuellement une période de cohabitation,
car le gouvernement dépend uniquement du Parlement, tandis que le
Président, élu au suffrage universel pour quatre ans, dispose
d'un veto législatif sans pouvoir dissoudre le Parlement.
Economiquement, la Mongolie est un pays peu peuplé, de moins de
2,5 millions d'habitants pour une superficie trois fois supérieure
à celle de la France, qui souffre d'un
enclavement
géographique.
Son économie reste celle d'un pays en voie de
développement, avec un
PNB par habitant inférieur à 400
dollars,
et une forte dépendance à l'égard des
produits primaires comme le cuivre ou le cachemire : le commerce
extérieur représente 65 % du PNB mongol, dont 40 % pour les
seules exportations de cuivre.
La
transition économique
a été assez difficile pour
un pays dont l'aide soviétique représentait 30% du PNB jusqu'en
1989 et s'est initialement traduite par une récession et une
poussée de chômage. Néanmoins, la Mongolie a
retrouvé le chemin de la croissance, avec un taux de 6% attendu en 1997,
et dégage un excédent extérieur.
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Les relations bilatérales entre la France et la
Mongolie ont longtemps souffert de l'alignement de celle-ci sur Moscou. A la
suite de la
visite officielle en France du Président Otchirbat en
avril 1996
, un ambassadeur non résident a été
nommé à Oulan-Bator en octobre 1996. La présente
convention fiscale, dont la négociation a été
engagée dès 1991, a été signée à
l'occasion de cette visite.
Traditionnellement faibles en raison de l'orientation antérieurement
exclusive de la Mongolie avec le COMECON, les relations économiques
bilatérales ont par ailleurs souffert de la récession qu'a connue
l'économie mongole entre 1990 et 1993. La France est un partenaire
commercial très marginal de la Mongolie, dont elle représente 0,4
% des parts de marché, ce qui la place au neuvième rang
seulement. Ce pourcentage correspond à des flux commerciaux annuels de
l'ordre de 35 millions de francs.
La seule entreprise française réellement implantée est
Alcatel
, qui a bénéficié en 1992 d'un protocole
bilatéral de 20 millions de francs qui lui a permis de remporter par la
suite 200 millions de francs de marchés. Quelques entreprises
françaises sont également présentes en Mongolie dans le
domaine des transports, pour la réhabilitation du réseau routier
ou la vente de matériel ferroviaire.
L'aide financière française prend la forme de dons, d'un
volume très limité.
Le protocole de 10 millions de francs
signé en 1995, destiné à la mise en valeur des ressources
minières mongoles, a été complété en mars
1997 par un protocole de 20 millions de francs, destiné aux projets
d'infrastructures.
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* *
La présente convention fiscale est pour
l'essentiel
fidèle au modèle de l'OCDE
et ne s'en écarte que sur
des points mineurs ou interprétatifs.
Le point 2 du protocole annexé précise que seule la part du
bénéfice imputable à
l'activité réelle de
l'établissement stable
est imposable par l'Etat de la source. Cette
précision est nécessaire pour éviter une double imposition
dans le cas d'un contrat commercial très global. Par exemple, pour un
contrat de fourniture et d'installation de matériel, seule
l'installation sera imposable dans le pays d'accueil, la vente du
matériel au sens strict n'étant imposable que dans le pays
d'origine.
Le paragraphe 3 de l'article 11 relatif à l'imposition des
intérêts prévoit que ceux-ci sont
exonérés
dans l'Etat de la source
lorsqu'ils sont perçus ou payés par
l'Etat contractant, une de ses collectivités locales ou une de ses
personnes morales de droit public. Cette disposition devrait s'appliquer
notamment aux prêts de la COFACE.
Le point 4 du protocole annexé précise que la
rémunération des services techniques de conseil et
d'ingénierie est considérée comme un revenu et non pas
comme une redevance. En effet, certains Etats ont une interprétation
extensive de la notion de redevance, car celle-ci peut être
imposée
même en l'absence d'établissement stable.
L'article 17 prévoit que, lorsque les activités des artistes et
des sportifs sont
financées essentiellement par les fonds publics
d'un Etat,
leurs revenus ne sont imposables que dans cet Etat. Cette clause
dérogatoire au modèle de convention de l'OCDE est traditionnelle
dans les conventions signées par la France.
L'article 23 relatif à l'élimination des doubles impositions
prévoit un mécanisme de
crédit d'impôt fictif
du côté français, qui autorise une entreprise à
déduire de son impôt en France l'impôt qu'elle aurait
dû payer en Mongolie, même si elle en a été
exonérée. Ce dispositif est encadré : d'une part, il ne
peut bénéficier qu'aux dividendes, intérêts et
redevances exonérés de l'impôt dans le cadre d'un
régime d'incitation fiscale destiné à favoriser le
développement économique de la Mongolie ; d'autre part, il ne
s'applique que pour une période de dix ans éventuellement
renouvelable.
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Telles sont les principales dispositions de la convention
dont
votre commission des finances vous propose d'autoriser l'approbation.
Compte tenu de la faiblesse des relations commerciales entre la France et la
Mongolie, la présente convention fiscale répond plus à
des considérations d'ordre diplomatique,
de
réintégration dans la communauté internationale d'un pays
qui a récemment retrouvé son indépendance et
accédé à la démocratie, qu'à des
intérêts économiques consistants.
Votre commission des finances vous propose d'en autoriser l'approbation.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 27 janvier 1998, sous la
présidence
de M. Christian Poncelet, président
, la
commission a procédé, sur le rapport
de M. Jacques
Chaumont
, à l'examen du projet de loi autorisant l'approbation de la
convention fiscale du 18 avril 1996 entre la France et la Mongolie.
Elle a décidé de proposer au Sénat l'adoption du projet de
loi dont le texte suit :
"
Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement
de la République française et la Gouvernement de la Mongolie en
vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir
l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le
revenu et sur la fortune (ensemble un protocole), signée à Paris
le 18 avril 1996 et dont le texte est annexée à la
présente loi
".