D. LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES (T.A.A.F.)
Par décret du Premier ministre en date du 16 mars 1996,
le siège de l'administration des T.A.A.F.
, jusque-là
situé dans le 17ème arrondissement de Paris, a été
transféré à Saint-Pierre de la Réunion
. Il
s'agit de réduire les délais et les distances entre les services
administratifs et le territoire et d'exercer un meilleur contrôle sur les
opérations de stockage et de conditionnement des équipements
embarqués sur le Marion Dufresne II.
Cette délocalisation nécessite la construction d'un
bâtiment destiné à abriter les 29 personnes qui constituent
l'effectif de cet administration placée sous l'autorité d'un
administrateur supérieur, actuellement M. Pierre Lise. Cette
opération nécessitant des délais, il a été
décidé, dans une phase transitoire, d'installer à compter
du 2 avril 1997, une équipe restreinte de huit personnes (5 agents du
ministère de l'outre-mer, dont le secrétaire
général des T.A.A.F., et 3 agents du ministère de la
défense). Le reste des effectifs rejoindra Saint-Pierre lorsque la
construction sera terminée, l'installation définitive
étant prévue pour la fin de l'année 1998.
Les TA.A.F. comprennent la Terre Adélie et les îles Kerguelen,
Crozet, Amsterdam et Saint-Paul. Le territoire est divisé en quatre
districts, l'un en Antarctique, la Terre Adélie où est
implantée la base scientifique de Dumont d'Urville, les trois autres
constituant les terres australes.
L'Antarctique jouit d'un statut particulier : les 14 millions de
kilomètres carrés du continent sont partagés entre des
secteurs qui, à l'exception d'une seule zone représentant moins
de 20 % de la superficie totale, font l'objet de revendications de
souveraineté de la part des États dits États
possessionnés.
Les parties au
Traité de l'Antarctique
signé à
Washington le 1er décembre 1959 étaient initialement au nombre de
douze. Aujourd'hui, on dénombre 43 États signataires. Le
traité organise, dans l'intérêt de la coopération
scientifique, la démilitarisation et la dénucléarisation
de la zone située au sud du 60ème parallèle et un
régime de gestion en commun ; il instaure un gel des revendications
territoriales. Un protocole au traité de l'Antarctique relatif à
la protection de l'environnement a été signé le
4 octobre 1991 à Madrid ; il qualifie l'Antarctique de
réserve naturelle, de paix et de science
. Sa ratification par la
France a été autorisée par la loi du 18 décembre
1992. La Russie et les États-Unis venant également de ratifier ce
protocole, son entrée en vigueur ne dépend plus désormais
que du Japon.
La
21ème conférence consultative du Traité de
l'Antarctique
s'est tenue à
Christchurch
(Nouvelle-Zélande)
du 19 au 30 mai 1997
. Les travaux ont
été consacrés à la définition des mesures de
protection de l'environnement dans la région et en particulier à
la responsabilité pour dommages causés à cet
environnement. Ils ont cependant été quelque peu occultés
par la question du pillage du légine, poisson antarctique à forte
valeur commerciale. Plusieurs pays, dont la France, l'Australie, la
Nouvelle-Zélande, l'Afrique du sud et les États-Unis ont tenu une
réunion séparée sur ce sujet et ont décidé
d'élaborer une position commune en vue de la prochaine réunion de
la commission pour la conservation des ressources marines vivantes de
l'Antarctique.
Les T.A.A.F. constituent un lieu privilégié de la
recherche
scientifique
. Les recherches entreprises sont effectuées grâce
au soutien logistique de l'Institut Français pour la Recherche et la
Technologie Polaires (I.F.R.T.P.), groupement d'intérêt public
créé en 1992 dont sont membres, en particulier, le
ministère de l'outre-mer, le territoire des T.A.A.F., le
ministère de la recherche et le CNRS. Les nombreux programmes mis en
oeuvre concernent essentiellement les sciences de l'univers (glaciologie,
physico-chimie de l'atmosphère, géologie, sismologie,
magnétisme ...) et les sciences de la vie (ornithologie, ichtyologie,
écophysiologie, enzymologie ...).
En 1993, un accord de coopération a été conclu entre les
deux instituts français et italien chargés des recherches
polaires pour construire sur le plateau antarctique, au lieu-dit Dôme C,
une base scientifique permanente,
la base Concordia
. Les recherches qui
doivent y être effectuées concerneront la géophysique
interne (mesure des variations du champ magnétique, tomographie du
manteau supérieur de la terre ...), la physique de l'atmosphère
(évolution du contenu en ozone de la stratosphère, mesure des gaz
à effet de serre) et l'astronomie. Par ailleurs, un
forage de la
calotte glaciaire
dont l'épaisseur à cet endroit est
d'environ 4.000 mètres, doit permettre d'obtenir des informations sur la
température et la composition de l'atmosphère au cours des quatre
ou cinq derniers cycles glaciaires. Le
programme EPICA
, soutenu par la
commission européenne, fait coopérer dix pays européens
à la réalisation de ce forage. La quasi-totalité des
matériels nécessaires aux expérimentations au Dôme C
transitent par la station française de Dumont d'Urville et rejoignent ce
site par des raids de surface. Lors de la campagne 1996/1997, cinq rotations du
navire l'Astrolabe entre Hobart et Dumont d'Urville et trois raids de surface
ont pu être organisés. Le camp de montage a été
quasiment achevé, la tour de forage a été
érigée et un trou de 130 mètres de profondeur a
été creusé et cuvelé.
Afin de mener une analyse d'ensemble des missions et des moyens du territoire,
un
groupe de réflexion
a été mis en place au mois
d'avril 1997. Ce groupe de réflexion est composé de quatre
personnalités indépendantes : un membre de l'Inspection
générale des finances, un membre de l'Inspection
générale de l'administration, un contrôleur
général des armées et un représentant du monde
scientifique. Parmi les thèmes de réflexion retenus figureront la
question du coût logistique et de la présence humaine sur les
bases scientifiques, de l'utilisation du navire océanographique Marion
Dufresne II, le problème des relations entre le ministère de la
défense et l'I.F.R.T.P.. La mission de réflexion a
commencé à auditionner les différentes parties
intéressées, a effectué au cours de l'été
une mission dans les T.A.A.F. et devrait prochainement rendre son rapport.