Avis n° 89 Tome IV - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 198 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - TRAVAIL, EMPLOI ET FORMATION PROFESSIONNELLE
MM. Louis SOUVET et Jean MADELAIN, Sénateurs
Commission des Affaires sociales - Avis n+° 89 - Tome IV - 1997/1998
Table des matières
-
TRAVAUX DE LA COMMISSION
- I. AUDITION DE LA MINISTRE1
- II. EXAMEN DE L'AVIS
- III. UN BUDGET PRIVILÉGIÉ
- IV. UNE AMÉLIORATION DU MARCHÉ DU TRAVAIL ENCORE FRAGILE
-
V. DES ORIENTATIONS HASARDEUSES
- A. DES MESURES PRIORITAIRES TROMPEUSES
- B. DES REDÉPLOIEMENTS CONTESTABLES
- C. UN EFFORT DE RATIONALISATION INSUFFISANT OU MAL ENGAGÉ
- D. UNE CERTAINE CONTINUITÉ QUANT AUX MOYENS
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
TRAVAIL, EMPLOI ET FORMATION PROFESSIONNELLE
Par MM. Louis SOUVET et Jean MADELAIN,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Jean-Pierre Fourcade,
président
; Jacques Bimbenet, Mme
Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier,
Louis Souvet,
vice-présidents
; Jean Chérioux, Charles
Descours, Roland Huguet, Jacques Machet,
secrétaires
;
François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick
Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis
Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M.
Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis,
Alain Gournac, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Pierre Lagourgue,
Dominique Larifla, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain
,
Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès,
Serge Mathieu, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin,
MM. Sosefo Makapé Papilio, André Pourny, Mme Gisèle
Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau,
Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
17
)
(1997-1998).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE LA MINISTRE1( * )
Réunie le mercredi 22 octobre 1997, sous la
présidence de
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
la
commission a procédé à
l'audition
de
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
et de
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la
santé,
sur les crédits de leurs départements
ministériels pour 1998.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
après avoir rappelé que le budget de l'emploi et de la
solidarité s'élevait à 229 milliards de francs, a
souligné que sa progression était supérieure à la
norme de 1,5 % retenue pour l'ensemble du budget de l'Etat :
4,4 % pour le budget emploi (112,6 milliards), et 3,6 % en
intégrant les crédits inscrits au budget des charges communes,
soit au total 115,8 milliards de francs, et près de 3 % pour le
budget santé, solidarité, ville (73,2 milliards).
Elle a indiqué que, sans rien abandonner du traitement social du
chômage, elle avait souhaité développer une politique
offensive en faveur de l'emploi, fondée sur les emplois-jeunes et la
réduction du temps de travail.
Elle a précisé que 8,05 milliards de francs étaient
consacrés aux emplois-jeunes dont 300 millions de francs pour les
départements d'outre-mer (DOM) et 250 millions de francs d'aides
à la mise en oeuvre des projets.
Elle a rappelé qu'un crédit de 2 milliards de francs avait
été ouvert en juillet dernier par décret d'avance, pour
financer le recrutement de 50.000 jeunes cette année, l'enveloppe
globale de 10 milliards de francs devant couvrir le financement de 150.000
emplois-jeunes à la fin de 1998. Elle a ajouté que
200 millions de francs étaient également prévus pour
encourager la création d'entreprises par les jeunes.
Elle a précisé que deux tiers de ces sommes étaient
financées par la solidarité gouvernementale, le reste
l'étant par redéploiement des crédits du ministère.
Mme Martine Aubry
a ensuite abordé la deuxième grande
orientation de son budget : la réduction du temps de travail.
3 milliards de francs y seront consacrés, afin de financer les
aides accordées pour le passage à 35 heures en 1998 de 700.000
à 1 million de salariés. Elle a précisé que
2,14 milliards de francs étaient affectés pour 1998 à
la loi de Robien, qui restera en vigueur jusqu'à ce qu'un dispositif
alternatif soit mis en place.
Le ministre a ensuite insisté sur le fait que les dispositifs existants
d'aides à l'emploi n'étaient pas remis en cause, à la
seule exception des emplois-ville, afin de ne pas prendre le risque d'une
augmentation immédiate du chômage. Elle a cependant
précisé que certains dispositifs étaient recentrés
sur les personnes les plus menacées d'exclusion.
Elle a indiqué que les contrats emploi-solidarité seraient
maintenus au niveau réalisé en 1997, soit 500.000 contrats, que
30.000 nouveaux contrats emplois consolidés à l'issue d'un
contrat emploi-solidarité (CES) seraient ouverts, soit 10.000 de plus
qu'en 1997, que les contrats emplois-ville seraient transférés
sur les emplois-jeunes dans la mesure où ils touchaient le même
public, enfin, que les contrats initiative-emploi (CIE) seraient
financés à hauteur de 200.000 entrées nouvelles en 1998,
chiffre inférieur à celui prévu pour 1997 mais qui n'avait
pas été atteint.
Elle a remarqué que le CIE, reconfiguré pour éviter les
effets d'aubaine par le précédent Gouvernement, était
désormais assez proche de l'ancien contrat de retour à l'emploi.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
ensuite abordé les moyens consacrés à la formation
professionnelle, que le Gouvernement souhaite renforcer, et dont elle a
cité les principaux chiffres : 25 milliards de francs pour les
dispositifs de base dont près de la moitié (12,2 milliards)
pour les contrats en alternance, 240.000 nouveaux contrats
d'apprentissage, soit 20.000 de plus qu'en 1997, 100.000 contrats de
qualification au lieu de 130.000 en 1997, ce dispositif n'ayant pas
rencontré le succès escompté, et 5,2 milliards
affectés aux formations qualifiantes dispensées par l'Association
nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), ce qui porte
l'ensemble du budget de la formation professionnelle à
30 milliards. Elle a indiqué qu'un nouveau contrat de
progrès avec l'AFPA était en cours de négociation.
Le ministre a ensuite développé les moyens consacrés
à l'insertion par la formation : 4 milliards de francs pour
les stages du fonds national de l'emploi (FNE) en faveur des chômeurs de
longue durée, correspondant notamment à 160.000 places de stages
d'insertion et de formation à l'emploi (soit une augmentation de 30.000).
Elle a dit son intention d'étudier des réformes structurelles
dans ce domaine avec l'ensemble des partenaires de la formation. Selon elle,
ces réformes devraient concerner la recherche d'un meilleur
équilibre entre apprentissage et qualification, la poursuite de la
clarification des rôles entre collecteurs de fonds et dispensateurs de
formation, la réorganisation du système de la formation continue,
pistes qui avaient déjà été explorées par le
rapport de M. Michel de Virville.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
alors abordé la question de l'allégement du coût du
travail, dont les crédits ont été imputés sur le
budget des charges communes. Elle a rappelé que le problème du
coût du travail se posait surtout pour les bas salaires, raison pour
laquelle elle a avait souhaité maintenir l'avantage global
procuré par la ristourne dégressive (40 milliards de francs).
Elle a toutefois précisé que, pour rester dans cette enveloppe
alors que le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) avait
augmenté, elle avait dû reconfigurer la mesure, d'une part, en
proratisant l'exonération accordée au temps partiel, ce qui
permettait en outre d'en atténuer les effets d'aubaine, et, d'autre
part, en réduisant de 1,33 à 1,3 SMIC la limite
d'application de la ristourne.
En conclusion,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité,
a indiqué que les administrations sociales
bénéficiaient de créations nettes d'emplois (369), afin de
remplir les objectifs de résorption de l'emploi précaire et de
renforcer l'encadrement.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a ensuite interrogé le
ministre
au nom de M. Jean Madelain, rapporteur pour avis
, sur sa
politique en matière de formation en alternance et sur la poursuite de
la réforme du système de collecte des contributions des
employeurs à la formation professionnelle.
En son nom propre, il a interrogé le ministre sur les incidences
budgétaires pour 1998 et en année pleine des incitations au
passage de la durée du travail à 35 heures et sur la mise en
oeuvre des emplois-jeunes, notamment au regard de la suppression des
emplois-ville et du financement de ce type d'emploi dans le cadre de
l'éducation nationale.
En réponse aux questions de M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
,
a rappelé son attachement aux formations en alternance, et a
déploré, à cette occasion, la diminution du nombre
d'entrées en contrats de qualification en 1997.
Elle a indiqué qu'un rapport récent sur l'emploi des jeunes dans
les entreprises montrait que la proportion de jeunes parmi les nouveaux
embauchés avait baissé, selon les branches, de 10 à 50 %.
Elle a exprimé le voeu que les négociations engagées
permettent de corriger cette anomalie. Notamment, elle a souhaité que
les branches recherchent les moyens de favoriser les contrats en alternance.
Elle a cependant constaté qu'aucun accord ne pourrait être
signé avant l'été.
Elle a indiqué que le rapport de Virville avait souligné la
nécessité de réexaminer les conditions de la collecte des
fonds de la formation professionnelle et qu'une réflexion serait
menée en 1998 sur l'évolution du système de formation
professionnelle continue et sur l'organisation souhaitable de ses moyens
juridiques et financiers.
Elle a rappelé que les dépenses de formation professionnelle
s'élevaient à plus de 130 milliards de francs dont près de
17 milliards de francs de collecte et 7,5 milliards de francs de taxe
d'apprentissage.
Elle a souligné la nécessité de distinguer plus nettement
les organismes collecteurs de fonds et les organismes dispensateurs de
formation. Elle s'est également inquiétée de voir
certaines régions consacrer la majorité de leurs crédits
de formation aux jeunes les plus qualifiés et délaisser les
autres.
En réponse à M. Louis Souvet, rapporteur pour avis, le ministre a
rappelé les principales modalités du passage de la durée
légale à 35 heures envisagée pour le 1er janvier 2000.
Elle a souligné que le montant de l'aide pourrait atteindre 9.000 francs
voire, dans certains cas, 14.000 francs par an et par salarié
concerné par une réduction d'horaire d'au moins 10 ou 15 %.
Elle a indiqué qu'un projet de loi serait prêt dans quelques jours
et qu'il ne concernerait pas les entreprises de moins de 10 salariés, ou
éventuellement de 20, si les partenaires sociaux se mettaient d'accord
sur ce niveau de seuil.
Elle a souligné la volonté du Premier ministre de ne pas porter
atteinte à la compétitivité des entreprises, ce qui
nécessitait d'aborder cette question avec souplesse sous l'angle de la
réorganisation du travail et en cherchant les moyens de financer la
réduction du temps de travail à la fois par des gains de
productivité, par l'aide de l'Etat, et par la modération
salariale.
Le ministre a ajouté que la loi ne fixerait pas les modalités de
ce passage à 35 heures, car il fallait tenir compte des heures
supplémentaires, du temps partiel, ou des conditions de travail. Un
bilan serait donc dressé des pratiques des entreprises à partir
duquel serait élaborée la loi finale.
Elle a indiqué que les chefs d'entreprise qui ne souhaiteraient pas
passer à 35 heures ne seraient pas pénalisés
autrement que par l'application, au-delà de ce seuil, de la
législation sur les heures supplémentaires. Pour le ministre, il
s'agit d'un dispositif souple qui sera adapté, lors de sa
généralisation, à la situation économique du moment.
A propos des emplois de ville, le ministre a confirmé qu'ils avaient
vocation à basculer dans les emplois-jeunes.
Elle a toutefois rappelé que 415 millions de francs étaient
prévus pour maintenir en emplois-ville les jeunes pour lesquels ce
basculement ne serait pas possible. Elle a ajouté que si le nombre des
contrats d'insertion était réduit pour 1998, c'était
uniquement parce que les objectifs fixés l'année dernière
n'avaient pas été atteints.
Elle a indiqué que pour 1997, les 40.000 emplois-jeunes
créés dans le secteur de l'éducation nationale
étaient financés par son ministère à hauteur de
80 %, le reste l'étant par le ministère de
l'éducation nationale.
Elle a précisé qu'en 1998, aucun poste supplémentaire ne
serait financé par le ministère de l'éducation nationale ;
en effet, les postes susceptibles d'être créés relevant du
secteur périscolaire, ils seraient financés dans le cadre
général de la loi.
M. André Jourdain
a mis en parallèle, d'une part, les
économies (6,5 milliards) réalisées grâce
à l'abaissement à 1,3 SMIC de la limite de la ristourne
dégressive et au rétablissement de la proratisation pour les
allégements des charges sociales en faveur du temps partiel, et, d'autre
part, les aides (plus de 5 milliards) octroyées pour
l'aménagement et la réduction du temps de travail, puis s'est
interrogé sur le bien-fondé de cette politique.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a exprimé sa satisfaction sur le
montant des crédits consacrés à l'emploi et sur la
démarche offensive adoptée par le ministre, qui répond
ainsi aux engagements pris.
Elle s'est interrogée sur l'adéquation des moyens du
ministère avec la nécessité de renforcer le contrôle
du travail clandestin, sur la diminution des crédits du fonds national
de l'emploi (FNE) consacrés aux pré-retraites et aux
pré-retraites progressives, sur les crédits octroyés
à l'agence pour la structure financière (ASF), sur les
difficultés que risque d'éprouver l'Union nationale pour l'emploi
dans l'industrie et le commerce (UNEDIC) pour poursuivre le financement de
l'allocation de remplacement pour l'emploi, sur le contenu du futur projet de
loi de cohésion sociale, et enfin sur le risque de voir les
emplois-jeunes concurrencer les entreprises d'insertion.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis
, a interrogé le ministre
sur la diminution des crédits d'exonération de charges sociales
dans les zones rurales et les zones franches, sur la suppression des aides
à l'installation des travailleurs indépendants et sur la
réduction de la participation de l'Etat au financement des
pré-retraites et des pré-retraites progressives.
M. Alain Vasselle
, rappelant que le Sénat avait mené une
action importante en direction des personnes âgées, s'est
inquiété de la disparition de la ligne budgétaire
consacrée à la formation des intervenants à domicile. Il a
demandé aux ministres de préciser le calendrier de la
réforme de la double tarification et a rappelé que l'AGIRC et
l'ARRCO étaient toujours en attente de la compensation financière
qui devait leur être versée dans le cadre des interventions du FNE.
Evoquant les conséquences de l'entrée en vigueur de la loi
instituant les emplois jeunes et citant une expérience menée
à Vénissieux,
M. Guy Fischer
a estimé qu'il
conviendrait d'aider les établissements qui prennent en charge les
personnes en grande difficulté, notamment dans les grands ensembles.
Il a demandé aux ministres de préciser le calendrier de la
réforme de la loi de 1975 sur les établissements
médico-sociaux et celui de la mise en oeuvre d'un taux directeur
opposable à ces établissements.
M. Georges Mazars
a d'abord exprimé sa satisfaction devant
l'action entreprise par le Gouvernement en faveur des personnes
âgées et handicapées dans le projet de loi de finances. Il
a demandé aux ministres s'ils favoriseraient la possibilité pour
les personnes ayant cotisé pendant plus de quarante ans de prendre leur
retraite.
Mme Gisèle Printz
a interrogé les ministres sur
l'évolution de la médecine scolaire.
Mme Dinah Derycke
a interrogé les ministres sur les moyens et les
objectifs de la politique menée en faveur des droits des femmes.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
justifié, à l'attention de M. André Jourdain, le maintien
à leur niveau de 1997 des crédits consacrés à
l'exonération des charges sociales sur les bas salaires. Elle a
indiqué que la non-répercussion de la hausse du SMIC, la
proratisation de l'aide au temps partiel afin d'en réduire les effets
d'aubaine ainsi que l'arrêt du plan textile avaient permis de stabiliser
des crédits d'exonération à leur niveau de 1997, qui
d'ailleurs avait été sous-évalué.
Elle a ajouté que le transfert des cotisations d'assurance maladie sur
la cotisation sociale généralisée (CSG) allait redonner
1,1 % de pouvoir d'achat aux salariés, ce qui allégerait la
pression salariale pesant sur les entreprises. Elle a également
indiqué qu'elle réfléchissait à une modification de
l'assiette des cotisations patronales sur les bas salaires. Elle a enfin
souligné que le mécanisme d'aide pour le passage aux 35 heures
avantageait les bas salaires. En conséquence, pour elle,
l'allégement du coût du travail sur les bas salaires serait en
1998 plus important qu'en 1997.
En réponse à Mme Marie-Madeleine Dieulangard, le ministre a
indiqué que les effectifs de l'inspection du travail augmenteraient de
57 postes. Elle a précisé que la lutte contre le travail
clandestin n'avait qu'un lien ténu avec les travailleurs
étrangers en situation irrégulière. Elle a ajouté
que le travail clandestin concernait aussi les employeurs travaillant au noir
ou procédant à des sous-facturations.
A propos des pré-retraites, elle a indiqué que la baisse des
crédits visait à mettre fin à certaines dérives
consistant, pour les entreprises, à élaborer des plans sociaux
dans lesquels les pré-retraites concernaient parfois jusqu'à
80 % de la réduction d'effectifs. Cette baisse visait donc à
responsabiliser davantage les entreprises, surtout lorsqu'elles étaient
bénéficiaires, en leur faisant supporter le coût de leur
restructuration au lieu de le transférer sur les finances publiques.
Elle a rappelé que l'Etat avait signé en avril 1997 une nouvelle
convention avec les partenaires sociaux relative à l'ASF fixant la
participation de l'Etat à 700 millions de francs par an jusqu'en l'an
2000.
Le ministre a reconnu que l'allocation de remplacement pour l'emploi avait
donné de bons résultats mais qu'il s'agissait d'un dispositif
coûteux. Elle a indiqué qu'à sa connaissance les
partenaires sociaux envisageaient de prolonger cette mesure au-delà de
1998 et que l'Etat pourrait apporter une aide de 40.000 francs à
condition d'ouvrir le dispositif aux personnes ayant commencé à
travailler à 14 ou 15 ans.
Elle a indiqué que ses services veilleraient à ce que les
emplois-jeunes ne concurrencent pas les entreprises d'insertion.
A M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité
, a indiqué que les
crédits d'exonération consacrés aux zones rurales et aux
zones franches n'étaient pas réduits. Elle a justifié par
les détournements constatés la suppression des
exonérations de charges sociales accordées aux travailleurs
indépendants qui créaient leur activité. Elle a notamment
cité le cas des bagagistes, poussés par leurs employeurs à
adopter un statut de travailleur indépendant.
A
M. Alain Vasselle
, elle a précisé que les crédits
de formation au certificat d'aptitude aux fonctions d'aide à domicile
(CAFAD) avaient été réintégrés dans le droit
commun de la formation professionnelle. Elle a ajouté qu'elle souhaitait
améliorer la professionnalisation des emplois à domicile.
Concernant l'équilibre futur des régimes de retraite
complémentaire gérés par l'AGIRC et l'ARRCO,
Mme
Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
rappelé que les gouvernements qui l'avaient
précédée n'avaient pas réglé cette question
et a souhaité une mise à plat de la situation dans ce secteur.
Concernant la transformation des emplois de ville en emplois-jeunes, elle a
convenu que les jeunes des quartiers en difficulté n'étaient pas
tous aptes à occuper des emplois jeunes mais a rappelé que les
conditions d'accès aux CES seraient " recalibrées " et
que des instructions avaient été données aux
préfets pour que les jeunes titulaires d'un emploi ville ainsi que les
jeunes résidant dans les quartiers sensibles bénéficient
des emplois-jeunes en priorité.
S'agissant des droits des femmes, elle a indiqué que les crédits
correspondant s'élevaient à 72 millions de francs en 1998 en
précisant qu'elle accordait une priorité à la
généralisation de l'accès des femmes au travail
salarié, à l'information des femmes sur leurs droits et au
maintien d'un soutien fort aux structures d'accueil des femmes victimes de
violences.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le jeudi 20 novembre 1997, sous la
présidence de
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
la
commission a examiné les
rapports pour avis de MM. Louis Souvet
et Jean Madelain sur le projet de loi de finances pour 1998 (emploi et
solidarité : travail et emploi, formation professionnelle)
.
Après avoir rappelé que le budget de l'emploi pour 1998
était caractérisé par deux grandes orientations, les
emplois-jeunes et l'abaissement de la durée du travail à 35
heures,
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis (travail et emploi),
a précisé le contexte dans lequel s'inscrivait ce budget.
Il a indiqué que le taux de chômage se situait à
12,5 % de la population active, que le nombre de chômeurs de longue
durée atteignait 36,4 % du total des demandeurs d'emplois et que le
taux de chômage des jeunes actifs était de 24,7 %. Il a
précisé que le nombre des demandeurs d'emploi était de
3.115.400 en septembre 1997, et de 3.487.800 si l'on incluait les personnes
ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois.
Il a ajouté que cette dégradation de l'emploi avait
entraîné un déficit du régime de l'assurance
chômage évalué à 1,4 milliard de francs pour 1997 et
1,8 milliard de francs pour 1998 ; il en a alors détaillé les
principales causes : la faible progression de la masse salariale, le
succès coûteux de l'allocation de financement pour l'emploi
(ARPE), l'allocation pour chômeur âgé et le
désengagement de l'Etat de l'allocation de formation reclassement (AFR).
Il a cependant observé que l'emploi salarié avait augmenté
de 98.900 en un an (+ 0,7 %) pour s'établir désormais
à 13.296.200.
Mais il a relevé que le secteur tertiaire, seul créateur
d'emploi, ne pouvait compenser les secteurs perdant des emplois, l'industrie et
la construction, d'autant que la population active s'accroissait naturellement
de 150.000 personnes par an. Il a ajouté que l'augmentation du
chômage pouvait aussi s'expliquer par une diminution du nombre des
entrées dans les dispositifs " emploi " et par
l'arrivée sur le marché du travail de personnes désireuses
de profiter d'une certaine amélioration de la conjoncture.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis
, a alors souligné les
principaux signes de reprise de l'activité économique et
d'amélioration de la situation de marché de travail, et a
rappelé les prévisions plutôt optimistes du Gouvernement et
des principaux organismes de conjoncture.
Puis, après avoir observé que les dispositifs spécifiques
de l'emploi avaient un impact réduit sur la création d'emplois,
il a considéré que les améliorations du marché du
travail reposaient en grande partie sur l'allégement des charges
sociales sur les bas salaires et sur le développement du travail
à temps partiel qui concernait désormais 16,6 % des actifs.
Il en a conclu que les orientations retenues par le Gouvernement, les 35 heures
et les emplois-jeunes, financés par des redéploiements portant
sur les allégements de charges sociales, risquaient de remettre en cause
ces améliorations encore très fragiles.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis
, a alors présenté
les grandes lignes du budget de l'emploi, 155,8 milliards de francs, en
progression de 3,6 %, répartis en 112,6 milliards de francs
sur le budget emploi et 43,23 milliards de francs sur les charges
communes. Il a cependant précisé que 8,25 milliards de francs
étaient affectés aux emplois-jeunes et 3 milliards de francs
aux 35 heures.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis
, a alors présenté le
projet gouvernemental de réduction à 35 heures de la durée
du travail.
Il a souligné que, contrairement à la loi de " Robien "
qui reposait sur un mécanisme conventionnel, le projet du Gouvernement
visait à abaisser autoritairement la durée du travail au 1er
janvier 2000. Après avoir résumé le dispositif
d'exonération de charges sociales destiné à inciter,
dès maintenant, les entreprises à passer aux 35 heures, le
rapporteur pour avis s'est inquiété des conséquences
négatives de ce projet ; il a notamment cité l'augmentation
du coût horaire du travail, l'alourdissement des charges ou la remise en
cause du chômage partiel, qui mettront les entreprises en
difficulté et les obligeront à licencier.
Il a, en outre, considéré que ces perspectives créaient
déjà un climat d'incertitude et d'inquiétude chez les
chefs d'entreprise, qui les conduisait à retarder leurs embauches et
leurs investissements. Il a précisé que le Gouvernement attendait
de ce dispositif 42.000 emplois en 1998.
Puis,
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a abordé les
incidences budgétaires et économiques de la création des
emplois-jeunes. Il a rappelé que cette mesure d'insertion avait
été dès l'origine détournée de son objectif,
puisqu'il était très vite apparu qu'elle servirait à
financer des emplois de fonctionnaires, notamment dans l'éducation
nationale.
Il a indiqué que, sur 150.000 emplois prévus à la fin de
1998, 48.250, intégrés aux ministères de
l'éducation nationale et de l'intérieur, étaient des
emplois de fonctionnaires rémunérés, pour 80 %, sur les 8
milliards de francs inscrits au budget de l'emploi, et pour le reste, sur les
crédits des heures supplémentaires des enseignants et sur 117
millions inscrits au titre III du budget du ministère de
l'intérieur.
Il a alors constaté que les inquiétudes exprimées par la
commission des affaires sociales et par le Sénat trouvaient ici leur
pleine justification, car ces créations d'emploi entraîneraient un
accroissement des prélèvements obligatoires qui pèserait
sur la croissance et l'emploi, puisqu'ils n'avaient pas vocation à
être pérennisés dans le secteur privé.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a alors détaillé
les redéploiements auxquels le Gouvernement avait procédé
pour financer les 35 heures et les emplois-jeunes. Il s'est
déclaré favorable au principe des redéploiements, mais a
considéré que certains lui paraissaient particulièrement
contestables. Il a notamment cité la réduction de
l'allégement de charges sociales sur les bas salaires et celle des
crédits consacrés aux formations en alternance.
Abordant la première, il a indiqué que l'article 65 du projet de
loi de finances, tout en pérennisant la ristourne dégressive,
abaissait son seuil de 1,33 à 1,30 salaire minimum interprofessionnel de
croissance (SMIC) ; il a alors déploré que cette économie
de 2,5 milliards de francs soit mise à la charge des charges des
entreprises.
Puis, après avoir énuméré d'autres
redéploiements, concernant par exemple les zones prioritaires, à
ses yeux justifiés,
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a
présenté les projets du Gouvernement visant à
réformer les incitations au temps partiel. Il a indiqué que la
ristourne dégressive appliquée depuis deux ans
indépendamment du nombre d'heures travaillées serait
désormais proratisée. Précisant que le Gouvernement en
attendait 4 milliards de francs d'économie, il s'est de nouveau
inquiété du surcroît de charges que cela entraînait
pour les entreprises.
Il a alors souligné que ces deux mesures, dont le total s'élevait
à 6,5 milliards de francs, allaient, pour 4 milliards de
francs, servir à financer les nouveaux emplois de fonctionnaires dans
l'éducation nationale et au ministère de l'intérieur et
avaient permis au Gouvernement d'inscrire au chapitre des exonérations
de charges sociales 41,7 milliards de francs au lieu de 47 milliards
de francs qui auraient été nécessaires à
législation inchangée.
Puis, le rapporteur pour avis a présenté rapidement le nouveau
dispositif d'exonération de charges sociales pour les petites
entreprises du secteur textile évalué à 500 millions
de francs et financé sur les crédits de formation en alternance
dans des conditions plus claires. Il a aussi rappelé l'institution d'un
crédit d'impôt pour création d'emploi, qui pourra
être imputé sur la contribution exceptionnelle de 10 % sur
les bénéfices des sociétés votée
l'été dernier, ainsi que le transfert massif des cotisations
maladie sur la contribution sociale généralisée (CSG), qui
risque de pénaliser l'épargne et donc l'investissement.
Le rapporteur pour avis a encore présenté deux autres mesures
susceptibles d'avoir des conséquences négatives en termes
d'emplois : l'abaissement de la réduction d'impôt au titre
des emplois familiaux et la suppression de l'exonération de charges
sociales en faveur des travailleurs indépendants créant ou
reprenant une entreprise. Il a notamment rappelé que la baisse de
50 % de leur coût avait entraîné une augmentation des
emplois familiaux de 65 %. La réduction de l'aide fiscale aurait
donc un effet inverse.
Puis,
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a présenté
les autres grands dispositifs de la politique de l'emploi. Il a indiqué
que les crédits consacrés aux contrats initiative emploi
baissaient de 4,8 milliards de francs et que les emplois-ville
étaient supprimés.
Il a également précisé que les contrats
emplois-solidarité restaient au niveau de 1997 avec 500.000
entrées nouvelles, alors que les emplois consolidés augmentaient
de 10.000 avec 30.000 entrées nouvelles.
Le rapporteur pour avis a alors observé que le Gouvernement
privilégiait une fois encore le secteur non marchand au détriment
du secteur marchand, et que, si les effets négatifs des 35 heures
et des emplois-jeunes se manifestaient très rapidement, le Gouvernement
ne disposerait pas des moyens de combattre l'augmentation du chômage.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a ensuite indiqué que la
participation de l'Etat aux retraits d'activité et aux revenus de
remplacement diminuait de 5,6 %, passant de 22,6 milliards de francs
à 21,4 milliards de francs, l'économie provenant
essentiellement des préretraites. Sans vouloir critiquer cette
orientation qui visait à corriger certains excès, le rapporteur
pour avis a cependant noté qu'elle intervenait au moment où
l'allocation de remplacement pour l'emploi, financée par l'UNEDIC, se
trouvait en situation difficile puisque l'assurance chômage redevenait
déficitaire et que les négociations sur la reconduction du
dispositif étaient bloquées. Aussi, à défaut de
pouvoir faire appel aux préretraites, les entreprises pourraient
recourir à des licenciements " secs ".
Le rapporteur pour avis a ensuite indiqué que la plupart des autres
actions s'inscrivaient dans la continuité, avec quelques augmentations
de crédits substantielles, notamment pour l'allocation de
solidarité spécifique ou le dispositif de réduction
négociée du temps de travail de la loi " de Robien ".
Il a également dressé un rapide bilan, qu'il a jugé
positif, de la mise en oeuvre du contrat de progrès et de
l'activité de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE).
En conclusion,
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
considérant
que les 35 heures et les emplois-jeunes auraient des conséquences
négatives sur l'économie et l'emploi et que leur financement
conduisait à réduire les crédits d'actions jugées
prioritaires, a proposé à la commission de donner un avis
défavorable à l'adoption des crédits destinés
à l'emploi et au travail dans le projet de loi de finances pour 1998.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis (formation professionnelle)
, a
tout d'abord indiqué que ce budget se présentait comme un budget
de continuité, très proche de celui voté l'année
dernière, et encourait, dans ses grandes lignes, les mêmes
approbations et les mêmes critiques. Il a cependant nuancé son
propos en soulignant que certains infléchissements, s'ils
s'avéraient annonciateurs de réformes plus en profondeur,
seraient particulièrement inquiétants.
Il a indiqué que les crédits consacrés à la
formation professionnelle s'élevaient à 25,4 milliards de
francs pour les actions directes et à 34 milliards de francs si
l'on y ajoutait l'Association nationale pour la formation professionnelle des
adultes (AFPA) et la formation des demandeurs d'emploi.
Le rapporteur pour avis a alors examiné les moyens consacrés
à l'insertion professionnelle des jeunes. Il a constaté que leur
progression, de 42,8 % (25,2 milliards de francs), provenait
essentiellement des 8 milliards de francs consacrés aux
emplois-jeunes. Il a souligné que, hors emplois-jeunes, ces
crédits s'élevaient à 17,16 milliards de francs, en
diminution de 4,1 %. Il a ainsi observé un effet de vase
communiquant entre les emplois-jeunes, sur lesquels il était
réservé, et les dispositifs de formation, qu'il jugeait
prioritaires.
Il a indiqué que cette baisse concernait d'abord les exonérations
de charges sociales et les contrats de qualification dont le nombre
était ramené de 130.000 à 100.000 (2.155 millions de
francs), et reflétait une réduction de 7,5 % des
crédits destinés aux indemnités forfaitaires
versées aux entreprises qui embauchent des apprentis
(4.274 millions de francs). Il a précisé que
400 millions de francs seraient prélevés sur les fonds de
l'Association de gestion du fonds des formations en alternance (AGEFAL) pour
compenser cette diminution.
Le rapporteur pour avis a ensuite observé que seuls les crédits
consacrés à l'exonération de charges sociales en faveur
des contrats d'apprentissage augmentaient (+ 16,3 %), passant
à 4.945 millions de francs, afin de financer 240.000 contrats
nouveaux, soit 20.000 de plus que l'année dernière.
Le rapporteur pour avis a toutefois observé que les crédits
destinés aux versements des indemnités forfaitaires, qui auraient
dû progresser dans les mêmes proportions, restaient, uniquement
grâce au prélèvement sur l'AGEFAL, à leur niveau de
l'année dernière.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
s'est alors
inquiété de ce qui pourrait être interprété
comme un premier pas vers un abandon d'une politique de fond au profit de
mesures relevant du traitement social du chômage, ce que seraient les
emplois-jeunes s'ils n'étaient pas accompagnés d'une
véritable politique de formation et de consolidation d'activité.
Il a ensuite indiqué que tous les autres postes concernant la formation
des jeunes augmentaient légèrement, de 1,38 %, lorsque ces
crédits étaient décentralisés, ou un peu moins, par
exemple de 1,1 % pour le réseau d'accueil des jeunes.
Il a aussi rappelé que ces crédits ne correspondaient qu'à
une partie de l'effort national en faveur des jeunes puisque les régions
et les entreprises intervenaient largement : en 1996, pour 740.000 jeunes,
les régions avaient consacré près de 7,5 milliards de
francs, l'Etat un peu plus de 10 milliards de francs et les entreprises,
au titre de l'alternance, environ 8,16 milliards de francs.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
a ensuite présenté
les actions de formation consacrées aux demandeurs d'emploi. Il a
cité le programme chômeur de longue durée, qui augmentait
de 14,9 %, passant de 3.478 milliards de francs à
3.996 milliards de francs afin, notamment, d'augmenter le nombre de stages
d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE) (30.000 SIFE
supplémentaires sur un total de 160.000), ainsi que l'allocation de
formation reclassement (AFR), qui augmentait de 10,1 %. Il a
rappelé que la participation de l'Etat au versement de cette allocation
avait été réduite de 51,8 % l'année
dernière. Il a précisé que ce désengagement avait
poussé l'Union nationale pour l'emploi dans l'industrie et le commerce
(UNEDIC) à réformer le versement de l'AFR, notamment en
proratisant l'allocation à la durée de cotisation à
l'assurance chômage. Cette réforme, appliquée à
titre rétroactif, avait suscité de nombreuses protestations des
allocataires auxquels on demandait le remboursement de trop perçus.
Aussi, l'UNEDIC, dans l'attente d'une décision des partenaires sociaux,
avait supprimé le caractère rétroactif et avait
fixé un seuil en deçà duquel la proratisation ne jouait
plus. Le rapporteur pour avis a toutefois indiqué que la hausse des
crédits n'était pas la conséquence de ces
difficultés, mais tenait essentiellement à l'augmentation du
nombre des bénéficiaires en 1997.
Abordant le chapitre de la participation de l'Etat à la formation et
à l'adaptation de la main d'oeuvre, le rapporteur pour avis a
observé que ces crédits, en augmentation de 1 %,
s'inscrivaient dans la continuité.
Puis, il a présenté les crédits consacrés à
l'AFPA qui s'élevaient à 4.298 millions de francs, en
augmentation de 1,5 %. Il s'est félicité de voir que le
Gouvernement, en privilégiant les investissements, avait reconnu leur
importance pour moderniser ou maintenir en état les outils
pédagogiques et de formation. Il a précisé que les
objectifs fixés dans le contrat de progrès avaient
été atteints, ce qui témoignait de l'efficacité de
la réforme entreprise depuis plusieurs années, l'AFPA constituant
désormais un pôle de référence dans le domaine de la
formation.
En conclusion de sa présentation du budget,
M. Jean Madelain,
rapporteur pour avis,
est revenu sur la baisse des crédits
consacrés à la formation en alternance des jeunes, qui risquait
d'introduire un grave dysfonctionnement de notre système d'insertion. Il
a également rappelé la baisse du nombre de contrats de
qualification et l'insuffisance des crédits nécessaires au
financement des indemnités forfaitaires versées aux employeurs
d'apprentis.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
a alors formulé plusieurs
observations. Il a rappelé que l'AGEFAL allait subir un nouveau
prélèvement de 400 millions de francs dans des conditions
juridiques qui n'étaient pas encore clairement précisées
et que ce prélèvement s'ajoutait à ceux de 1996 sur le
Comité paritaire du congé individuel de formation (COPACIF) et de
1997 sur l'AGEFAL.
Il a observé que les excédents invoqués pour justifier ces
prélèvements s'expliquaient en grande partie par l'application de
règles comptables conduisant à un gonflement momentané de
la trésorerie. Il a rappelé que les excédents des
années précédentes avaient aussi pour origine la
réforme de la collecte qui avait freiné considérablement
la dépense, et la réduction de nombre des contrats de
qualification.
Il a considéré que ces prélèvements
périodiques sur les fonds de l'alternance n'étaient pas sains. Il
a ajouté que la trésorerie de l'AGEFAL était maintenant
inférieure aux prévisions de dépenses, du moins si la
reprise récente des contrats de qualification se confirmait.
Il a alors rappelé que la baisse du nombre des contrats de
qualification, sans doute victimes de la concurrence du contrat
d'apprentissage, s'expliquait essentiellement par les incertitudes entourant le
versement à l'employeur de la prime de 5.000 ou de 7.000 francs. Il a
rappelé que cette prime, éteinte au 31 décembre 1996,
n'avait été reconduite que le 26 mars 1997 et qu'aucune
décision n'était prise pour 1998.
D'une façon générale, le rapporteur pour avis a
observé que le système de formation en alternance restait
plongé dans l'opacité la plus totale et que l'élan de
réforme impulsé par la loi quinquennale marquait aujourd'hui le
pas.
Il a en conséquence formulé plusieurs suggestions. Il a notamment
souhaité qu'un bilan approfondi soit établi de la réforme
de la collecte des fonds de l'alternance, des grandes orientations
définies par les organismes collecteurs agréés (OPCA), des
conditions d'utilisation des sommes réservées à
l'échelon inter-régional et de la mise en oeuvre des formations
inter-branches. Pour lui, ce bilan devait être autant qualitatif que
quantitatif.
Il a proposé que soit repensé le congé individuel de
formation, qui datait de 1982, afin de l'adapter aux nouveaux besoins de
formation. Il a également suggéré d'étudier une
réforme des conditions de collecte de la taxe d'apprentissage afin de
poursuivre la réforme du financement de l'apprentissage entreprise par
la loi n° 96-376 du 6 mai 1996.
Plus généralement, il a souhaité que soit
réexaminée la complémentarité des différents
contrats en alternance, comme des différents intervenants, afin que les
besoins des entreprises et des jeunes en matière de formation soient
mieux pris en compte.
Pour le rapporteur pour avis, c'est l'ensemble du système de formation
professionnelle initiale et continue qu'il faudrait revoir en tenant compte des
réflexions actuelles sur les nouvelles conditions et modalités de
travail.
Il a rappelé que le rapport de M. Michel de Virville contenait des
réflexions et des analyses intéressantes sur une
éventuelle réforme de la formation professionnelle dont les
textes fondateurs dataient de 1971. Il a remarqué que cette
réforme serait aussi l'occasion de simplifier les dispositifs devenus
pratiquement incompréhensibles (par exemple, le crédit
d'impôt formation), ou de revoir les règles comptables de l'AGEFAL.
Il a également appelé de ses voeux un examen attentif des
conditions dans lesquelles s'était effectuée la
décentralisation des formations pré-qualifiantes et qualifiantes,
le comité de coordination des programmes régionaux
d'apprentissage et de formation professionnelle ayant mis en évidence de
nombreuses incertitudes sur les objectifs, les moyens mis en oeuvre et la
réalisation des politiques.
En conclusion, en souhaitant qu'une véritable impulsion nouvelle soit
donnée à la formation en alternance,
M. Jean Madelain,
rapporteur pour avis,
a constaté que, sous une présentation
budgétaire peu différente de celle de l'année
dernière, on constatait des infléchissements négatifs et
surtout des incertitudes portant principalement sur le domaine prioritaire des
formations en alternance. Aussi, il a suggéré à la
commission, pour marquer son inquiétude et souligner sa volonté
d'impulser ce nouvel élan dont a besoin la formation professionnelle, de
donner un avis négatif, comme l'avait fait M. Louis Souvet,
rapporteur pour avis, à l'adoption des crédits de la formation
professionnelle.
Au cours de la discussion qui a suivi l'exposé des rapporteurs pour
avis,
M. André Jourdain
a déclaré partager les
analyses de M. Louis Souvet, rapporteur pour avis, notamment sur la remise en
cause de l'allégement du coût du travail et des avantages
consentis au temps partiel. Pour lui, cette politique ira à l'encontre
des améliorations de la conjoncture économique et de l'emploi
constatées aujourd'hui.
Il a souligné que la remise en cause du temps partiel aurait des
conséquences très négatives pour les petites entreprises
ainsi que pour les associations d'aides ménagères. Enfin, il a
observé que l'allocation de remplacement pour l'emploi n'était
qu'une mesure défensive car, bien que coûteuse (16 milliards
de francs), elle n'avait aucun effet sur l'emploi.
S'adressant à M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
M. André
Jourdain
s'est déclaré particulièrement inquiet des
choix opérés par le Gouvernement en matière de formation
et d'insertion des jeunes qui ne s'inscrivaient en aucune manière dans
la continuité des politiques menées ces dernières
années.
En conséquence, il s'est prononcé en faveur d'un avis
négatif sur ces deux budgets.
M. Pierre Lagourgue
s'est longuement interrogé sur les
conséquences désastreuses d'un abaissement de la durée du
travail à 35 heures. Il a notamment mis en évidence les
distorsions de concurrence que le seuil de 10 ou 20 salariés
introduirait entre des entreprises dont l'activité était
très proche mais qui se situeraient de part et d'autre de ce seuil.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
a précisé que la
ristourne dégressive pour le temps partiel ne concernait que de
façon marginale les aides ménagères. Il est revenu sur les
conséquences des redéploiements qui faisaient payer une part
importante des emplois-jeunes par les entreprises.
Il a déclaré partager les inquiétudes de M. Pierre
Lagourgue sur les effets de seuils que ne manqueraient pas de provoquer les 35
heures, tout en soulignant que cette durée du travail s'appliquerait aux
entreprises de moins de 20 salariés deux ans après s'être
appliquée aux entreprises d'effectifs supérieurs.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
a reconnu que sa critique
portait moins sur le niveau des crédits consacrés à la
formation professionnelle que sur l'avenir des formations en alternance qui lui
paraissait menacé par la baisse de crédits, par des engagements
non financés et par le recours à des dispositifs juridiques peu
clairs. Il a rappelé que le rapport de M. Michel de Virville,
commandé par M. Jacques Barrot, avait été mis de
côté alors qu'il contenait des propositions très
intéressantes, notamment en matière de validation d'acquis
professionnels.
Le rapporteur pour avis a rappelé que lorsqu'il avait interrogé
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur
une éventuelle réforme de l'alternance, elle avait
déclaré que cette réforme dépendait d'abord des
partenaires sociaux.
Mme Dinah Derycke
a observé que M. Jean Madelain, rapporteur pour
avis, avait adopté une position nuancée qui aurait dû le
conduire, contrairement à M. Louis Souvet, rapporteur pour avis,
à se prononcer en faveur de la sagesse, car ses critiques et ses
suggestions avaient déjà été formulées dans
le passé.
M. Jean Madelain, rapporteur pour avis,
a observé que ces
réformes nécessaires prenaient chaque année un peu plus de
retard et qu'il convenait de ne pas s'en désintéresser. Il a
rappelé que la commission devait se prononcer globalement sur les
crédits de l'emploi et de la solidarité car elle n'était
saisie que d'un seul budget, la nomination de deux rapporteurs pour avis
différents datant de la création, du temps où
M. Pierre Mauroy était Premier ministre, d'un ministère
autonome chargé de la formation professionnelle.
La commission a alors émis un
avis défavorable à
l'adoption des crédits consacrés à l'emploi et à la
formation professionnelle
dans le projet de loi de finances pour 1998.
Mesdames, Messieurs,
Le projet de budget consacré à l'emploi figure parmi les rares
budgets qui augmenteront sensiblement en 1998 : alors que le budget
général ne devrait augmenter que de 1,4 %, celui de l'emploi
(ministère et charges communes) augmenterait de 3,6 %. Deux autres
budgets devraient croître dans des proportions identiques :
l'éducation nationale (3 %) et la justice (4 %).
Ce budget affiche les orientations suivantes :
· priorité absolue pour l'emploi des jeunes ;
· non remise en cause des dispositifs d'insertion existants ;
· poursuite de l'effort de rationalisation des aides à
l'emploi.
Ces trois orientations sont mises au service de deux dispositifs
prioritaires : les emplois-jeunes et l'abaissement du temps de travail
à 35 heures.
Toutefois, si ces orientations, ainsi énoncées, peuvent
apparaître particulièrement opportunes, leurs modalités de
mise en oeuvre sont contestables et le résultat, sur le moyen terme,
risque d'être pire que le mal.
En effet, le financement de ces mesures prioritaires, en pesant sur les
entreprises et le niveau des prélèvements obligatoires, laisse
craindre que le Gouvernement ne se soit engagé dans une politique
à courte vue, permettant d'engranger en un court laps de temps des
bénéfices immédiats, en termes statistiques et politiques,
mais particulièrement risquée à long terme pour les
finances publiques, la compétitivité des entreprises, la
croissance et l'emploi.
III. UN BUDGET PRIVILÉGIÉ
Les crédits consacrés au travail, à
l'emploi et à la formation professionnelle sont, comme les années
précédentes, répartis en deux grandes masses. Toutefois,
certains transferts sont intervenus, qui minorent les charges communes et
augmentent le budget de l'emploi
2(
*
)
.
· Le budget du ministère de l'emploi (section emploi)
s'élève à 112,582 milliards, contre
103,015 milliards en loi de finances initiale pour 1997, en augmentation
de 9,3 % ; toutefois, à structure constante (cf. note 1), les
crédits du ministère s'élèvent à
107,5 milliards, ce qui correspond à une hausse de 4,4 %.
· Les chapitres 44-75 et 44-76 (mesures exceptionnelles en faveur
de l'emploi, de la formation professionnelle et de la cohésion sociale)
du budget des charges communes s'élèvent au total à
43,230 milliards, contre 47,365 milliards en 1997, ce qui correspond
à une baisse de 8,7 %, ou, à structure constante, une
augmentation de 2,05 %.
Au total, les crédits consacrés au travail, à l'emploi et
à la formation professionnelle, sont de 155,812 milliards contre
150,381 milliards en 1997, soit une hausse globale de 3,6 %
correspondant à 5,43 milliards.
On notera cependant que cette augmentation provient essentiellement du
financement des emplois-jeunes, dotés de 8,35 milliards (auxquels
il faut ajouter les 2 milliards ouverts par le décret d'avance du 9
juillet 1997). On constate en effet que les mesures en faveur de l'insertion
professionnelle des jeunes voient leurs crédits augmenter de
42,8 %, ce qui correspond à un abondement de 7,552 milliards.
La ministre de l'emploi et de la solidarité a dit, en commission, que
cette mesure avait été financée par la solidarité
interministérielle (correspondant à des économies sur
d'autres budgets, notamment celui de la défense) et par des
redéploiements internes.
Toutefois, si l'enveloppe des crédits en faveur des jeunes est
préservée, les évolutions internes sont très
contrastées : on constate en effet une augmentation sensible des
crédits consacrés à l'apprentissage, mais aussi une
amputation sévère des crédits consacrés aux
contrats de qualification, et plus globalement une baisse des crédits
consacrés à la formation en alternance.
Par ailleurs, au titre des redéploiements, de nombreuses actions voient
leurs crédits sérieusement amputés soit par rapport au
budget 1997, soit par rapport à ce que ces crédits auraient
dû être si certains dispositifs n'étaient pas
modifiés : pour les premiers on citera le financement du retrait
d'activité et des revenus de remplacement qui diminuent de 5,6 %
(avec notamment une baisse de 16,6 % pour le financement du retrait
d'activité), les actions de l'Etat en faveur des publics prioritaires
avec une baisse de 7,9 % des crédits en faveur des demandeurs
d'emploi, et pour les seconds, on citera la ristourne dégressive sur les
cotisations sociales qui, après modifications législatives et
réglementaires, devrait faire l'objet d'une économie
évaluée à 6,5 milliards. Cette économie
absorbe, et même au-delà, l'effet de l'augmentation du SMIC de
juillet dernier. En conséquence, l'enveloppe globale des crédits
consacrés à la ristourne dégressive devrait restée
inchangée. On notera d'ailleurs que le Gouvernement, sur les
43,230 milliards inscrits au budget des charges communes (il s'agit de
crédits à répartir, donc non encore affectés),
compte économiser 3 milliards qui seront consacrés au
dispositif d'encouragement au passage aux 35 heures.
Les schémas ci-dessous, par agrégats et grands types d'action,
illustrent d'une part la faible modification structurelle apparente des
crédits entre 1997 et 1998 et d'autre part le glissement en faveur des
publics prioritaires (où figurent les emplois-jeunes) au
détriment de l'indemnisation du chômage et du retrait
d'activité ; les changements structurels de la politique de l'emploi,
qui portent sur la réduction de l'allégement du coût du
travail (alors que le dispositif législatif actuel aurait dû
conduire à une importante progression), sont masqués par
l'incorporation à cet agrégat des crédits affectés
à l'incitation du passage à 35 heures.
Ces crédits doivent être resitués dans
l'ensemble des dépenses consacrées à l'emploi.
La dépense pour l'emploi est estimée pour 1995, dernière
année connue, à 291 milliards, soit une baisse de 2,7 %
en francs constants par rapport à 1994, année qui accusait
déjà une baisse de 1,8 %. Il convient toutefois de noter que
la dépense pour l'emploi ne prend pas en compte la baisse de charges
sociales sur les bas salaires considérée comme une mesure
macro-économique. Si les exonérations de charges étaient
prises en compte, la dépense pour l'emploi serait de
311,8 milliards, en hausse de 0,2 % par rapport à 1994.
La répartition, en 1995, de la dépense pour l'emploi a
été la suivante :
Etat |
40,0 % |
Collectivités territoriales |
2,0 % |
Entreprises |
17,0 % |
UNEDIC |
36,0 % |
ACOSS |
3,6 % |
Autres régimes |
1,4 % |
100,0 % |
La dépense pour l'emploi comparée à quelques grandeurs significatives
1973 |
1980 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
||||||||||||||
Dépense pour l'emploi |
10,2 |
64,8 |
183,3 |
192,2 |
201,1 |
202,2 |
219,3 |
242,0 |
265,2 |
294,5 |
294,1 |
291,1 |
|||||||||||||
(milliards F. courants) |
298,4 |
305,8 |
311,8 |
||||||||||||||||||||||
Variation annuelle |
- |
+ 4,9 |
+ 5,0 |
+ 1,7 |
+ 1,8 |
- 2,9 |
+ 4,9 |
+ 6,9 |
+ 7,1 |
+ 8,7 |
- 1,8 |
- 2,7 |
|||||||||||||
(F. constants, en %) |
+ 10,2 |
+ 0,8 |
+ 0,2 |
||||||||||||||||||||||
DPE/PIB (en %) |
0,90 |
2,31 |
3,62 |
3,60 |
3,51 |
3,28 |
3,37 |
3,57 |
3,79 |
4,16 |
3,98 |
3,79 |
|||||||||||||
4,22 |
4,14 |
4,06 |
|||||||||||||||||||||||
DEFM (moyenne ann.,
|
394 |
1.451 |
2.517 |
2.622 |
2.563 |
2.532 |
2.505 |
2.709 |
2.911 |
3.171 |
3.329 |
3.250 |
|||||||||||||
Variation annuelle |
- |
+ ,75 |
+ 2,4 |
+ 4,2 |
- 2,2 |
- 1,2 |
- 1,1 |
+ 8,2 |
+ 7,5 |
+ 8,9 |
+ 5,0 |
- 2,4 |
En italique, depuis 1993, y compris les baisses
générales de charges sur les bas salaires.
Source : MTAS-DARES (premières synthèses)
Le tableau ci-dessus montre que les efforts considérables consentis en
faveur de l'emploi n'ont qu'une incidence marginale sur la situation de
l'emploi.
Pourtant, les notes de conjoncture de l'INSEE et de la DARES mettent en
évidence une certaine amélioration de la situation.
Malheureusement, cette amélioration, encore très fragile,
pourrait être remise en cause, à moyen terme, par les choix
opérés par le Gouvernement.
IV. UNE AMÉLIORATION DU MARCHÉ DU TRAVAIL ENCORE FRAGILE
L'activité économique est en nette reprise
depuis l'été 1997, tirée par les exportations que
favorisent la demande étrangère et des parités de change
plus favorables que l'année dernière. Dans ces conditions, il est
attendu un redémarrage de la consommation intérieure. Ces
analyses et prévisions, qui semblent assez partagées, expliquent
la légère amélioration de l'emploi observée depuis
le début de l'année, ainsi que la baisse du taux de chômage
escomptée pour 1998.
C'est ainsi
3(
*
)
qu'au cours du premier trimestre
1997, les effectifs salariés ont progressé de 17.400
(+ 0,1 %) dans les secteurs concurrentiels, puis de 35.800
(+ 0,3 %) au cours du deuxième trimestre, pour un acquis de
croissance de 1,5 % à la mi-1997. Au troisième trimestre,
d'après les résultats encore provisoires de l'enquête
ACEMO, les effectifs salariés auraient augmenté de 32.100
(+ 0,2 %) et de 98.900 sur un an (+ 0,7 %).
Toutefois, cette amélioration de l'emploi ne s'observe que dans le
secteur tertiaire : 32.400 y ont été créés au
premier trimestre, 48.500 au deuxième trimestre et 45.600 au
troisième trimestre, soit 168.700 (+ 2,1 %) sur douze mois, quand
l'industrie et la construction ont continué à en supprimer,
à un rythme plus modéré que l'année
précédente cependant : respectivement 42.200 (- 1 %) et
27.600 (- 2,4 %) sur douze mois.
Evolution de l'emploi salarié à la fin du troisième trimestre 1997
(Données corrigées des variations saisonnières) (En milliers)
1996 |
1997 |
Variation (%) au 30.09.97 sur : |
|||||
Secteurs d'activité
|
30 sept. |
31 déc. |
31 mars |
30 juin |
30 sept. |
3 mois |
12 mois |
Industrie sans construction |
4.096,1 |
4.081,1 |
4.069,8 |
4.060,8 |
4.053,9 |
- 0,2 |
- 1,0 |
Construction |
1.141,5 |
1.130,5 |
1.125,9 |
1.120,5 |
1.113,9 |
- 0,6 |
- 2,4 |
Tertiaire |
8.059,7 |
8.107,2 |
8.137,8 |
8.182,8 |
8.228,4 |
+ 0,6 |
+ 2,1 |
Ensemble des secteurs |
13.297,3 |
13.318,8 |
13.333,5 |
13.364,1 |
13.396,2 |
+ 0,2 |
+ 0,7 |
Champ : ensemble des secteurs hors agriculture,
administration, éducation, santé et action sociale. Ce champ
couvre 13,4 millions de salariés sur un effectif salarié de
19,6 millions. Il ne correspond pas tout à fait à l'ancien
champ des " secteurs marchands, non agricoles "
(14,7 millions
de salariés) : en particulier, il ne comprend pas les salariés de
la santé et de l'action sociale.
Les prévisions gouvernementales portant sur la croissance, comme celles
des principaux organismes de conjoncture (2,2 % en 1997 et environ
3 % en 1998, grâce à une reprise de la consommation
intérieure), permettraient de créer au total sur 1997 135.000
emplois dans les secteurs marchands (avec pour la première fois depuis
1989, une progression de l'emploi industriel de 1 %), puis 210.000 en
1998, hors mesures nouvelles. Pour l'UNEDIC, avec une croissance de 2,2 %
du PIB en 1997 et de 2,9 % en 1998, l'emploi affilié au
régime d'assurance chômage croîtrait de 180.000
salariés cette année puis de 220.000 l'année prochaine.
Quant au chômage, il devrait progresser de 130.000 personnes
(catégories 1 + 6) en 1997, puis diminuer de
50.000 personnes en 1998. A ces projections, pourraient s'ajouter les
emplois-jeunes (150.000 prévus à la fin 1998) et un début
-qui reste hypothétique- de créations d'emplois liées
à la conclusion d'accords pour l'abaissement du temps de travail
à 35 heures.
Néanmoins, l'impact de ces créations d'emplois, en raison de
l'accroissement naturel de la population active de 150.000 personnes par an
(jusqu'en 2001)
4(
*
)
, ne se fera guère
sentir sur le chômage avant la mi-1998 et encore de façon
très réduite. Pour l'OFCE
5(
*
)
, le
taux de chômage passerait ainsi de 12,5 % en 1997 à 12,3 % de
la population active à la fin 1998 (- 20.000 demandeurs
d'emploi).
Une autre raison explique que les créations d'emploi n'entraînent
pas de diminution sensible du nombre des demandeurs d'emploi. Il s'agit du
recul des entrées dans les dispositifs spécifiques de la
politique de l'emploi. Alors que 2,4 millions de personnes avaient
bénéficié d'une mesure emploi en 1995, 2,3 millions
en ont bénéficié en 1996. Cette évolution
négative semble se poursuivre en 1997, puisque, par exemple, les
entrées en emploi aidé dans le secteur marchand ont
diminué de 19,2 % entre le premier trimestre 1997 et le premier
trimestre 1996, et de 15,1 % si l'on compare les deuxièmes
trimestres. On constate des mouvements analogues pour les emplois aidés
dans le secteur non marchand (à l'exception des contrats emploi
consolidé, qui augmentent respectivement de 27,9 % et de
20,8 %, mais avec un nombre d'entrées un peu supérieur
à 20.000, qui ne compense pas la baisse du nombre de CES) ou encore pour
les actions d'insertion et de formation, qui diminuent de 20,8 % et de
10,4 %.
Cela tient à la réorientation des mesures sur les publics les
plus défavorisés, entraînant notamment un recul sensible
des embauches sous contrat initiative emploi, ou à la suppression de
dispositifs comme l'aide aux chômeurs créateurs ou repreneur
d'entreprise. L'accent mis sur des dispositifs structurels d'allégement
du coût du travail, notamment sur les bas salaires, par exemple en
favorisant l'emploi à temps partiel, explique aussi la diminution du
nombre des entrées. Malgré tout, les personnes
bénéficiant d'une mesure relevant d'un dispositif
spécifique de la politique de l'emploi représentent, en 1996,
plus de 10 % de la population active occupée (22,4 millions de
personnes).
Toutefois, la DARES estime qu'en 1996, seulement 25.000 emplois (contre 68.000
en 1995) ont été créés grâce à un
dispositif spécifique de l'emploi, mais que 48.000 chômeurs ont
été évités (après une année 1995
neutre).
La légère amélioration du marché du travail
bénéficie certes de reprise de l'activité, dont l'effet
sur l'emploi reste encore peu sensible en raison des gains de
productivité qui l'accompagnent, mais aussi d'une moindre exigence des
chômeurs pour retrouver un emploi salarié ou non salarié et
d'une hausse importante du travail à temps partiel en raison des
exonérations de charges qui y sont attachées. En mars 1997,
31 % des femmes occupaient un emploi à temps partiel et, au total,
16,6 % de la population active.
Fin septembre 1997, les demandes d'emploi de catégorie
1 (CVS) s'élevaient à 3.127.900 en diminution de 0,2 % sur
un mois et en hausse de 0,4 % sur un an. Les demandes d'emploi de
catégories 1 + 6 (activité réduite de plus
de 78 heures dans le mois, dont les fins de contrat à durée
déterminée ou de mission d'intérim) s'élevaient
à 3.561.600, en hausse de 0,7 % sur un mois et de 3,6 % sur un
an. Au sens du BIT, le taux de chômage reste à 12,5 % comme
en août 1997 et comme un an plus tôt, en septembre 1996.
Sur quelques mois, on constate donc une oscillation régulière du
nombre des demandeurs d'emploi entre 3.110.000 et 3.130.000 pour la
catégorie 1, avec un taux de chômage (BIT) de 12,5 % de
la population active.
En revanche, le nombre des demandeurs d'emploi des catégories 1 et 6,
tout en variant d'un mois sur l'autre, augmente toujours plus que la seule
catégorie 1. Cette augmentation peut être
interprétée comme la conséquence d'un recours plus
important aux contrats à durée déterminée et
à l'intérim, signe d'une reprise de l'activité
économique.
L'évolution du différentiel d'augmentation mensuel du nombre des
chômeurs d'une année sur l'autre confirme une baisse tendancielle,
depuis plusieurs mois, des inscriptions comme demandeur d'emploi.
Parmi les autres signes de l'amélioration -encore fragile- du
marché du travail, on citera la diminution du nombre de licenciements
économiques, et l'augmentation des premières entrées
(comme demandeurs d'emploi), la perception de la reprise économique
incitant à rechercher un emploi.
Cependant, l'amélioration ne touche pas de la
même manière les différentes catégories de
chômeurs. D'une façon générale, on observe que les
taux de demandes d'emploi sont plus élevés chez les jeunes (15-24
ans) et chez les femmes. Au-delà de 50 ans, les taux baissent, mais
principalement en raison des départs en préretraite.
On constate également une augmentation constante de la durée
moyenne du chômage qui dépasse désormais les 15 mois,
36,4 % des demandeurs d'emploi de catégorie 1, soit 1.145,6
millions (CVS), ayant une ancienneté dans le chômage
supérieure à un an.
Les chômeurs de longue durée ne bénéficient donc pas
non plus de la reprise.
On observe néanmoins une baisse constante depuis un an du chômage
des jeunes -en partie due sans doute au prolongement des études-,
même si le mois de septembre révèle une hausse
légèrement inférieure à 1 %. Les
emplois-jeunes devraient, du moins dans un premier temps, améliorer
sensiblement le taux d'insertion des jeunes.
Naturellement, le régime d'assurance chômage (RAC) est très
dépendant de cette conjoncture. Or, alors que l'UNEDIC, dans ses
prévisions de l'année dernière, affichait un
résultat positif (11,77 milliards de francs), on constate
aujourd'hui que le régime est déficitaire, de l'ordre de
1,4 milliard de francs en 1997, et, en prévision, de
1,5 milliard de francs en 1998.
Le résultat des comptes du régime d'assurance chômage
(En millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (p) |
1998 (p) |
|
Recettes RAC |
83.325 |
85.942 |
96.257 |
116.949 |
132.948 |
137.333 |
134.224 |
128.894 |
131.551 |
Dépenses RAC |
79.716 |
94.077 |
111.411 |
125.742 |
124.235 |
114.929 |
123.925 |
130.273 |
133.015 |
Ajustement bilan |
-590 |
-373 |
-326 |
21 |
|||||
Résultat RAC |
3.609 |
-8.725 |
-15.527 |
-9.119 |
8.734 |
22.404 |
10.299 |
-1.379 |
-1.464 |
Situation financière du RAC au 31 décembre |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
p : prévu
Cette situation négative s'explique d'une part par le
succès de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE), dont le
cumul des entrées aboutit à un engagement global brut de
dépenses d'environ 16,8 milliards de francs cette année,
soit 1,3 milliard de plus que les chiffrages précédents et
d'autre part, par la progression modérée de la masse salariale
(+ 2,9 % en 1997, + 4,1 % en 1998, contre + 3 %
en 1996) qui procure des recettes inférieures aux années
précédentes. Le surcoût de 0,6 milliard de francs du
dispositif concernant les bénéficiaires de l'allocation
chômeurs âgés (ACA) par rapport à l'allocation unique
dégressive (AUD), et le désengagement de l'Etat du financement de
l'allocation formation reclassement (AFR) de 80 % à 40 %
depuis le début de 1997, limitent les possibilités de
redressement des comptes de l'UNEDIC. Les rapporteurs rappellent d'ailleurs que
l'Etat est toujours redevable de 15 milliards de francs, qui devraient
être versés en 1999 et en 2002, ou plus tôt si la situation
du régime le nécessitait.
Bien qu'insuffisante pour faire sensiblement baisser le chômage, la
reprise économique a cependant déjà permis une reprise des
créations d'emploi, selon un processus qui devrait naturellement
s'accélérer si l'environnement économique mondial reste
stable et si la consommation des ménages peut véritablement
reprendre. Cependant, ces améliorations restent très fragiles,
d'autant que la crise financière en Asie laisse planer une menace sur
les prévisions de reprise en Europe.
PRINCIPALES ACTIONS DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
France métropolitaine
EMPLOI AIDÉ DANS LE SECTEUR MARCHAND |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
EXONÉRATIONS À L'EMBAUCHE |
||||||
Exonération pour l'embauche d'un 1er salarié : embauches |
6.048 |
4.883 |
54.026 |
51.830 |
125.000 |
130.000 |
Exonération zone de redynamisation urbaine (1er-50ème salarié) |
249 |
- |
1798 |
- |
nd |
- |
Exonération zone de redynamisation rurale (1er-50ème salarié) |
1.158 |
- |
6.419 |
- |
nd |
- |
Exonération zone franche (1er-50ème salarié) |
nd |
- |
nd |
- |
nd |
- |
Abatt. pour l'embauche à temps partiel : nbde personnes concernées |
16.566 |
16.060 |
155.827 |
147.549 |
nd |
nd |
CONTRATS EN ALTERNANCE |
||||||
Contrats d'apprentissage : nouveaux contrats enregistrés |
25.132 |
22.405 |
94.333 |
87.782 |
346.000 |
313.000 |
Contrats de qualification : nouveaux contrats visés |
8.253 |
7.130 |
56.731 |
56.470 |
115.000 |
120.000 |
Contrats d'adaptation : nouveaux contrats visés |
3.539 |
2.804 |
38.881 |
31.998 |
38.000 |
32.000 |
Contrats d'orientation : nouveaux contrats visés |
177 |
130 |
2.453 |
1.820 |
1.700 |
1.200 |
CONTRATS DE RETOUR À L'EMPLOI |
- |
- |
- |
- |
45.000 |
63.000 |
CONTRATS INITIATIVE EMPLOI |
15.261 |
24.750 |
154.643 |
244.570 |
425.000 |
350.000 |
EMPLOI AIDÉ DANS LE SECTEUR MARCHAND |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
INSERTION PAR L'ÉCONOMIQUE |
||||||
Associations intermédiaires : personnes mises à disposition |
68.735 |
65.068 |
585.096 |
540.413 |
42.226 |
40.822 |
Entreprises d'insertion : embauches sous CDD/Aide forfaitaire |
1.401 |
nd |
11.319 |
nd |
nd |
nd |
EMPLOIS FAMILIAUX |
||||||
Nombre de salariés du mois (Régime mandataire) |
117.867 |
90.256 |
862.360 |
700.705 |
nd |
nd |
Nombre de salariés du mois (Association agréées/Régime prestataire) |
104.621 |
41.603 |
639.928 |
309.627 |
nd |
nd |
AIDES À LA CRÉATION D'ENTREPRISE |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
BÉNÉFICIAIRES DES AIDES |
||||||
Aides aux chômeurs créateurs d'entreprises : bénéficiaires |
3.210 |
3.222 |
24.529 |
29.200 |
- |
- |
EMPLOI AIDÉ DANS LE SECTEUR NON MARCHAND |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
CONTRATS EMPLOIS SOLIDARITÉ, CEC, CEV |
||||||
Contrats Emploi-Solidarité : nouveaux contrats et avenants |
43.589 |
47.697 |
382.370 |
407.583 |
291.000 |
341.154 |
Contrats Emplois consolidés : nouveaux contrats et avenants |
8.542 |
7.277 |
67.682 |
55.973 |
87.000 |
70.547 |
Contrats Emplois ville : nouveaux contrats et avenants |
1.278 |
754 |
10.074 |
1.326 |
13.000 |
nd |
STAGES DE FORMATION |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
STAGES DE FORMATION ADULTES |
||||||
Stages d'insert.et de formation à l'emploi (SIFE Collec.) : entrées en stage |
10.568 |
14.730 |
78.093 |
112.063 |
31.000 |
42.500 |
Stages cadres privés d'emploi : entrées en stage |
750 |
790 |
4.255 |
4.217 |
1.400 |
1.500 |
Stages d'accès à l'entreprise : entrées en stage |
3.078 |
2.434 |
26.584 |
24.315 |
6.600 |
6.000 |
SIFE individuels : entrées en stage |
2.535 |
1.832 |
21.081 |
20.130 |
2.500 |
1.800 |
STAGES DE FORMATION JEUNES |
||||||
Total des actions de formation alternées dont : |
8.654 |
10.697 |
108.457 |
111.869 |
nd |
20.633 |
Actions des conseils régionaux (entrées en rémunération) |
8.092 |
9.387 |
98.526 |
90.694 |
nd |
15.018 |
Actions financées par l'Etat (Entrées en rémunération) |
562 |
1.241 |
9.703 |
20.730 |
nd |
5.615 |
MESURES D'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS ET PRÉRETRAITES |
Entrées
|
Entrées
|
Cumul de Janv.97
|
Cumul de Janv. 96
|
Effectifs fin
|
Effectifs fin
|
MESURES D'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS |
||||||
Conventions de conversion : premiers paiements (UNEDIC) |
11.288 |
12.036 |
97.850 |
96.855 |
64.500 |
65.800 |
PRÉRETRAITES |
||||||
Allocations spéciales du FNE : premiers paiements (UNEDIC) |
1.617 |
1.603 |
14.499 |
14.329 |
112.460 |
135.429 |
Préretraite progressive : premiers paiements (UNEDIC) |
973 |
1.327 |
13.473 |
15.673 |
54.444 |
52.622 |
Dispensés de recherche d'emploi indemnisés (UNEDIC) |
- |
- |
- |
- |
266.667 |
269.096 |
V. DES ORIENTATIONS HASARDEUSES
Il ressort des considérations exposées ci-dessus
que si les prévisions de croissance et leurs effets sur le marché
du travail sont plutôt bien orientées, autorisant un optimisme
très modéré en ce qui concerne les perspectives de
l'emploi, leur fragilité est telle que peu de choses suffirait à
les faire basculer.
Vos rapporteurs se doivent de rappeler en effet que les
prélèvements obligatoires représentent 45,5 % du PIB,
contre une moyenne européenne de 42 %, et que les
prélèvements sur les entreprises ont représenté en
1995, 19,5 %, le plus haut niveau d'Europe auprès la Suède.
La consolidation de l'amélioration passe donc par un allégement
des prélèvements obligatoires et, pour ce qui concerne plus
directement la politique de l'emploi, par un allégement des charges
pesant sur les entreprises.
Cet allégement de charges a été mis en oeuvre depuis 1993,
de façon structurelle et en y adjoignant une plus grande
flexibilité du travail, par les gouvernements de MM. Balladur et
Juppé, qui préparaient ainsi les améliorations du
marché du travail constatées aujourd'hui.
Un autre facteur d'amélioration du marché du travail a
été la forte augmentation du temps partiel, encouragé par
les exonérations de charges sociales et la simplicité de leur
calcul.
Or, plusieurs mesures du projet de loi de finances vont à l'encontre de
ces facteurs favorables. Il y a tout d'abord les mesures prioritaires que sont
l'abaissement du temps de travail à 35 heures et les
emplois-jeunes. Mais ensuite, le financement de ces dispositifs, coûteux,
ont conduit sur le plan budgétaire, à procéder à
des redéploiements et à adopter des mesures de rationalisation,
politique parfaitement admissible sur le principe, mais qui apparaît ici
soit insuffisante, soit contestable.
A. DES MESURES PRIORITAIRES TROMPEUSES
Nul ne peut nier que le fort taux de chômage
nécessite de rechercher les moyens de le réduire. Personne non
plus ne conteste que la situation des jeunes sur le marché du travail
impose de rechercher des solutions d'insertion efficaces. Cependant, les
réponses apportées ne doivent pas être pires que le mal.
Or, le Gouvernement vient de s'engager dans deux voies qui, à des
degrés divers, tout en répondant à des attentes
-légitimes ou utopiques-, risquent de se retourner contre leurs
bénéficiaires : en cela, elles sont trompeuses.
Il s'agit d'une part des 35 heures, réponse politique aux
difficultés de l'emploi par le partage du travail, et d'autre part des
emplois-jeunes, réponse lourde de problèmes repoussés
à plus tard à une véritable angoisse sociale.
1. Les 35 heures : un pari risqué
La loi de Robien, en réécrivant l'article 39 de
la loi quinquennale du 13 décembre 1993, a ouvert la voie : elle
propose, sous forme d'exonérations des charges patronales de 40 ou
50 % la première année et de 30 ou 40 % les six
années suivantes, une aide à la réduction du temps de
travail (de 10 ou 15 %) en contrepartie d'embauches (de 10 ou 15 %
des effectifs) ; ces emplois nouveaux doivent être maintenus au minimum
pendant deux ans ; dans le cadre de plans sociaux, la contrepartie consiste
à maintenir l'emploi pendant une durée fixée par
convention.
Votre commission, bien que réservée sur certaines
modalités de ce dispositif en raison de son coût pour la
collectivité, s'était prononcée pour l'adoption de la loi,
d'ailleurs résultat d'un compromis entre les deux assemblées.
Elle ne peut donc être suspectée de fortes réticences
à l'égard de l'abaissement de la durée du travail et d'un
certain partage. En outre, elle ne peut que se féliciter de deux
conséquences indirectes de la loi, à savoir, la modernisation et
la réorganisation de l'outil de travail qui ont accompagné la
mise en place du dispositif et la relance du dialogue social au sein de
l'entreprise que cela a entraîné.
Début octobre, 1.000 accords avaient été
signés, témoignant de l'intérêt des entreprises
-essentiellement les petites et moyennes-, pour ce dispositif, pour lequel sont
inscrits en 1998 2.138,92 millions de francs, contre 815,4 en 1997
(Agrégat II - Participation de l'Etat à la formation et à
l'adaptation des ressources en main d'oeuvre des entreprises).
Toutefois, les études
6(
*
)
confiées
à des consultants privés ont souligné le danger potentiel
de la sortie du dispositif au bout des sept ans, qui se traduirait pour les
entreprises par un surcoût salarial de 6 % susceptible
d'entraîner un " choc inflationniste ". Il s'agit cependant
d'un dispositif conventionnel, non obligatoire.
Tout autre, en revanche, est le dispositif d'abaissement à
35 heures de la durée légale du travail annoncé lors
de la conférence nationale sur l'emploi du 10 octobre 1997.
Une loi d'orientation et d'incitation (LOI) fixera l'objectif de la
durée légale à 35 heures au 1er janvier 2000 pour les
entreprises de plus de 10 salariés (peut-être de 20,
après concertation avec les partenaires sociaux).
Une seconde loi, votée au cours du deuxième semestre 1999,
devrait fixer le régime des heures supplémentaires, dont le point
de départ sera la 36ème heure.
La loi d'orientation et d'incitation, présentée en 1998, sera
essentiellement incitative : il s'agira pour les entreprises et les branches de
négocier la réduction du temps de travail de façon
à l'adapter à leur situation, en recourant aux modalités
d'aménagement du temps de travail déjà prévues par
le code du travail et en tenant compte de ses incidences sur l'évolution
des rémunérations ainsi que sur les créations d'emplois
qui pourraient être obtenues.
La loi d'orientation et d'incitation devrait aussi limiter l'usage
systématique et permanent d'heures supplémentaires
pratiqué par certaines entreprises, et revoir la définition des
contrats de travail à temps partiel ouvrant droit à l'abattement
de 30 % (de 16 à 30 heures au lieu de 16 à
32 heures)
7(
*
)
ainsi que les conditions de
recours aux heures complémentaires (une négociation de branche
sera nécessaire au-delà d'un certain seuil) et aux interruptions
de la journée de travail.
Un dispositif financier d'incitation et d'accompagnement
bénéficiera aux entreprises qui anticiperont, sous certaines
conditions, le passage aux 35 heures. L'aide consistera en un abattement
forfaitaire des cotisations sociales employeur et sera accordée aux
entreprises ou établissements qui réduiront leur durée du
travail d'au moins 10 % en accroissant leurs effectifs d'au moins 6 %
dans l'année suivant la réduction d'horaire. Elle aura une
durée de cinq ans et sera dégressive. Le dispositif, qui suppose
un accord d'entreprise et la signature d'une convention avec l'Etat, sera
ouvert pendant deux ans. L'aide sera de 9.000 francs pour les premiers
douze mois, puis diminuera ensuite de 1.000 francs chaque année pour
atteindre 5.000 francs à son terme. Elle concernera les entreprises
qui entreront dans le dispositif en 1998. Pour celles qui y entreront au
premier semestre 1999, elle sera de 8.000 francs pour les douze premiers
mois et décroîtra ensuite pour rester à 5.000 francs
pendant deux ans. L'aide pourra être majorée en cas d'accord
innovant, d'embauches plus nombreuses ou d'embauches de jeunes
(1.000 francs), ou si la réduction d'horaire atteint au moins
15 % et que l'entreprise s'engage à augmenter ses effectifs d'au
moins 9 % (4.000 francs supplémentaires par an et par
salarié).
Un dispositif analogue, mais non automatique, sera mis en place pour les
entreprises engagées dans une procédure collective de
licenciements économiques qui, comme la loi de Robien,
préserveraient des emplois par une réduction du temps de travail.
La loi de Robien serait supprimée, mais les conventions en vigueur
continueraient à s'appliquer jusqu'à leur terme.
Un bilan de l'application de la loi d'orientation et d'incitation serait
dressé à l'automne 1999 en vue de préparer la baisse de la
durée légale et prévoir éventuellement une aide
structurelle pour les entreprises que l'abaissement de la durée du
travail à 35 heures risquerait de mettre en difficulté.
Les aides attribuables aux entreprises qui réduisent
leur durée du travail en 1998
Caractéristiques de la réduction |
Montant de l'aide |
||||
d'horaires |
1ère année |
2ème année |
3ème année |
4ème année |
5ème année |
Système de base |
|||||
Réduction d'au moins 10 % avec 6 % d'augmentation des effectifs |
9.000 F |
8.000 F |
7.000 F |
6.000 F |
5.000 F |
Réduction d'au moins 15 % avec 9 % d'augmentation des effectifs |
13.000 F |
12.000 F |
11.000 F |
10.000 F |
9.000 F |
Système pour entreprises plus innovantes |
|||||
Réduction d'au moins 10 % avec augmentation supérieure des effectifs ou embauche prioritaire de jeunes ou modalités innovantes d'organisation du travail |
10.000 F |
9.000 F |
8.000 F |
7.000 F |
6.000 F |
Réduction d'au moins 15 % avec augmentation supérieure des effectifs ou embauche prioritaire de jeunes ou modalités innovantes d'organisation du travail |
14.000 F |
13.000 F |
12.000 F |
11.000 F |
10.000 F |
Trois millions de francs seraient inscrits au budget des
charges communes, dans le chapitre 44-75 (mesures exceptionnelles en faveur de
l'emploi et de la formation professionnelle), inclus dans les 43 milliards de
francs destinés à compenser les exonérations de charges
sociales sur les bas salaires. Le moins que l'on puisse dire est que cette
affectation de crédits ne saute pas aux yeux à la lecture du seul
" bleu budgétaire ". Les trois milliards devraient
accompagner
le passage aux 35 heures de 1,4 million de salariés. Le chiffre de
42.000 emplois créés a aussi été
avancé, la réduction de la durée du travail se
répartissant en 3 % de gain de productivité et 7 % de
création d'emplois.
Ce dispositif moins ambitieux en terme de création d'emplois et
proportionnellement moins lourd en termes financiers, s'inspire largement de la
loi de Robien. Mais il se démarque sur deux points fondamentaux : il
s'appuie sur une obligation légale
8(
*
)
-les 35 heures- qui place l'entreprise dans une situation de négocier
sous la contrainte, et il postule que la réduction de la durée du
travail se fera sans perte de salaire
9(
*
)
.
Aussi, même s'il a été dit par le Gouvernement que la
réduction du temps de travail ne sera créatrice d'emploi
qu'à la condition de ne pas porter atteinte à la
compétitivité des entreprises, il paraît évident
qu'un tel mécanisme contraignant -dans un contexte européen et
même mondial qui est loin de partager cette idée de partage du
travail- ne peut qu'alourdir les charges pesant sur les entreprises. Le
Gouvernement en est conscient puisqu'il a prévu que la loi ne
s'appliquera aux entreprises de moins de dix salariés qu'au
1
er
janvier 2002, ce qui, par parenthèse, crée une
discrimination légale entre les salariés. La période
transitoire va en outre créer un climat psychologique d'incertitude et
d'inquiétude chez les chefs d'entreprises qui risque d'avoir très
rapidement des conséquences néfastes en terme d'embauche et
même d'investissement. Les effets négatifs se font d'ailleurs
déjà sentir avec le blocage des négociations par le
patronat, à l'exception de celles qui portent sur l'emploi des jeunes.
D'après une grande branche professionnelle, le surcoût horaire de
l'abaissement du temps de travail à 35 heures serait de 11,4 %
ou cinq semaines de congés payés. Par ailleurs, les effets
indirects de cette nouvelle durée légale sont loin d'avoir tous
été évalués. Ainsi en est-il du chômage
partiel : déjà de nombreuses entreprises ne travaillent que 28
à 30 heures par semaine. Si l'aide au chômage partiel devait
disparaître, la seule variable d'ajustement serait les effectifs et l'on
assisterait alors à de nouvelles vagues de licenciements...
D'une façon générale, les 35 heures obligatoires,
même assorties d'une période de transition aidée,
handicaperont gravement les entreprises au moment où la croissance
repart à la hausse et où le chômage pourrait,
d'après la plupart des instituts de conjoncture, connaître une
baisse qui, même si elle restait limitée, marquerait un
véritable tournant. Or, le contexte international favorable à la
croissance française, car il tire les exportations, reste fragile :
notre excédent commercial avec les Etats-Unis, mal accepté par
eux, et la crise financière asiatique peuvent à tout moment venir
la freiner. Déjà, des instituts de conjoncture révisent
à la baisse leurs prévisons de croissance. Dans ces conditions,
les chefs d'entreprise hésiteront à sauter le pas des
35 heures négociées et pourront préférer jouer
l'attentisme, au détriment de l'emploi.
De plus, aux charges nouvelles ainsi imposées aux entreprises vont
s'ajouter une augmentation des prélèvements obligatoires sur
l'ensemble des acteurs économiques et un début de remise en cause
de la politique d'allégement du coût du travail assorti d'une
menace sur l'investissement des entreprises.
2. Les emplois-jeunes : satisfactions immédiates, lourdes menaces pour l'avenir
L'expression emplois-jeunes par laquelle on désigne
habituellement les nouveaux contrats de travail proposés aux jeunes par
la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 révèle bien
que l'objet de cette mesure est moins de créer des activités
nouvelles que d'offrir aux jeunes des perspectives d'emploi dans l'espoir de
faire baisser le taux de chômage des 16-25 ans au-delà de
l'évolution spontanée constatée depuis un an (depuis
l'automne 1996, le taux de chômage des jeunes est passé de
25,7 % à 24,7 %) ; la mesure a aussi pour objectif d'inciter
les jeunes à s'insérer dans le monde du travail sans s'engager
dans la voie vaine de la surenchère des qualifications et des
diplômes. Tout ceci explique le succès de la mesure, des dizaines
de milliers de jeunes s'étant précipités aux portes de
l'éducation nationale ou des mairies.
Dans ces conditions, il était hors de question de s'opposer à un
tel dispositif. Pour autant, votre commission ne pouvait pas ne pas relever les
incohérences et les dangers du projet, ne serait-ce que pour tenter de
les corriger.
Il n'est pas dans les propos de vos rapporteurs de rouvrir un débat qui
a déjà eu lieu de façon approfondie en commission comme en
séance publique. Néanmoins, la traduction budgétaire de la
mise en oeuvre des emplois-jeunes montre explicitement que les
inquiétudes de notre Haute Assemblée n'étaient pas vaines.
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
IV - Actions de l'Etat en faveur des publics prioritaires |
63.810,34 |
68.079,38 |
6,7 |
A - Insertion professionnelle des jeunes |
17.663,98 |
25.216,37 |
42,8 |
a/ Insertion des jeunes non qualifiés |
5.053,25 |
5.077,02 |
0,5 |
... |
|||
b/ Formation en alternance |
12.610,73 |
12.089,35 |
- 4,1 |
... |
|||
c/ Nouvelles activités (emplois-jeunes) |
0,00 |
8.050,00 |
0,0 |
B - Actions en faveur des demandeurs d'emploi |
40.319,82 |
37.149,12 |
- 7,9 |
... |
|||
C - Dispositifs spécifiques |
5.826,54 |
5.713,89 |
- 1,9 |
... |
Sur les 350.000 emplois prévus en cinq ans, 50.000
auront été créés en 1997 et 100.000 en 1998.
8.350 millions de francs sont inscrits au budget 1998 dont 300 millions de
francs transférés au budget des DOM-TOM et 250 millions de
francs destinés à financer l'accompagnement des projets.
2 milliards de francs avaient été ouverts par le
décret d'avance du 9 juillet 1997, ce qui fait un total, pour les
150.000 emplois-jeunes créés au cours de ces deux
années, d'un peu plus de 10 milliards de francs. Chaque emploi
bénéficiera donc d'une aide de l'Etat (du ministère de
l'emploi) de 92.000 francs, le solde étant à la charge de
l'employeur (Etat ou collectivités locales, associations,
établissements publics...).
En 1998, ces crédits (8.050 millions de francs) sont inscrits au
chapitre 44-01 du ministère de l'emploi. Il s'agit de crédits
à répartir. Ce qui signifie que les emplois de l'éducation
nationale (40.000 créés en 1997 et
35.000 créés pour la rentrée 1998) et les emplois
d'adjoints de sécurité (20.000 contrats de
droit
public
créés par le ministère de
l'intérieur
10(
*
)
) émargeront
à hauteur de 80 % du SMIC sur ces 8.050 milliards de francs.
Autrement dit, si l'on retire des 150.000 emplois prévus à
fin 1998 les 95.000 emplois créés par l'éducation
nationale et l'intérieur, auxquels il faut ajouter les emplois
prévus par d'autres ministères (la justice notamment), il reste
à peine 50.000 emplois pour générer des
activités nouvelles
11(
*
)
.
Il apparaît donc à l'évidence que, pour au moins
48.250
12(
*
)
, ces emplois correspondent à
des emplois publics pour lesquels les entorses aux règles des fonctions
publiques et au droit budgétaire
13(
*
)
sont nombreuses. A eux seuls, ils bénéficient de
4.059 millions de francs sur les 8.050 millions de francs inscrits.
Il reste donc moins de 4 milliards de francs pour les emplois-jeunes
classiques, et encore moins pour la création d'activités
nouvelles puisque 35.000 sont des emplois éducation nationale.
Nous sommes donc loin de la pépinière d'activités
nouvelles annoncée par le ministère de l'emploi et que le
Sénat avait accepté en souhaitant clairement séparer les
emplois susceptibles d'évoluer vers des emplois de service relevant du
secteur privé et les emplois relevant à l'évidence de la
sphère publique.
Or, ces emplois ne peuvent qu'entraîner à terme de graves
difficultés : quant à leur pérennisation d'abord car
il faudra les intégrer par le biais de concours aménagés
ne garantissant pas nécessairement une formation adaptée (par
exemple pour remplacer les nombreux enseignants qui partiront en retraite dans
les années à venir) ; quant à leur financement ensuite,
car, inéluctablement, cela se traduira pas des
prélèvements supplémentaires qui contribueront un peu plus
à asphyxier l'économie. Les mêmes causes produiront les
mêmes effets avec les emplois qui resteront au terme des cinq ans
à la charge des collectivités locales. D'une façon
générale, si ces emplois subventionnés auront un effet
statistique et politique immédiat, à terme, ils ne peuvent que
desservir l'emploi, l'ordre de la file d'attente ayant été
changé pendant cinq ans.
Cette incidence négative sur la croissance et l'emploi va commencer
à se faire sentir dès cette année. Pour subventionner ces
emplois et pour financer l'incitation au passage aux 35 heures, le Gouvernement
a d'ores et déjà dû procéder à des
redéploiements et à des mesures d'économie. Or, les choix
opérés sont contestables en ce qu'ils pénalisent une
nouvelle fois les entreprises et l'emploi en remettant en cause des dispositifs
favorables à l'embauche et à la formation
B. DES REDÉPLOIEMENTS CONTESTABLES
La ministre de l'emploi et de la solidarité, lors de
son audition devant la commission, avait indiqué que le financement des
mesures nouvelles serait assuré par la solidarité
gouvernementale, les réductions de crédits imposées
à d'autres ministères, et par des redéploiements internes.
Votre commission ne pouvait qu'approuver une telle démarche dont on peut
penser qu'elle s'inscrit dans la perspective d'un allégement des
prélèvements opérés sur le pays.
Malheureusement, la lecture du bleu budgétaire et des articles du projet
de loi de finances montre qu'il n'en est rien, puisque le dispositif retenu
fait supporter le poids des économies ainsi réalisées aux
entreprises.
(En millions de francs)
LFI 1997 |
PLF 1998 |
% |
|
V - ALLEGEMENT DU COUT DU TRAVAIL |
42.810,87 |
43.865,00 |
2,5 |
A - 1er/50ème salarié (Chapitre 44-78) |
764,54 |
350,00 |
- 54,2 |
B - Zones franches |
725,43 |
350,00 |
- 51,2 |
C - Associations |
91,04 |
0,00 |
- 100,0 |
D - Autres exonérations |
0,00 |
160,00 |
0,0 |
E - Exonération des cotisations familiales (BCC) |
175,00 |
527,00 |
201,1 |
F - Ristourne dégressive de cotisations sociales (BCC) |
40.349,96 |
41.773,00 |
3,5 |
G - Fonds DOM (BCC) |
704,90 |
705,00 |
0,0 |
1. La réduction de l'allégement de charges sociales sur les bas salaires
L'année dernière, votre commission se
félicitait de l'orientation structurelle que prenait la politique
d'allégement du coût du travail sans contreparties
spécifiques. Elle lui paraissait, en effet, seule de nature à
favoriser l'emploi. Ainsi, de la ristourne dégressive jusqu'à
1,33 SMIC était attendue la création ou la préservation de
50.000 à 200.000 emplois.
Malheureusement, cette politique est aujourd'hui remise en cause, sous
prétexte qu'elle ne suscite pas suffisamment de créations
d'emploi, comme si l'emploi se décrétait. Or, l'efficacité
de ces mesures d'allégement n'a véritablement d'effet que si ce
qui est accordé d'un côté n'est pas repris de l'autre et si
un climat de confiance en l'avenir règne. Force est de constater qu'il
n'en est rien. Les mesures ne succèdent qui viennent handicaper les
entreprises et inquiéter les chefs d'entreprise qui, dès lors,
préfèrent reporter leurs décisions d'embauche ou
d'investissement : contribution exceptionnelle de 10 % de l'impôt
sur les sociétés, transfert massif des cotisations d'assurances
maladie sur la CSG avec pour conséquence une taxation de
l'épargne pénalisante pour les investissements...
Or, le projet de budget pour 1998 vient accentuer ces dysfonctionnements par un
certain illogisme des dispositifs, facteurs de complication, et par un
alourdissement des charges des entreprises.
Au titre de l'illogisme, vos rapporteurs citeront l'institution d'un
crédit d'impôt pour création d'emploi (l'article 52 du
projet de loi de finances). Ce crédit d'impôt, dont le coût
est évalué à 3 milliards de francs, vise à
favoriser les entreprises qui créent des emplois (10.000 francs par
emploi créé en 1998, 1999 et 2000), et sera imputé sur la
contribution exceptionnel de 10 % de l'impôt sur les
sociétés : on rend ainsi chichement une partie de ce qui a
été prélevé quelques mois plus tôt. Pour
créer des emplois, n'aurait-il pas été
préférable de laisser les entreprises investir et se
développer au lieu de les inquiéter et de les stopper dans leurs
projets ?
Au titre de l'alourdissement des charges, vos rapporteurs citeront d'abord
l'abaissement du seuil d'exonération des bas salaires qui passera de
1,33 SMIC à 1,30 SMIC, ainsi que les mesures qui l'accompagnent :
cela se traduira par une charge supplémentaire pour les entreprises de
2,5 milliards de francs. Pour un salaire au SMIC, l'allégement sera
de 1.210 francs, soit 12,6 % du coût du travail (13 % en
1997), mais cette somme constituera désormais un plafond et ne sera plus
revalorisé avec le SMIC. Autrement dit, chaque hausse du SMIC
réduira proportionnellement l'allégement. Le nombre de
salariés concernés -environ 6 millions aujourd'hui- pourrait
donc diminuer. Ce plafonnement sera mis en oeuvre par décret.
A cette mesure s'ajoute la remise en cause des allégements de charges
dont bénéficie le temps partiel, qui sera examinée plus
loin.
Ces différentes modifications résultent de l'article 65
14(
*
)
du projet de loi de finances qui,
parallèlement, pérennise le dispositif de ristourne
dégressive fusionné avec l'abattement famille qui devait prendre
fin au 31 décembre 1997.
Les allégements de charges sociales sont donc recentrés sur les
bas salaires.
40 milliards de francs sont inscrits en 1998 au budget des charges
communes au titre de la ristourne dégressive, contre 40,3 milliards de
francs en 1997. Si la mesure avait été reconduite à
législation inchangée, les crédits nécessaires
auraient été de près de 47 milliards de francs.
Trois autres actions, inscrites au chapitre 44-78 du budget emploi, voient
leurs crédits d'exonération réduits ou supprimés.
Elles concernent des allégements de charges sociales dans certaines
zones prioritaires.
Il s'agit de l'exonération à l'embauche du 2e au 50e
salarié dans les zones de revitalisation rurale et de redynamisation
urbaine, instituée par la loi du 4 février 1995 modifiée
par la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la
ville (- 54,2 % à 350 millions de francs) et de
l'exonération de cotisations patronales de sécurité
sociale au titre des cinquante premiers salariés des entreprises
situées dans les zones franches urbaines du pacte de relance pour la
ville (- 51,8 % à 350 millions de francs). D'après la
ministre, ces diminutions de crédits ne sont que des ajustements aux
besoins constatés : 4.200 entrées au 1er semestre 1997 pour la
première mesure, 8.900 salariés concernés pour la seconde.
La suppression de crédits concerne la compensation par l'Etat de
l'exonération des associations pour l'embauche d'un premier
salarié, au titre de l'article 9 de la loi du 24 juin 1996 portant
diverses mesures en faveur des associations. Cette mesure, comme pour le cas
général de l'embauche d'un premier salarié, n'a pas
à être compensée (suppression d'un crédit de
91 millions de francs non utilisé en 1997).
Exonérations de cotisations sociales liées aux mesures emploi
(En milliards de francs)
1994 |
1995 |
1996 |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
|
Exonérations compensées |
18,9 |
29,0 |
52,7 |
62,1 |
59,5 |
Exonérations non compensées |
12,8 |
14,6 |
15,0 |
15,7 |
16,0 |
Total |
31,7 |
43,6 |
67,7 |
77,8 |
75,5 |
Les exonérations non compensées pour 1997 et 1998 sont prévisionnelles.
Exonérations de cotisations sociales compensées
(En milliards de francs)
LFI 97 |
PJLF 98 |
|
Réduction de charges sociales sur les bas salaires |
40,3 |
41,8 |
Contrat initiative-emploi |
10,79 |
6,0 |
Apprentissage |
4,2 |
4,9 |
Contrat de qualification |
2,8 |
2,1 |
Exonérations de cotisations sociales non compensées
(En milliards de francs)
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (prév.) |
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
4,4 |
4,8 |
4,5 |
3,9 |
Contrats emploi consolidé |
0,1 |
0,4 |
0,8 |
1,3 |
Embauche 1er, 2ème et 3ème salariés |
2,8 |
2,9 |
2,8 |
2,8 |
Temps partiel |
1,3 |
0,9 |
1,1 |
2,5 |
Divers* |
0,8 |
1,2 |
1,2 |
1,2 |
Sous-total |
9,4 |
10,2 |
10,4 |
11,7 |
Emplois familiaux |
3,4 |
4,1 |
4,4 |
4,0 |
Total |
12,8 |
14,3 |
14,8 |
15,7 |
Source : ACOSS et Direction de la sécurité
sociale
* contrat local d'orientation, contrat d'insertion, Rmistes, cumul temps
partiel-allégement allocations familiales, exo jeunes.
En revanche, une mesure d'exonération voit sa dotation augmenter :
527 millions de francs au lieu de 175 millions de francs sont
inscrits au titre de l'abattement famille dans les zones de revitalisation
rurale, et une autre reste au même niveau : 705 millions de francs
pour l'exonération de cotisations sociales dans les départements
d'outre mer (application de la loi Perben) : 30.000 personnes sont
concernées par ce dernier dispositif.
Figure également un crédit de 160 millions de francs
(chapitre 44-78 art. 85) intitulé " autres
exonérations " dont on ne sait rien et qui n'apparaît pas
dans la nomenclature
15(
*
)
.
Il convient également de citer une autre disposition adoptée par
l'Assemblée nationale sur un amendement du Gouvernement (art. 65 ter).
Elle vise à pallier l'abandon du plan textile, jugé contraire au
droit européen par la commission de Bruxelles. Elle prévoit que
les petites entreprises du secteur du textile-habillement-cuir-chaussure,
continueront à bénéficier d'allégements de charges
sociales "
dans la limite d'un plafond de 650.000 francs
s'appliquant,
pour chaque entreprise et sur une période de trois ans s'achevant le
31 décembre 1998 au plus tard, au cumul de l'avantage qu'il
procure et des autres aides publiques reçues pendant cette même
période
".
Le coût de cette mesure, 500 millions de francs, sera supporté une
nouvelle fois par l'AGEFAL, à hauteur de 100 millions de francs, et
par les jeunes apprentis à hauteur de 400 millions de francs ;
l'Etat, en effet n'a plus à compenser l'exonération de charges
sociales salariales prévue par l'article 18 de la loi du 23 juillet
1987, puisque ces cotisations sont basculées sur la CSG, dont les
apprentis ne sont pas exonérés. L'alternance est donc une
nouvelle fois appelée à contribuer...
2. Le réexamen des incitations au temps partiel
Le travail à temps partiel ouvre droit, pour
l'employeur, à deux dispositifs d'allégement de charges sociales
: un premier allégement, de 30 %, pour tout nouvel emploi ou pour
toute transformation d'emploi accompagnée d'embauches compensatoires
afin de maintenir le volume global des heures de travail (art. L. 322-12 du
code du travail inséré par la loi du 31 décembre 1992), et
la ristourne dégressive sur les bas salaires pour les salaires
inférieurs à 1,33 SMIC mensuel.
C'est cette dernière disposition, très favorable au temps
partiel, qui est aujourd'hui remise en cause par l'article 65 du projet de loi
de finances et dont le Gouvernement attend une économie de 4 milliards
de francs (BCC, chapitre 44-75).
Depuis la loi de finances pour 1996, la ristourne dégressive n'est plus
proratisée au nombre d'heures effectuées dans le mois : elle
s'applique aux rémunérations inférieures à 1,33
SMIC même si ces rémunérations sont très
supérieures au SMIC horaire ; ce dispositif avait été
adopté afin de simplifier le mode de calcul de l'exonération
(cela évite notamment les sorties périodiques du dispositif en
cas d'augmentation temporaire d'horaire dans le cadre d'une annualisation), et
de favoriser le temps partiel jugé très propice aux
créations d'emploi.
Vos rapporteurs ne contesteront pas le fait que les incitations au temps
partiel peuvent constituer des effets d'aubaine et contribuer à la
dégradation des conditions de travail de nombreux salariés. Mais
la ristourne dégressive n'est pas seule en cause et sa proratisation
aura pour conséquence de compliquer la gestion du temps partiel. En
outre, dans une conjoncture difficile pour l'emploi, il n'était
peut-être pas opportun de commencer par cette mesure : le temps partiel
contribue très largement à la baisse du chômage.
3. Les suppressions ou les réductions d'aides à la création d'emploi et d'activité
Le projet de loi de finances pour 1998 contient deux autres mesures qui risquent d'avoir des incidences défavorables sur les créations d'emploi et d'activité et, indirectement, sur les régimes de protection sociale, y compris le régime d'assurance chômage. Il s'agit de l'abaissement du plafond de la réduction d'impôt au titre des emplois familiaux et de l'exonération de charges sociales accordées aux travailleurs indépendants qui créent ou reprennent une activité.
a) La réduction de l'aide aux emplois familiaux
Cette disposition n'est pas rattachée au budget de
l'emploi, mais figure à l'article 10 du projet de loi de finances pour
1998. Mais ses incidences sur l'emploi ne sont pas négligeables et
à ce titre, vos rapporteurs se devaient de la mentionner dans le
présent avis.
L'aide fiscale en faveur des emplois familiaux a été mise en
oeuvre en 1992. Elle permettait de déduire de l'impôt sur le
revenu 50 % des dépenses dans la limite d'un plafond de
25.000 francs, porté en 1995 à 90.000 francs. La
réduction d'impôt peut donc aller jusqu'à
45.000 francs. Les personnes de plus de 70 ans peuvent cumuler cet
avantage avec l'exonération de charges sociales dont elles
bénéficient depuis 1987. En outre, depuis la loi du 29 janvier
1996, les employeurs peuvent verser à leurs salariés, pour leurs
emplois familiaux, une aide dans la limite de 12.000 francs par an. Enfin,
le chèque emploi-service, mis en place en décembre 1994, a
très largement favorisé les embauches en simplifiant
considérablement les formalités administratives
16(
*
)
.
D'après l'INSEE, les services familiaux représentent environ
700.000 emplois en équivalent plein temps et une dépense des
ménages de 45 milliards de francs. L'offre de service se
répartit en offre de personnes physiques salariées (85 %),
offre associative (15 %) et offre d'entreprise. La première est la
plus importante et sera la plus touchée par la remise en cause de la
réduction d'impôt.
Une étude de l'institution de retraite complémentaire des
employés de maison (IRCEM) a mis en évidence l'impact sur
l'emploi des mesures prises en 1992, 1994 et 1995 : une augmentation annuelle
de 57.700 nouveaux emplois en moyenne (au lieu d'une fluctuation entre
+ 2 et - 2 % au cours des six années
précédentes), une professionnalisation accrue et un versement
proportionnel de cotisations de sécurité sociale, de
chômage et de retraite complémentaire. Au total, l'effectif moyen
par trimestre des salariés est estimé à 829.930 en 1996
(+ 85 % entre 1986 et 1996) et celui des employeurs à 1.438.764 en
1996 et 1.582.640 en 1997 (+ 294 % entre 1986 et 1997).
Source : ACOSS et IRCEM
Il apparaît ainsi qu'une baisse du prix du travail domestique d'environ
50 % (constatée entre 1991 et 1996) a entraîné une
augmentation de l'emploi de 65 %
17(
*
)
.
L'augmentation du coût de ces emplois à la suite de la remise en
cause de la réduction d'impôt aura donc, à l'inverse, un
effet destructeur " massif ", selon l'expression utilisée
dans
l'étude, des emplois déclarés. Les conséquences en
termes de cotisations sociales, de chômage et de travail clandestin n'ont
pas été évaluées.
Cette mesure intervient en outre au moment où les entreprises commencent
à mettre en place l'aide spécifique prévue par la loi de
1996 et dont les effets sont évalués par cette étude
à 50.000 emplois sur cinq ans. La synergie escomptée en termes de
créations d'emplois ne pourra donc avoir lieu.
Là encore, le projet de loi joue contre l'emploi et cette mesure, se
conjuguant avec la réduction de l'AGED, prend pour cible la famille,
première structure concernée par les emplois familiaux.
b) La suppression de l'exonération de charges sociales en faveur des travailleurs indépendants créant ou reprenant une activité
L'article 66 du projet de loi de finances supprime à
compter du 1er janvier 1998, l'exonération de cotisation
d'assurance maladie maternité des travailleurs indépendants d'une
durée de vingt-quatre mois, instituée par la loi n° 94-126
du 11 février 1994 relative à l'initiative et à
l'entreprise individuelle (loi " Madelin ") dont le taux
avait
été fixé à 30 % par un décret du 31
août 1994. Le dispositif continuera à s'appliquer aux
bénéficiaires actuels.
En conséquence, de 400 millions de francs en 1997, les
crédits destinés à compenser l'exonération passent
à 257 millions de francs, soit une baisse de 35,8 %.
Le désengagement de l'Etat est justifié, selon l'exposé
des motifs de l'article, par le fait que l'aide n'aurait pas donné les
résultats attendus et, d'après la ministre en commission, parce
que cette mesure génère des effets d'aubaine, certains employeurs
poussant leurs salariés à adopter le statut de travailleurs
indépendants.
Quoiqu'il en soit, il paraît illogique au moment où l'on cherche
à susciter de nouvelles activités, notamment dans le cadre des
emplois-jeunes, de supprimer un dispositif qui permettait à des
travailleurs expérimentés d'éviter de succomber sous le
poids des charges sociales alors que leur activité est encore fragile.
En outre, vos rapporteurs observent que ces sommes sont sans commune mesure
avec le coût des emplois-jeunes. Les activités
créées dans ce cadre n'ont en outre pas le caractère
artificiel de ces derniers et à ce titre ont beaucoup plus de chances
d'être pérennisées.
En conclusion, votre commission ne peut que constater que les mesures
prioritaires du Gouvernement -les emplois-jeunes et les 35 heures-, seront
financées par des prélèvements sur les entreprises et
risquent de contribuer à détruire des emplois ; elles contribuent
dès maintenant à inquiéter les chefs d'entreprises qui
repousseront à des temps meilleurs tout projet d'embauche.
C. UN EFFORT DE RATIONALISATION INSUFFISANT OU MAL ENGAGÉ
Cette partie du rapport pour avis regroupe plusieurs agrégats ou parties d'agrégats qui évoluent en hausse ou en baisse, mais qui tous font, ou devraient faire, l'objet d'un réexamen ou de redéploiements concertés. Or, certaines réformes restent inachevées -dans le cadre de la formation professionnelle par exemple-, ou sont conduites en dehors de toute concertation avec les parties intéressées -ainsi en est-il des préretraites-, ce qui met les catégories bénéficiaires de ces dispositifs en situation difficile.
1. La formation professionnelle
Les priorités pour 1997 de la politique de formation
professionnelle étaient l'insertion et l'emploi des jeunes,
l'amélioration de la transparence et de l'efficacité du
financement de la formation professionnelle et, pour mettre en oeuvre cette
politique, un regroupement des moyens par la création de la direction
générale de l'emploi et de la formation professionnelle.
Les crédits consacrés à la formation professionnelle en
1998 sont répartis en trois masses dont la relative stabilité
témoigne apparemment de la continuité dans l'appréciation
gouvernementale du caractère prioritaire de ce chapitre : on y
retrouve l'insertion professionnelle des jeunes avec, en premier lieu, les
formations en alternance, la participation de l'Etat à la formation et
à l'adaptation des ressources en main d'oeuvre des entreprises et la
subvention versée à l'Association pour la formation
professionnelle des adultes, ce point étant traité dans la partie
de l'avis consacrée à la gestion de la politique de l'emploi. A
ces trois grandes masses s'ajoutent les crédits consacrés au
programme " chômeurs de longue durée " qui relève
tout autant de la formation que des dispositifs d'insertion.
Au total, ce sont près de 24,5 milliards de francs qui sont
consacrés aux actions directes de formation professionnelle et plus de
34 milliards de francs si on y ajoute les chômeurs de longue
durée et la participation de l'Etat au financement de l'allocation de
formation reclassement (AFR) et des stages AFPA (rémunération des
stagiaires).
Malheureusement, une étude un peu plus fine de la répartition des
crédits révèle certains infléchissements qui, s'ils
s'avéraient annonciateurs de réforme en profondeur, seraient
particulièrement inquiétants.
a) Les actions en faveur des publics prioritaires
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
IV - Actions de l'Etat en faveur des publics prioritaires |
63.810,34 |
68.079,38 |
6,7 |
A - Insertion professionnelle des jeunes |
17.663,98 |
25.216,37 |
42,8 |
a/ Insertion des jeunes non qualifiés |
5.053,25 |
5.077,02 |
0,5 |
AFA et accompagnement |
2.671,26 |
2.645,87 |
- 1,0 |
Hors champ décentralisation |
200,00 |
220,00 |
10,0 |
DGD Loi quinquennale |
1.825,99 |
1.851,25 |
1,4 |
Missions locales et PAIO |
356,00 |
359,90 |
1,1 |
b/ Formation en alternance |
12.610,73 |
12.089,35 |
- 4,1 |
Contrats de qualification |
2.831,00 |
2.155,54 |
- 23,9 |
DGD Loi apprentissage 1987 |
102,73 |
104,15 |
1,4 |
Apprentissage |
4.261,00 |
4.955,38 |
16,3 |
Primes des contrats d'apprentissage (BCC en 1997) |
5.270,00 |
4.874,28 |
- 7,5 |
APEJ et CAE (BCC) |
146,00 |
0,00 |
- 100,0 |
Total a/ et b/ |
17.663,98 |
17.166,37 |
- 2,82 |
c/ Nouvelles activités |
0,00 |
8.050,00 |
- |
B - Actions en faveur des demandeurs d'emploi |
40.319,82 |
37.149,12 |
- 7,9 |
a/ Aide à l'insertion dans le secteur non marchand |
14.766,04 |
15.165,82 |
2,7 |
... |
|||
b/ Programmes d'insertion dans le secteur marchand |
22.136,76 |
18.044,50 |
- 18,5 |
Programme CLD (SIFE, SAE, CRE) |
3.478,04 |
3.996,57 |
14,9 |
FNE Cadres |
260,91 |
227,28 |
- 12,9 |
... |
|||
c/ Autres rémunérations |
3.417,02 |
3.938,80 |
15,3 |
Programme national |
800,98 |
820,21 |
2,4 |
Stagiaires AFPA |
877,67 |
938,62 |
6,9 |
AFR |
1.738,37 |
2.179,97 |
25,4 |
C - Dispositifs spécifiques |
5.826,54 |
5.713,89 |
- 1,9 |
... |
On notera que les crédits consacrés à
l'insertion professionnelle des jeunes, en hausse de 42,8 %, incluent les
8 milliards de francs consacrés aux emplois-jeunes. Si l'on
soustrait cette somme, les crédits d'Etat consacrés à la
formation professionnelle des jeunes s'élèvent à 17.166,37
millions de francs contre 17.663,98 millions de francs en 1997, soit une
baisse de 2,82 %. On voit, là encore, un effet du
redéploiement des crédits pas toujours judicieux -vos rapporteurs
y reviendront- en faveur des emplois-jeunes.
- La formation des jeunes
· La formation en alternance
Hors emplois-jeunes, sur 17.166,37 millions de francs consacrés à
l'insertion professionnelle des jeunes, 12.089,35 millions de francs concernent
les formations en alternance, ce qui correspond à une baisse par rapport
à 1997 de 4,1 %. Cette baisse trouve essentiellement son origine
dans le recul des contrats de qualification, pour lesquels 100.000
entrées nouvelles ont été prévues au lieu de
130.000 en 1997 en raison du moindre succès du dispositif. Cette baisse
d'intérêt pour le contrat de qualification peut s'expliquer par la
concurrence du contrat d'apprentissage mais aussi et peut-être surtout
par les incertitudes relatives au versement de la prime et à la
pérennité de ce contrat, un temps menacé de fusion avec le
contrat d'apprentissage. Vos rapporteurs constatent d'ailleurs que la prime
n'est pas inscrite au budget 1998. En conséquence, les crédits
pour la compensation des exonérations de charges sociales des contrats
de qualification passent de 2.831 millions de francs à 2.155,54 millions
de francs, soit une baisse de 23,9 % (675,46 millions de francs).
La baisse des crédits de la formation en alternance s'explique aussi par
une réduction de la dotation pour les indemnités compensatrices
forfaitaires versées par l'Etat aux employeurs d'apprentis en
application de la loi n° 96-376 du 6 mai 1996 (chap. 43-05). Ces
indemnités se composent, d'une part, d'une prime de 6.000 francs par
apprenti et, d'autre part, d'une indemnité de soutien à la
formation de 10.000 ou 12.000 francs, en fonction de l'âge, versée
à l'issue de chaque année du cycle de formation. Inscrits
l'année dernière au budget de charges communes pour un montant de
5.274,28 millions de francs, ces crédits ont été
transférés dans le budget du ministère de l'emploi pour un
montant de 4.874,28 millions de francs, subissant ainsi une diminution de
400 millions de francs. Ces 400 millions de francs devraient être
mis à la charge, dans des conditions juridiques qui restent relativement
floues
18(
*
)
, des organismes collecteurs des
fonds de l'alternance, c'est-à-dire très certainement de l'AGEFAL.
Contrats d'apprentissage Contrats de qualification
Historique des
cumuls mensuels Historique des cumuls mensuels
Contrats d'adaptation Contrats d'orientation
Historique
des cumuls mensuels Historique des cumuls mensuels
Ensemble des contrats Alternance et Apprentissage
Evolution du cumul mensuel
Hors indemnités forfaitaires, l'apprentissage
bénéficie de crédits en hausse, pour la compensation des
exonérations de charges sociales, de 16,3 %, passant de 4.261
millions de francs à 4.955,38 millions de francs. Cette hausse -qui
aurait dû logiquement s'accompagner d'une augmentation proportionnelle de
la dotation pour les indemnités forfaitaires- correspond à
240.000 entrées nouvelles en contrat d'apprentissage,
c'est-à-dire 20.000 de plus qu'en 1997.
Vos rapporteurs rappellent cependant que les crédits
d'exonération de charges seront, à la suite d'un amendement
adopté à l'Assemblée nationale, amputés de
400 millions de francs au profit du plan textile ; ces crédits ne
seraient, d'après le Gouvernement, plus nécessaires puisque
l'Etat n'a plus à compenser la totalité de l'exonération
de charges sociales salariales des apprentis à la suite du transfert des
cotisations d'assurance maladie sur la CSG. En fait, cela revient à
faire supporter une partie du financement du plan textile par les apprentis
eux-mêmes, puisqu'ils ne sont pas exonérés de CSG, ce qui
est une curieuse façon d'encourager l'apprentissage.
Par ailleurs, les crédits prévus en application de la loi du 23
juillet 1987 portant réforme de l'apprentissage, qui vise à
compenser l'effort supplémentaire demandé aux régions pour
élargir l'apprentissage à d'autres secteurs que l'artisanat et
à d'autres diplômes que les diplômes traditionnels,
augmentent de 1,4 %, passant de 102,73 millions de francs à 104,15
millions de francs (réactualisation comme la DGD).
· Les stages d'insertion
L'insertion des jeunes non qualifiés voit ses crédits
stabilisés à hauteur de 5.077,02 millions de francs (hausse de
0,5 %).
La première série de mesures concernent les actions de formation
et d'accompagnement (AFA) qui regroupent les interventions de type
pré-qualifiant déléguées par convention de
façon anticipée aux régions en application de la loi
quinquennale. Vingt-trois régions sur vingt-six sont aujourd'hui
délégataires, l'Etat conservant la gestion pour les
régions Lorraine, PACA et Guyane. Les crédits, 2.611,29 millions
de francs, progressent comme la DGD, sous réserve d'une réfaction
de 24 millions de francs correspondant à l'extinction de mesures
lancées antérieurement. Avec les mesures à la charge de
l'Etat (qui concernent Mayotte et la Corse), en baisse de 52,5 %, ces
crédits s'élèvent à 2.643,87 millions de
francs.
Les actions hors champs de la décentralisation, qui concernent des
structures à la disposition de l'Etat pour coordonner les actions
d'insertion et de formation (ateliers pédagogiques personnalisés,
centres inter-institutionnels de bilan de compétences), augmentent de 20
millions de francs à 220 millions de francs, en raison d'une hausse de
22,2 % des crédits des ateliers pédagogiques
personnalisés.
Les crédits consacrés aux actions de type qualifiant,
transférées aux régions par la loi quinquennale du 20
décembre 1993 depuis le 1er juillet 1994, figurent dans la dotation de
décentralisation à hauteur de 1.851,26 millions de francs
après réactualisation.
Enfin, 359,9 millions de francs contre 356 millions de francs en 1997
(+ 1,1 %) sont affectés au financement des structures du
réseau d'accueil (303 missions locales et 340 permanences
d'accueil, d'insertion et d'orientation, les PAIO), auxquels il faut ajouter
102,21 millions de francs du fonds social européen et les financements
des collectivités territoriales elles-mêmes. En application de la
loi quinquennale, une partie de ces structures (236) a reçu le label
" espaces-jeunes ", ce qui signifie que tous les services
utiles
à l'insertion des jeunes de moins de 26 ans (dont ceux de l'ANPE) y sont
regroupés.
Il apparaît donc que la politique d'insertion des jeunes ne subit aucune
inflexion notable par rapport à celle menée les années
précédentes en application de la loi quinquennale.
Néanmoins, pour avoir une image plus exacte de la formation
professionnelle des jeunes, il convient d'en dresser un bilan prenant en compte
les interventions des régions.
Ainsi, en 1996, dernière année connue
19(
*
)
,
747.000 jeunes de 16 à 25 ans ont suivi
une formation professionnelle : 266.000 dans le cadre des stages
financés par l'Etat et les régions, et 481.000 en stock au titre
des contrats de formation en alternance et en apprentissage. La dépense
correspondante s'élève à 17,5 milliards de francs
dont 7,4 milliards de francs pour les frais de fonctionnement et les
activités annexes et 10,1 milliards de francs pour la
rémunération des stagiaires, les exonérations de charges
sociales et les primes versées aux employeurs pour les contrats
d'apprentissage et de qualification.
Bilan 1996 des interventions de l'Etat et des
régions
en faveur des jeunes de 16 à 25 ans
Effectifs en formation
|
Heures stagiaires
|
Dépenses de fonctionnement (MF) |
Rémuné-rations, primes et/ou exonérations charges soc (MF) |
Dépenses totales (MF) |
|
Dispositifs de formation : |
266.000 |
110,9 |
3.720,0 |
1.600,3 |
5.320,3 |
Actions de formation alternée (1) |
210.000 |
105,3 |
2.295,8 |
1.600,3 |
3.896,1 |
dont Etat |
31.700 |
9,7 |
261,8 |
294,3 |
556,1 |
dont Régions |
178.300 |
95,6 |
2.034,0 |
1.306,0 |
3.340,0 |
Accompagnement des AFA (2) |
- |
- |
565,3 |
- |
565,3 |
dont Etat |
- |
- |
99,3 |
- |
99,3 |
dont Régions |
- |
- |
466,0 |
- |
466,0 |
Ateliers pédagogiques personnalisés |
56.000 |
5,6 |
121,5 |
- |
121,5 |
Autres dispositifs non décentral. (3) |
- |
- |
737,4 |
- |
737,4 |
Contrats en alternance |
481.000 |
- |
3.727,0 |
8.519,0 |
12.246,0 |
Contrats d'apprentissage (4) (5) |
317.000 |
- |
3.727,0 |
5.789,1 |
9.516,1 |
Contrats d'insertion en alternance (5) |
164.000 |
- |
- |
2.729,9 |
2.729,9 |
Total |
747.000 |
110,9 |
7.447,0 |
10.119,3 |
17.566,3 |
(1) Y compris les jeunes
rémunérés en AFR, ainsi que la rémunération
de ceux en fin de programme de niveau IV.
Les dépenses de fonctionnement et de rémunération
intègrent la dotation de décentralisation (Loi quinquennale).
(2) Dispositifs décentralisables : bilans pour les jeunes,
validations, correspondants.
(3) Crédits non décentralisables : CIBC, réseau
d'accueil, coordonnateurs emploi formation, animation.
(4) Les dépenses de fonctionnement comprennent exclusivement le
financement des CFA par les conseils régionaux, hors financement par les
entreprises et les dotations complémentaires de l'Etat.
(5) Ce tableau prend en compte les primes versées par l'Etat aux
employeurs d'apprentis et de jeunes en contrat de qualification.
La formation professionnelle des jeunes en 1996
Sources : DEP. DARES
En 1996, le financement de l'apprentissage, à hauteur de
12.862 millions de francs, était réparti de la façon
suivante : Etat, 5.984 millions de francs ; régions,
4.061 millions de francs ; FSE (fonds destinés aux CFA),
336 millions de francs ; entreprises, 2.481 millions de francs.
En conclusion, votre commission formulera plusieurs observations.
Elle constate, tout d'abord, que le dispositif consacré à la
formation professionnelle des jeunes ne subit pas de bouleversement apparent et
qu'il est reconduit à l'identique, même si la ministre a
annoncé que le Gouvernement allait engager une réflexion sur les
disparités constatées entre les régions en matière
de formation qualifiante
20(
*
)
.
Elle remarque ensuite que les redéploiements rendus nécessaires
par l'institution des emplois-jeunes ont des incidences non négligeables
sur le financement des contrats en alternance : ainsi les crédits
réservés aux indemnités forfaitaires versées dans
le cadre de l'apprentissage diminuent alors que la logique aurait voulu qu'ils
augmentent puisque le Gouvernement prévoit 20.000 entrées
nouvelles ; de même, les crédits destinés à
compenser l'exonération de charges sociales dont
bénéficient les contrats de qualification sont amputés de
près du quart.
Ces baisses sont inquiétantes, car elles concernent des actions
prioritaires déjà négligées dans le cadre des
emplois-jeunes.
Certes, il est dit que les crédits réservés aux
indemnités forfaitaires pour l'apprentissage seront augmentés
d'un versement en provenance des fonds de l'alternance. 400 millions de
francs passeront ainsi des caisses de l'AGEFAL vers l'apprentissage. Ce
prélèvement viendra donc s'ajouter aux prélèvements
antérieurs, 1.465 millions de francs sur le COPACIF en 1996 et
1.371 millions de francs sur l'AGEFAL en 1997.
Une telle pratique est difficilement acceptable, car elle ne peut que freiner
le développement des contrats en alternance et des itinéraires
d'insertion.
Ces prélèvements ont été justifiés par
l'existence d'excédents.
Vos rapporteurs observent cependant que les excédents passés ont
deux explications qui témoignent de leur caractère conjoncturel
et devraient interdire le renouvellement de cette pratique : la première
est la réforme de la collecte des fonds de l'alternance mise en oeuvre
par la loi quinquennale du 20 décembre 1993 qui a freiné
considérablement la dépense au cours de la période pendant
laquelle les organismes collecteurs se sont regroupés. Il convient
d'ailleurs de noter que le processus de
" dévolution " "
(transfert des biens et des engagements des anciens organismes aux nouveaux)
n'est pas achevé. Parallèlement à ces regroupements, les
nouveaux organismes ont dû définir leur politique, ce qui a
également contribué à retarder les engagements de
dépenses. La deuxième raison des excédents est la
réduction du nombre de contrats de qualification, sur laquelle vos
rapporteurs reviendront.
Les excédents n'existent plus aujourd'hui : on observe seulement un
gonflement momentané de la trésorerie, qui s'explique par
l'application de règles comptables peu adaptées à cet
organisme
21(
*
)
.
99 organismes collecteurs paritaires des fonds de la formation professionnelle
continue ont été agréés et se substituent aux 255
organismes précédemment agréés :
- 41 organismes nationaux professionnels,
- 1 organisme national interbranches,
- 2 organismes nationaux interprofessionnels (OPCAREC),
- 24 organismes interprofessionnels régionaux,
- 31 organismes uniquement gestionnaires du congé individuel de
formation dont 26 régionaux (FONGECIF) et 5 (AGECIF).
Au 1er juillet 1997, la majorité des 234 organismes qui devaient faire
dévolution de leurs biens, ont fait parvenir un dossier à
l'administration. 35 arrêtés de dévolution ont
été publiés au Journal Officiel.
La conséquence de ces pratiques est que l'AGEFAL ne dispose plus que de
1,8 milliard de francs de trésorerie au 31 décembre
1997, alors que ses projets de décaissement pour 1998
s'élèvent à 1,9 milliard de francs ; il est en effet
attendu une remontée des contrats de qualification (le stock des
entrées 1997 dépassent en septembre celui de 1996 sur la
même période), sans doute dopée par les réformes
adoptées par les partenaires sociaux l'année
dernière
22(
*
)
. Ceux-ci espèrent
ouvrir entre 110.000 et 120.000 contrats de qualification en 1998, plus que ne
le prévoit le Gouvernement. Mais ces prévisions restent fragiles,
notamment en raison des incertitudes qui pèsent toujours sur ce contrat.
Ces incertitudes tiennent d'abord à la réforme de la collecte qui
a bloqué cependant quelque temps les financements, détournant les
employeurs de ce type de contrat.
Mais surtout, elles tiennent aux conditions de versement à l'employeur
de la prime de 5.000 F ou de 7.000 F, selon la durée du
contrat. Cette prime, éteinte au 31 décembre 1996, n'a
été reconduite, par un décret
23(
*
)
, que le
26 mars 1997, jusqu'au
31 décembre 1997. Une nouvelle incertitude plane donc sur son
versement en 1998, le projet de loi de finances ne prévoyant à ce
titre aucun crédit. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner du
moindre succès de ces contrats qui répondent pourtant à un
besoin manifeste. Il conviendrait donc de lever rapidement cette incertitude.
Quoi qu'il en soit, les prélèvements opérés
périodiquement sur les fonds de l'alternance (500 millions de
francs cette année avec les 100 millions de francs du plan textile)
ne sont pas sains. On ne peut combler les trous du budget de cette
manière. Et si l'on considère que les excédents sont
d'ordre structurel, alors il faut réformer le système.
D'une façon générale, le système de formation en
alternance reste plongé dans l'opacité la plus totale, que le
Gouvernement, en en restreignant directement ou indirectement les financements,
ne contribue pas à éclaircir.
Pour toutes ces raisons, votre commission des Affaires sociales formule
plusieurs suggestions qu'elle souhaiterait voir reprises par le Gouvernement.
Il lui semble, en premier lieu, qu'un bilan approfondi devrait être fait
de la réforme de la collecte, des grandes orientations définies
par les OPCA, des conditions d'utilisation des 35 % réservés
à l'échelon interrégional et de la mise en oeuvre des
formations inter-branches. La question des surplus de collecte, les
règles de rattachement de la collecte pour l'année suivante
à l'année en cours pourraient notamment être
examinées à cette occasion.
Il serait également opportun de repenser le congé individuel de
formation (2,8 milliards de francs de collecte) dont le dispositif date de
1982 afin de l'adapter aux nouveaux besoins de formation. Vos rapporteurs
rappellent à cette occasion que la durée moyenne de la formation
dans le cadre du CIF est de 1.000 heures et que le coût moyen
individuel est de 130.000 F dont les trois quarts pour la
rémunération. L'importance des sommes en jeu, dans un contexte de
pénurie d'emploi qualifié, justifierait sans doute une
redéfinition de cette mesure, qui ne bénéficie qu'8 %
des salariés.
Il serait également souhaitable d'examiner les conditions de collecte de
la taxe d'apprentissage, afin de poursuivre la réforme du financement de
l'apprentissage entreprise par la loi n° 96-376 du 6 mai 1996,
essentiellement consacrée au financement des CFA, et
complétée par la loi du 16 octobre 1997 qui a créé
le fonds de compensation.
Plus généralement, la complémentarité des
différents contrats comme des différents intervenants pourrait
être réexaminée pour répondre au mieux aux besoins
des entreprises et à la situation des jeunes à former, dont
40 % ont un niveau de qualification inférieur au niveau V.
L'articulation de ces formations avec la formation professionnelle continue
pourrait aussi être envisagée (cf. Rapport de M. Michel de
Virville).
En fait, au-delà du CIF et des formations en alternance, c'est tout le
système de formation professionnelle, initiale et continue, qu'il
faudrait revoir, en tenant compte des réflexions actuelles sur la
diminution du temps de travail, sa modulation sur l'année, voire sur
plusieurs années ou sur toute une vie, sur le contrat d'activité,
sur des dispositifs encore peu utilisés comme le compte
épargne-temps... La loi sur la formation professionnelle date de
1971 : or, depuis 30 ans, la situation du marché du travail et les
conditions de travail et de production, avec la mondialisation de
l'économie et les avancées technologiques, ont
considérablement changé.
Cette réforme serait aussi l'occasion de simplifier les dispositifs ;
des textes enchevêtrés, pratiquement incompréhensibles, par
exemple le crédit d'impôt formation, toujours aussi opaque bien
qu'il ait été vidé d'une partie de son
intérêt avec la réforme de financement de l'apprentissage,
conduisent les entreprises à se détourner de ces mesures dont le
poids administratif est devenu rédhibitoire.
Autre domaine qu'il faudrait sans doute examiner avec attention, celui de la
décentralisation des formations pré-qualifiantes et qualifiantes
: le comité de coordination de programmes régionaux
d'apprentissage et de formation professionnelle, dans son rapport
d'activité 1993-1996, en soulignant la nouvelle implication des acteurs
régionaux, a mis en évidence de nombreuses incertitudes sur les
objectifs, les moyens mis en oeuvre et la réalisation des politiques. La
ministre elle-même a évoqué de graves
inégalités entre régions, au détriment des jeunes
les moins qualifiés. Tout cela justifierait un examen attentif.
Il apparaît donc, qu'au-delà de la poursuite des réformes
initiées par la loi quinquennale, c'est d'une véritable impulsion
nouvelle dont a besoin la formation en alternance. Au contraire de cela,
malgré certains propos de la ministre en commission annonçant une
réflexion et des concertations sur ces questions, le projet de budget
donne le sentiment d'un certain désengagement de l'Etat sur des mesures
pourtant jugées par tous prioritaires, à commencer par la
formation en alternance.
- Le programme chômeurs de longue durée (CLD)
A l'inverse des crédits consacrés à l'alternance, ceux
consacrés au programme CLD augmentent de 14,9 %, passant de
3.478,04 millions de francs à 3.996,57 millions de francs
(répartis en 2.061,31 millions de francs pour la
rémunération des stagiaires, 1.772,79 millions de francs au titre
du fonctionnement et 162,48 millions de francs pour le solde des contrats de
retour à l'emploi, les CRE
24(
*
)
). Seront
ainsi financés 30.000 SIFE
25(
*
)
individuels, 130.000 SIFE collectifs (contre 100.000 en 1997) et 40.000
SAE
26(
*
)
, soit un total de 200.000 contre
170.000 cette année.
Quatre autres dispositifs peuvent encore être mentionnés au titre
de la formation des demandeurs d'emploi :
· le FNE cadres, en baisse de 12,9 % à
227,28 millions de francs contre 260,91 millions de francs, à
l'intention, comme en 1997, de 6.000 cadres ;
· le programme national de formation professionnelle, destiné
à rémunérer des stagiaires demandeurs d'emploi et à
financer le remplacement de salariés partis en formation dans les
petites entreprises, dont les crédits augmentent de 2,4 %, passant
de 800,98 millions de francs à 820,21 millions de francs ;
· la rémunération des stagiaires AFPA qui progresse de
102,42 millions de francs (+ 9,1 %) pour atteindre
1.223,26 millions de francs, dont 284,64 millions de francs au titre de
l'allocation formation reclassement (AFR) ;
· enfin, la participation de l'Etat au financement de l'AFR qui
augmente de 10,1 % passant de 2.451,30 millions de francs à
2.697,98 millions de francs (mais il faut déduire 284,64 millions
de francs inclus dans les crédits de rémunération des
stagiaires AFPA : restent 2.413,34 millions de francs, ce qui correspond
in fine à une nouvelle baisse de la participation de l'Etat).
La réduction de la participation de l'Etat, l'année
dernière, de 51,8 %, était justifiée par la bonne
santé financière du régime d'assurance-chômage et
par le désir, dans un souci d'économie et de saine gestion, de
mieux cibler l'allocation. Malheureusement, la situation s'est
dégradée en cours d'année et les partenaires sociaux ont
pris la décision de restreindre l'accès au dispositif en fixant
un délai d'entrée plus court et en proratisant l'allocation
à la durée de cotisation. Toutefois, un flou juridique,
interprété un peu strictement par les logiciels informatiques, a
mis certains bénéficiaires dans une situation difficile, d'autant
que l'UNEDIC a appliqué les nouvelles dispositions à titre
rétroactif, demandant le remboursement de trop perçus. De
nombreuses personnes, qui s'étaient engagées dans cette formation
en pensant bénéficier de 4.000 francs d'allocation, se sont vu
octroyer 2.000 francs. Devant les protestations suscitées par cette
décision, l'UNEDIC a supprimé le caractère
rétroactif du dispositif, a remboursé les rappels d'allocations
et a fixé un seuil en deça duquel la proratisation ne jouait plus
; ce seuil a provisoirement été fixé à 3.168 francs
; il correspond au plancher de l'allocation unique dégressive, dans
l'attente d'une décision des partenaires sociaux. Mais, pour l'instant,
toutes les négociations sont rompues.
Pour autant, la hausse de 10,1 % des crédits d'Etat n'est pas la
conséquence de ces difficultés. Elle tient à un nombre des
bénéficiaires, fin 1997, supérieur aux prévisions,
et à une augmentation de l'allocation de 2,15 %.
Sur ces différentes actions, votre commission n'a pas de remarques
particulières à formuler, car elles participent à un
effort de rationalisation qu'elle approuve.
b) La participation de l'Etat à la formation et à l'adaptation des ressources en main d'oeuvre des entreprises
(En millions de francs)
LFI 1997 |
PLF 1998 |
% |
|
II - PARTICIPATION DE L'ETAT À LA FORMATION ET À L'ADAPTATION DES RESSOURCES EN MAIN-D'OEUVRE DES ENTREPRISES |
7.467,61 |
8.934,29 |
19,6 |
A - Soutien à la formation professionnelle |
4.316,58 |
4.357,61 |
1,0 |
Programme national et politique contractuelle |
712,63 |
726,63 |
2,0 |
Contrat de plan Etat-Régions |
433,93 |
498,20 |
14,8 |
DGD ( loi de 1983 et Mayotte) |
3.090,02 |
3.132,78 |
1,4 |
FNE formation (soldes) |
80 |
0,00 |
- 100 |
B - Prévention et accompagnement des restructurations |
3.151,03 |
4.576,68 |
45,2 |
... |
· Le programme national de formation
professionnelle, déjà mentionné au titre de la
rémunération des stagiaires, voit ses crédits augmenter de
22 millions de francs, passant de 302 à 324 millions de
francs, auxquels s'ajoutent 43,60 millions de francs en provenance du FSE.
Ce programme porte sur la lutte contre l'illettrisme ou sur des actions en
faveur des jeunes détenus, des handicapés ou des
ingénieurs.
· La politique contractuelle de formation (contrats d'études
prospectives et amélioration des plans de formation des entreprises)
diminue de 400 à 399 millions de francs.
· Les contrats de plan Etats-régions : le financement des
deux dernières années ayant été étalé
sur trois ans l'année dernière, les crédits de
498,20 millions de francs (+ 13,50 %) représentent
50 % du solde à verser.
· La dotation de décentralisation évolue suivant la
norme retenue par le projet de loi de finances pour la dotation globale de
fonctionnement, soit 1,30387 %, en 1998. Il en est de même pour la
dotation en faveur de la formation professionnelle et de l'apprentissage
à Mayotte. Ces crédits s'élèvent respectivement
à 3.132,78 millions de francs et à 1,32 millions de
francs.
· Le FNE formation, fusionné avec la politique contractuelle
et la dotation de restructuration, a été supprimé.
Avec 1 % d'augmentation, les actions de soutien à la formation
professionnelle s'inscrivent dans la continuité des années
précédentes et n'appellent pas de commentaires particuliers.
2. Les actions de l'Etat en faveur des demandeurs d'emploi
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|||||
IV - Actions de l'Etat en faveur des publics prioritaires |
63.810,34 |
68.079,38 |
6,7 |
||||
A - Insertion professionnelle des jeunes |
17.663,98 |
25.216,37 |
42,8 |
||||
... |
|||||||
B - Actions en faveur des demandeurs d'emploi |
40.319,82 |
37.149,12 |
- 7,9 |
||||
a/ Aide à l'insertion dans le secteur non marchand |
14.766,04 |
15.165,82 |
2,7 |
||||
Emplois ville |
1.028,31 |
414,63 |
- 59,7 |
||||
CEC |
1.746,35 |
3.144,19 |
80,0 |
||||
CES |
11.991,38 |
11.607,00 |
- 3,2 |
||||
b/ Programmes d'insertion dans le secteur marchand |
22.136,76 |
18.044,50 |
- 18,5 |
||||
CIE |
17.919,00 |
13.118,00 |
- 26,8 |
||||
... |
|||||||
Chèques conseils et aides au développement des entreprises nouvelles |
40,00 |
240,00 |
500,0 |
||||
Insertion par l'économique |
320,41 |
348,46 |
8,8 |
||||
Dotation pour la promotion de l'emploi |
118,40 |
114,19 |
- 3,6 |
||||
c/ Autres rémunérations |
3.417,02 |
3.938,80 |
15,3 |
||||
... |
|||||||
C - Dispositifs spécifiques |
5.826,54 |
5.713,89 |
- 1,9 |
||||
... |
Ces crédits, qui s'élèvent à
37.149,12 millions de francs, diminuent globalement de 7,9 % pour
répondre à l'objectif de rationalisation fixé par le
Gouvernement. Toutefois, si elle approuve le principe d'une rationalisation des
dispositifs d'insertion, votre commission s'interroge sur le bien fondé
du choix consistant à privilégier les emplois non marchands au
détriment des emplois marchands. C'est ainsi que l'aide à
l'insertion dans le secteur non marchand progresse de 2,7 %, passant de
14.766,04 millions de francs à 15.165,82 millions de francs,
tandis que les moyens consacrés au programme d'insertion dans le secteur
marchand diminuent de 18,5 %, passant de 22.136,76 millions de francs
à 18.044,50 millions de francs.
Les crédits consacrés aux CES (pour 500.000 entrées
nouvelles, comme en 1997) s'élèvent à 11.607 millions
de francs, en diminution de 3,2 % en raison d'une baisse du nombre
d'entrées cette année qui réduira la charge à
assumer en 1998. Les crédits pour les contrats emplois consolidés
augmentent de 80 %, à 3.144,19 millions de francs, pour ouvrir
10.000 entrées de plus qu'en 1997, soit 30.000 entrées
nouvelles, et pour assumer la montée en charge progressive du
dispositif. Enfin, les emplois-villes, que le projet de loi de finances
supprime, voient leurs crédits diminuer de 59,7 %,
414,63 millions de francs restant pour financer les contrats en
cours
27(
*
)
.
Les effectifs fin septembre 1997 étaient de 291.000 CES, 87.000 CEC et
13.000 CEV, soit un total de 391.000 contrats.
Le contrat initiative emploi, dont l'effectif s'élève fin
septembre 1997 à 425.000, voit ses crédits diminuer de
26,8 %, passant de 17.919 millions de francs à
13.118 millions de francs, dont 7.114 millions de francs pour le
fonctionnement (primes, formation et tutorat) et 6.004 millions de francs
pour les exonérations, en recul de 44 %. La baisse des
crédits est justifiée par le caractère moins attractif du
CIE depuis qu'il a été reconfiguré en direction des
publics prioritaires et des jeunes. 200.000 entrées nouvelles en CIE
sont prévues pour 1998, contre 215.000 en 1997.
Ces choix budgétaires restrictifs reposent sur le pari que l'emploi va
continuer de s'améliorer. Malheureusement, si les 35 heures et,
à plus long terme, les emplois-jeunes produisent l'effet négatif
sur la croissance que redoute votre commission, la question se pose de savoir
si ces crédits seront suffisants pour absorber le surplus de
chômage.
Deux dispositifs, en revanche, augmentent. Il s'agit de l'accompagnement des
créateurs ou repreneurs d'entreprise et de l'insertion par
l'économique.
Les crédits consacrés au premier dispositif
s'élèvent à 240 millions de francs, en hausse de
500 %. L'augmentation provient des 200 millions de francs
consacrés au développement d'activités nouvelles dans le
cadre des emplois-jeunes. Votre commission se félicite de cette
initiative qui va dans le sens d'un transfert des activités nouvelles
vers le secteur privé. Pour le reste, l'ACCRE ayant été,
ces dernières années, progressivement vidée de sa
substance (seule demeure l'exonération non compensée des charges
sociales), les 40 millions de francs ne concernent que le dispositif
d'accompagnement du " chèque conseil ". 45 millions de
francs sont par ailleurs intégrés aux crédits de
l'allocation de solidarité spécifique (ASS) pour favoriser la
création d'entreprise par les bénéficiaires de l'ASS et du
RMI, en application de dispositions votées l'année
dernière en loi de finances.
Les crédits consacrés à l'insertion par
l'économique bénéficient d'une hausse de 8,8 %,
passant de 320,41 millions de francs à 348,46 millions de
francs. Cette augmentation correspond au financement de 700 postes
supplémentaires en entreprise d'insertion et de 10 postes en entreprise
d'intérim d'insertion.
La dotation pour la promotion de l'emploi, en revanche, diminue de 3,6 % ;
le fonds partenarial, créé par la loi quinquennale, qui lui a
été adjoint l'année dernière, reste stable à
100 millions de francs.
3. Le financement du retrait d'activité et des revenus de remplacement
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
III - La participation de l'Etat au financement du retrait d'activité et des revenus de remplacement |
22.657,72 |
21.397,54 |
- 5,6 |
A - Retrait d'activité |
15.040,72 |
12.542,14 |
- 16,6 |
Sidérurgie |
1.542,62 |
1.157,05 |
- 25,0 |
AFSNE |
9.863,80 |
8.302,69 |
- 15,8 |
Préretraites progressives |
3.624,00 |
3.076,30 |
- 15,1 |
Mesures spéciales |
10,30 |
6,10 |
- 40,8 |
B - Indemnisation du chômage |
7.577,00 |
8.115,00 |
7,1 |
Fonds de solidarité |
7.577,00 |
8.115,00 |
7,1 |
C - Régimes de retraite |
40,00 |
740,40 |
1.751,0 |
Avec 21.397,54 millions de francs, ces crédits
diminuent de 5,6 % (22.657,72 millions de francs en 1997). La baisse
ne concerne que le retrait d'activité (- 16,6 %), les
crédits relatifs à l'indemnisation du chômage augmentant
quant à eux de 7,1 %.
La baisse des crédits relatifs au retrait d'activité est
retracée dans le tableau ci-après :
(En millions de francs)
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Conventions de la sidérurgie |
3.469,00 |
2.643,18 |
1.835,18 |
1.542,62 |
1.157,05 |
Allocations spéciales du FNE |
9.995,00 |
9.995,00 |
11.149,92 |
9.863,80 |
8.302,69 |
Préretraites progressives |
1.106,50 |
1.488,31 |
2.430,17 |
3.624,00 |
3.076,30 |
Mesures spéciales |
70,00 |
60,00 |
23,30 |
10,30 |
6,10 |
Total |
14.640,50 |
14.186,49 |
15.348,57 |
15.040,72 |
12.542,14 |
Evolution en % |
- 3,10 |
8,83 |
- 2,58 |
- 16,61 |
La diminution des crédits concernant les conventions
sociales de la sidérurgie correspond aux sorties progressives du
dispositif. En revanche, la baisse de la dotation pour les allocations
spéciales du FNE (préretraites) répond à la
volonté gouvernementale de mieux maîtriser le recours à ces
mesures et d'inciter les entreprises à procéder à des
reclassements internes ; 20.000 entrées nouvelles en ASFNE sont
prévues contre 30.000 en 1997. Fin août 1997, l'effectif ASFNE
était de 112.460. Les crédits pour les préretraites
progressives diminuent sans remettre en cause le nombre des entrées
nouvelles (25.000). Les modalités en seront revues. L'effectif fin
août est de 54.444.
Votre commission n'est pas opposée à cette orientation, qui
d'ailleurs était déjà celle du précédent
gouvernement, dont l'objet est de corriger certains excès ; les
restructurations de toutes les entreprises n'ont en effet pas à
être mise à la charge de la collectivité. Elle observe
toutefois que cette rationalisation des dispositifs de retrait
d'activité intervient alors que l'allocation de remplacement pour
l'emploi (ARPE), financée par l'UNEDIC, qui venait dans une certaine
mesure en relais des préretraites de l'Etat et favorisait un
renouvellement des emplois favorables aux jeunes, est aujourd'hui dans une
situation difficile puisque le régime d'assurance chômage
redevient déficitaire (voir encadré n° 1).
Encadré n° 1
Principales caractéristiques des bénéficiaires et des
embauches compensatrices
Situation à fin septembre 1997
Depuis le début du dispositif, 96.431 dossiers ont
été comptabilisés, qui se décomposent en :
1.111 dossiers refusés par l'employeur (1,2 %)
552 dossiers différés par l'employeur (0,6 %)
94.768 dossiers déposés par l'employeur en ASSEDIC
(98,2 %).
Parmi ces dossiers, 6.305 (6,7 % des dossiers déposés) ont
fait l'objet d'un rejet (qui n'interdit pas un nouveau dépôt
ultérieur du dossier), et 1.067 faisaient double emploi.
Depuis l'entrée en vigueur du dispositif 85.133 décisions
d'admissions (dont 2.201 en septembre 97) ont été
prononcées et 83.154 premiers paiements (dont 2.388 en septembre 1997)
ont été effectués. 18.841 cessations de paiement ont
déjà été enregistrées, la quasi
totalité faisant suite à l'atteinte des 60 ans.
Au total, 83.154 allocataires ont
bénéficié de l'ARPE depuis la création du
dispositif.
Au 30 septembre 1997, on compte 64.813 allocataires en ARPE. Ce nombre
s'accroît en un mois de + 1,3 %.
Pour l'essentiel, l'effectif se concentre dans les classes d'âge
58 ans (36,3 %) et 59 ans (46,0 %). Les moins
âgés ne représentent que 17,7 %. Il s'agit de
personnes qui totalisent au moins 172 trimestres de cotisation à
l'assurance vieillesse et admises sans condition d'âge.
88,7 % de la population est née avant 1940 et 45 % en 1938.
Les bénéficiaires de l'ARPE sont en majorité des anciens
ouvriers ou employés (respectivement 42 % et 28 %). Les
anciens cadres ne représentent que 8 % de l'effectif.
Fin septembre les allocataires de l'ARPE percevaient une allocation
journalière brute de 287,90 francs en moyenne, soit environ
8.757 francs par mois.
Sorties du dispositif ARPE
Compte tenu de l'âge à l'entrée dans l'allocation, certains
allocataires sont sortis du dispositif. En septembre 1997, on dénombre
1.554 cessations de paiement, dont 1.519 pour fin de droits
réglementaires (atteinte de l'âge de 60 ans).
Depuis le 1er octobre 1995, on a comptabilisé 18.841 cessations de
paiement se répartissant en 16.360 cessations pour fin de droits
réglementaires, 25 pour reprise de travail, 240 pour décès
et 2.216 pour autres causes.
Embauches compensatrices
Depuis le début du dispositif, le 1er octobre 1995, et jusqu'au 30
septembre 1997, les ASSEDIC ont provisoirement comptabilisé 74.387
embauches compensatrices au départ de salariés en allocation de
remplacement pour l'emploi.
Ce nombre présente un décalage avec le potentiel que
représentent les 85.133 décisions d'admissions prononcées
par les ASSEDIC. Il ne s'explique pas complètement par le délai
prévu de trois mois pour procéder à l'embauche.
Les embauchés sont plutôt jeunes (leur âge moyen est de
31,1 ans), 57,1 % d'entre eux ont moins de 30 ans (dont
31,8 % moins de 26 ans). Ce sont en majorité des hommes
(69,1 %).
Les embauches s'effectuent presque uniquement sur des contrats à
durée indéterminée (98,8 % des embauchés).
Sommes payées ou engagées au 30 septembre 1997 (estimation)
:
Le cumul des entrées depuis le début du dispositif aboutit
à un engagement global brut de dépenses d'environ
16,8 milliards de francs (dont 7,8 déjà
réalisées), alors que les prévisions avaient tablé
sur un engagement de 15,5 milliards de francs à la fin 1997.
On peut évaluer un coût net en prenant en compte deux
phénomènes qui agissent de manière opposée.
- L'embauche compensatrice entraîne des économies
d'indemnisation (un embauché sur trois est chômeur
indemnisé en AUD).
- Le salaire des embauches de compensation est inférieur à
celui des sortants, ce qui entraîne de moindres cotisations au
régime.
Le solde de ces deux effets diminue le coût unitaire brut de l'ordre de
4.500 francs par entrée en ARPE.
A l'engagement brut de 16,8 milliards de francs, calculé plus haut,
qui correspond à 83.154 entrées en ARPE, on peut donc associer le
montant net de 16,4 milliards de francs.
Le coût brut unitaire moyen d'une entrée en ARPE, depuis la
création du dispositif, est donc de 202.260 francs environ ; le
coût net s'élève à 197.760 francs.
Les mêmes calculs effectués à partir des seules
entrées constatées depuis janvier 1997 (25.508 admissions),
conduisent aux résultats suivants :
- l'engagement global brut de dépenses s'élève
à 5,7 milliards de francs (dont 1,1 déjà
réalisées) ;
- le coût moyen est de 225.299 francs, le coût net de 220.799.
Ce renchérissement par rapport aux admissions précédentes
tient :
- à l'accroissement de la durée moyenne d'indemnisation,
- à l'augmentation du salaire de référence des
nouveaux admis (+ 5,0 % en un an en août 1997).
Source : UNEDIC
La participation de l'Etat à l'indemnisation des
chômeurs en fin de droits, au titre de l'allocation de solidarité
spécifique, et des demandeurs d'emploi n'ayant pu acquérir de
droits à l'assurance chômage de plus de 3 mois
(détenus, réfugiés, apatrides...), au titre de
l'allocation d'insertion versée au fonds de solidarité à
titre de subvention d'équilibre, s'élève à
8.115 millions de francs. Ces crédits s'ajoutent aux
6.020 millions de francs de la contribution de solidarité
prélevée sur les fonctionnaires. Une revalorisation de
l'allocation de solidarité spécifique est prévue fin 1997,
mais les mesures d'économie (périodes de référence,
plafond de ressources..) ne sont pas remises en cause.
Au titre du retrait d'activité, il faut encore mentionner l'allocation
chômeurs âgés (ACA), financée par l'UNEDIC ; en
dépassant largement les prévisions, elle contribue au
déficit du régime d'assurance chômage (voir encadré
n° 2).
Les charges d'indemnisation supportées par l'Etat et par les organismes
de protection semblent désormais atteindre une limite. On peut se
demander, dans ces conditions, comment pourra être financée
l'augmentation (1.500 F environ) de l'allocation de solidarité
spécifique en faveur des bénéficiaires ayant cotisé
160 trimestres ou encore la participation de l'Etat à l'ARPE (40.000
francs par salarié) annoncée lors de la conférence
nationale sur l'emploi, les salaires et le temps de travail, le 10 octobre
dernier
28(
*
)
.
Encadré n° 2
Principales caractéristiques des bénéficiaires de
l'allocation chômeurs âgés
Situation à fin
septembre 1997
Depuis l'entrée en vigueur du dispositif, le 1er
janvier 1997 :
58.371 demandes ont été présentées en Assedic et
46.961 entrées suite à décisions positives ont
été effectuées.
Au 30 septembre 1997, on compte 43.150 allocataires en ACA.
Compte tenu de l'âge à l'entrée dans l'allocation, certains
allocataires sont déjà sortis du dispositif.
Depuis le 1er janvier 1997, on a comptabilisé 3.811 cessations de
paiement, qui se répartissent en cessations pour départ à
la retraite (72,0 %), reprise de travail (4,6 %), prise en charge
sécurité sociale (1,7 %), décès (1,1 %)
et d'autres causes (20,6 %).
On observe une très forte proportion d'hommes (65,1 %).
Par âge (atteint au 30 septembre 1997), les bénéficiaires
se répartissent en : 12,8 % de 55 ans et moins, 13,8 % de
56 ans, 20,5 % de 58 ans et 26,4 % de 59 ans ou plus.
L'ACA est accordée aux bénéficiaires de l'AUD, dès
lors que le dossier complet -y compris l'attestation de la CNAV- remis par le
demandeur a été liquidé avec décision positive. A
l'entrée en ACA, les allocataires se répartissent de la
manière suivante selon l'ancienneté d'indemnisation dans le
régime d'assurance :
Ancienneté dans le Entrées au titre Entrées
cumulées
régime d'assurance du mois de de janvier à
septembre 1997 septembre 1997
moins de 15 jours 70,1 % 8,4 %
15 jours à un mois 0,7 % 0,7 %
1 à 2 mois 2,0 % 1,7 %
2 à 3 mois 0,7 % 1,6 %
3 à 4 mois 1,0 % 1,7 %
4 à 8 mois 2,7 % 6,9 %
8 mois à 2 ans 8,7 % 35,1 %
plus de 2 ans 14,1 % 43,9 %
Par groupe de qualification, on constate la répartition suivante :
Ouvrier, manoeuvre : 43,4 %
Employé : 25,4 %
Technicien, agent de maîtrise : 21,8 %
Cadre : 9,4 %
Fin septembre, les allocataires de l'ACA perçoivent une allocation
journalière brute de 251,50 francs en moyenne, soit environ
7.649 francs par mois. Parmi les 43.150 indemnisés fin septembre,
on dénombre :
- 27.094 allocataires (soit 62,8 %) qui se trouveraient en
période dégressive d'AUD (dont 18.503 pour lesquels on observait
cette situation à la veille de l'entrée en ACA),
- 16.056 allocataires (soit 37,2 %) qui se trouveraient en
période d'AUD à taux plein.
Sur la base, d'une part, des 43.150 allocataires présents au 30
septembre 1997, effectif qui ne paraît pas encore stabilisé et,
d'autre part, du chiffrage présenté en fin d'année 1996
qui tablait sur un effectif de 30.000 allocataires, il paraît raisonnable
de revoir à la hausse le surcoût net de l'ACA par rapport à
celui de l'AUD.
Selon que le nombre d'allocataires en régime stabilisé serait
compris entre 45.000 et 60.000, le surcoût net annuel de l'ACA par
rapport à l'AUD passerait de 450 millions de francs à
600 millions de francs, contre 300 millions de francs
envisagés lors de la signature du protocole.
Source UNEDIC
Enfin, la subvention à l'association pour la structure
financière (ASF), reconduite pour cinq ans par un accord de
décembre 1996 et revalorisée chaque année,
s'établit à 708,4 millions de francs.
Les crédits consacrés aux allocations supplémentaires pour
les salariés de plus de 60 ans privés d'emploi ne pouvant faire
valider toutes leurs pensions de retraite à taux plein ainsi qu'à
la validation des points de retraite complémentaire
s'élèvent à 32 millions de francs, en diminution de
8 millions de francs.
D'une façon générale, ces actions s'inscrivent dans la
continuité des budgets des années précédentes.
4. La participation de l'Etat à la prévention et l'accompagnement des restructurations
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
II - Participation de l'Etat à la formation et à l'adaptation des ressources en main-d'oeuvre des entreprises |
7.467,61 |
8.934,29 |
19,6 |
A - Soutien à la formation professionnelle |
4.316,58 |
4.357,61 |
1,0 |
... |
|||
B - Prévention et accompagnement des restructurations |
3.151,03 |
4.576,68 |
45,2 |
Chômage partiel -TRILD |
748,8 |
686,40 |
- 8,3 |
Audits et conseils |
20,4 |
20,90 |
2,5 |
Restructurations |
624,23 |
689,33 |
10,4 |
Conventions de conversion |
882 |
980,93 |
11,2 |
Réduction du temps de travail |
815,4 |
2.138,92 |
162,3 |
ATD |
60,2 |
60,2 |
0,0 |
Ces interventions augmentent de 45,2 %, essentiellement
en raison de la montée en charge des exonérations liées
à la loi de Robien du 11 juin 1996, au titre de laquelle 1.500
conventions ont été signées : 2.138,92 millions de
francs y sont consacrés, en augmentation de 162,3 %.
Le tableau ci-après dresse un bilan de l'application de la loi au
30 juin 1997 :
Bilan de l'application de la loi du 11 juin 1996
Dans le cadre du développement de l'emploi |
Dans le cadre d'une procédure de licenciement pour motif économique |
|||
1996
|
1997
|
1996
|
1997
|
|
Nombre de conventions conclues |
46 |
467 |
35 |
220 |
Nombre de salariés concernés par la réduction du temps de travail |
4.637 |
33.633 |
7.263 |
42.959 |
Ce dispositif, non coercitif, ne sera pas reconduit
après l'adoption de la loi d'incitation et d'orientation sur les
35 heures, sur laquelle vos rapporteurs se sont déjà
exprimés.
Au titre des augmentations, il convient aussi de citer les crédits
consacrés aux conventions de conversion (+ 11,2 % à
980,93 millions de francs), dont le montant a été
fixé sur la base d'un flux prévisionnel d'entrées
identiques à celui de l'année dernière, de 120.000
personnes ; ces prévisions se fondent sur la tendance actuelle en baisse
des licenciements économiques, de 7,2 % sur un an, mais accusant
une certaine reprise depuis le mois de juin (+ 4,9 % en septembre).
Les crédits consacrés aux audits et conseils
29(
*
)
augmentent de 2,5 % (20,90 millions de
francs) et la dotation de restructuration de 10,4 % (à
689,33 millions de francs). La hausse des crédits de cette dotation
(200 millions de francs) est affectée à l'aide au passage
à temps partiel, les autres actions (conventions de chômage
partiel, cellule de reclassement...) voyant leurs crédits
légèrement augmenter, tandis que baissent ceux consacrés
aux congés de conversion, en raison de la réduction de
l'enveloppe de la sidérurgie.
Enfin, les crédits consacrés aux allocations temporaires
dégressives, destinées à compenser une perte de salaire
lors d'un reclassement, restent stables à 60,20 millions de francs.
Au titre des reclassements et de l'activation des dépenses passives, il
convient de citer les conventions de coopération, dispositif de
réinsertion adopté par les partenaires sociaux en juin 1994 et
modifié en décembre 1996 pour le rendre plus attractif. Aux
termes de ces accords, l'employeur d'un demandeur d'emploi perçoit
pendant un an le montant stabilisé de l'AUD qu'aurait perçue ce
demandeur d'emploi. 33.427 embauches se sont faites dans ce cadre (voir
encadré n° 3).
Encadré n° 3
Les conventions de coopération
Suite à l'accord du 8 juin 1994 modifié, 272
conventions de coopération ont été signées pour un
potentiel de 24.444 emplois.
Les 33.427 embauches constatées au 28 septembre 1997 (778 au titre de
1995, 17.088 au titre de 1996 et 15.551 provisoirement observées sur les
dix premiers mois de 1997), concernent 22.164 contrats à durée
indéterminée (CDI), soit 66,3 % et 11.263 contrats à
durée déterminée (CDD d'une durée moyenne de 10
mois), soit 33,7 % des embauches. Elles sont en augmentation de 1.610 en
un mois.
Les bénéficiaires sont pour 68,4 % des hommes (22.871)
contre 70,4 % un an plus tôt.
La montée en charge du dispositif des conventions de coopération,
très lente au démarrage, s'est intensifiée à partir
de septembre 1995.
Depuis le mois de septembre 1996, on observe une fluctuation aux environs de
1.900 par mois avec une pointe à plus de 2.400 en avril 1997.
Rappelons que les partenaires sociaux, lors de l'accord du 19 décembre
1996, avaient fixé à 1.500 par mois le seuil maximum
d'entrées dans le dispositif.
Au vu des 33.427 embauches, on constate :
- que la grande majorité des embauches se réalise dans les
PME de moins de 50 salariés, soit 89,4 % contre 87,8 % un
an auparavant. Plus du tiers des embauches (41,2 %) relève des
entreprises de moins de 5 salariés.
- que le secteur tertiaire reste le secteur privilégié des embauches en convention de coopération. En effet, 65,7 % des emplois relèvent de ce secteur contre 65,2 % un an plus tôt.
10 % des aides versées sont inférieures à
7.004 francs alors que 10 % des aides les plus importantes sont
supérieures à 146.793 francs. Le montant moyen de l'aide se situe
à 74.798 francs contre 77.946 francs en septembre 1996.
50 % des embauches correspondent à une aide supérieure
à 58.492 francs.
La totalité des sommes déclarées par le régime
d'assurance chômage lors de l'adhésion à une convention de
coopération correspondrait à un allégement du coût
de l'emploi de 40,2 % au cours de l'année d'embauche par rapport au
salaire brut chargé (y compris les charges employeurs), ceci dans
l'hypothèse où l'aide au reclassement est versée dans son
intégralité.
Au vu des documents comptables, les sommes déjà payées
sont de 6,4 millions en 1995, d'environ 500 millions de francs en
1996 et de 1,05 milliard en 1997 (cumul au 30 septembre). L'ensemble
des embauches effectuées (33.427) représente un engagement brut
de dépenses de 2.500 millions de francs, dont 1.125 millions
de francs sur les seules embauches 1997.
Au 30 septembre 1997, 28,8 % des personnes embauchées en convention
de coopération étaient sorties du dispositif (9.159).
Les sorties qui résultent de la fin normale du versement de l'aide
commencent à devenir significatives. Celles-ci sont au nombre de 5.623
ce qui représente 61,4 % des sorties. Mais ce sont, pour l'instant,
essentiellement des fins de contrats à durée
déterminée (72,5 %).
Les ruptures anticipées sont au nombre de 3.536 (38,6 % des
sorties) et concernent dans 73,6 % des cas un contrat à
durée indéterminée. La majorité d'entre elles
(58,4 %) est à l'initiative de l'employeur.
Les personnes embauchées en CDI dans le cadre d'une convention de
coopération sont presque toutes maintenues dans leur contrat
(88,1 %). Plus de la moitié des salariés embauchés en
CDD est titulaire d'un nouveau contrat ou d'un contrat similaire (52,9 %),
35,6 % se réinscrivent comme demandeur d'emploi, le reste devenant
inactif.
Du fait de la répartition des embauches " deux tiers-un
tiers " entre CDI et CDD, on peut estimer que les trois-quarts des
embauches en convention de coopération sont pérennes à
l'issue de la période aidée.
Source : UNEDIC
D. UNE CERTAINE CONTINUITÉ QUANT AUX MOYENS
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
I - La gestion de la politique de l'emploi |
13.634,67 |
13.535,90 |
- 0,7 |
A - Administration générale |
3.054,63 |
3.126,11 |
2,3 |
B - ANPE |
5.241,27 |
5.222,74 |
- 0,4 |
C - AFPA et autres organismes de formation |
4.357,16 |
4.376,15 |
0,4 |
D - Relations du travail |
394,28 |
233,40 |
- 40,8 |
E - Etudes et coopération internationale |
117,66 |
112,34 |
- 4,5 |
F - Frais de gestion |
469,67 |
465,16 |
- 1,0 |
On observe là encore une continuité certaine par rapport aux choix effectués l'an dernier. Le budget baisse en effet de 0,7 %, la plus importante baisse de crédits résultant de l'achèvement de la préparation des élections prud'homales.
1. Les moyens des services
Les crédits consacrés à l'administration
générale augmentent de 2,3 %, passant de 3.054,63 millions
de francs à 3.126,11 millions de francs.
Les moyens en personnel augmentent de 2 %, à 2.248,39 millions
de francs, caractérisés par la création de 225 emplois
(185 au titre de la régularisation des coordonnateurs emploi-formation,
25 au titre de la résorption de l'emploi précaire, 15 inspecteurs
du travail) ; 50 emplois de catégorie C sont supprimés dont 42
dans les services déconcentrés (sur emplois gelés).
Les moyens de fonctionnement progressent de 2,2 % à
818,77 millions de francs. L'augmentation est essentiellement due au
relogement de la délégation à l'emploi et à la
formation professionnelle à la suite de la fusion des deux anciennes
délégations. Les autres dotations restent sensiblement à
leur niveau de 1997.
Enfin, la dotation d'équipement diminue légèrement au
titre des autorisations du programme, passant de 60 à 58 millions
de francs, et les crédits de paiement progressent, de
42,92 millions de francs à 58,95 millions de francs, en raison
de l'adoption d'une nouvelle clé de répartition autorisations de
programme/crédits de paiement sur deux ans au lieu de trois ans.
2. L'agence nationale pour l'emploi
La contribution de l'Etat à l'ANPE
s'élève pour 1998 à 5.222,74 millions de francs, en
progression de 1,2 % par rapport aux crédits de 1997 après
régularisation (- 80 millions de francs). Il s'agit donc d'une
baisse par rapport à la loi de finances initiale.
Les crédits de fonctionnement s'élèvent à
524 millions de francs, identiques à ceux de 1997. Il est
prévu 70 créations d'emploi et 300 emplois d'assistants de
gestion (chargés des inscriptions) seront transformés en emplois
de conseillers adjoints à la suite du transfert des inscriptions
à l'UNEDIC.
Les crédits d'équipements s'élèvent à
19,3 millions de francs en autorisations de programme et à
18,73 millions de francs en crédits de paiement.
Le rapport d'évaluation du deuxième contrat de progrès
(1994-1998) à mi-parcours, rendu en septembre 1997, confirme les
informations portées à la connaissance de vos rapporteurs
l'année dernière qui avaient à cette occasion salué
le renouveau de l'agence.
Le rapport constate d'abord que "
concernant la collecte de
l'offre et
les divers éléments qui lui sont associés, tous les
indicateurs convergent : les objectifs fixés à l'ANPE ont
été pour leur plus grande part atteints, plus tôt
même pour certains d'entre eux que le document contractuel ne l'avait
fixé
".
C'est ainsi que la collecte des offres est passée de 1,4 million en
1994 à 2 millions en 1995 et à 2.550.000 en 1997 (en
prévision sur la base des neuf premiers mois). Les 9/10ème de ces
offres sont satisfaites. L'agence a également collecté 50.000
offres pour les cadres.
En revanche, le traitement de la demande d'emploi n'a pas rencontré le
même succès : "
contrairement au pari du contrat de
progrès, la très bonne performance des réalisations sur la
collecte et le traitement des offres n'a pas eu pour corollaire naturel un
meilleur traitement de la demande pour certaines catégories de
demandeurs d'emploi, par exemple pour les chômeurs de longue durée
pour lesquels les objectifs ne sont pas tenus
".
L'échec porte en effet sur la lutte contre l'exclusion. Si les objectifs
ont été atteints avec les jeunes chômeurs (165.000 ont
été reçus et ont, pour 60 % d'entre eux, vu leur
situation réglée), en revanche l'objectif de faire baisser de
40.000 le nombre des chômeurs de plus de deux ans (500.000) ne sera pas
atteint. L'année dernière, l'action de l'ANPE a permis de faire
baisser leur nombre de 22.000, mais parallèlement les entrées
nouvelles ont été de plus de 50.000.
Les autres objectifs du contrat de progrès, partenariat et
modernisation, sont en voie d'être réalisés. Le transfert
des inscriptions à l'UNEDIC
30(
*
)
devrait
être achevé à la fin de l'année (en octobre, 550
agences sur 750 ont effectué le transfert) ; le renouvellement et la
remise à neuf du parc immobilier, effectués sur trois ans, sont
maintenant terminés. L'ANPE s'est également engagée dans
une opération qualité (" Nouvelle offre de service ")
avec pour objectif de qualifier 50 % des agences à la fin de 1998,
sur ses 850 points d'implantation.
Un troisième contrat de progrès est en cours de
préparation et devrait être négocié en 1998.
Parallèlement, d'après le rapport d'évaluation, les
engagements de l'Etat n'ont été que partiellement tenus : les
créations de postes et les crédits de prestations n'ont pas suivi
les évolutions qu'aurait commandées l'application de l'indicateur
retenu dans le contrat de progrès. En revanche, les engagements
spécifiques ont été respectés (transformation
d'emploi, régime indemnitaire...). Notamment, le budget informatique,
exonéré de la régulation budgétaire, a pu
progresser régulièrement.
Il est certain qu'à terme les moyens de l'agence se
révéleront insuffisants surtout si on devait s'engager dans une
plus grande fluidité du marché du travail avec une moins grande
stabilité de l'emploi, comme on l'observe dans les pays ayant le plus
faible taux de chômage.
3. L'association pour la formation professionnelle des adultes
La subvention de fonctionnement de l'AFPA est, pour 1998, en
progression de 0,31 %, passant de 3.991,43 millions de francs
à 4004,03 millions de francs. Cette progression s'explique
uniquement par la prise en charge du centre de formation Yves Bodiguel,
jusqu'à présent subventionné sur un autre chapitre
budgétaire.
Avec les crédits de paiement, 294,4 millions de francs, la dotation
globale s'élève à 4.298,43 millions de francs, en
augmentation de 9,5 %. Vos rapporteurs se félicitent de ce que le
Gouvernement ait admis l'importance des investissements pour moderniser ou
maintenir en état les outils pédagogiques et de formation,
permettant ainsi à l'AFPA de satisfaire à l'exigence permanente
de mise à jour des formations. Encore faut-il espérer que ces
crédits ne subissent pas d'annulation en cours d'année, comme
cela a été le cas cette année.
En application du contrat de progrès signé avec l'Etat en 1994,
l'AFPA a poursuivi la réalisation de ses deux objectifs : augmenter le
nombre de ses prestations et se réformer tant en ce qui concerne son
organisation que ses règles et ses modalités de fonctionnement.
L'Etat, de son côté, s'engageait à définir ses
propres objectifs en matière de commande publique et à garantir
l'apport des ressources nécessaires à l'association pour remplir
ses objectifs.
Cela n'a pas été le cas cette année puisque les
crédits d'investissement ont été diminués de
30 millions de francs. Néanmoins, ce contrat de progrès a
permis à l'AFPA de se réformer efficacement, de s'ouvrir sur
l'extérieur et de constituer désormais un pôle de
référence dans le domaine de la formation.
L'activité formation est en hausse constante et le résultat net
en 1996 a été de 140 millions de francs. Par ailleurs,
l'Etat n'assurant plus qu'une partie des investissements, l'AFPA a dû
assurer elle-même le complément, ce qui l'a conduite à
s'ouvrir davantage sur l'extérieur. 1996 a vu la signature d'un accord
paritaire, favorisant tout à la fois le dialogue social et une plus
grande maîtrise de la masse salariale, une première certification
des comptes (avec réserves cependant) et la mise en oeuvre d'une
comptabilité analytique.
En 1997, le résultat net sera sans doute inférieur à celui
de 1997, notamment parce que l'association n'a pu atteindre ses objectifs en
matière d'offre de formation aux entreprises.
Des progrès restent encore à réaliser, pour favoriser
l'ouverture vers l'extérieur de l'association, réexaminer la
question des investissements, préciser sa nature et son statut, voire
disposer d'outils réglementaires mieux adaptés. Ce sera l'objet
du nouveau contrat de progrès (1999-2004) sur lequel le ministère
et l'AFPA commencent à travailler.
4. Etudes, recherche et coopération internationale
Les crédits consacrés à ces actions
diminuent de 4,5 %, revenant de 54,26 millions de francs à
51 millions de francs. Les diminutions portent essentiellement sur les
études (- 6 %), par ajustement aux crédits
utilisés, et sur la subvention versée au GIP inter au titre de la
coopération internationale. Il est précisé que les
études porteront notamment en 1998 sur la mise au point d'un outil
statistique mensuel sur les créations et les suppressions d'emploi.
Seuls les crédits du Centre d'étude de l'emploi progressent de
3,3 % à 33,1 millions de francs.
5. Les moyens consacrés aux relations du travail
(En millions de francs)
LFI 97 |
PLF 98 |
% |
|
D - Relations du travail |
394,28 |
233,40 |
- 40,8 |
Conseil supérieur de la prud'homie |
0,60 |
0,60 |
0,0 |
ANACT et FACT |
79,27 |
87,30 |
10,1 |
OPRI |
4,60 |
2,40 |
- 47,8 |
Elections prud'homales |
173,60 |
1,10 |
- 99,4 |
Dépenses d'intervention |
136,21 |
142,00 |
4,3 |
Ces crédits baissent de 40,8 % passant de
394,28 millions de francs à 233,4 millions de francs. Cette
baisse provient essentiellement de la fin du processus de préparation
des élections prud'homales, qui auront lieu le 10 décembre
prochain, les crédits inscrits pour 1998 (1,1 million de francs)
permettant, en tant que de besoin, de financer des élections partielles.
L'Office de protection contre les rayonnements ionisants voit ses
crédits diminuer de 47,8 % à 2,40 millions de francs.
En revanche, les crédits de l'Agence nationale pour
l'amélioration des conditions de travail et du Fonds pour
l'amélioration des conditions de travail progressent de 10,1 %
à 87,30 millions de francs ; pour 1998, l'accent est mis sur la
réorganisation du temps de travail et sa réduction, notamment
dans les PME.
Enfin, les dépenses d'intervention liées aux relations du travail
progressent de 4,25 % à 142 millions de francs, avec de
grandes variations suivant les articles.
Les dépenses d'intervention liées aux relations du travail
(En millions de francs)
Art. |
Libellé |
1997 |
1997 à structure 1998 |
1998 |
Evolution en % |
11 |
Formation syndicale |
74,16 |
74,16 |
75,66 |
2,02 |
12 |
Aide à la négociation |
3,00 |
3,00 |
2,10 |
- 30,00 |
20 |
Société ouvrière de production |
0,15 |
- |
0,00 |
- |
30 |
Groupements et intérêt général |
1,00 |
1,15 |
1,15 |
15,00 |
40 |
Formation des conseillers prud'homaux |
36,00 |
36,00 |
40,49 |
12,47 |
50 |
Conseiller du salarié |
6,00 |
6,00 |
7,00 |
16,67 |
61 |
Médecine du travail |
1,40 |
- |
0,00 |
- |
62 |
Prévention des risques professionnels |
7,50 |
- |
0,00 |
- |
80 |
Directives européennes Sécurité |
7,00 |
- |
0,00 |
- |
90 |
Santé, sécurité du travail, directives européennes |
0,00 |
15,90 |
15,60 |
- |
Total chapitre 44,73 |
136,21 |
120,31 |
142,00 |
4,25 |
Les évolutions positives concernent la formation des
nouveaux conseillers prud'homaux, la revalorisation des subventions aux
organisations syndicales et les crédits consacrés aux conseillers
du salarié, dont l'activité ne cesse de s'accroître et qui
bénéficieront d'une indemnité forfaitaire.
Par contre, les crédits consacrés à la médecine du
travail et à la prévention des risques professionnels, à
15,60 millions de francs, diminuent de 0,30 million de francs.
On notera cependant que les dernières statistiques connues, celles de
1995 et des trois premiers trimestres 1996, établies par la Caisse
nationale d'assurance maladie, laissent apparaître après une
baisse globale en 1992, 1993 et 1994 une légère hausse, pour
1995, de 0,6 % par rapport à 1994, soit 672.234 accidents avec
arrêt réglés (667.633 accidents en 1994, 675.932 en 1993).
Il y a lieu également de constater que le nombre d'accidents graves
(ayant entraîné une incapacité permanente) est en hausse de
8,9 % par rapport à 1994 avec 60.250 accidents.
En revanche, le nombre des accidents mortels poursuit sa diminution
régulière depuis 1991, soit 712 en 1995.
Cependant, l'évolution parallèle des effectifs salariés et
du nombre d'heures travaillées, ainsi que l'analyse des indices et taux
de fréquence des accidents du travail avec arrêt permettent de
constater une baisse de la fréquence des accidents du travail.
En ce qui concerne la gravité des accidents, on note par contre une
augmentation à la fois de l'indice de gravité des
incapacités permanentes et du taux de gravité des
incapacités temporaires.
L'examen du nombre des accidents du travail survenus au cours des trois
premiers trimestres de 1996 révèle, en revanche, une baisse de
3,3 % par rapport à la même période de l'année
précédente.
Votre commission recommande la plus grande vigilance quant aux effets de ces
mesures d'économie.
*
* *
Même s'il s'inscrit apparemment dans une certaine
continuité par rapport aux budgets précédents, car il ne
propose ni l'arrêt d'actions en cours, ni la mise en oeuvre de
dispositifs radicalement nouveaux, le budget du travail, de l'emploi et de la
formation professionnelle pour 1998 laisse apparaître des
infléchissements hasardeux ou même dangereux. En effet, les deux
mesures prioritaires, l'abaissement autoritaire du temps de travail à
35 heures et les emplois-jeunes, auront des effets particulièrement
négatifs sur la croissance et l'emploi en venant contrecarrer une
amélioration de la conjoncture économique encore très
fragile. De plus, leurs financements, outre qu'ils pèseront à
l'avenir sur les entreprises et les ménages, directement ou
indirectement, en alourdissant les prélèvements obligatoires, ont
nécessité des redéploiements immédiats des plus
contestables, notamment au détriment de l'allégement du
coût du travail et de la formation en alternance des jeunes, deux
dispositifs que votre commission des Affaires sociales juge prioritaires.
C'est pourquoi, au terme de cet examen, votre commission des Affaires
sociales a émis un avis défavorable à l'adoption des
crédits consacrés au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle contenus dans le projet de loi de finances pour
1998.
1
Seuls figurent ici les propos relatifs
au budget du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.
L'intégralité de l'audition peut être consultée dans
le bulletin des commissions n° 4 du 25 octobre 1997.
2
Les crédits accompagnant le transfert des inscriptions des
demandeurs d'emploi de l'ANPE à l'UNEDIC (235 millions de francs) et les
primes d'apprentissage (4.874 millions de francs).
3
Enquête sur l'activité et les conditions d'emploi de
la main d'oeuvre (ACEMO) au 1er juillet 1997
4
L'INSEE a constaté en mars 1997 (enquête emploi) un
léger recul de la population active (- 9.000), expliqué par
un retrait des femmes actives.
5
L'OFCE est plus modéré dans ses prévisions
que l'INSEE : il prévoit seulement 70.000 créations nettes
d'emplois dans le secteur marchand en 1997 et 135.000 en 1998.
6
Les simulations macro-économiques menées à
cette occasion évaluaient entre 720.000 et 900.000 le nombre d'emplois
créés ou sauvegardés au terme des sept ans sur la base
d'une hypothèse de 10 millions de salariés concernés. La
loi ayant désormais une durée de vie limitée, ces
simulations ne seront ni validées ni infirmées.
7
Les contrats de travail à temps partiel annualisé
seraient exclus de l'abattement de 30 %, sauf ceux à temps choisi.
8
Même si, d'après la ministre, l'entreprise n'aura pas
l'obligation d'appliquer les 35 heures, le surcoût des
dépassements horaires sera tel qu'elle n'aura guère le choix.
9
La loi de Robien est volontairement muette sur ce sujet, laissant
les partenaires sociaux libres de négocier.
10
117.149.367 francs sont inscrits au chapitre 31-96 du
ministère de l'intérieur pour 8.250 adjoints de
proximité. Il s'agit de financer les 20 % restant à la
charge du ministère. Par ailleurs, 113.075.067 francs sont inscrits
au chapitre 34.41 au titre des moyens de fonctionnement des emplois de
proximité. Vos rapporteurs soulignent à cette occasion combien il
est difficile de savoir comment et par qui un emploi est créé et
financé, des informations différentes circulant : 20.000 emplois
" Chevènement " annoncés, 8.250 financés,
40.000 emplois " Allègre " financés, en partie,
semble-t-il, sur la rémunération des heures
supplémentaires des enseignants, pas de financement éducation
nationale pour les 35.000 emplois à créer en 1998...).
11
Au demeurant, ces activités dites nouvelles et
émergentes sont très contestables : bien des emplois
nécessiteraient des qualifications et une expérience que ces
jeunes -déjà en difficulté d'insertion par
définition- n'auront pas. En outre, certains de ces emplois
subventionnés viendront concurrencer des activités existantes,
notamment dans le domaine social. Rien ne dit qu'ils ne seront pas destructeurs
d'emploi.
12
Les 40.000 emplois " Allègre " de 1997,
reconduits évidemment en 1998, et les 8.250 emplois
Chevènement comptabilisés ici sur six années seulement. On
ne prend pas en compte les 35.000 nouveaux emplois éducation
nationale considérés comme des emplois jeunes de droit commun.
13
Les emplois-jeunes bénéficient de crédits,
pour leur rémunération, inscrits au titre III (Education
nationale et Intérieur) et au titre IV (Emploi)...
14
Cet article, comme les articles 64, 65 bis, 65 ter et 66, ont
été détachés du budget de l'emploi par la
commission des Finances pour les réintégrer dans les articles de
seconde partie. La commission des Affaires sociales n'a donc pas émettre
d'avis formels sur eux.
15
Il s'agit de la compensation d'exonération de cotisations
sur certains avantages en nature du secteur des
hôtels-cafés-restaurants. Un amendement en ce sens a, en effet,
été adopté à l'Assemblée nationale (art. 65
bis). Cette mesure sera mise en oeuvre progressivement. Elle résulte
d'un engagement du précédent Gouvernement en contrepartie de la
signature de la première convention collective nationale de ce secteur.
16
En mai 1997, on comptait 354.005 comptes actifs, en progression
de 22 % depuis la fin de l'année 1996. Depuis sa création un
million de chéquiers ont été envoyés, et un flux de
25.000 nouvelles adhésions mensuelles a été
constaté.
17
Etude REXECODE (Impact économique de diverses mesures en
faveur des emplois familiaux) - juillet 1997.
18
Peut-être par l'intermédiaire d'un fonds de
concours. Lors des auditions de vos rapporteurs, l'AGEFAL n'avait pas
été saisie officiellement de cet appel à concours qui ne
fait l'objet d'aucune disposition législative mais figure dans le bleu
budgétaire.
19 " Jaune " budgétaire : la formation professionnelle.
20
Certaines régions privilégieraient
les formations de niveau supérieur au détriment des formations
d'insertion.
21
La collecte de l'année est rattachée à
l'année en cours alors qu'elle doit financer les actions de
l'année suivante. Cela entraîne un excédent de
trésorerie évidemment très tentant.
22
Les partenaires sociaux poursuivent leur remise en ordre de ces
contrats : ainsi l'accord paritaire du 26 février 1997,
transposé à l'initiative du Sénat dans le code du travail
par la loi du 16 octobre 1997, a étendu et redéfini le
contrat d'orientation.
23
Décret n° 97-278 du 24 mars
1997, publié au JO du 26 mars 1997.
24
Ces crédits figurent aux chapitres 44-74, 43-04 et 44-78
du budget emploi.
25
Stages d'insertion et de formation à l'emploi.
26
Stages d'accès à l'emploi.
27
La commission s'est interrogée sur
l'opportunité de supprimer totalement ce dispositif. Elle ne pense pas,
comme la ministre de l'emploi et de la solidarité, que tous ces emplois
aient vocation à basculer dans les emplois-jeunes. C'est pourquoi elle a
adopté un amendement rétablissant les emplois-villes (cf. rapport
pour avis " Ville et intégration " de M. Paul BLanc).
28
L'Etat s'engagerait dans ce dispositif en faveur du départ
dès 56 ans de salariés ayant commencé leur activité
à 14 ans et ayant cotisé 40 ans, en contrepartie d'embauches
nouvelles. Cet abondement est subordonné à un accord entre les
partenaires sociaux gestionnaires de l'UNEDIC.
29
Une partie (2,5 millions de francs) de ces crédits
sont transférés à l'ANACT pour financer les diagnostics
courts dans le cadre de l'aménagement et de la réduction du temps
de travail.
30
Qui bénéficiera d'une subvention de
l'Etat de 235 millions de francs (- 6 %) à ce titre.