Avis n° 89 Tome III - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - VILLE ET INTEGRATION
M. Paul BLANC, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES - Avis n° 89 Tome III - 1997/1998
Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
-
UNE POLITIQUE DE LA VILLE FRAPPÉE PAR UN RISQUE DE DÉMOBILISATION APRÈS L'IMPULSION DONNÉE PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE-
I. LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE : UNE AMBITION QUI COMMENCE À PORTER SES
FRUITS
- A. UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE PRIORITAIRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ADAPTÉE AUX PARTICULARITÉS DES QUARTIERS EN DIFFICULTÉ.
- B. L'ÉLAN INCONTESTABLE DONNÉ PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE
- C. QUELQUES ASPECTS DE LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE EN 1997
-
II. UN BUDGET QUI NE CONJURE PAS LE RISQUE D'UNE DÉMOBILISATION
- A. LES CARACTÉRISTIQUES DE L'EFFORT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN EN 1998
-
B. UNE POLITIQUE DE LA VILLE SUR LA VOIE DE LA DÉMOBILISATION
- 1. Uns structure gouvernementale peu satisfaisante
- 2. Les incertitudes initiales sur les orientations choisies
- 3. Les emplois-jeunes ne présentent pas du point de vue de la politique de la ville les mêmes garanties que les emplois-ville
- 4. La baisse sensible des crédits de paiement sur les emplois de ville fait naître des inquiétudes
-
I. LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE : UNE AMBITION QUI COMMENCE À PORTER SES
FRUITS
-
CHAPITRE II
-
UN BUDGET DE L'INTÉGRATION
À APPRÉCIER AU REGARD DES PROCHAINS TEXTES
SUR L'ENTRÉE ET LE SÉJOUR DES ÉTRANGERS EN FRANCE- I. LES ASPECTS STATISTIQUES DE L'IMMIGRATION
- II. LES PRINCIPALES MESURES PRISES EN 1997
- III. LES CRÉDITS PRÉVUS POUR 1998 DANS LE CADRE DE LA POLITIQUE D'INTÉGRATION DU GOUVERNEMENT
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
VILLE ET INTÉGRATION
Par M. Paul BLANC,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Jean-Pierre Fourcade,
président
; Jacques Bimbenet, Mme
Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier,
Louis Souvet,
vice-présidents
; Jean Chérioux, Charles
Descours, Roland Huguet, Jacques Machet,
secrétaires
;
François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick
Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis
Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M.
Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis,
Alain Gournac, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Pierre Lagourgue,
Dominique Larifla, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain
,
Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès,
Serge Mathieu, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin,
MM. Sosefo Makapé Papilio, André Pourny, Mme Gisèle
Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau,
Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
19
)
(1997-1998).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie le mercredi 22 octobre 1997, sous la
présidence de
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
la
commission a procédé à
l'audition
de
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
et de
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la
santé,
sur les crédits de leurs départements
ministériels pour 1998.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
après avoir rappelé que le budget de l'emploi et de la
solidarité s'élevait à 229 milliards de francs, a
souligné que sa progression était supérieure à la
norme de 1,5 % retenue pour l'ensemble du budget de l'Etat :
4,4 % pour le budget emploi (112,6 milliards), et 3,6 % en
intégrant les crédits inscrits au budget des charges communes,
soit au total 115,8 milliards de francs, et près de 3 % pour le
budget santé, solidarité, ville (73,2 milliards).
Le ministre a ensuite présenté brièvement les
crédits d'intégration (434 millions de francs)
affectés à des subventions de fonctionnement en faveur des
centres d'hébergement des réfugiés et des demandeurs
d'asile et à des interventions en faveur des populations migrantes.
Elle a souligné que, sur la question de la gestion des flux migratoires,
le ministère de l'emploi et de la solidarité avait engagé
un travail interministériel avec les départements d'autres
ministères concernés par l'intégration.
M. Paul Blanc,
rapporteur pour avis des crédits de la ville et
de l'intégration,
après avoir constaté que le
Gouvernement n'était pas revenu sur les dispositions du pacte de relance
pour la ville, s'est interrogé sur les mesures envisagées en
matière de développement de l'aide au retour des immigrés
et de rénovation des foyers de travailleurs migrants, il a
souhaité que le revenu minimum d'insertion (RMI) devienne un revenu
minimum " d'insertion et d'activité ".
S'agissant de l'aide au retour des travailleurs migrants et de leur famille,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a précisé que cette aide avait concerné, toutes
procédures confondues, 2.000 personnes en 1996.
Elle a indiqué que les mesures financées par l'Office des
migrations internationales (OMI), à hauteur de 16 millions de francs,
avaient concerné 200 personnes au titre de l'aide publique à la
réinsertion des travailleurs étrangers menacés de
licenciement économique et aux chômeurs indemnisés depuis
trois mois, 1.500 personnes au titre de l'aide à la réinsertion
des étrangers invités à quitter le territoire et 300
personnes au titre du rapatriement des étrangers en situation de
très grande précarité.
Elle a précisé que l'OMI avait mis en place, sur financement du
ministère de la coopération, un programme de développement
local lié aux migrations (PDLM), destiné à financer les
projets de développements économiques locaux, qui avait
fonctionné jusqu'en 1997 au Mali, en Mauritanie et au
Sénégal.
Elle a indiqué que le ministère de l'emploi et de la
solidarité allait travailler activement à la mise en place d'une
réelle politique d'accompagnement des mouvements migratoires en
étendant le champ des pays concernés par le PDLM.
Concernant les foyers de travailleurs migrants,
Mme Martine Aubry
a
rappelé que, dans le cadre de la convention signée le 14 mai 1997
entre l'Etat et l'Union économique et sociale pour le logement (UESL),
le Gouvernement disposait d'une enveloppe de 360 millions de francs par an
pendant cinq ans à consacrer au financement de la réhabilitation
des foyers de travailleurs immigrés.
Elle a précisé, qu'en accord avec le ministère du
logement, de nouvelles priorités, différentes de celles
préconisées dans le rapport de M. Henri Cuq, seraient
définies concernant les foyers à restructurer et que, dès
1997, les préfets avaient été saisis par la commission
nationale pour le logement des immigrés (CNLI) afin de dresser une liste
des opérations de réhabilitation qui étaient prêtes
et dont les cofinancements étaient assurés.
Concernant la transformation des emplois de ville en emplois-jeunes, elle a
convenu que les jeunes des quartiers en difficulté n'étaient pas
tous aptes à occuper des emplois jeunes mais a rappelé que les
conditions d'accès aux CES seraient " recalibrées " et
que des instructions avaient été données aux
préfets pour que les jeunes titulaires d'un emploi ville ainsi que les
jeunes résidant dans les quartiers sensibles bénéficient
des emplois-jeunes en priorité.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mardi 4 novembre 1997, sous la
présidence
de
M. Jean-Pierre Fourcade,
président,
la commission a procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M. Paul Blanc
sur le
projet de loi de finances pour 1998
(emploi et solidarité : ville
et intégration).
M. Paul Blanc, rapporteur pour avis,
a tout d'abord rappelé que
la géographie prioritaire de la politique de la ville était
articulée, depuis l'intervention du pacte de relance pour la ville,
autour de 750 zones urbaines sensibles (ZUS), 416 zones de redynamisation
urbaine (ZRU) et 44 zones franches urbaines (ZFU), chaque catégorie de
zones bénéficiant de mesures de " discrimination
territoriale positive " à proportion des difficultés
rencontrées.
Evoquant les indicateurs relatifs au taux de chômage, à la
proportion de non-diplômés et à l'insuffisance des
structures commerciales pour les 4,6 millions de Français vivant
dans les zones sensibles,
M. Paul Blanc, rapporteur pou avis,
a
souligné les analogies avec les zones rurales défavorisées
et l'utilité d'une réflexion fondée sur la notion
d'aménagement du territoire.
Abordant le bilan du pacte de relance pour la ville, il a indiqué qu'en
mai 1997, il était apparu que les implantations d'entreprises nouvelles
avaient permis d'augmenter de 10 % le nombre d'emplois dans les zones
franches urbaines.
Prenant l'exemple de la ZFU de Garges-les-Gonesse, il a mis l'accent sur
l'ampleur du mouvement d'intérêt suscité par les
exonérations fiscales et sociales créées par le pacte.
Evoquant ensuite certains aspects de la mise en oeuvre du pacte, il a
souligné que les opérations " Villes, Vie, Vacances "
s'étaient déroulées dans de bonnes conditions au cours de
l'année 1997 tout en soulignant que, pour l'avenir, les
collectivités locales ne pourraient pas seules supporter les coûts
d'encadrement des jeunes accueillis.
Il a présenté ensuite la convention signée le 14 janvier
1997 avec la Mutualité française afin d'améliorer
l'accès aux soins des personnes les plus démunies dans le cadre
d'une expérimentation conduite dans quatorze quartiers de la politique
de la ville et a souhaité que la convention soit pleinement effective en
1998.
Evoquant la sécurité dans les quartiers difficiles, il a
souhaité que le redéploiement de 3.000 fonctionnaires de police
prévu sur trois ans par le pacte de relance pour la ville soit poursuivi
afin d'assurer la stabilisation des chiffres de délinquance.
Présentant ensuite le budget de la ville tel qu'il ressort du jaune
budgétaire,
M. Paul Blanc, rapporteur pour avis,
a
souligné tout d'abord que les crédits spécifiques
gérés par la délégation interministérielle
à la ville (DIV) montraient une diminution de 27 % des crédits de
paiement sur les investissements financés au titre des contrats de ville
par le ministère de l'emploi et de la solidarité.
Il a souligné la stabilité des crédits
contractualisés versés par les différents
ministères ainsi que l'augmentation des divers crédits
affectés au développement social urbain imputable aux
emplois-jeunes.
Il a regretté que les crédits de la dotation de solidarité
urbaine (DSU) et du fonds de solidarité des communes de la région
d'Ile-de-France (FSCRIF) soient intégrés dans un agrégat
relatif aux concours de l'Etat.
Puis,
M. Paul Blanc, rapporteur pour avis,
a constaté que la
politique de la ville suivie depuis mai 1997 était porteuse d'un risque
de démobilisation susceptible d'amoindrir l'impact du pacte de relance.
Tout d'abord, il a regretté que la structure gouvernementale actuelle ne
permette plus d'intégrer les préoccupations liées à
l'aménagement du territoire dans la définition de la politique de
la ville et a observé que la charge de travail qui pesait sur le
ministre de l'emploi et de la solidarité ne permettait pas de donner
toute sa place à la politique de la ville.
Il a souligné ensuite que les orientations actuelles laissaient planer
une incertitude pour les décideurs locaux. Il a rappelé que si le
Gouvernement avait critiqué à l'origine " les
politiques-ghettos de subventions particulières ", il
s'était prononcé ensuite en faveur du maintien, sous certaines
conditions, de politiques spécifiques.
Il a regretté que le dispositif des emplois-jeunes ne présente
pas les mêmes garanties en matière de formation des jeunes des
banlieues que les emplois de ville créés par le
précédent Gouvernement. Il a souligné l'effet
d'éviction qui pouvait se produire au détriment des jeunes des
quartiers en difficulté.
Enfin, il a constaté que la réduction des moyens en
crédits de paiement qui intervient au cours de la dernière
année du XIe plan (1994-1998) faisait courir un risque de retard dans
l'achèvement des opérations en cours.
Après avoir évoqué les crédits relatifs à
l'intégration, il a proposé de rejeter les crédits
relatifs à la ville et à l'intégration et de supprimer
l'article 64 du projet de loi de finances pour 1998 qui abroge le dispositif
des emplois-jeunes.
M. René Marquès
a confirmé que la saison 1997
s'était déroulée dans un calme relatif dans les stations
des Pyrénées-Orientales qui accueillaient des jeunes venus des
quartiers sensibles par leurs propres moyens ou dans le cadre des
opérations " Villes-Vies-Vacances ". Concernant les ZFU, il
a
regretté les cas de transfert ou d'extensions d'entreprises
déjà existantes.
M. André Jourdain
a souligné également que le bilan
du pacte de relance pour la ville devrait faire la part entre les
véritables créations d'entreprises et les simples changements de
localisation motivés par un effet d'aubaine.
M. Jean Chérioux
s'est interrogé sur le niveau et
l'évolution des crédits gérés par le fonds d'action
sociale pour les travailleurs migrants (FAS) ainsi que sur les modalités
de distribution de ces sommes.
M. Alain Vasselle
a insisté sur l'importance d'une politique de
prévention. Il a souligné que la politique de la ville devait
être conjuguée à une politique de revitalisation du monde
rural afin d'assurer une meilleure répartition de la population dans le
cadre de la politique d'aménagement du territoire.
M. Guy Fischer
a estimé que le pacte de relance pour la ville
pouvait avoir des effets pervers mais qu'il était trop tôt pour
procéder à une évaluation satisfaisante. Il s'est
inquiété de la mauvaise répartition des logements sociaux
entre les communes.
Mme Joëlle Dusseau
a souhaité que les données
relatives à la situation des zones franches soient actualisées en
opérant une distinction entre les nouvelles implantations d'entreprises
résultant d'un transfert et celles résultant d'une
création afin de prendre en compte les possibles effets d'aubaine. Elle
a insisté sur la nécessité d'un renforcement de la
mixité sociale dans les quartiers.
M. André Vezinhet
a estimé qu'il n'y avait pas de
césure nette entre la politique suivie au titre du pacte de relance et
celle conduite par Mme Martine Aubry et s'est déclaré en
désaccord avec le rapport présenté par M. Paul Blanc.
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
s'est interrogé sur le
devenir des contrats d'agglomérations.
S'agissant du bilan du pacte de relance pour la ville,
M. Paul Blanc,
rapporteur pour avis
, a souligné que les réponses qui lui
avaient été transmises étaient imprécises et
succinctes tout en rappelant que l'article 45 de la loi du 14 novembre 1996
prévoyait la transmission d'un rapport d'évaluation annuel au
Parlement.
Il s'est interrogé sur la volonté de l'actuel Gouvernement de
poursuivre la politique de la ville dans le cadre fixé par le pacte de
relance pour la ville.
Concernant la structure ministérielle, il a souligné que la
politique de la ville avait perdu une dimension importante en étant
déconnectée du ministère de l'aménagement du
territoire.
S'agissant du FAS, il a précisé que son budget était de
1,125 milliard de francs en 1997 et a présenté les
principaux aspects de la réforme de la procédure d'instruction
des demandes de subventions.
Il a rappelé que la procédure était
déconcentrée, que divers contrôles de base étaient
assurés avant le versement des subventions et que les associations
subventionnées faisaient l'objet de contrôles a posteriori sur
échantillon.
Puis, la commission a émis un
avis défavorable à
l'adoption des crédits relatifs à la ville et à
l'intégration dans le projet de loi de finances pour 1998 ainsi
qu'à l'adoption de l'article 64 de ce projet de loi
sous
réserve de l'appréciation qui sera faite par la commission des
finances quant au maintien du rattachement de cet article au budget de l'emploi
et de la solidarité (ville et intégration).
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Cet avis s'inscrit dans un cadre différent de celui de l'année
dernière puisqu'il commente les crédits relatifs à la
politique de la ville et à l'intégration, qui étaient
rattachés, l'année dernière, à un ministère
délégué à part entière mais qui
s'insèrent, cette année, au sein de l'ensemble des crédits
du ministère de l'emploi et de la solidarité.
S'agissant de la politique de la ville, le projet de budget pour 1998 se situe
à un tournant.
Tout d'abord, parce qu'il intervient à l'issue de la première
année d'application du Pacte de relance pour la ville,
décidé en 1996, et qui a pour objet de donner une impulsion forte
à l'activité économique dans les quartiers sensibles.
Ensuite, parce qu'il est le premier budget relatif à la politique de la
ville du nouveau gouvernement formé à l'issue des
dernières élections législatives.
Concernant le bilan du Pacte de relance pour la ville, votre Commission a
considéré comme encourageants les premiers résultats
généraux présentés par MM. Jean-Claude Gaudin
et Eric Raoult en mai dernier, ainsi que les données locales
spécifiques qui lui ont été fournies par notre
collègue, Mme Nelly Olin, maire de Garges-les-Gonesse, sur la zone
franche urbaine de sa commune.
Pour autant, votre Commission a regretté que le Gouvernement n'ait pas
pris l'option de présenter quelques " ordres de grandeur ",
à caractère indicatif, sur le bilan du Pacte de relance pour la
ville dans la perspective de la présente discussion budgétaire.
S'agissant de la politique de la ville suivie en 1997, votre Commission a
souhaité :
- que les efforts consentis, en vue de faciliter la meilleure insertion
des jeunes accueillis en stations balnéaires dans le cadre des
opérations Villes-Vie-Vacances, sous la forme d'un encadrement
expérimenté et d'une information des communes d'accueil, soient
poursuivis en 1998 ;
- que la mise en oeuvre, amorcée en 1997, de la convention
signée par l'Etat en janvier dernier avec la Mutualité
Française, en vue de faciliter l'accès aux soins des personnes
les plus démunies dans quatorze quartiers de la politique de la ville,
soit suivie avec une particulière attention en 1998 ;
- que les projets du Gouvernement en matière de renforcement de la
sécurité dans les quartiers, par le recours à des adjoints
de sécurité recrutés dans le cadre des emplois-jeunes, ne
se substituent pas au nécessaire redéploiement des effectifs de
policiers titulaires engagé par le précédent Gouvernement.
Concernant les orientations de la politique de la ville décidées
par le nouveau Gouvernement, votre Commission a émis quatre observations
qui l'ont conduite à porter un jugement défavorable sur le
présent budget.
Tout d'abord, elle a regretté que la structure gouvernementale ne
permette pas d'assigner à la politique de la ville la priorité
qui devrait être la sienne, ni d'intégrer celle-ci dans la
perspective de la politique de l'aménagement du territoire en liaison
avec une politique de revitalisation de l'espace rural.
Ensuite, elle a déploré que les incertitudes apparues sur la
conception que se faisait le Gouvernement de la politique de la ville aient pu
entraîner, sur le terrain, une certaine inquiétude de nature
à affaiblir l'impact du Pacte de relance.
Par ailleurs, elle a souligné que les emplois-jeunes ne
présentaient pas les mêmes garanties en termes de recrutement et
de formation des jeunes des quartiers sensibles que les emplois-villes mis en
place par le Pacte de relance en s'inquiétant, à terme, d'un
possible " effet d'éviction " des jeunes des banlieues de
ces
nouveaux contrats.
Au demeurant, votre commission a adopté un amendement de suppression de
l'article 64 du projet de loi de finances qui abroge le dispositif des emplois
de ville à compter du 1er janvier 1998 afin de souligner que les
emplois-jeunes ne présentent pas les mêmes garanties juridiques
que les emplois-villes en matière de recrutement de jeunes
résidant en zones urbaines sensibles.
Enfin, elle s'est demandé si l'évolution à la baisse des
crédits de paiement au titre des contrats de ville prévue pour
1998 ne sous-estimait pas les besoins en crédits qui
résulteraient de l'achèvement en 1998 des actions et travaux en
cours.
Concernant les crédits relatifs à l'intégration, votre
Commission a estimé qu'une appréciation pourra être
réellement portée sur ceux-ci lorsque seront mieux connus les
effets des textes à venir en matière de nationalité et de
conditions d'entrée et de séjour des étrangers sur notre
territoire.
Compte tenu de ces observations, votre Commission a émis un avis
défavorable à l'adoption des crédits relatifs à la
ville et à l'intégration dans le projet de budget pour 1998.
CHAPITRE PREMIER
-
UNE POLITIQUE DE LA VILLE
FRAPPÉE PAR UN RISQUE DE DÉMOBILISATION APRÈS L'IMPULSION
DONNÉE PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE
I. LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE : UNE AMBITION QUI COMMENCE À PORTER SES FRUITS
Avant de porter un premier regard sur le bilan du pacte de relance pour la ville et d'examiner les résultats de certaines actions conduites en 1997, il est utile de rappeler les principales caractéristiques de la nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville.
A. UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE PRIORITAIRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ADAPTÉE AUX PARTICULARITÉS DES QUARTIERS EN DIFFICULTÉ.
La politique de la ville poursuivie à travers la
loi
n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du
pacte de relance pour la ville
s'inscrit dans le cadre de la politique de
" discrimination territoriale positive " dont les
fondements avaient
été posés par la
loi n° 95-115 du
4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire.
Comme l'avait rappelé M. Francis Idrac, alors
délégué interministériel à la ville, cette
politique
" consiste, dans le respect du principe républicain
d'égalité de l'ensemble des citoyens devant la loi, à
doter certains territoires d'une capacité de faire mieux, mais aussi
d'une capacité de faire autrement et différemment
qu'ailleurs ".
Il ne s'agit donc pas, suivant les principes de la discrimination au sens
anglo-saxon, de reconnaître la diversité des communautés
ethniques et d'imposer des quotas -ce qui ne serait pas conforme à nos
principes constitutionnels- mais, plus simplement, d'adapter la politique aux
situations rencontrées et d'accroître les moyens avec
intelligence, en proportionnant strictement les efforts au niveau de
déficience de l'action publique constaté dans les quartiers.
1. Une géographie prioritaire qui cerne au plus près les difficultés
Les 214 contrats de ville qui ont pour objet, dans le cadre
du
XIème Plan (1994-1999), d'accroître l'efficacité des
interventions publiques en matière d'habitat et de cadre de vie,
d'activité économique et d'emploi, de services publics, de
prévention de la délinquance et de citoyenneté, concernent
771 communes
signataires et recensent
1.300 quartiers
, dont 930
quartiers prioritaires périphériques, 112 centres villes, 195
quartiers sensibles à traiter préventivement et 71 quartiers
d'action thématique ciblée.
Le dispositif issu du Pacte de relance pour la ville distingue trois niveaux de
quartiers qui appellent chacun un degré d'action plus poussé :
a) Les zones urbaines sensibles
Les zones urbaines sensibles (ZUS) correspondent à des
grands ensembles et des quartiers d'habitat dégradé souffrant
d'un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi.
Elles sont d'abord apparues dans la
loi du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement du territoire
qui faisait
référence à la liste des grands ensembles et des quartiers
d'habitat dégradé mentionnée par le décret du
5 février 1993
1(
*
)
.
Une nouvelle liste de 750 ZUS (dont 34 dans les départements
d'outre-mer) situées sur le territoire de 490 communes dans 87
départements, a été sélectionnée parmi :
- les quartiers inscrits dans les contrats de ville,
- les quartiers inscrits au décret du 5 février 1993
précité, mais ne bénéficiant pas de contrat de
ville,
- quelques quartiers hors des procédures précitées,
mais dont les caractéristiques sociales étaient fortement
dégradées.
Cette liste résulte du décret
n° 96-1156 du 26
décembre 1996 pris en application de la loi n° 96-987 du 14
novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance
.
Les habitants des ZUS bénéficient :
- des emplois de ville (article 8 de la loi n° 96-376 du 6 mai 1996
relative à la réforme du financement de l'apprentissage),
- d'une dérogation aux plafonds de ressources du PLA,
- d'une exonération du supplément de loyer de solidarité
en HLM,
- d'un développement du programme " Ecole ouverte ",
- d'une extension des zones d'éducation prioritaire (ZEP).
Les entreprises peuvent y être exonérées par le conseil
municipal de taxe professionnelle (exonération non compensée par
l'Etat à la charge des communes).
Les fonctionnaires travaillant en ZUS bénéficient de la nouvelle
bonification indiciaire (NBI). Ces zones bénéficient aussi
d'avantages en termes d'équipement et d'aménagement urbain
(prêts projets urbains, transformation des grands logements, ...).
b) Les zones de redynamisation urbaine
Les zones de redynamisation urbaine (ZRU) avaient
été définies par la loi du 4 février 1995
précitée en ne prenant en compte que les ZUS comprises dans une
commune éligible à la dotation de solidarité urbaine (DSU).
La loi du 14 novembre 1996 de mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville
se réfère à une sélection de critères
tirés de plusieurs éléments représentatifs de la
dégradation des conditions de vie dans les ZRU à savoir, la
population, le taux de chômage, la proportion de jeunes de moins de 25
ans, la proportion de jeunes sortis du système scolaire sans
diplôme et le potentiel fiscal des communes de rattachement.
Les 416 ZRU actuelles (dont 20 dans les DOM) ont été
sélectionnées dans 343 communes et 76 départements parmi
les 750 ZUS
2(
*
)
.
Le dispositif visant à conforter ou à recréer de
l'activité économique dans ces quartiers très
défavorisés, est constitué pour l'essentiel
d'exonérations fiscales et sociales accordées aux entreprises.
Les mesures applicables en ZRU sont les suivantes :
- exonération, compensée par l'Etat, de taxe professionnelle,
pour les établissements nouveaux, ou déjà existants,
pendant cinq ans sur la totalité de la base imposable, plafonnée
à 1 million de francs pour la création ou l'extension, et
à 500.000 francs pour les établissements existants
(art. 1466
A I ter, du code général des impôts),
- exonération d'impôt sur les bénéfices, totale les
deux premières années puis dégressive les
troisième, quatrième et cinquième années, sans
plafonnement, pour les entreprises nouvelles
(article 44 sexies du code
général des impôts),
- exonération de taxes foncières sur les propriétés
bâties, pendant deux ans, pour les entreprises nouvelles ou les
établissements créés ou repris à une entreprise en
difficulté
(article 1383 du code général des
impôts),
- exonération sur douze mois des charges sociales patronales du
quatrième au cinquantième salarié pour les entreprises
nouvelles ou existantes sur une fraction de salaire n'excédant pas 1,5
fois le SMIC.
c) Les zones franches urbaines
Enfin, les zones franches urbaines (ZFU) ont été
déterminées, après appel à projet, parmi les
quartiers de plus de 10.000 habitants présentant les
caractéristiques les plus dégradées en termes de
chômage des jeunes, de qualification professionnelle ou de ressources des
communes.
Les ZFU, qui bénéficient des exonérations fiscales et de
charges sociales les plus importantes, sont au nombre de 44, dont 38 en
métropole et 6 dans les départements d'outre-mer. Elles sont
déterminées par le Législateur qui en a fixé la
liste en annexe à la
loi n° 96-987 du 14 novembre 1996.
La délimitation de ces zones a été fixée par deux
décrets du 26 décembre 1996
3(
*
)
. Le
périmètre d'une ZFU peut inclure une
ou plusieurs ZRU en totalité ou en partie.
L'effort de l'Etat est particulièrement concentré et repose sur
des mesures d'exonération fiscale et sociale renforcées :
- exonération compensée par l'Etat de taxe professionnelle pour
les établissements nouveaux ou déjà existants ou
étendus, pendant cinq ans, sur la totalité de la base imposable,
plafonnée à 3 millions de francs
(article 1466 A I quater du
code général des impôts),
- exonération d'impôt sur les bénéfices totale
pendant cinq ans, avec plafonnement à 400.000 francs par an, pour les
entreprises nouvelles ou existantes
(article 44 octies du code
général des impôts),
- exonération de taxes foncières sur les propriétés
bâties pendant cinq ans
(article 1383 A du code général
des impôts),
- exonération des charges sociales sur douze mois des charges sociales
patronales du quatrième au cinquantième salarié pour les
entreprises nouvelles ou existantes sur une fraction de salaire
n'excédant pas 1,5 fois le SMIC.
Les dispositifs de développement, le programme global
d'aménagement et le périmètre de ces zones doivent avoir
fait l'objet d'une convention entre l'Etat et les communes concernées.
2. Des indicateurs sociaux qui témoignent d'une situation très dégradée
En 1997, la Délégation interministérielle
à la Ville a fait réaliser par l'Institut national des
statistiques et des études économiques (INSEE) une exploitation
particulière du recensement général de la population de
1990 pour préciser et réactualiser la situation
socio-démographique des différentes zones visées par le
pacte de relance pour la ville.
La population
des quartiers identifiés dans les contrats de ville
est de 6,5 millions d'habitants à mettre en comparaison avec les 17
millions de personnes résidant dans les communes signataires des
contrats de ville.
La population est de 4.664.000 habitants dans les ZUS métropolitaines
(soit 8,2 % de la population française), 3.189.000 dans les ZRU
métropolitaines (soit 5,6 % de la population française), et
745.000 dans les ZFU métropolitaines (soit 1,4 % de la population
française).
Le taux de chômage des jeunes
est sensiblement plus
élevé dans les quartiers en difficulté.
En mars 1990, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans dans
les ZUS s'élevait à 28,5 %, 30,2 % dans les ZRU et
31,2 % dans les ZFU alors que ce même taux était de
21,1 % dans l'ensemble des agglomérations où se situent ces
quartiers et de 19,9 % pour la France métropolitaine.
Le niveau de connaissance des enfants scolarisés
dans les
quartiers en difficulté n'est appréhendé que par un seul
critère : la possession ou non d'un diplôme à la sortie du
système scolaire.
A cet égard, il apparaît qu'en 1990, 39,3 % de la population
des jeunes âgés de plus de 15 ans sortait du système
scolaire dans les ZUS en ne possédant aucun diplôme. Le taux
analogue pour les ZRU était de 40,9 % et celui des ZFU de
42,5 % alors que le taux national était de 29,1 %.
Il est frappant de constater que l'administration ne dispose pas
d'indicateur clair concernant le niveau de connaissance des
élèves
.
Certes, chaque année il est procédé
systématiquement dans tous les établissements à une
évaluation des connaissances des élèves, en
français et en mathématiques, à l'entrée en
sixième. Une analyse par sondage sur un échantillon
représentatif des résultats de ces tests permet de bâtir un
tableau national des élèves en fonction des niveaux atteints dans
ces deux matières.
Toutefois, le ministère de l'éducation nationale indique qu'il
n'est pas possible d'assimiler un établissement scolaire strictement
à la population d'un quartier car l'aire géographique de
recrutement des élèves d'un établissement ne coïncide
pas exactement avec la délimitation des zones de la politique de la
ville.
Cette absence d'information est regrettable car elle ne permet pas de mesurer
les effets des politiques suivies dans le secteur scolaire.
Enfin, s'agissant des
services publics et des commerces
, il convient de
remarquer, en premier lieu, que la situation des services publics semble
néanmoins assez variable suivant la nature de l'équipement :
selon une enquête réalisée par l'IGAS en juillet 1991 et
portant sur 320 quartiers en difficulté, 90 % des quartiers ont une
école maternelle, 84 % une école primaire, 70 % un
équipement de loisirs (maison de jeunes, centre de loisirs, centre
culturel), 68 % un équipement sportif, 66 % un commerce,
64 % un service de protection maternelle et infantile, 61 % une ligne
d'autobus, 61 % un bureau de poste, 47 % une pharmacie, 48 % une
halte-garderie et 44 % une bibliothèque.
S'agissant des
commerces,
la situation apparaît beaucoup plus
difficile.
Une enquête réalisée en 1994 sur 1.400 quartiers relevant
des contrats de ville indique
qu'un tiers des quartiers n'a plus de
commerce.
Sur les deux tiers restants, cette enquête précise qu'un tiers des
quartiers ont un équipement commercial réduit à une grande
surface de type " maxi discounter " située parfois en
bordure
de la zone sensible.
Les difficultés rencontrées dans ces quartiers et parfois leur
similarité avec celles que traversent les zones rurales en voie de
dévitalisation, soulignent, s'il en était besoin,
l'utilité d'une réflexion globale en termes d'aménagement
du territoire.
Comme votre rapporteur le rappellera ci-dessous, la structure
ministérielle retenue lors de la formation du Gouvernement ne permet pas
de prendre suffisamment en compte cette dimension territoriale de l'action de
la politique de la ville.
Cette approche globale était pourtant celle qui était à
l'oeuvre à travers le pacte de relance pour la ville, dans le droit fil
de la loi d'orientation relative à l'aménagement du
territoire.
B. L'ÉLAN INCONTESTABLE DONNÉ PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE
Le Pacte de relance pour la ville, lancé le 18 janvier
1996 à Marseille par MM. Jean-Claude Gaudin et Eric Raoult, constitue un
programme d'action global et pluriannuel dont la loi du 14 novembre 1996
précitée ne représente que le volet
" législatif ".
Le pacte de relance comprend six objectifs dont le contenu a été
exposé, de manière détaillée, dans l'avis de votre
Commission de l'année dernière : créer de
l'activité et des emplois ; renforcer la sécurité afin de
rétablir la paix publique ; rétablir les chances scolaires ;
favoriser la mixité de l'habitat ; mieux aider les partenaires de la
politique de la ville ; renforcer la présence des services publics dans
les quartiers.
Ce qui importe le plus est que l'accent est mis en priorité sur la
revitalisation de l'activité économique dans les quartiers.
La loi du 14 novembre 1996 précitée est de mise en oeuvre
relativement récente.
Il est néanmoins satisfaisant de constater que ce texte, qui comprend
45 articles et dont les textes d'application requièrent de
multiples compétences ministérielles, a donné lieu
à 18 décrets d'application dont 11 décrets en Conseil
d'Etat et à 2 instructions ministérielles qui ont
été publiés le 12 février 1997 au plus tard,
soit à peine
moins de trois mois
après la
promulgation de la loi
.
Alors que l'application des lois est souvent insatisfaisante, votre rapporteur
a tenu à souligner le caractère positif de la mobilisation de la
DIV, placée alors sous l'autorité de M. Francis Idrac.
1. L'absence de données complètes et définitives
Votre rapporteur aurait souhaité pouvoir
présenter dans cet avis une évaluation de l'impact
en
matière de développement économique des mesures
d'exonération fiscale et sociale prévues par le
Pacte de
relance pour la ville
.
Cette démarche ne semble pas prématurée
car,
même si les derniers textes d'application remontent à
février 1997, le Pacte lui-même avait été
annoncé publiquement dès janvier 1996, le débat au
Parlement avait débuté à l'Assemblée nationale
dès le printemps de l'année dernière et les décrets
essentiels, qui délimitent géographiquement les zones, remontent
à la fin du mois de décembre. Compte tenu des effets
d'anticipation des acteurs économiques, l'administration dispose
maintenant en réalité d'un recul de près de neuf mois sur
l'application du texte.
Force est pourtant de constater le laconisme de l'administration actuelle
sur le bilan du Pacte.
Dans le " jaune " budgétaire, le coût des
dépenses fiscales et sociales et des compensations est maintenu, pour ce
qui concerne les ZRU, au même niveau en 1998 qu'en 1997, soit 1.685,80
millions de francs.
S'agissant des ZFU, les manques à gagner en matière
d'exonération d'impôt sur les bénéfices
(180 millions de francs) et d'exonération de cotisations sociales
(350 millions de francs) sont reconduits à l'identique d'une
année sur l'autre, la seule différence provenant d'une
légère augmentation du coût du remboursement des
exonérations dues au titre de la taxe professionnelle.
L'évaluation du manque à gagner fiscal et social est donc de
790,80 millions de francs pour les ZFU.
Il est précisé par ailleurs qu'au premier semestre 1997, 956
salariés sont concernés par l'exonération de charges
sociales en ZFU, que 675 entreprises se seraient installées dans
les ZFU sur la même période, ce qui correspond à
2.170
créations d'emplois
sur les 26.000 bénéficiaires des
exonérations au titre des ZFU en 1997.
La réponse à la question posée sur le bilan par votre
rapporteur se borne à préciser que :
" Les mesures d'exonération, instaurées par la loi du 14
novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du Pacte de relance pour la
ville, sont en application depuis trop peu de temps pour qu'un bilan
précis puisse être réalisé aujourd'hui.
" Les comités d'orientation et de surveillance ainsi que les
comités de pilotage des zones franches urbaines ont tous
été installés.
" En application de l'article 45 de la loi précitée, le
Gouvernement remettra au Parlement le premier rapport annuel en guise de bilan
et d'évaluation. En ce qui concerne notamment les zones franches
urbaines, ce rapport devrait permettre d'apprécier l'impact de ces
mesures sur les recettes fiscales et sociales et leurs effets en matière
de développement des activités économiques et de
l'emploi. "
Outre un délai de recul, jugé trop faible, M. Jean Daubigny,
délégué interministériel à la ville entendu
par votre rapporteur, fait valoir qu'une analyse précise devrait reposer
sur les déclarations des employeurs transmises par l'URSSAF et sur les
déclarations fiscales qui ne seront disponibles que cinq mois
après l'année d'imposition. Il ne serait donc pas possible
d'obtenir un bilan réellement incontestable avant le premier semestre
1998, date à laquelle devrait parvenir au Parlement le rapport
prévu à l'article 45 de la loi du 14 novembre 1996
précitée.
2. Les premiers signes d'un nouvel élan
Votre Commission tient néanmoins à souligner le
très grand intérêt que présenteraient
pour
les élus nationaux, mais aussi pour les responsables des
collectivités territoriales concernés par les 44 zones franches
urbaines, la possibilité de disposer de
premières
estimations,
basées sur des ordres de grandeur recueillies sur le
terrain, y compris par des contacts auprès des services des diverses
communes intéressées.
Une telle démarche a déjà été
réalisée au printemps 1997
.
Au cours d'une communication en conseil des ministres du 21 mai 1997,
MM. Jean-Claude Gaudin, alors ministre de la ville et de
l'intégration, et Eric Raoult, alors ministre
délégué à la ville et à
l'intégration, ont souligné que, quatre mois après la mise
en place des dispositifs d'exonérations, les implantations d'entreprises
nouvelles avaient permis d'augmenter, déjà, de plus de 10 %
le nombre d'emplois dans les zones franches urbaines. En métropole,
675 entreprises se sont installées, y apportant ou créant
2.700 emplois ; 1.500 projets seraient en cours. L'obligation
légale d'embauche de 20 % de résidents des quartiers
" est largement dépassée, atteignant parfois
75 % ".
Votre rapporteur a tenu à s'informer de
l'impact au niveau local du
dispositif
. Il a reçu M. Thierry Verrier, chargé de la
politique de la ville dans la commune de Garges-les-Gonesse dont le maire est
notre excellent collègue, Mme Nelly Ollin.
L'encadré ci-après retrace les principales données
recueillies par la mairie de Garges à propos de la ZFU de
Garges-les-Gonesse-Sarcelles, dans le département du Val d'Oise.
Données relatives à la zone franche de
Garges-les-Gonesse
établies par le service de développement économique de
Garges
Les informations ci-dessous sont de source déclarative
: elles ont été recueillies à partir de fiches de
renseignements retournées par les entreprises contactées et
complétées, le cas échéant, par des enquêtes
téléphoniques. Ces données ne concernent pas la partie de
la zone franche relevant de la commune de Sarcelles.
·
89 entreprises se sont implantées sur la zone depuis le 1er
janvier 1997
- 47 entreprises sont des créations,
- 31 entreprises ont été totalement transférées
(délocalisation simple),
- 8 entreprises se sont implantées au titre d'une délocalisation
opérée dans le cadre d'un projet de développement ou de
maintien de l'activité,
- 3 entreprises se sont implantées dans le cadre d'une opération
de développement d'une activité principale ou d'une
activité secondaire alors qu'elles étaient déjà
implantées sur la commune.
·
Les services aux entreprises constituent une activité
dominante
Les 47 entreprises nouvellement créées opèrent :
- à 35 % dans le secteur des
services aux entreprises
essentiellement dans les domaines de l'expertise et du tertiaire
supérieur (informatique, publicité, expertise technique et
expertise comptable),
- à 16 % dans le domaine du bâtiment ;
- à 22 % dans le secteur du commerce de détail.
·
La zone franche a permis de générer 343 emplois
nouveaux dont 189 emplois transférés et 154 emplois
créés.
Ces emplois nouveaux relèvent à 54 % du secteur des
services aux entreprises, à 10 % du secteur du bâtiment et
à 10 % du secteur des transports.
·
Enfin, il est à noter que 77 emplois sont
occupés par une personne résidant à Garges soit un taux de
50 %.
Ces résultats appellent
deux observations
.
·
Ces données partielles ne permettent pas de
procéder à une généralisation sur l'ensemble des
zones franches
. Toutes les ZFU ne jouissent peut-être pas des
mêmes atouts que la zone de Garges en termes de superficie, de
disponibilité foncière et de dessertes.
En revanche, ils démontrent à l'évidence que
l'instauration des mesures d'exonérations fiscales et sociales du pacte
de relance pour la ville a bien eu
un effet d'appel
auprès des
entreprises ou des créateurs d'entreprises, et ceci dès les
premiers mois d'application de la mesure.
En décembre 1996, près de 70 demandes d'implantation
étaient déjà en stock à la mairie de
Garges-les-Gonesse : l'annonce du Pacte et le débat parlementaire ont
donc bien donné une relative publicité au dispositif. En
août 1997, le nombre de demandes d'implantation s'élevait à
350. La hausse des intentions d'installation en zone franche est donc
remarquable, même si le rythme de dépôts de demandes
supplémentaires se ralentit à partir de mai 1997 en raison sans
doute des incertitudes qui vont peser alors sur la poursuite du dispositif.
La création des zones franches pouvait sembler un pari risqué
en raison de l'état de dégradation immobilière dans
certains quartiers ou de la situation d'insécurité qui y
règne. Il est clair que cette image globalement négative, parfois
renforcée dans certains médias, ne fait pas reculer les
entrepreneurs, ce qui semble relativement rassurant.
·
L'analyse des résultats devra être
affinée
: les créations nettes d'entreprises ont un
caractère plus satisfaisant que les délocalisations consistant en
un simple " déménagement " d'une entreprise
préexistante car elles correspondent à une véritable
création de richesses supplémentaires.
Il reste que si certaines implantations d'entreprises peuvent être mues
par un simple " effet d'aubaine ", les cas d'espèce doivent
être examinés avec attention. Peut-on considérer comme due
à un " effet d'aubaine " la décision d'une entreprise
de s'installer en ZFU pour pallier un manque de fonds propres de nature
à entraver son développement et à l'empêcher de
recruter un salarié supplémentaire ?
Les cas de délocalisation doivent donc être
appréciés à partir d'un faisceau de critères
faisant intervenir la santé financière de l'entreprise ainsi que
l'évolution de ses effectifs. Il est à noter, en tout cas, que
l'application des textes permet d'éviter l'implantation par
l'intermédiaire d'un intermédiaire qui servirait simplement de
boîte aux lettres.
3. Un besoin réel d'indicateurs
Votre rapporteur comprend le souci de l'administration de
fournir les informations les plus exactes possibles.
En revanche, il regrette que des enquêtes
" déclaratives " du type de celles réalisées en
mai 1997 n'aient pas été prévues dans la perspective de la
présente discussion budgétaire afin d'éclairer au mieux
les parlementaires. Des chiffres recueillis sur le terrain, à l'image du
travail effectué à Garge-les-Gonesse, pourraient être
utilement présentés avec toutes les précautions d'usage.
Cela serait évidemment d'un grand intérêt pour les
créateurs d'entreprise souhaitant s'implanter en ZFU et qui veulent
légitimement savoir s'ils ne seront pas isolés dans leur
démarche ou s'ils pourront recueillir des conseils ou des informations
auprès d'autres entreprises qui les ont précédés.
De tels chiffres permettraient aux collectivités locales dotées
de zones franches de comparer leurs résultats respectifs et d'examiner
les causes d'éventuels dysfonctionnements.
En tout état de cause, il paraît difficilement imaginable que M.
Jean-Pierre Sueur, chargé d'une mission d'évaluation sur la
politique de la ville, puisse rendre son rapport sans disposer des
résultats d'une enquête préalable sur les résultats
du pacte de relance pour la ville.
Il ne semble pas anormal que la représentation nationale, qui a fait
clairement état de son souhait de pouvoir disposer d'un bilan du
dispositif, soit alors destinataire, en priorité, des évaluations
mêmes partielles qui seront réalisées par l'administration.
C. QUELQUES ASPECTS DE LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE EN 1997
Votre rapporteur a souhaité examiner certains aspects sectoriels de la mise en oeuvre de la politique de la ville intéressant plus particulièrement votre Commission dans les domaines des opérations " Villes, Vie, Vacances ", de l'amélioration de l'accès aux soins et du rétablissement de la sécurité dans les quartiers sensibles.
1. Les opérations " Villes, Vie, Vacances " : la nécessité de maintenir de bonnes conditions d'encadrement
Baptisées à l'origine " opérations
préventions Eté ", devenues en juin 1995 les
opérations " Villes, Vie, Vacances ", ces opérations
qui ne concernaient au départ que 12.000 jeunes, ont touché
près de 800.000 jeunes en 1997.
Ces actions s'adressent en priorité aux jeunes âgés de 13
à 18 ans des quartiers ou des zones urbaines qui connaissent des
difficultés. Elles mobilisent le secteur associatif, les communes ainsi
que des associations parapubliques tels que les centres de loisirs ou
d'animation jeunesse (CLJ), des associations sportives de la fonction publique
ainsi que des associations de quartier ou d'insertion.
Le 21 avril 1997, une circulaire des ministres de la ville, de
l'aménagement du territoire et de l'intégration a rappelé
que viser les jeunes les plus marginalisés et les plus exposés
devait être un objectif prioritaire des opérations " Villes,
Vie, Vacances ". Il a été souligné par ailleurs que
cette période privilégiée de contact avec la jeunesse
devait être utilisée pour renforcer les actions de
prévention et de sensibilisation à l'égard de
fléaux tels que la drogue, la délinquance, le Sida.
Il s'agit notamment :
- de mieux repérer les jeunes en difficulté, voire les plus
marginalisés ;
- de privilégier l'accueil des jeunes filles mais aussi d'assurer un
encadrement disposant d'une réelle expérience et d'informer
systématiquement les préfets des départements d'accueil
des projets et de l'arrivée des groupes de jeunes.
a) Une diversification des activités pratiquées
Le nombre de départements inscrits dans les
opérations est désormais de 91 (87 départements
métropolitains et 4 départements d'outre-mer) contre 39
départements en 1995. Tous les départements comprenant une zone
urbaine sensible sont concernés par les opérations. Les
crédits apportés par sept ministères différents,
qui se sont élevés à 83,65 millions de francs en 1997
contre 80,65 millions de francs en 1996, sont répartis entre les
départements en fonction de leur ancienneté dans le dispositif et
de la proportion de leur population vivant en zones urbaines sensibles.
Les activités réalisées dans le cadre des
opérations " Villes, Vie, Vacances " sont de plus en plus
diversifiées.
D'une manière générale, les activités se rapportent
à une
offre de loisirs traditionnels
. Les activités
à dominante sportive sont présentes en permanence dans les
propositions faites aux jeunes ou élaborées par eux, surtout en
période préparatoire à la Coupe du monde de football. Le
ministère de la jeunesse et des sports complète
généralement ces projets par une aide financière,
technique ou un apport en personnel, en liaison avec ses propres programmes.
Parmi les activités, les sports mécaniques exercent un attrait
fort auprès des publics adolescents. La police nationale met à
disposition dans les centres de loisirs jeunesse (CLJ) sur des quartiers
sensibles ou dans les opérations " piste itinérante "
des personnels de la police et des compagnies républicaines de
sécurité ainsi que des structures et du matériel.
Les relations qui s'établissent entre le public jeune et les
fonctionnaires de police ou du ministère de la défense favorisent
une meilleure compréhension réciproque
. Les
activités développées (activités sportives,
éducatives, apprentissage de la conduite, du comportement sur la
route...) permettent également à des jeunes, souvent en rupture,
d'intégrer les règles et de mieux comprendre la loi.
Les opérations à caractère humanitaire
sont prises
en charge pour partie par le ministère de la coopération dans un
programme intégré aux opérations " Ville, Vie,
Vacances-solidarité internationale ". Ce ministère, en
collaboration avec celui des affaires étrangères, a étendu
aux pays du Moyen-Orient le champ d'action de ces opérations.
Ce type d'action, préparée longtemps à l'avance, outre le
sens de la solidarité qu'il développe, permet aussi aux jeunes en
difficulté de relativiser leurs problèmes et leurs attentes face
à la situation précaire de certaines populations
rencontrées. Ces activités créent souvent une motivation
à la solidarité par l'impact que provoque l'accueil des pays
étrangers sur le public jeune des quartiers. Elles favorisent
également l'autonomie des jeunes par le travail pédagogique
mené autour des projets.
Les
activités culturelles
, en particulier la musique et les
activités périphériques, remportent un vif succès
auprès des jeunes. On constate, à la suite de la participation du
ministère de la culture dans les opérations " Ville, Vie,
Vacances " une augmentation de toutes ces actions. Activités de
danse, théâtre, cirque, vidéo font partie de la panoplie
des activités proposées aux jeunes des quartiers et
présentent un réel degré de qualité.
Plus original, les ouvertures de musées, la découverte du
patrimoine, les ateliers d'écriture sont des actions qui viennent
enrichir encore les propositions faites.
Au cours de l'été 1997, la DIV a contribué à mettre
en place, en partenariat avec la direction du livre et de la lecture ainsi
qu'avec le concours de la mission solidarité de la SNCF,
l'opération
" Un livre pour l'été "
qui a
consisté, grâce aux dons des éditeurs, à distribuer
100.000 livres à 100.000 jeunes.
L'implication dans les opérations " Ville, Vie, Vacances "
des
clubs de prévention spécialisée, financés par les
conseils généraux, des personnels et des services de la
protection judiciaire de la jeunesse
et de l'administration
pénitentiaire permet de répondre à l'un des premiers
objectifs de ces opérations : sensibiliser des jeunes en
difficulté ou en voie de marginalisation, pas ou peu
intégrés dans les activités existantes et faire participer
un encadrement spécialisé. Près de 20.000 jeunes
détenus bénéficient de ce programme.
b) La nécessité de maintenir un réel effort des effectifs du personnel d'encadrement
Dans son avis sur le projet de budget pour 1996, votre
rapporteur avait appelé l'attention du ministre sur les
difficultés, apparues ponctuellement dans certaines stations
balnéaires participant aux opérations " Ville, Vie,
Vacances ", dues aux tensions voire aux agressions, causées par les
jeunes accueillis.
Dès février 1996, des consignes avaient été
données pour que le personnel d'encadrement soit mieux formé et
dispose d'une réelle expérience dans le domaine de la
prévention.
L'été 1997 s'est déroulé dans des conditions que
l'on peut considérer comme satisfaisantes et les incidents semblent
avoir été moins fréquents que les années
précédentes.
Pour prévenir d'éventuels incidents pouvant se produire sur des
sites de tourisme, en particulier dans les stations balnéaires du
littoral girondin et roussillonnais, une réunion à laquelle
étaient invitées les préfectures des départements
côtiers, s'est tenue, le 7 mai 1997, au cabinet de M. Eric Raoult,
ministre délégué. Les deux départements de la
Gironde et des Pyrénées-Orientales ont mis en place un
" plan littoral ", c'est-à-dire un dispositif d'accueil et
d'animateurs de rue et de renforcement de la surveillance venant
compléter les renforts de sécurité (gendarmerie, police
nationale, police municipale). Il a été demandé de
signaler immédiatement les incidents pouvant être provoqués
par des jeunes estivants relevant du dispositif " Ville, Vie,
Vacances ".
Le Gouvernement a indiqué à votre rapporteur que cette
focalisation sur le dispositif à partir de quelques faits
délictueux ou criminels n'était pas nouvelle. Un amalgame semble
être opéré entre les groupes accueillis au titre de
" Ville, Vie, Vacances ", qui ne posent en principe pas de
problèmes particuliers, et les autres déplacements de jeunes
organisés par des mairies, ou spontanés.
Le ministère estime
"
qu'il est impératif de
relativiser les faits car il s'agit de quelques dizaines de cas soumis à
des manifestations d'exaspération de la part des commerçants
ainsi que de la population locale " et note " cette année
une
réaction plutôt modérée des élus et des
médias qui tout en s'indignant de l'attitude des jeunes ont pris soin de
ne pas mettre en cause le dispositif " Villes, Vie,
Vacances "
lui-même puisque de fait celui-ci a offert les garanties
attendues
".
Il est indiqué que les interrogations que pose le dispositif sont
révélatrices de dysfonctionnements plus généraux :
- responsabilités respectives de l'Etat, des collectivités,
des associations et des parents ;
- prise en compte dans l'offre de loisirs de la demande évolutive
du public jeune qui n'a plus les mêmes comportements aujourd'hui qu'il y
a seulement cinq ou dix ans ;
- le problème général de l'encadrement des groupes et
du suivi des opérations ;
- la forte pression exercée par les jeunes désoeuvrés
auprès des structures municipales pour partir en vacances.
Le ministère met en avant deux pistes de réflexion :
- certaines réactions de rejet telles que les refus d'entrée
dans les campings ou les discothèques attisent l'hostilité
réciproque ;
- plus généralement le séjour de groupes de jeunes
(organisé ou lié à un déplacement privé)
tend à présenter un certain nombre de risques pour les communes
d'accueil.
Il est souligné qu'
" au-delà des efforts
supplémentaires centrés sur le dispositif Villes, Vie, Vacances,
c'est sur le cadre plus général des déplacements estivaux
des jeunes qu'il faut intervenir ".
Il est précisé qu'il est nécessaire de renforcer la
mobilisation des administrations locales sur la surveillance de ces
séjours,
" d'informer et aider l'ensemble des communes qui le
souhaitent à s'organiser lors de l'envoi et devant l'arrivée d'un
flux de population qu'elles auront de toute façon à accueillir,
nonobstant l'existence de programmes de loisirs jeunes en
bénéficiant par exemple des emplois d'encadrement que peut
permettre le programme emplois-jeunes (emplois dans l'Education nationale,
emplois sécurité) ".
Votre rapporteur constate que les collectivités locales qui accueillent
les jeunes au titre des opérations " Ville, Vie, Vacances "
voient leur capacité d'accueil des estivants diminuer. En outre, les
jeunes qui ont visité des stations de tourisme dans le cadre de telles
opérations peuvent avoir le souhait de revenir les années
suivantes par leurs propres moyens dans un lieu qu'ils connaissent et qu'ils
ont apprécié.
Il serait erroné de faire reposer sur les collectivités
locales, et elles seules, les coûts des personnels d'encadrement requis,
en saison estivale, pour assurer un minimum d'ordre et de civilité.
L'objectif du Gouvernement est d'étendre les opérations
" Ville, Vie, Vacances " à l'ensemble des zones urbaines
sensibles en 1998, soit la quasi-totalité des départements. Le
souci d'étendre quantitativement les effectifs des jeunes
concernés par les opérations est compréhensible ; mais
il ne faut pas négliger les coûts induits par l'accueil, dans
de bonnes conditions, des jeunes concernés au sein de la population
locale.
Le Gouvernement devra poursuivre les efforts engagés au cours de ces
dernières années pour assurer le bon déroulement des
opérations qui constituent incontestablement un atout important pour
apaiser le " climat social " dans les quartiers sensibles
au cours
des périodes estivales.
2. Une expérience novatrice en matière d'accès aux soins
Lors de la préparation de la dernière loi de
finances, M. Jacques Barrot, alors ministre du travail et des affaires
sociales, avait fait part de son souci de constituer dans le cadre de la
politique de la ville des réseaux de santé de proximité,
associant professionnels du champ sanitaire et social, hospitalier et
libéral en vue d'offrir des réponses adaptées en
matière d'accès à la protection sociale et aux soins
" pour les populations pour lesquelles cela ne va pas de
soi "
4(
*
)
.
Votre rapporteur a souhaité se pencher sur la convention de partenariat
que MM. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales,
Jean-Claude Gaudin, ministre de l'aménagement du territoire, de la ville
et de l'intégration, Eric Raoult, ministre de la ville et de
l'intégration et Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à
l'action humanitaire d'urgence ont signé, le 8 janvier 1997, avec
M. Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité Française
afin d'améliorer l'accès aux soins des personnes les plus
démunies dans les quartiers sensibles conformément aux
décisions prises lors du comité interministériel des
villes du 2 juillet 1996.
Il s'agit d'une expérimentation conduite dans 14 sites choisis parmi les
quartiers prioritaires de la politique de la ville et en fonction des
difficultés que rencontre cette population dans le domaine de la
santé.
La démarche entreprise ne vise pas à recréer des
dispositifs qui existent déjà. Elle consiste, sur la base d'un
diagnostic préalable, à promouvoir des solutions concrètes
voulues par tous les partenaires concernés, et permettre une meilleure
couverture en matière de santé complémentaire.
LISTE DES SITES-PILOTES
pour l'application de la convention du 6 janvier 1997 prise dans le cadre du
pacte de relance pour la ville et relative au programme expérimental
d'accès aux soins pour les personnes en difficulté des quartiers
sensibles
VILLES QUARTIERS
Nice L'Ariane
La Seyne-sur-Mer Berthe
Marseille Hôpital nord
Arles Griffeuille
Romans La Monnaie
Nîmes Le Mas de Mingue
Vaux en Velin Ville
Mulhouse Les Côteaux
Clichy Monfermeil Le Territoire
Charleville Mezières
Centre ville (avec accès
aux quartiers difficiles)
Lille Faubourg de Béthune
Brest Pontanezen
Rouen La Grande Mare
Saint-Denis de la Réunion Les Camélias
a) Un dispositif novateur
A l'origine le projet part d'un constat, celui d'une
société à " deux vitesses ", en ce qui concerne
l'accès aux soins. D'un côté, il y a ceux qui ayant un
emploi bénéficient d'une protection obligatoire et le plus
souvent d'une protection complémentaire, de l'autre ceux qui, en
situation de précarité avec des ressources limitées, ne
bénéficient pas d'une couverture suffisante ou sont
éloignés d'une façon plus ou moins transitoire de
l'accès à l'offre de soins.
Ainsi, on estime aujourd'hui, que 17 % des Français n'ont ni
mutuelle ni assurance privée complémentaire. Comme l'a
rappelé le Conseil économique et social, les couches les plus
défavorisées de la population doivent prendre en charge en
moyenne 26 % de leurs dépenses de santé, lorsqu'elles ont
fait le choix de se faire soigner. Le même rapport souligne que 20 %
des Français auraient renoncé à des soins, notamment
à des soins dentaires en 1994, pour des raisons financières.
Beaucoup de ceux-là sont à la fois trop défavorisés
pour s'offrir de tels soins et pas assez défavorisés pour pouvoir
bénéficier de l'aide médicale qui leur garantirait une
bonne prise en charge. Ce sont en quelque sorte les " exclus de
l'exclusion ", les victimes " des phénomènes de
seuil " qui se retrouvent partout dans les pays développés.
Il a été confirmé à votre rapporteur lors de
l'audition de M. Philippe Calmette, directeur général de la
Mutualité française,
qu'une cassure semble s'être
opérée au début des années 90
. Avant 1991, la
consommation des soins médicaux était relativement
indépendante du niveau des prix ; à partir de 1991, il est
constaté que lorsque
le coût d'accès aux soins
médicaux
augmente, certains adhérents de la Mutuelle vont
diminuer le niveau de leurs prestations de soins, tandis que d'autres vont
quitter leur mutuelle pour ne pas acquitter le coût mensuel
d'adhésion à une couverture complémentaire. Ce
phénomène est surtout constaté chez les assurés
bénéficiaires de minima sociaux ou dont le niveau de revenus est
légèrement supérieur au seuil.
Il a enfin été indiqué que, s'il n'y avait pas de
statistiques sur le
niveau de santé
des personnes les plus
démunies dans les quartiers sensibles, plusieurs
phénomènes étaient constatés empiriquement. Tout
d'abord, des pathologies considérées comme
maîtrisées dans nos sociétés industrialisées,
telles que la tuberculose, connaissent une recrudescence inattendue. De plus,
les incidents surviennent fréquemment au cours de la situation de
grossesse en raison d'un manque de suivi. Les pathologies de la peau
importantes, telles que la gale, réapparaissent. Les cas de saturnisme,
dus à l'intoxication au plomb en raison de l'état
défectueux des conduites d'eau, doivent être pris en
considération. Enfin, les problèmes d'ordre bucco-dentaires sont
relativement aggravés par le manque systématique de soins. Les
déficiences visuelles ou auditives font rarement l'objet des traitements
appropriés.
Le déficit en médecins scolaires rend particulièrement
criants les cas de retard scolaire parfois uniquement imputables à un
problème auditif ou visuel non détecté et,
évidemment, non pris en charge. Plus grave, il ressort d'une
étude menée dans des établissements de la région
lyonnaise que, même informés, les parents n'agissent pas en
invoquant une raison financière.
b) Le contenu de la convention
Etant donné la difficulté de ces populations
à faire valoir leurs droits dans le système sanitaire et social
traditionnel et l'obstacle que représente pour elles le ticket
modérateur, la mise en place de la convention comporte trois volets :
- une " porte d'accès aux soins " : il s'agit de
favoriser l'accès aux droits sociaux et aux ressources sanitaires et
sociales existantes ou à compléter en organisant une information,
une prise en charge adaptées au contexte urbain local et à la
situation sociale des habitants ;
- l'accès à une mutuelle pour les populations utilisant le
dispositif : l'objectif est de mutualiser les populations les plus
défavorisées de la géographie concernée et
n'étant pas ou plus en mesure de bénéficier d'une
couverture complémentaire de leurs soins ;
- l'accompagnement de la personne : l'objectif est de les amener
progressivement à une attitude autonome et responsable en matière
de santé et de les réintégrer dans les dispositifs de
droit commun participant ainsi à un retour vers l'exercice de la
citoyenneté.
Le dispositif doit intégrer un accompagnement personnalisé des
personnes concernées, permettant un accueil, une orientation et un
accès vers l'ensemble des structures sanitaires et sociales qui leur
seraient nécessaires en liaison avec les organismes institutionnels
concernés et en fonction des compétences de chacun.
c) Un retard de mise en oeuvre
La mise en place du dispositif qui devait être
opérationnel au début de 1997 a connu un certain retard en raison
de la
difficulté de recruter des personnes opérationnelles
rapidement sur les postes de " référents
santé
"
.
Le référent santé constitue la cheville ouvrière du
programme. Il est investi d'une double mission : d'une part, assurer le lien
entre les populations en difficulté et les dispositifs de soins
appropriés (réseau de médecins, de dentistes, centres de
soins, centres optiques, établissements de soins, etc.) ; d'autre part,
accompagner la mutualisation des personnes afin de les réinsérer
dans un réseau de solidarité et de responsabilité.
Aller au devant des personnes visées par ce programme, les
écouter, les orienter, les aider à faire valoir leurs droits le
cas échéant, à remplir les documents administratifs,
être l'interlocuteur des différents institutions, services et
associations concernées, cela demande avant tout une bonne connaissance
du terrain, des populations et de leurs modes de communication, une grande
disponibilité aussi avec des horaires appropriés.
Les personnes concernées doivent être recrutées,
après une formation préalable courte sur l'aspect technique des
tâches à effectuer, par un groupement local de la Mutualité
française (union départementale ou mutuelle), porteuse du projet.
Les difficultés de recrutement et de formation des
" référents santé " illustrent la
difficulté de faire émerger des emplois nouveaux, tels que ceux
préconisés à travers les emplois-jeunes, sans former au
préalable les jeunes qui sont recrutés.
En revanche, malgré le retard pris en matière de recrutement de
permanents ayant le titre de " référent santé ",
des comités de pilotage locaux ont été installés
dans toutes les zones concernées afin de définir et de lancer les
projets.
La mise en oeuvre de ce programme représente un coût de
2,4 millions de francs : 1,2 million de francs est assuré par
la Mutualité française, 800.000 francs parviennent de la DIV
et 400.000 francs ont été dégagés par le Fonds
d'action sociale.
Le fonds national de solidarité mutualiste, quant à lui, a, par
décision du 25 juin 1997, accepté d'octroyer une subvention
de 23,1 millions de francs à la Mutualité française,
permettant le financement, pour chacun des 14 sites, de l'accès à
une mutuelle pour 500 personnes et des frais de fonctionnement du
dispositif local.
Votre Commission souhaite vivement que cette opération, qui a pris un
certain retard dans son exécution, puisse être menée
à bien au cours de cette année 1998 car le déroulement de
cette expérience peut apporter des éléments d'information
utiles en vue de faciliter l'accès aux soins des personnes les plus
démunies.
3. Le préalable indispensable du rétablissement de la sécurité dans les quartiers
Un troisième point essentiel est celui du
rétablissement de la sécurité dans les quartiers. Le
Sénat avait fait remarquer lors de la discussion de la loi portant mise
en oeuvre du pacte de relance pour la ville, que le rétablissement d'un
niveau minimal de sécurité dans les quartiers en
difficulté apparaissait comme une condition indispensable à la
reprise de l'activité économique et commerciale dans ces zones.
Notre Commission est d'autant plus intéressée à la
sécurité que les effectifs policiers jouent également un
rôle déterminant pour l'encadrement des jeunes au cours de leurs
activités sportives, leur insertion dans le monde du travail ou
l'accompagnement des toxicomanes.
553 policiers assistés dans leur action par 51 policiers auxiliaires ont
accueilli chaque jour une moyenne de 11.400 jeunes dans le cadre
d'activités de loisirs à dominante sportive.
Le prolongement en 1996 de l'opération " police insertion
ville ", engagée en 1995 au profit de 165 jeunes des quartiers
défavorisés de 15 départements, a permis à 25
d'entre eux de réussir le concours de gardien de la paix, 8 autres des
concours administratifs (police municipale) ; 17 ont obtenu des emplois
permanents ou temporaires dans le secteur privé.
Enfin, le partenariat avec la fédération française des
sociétés d'assurance, axé sur la réinsertion de
jeunes en difficulté (chômage, drogue...) au travers de 6 centres
de loisirs de jeunes, a permis depuis 3 ans l'obtention d'un emploi à
durée déterminée ou indéterminée pour 80
jeunes sur les 113 ayant suivi une formation qualifiante.
a) Les engagements du Gouvernement actuel
Lors du colloque de Villepinte organisé à
l'initiative du Ministère de l'intérieur, intitulé
"
Des villes sûres pour des citoyens libres
", le
Premier ministre a pris plusieurs engagements portant sur la création
d'un conseil de sécurité intérieure, la clarification du
statut pour les polices municipales, le redéploiement des effectifs de
la police nationale sur le territoire et un traitement particulier du
phénomène de la délinquance des mineurs.
M. Jean-Pierre Chevènement a rappelé la
nécessité "
de rétablir la paix civile dans les
quartiers où elle est menacée
".
S'agissant des perspectives pour 1998, il a été indiqué
dans les réponses aux questionnaires transmises à votre
rapporteur que le Gouvernement entendait mettre l'accent sur les contrats
locaux de sécurité et les emplois d'adjoints de
sécurité recrutés dans le cadre des emplois-jeunes.
· S'agissant des
contrats locaux de sécurité
,
il est indiqué qu'ils s'intégreront dans une approche plus large
de la politique de prévention de la délinquance et de maintien de
la cohésion sociale. A cet effet, l'Etat associerait à ses
actions ses partenaires traditionnels, au niveau de la commune et de
l'agglomération.
Le Gouvernement précise que si la responsabilité de l'Etat
d'assurer au quotidien la sécurité des concitoyens peut s'exercer
pour partie au plan départemental, il est également
nécessaire de mobiliser les énergies des acteurs locaux pour
mesurer et suivre l'évolution des phénomènes, articuler
les interventions des administrations avec celles des services communaux,
introduire de la cohérence dans les actions et adapter les
réponses à la variété des situations
rencontrées sur le terrain. C'est dans cet esprit que devraient
être élaborés les contrats locaux de sécurité
qui s'inscriront dans une démarche de police de proximité afin de
donner davantage de " visibilité " à l'action
quotidienne de la police.
Il est souligné que les "
maires des communes concernées
seront directement impliqués dans leur mise en oeuvre et qui au
même titre que le représentant de l'Etat dans le
département, ils disposent de l'initiative en la
matière
".
· Concernant les 35.000
emplois de proximité
destinés à améliorer la sécurité de la
population française au titre des emplois-jeunes, 15.000 sont
prévus dans les services de sécurité publique, dont 12.000
pour des fonctions opérationnelles de " terrain " et 3.000
pour des activités administratives et techniques, telles
qu'interprète, informaticien, psychologue, photographe ou moniteur
d'encadrement sportif.
Les services de sécurité publique seraient à même
d'absorber 2.500 emplois (2.000 opérationnels, 500 administratifs
et techniques lors de la première tranche de recrutement). En termes
budgétaires, les objectifs pour 1998 plus modestes : 230 millions
de francs devraient être consacrés à la création de
8.250 emplois d'adjoints de sécurité d'ici 1998.
b) Les efforts prévus par le Pacte de relance pour la ville
Les déclarations récentes ne doivent pas faire
oublier que la recherche d'une meilleure sécurité dans les
quartiers sensibles faisait partie des objectifs des gouvernements mis en place
depuis mars 1993 et que cet objectif a été confirmé
clairement dans le cadre du pacte de relance pour la ville.
En particulier, les unités répressives ont été
nettement renforcées, les effectifs des
brigades
anti-criminalité
(BAC) départementales, dont la mission est
de lutter contre la petite et la moyenne délinquance -essentiellement
par la recherche du flagrant délit- ainsi que la lutte contre les
violences urbaines, ont été sensiblement étoffés et
portés à 3.556 fonctionnaires. Par ailleurs, en 1996, 2 BAC
créées dans le Val d'Oise et la Seine-et-Marne sont venues
s'ajouter aux 5 unités existant déjà dans les
départements périphériques d'Ile-de-France.
De plus, ont été créées en 1995, les
sûretés départementales
, qui assurent une mission de
sécurité publique et sont appelées à ce titre
à intervenir tant en matière judiciaire que dans le domaine de la
police administrative. Elles ont pour missions prioritaires la lutte contre la
délinquance de voie publique, les violences urbaines, le trafic local de
stupéfiants.
13 départements en sont dotés : Alpes-Maritimes,
Bouches-du-Rhône, Corse du sud, Haute-Corse, Nord, Rhône,
Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val
d'Oise, La Réunion.
L'objectif est de doter ces unités de 100 fonctionnaires en petite
couronne, 60 en grande couronne et 30 pour les départements de
province et d'outre-mer.
Les 780 fonctionnaires en service dans ces unités ont traités en
1996 9.631 affaires judiciaires dont 7.457 ont été
élucidées. Leur taux global d'élucidation est de
77,4 %.
Les
compagnies et sections d'intervention
, souples d'emploi, et utiles
lorsqu'elles interviennent en combinaison avec des BAC et des unités de
renfort, ont vu leurs effectifs remis à niveau, notamment dans la
région parisienne grâce à des affectations prioritaires au
titre du pacte de relance pour la ville.
L'
îlotage
a poursuivi son développement tout en devenant
plus opérationnel, l'îlotier étant considéré
comme un policier à part entière, chargé de faire
respecter la loi et de garantir la paix publique.
A l'heure actuelle, 3.249 îlotiers assurent une mission permanente sur
1.744 îlots. Malgré ce cadre contraignant, l'îlotage
s'est adapté tant pour répondre au souhait de la population de
voir l'îlotier se transformer en agent de police judiciaire actif que
pour faire face à une délinquance en mutation dans les quartiers
sensibles. Dans plusieurs départements, le plan d'îlotage a
été revu dans ses horaires, ses missions, ses techniques.
Enfin, il est à remarquer que dans les zones périurbaines
sensibles relevant de la compétence de la gendarmerie, la Direction
générale de la gendarmerie nationale a commencé à
mettre sur pied, à compter de 1997, des
Brigades de prévention
de la délinquance juvénile
, unités d'un type nouveau,
à vocation essentiellement préventive.
c) Des résultats tangibles qui ont permis une inversion des courbes de délinquance
Les chiffres significatifs de l'activité judiciaire des
services de sécurité publique dans les zones urbaines sensibles
au cours des trois années écoulées peuvent être
synthétisés dans le tableau ci-après.
1994 |
1995 |
1996 |
Evolution 95/96 |
|
Faits constatés |
2.387.667 |
2.282.108 |
2.276.247 |
- 0,26 |
Faits élucidés |
475.291 |
482.737 |
474.729 |
- 1,66 |
Taux d'élucidation |
19,91 |
21,15 |
20,86 |
- |
Personnes mises en cause |
364.842 |
387.331 |
396.151 |
+ 2,28 |
Gardes à vue |
174.766 |
180.187 |
182.596 |
+ 1,34 |
Ecrous |
31.137 |
28.229 |
ignoré |
- |
En 1996, la sécurité publique a constaté
2.275.247 crimes et délits, nombre en très léger recul par
rapport à 1995 mais qui s'inscrit dans la dynamique de baisse
enregistrée depuis trois ans. La baisse cumulée depuis 1994 est
de 4,67 %.
Par rapport à 1995, la délinquance de voie publique
(cambriolages, vols de voitures, vols à la roulotte, dégradations
essentiellement) qui affecte le plus la vie quotidienne des habitants des
quartiers sensibles a régressé de 0,23 %.
Bien qu'en léger retrait par rapport à l'année
écoulée, le taux d'élucidation (rapport faits
élucidés/faits constatés) se maintient aux environs de
21 %, -20,86 % contre 21,15 %- alors qu'il était
inférieur à 20 % au cours des années
précédentes.
La lutte contre la toxicomanie dont l'influence est indéniable sur la
délinquance acquisitive reste une priorité majeure, 43.690
affaires ont été traitées en 1996. En ce domaine,
l'activité des services de la sécurité publique est en
augmentation constante depuis 10 ans.
L'ensemble de ces résultats traduit le renforcement du potentiel
offensif contre la délinquance.
La dernière étude détaillée disponible portant sur
le premier semestre 1996, quant au taux de délinquance dans les
quartiers, et concernant 45 quartiers sensibles et leurs circonscriptions
d'appartenance a mis en évidence que le nombre de quartiers dans
lesquels la délinquance diminue était pratiquement deux fois
supérieur à celui des quartiers où était
constatée une progression (27 contre 14 ; 4 quartiers restent
stables) ; que les mouvements à la baisse étaient d'une amplitude
plus forte que les tendances à la hausse -50 % des cas- ; que d'une
manière générale lorsque la délinquance diminuait
dans une circonscription de référence, le mouvement à la
baisse dans le quartier sensible était amplifié. Les quartiers
sensibles de Nice, Marseille, Dreux et Conflans-Sainte-Honorine voyaient
cependant leur délinquance grimper parfois très fortement
malgré de bons chiffres dans l'agglomération.
La direction centrale de la sécurité publique estime cependant
que les statistiques de la délinquance dans les quartiers sensibles
doivent prendre en compte le fait que les délinquants qui y demeurent
sont parfois beaucoup plus actifs dans les centres villes, les centres
commerciaux et les zones résidentielles de l'agglomération.
d) Une inquiétude quant à la poursuite du redéploiement des effectifs de policiers
Dans le cadre du pacte de relance pour la ville, il
était prévu de procéder à des redéploiements
devant porter sur 3.000 fonctionnaires en trois ans grâce à une
meilleure articulation des zones de police et de gendarmerie et à
l'affectation prioritaire dans les quartiers des agents administratifs et
techniques. Par ailleurs, 200 enquêteurs fonctionnaires d'investigation
et 800 fonctionnaires de police expérimentés dans des
fonctions d'îlotage devaient rejoindre les quartiers en difficulté.
En 1996, les objectifs de redéploiement fixés par le pacte de
relance pour la ville ont été respectés et même
dépassés. Un délai technique de deux mois, rendu
nécessaire par l'attente des sorties d'école, a permis d'affecter
prioritairement les promotions sorties d'école en janvier et
février 1997 dans les zones urbaines sensibles.
Au total, celles-ci auront été renforcées de 2.300
fonctionnaires soit un surnombre de 300 par rapport à l'objectif initial
de 2.000 policiers.
Toutefois, il est précisé que "
ce respect des
engagements pris a entraîné de fortes tensions dans les petites
circonscriptions où souvent moins de la moitié des départs
ont été compensés.
"
"
La Direction générale de la police nationale n'a
donc pas pu prendre de nouveaux engagements quantitatifs pour 1997,
année au cours de laquelle, aux termes du Pacte de relance pour la
ville, 1.000 policiers supplémentaires devaient être
redéployés
.
"
Il est indiqué que compte tenu de ces difficultés, il a
été convenu que les efforts porteront en 1997 sur un certain
nombre de sites prioritaires parmi les circonscriptions de
sécurité publique en charge des zones franches urbaines.
Votre Commission souligne que le relâchement de l'effort en
matière de redéploiement d'effectifs de polices titulaires serait
d'autant plus regrettable que les statistiques relatives à la
délinquance de voie publique et au taux d'élucidation des
affaires montraient depuis 1995, sinon un reflux significatif de la
délinquance, du moins une inversion de la tendance à la hausse de
cette dernière, qui semblait irréversible.
II. UN BUDGET QUI NE CONJURE PAS LE RISQUE D'UNE DÉMOBILISATION
Il est utile de présenter les principales caractéristiques du budget de la ville pour 1998 tel qu'il ressort du jaune budgétaire avant de revenir sur les options de la politique de la ville choisies par Mme Martine Aubry.
A. LES CARACTÉRISTIQUES DE L'EFFORT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN EN 1998
Le financement de la politique de la ville est complexe
à présenter car il est assuré par la mobilisation de
crédits d'origines différentes qui peuvent être, selon les
cas, contractualisés dans le cadre du XIème plan (1994-1999).
L'ensemble de l'effort financier au service du développement social
urbain représente au total, à périmètre
inchangé,
15,068 milliards de francs en 1998
contre 14,078
milliards de francs en 1997, soit une hausse apparente d'un milliard de francs
par rapport à l'année dernière.
1. Les crédits dépendant directement du budget de l'Etat
Les crédits du budget de l'Etat qui participent à la politique de la ville peuvent se décrire en quatre cercles concentriques suivant le lien plus ou moins étroit qui les relient à l'action de la délégation interministérielle à la ville (DIV) et aux contrats de ville.
a) Les crédits relevant de la délégation interministérielle à la ville
Tout d'abord, il faut examiner les crédits dont la
gestion relèvent directement de la Délégation
elle-même et qui, soit sont inscrits sur le bleu budgétaire du
ministère des affaires sociales, soit transitent par le fonds
d'intervention pour la ville (FIV).
Ces crédits s'élèvent à
1,38 milliard de
francs en 1998
: ils comprennent à la fois les moyens inscrits en
investissement et en fonctionnement au titre de l'agrégat
" ville " dans le bleu budgétaire du ministère de
l'emploi et de la solidarité, soit 574 millions de francs pour 1998,
ainsi que des transferts de gestion provenant soit du fonds
d'aménagement pour la région d'Ile-de-France soit d'autres
ministères, au titre des opérations d'été en faveur
des jeunes par exemple.
Si l'on analyse les dépenses d'investissement non pas en autorisations
de programme mais en crédits de paiement, une baisse significative : les
crédits d'investissement au titre des contrats de ville
gérés par la DIV (chapitre 67-10) passent de 311,5 millions
de francs en 1997 à 227 millions de francs en 1998, soit une
diminution de plus de 27 %.
La baisse est encore plus spectaculaire s'agissant des crédits
spécifiquement destinés aux contrats de ville puisque ces
derniers passent en crédits de paiement de 150 millions de francs en
1997 à 63 millions de francs en 1998.
Cette baisse des crédits de paiement fait peser une hypothèque
sur le bon déroulement de l'exécution des contrats de ville en
1998.
b) Les crédits afférents aux contrats de ville des différents ministères
Le deuxième cercle est circonscrit aux crédits
des différents ministères afférents aux contrats de ville
qui représente
2.477 millions de francs en 1998
.
Ils comprennent à la fois des crédits qui ont fait l'objet d'un
engagement contractualisé dans les contrats de ville (1.410 millions de
francs), tels que les crédits d'investissement du ministère du
logement affectés à la réhabilitation des logements HLM,
et des crédits ordinaires des ministères qui viennent financer
les actions inscrites aux programmes d'action des contrats de ville sans faire
l'objet d'engagements pluriannuels (1.067 millions de francs).
Ces crédits sont stables par rapport à l'année 1997.
c) Les crédits des ministères engagés hors contrats de ville
Le troisième cercle recouvre les crédits des
différents ministères qui concourent indirectement à la
politique de développement social urbain mais qui ne sont pas
consommés dans le cadre des contrats de ville. Tel est le cas des
crédits consacrés par le ministère du travail aux emplois
de ville ou des primes versés aux enseignants des zones
d'éducation urbaine prioritaire par le ministère de l'Education
nationale.
Ces crédits passent de 4,93 milliards de francs en 1997 à
5,87 milliards de francs en 1998
essentiellement en raison de la
prise en compte, selon une clé de répartition forfaitaire, de 10
% des crédits inscrits au bleu budgétaire " emploi " au
titre du financement des emplois-jeunes (chapitre 44-01, article 10) qui
s'élève au total à 8,05 milliards de francs.
d) Le manque à gagner du fait des diverses exonérations
Le quatrième cercle enfin concerne le manque à
gagner en recettes de l'Etat au titre des dépenses fiscales et sociales
et de leur compensation versée, soit aux collectivités locales,
soit aux régimes de sécurité sociale.
Ce poste, qui avait connu une forte progression l'année dernière
en raison de la mise en place du dispositif relatif aux zones franches urbaines
et aux zones de redynamisation urbaine, fait apparaître une
légère augmentation, de 2.448 à
2.477 millions de
francs
en raison des estimations sur l'entrée en régime de
croisière du système de dérogation.
Ce poste n'est actuellement calculé que sur des estimations.
2. Les autres intervenants au titre du développement social urbain
a) L'action des collectivités locales
Comme les années précédentes, votre
Commission regrette vivement que soient inclus dans la récapitulation
des crédits d'Etat relatifs à la politique de la ville, les
transferts opérés au profit des communes urbaines au sein des
dotations aux collectivités locales.
Ce poste comprend
2,31 milliards de francs
au titre du versement de la
dotation de solidarité urbaine au sein de la dotation globale de
fonctionnement des communes
5(
*
)
et 657 millions
de francs au titre du Fonds de solidarité des communes de la
région d'Ile-de-France.
A cet égard, votre rapporteur partage les observations qui ont
été émises dans le dernier rapport général
du Conseil National des villes qui rejoint les remarques qu'il avait
lui-même présentées dans son dernier avis.
"
La DSU est alimentée par une fraction de la dotation globale
de fonctionnement que l'Etat, de toute façon, verse aux villes au titre
des charges qui leur incombent depuis la décentralisation. La DSU
consiste donc en une politique de redistribution en direction des villes les
plus défavorisées, de sommes affectées aux
collectivités locales. Elle correspond donc à un financement des
villes entre elles (...). Enfin, cette rubrique comprend non seulement la DSU,
mais également le Fonds de solidarité des communes
d'Ile-de-France qui, lui, est constitué exclusivement à partir de
cotisations des communes de la région pour être
redistribuées aux plus pauvres d'entre elles. L'origine étatique
de ces crédits est donc toute théorique
".
En revanche, il convient de se féliciter que, pour la première
fois cette année, le jaune budgétaire présente l'ensemble
des contributions financières pour 1996 des collectivités
territoriales aux procédures contractuelles de la politique de la ville.
Celle-ci s'élève au total à 2,5 milliards de francs
dont 900 millions de francs pour les régions, 1,3 milliard de
francs pour les communes et 285,2 millions de francs pour les
départements.
b) Les autres intervenants
Les autres dépenses sont celles qui proviennent, soit
des Fonds européens, soit de la Caisse des Dépôts et
consignations :
- les dépenses des Fonds européens représentent environ
1.046 millions de francs prévus sur l'année 1998 contre
1.124 millions de francs en 1997.
- La Caisse des Dépôts intervient dans le cadre d'un protocole
d'accord signé le 7 mai 1996 qui porte sur deux enveloppes de prêt
à taux réduit : la première, d'un montant de 7,5 milliards
de francs sur trois ans, concerne les prêts projets urbains (PPU)
consentis à un taux de 5,5 % ; la seconde comprend des prêts
spécifiques destinés à l'amélioration de logements
sociaux dans les ZUS.
B. UNE POLITIQUE DE LA VILLE SUR LA VOIE DE LA DÉMOBILISATION
Globalement, on peut s'inquiéter de la politique de la ville suivie depuis juin 1997 en constatant qu'elle est porteuse d'un risque de démobilisation susceptible d'amoindrir l'impact du Pacte de relance.
1. Uns structure gouvernementale peu satisfaisante
· En premier lieu, en choisissant de rattacher la
politique de la ville au ministère de l'emploi et de la
solidarité, sans prévoir un secrétariat d'Etat ou un
ministre délégué, le Gouvernement a pris le risque de ne
pas donner à la politique de la ville la priorité qui devrait
être la sienne.
Quelles que soient la capacité de travail et la compétence
communément reconnues à l'actuel ministre, celle-ci ne dispose
assurément pas du temps matériel qui serait nécessaire
pour, à la fois, déterminer les options de la politique de la
ville, jouer un rôle d'impulsion et d'animation sur le terrain et, enfin,
s'assurer que la politique de la ville se situe en harmonie avec les options
préconisées par la Commission européenne.
Doit-on rappeler l'importance des attributions qui ont été
confiées au Ministre de l'emploi et de la solidarité ?
Aux termes du décret d'attribution du 12 juin 1997, le Ministre de
l'emploi et de la solidarité prépare et met en oeuvre la
politique du Gouvernement en matière de travail, d'emploi et de
formation professionnelle, d'action sociale et de lutte contre l'exclusion, de
santé, de sécurité sociale et d'intégration. Elle
est également chargée de la politique de la ville et de
l'ensemble des questions relatives au retour et à l'installation des
Français antérieurement établis hors de la
métropole.
A ce titre, elle est compétente en matière de défense et
de promotion de l'emploi, ainsi que de formation professionnelle des jeunes et
des adultes. Elle prépare et met en oeuvre les règles relatives
aux conditions de travail, à la négociation collective et aux
droits des salariés. Elle est également compétente en
matière de famille et d'enfance, de droits des femmes, de personnes
âgées, de personnes handicapées, d'immigrés, de
naturalisations ainsi que de la lutte contre la toxicomanie. Elle
élabore et met en oeuvre, en liaison avec les autres ministres
compétents, les règles relatives à la protection sociale
ainsi que celles concernant la politique de protection de la santé,
l'organisation de la prévention et des soins, ainsi que les professions
médicales, paramédicales et sociales. Elle est, sous
l'autorité du Premier ministre et en liaison avec les ministres
intéressés, chargée des questions économiques et
sociales liées à l'emploi et à la protection sociale et de
la préparation des projets de loi de financement de la
sécurité sociale.
Il est clair à lire cette énumération que cette
structure oblige nécessairement à donner à la politique de
la ville une importance moins grande en valeur relative que celle qu'elle
pourrait avoir dans un dispositif moins resserré.
Or, la conduite de la politique de la ville impose évidemment de
mobiliser et de coordonner les efforts de multiples intervenants,
régions, communes mais aussi Caisse des Dépôts et
Consignations, organismes d'HLM, le tout sous le regard vigilant de la
Commission européenne.
Les arbitrages interministériels demandent, pour être efficaces,
la présence d'une autorité politique et non pas seulement des
représentants de la Délégation Interministérielle
à la Ville. Enfin, la préparation des nouveaux contrats de plan
devrait certainement être une tâche absorbante.
·
La seconde critique que l'on peut faire à cette
structure est qu'elle risque de mettre l'accent sur la dimension strictement
sociale de la politique de la ville au détriment du rôle que cette
politique peut jouer pour équilibrer une politique d'aménagement
du territoire.
La mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, fondée sur le
principe de la discrimination territoriale positive, a été en
partie rendue possible parce que la Délégation
interministérielle à la ville se trouvait rattachée au
ministère de l'équipement et de l'aménagement du
territoire et parce qu'une synergie a pu ainsi s'établir entre la
dimension territoriale et économique de la politique de la ville, d'une
part, et son aspect social, d'autre part.
Il est important, au demeurant, que la politique de la ville aille de pair
avec une politique de revitalisation de l'espace rural conformément
à l'inspiration qui a animé la loi d'orientation sur
l'aménagement du territoire du 4 février 1995.
2. Les incertitudes initiales sur les orientations choisies
Le deuxième reproche que l'on peut faire à la
politique de la ville suivie depuis juin 1997 tient à la relative
incertitude qu'elle a fait naître pour les acteurs économiques
locaux du fait du silence fait sur le passé, malgré l'acquis que
représentait le pacte de relance pour la ville.
L'incertitude a d'abord pu se nourrir au départ de l'absence
d'orientation bien
définie
.
Le plus frappant à cet égard est l'absence totale de toute
mention concernant la politique de la ville dans la déclaration de
politique générale du Premier ministre. Tout au plus peut-on
noter la déclaration selon laquelle
" on ne peut accepter une
société dans laquelle il y aurait d'un côté des
quartiers protégés et, de l'autre, des zones de non droit "
qui semble viser spécifiquement l'action du ministère de
l'intérieur.
Il est difficile d'interpréter ce silence : volonté
délibérée de revenir sur l'idée d'une politique
spécifique ou manière d'approuver implicitement les acquis et
notamment le Pacte de Relance ?
Cette inquiétude a été forte lorsque Mme Martine Aubry,
à son arrivée, a fait part de son intention de lancer une
" politique transversale de la ville " plutôt qu'une
" politique ghetto "
de subventions particulières
et avait ajouté que
" si, ensuite, des politiques
spécifiques étaient nécessaires, elles seraient
réalisées ".
L'impression pouvait en être retirée que la politique de la ville
en tant que politique spécifique fondée sur l'aide à
certaines portions en difficulté du territoire et sur le soutien
contractualisé de l'Etat allait passer au second plan au profit des
actions menées par chaque ministère dans les domaines de
l'emploi, du logement, de la sécurité ou de l'éducation.
Répondant au trouble suscité par l'interprétation des
premières déclarations et à certaines inquiétudes
sur l'avenir de la politique de la ville, Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité, dans un communiqué du 3 juillet
1997, précise que
" le grand chantier de la politique de la
ville qui s'ouvre pour la décennie est la reconstruction de vraies
villes qui, à travers la multiplicité des fonctions et la
mixité sociale, permettent à leurs habitants, quelle que soit
leur situation sociale, de vivre bien ensemble dans leur diversité.
Elle ajoute que,
" comme l'a souligné le Premier ministre, agir
dans les quartiers en difficulté, c'est d'abord mener les actions
prioritaires du Gouvernement dans toutes les luttes contre les exclusions.
C'est à travers la politique gouvernementale concernant le logement,
l'éducation, la sécurité et l'accès aux soins pour
tous que des réponses seront apportées aux difficultés des
habitants des quartiers. Ceci requiert la mobilisation de l'ensemble du
Gouvernement.
" Mais il va de soi qu'en parallèle des mesures spécifiques
continueront à être mises en oeuvre. La politique de
contractualisation sera bien évidemment poursuivie et nous examinerons
la possibilité de la renforcer quand sera venu le temps du
renouvellement des contrats en cours. Les mesures concernant les zones franches
ne seront pas remises en cause, afin de renforcer leur efficacité
économique et sociale. Il convient toutefois d'être vigilant pour
éviter l'utilisation abusive de cet effort financier de l'Etat.
" Parmi les mesures spécifiques prioritaires, il est bien entendu
essentiel que soient soutenus les efforts des associations et
encouragées les initiatives des habitants, dynamiques sociales sans
lesquelles aucune politique de la ville ne trouverait sa pleine
efficacité. "
Le Gouvernement, après avoir été tenté par
l'idée que la politique de la ville pourrait devenir inutile, si les
politiques sociales devenaient plus efficaces, semble ainsi être revenu
au principe d'une politique spécifique, non sans faire naître une
certaine perplexité chez les entrepreneurs désireux de
s'installer dans les zones franches urbaines.
Les données relatives à la zone franche de Garges-les-Gonesse
font bien apparaître un ralentissement du rythme des demandes
d'implantation en juin et juillet à mesure que se développent les
premières incertitudes sur le devenir des zones franches.
On notera enfin que si Mme Aubry déclarait le 9 juillet 1997
que la ville était
" le domaine où elle voyait le plus
clair "
6(
*
)
,
elle a chargé, le
9 septembre 1997, M. Jean-Pierre Sueur d'une mission sur la ville en
liaison avec des urbanistes, des sociologues, des scientifiques, des
élus locaux et des acteurs de terrain. Celui-ci est, semble-t-il,
chargé de définir les éléments qui pourraient
former une politique de la ville " globale et cohérente " et
de répondre à trois questions relativement encyclopédiques
:
" Quelle ville voulons-nous pour le XXIème siècle ?
Quel bilan tirer de la politique de la ville ? Quels projets de réforme
mettre en oeuvre ?
La période actuelle est donc bien une période transitoire, ce qui
peut entraîner une certaine inquiétude de la part des
décideurs locaux.
3. Les emplois-jeunes ne présentent pas du point de vue de la politique de la ville les mêmes garanties que les emplois-ville
Le remplacement des contrats d'emploi de ville par les
emplois-jeunes constitue également un facteur d'affaiblissement des
efforts engagés dans le cadre du pacte de relance.
Le budget du ministère de l'emploi et de la solidarité comprend
un article rattaché
7(
*
)
,
l'article 64, qui abroge le dispositif des emplois de ville à
compter du 1
er
janvier 1998 et précise que les
conventions conclues avant le 1
er
janvier demeurent valables.
414,63 millions de francs demeurent inscrits au budget
" emploi " (chapitre 44-74, article 33) pour financer le
reliquat des
quelque 10.000 à 11.000 contrats de ville actuellement en cours.
La mise en place du dispositif des emplois-jeunes pour lesquels l'aide de
l'Etat est équivalente à 80 % du SMIC, c'est-à-dire
sensiblement supérieure à celle qui avait été
prévue dans le cadre des emplois de ville (55 %), devrait assez
naturellement conduire, dans le meilleur des cas, à la transformation
des emplois-ville existants en emplois-jeunes.
Les emplois, qui ont atteint le nombre de 14.000 en données
cumulées à la fin de 1996, présentaient, au-delà de
cet aspect financier un double avantage du point de vue de la politique de la
ville :
il s'agissait d'emplois spécifiquement orientés vers les jeunes
résidant dans des zones urbaines sensibles et rencontrant des
difficultés particulières d'emploi. Les emplois-ville devraient,
en outre, permettre à ces jeunes d'acquérir une qualification
s'inscrivant dans une filière de métiers identifiés. Il
était demandé aux préfets de veiller à ce que
chaque jeune puisse bénéficier d'une formation adaptée,
les crédits de formation accompagnant les CES pouvaient être
utilisés dans la limite d'un plafond de 8.800 francs.
Le dernier rapport du Conseil national des villes émet un jugement
défavorable sur les " discriminations positives " à la
personne, telles que les contrats des villes, en estimant que celles-ci
paraissent difficilement justifiables aux yeux des habitants d'autres quartiers
connaissant un chômage aigu. Votre rapporteur souligne néanmoins
que les ZUS ont été choisies à raison de l'importance du
taux de chômage qui y règne et que la question reste
entière de la discrimination à l'embauche dont sont victimes les
jeunes des quartiers, victimes de préjugés défavorables,
dès qu'ils annoncent leur adresse.
Dans le nouveau dispositif des emplois jeunes, le risque est grand que des
jeunes disposant déjà d'une qualification n'évincent du
dispositif des jeunes plus en difficulté, moins bien formés ou
souffrant de discrimination à l'embauche.
Les crédits du jaune budgétaire font état d'une hausse
" flatteuse " de près d'un milliard de francs : en
réalité cette " hausse " s'explique largement par le
fait que le ministère considère que 8 % des emplois-jeunes
devraient être des emplois au profit des quartiers sensibles ou
dégradés et par le maintien de 414 millions de francs pour
financer les 11.000 emplois de ville déjà signés.
Pourtant, rien ne garantit que juridiquement les emplois-jeunes pourront aider
dans la proportion indiquée les jeunes résidant dans les
quartiers défavorisés.
Afin de souligner ce problème, votre commission a adopté un
amendement de suppression de l'article 64 du projet de loi de finances pour
1998.
4. La baisse sensible des crédits de paiement sur les emplois de ville fait naître des inquiétudes
Enfin, dernière inquiétude comme on l'a vu plus
haut, la baisse sensible des crédits de paiement au titre des actions
" villes " des contrats de plan peut avoir un effet
démobilisateur pour les partenaires de l'Etat.
Le Gouvernement fait valoir que la sous-consommation des crédits apparue
au cours des années précédents avait permis de faire
apparaître une marge de report importante.
Cette sous-consommation peut s'expliquer par la difficulté de la mise en
jeu des financements croisés et la complexité juridique et
technique de certains projets urbains.
Il reste que 1998 est la dernière année avant diverses
échéances électorales et que les demandes risquent
d'être nombreuses pour achever les projets qui auront pu se
concrétiser. La baisse des crédits de paiement peut donc
être à l'origine de retards de paiement qui serait
préjudiciable à la préparation, dans de bonnes conditions,
du prochain plan qui doit débuter après 1999 compte tenu du
report d'un an de la date d'échéance des contrats de plan
décidée l'année dernière.
CHAPITRE II
-
UN BUDGET DE
L'INTÉGRATION
À APPRÉCIER AU REGARD DES PROCHAINS
TEXTES
SUR L'ENTRÉE ET LE SÉJOUR DES ÉTRANGERS EN
FRANCE
Ce chapitre porte sur les crédits relatifs à
l'intégration du budget du ministère de l'emploi et de la
solidarité, c'est-à-dire des crédits portant sur les
moyens de développer les conditions d'une installation durable des
populations étrangères autorisées à
séjourner régulièrement sur notre territoire.
Avant de revenir sur l'évolution de ces crédits, il convient de
revenir sur certaines réformes confirmées en 1997 et de
présenter les principales données sur la population
étrangère en France.
I. LES ASPECTS STATISTIQUES DE L'IMMIGRATION
Il est utile de rappeler quelques données statistiques concernant l'effectif des étrangers présents sur le territoire d'une part et les flux d'immigration annuels d'autre part.
A. DES DONNÉES PARTIELLES SUR LA POPULATION ÉTRANGÈRE EN FRANCE
La seule source exhaustive sur le nombre d'étrangers en
France est le recensement général de la population. Depuis le
recensement 1990, qui dénombrait 3.596.602 étrangers, on ne
dispose que de sources partielles.
Ce recensement faisait apparaître que les étrangers
représentaient 6,35 % de la population métropolitaine, que
les étrangers issus de pays tiers à l'Union européenne
constituaient 63,5 % de la population immigrée et que le taux de
chômage au sein de la population active immigrée atteignait
19,5 % (25 % de la population active chez les étrangers
ressortissants de pays tiers à l'Union européenne).
Le ministère de l'intérieur dresse un état statistique sur
la base des autorisations de séjour en cours de validité au
dernier jour de l'année considérée. Cet état ne
prend pas en compte les enfants de moins de 18 ans qui ne sont pas
obligés de posséder un titre de séjour, sauf ceux qui
-entre 16 et 18 ans- exercent une activité salariée et sont
dès lors comptabilisés.
Si l'on s'en tient aux données communiquées dans les
réponses aux questionnaires budgétaires, le ministère de
l'intérieur évaluait, au 1er janvier 1993, à 3.501.074 le
nombre d'étrangers titulaires d'une autorisation de séjour en
cours de validité, parmi lesquels 172.758 réfugiés et
1.621 apatrides.
Répartition par continent d'origine
Europe |
Dont UE (1) à 12 |
Afrique |
Asie |
Amérique |
Océanie |
|
Nombre |
1.741.200 |
1.427.357 |
1.435.910 |
236.819 |
76.229 |
2.164 |
Pourcentage |
49,7 % |
40,8 % |
41,0 % |
6,8 % |
2,2 % |
- |
(1)
Union européenne Source :
ministère de l'intérieur
Par ailleurs, il est possible de se référer à
l'enquête " Emploi " annuelle de l'INSEE, qui ne prend en
compte que les personnes âgées de 15 ans et plus.
Le champ de cette enquête est constitué par l'ensemble des
ménages ordinaires de la France métropolitaine, ses
résultats sont obtenus après redressement et extrapolation
à partir d'un échantillon de 82.635 logements
répartis dans diverses zones sur la même base que le dernier
recensement général de la population.
Les données générales des deux dernières
enquêtes " Emploi " concernant la population totale et la
population active sont les suivantes :
Année |
Ensemble |
Français |
Etrangers |
|||
Pop. totale |
Pop. active* |
Pop. totale |
Pop. active* |
Pop. totale |
Pop. active* |
|
1995 |
46.388.240 |
25.278.769 |
43.585.205 |
23.705.518 |
2.803.035 |
1.573.251 |
1996 |
46.678.524 |
25.590.232 |
43.842.388 |
23.985.558 |
2.836.136 |
1.604.674 |
(*) regroupant les actifs ayant un emploi et les chômeurs
B. LES FLUX MIGRATOIRES EN FRANCE
· L'Office des migrations internationales (OMI)
publie chaque année des statistiques détaillées auxquelles
il est utile de se référer concernant l'introduction des
travailleurs, permanents, saisonniers ou temporaires.
La baisse significative constatée entre 1994 et 1995 de l'ensemble
des flux d'entrée contrôlés par l'Office s'est
stabilisée en 1995 et 1996
.
4.267
travailleurs permanents
(titulaires d'un contrat à
durée indéterminée ou d'une durée supérieure
à un an) ont été décomptés en 1996, dont
3.982 en métropole et 285 dans les départements d'outre-mer.
5.189 travailleurs permanents avaient été enregistrés
en 1995, 7.044 en 1994.
Origine géographique des travailleurs permanents
Europe |
Asie et Moyen-Orient |
Afrique |
Amérique |
Océanie |
Total |
|
Nombre |
534 |
864 |
1.661 |
1.168 |
40 |
4.267 |
En % |
12,5 |
20,3 |
38,9 |
27,4 |
0,9 |
100 |
Source : OMI
4.832 bénéficiaires d'une
autorisation provisoire de
travail
(contrat de travail d'une durée non supérieure
à neuf mois, renouvelable) ont été enregistrés en
1996 contre 4.526 en 1995 et 4.063 en 1994. 4.065 étaient en
métropole, 767 dans les DOM.
S'agissant des
travailleurs saisonniers
, la baisse des entrées
est constante passant de 13.597 en 1992 à 8.766 en 1996. Ce sont
essentiellement des ressortissants de pays avec lesquels ont été
conclus des accords de main-d'oeuvre : Maroc, Tunisie, ex-Yougoslavie, Pologne.
Aux termes des dispositions réglementaires en vigueur, les
étrangers sollicitant un titre de séjour doivent
présenter, entre autres, un certificat médical. Ce document est
délivré à l'issue d'une visite dont l'OMI est
chargé. En 1996, l'OMI a ainsi contrôlé médicalement
45.727 personnes autres que les travailleurs salariés et les
membres de leur famille dont 15.950 étudiants, 15.641 membres
de famille français, 3.342 réfugiés et
8.905 visiteurs. Durant le premier semestre 1997, ont été
recensées 27.191 personnes relevant de ces catégories au
lieu de 23.633 en 1996.
Enfin, l'OMI est chargé de la vérification des ressources et du
logement, qui conditionnent l'exercice du droit au regroupement familial, et du
contrôle médical des membres des familles venant en France. En
1996, 11.944 personnes ont bénéficié du regroupement
familial.
· De manière plus globale, le ministère des affaires
sociales fait également parvenir chaque année des informations
sur l'ensemble des entrées d'étrangers en France
8(
*
)
.
L'immigration à caractère permanent, c'est-à-dire
d'étrangers titulaires d'une carte de séjour de plus d'un an, est
évaluée (y compris les estimations) à 74.000 personnes
environ pour 1996, soit une diminution globale de 4 % par rapport à
1995. Ce chiffre est en diminution de 18 % par rapport à 1993 et
s'inscrit dans le prolongement de la tendance à la baisse
observée depuis 1993.
La majeure partie des flux mesurés (45,3 %), vient d'Afrique,
22 % d'Europe, le cinquième d'Asie et le huitième
d'Amérique.
En ce qui concerne la répartition par catégorie administrative,
elle se caractérise toujours par la prépondérance de la
réunion des familles (54,7 % en 1996) ; l'exercice d'une
activité salariée ou non explique 21,5 % en 1996, l'octroi
du statut de réfugié 8,4 %. La part relative des visiteurs
est en nette augmentation (11,2 % en 1995 et 16 % en 1996).
Motifs d'immigration
(Flux mesurés uniquement)
à caractère permanent |
1995
|
1996
|
Travailleurs salariés |
13.106 |
11.450 |
Actifs non salariés |
956 |
486 |
Réfugiés statutaires |
4.742 |
4.344 |
Regroupement familial |
14.360 |
13.889 |
Membres de familles de Français |
16.458 |
15.641 |
Membres de familles de réfugiés et d'apatrides |
749 |
864 |
Etrangers ayant le statut de visiteurs |
6.352 |
8.905 |
Titulaires d'une rente d'accident du travail |
16 |
14 |
Sous-total |
56.739 |
55.593 |
à caractère temporaire |
||
Autorisation provisoire de travail |
4.526 |
4.832 |
Stagiaires |
444 |
520 |
Etudiants |
15.057 |
15.950 |
Demandeurs d'asile |
20.415 |
17.405 |
Travailleurs saisonniers |
9.352 |
8.766 |
Sous-total |
49.794 |
47.473 |
La baisse touche tous les flux et tous les continents
d'origine sauf l'Afrique (+ 4 %).
Les données relatives à l'immigration à statut temporaire
et à l'immigration saisonnière font apparaître une
légère augmentation du nombre des bénéficiaires
d'une autorisation provisoire de travail et de celui des étudiants
(respectivement + 6,8 % et + 5,9 %), ainsi qu'une baisse de
14,7 % du nombre de demandeurs d'asile.
II. LES PRINCIPALES MESURES PRISES EN 1997
En 1997, on notera la poursuite de la réforme du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS) ainsi que la mise en place d'un programme en faveur de la rénovation des foyers de travailleurs immigrés.
A. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DU FONDS D'ACTION SOCIALE (FAS)
Placé depuis octobre 1996 sous la présidence de Mme Colette Codaccioni, le Fonds d'action sociale (FAS) est l'organisme le plus important dans le domaine de l'intégration.
1. Le budget du FAS en 1997
Comprenant 230 personnes dont une centaine dans 14
délégations régionales, le FAS est un établissement
public administratif placé sous tutelle de l'Etat ; il accorde
près de 8.000 subventions à près de 4.000 organismes et
associations.
·
Le budget des interventions sociales du FAS
s'est
élevé à 1,125 milliard de francs en 1996 et
1,115 milliard de francs en 1997.
Conformément aux dispositions de l'article L. 767-2 du
code de la
sécurité sociale
, les ressources du FAS sont
prélevées sur le Fonds national des prestations familiales (FNPF)
par un décret pris après avis du conseil d'administration de la
Caisse nationale d'allocations familiales.
Pour 1997, le décret du 14 mars 1997 a fixé le
prélèvement à 965 millions de francs sur le FNPF,
dont 926,4 millions de francs à la charge de la CNAF et
38,6 millions de francs à la charge de la caisse centrale de
mutualité sociale agricole.
Il convient d'ajouter que le FAS équilibre son budget par un
prélèvement sur le fonds de roulement, des recettes diverses,
telles les titres de recettes et les produits financiers, et
bénéficie de différents concours émanant du Fonds
social européen pour des actions de formation des immigrés. Au
total, les recettes attendues sur ces postes pour 1997 s'élèvent
à 70 millions de francs.
· Le Fonds d'action sociale (FAS) a consacré
268 millions de francs en 1997
à des actions en
matière de
logement
dans le cadre d'aide à la gestion de
foyers de travailleurs migrants et d'actions sociales liées au logement.
L'action du FAS a connu une nette diminution dans le domaine du logement en
raison de la mise en place d'une redevance d'équilibre spécifique
pour les dépenses d'aide à la gestion de foyers et du transfert
des aides spécifiques au logement des immigrés vers l'aide
personnalisée au logement (APL) chaque fois que les normes d'habitation
le permettaient.
Les crédits consacrés à la
formation
se sont
élevés à 225 millions de francs en 1997, dont 124 millions
de francs destinés à des actions d'alphabétisation
auprès de 30.000 personnes environ.
Les actions en faveur des
chômeurs de longue durée
s'élèvent à 60 millions de francs et sont
recentrées sur la formation linguistique des chômeurs de longue
durée immigrés.
En 1997, l'action
sociale et familiale,
en faveur des femmes notamment,
a engagé 266 millions de francs, tandis que l'action en faveur de
l'enfance et de la jeunesse
s'est élevée à
168 millions de francs, en raison notamment des actions liées aux
opérations Ville-Vie-Vacances et aux mesures d'accompagnement scolaire.
Il est à noter que le FAS participe au financement de la politique de la
ville à hauteur de
397,25 millions de francs
en 1997, dans
le cadre des 166 contrats de ville dont le FAS est signataire.
2. La réforme des procédures de fonctionnement
a) La mise en place de la réforme des procédures financières
Par décision de son conseil d'administration du 25
septembre 1996, le FAS a adopté une réforme des règles et
procédures financières visant au respect de deux objectifs
majeurs :
- mettre en place des règles du jeu claires dans les relations entre le
FAS et les associations en garantissant des délais de paiement courts
après la prise de décision ;
- garantir la bonne utilisation des crédits publics, en rapprochant les
règles financières du FAS de celles s'appliquant aux
crédits d'intervention de l'Etat, et en développant les
modalités du contrôle
a priori
et
a posteriori
.
Cette réforme qui avait été préparée avant
l'entrée en fonction de Mme Colette Codaccioni a été
suivie avec beaucoup d'attention et a permis une réelle
amélioration des circuits de paiement de l'établissement.
Il existe désormais une mise en concomitance de l'instruction sociale
et financière des demandes de subvention qui permet de réduire
les délais de paiement.
Dorénavant, les services centraux et régionaux du FAS instruisent
les dossiers afin de préparer les décisions du conseil
d'administration, des commissions régionales, du directeur ou du
délégué régional, selon les cas.
Cette instruction suppose l'analyse des dossiers de demande, une discussion
approfondie avec l'organisme, la prise en compte de divers avis techniques. Les
décisions favorables font l'objet d'une notification et, le cas
échéant, d'une convention ou d'un contrat entre le FAS et
l'organisme bénéficiaire.
Le financement est généralement accordé sous forme de
subvention. Le mandatement est effectué par les services financiers du
FAS, selon les règles de la comptabilité publique.
Il en résulte une accélération des délais de
paiement des subventions. Selon les informations communiquées à
votre rapporteur, les délais de paiement atteignaient fréquemment
un an avant 1996 et certaines subventions étaient même
versées avec un retard de trois ans.
Maintenant, l'ensemble des
subventions seraient versées dans un délai de trois à six
semaines.
La contrepartie de la plus grande rapidité dans le règlement des
dossiers de subvention doit résider dans une plus grande rigueur et une
meilleure efficacité des contrôles opérés a
posteriori sur les associations bénéficiaires.
Le FAS, à la demande des ministères de tutelle, s'est donc
doté d'une procédure d'audit des associations
subventionnées.
Plusieurs agents du FAS effectuent le contrôle des organismes
subventionnés, notamment lorsqu'il s'agit de répondre à
des situations d'urgence et un programme annuel d'audit est arrêté
par le conseil d'administration dont les travaux sont préparés
par un groupe de travail restreint.
Chaque année une cinquantaine d'associations font ainsi l'objet
d'examens approfondis qui portent sur leur gestion, la qualité de leur
action, leur mode de fonctionnement. Les résultats sont fournis aux
instances de décision concernées.
La réussite de l'ensemble de la réforme passait toutefois
également par une déconcentration renforcée des
procédures.
b) Une déconcentration renforcée dans le cadre du décret du 31 mai 1997
Deux mesures essentielles ont été prévues
par le décret du 31 mai 1997
9(
*
)
.
· les commissions régionales pour l'intégration des
populations immigrées (CRIPI) ont été étendues
à l'ensemble des régions.
La composition des CRIPI a été modifiée et le principe de
la parité entre les représentants de l'Etat et des autres
composantes -élus, syndicats, personnalités qualifiées,
notamment- a été posé ; cette modification doit permettre
à chaque préfet de département d'être
représenté au sein des commissions régionales afin de
mieux insérer l'action d'intégration menée par le FAS aux
actions initiées par l'Etat.
Une commission permanente paritaire, de composition réduite, est
créée afin de voter les subventions. Ceci répond aux
soucis d'accélérer le vote des subventions et de recentrer le
rôle des commissions plénières sur le vote des orientations
régionales et l'évaluation des politiques menées.
Par arrêté conjoint du ministre du budget et du ministre en charge
de l'intégration, les délégués régionaux
peuvent se voir conférer la qualité d'ordonnateur secondaire de
l'établissement, ce qui renforce leur compétence
financière.
Cette dernière réforme est la conséquence logique de la
rénovation des règles financières de
l'établissement adoptées en 1996 qui tendent à lier les
procédures d'instructions sociales et financières des demandes de
subventions. Jusqu'en 1996, en effet, les délégations
régionales procédaient en fait à la seule instruction
sociale des dossiers, qui faisaient l'objet d'une décision de principe,
tandis que l'instruction budgétaire par le siège pouvait remettre
en cause ou retarder l'exécution de la décision.
Désormais, les délégations régionales, dont les
effectifs ont été renforcés et le personnel formé
aux techniques budgétaires, procèdent à l'instruction
sociale et budgétaire de manière simultanée et la
décision n'intervient qu'à l'issue de cette phase.
c) La réforme du statut du personnel
Il est à noter que l'article 4 du décret du 31
mai 1997 a levé l'incertitude juridique qui pesait sur les personnels
employés par le FAS depuis son origine.
Il est précisé dorénavant que le personnel du FAS
relève du décret n° 86-83 du 17 janvier 1986 relatif
aux dispositions générales applicables aux agents non titulaires
de l'Etat, sous réserve des dispositions applicables en matière
de conditions de nomination et de rémunération
décidées par le président du FAS après approbation
ministérielle.
d) Le plan stratégique du FAS (1998-2000)
Une réunion du conseil d'administration du FAS
d'octobre 1997 a entériné un plan stratégique pour la
période 1998-2000 qui vise à traduire
" en termes
d'éléments de référence et de critères de
choix "
les orientations gouvernementales et à encadrer la
gestion de l'établissement par un certain nombre de règles tout
en lui assignant des objectifs qualitatifs.
Ce document relativement général, mais utile, rappelle le
rôle du FAS dans le processus d'intégration et les publics
visés. Il détermine les priorités sectorielles et
territoriales d'action du FAS. Il précise enfin les principes
d'attribution des subventions et les principes gouvernant les relations avec
les associations.
B. LA MISE EN PLACE D'UNE PROCÉDURE SPÉCIALE POUR LE FINANCEMENT DE LA RÉHABILITATION DES FOYERS DE TRAVAILLEURS MIGRANTS
1. La situation des foyers de travailleurs migrants
Conçus à l'origine, dans les années 60,
pour accueillir les travailleurs isolés, les
foyers des travailleurs
migrants
(FTM) sont progressivement devenus des lieux d'habitat permanent
pour les résidents.
Ainsi, malgré les évolutions économiques et les
modifications de la réglementation de l'immigration subsistent encore,
en 1997, 710 FTM pour une capacité offerte d'environ 130.000 lits. La
SONACOTRA gère 57 % du parc pour 40.000 lits environ, le reste est
pris en charge par des associations de la loi de 1901. Près de 35 %
des FTM sont en région Ile-de-France.
M. Henri Cuq a remis un rapport en avril 1996 sur "
la situation
et le
devenir des foyers de travailleurs migrants
" qui constatait que
les
foyers ne répondaient plus à leurs objectifs initiaux et que la
formule conçue à l'origine pour de l'accueil temporaire
était devenue une solution de logement quasi définitif. La
clientèle a évolué dans sa composition et son origine et a
vieilli.
Plus grave encore, les foyers, peu ou pas pris en compte dans le cadre des
politiques urbaines locales, n'ont pu jouer leur rôle
d'intégration. Ce désintérêt a conduit à des
situations inacceptables sur le plan de la sécurité sanitaire et
des personnes, comme sur celui des coûts induits.
Il convient de rappeler que M. Alain Juppé, Premier ministre, avait
demandé, par lettre du 9 juillet 1996, à M. Pascal,
président de la commission nationale pour le logement des
immigrés (CNLI), d'animer un groupe de travail interministériel
pour étudier la mise en oeuvre des préconisations du rapport.
Plusieurs thèmes avaient été retenus par le groupe de
travail :
- la refonte du barème de l'allocation temporaire de logement (ATL)
versée par le FAS pour le rapprocher de celui de l'APL pour environ
18 % des lits ;
- la réorientation des aides du FAS en vue de rationaliser les
critères d'attribution aux organismes gestionnaires et moderniser le
secteur ;
- la mise au point d'un titre de résident et d'un comité de
résidents représentatif ;
- la réalisation d'études et de propositions sur
différents aspects de la vie dans les foyers : le vieillissement des
résidents, la suroccupation dans les foyers africains, les
activités économiques, le suivi sanitaire des résidents...
La mission confiée à M. Pascal n'a pas été
renouvelée par le Gouvernement après juin 1997.
2. Les mesures prises dans le cadre de la mise en place de l'Union économique et sociale pour le logement (UESL)
Pour mémoire, il convient de rappeler que la commission
nationale pour le logement des immigrés (CNLI), créée par
arrêté du 11 mai 1976, avait reçu pour mission de mettre en
oeuvre et de coordonner les dispositions de l'article 61 de la loi de finances
pour 1975, définissant le cadre juridique permanent d'une politique
spécifique en faveur du logement des travailleurs immigrés et de
leur famille. A cette fin, une fraction (dite 1/9ème prioritaire) de la
participation des employeurs à l'effort de construction (PEEC ou
" 1 % " logement) était affectée prioritairement
à cette action.
A partir de 1987, une procédure de déconcentration de
l'affectation des fonds du 1/9ème prioritaire (étendue en 1988
aux populations défavorisées) avait été mise en
place, à l'exception d'une réserve nationale de 15 %
(créée par arrêté du 28 mars 1988)
gérée par la CNLI et utilisée pour le financement
d'opérations spécifiques agréées par les ministres
des affaires sociales et du logement, sur proposition ou après
consultation de la CNLI.
La CNLI s'est vu attribuer une nouvelle mission dans le cadre de la convention
signée le 14 mai 1997 entre l'Etat et l'Union d'économie sociale
pour le logement (UESL).
Cette convention fait suite à la création par une loi du 30
décembre 1996 de l'Union d'économie sociale pour le logement,
organe fédérateur des comités interprofessionnels du
logement (CIL) et des chambres de commerce et d'industrie (CCI), organismes
agréés pour le 1 % logement.
La convention signée le 14 mai 1997 entre l'Etat et l'UESL traite des
modalités de l'emploi du 1 % patronal en faveur du logement des
populations défavorisées éprouvant des difficultés
particulières pour se loger. Renonçant au dispositif
administré précédent, la convention prévoit la
suppression des enveloppes déconcentrées et de la réserve
nationale gérée par la CNLI, ainsi que l'abandon des
procédures d'agrément ministériel et préfectoral.
La nouvelle organisation s'inscrit dans une démarche qui réduit
sensiblement l'intervention de l'Etat, sauf toutefois en ce qui concerne les
foyers de travailleurs migrants.
La convention prévoit, en effet, un effort prioritaire en faveur des
foyers de travailleurs migrants, non encore conventionnés à
l'APL,
" dont certains nécessitent un traitement d'urgence au
regard du bâti, de la sécurité physique et des conditions
générales d'occupation. Il s'agit, à la fois, d'offrir
à leurs résidents des conditions de vie dignes, d'éviter
pour l'avenir le renouvellement des phénomènes de suroccupation,
de lutter contre les phénomènes d'isolement et de repli sur des
modes de vie collective. Il s'agit également de favoriser l'insertion
des résidents dans le parc de logements sociaux et la mixité
sociale dans les foyers réhabilités. "
Un plan quinquennal, financé à hauteur de
1.800 millions de
francs
en " 1/9ème prioritaire ", soit
360 millions
de
francs par an
, est affecté à cet objectif et doit donner lieu
chaque année à une liste de projets arrêtés sur
proposition de la CNLI.
Le suivi de la convention sera assuré annuellement par un rapport de la
CNLI qui
" évaluera les actions mises en oeuvre pour les
immigrés en recensant notamment les difficultés
particulières rencontrées dans certains
départements ".
Lors de son audition devant la commission, Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité, a confirmé le maintien de
l'enveloppe de 1,8 milliard de francs sur cinq ans décidée
dans le cadre de la convention du 14 mai 1997 précitée
signée par le précédent Gouvernement.
Mme la ministre a précisé que, pour pouvoir engager une partie
des 360 millions de francs en 1997, il avait été
demandé à la CNLI de saisir les préfets afin de dresser
une liste d'opérations de réhabilitation qui étaient
prêtes et dont les cofinancements étaient assurés.
Pour les années suivantes, le ministère de l'emploi et de la
solidarité devrait travailler conjointement avec le ministère du
logement et le FAS pour définir notre politique en direction des foyers
de travailleurs immigrés et assurer la nécessaire coordination de
tous les financements, y compris de ceux du FAS qui viendront en appui, dans
les opérations de réhabilitation, par la mise en place de
maîtrises d'oeuvre sociale.
Votre rapporteur se félicite de la poursuite du programme de
réhabilitation des foyers des travailleurs migrants dans le cadre de
l'enveloppe financière dégagée dans le cadre de l'UESL,
tout en souhaitant que le travail d'identification sur les foyers en
difficulté mené par la CNLI en 1996 et 1997 puisse être
pris en considération.
III. LES CRÉDITS PRÉVUS POUR 1998 DANS LE CADRE DE LA POLITIQUE D'INTÉGRATION DU GOUVERNEMENT
A. LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET DE BUDGET POUR 1998
Les crédits inscrits au titre de l'intégration dans le bleu budgétaire relatif à la santé, à la solidarité et à la ville, s'élèvent à 345,95 millions de francs , une fois déduites les sommes consacrées aux programmes et dispositifs de lutte contre les toxicomanies, dont l'examen relève de l'avis de notre collègue Louis Boyer relatif à la santé. Ces crédits s'inscrivent en légère baisse par rapport à l'année dernière où ils atteignaient 379 millions de francs.
1. Les interventions du budget de l'Etat
Deux catégories de dépenses sont prises en
compte.
Il s'agit tout d'abord de financer les
frais de fonctionnement des centres
d'hébergement et de réadaptation sociale pour les
réfugiés
(294,7 millions de francs en 1998) qui
bénéficient d'une mesure nouvelle positive de 7 millions de
francs.
Le dispositif national pour les demandeurs du titre de réfugié
politique comprenait, en 1996, 50 centres d'accueil pour les demandeurs d'asile
(CADA), soient 3.263 places destinées aux personnes ayant
régulièrement déposé une demande d'asile à
l'OFPRA et demandant un hébergement au titre de l'aide sociale. Il
disposait d'autre part, de 40 centres provisoires d'hébergement pour
réfugiés (CPH) ouverts aux personnes ayant obtenu la
reconnaissance de leur statut de réfugié par l'OFPRA et pouvant
alors bénéficier d'actions d'insertion et de formation
financés sur les crédits d'aide sociale de l'Etat.
Le second volet des dépenses porte sur les
actions sociales en faveur
des immigrants.
Il s'agit du financement d'action concernant des contrats
d'agglomérations pour 52 communes qui ne sont pas signataires d'un
contrat de ville, des interventions sociales dans les centres de
rétention, des actions de formation linguistique pour les
réfugiés, du soutien scolaire aux élèves du second
degré et enfin du règlement de l'allocation d'attente aux
réfugiés. L'ensemble représente
77 millions de
francs
prévus pour 1998.
Ces crédits diminuent par rapport à l'année
dernière en raison d'une révision à la baisse du poste
budgétaire portant sur les allocations d'attente et les aides
financières diverses pour les réfugiés et demandeurs
d'asile qui passe de 32 millions de francs en 1997 à
18 millions de francs en 1998 en raison d'une diminution des effectifs.
Les demandeurs d'asile peuvent en effet préférer une solution
individuelle plutôt qu'un hébergement collectif. Ils
bénéficient alors de l'allocation d'insertion versée par
les ASSEDIC sur fonds publics de l'ordre de 1.300 francs par mois et disposent
de ce fait d'une couverture médicale.
2. Les organismes impliqués dans la politique d'intégration
Ces crédits méritent d'être
replacés dans la perspective des interventions des divers organismes
compétents en matière d'immigration. Il convient de citer :
-
l'Office des migrations internationales
(OMI),
établissement public administratif doté d'un budget de 218
millions de francs en 1997, chargé de mettre en oeuvre la politique des
pouvoirs publics en matière d'entrée et de travail des
étrangers, de favoriser l'emploi à l'étranger et la
mobilité internationale des Français ; l'office est
alimenté grâce à ses ressources propres et perçoit
notamment des redevances versées par les employeurs de main d'oeuvre
étrangère, des pénalités pour l'emploi des
clandestins étrangers et de redevances forfaitaires pour services rendus
aux usagers ;
- la
SONACOTRA
est une société anonyme d'économie
mixte, créée en 1956, dont le capital est détenu à
58 % par l'Etat ainsi que par la Caisse des dépôts (28 %) et le
Crédit Foncier (14 %).
Elle a pour objet de construire, aménager et gérer des locaux
d'habitation à caractère social, avec ou sans services,
destinés à des personnes ou familles étrangères ou
françaises disposant de ressources modestes, parmi lesquelles les
travailleurs isolés, les ménages ayant des difficultés
particulières à se loger, les jeunes en formation professionnelle
ou en apprentissage (ainsi que les étudiants disposant de faibles
ressources) et les travailleurs en mobilité.
Employant 1.586 salariés, la SONACOTRA a généré un
chiffre d'affaires de 1.211,4 milliards de francs pour l'exercice 1996
constitué à 97,5 % de recettes liées aux redevances
et loyers.
- La
Commission nationale pour le logement des immigrés
(CNLI) et son secrétariat général, créés en
1976, disposent dorénavant de ressources adossées à celles
de l'Union Economique et Sociale du Logement (UESL) comme on l'a vu plus haut.
-
L'Office français de protection des réfugiés et
apatrides
(OFPRA) est un établissement public administratif,
créé par une loi du 25 juillet 1952, placé sous la
tutelle du ministère des affaires étrangères, doté
d'un budget de 133 millions de francs en 1994. L'office est chargé
de délivrer, aux réfugiés et apatrides, les documents
nécessaires à leur insertion après instruction de leur
demande.
B. LA POLITIQUE DE L'INTÉGRATION ANNONCÉE PAR LE MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES
La question de l'intégration des étrangers
régulièrement accueillis sur notre sol est au coeur du pacte
républicain et la France est toujours soucieuse de se montrer à
la fois ferme et généreuse dans la tradition d'ouverture qui est
la sienne.
· Le 26 mars 1997, M. Eric Raoult, alors ministre
délégué à la ville et à l'intégration
avait présenté un programme de mesures, préparées
en liaison avec M. Hamlaoui Mekachera, délégué à
l'intégration, articulé autour de sept orientations majeures :
- remettre aux personnes autorisées à entrer dans notre pays
un guide bilingue des droits et devoirs et des règles de vie en France
intitulé " le contrat d'intégration " ;
- encourager l'apprentissage de la langue française par des
crédits de formation ;
- développer les actions d'accompagnement scolaire en
cohérence avec les projets éducatifs des établissements
d'enseignement ;
- restructurer les foyers de travailleurs migrants ;
- renforcer la procédure du parrainage bénévole vers
l'emploi en entreprise ou dans le secteur non marchand ;
- lutter contre les discriminations dans les domaines de l'emploi du
logement et des loisirs, notamment par l'ouverture d'un service
téléphonique ;
- réduire les délais d'instruction des dossiers de
naturalisation.
· Interrogé par votre rapporteur sur la politique
d'intégration qui serait suivie en 1998, le ministère de l'emploi
et de la solidarité, sans reprendre à son compte l'ensemble du
dispositif proposé par M. Eric Raoult avant la dissolution de
l'Assemblée nationale, conserve néanmoins certains de ses
éléments.
Il est rappelé à titre liminaire que "
la politique
d'intégration a pour objectif premier de développer les
conditions d'une rencontre harmonieuse des populations autorisées
à séjourner durablement sur notre territoire avec la population
française
".
Puis la réponse aux questionnaires évoque les axes de la
politique d'intégration :
" - favoriser l'accueil des familles rejoignantes
régulièrement autorisées à se regrouper en France
en systématisant les visites d'accueil, développant les actions
d'apprentissage du français ;
" - encourager l'insertion sociale des femmes par le
développement des associations de femmes issues de l'immigration qui
constituent des relais vers la société d'accueil, et des lieux de
médiation entre les générations ;
" - accompagner la réussite scolaire des enfants en
développant tant au sein de l'Education nationale les actions d'accueil
des enfants rejoignants et de renforcement que des actions d'accompagnement
scolaire dans les quartiers ;
Ces actions qui mobilisent à travers divers dispositifs des financements
de l'Etat, du FAS et de la CNAF ont concerné en 1997 90.000
élèves pour un montant de 90 millions de francs.
" - favoriser l'accès à l'entreprise des jeunes,
notamment à travers les actions de parrainage vers l'entreprise. A ce
titre en 1997, 300 réseaux ont pu être constitués
concernant 11.000 jeunes et mobilisant 20 millions de
francs. "
Il est rappelé que la rénovation des foyers de travailleurs
migrants constitue un axe important qui mobilisera 1,850 milliard sur cinq ans.
Enfin, il a été précisé à votre rapporteur
qu'en 1998, le Gouvernement entendait prioritairement
"
développer les actions d'accueil des personnes
étrangères autorisées à s'installer durablement en
France : familles rejoignantes, conjoints de Français, familles de
réfugiés, soit environ 20.000 personnes.
"
A partir de bilans établis par l'OMI, il s'agirait d'adapter les
modalités d'accueil à la nature des problèmes
rencontrés : formation linguistique ou professionnelle, insertion
sociale.
Pour cela, dans le cadre de plans départementaux, l'ensemble des
services de l'Etat ainsi que les services sociaux spécialisés
seraient mobilisés afin de favoriser la première insertion de ces
familles au sein de la société d'accueil.
· En tout état de cause, la politique d'intégration
conduite par le ministère de l'emploi et de la solidarité ne
constitue que le troisième volet d'une politique des migrations dont les
deux autres sont la maîtrise des flux migratoires et la
coopération avec les pays en développement.
C'est pourquoi il est difficile de juger dès aujourd'hui de la
politique suivie, dans la mesure où le Gouvernement s'est engagé
par ailleurs dans une importante réforme du droit de la
nationalité ainsi que des conditions d'entrée et de séjour
des étrangers en France.
Dans un premier temps, le ministre de l'intérieur a pris une circulaire
du 24 juin 1997 portant réexamen de la situation de certaines
catégories d'étrangers en situation irrégulière.
Cette procédure est actuellement en cours d'exécution.
Dans un second temps, sur la base du rapport remis par M. Patrick Weil au
Premier Ministre dans le cadre d'une
mission d'étude des
législations de la nationalité et de l'immigration
, M.
Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, et Mme
Elisabeth Guigou, ministre de la justice, ont présenté au Conseil
des ministres du 24 octobre dernier deux projets de loi, l'un relatif à
l'entrée et au séjour des étrangers en France et au
droit d'asile
, l'autre à
la nationalité et modifiant le
code civil
.
Tout au plus peut-on remarquer que si, dans les textes actuels, des
dispositions sont prévues afin d'assouplir l'attribution du statut de
réfugié, notamment par une reconnaissance de la notion d'asile
territorial lorsque l'étranger serait exposé, en cas de refus
d'admission, à des traitements inhumains ou dégradants
"
ou à des risques majeurs pour sa sûreté
personnelle
", aucune conséquence budgétaire ne semble
être tirée pour 1998 quant à une éventuelle
augmentation du nombre de réfugiés.
Votre Commission a pris acte des intentions émises par le Gouvernement
et a souhaité pouvoir porter un jugement global lorsque les mesures
nouvelles, qui devraient prochainement être examinées par le
Parlement, seront adoptées.
*
* *
Votre Commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à la ville et à l'intégration du ministère de l'emploi et de la solidarité dans le projet de loi de finances pour 1998.
1
Décret n° 93-203 du 5
février 1993 pris pour l'application de l'article 26 de la loi n°
91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation pour la ville et relatif à
l'article 1466 A du code général des impôts.
2
Décrets n°s 96-1157 et 96-1158 du 26 décembre
1996 fixant la liste des zones de redynamisation urbaine en métropole et
dans les DOM et décret n° 96-1159 du 26 décembre 1996
définissant l'indice synthétique de sélection des zones de
redynamisation urbaine en métropole.
3
Décret n° 96-1154 du 26 décembre 1996 portant
délimitation de zones franches urbaines dans certaines communes et
décret n° 96-115 du 26 décembre 1996 portant
délimitation de zones franches urbaines dans certaines communes des
départements d'outre-mer.
4
Cet objectif est au demeurant maintenu par le présent
Gouvernement dans le jaune budgétaire du projet de budget pour 1998
5
Il s'agit, comme le précise heureusement le jaune
budgétaire, d'une estimation car le Comité des Finances locales
n'a pas encore fixé, à cette date, la répartition de la
DGF.
6
Libération, 9 juillet 1997, page 12
7
Par décision de la commission des Finances du Sénat,
les articles rattachés à ce budget ont été
réintégrés dans les articles non rattachés de la
deuxième partie de la loi de finances.
8
Les entrées résultent à la
fois des " nombres lus " sur les états statistiques de l'OMI
et de l'OFPRA auxquels sont additionnés les " nombres
estimés " portant sur des flux pas du tout ou mal mesurés
(notamment, ceux des ressortissants des Etats membres de l'espace
économique européen entre lesquels il y a libre circulation). Il
convient également de distinguer l'immigration à caractère
permanent, soit l'ensemble des étrangers recevant une première
carte de séjour d'une durée au moins égale à un an
(à l'exception des étudiants) et l'immigration à statut
temporaire, formée des étrangers recevant une première
carte de séjour d'une durée comprise entre trois mois et un an,
ainsi que les étudiants et les travailleurs saisonniers.
9
Décret n° 97-690 du 31 mai 1997 modifiant le code de
la sécurité sociale et portant réforme du statut du fonds
d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, J.O.
du 1er juin 1997, p. 8794 et suivantes.