Avis n° 88 - Tome VII - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - DEFENSE AIR
M. Hubert FALCO, Sénateur
Commission des Affaires etrangères de la defense et des forces arméesAvis n° 88 Tome VII - 1997/1998
Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS ET CONCLUSIONS
DE LA COMMISSION SUR LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1998 1 -
CHAPITRE I -
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS DE L'ARMÉE DE L'AIR POUR 1998 -
CHAPITRE II -
LA PROFESSIONNALISATION -
CHAPITRE III -
QUELS ÉQUIPEMENTS POUR L'ARMÉE DE L'AIR ? - CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VII
DÉFENSE - AIR
Par M. Hubert FALCO,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Xavier
de Villepin,
président
; Yvon Bourges, Guy Penne, Jean Clouet,
François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton,
vice-présidents
; Michel Alloncle, Jean-Luc
Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë,
secrétaires
; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès,
Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel
Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga,
MM. Charles-Henri de Cossé-Brissac, Pierre Croze, Marcel
Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert
Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Philippe
de Gaulle, Daniel Goulet
,
Jacques Habert, Marcel Henry, Roger
Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice
Lombard, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul
d'Ornano, Charles Pasqua, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, Régis
Ploton, André Rouvière, André Vallet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexes n°
s
43
et
44
) (1997-1998).
Lois de finances.
PRINCIPALES OBSERVATIONS ET CONCLUSIONS
DE LA COMMISSION
SUR LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1998 1(
*
)
1/-
L'enveloppe globale des
crédits du titre
III
du ministère de la défense inscrits dans le projet de loi
de finances pour 1998, qui s'élève à 103,7 milliards de
francs, traduit la priorité affichée en faveur de la
professionnalisation des armées.
Toutefois,
la compression des dépenses de fonctionnement
(hors
rémunérations et charges sociales) est
préoccupante
et menace, avec l'insuffisance des crédits d'entretien programmé
des matériels,
l'entraînement et l'activité des
forces
.
La période de
transition
est par ailleurs fragilisée par
les conséquences potentielles, particulièrement pour
l'armée de terre, des dispositions adoptées en matière de
reports d'incorporation pour les jeunes gens titulaires d'un contrat de
travail
qui rendront nécessaire l'adoption de mesures de
compensation.
2/-
La
brutale diminution des crédits du titre V
(- 8,7%
en francs courants, -9,9% en francs constants), qui sont réduits
à 81 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1998,
donne à penser que les crédits d'équipement militaire ont
joué le rôle de
" variable d'ajustement " du budget
de l'Etat
. Il s'agit là d'un
signal négatif adressé
à la nation dans son ensemble
.
Au sein même des crédits d'équipement militaire,
les
crédits consacrés au nucléaire
subissent une
amputation encore supérieure de 13 %
(alors que la programmation
ne prévoyait qu'une diminution de 1,4%), évolution qui
représente un motif d'inquiétude pour l'avenir.
3/-
Cette réduction des crédits d'équipement
constitue
un mauvais signal adressé aux industries de la
défense
en raison :
- du
coût
de ces réductions budgétaires
en
matière
d'
emplois
,
- du
surcoût
des équipements faisant l'objet de mesures
d'étalement ou de moratoires,
- de la
perte de " lisibilité "
que la loi de
programmation avait précisément pour objet d'apporter aux
industriels,
- et de
l'affaiblissement
qui en résultera pour les industriels
français dans la perspective des restructurations indispensables de
l'industrie européenne de l'armement.
4/-
Le projet de budget de la défense pour 1998 constitue
surtout
un signal très négatif adressé à nos
armées
au moment même où un effort d'adaptation
exceptionnel leur est demandé.
Les orientations de ce budget, si elles n'étaient pas corrigées
après 1998, poseraient deux interrogations majeures pour l'avenir :
- ne risquent-elles pas de compromettre
la cohérence de la
réforme entreprise
dans son ensemble ?
- ne risquent-elles pas de remettre en cause
le futur modèle
d'armée professionnelle
lui-même ?
5/-
Si les économies imposées à la Défense
pour 1998 avaient - comme il est annoncé - un
caractère
exceptionnel
, leurs conséquences, pour regrettables et dommageables
qu'elles soient, seraient peut-être surmontables.
Si, en revanche, la Défense ne retrouvait pas
à partir de
1999
le niveau de ressources prévu par la loi de programmation
militaire 1997-2002,
l'ensemble de l'édifice et la loi de
programmation elle-même se trouveraient remis en cause
.
Or, la
loi de programmation
- contrairement à ses
devancières - comportait déjà une forte réduction
des crédits d'équipement militaire et constituait la traduction
d'une réforme d'ensemble devant aboutir à la mise en place d'un
nouveau modèle d'armée.
Son non respect ou - a fortiori - son
abandon ne pourrait donc conduire qu'à l'affaiblissement progressif de
notre défense ou à la révision à la baisse de ce
modèle d'armée
.
La commission réaffirme en conséquence son
ferme attachement
à l'exécution
intégrale de la loi de programmation
pour les années 1997-2002.
Sous le bénéfice de ces observations, la commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des forces armées a
émis un
avis défavorable
à l'adoption de l'ensemble
des crédits du ministère de la Défense pour 1998.
Mesdames, Messieurs,
La loi de programmation militaire 1997-2002, votée par le Parlement il y
a un an et demi, avait arrêté dans le détail les
orientations de notre politique de défense, tant en ce qui concerne le
fonctionnement de nos armées que leurs équipements, en associant
à ces deux grands postes de dépenses les financements
adaptés. Sur la base d'une enveloppe financière très
réduite par rapport aux programmations antérieures compte tenu
des nécessaires réductions des dépenses publiques, cette
loi s'assignait deux objectifs : la professionnalisation des unités et
la modernisation des équipements destinés à une
armée au format réduit.
Dans ce cadre, le projet de budget de 1998, comme cela avait été
le cas l'an passé, aurait dû être sans surprises. Tel n'est
malheureusement pas le cas. Si les engagements liés à la
professionnalisation sont tenus, la modernisation des équipements ne se
voit pas affecter le montant des crédits correspondant à ce qu'a
voté la représentation nationale.
Certes, le titre III pour la défense augmente de 1,5 % (hors pensions)
permettant la poursuite de la professionnalisation des forces. En revanche, les
crédits d'équipements sont réduits de 8,7 %.
Dans ce contexte, l'armée de l'air voit la dotation de chacun de ces
deux titres -dépenses ordinaires et dépenses en capital-,
dépasser ces données moyennes. Si son titre III augmente de 2,8 %
par rapport à la LFI 1997, son titre V, quant à lui, est
affecté d'une réduction de 11 % par rapport à la LFI 1997,
mais aussi et surtout par rapport à la deuxième annuité de
la loi de programmation qui, année après année, devait
nous conduire au nouveau modèle d'armée de l'air.
Ce projet de budget en ce qui concerne les crédits d'équipements,
d'une part, et la revue des programmes en cours, d'autre part, sont-ils les
signes annonciateurs d'un nouvel exercice de programmation alors même que
rien, dans le contexte stratégique ne justifie de défaire ce qui
a été construit en 1996 ? Par delà l'exercice annuel que
constitue le rendez-vous budgétaire, c'est bien cette incertitude qui
préoccupe la majorité de notre commission des Affaires
étrangères, de la défense et des forces armées.
CHAPITRE I -
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
DES CRÉDITS DE L'ARMÉE DE L'AIR POUR 1998
Pour 1998, l'Armée de l'air recevra une dotation budgétaire globale de 34,873 milliards de francs, tous titres confondus, contre 36,908 milliards de francs en loi de finances initiale pour 1997, soit une réduction de 5,4 % en francs courants. La part de l'armée de l'air dans le budget global défense se réduit, passant d'une année sur l'autre, de 19,3 % (loi de finances initiale 1997) à 18,9 %.
A. LES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT DU TITRE III
Pour assurer ses dépenses ordinaires, l'armée de
l'air recevra pour 1998, en titre III, 15 713 millions de francs, soit une
dotation en augmentation de 2,8 % par rapport à 1997.
Les principaux postes de dépenses inscrits en titre III sont les
personnels, 79 % (rémunérations, charges sociales et
alimentation), le fonctionnement proprement dit, hors carburant
opérationnel, 10 %, l'activité aérienne enfin, 11 %
(comprenant les dotations allouées aux carburants et à
l'entretien programmé des matériels pour la partie de ce poste
relevant encore du titre III).
Le tableau ci-dessous récapitule les principaux postes de dépense.
Evolution des crédits de fonctionnement de
l'armée de l'air
(hors musée de l'air)
PLF 1996 |
PLF 1997 |
PLF 1998 (projet) |
Variation % 98/97 |
|
Rémunération - charges sociales |
11 371 |
11 419,5 |
11 888,1 |
+ 4,11 |
Alimentation |
575,3 |
530,4 |
482,5 |
- 9,03 |
Fonctionnement des bases et services (hors produits pétroliers) |
1 398,7 |
1 355,4 |
1 291,0 |
- 4,75 |
Produis pétroliers
|
770,8
|
770,8
|
903,5
|
+ 17,22
|
Entretien programmé des matériels |
1 463,7 |
948,7 |
889,2 |
- 6,27 |
Total |
15 815,7 |
15 258,2 |
15 688,0 |
+ 2,81 |
1. Les dépenses en personnel
Ce poste, qui réunit les Rémunérations
(11,8 milliards) et l'Alimentation (482,5 millions de francs) croît, du
fait de la professionnalisation, de 3,52 % pour atteindre 12,36 milliards. Il
représente quelque 79 % de la totalité du titre III.
Les mesures prévues pour 1998, comprennent diverses mesures d'ajustement
: la mensualisation de la solde d'élèves-officiers et des
engagés, et la revalorisation de la solde des appelés. Une
revalorisation symbolique (0,54 %) est par ailleurs prévue pour
l'ICM (indemnité pour charges militaires).
Surtout, il s'agit de mettre en oeuvre la tranche 1998 de la loi de
programmation militaire 1997-2002. A ce titre, l'armée de l'air perdra,
en 1998 :
- 60 postes d'officiers
- 600 postes de sous-officiers
- 6 467 postes d'appelés
En contrepartie, l'armée de l'air pourra recruter :
- 1 816 militaires techniciens de l'air (MTA)
- 223 civils
Ainsi en 1998, l'armée de l'air comptera 78 149 militaires et 5 299
civils. Conformément à la loi de programmation, l'armée de
l'air aura perdu 12 741 appelés du contingent.
2. La diminution continue des crédits de fonctionnement des bases
En réduction de 64 millions de francs d'une
année sur l'autre (- 4,75 %), la dotation
réservée au fonctionnement des bases voit se poursuivre une
réduction engagée déjà depuis plusieurs
années. Pour partie, cette réduction est liée au mouvement
général de diminution des effectifs et des sites de
l'armée de l'air. De fait, 1998 voit se poursuivre le resserrement du
dispositif infrastructures de l'armée de l'air avec la fermeture de la
base aérienne de Bordeaux Cenon et celle de Toul Thouvenot. La base de
Toul Rosières sera transformée en détachement Air et
rattachée à la base aérienne 133 de Nancy.
En 1999, interviendra la transformation de la base de Contrexéville en
Centre de détection satellite. Celle d'Apt sera fermée en 1999 du
fait du démantèlement du premier groupement de missiles
stratégiques après l'abandon de la composante nucléaire
sol-sol balistique.
Les utilisations prévues pour ces sites après leur dissolution
sont les suivantes :
Année de restructuration |
Emprise |
Utilisation envisagée de l'immeuble |
1998 |
BA 203 Bordeaux Cenon
|
Conservation du terrain
d'assiette
du réseau d'antennes
|
1999 |
BA 902
Contrexéville
|
Maintien d'activité
au centre de détection et de
contrôle transformé en centre de détection satellite
|
La fermeture de la base aérienne de Toul Thouvenot est
également liée à la dissolution du 15e régiment du
génie de l'air. A l'été 1998, le génie de l'air ne
comprendra donc qu'un seul régiment, formé de 5 compagnies
professionnalisées stationnées à Istres (2 compagnies),
Mont de Marsan (1 compagnie), Avord (1 compagnie) et Toul Rosières
(1 compagnie).
Mais cette réduction de la dotation fonctionnement des bases va
au-delà des seules économies générées par la
mutation que connaît l'armée de l'air. Les conditions de vie
courantes (consommation d'énergie notamment) étaient
déjà affectées par la contrainte budgétaire.
De plus, le recours prévisible à la sous-traitance civile pour
certaines activités -restauration, entretien des véhicules-, qui
va croître avec la professionnalisation, ne pourra être
supporté financièrement par les bases que sur les enveloppes
" fonctionnement " qui leur sont allouées, lesquelles se
trouvent déjà excessivement sollicitées.
Evolution des crédits de fonctionnement des
unités
Fonctionnement des bases et services |
1997 |
1998 |
Evolution |
Fonctionnement courant |
1 379,3 |
1 314,0 |
- 4,73 % |
Carburants et combustibles |
235,2 |
235,2 |
- |
TOTAL |
1 614,5 |
1 549,2 |
- 4,05 % |
B. LA SÉVÈRE RÉDUCTION DES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENTS
En crédits de paiement, la dotation
" équipements " de l'armée de l'air, titres V et VI
confondus, atteint 19,16 milliards de francs. A structure constante, compte
tenu des transferts de crédits de recherche amont à la DGA, cette
dotation est en retrait de 11 % par rapport à la loi de finances
initiale pour 1997. En tout état de cause elle est en retrait de 2,3
milliards de francs par rapport à la deuxième annuité de
la loi de programmation militaire 1997-2002.
L'évolution des crédits d'équipements entre 1996 et 1998
est décrite dans le tableau ci-après :
Evolution des crédits d'équipements de l'armée de l'air
MF courants |
Autorisations deprogramme |
Crédits de paiement |
||||||
1996
|
1997
|
1998
|
Variation
|
1996
|
1997
|
1998
|
Variation
|
|
Espace |
34,0 |
46,0 |
20,0 |
-56,52 |
50,0 |
45,0 |
63,0 |
+40,0 |
Etudes et développements |
4 785,0 |
4 768,0 |
2 915,0 |
-38,86 |
4 861,0 |
4 695,0 |
3 181,0 |
-32,25 |
EPM-Fabrications munitions |
15 248,8 |
14 692,2 |
12 380,0 |
-15,74 |
15 197,8 |
15 851,1 |
14 817,0 |
-6,52 |
Infrastructure* |
1 060,6 |
1 055,4 |
1 064,0 |
+0,80 |
953,6 |
1 006,5 |
1 075,0 |
+6,80 |
TOTAL T V |
21 128,4 |
20 561,6 |
16 379,0 |
-20,35 |
21 062,4 |
21 597,6 |
19 136,0 |
-11,40 |
Titre VI |
24,50 |
25,0 |
26,0 |
+4,0 |
29,5 |
26,0 |
26,0 |
0,00 |
Total T V et VI |
21 152,9 |
20 586,6 |
16 405,0 |
-20,31 |
21 091,9 |
21 623,6 |
19 162,0 |
-11,40 |
*Infrastructure liée aux programmes d'armement,
infrastructure opérationnelle et infrastructure vie.
Le chef d'état-major de l'armée de l'air a, devant votre
commission, indiqué que cette réduction de crédits
n'affecterait pas les grands rendez-vous liés à la modernisation
de l'armée de l'air. Celle-ci repose, depuis l'élaboration de la
loi de programmation, sur des programmes majeurs destinés à
permettre à l'armée de l'air d'assurer ses quatre missions de
dissuasion, protection, prévention et projection.
Pour 1998, concernant tout d'abord la dissuasion, la poursuite des
études relatives au missile aérobie de croisière moyenne
portée ASMP/A permet de préserver l'objectif de mise en service
opérationnelle.
S'agissant de la protection du territoire, l'armée de l'air recevra
livraison en 1998 de 11 des 37 Mirage 2000-5 (remise à niveau des
systèmes d'armes à partir de cellules existantes). Ce programme
est au demeurant indissociable du missile d'interception et de combat
aérien MICA. Le programme fait l'objet d'une commande pluriannuelle (125
unités) pour les premières livraisons en 1999, concomitantes avec
la mise en service opérationnel du premier escadron de Mirage 2000-5.
La projection de puissance sera confortée par l'arrivée de 6
nouveaux Mirage 2000 D, portant la dotation à 57 appareils fin 1998
(cible finale de 86 appareils).
Cet appareil -grâce à un système de désignation
laser de la cible- constitue, dans l'attente du Rafale polyvalent le fer de
lance de notre aviation de combat pour des missions de bombardements en toute
condition.
Le programme de missiles de croisière APACHE qui est associé au
Mirage 2000 D a fait également l'objet à hauteur de 100
unités, d'une commande pluriannuelle en 1997. Il devrait en être
de même d'un autre programme important de missiles, le SCALP-EG. La
concrétisation des commandes, non encore avalisée par le
ministère de l'Economie et des Finances à l'heure de la
rédaction du présent rapport, s'impose pour assurer la
crédibilité globale du système combinant missiles et
vecteurs.
Pour ce qui est de la projection de forces, l'armée de l'air prendra
livraison de 14 C160 Transall rénovés et de 2 appareils de
complément TBM 700. Elle recevra également le premier
hélicoptère Cougar destiné à la
récupération des pilotes de combat tombés en zone hostile
(RESCO), dont 2 exemplaires seront commandés en 1998.
Le projet de budget 1998 prend enfin en compte la poursuite des efforts
consentis pour moderniser les systèmes de conduite des opérations
aériennes (SCCOA).
Le tableau ci-après récapitule les actions principales permises
pour 1998 au titre des équipements :
Commandes |
Livraisons |
|
Avions de combat
|
0
|
11
|
Avions de transport
|
0
|
14
|
Avions
spécialisés
|
2 |
1 |
Armements
|
0 |
5 |
Systèmes
télécommunications
|
0 |
7 |
1 Hélicoptère spécialisé dans les opérations de recherche et de sauvetage au combat
C. L'ACTIVITÉ AÉRIENNE
Traditionnellement, deux paramètres budgétaires permettent de mesurer le niveau de l'activité aérienne, principal critère d'appréciation non seulement de la possibilité d'entraînement des pilotes mais également de la disponibilité des aéronefs. Ces deux critères sont l'entretien programmé des matériels d'une part, et le coût des carburants aéronautiques d'autre part.
1. Les crédits d'entretien programmé des matériels
- Des crédits insuffisants pour faire face aux
besoins
Crédits |
1997 |
1998 |
Ecart 1998/1997 |
Ecart en %
|
Titre III |
948,7 |
889,2 |
- 59,5 |
- 6,27 % |
Titre V CP |
4 453 |
4 757 |
+ 304 |
+ 6,83 % |
Les crédits d'entretien programmé du
matériel sont répartis sur le titre III et le titre V. En effet,
ces crédits permettent de rémunérer la main-d'oeuvre
chargée d'entretenir ou de réparer les appareils, soit chez les
constructeurs eux-mêmes, soit dans les ateliers industriels de
l'aéronautique (AIA) dépendant de la DGA (Titre III ou EPM), ou
d'acquérir les pièces de rechange (Titre V).
L'apparente augmentation de la dotation 1998 au titre V en crédits de
paiement par rapport à 1997 n'est malheureusement pas suffisante
comparée aux besoins exprimés lors de l'actualisation du
référentiel de programmation (- 196 millions de francs). En
effet, les faibles niveaux d'engagements constatés sur ce poste en 1996
puis 1997 ont entraîné des reports dans les programmes de
révision des aéronefs : 20 reports de 1996 à 1997, et 14
reports de 1997 sur 1998. Par ailleurs, le vieillissement et l'accroissement de
la flotte de Mirage 2000 nécessiteront à eux seuls 9
révisions supplémentaires -sur un total de 147 révisions
programmées en 1998 pour la totalité des aéronefs (avions,
hélicopètres) de l'Armée de l'air.
- La question des pièces de rechange
Les pièces de rechange nécessaires aux réparations et
à l'entretien des appareils sont fournies par les constructeurs. Leur
acquisition par l'armée de l'air est tributaire des contrats
passés entre eux et la DGA. Or, celle-ci, soucieuse d'obtenir des
fournisseurs des réductions de prix, est conduite à
différer les passations de marché. Au total, l'armée de
l'air se trouve confrontée à un réel problème : ne
disposant pas en temps utile des pièces nécessaires, soit elle
les prélève sur d'autres appareils, soit elle reporte leur
réparation. Dans les deux cas, cela aboutit à une
indisponibilité accrue des avions. Ainsi en 1998, comme en 1997, ce sont
quelque 26 Mirage 2000 qui seront indisponibles.
2. Les crédits destinés aux carburants opérationnels
L'an passé, votre rapporteur avait, avec d'autres,
relevé le caractère plus qu'irréaliste d'une dotation pour
carburants opérationnels qui, pour 1997, avait été
reconduite sur la base de 771 MF, identique à 1996. La
sévère revalorisation du dollar a donc renchéri le prix du
m
3
de carburant dans des conditions qui ont placé
l'Armée de l'air, dès le premier semestre, dans une situation
délicate.
Fort heureusement, la prévision pour 1998 est davantage réaliste,
qui se base sur un tarif prévisionnel à 1 200
F/m
3
, à comparer à un tarif moyen constaté,
jusqu'en août 1997, à 1 231 F//m
3
. La dotation en
carburants est donc portée de 771 MF en 1997 à 904 MF pour 1998.
A titre indicatif, l'évolution des prix des carburants
opérationnels a été la suivante depuis 1995 :
Dotation MF |
Tarif prévisionnel
|
Tarif moyen constaté
|
|
1995 |
810,6 |
960 |
968 |
1996 |
770,8 |
890 |
1 184 |
1997 |
770,8 |
1 010 |
1 231 |
1998 |
903,5 |
1 200 |
3. L'entraînement des pilotes
L'ensemble de ces paramètres a une incidence directe
sur l'entraînement des pilotes. Ainsi, comme le décrit le tableau
ci-après, les écarts entre les prévisions de coûts
de carburants et leur coûts réels ont souvent conduit à
réduire l'activité aérienne et le nombre d'heures de vol
par pilote, que l'Armée de l'air entend ne pas voir passer en
deçà de 180 heures.
Années |
Ecart tarif prévisionnel et tarif moyen du carburant opérationnel |
Nombre d'heures de vol dans l'année |
1990 |
12 % |
171 |
1991 |
20 % |
165 |
1996 |
32 % |
172 |
1997 |
22 % (1) |
180 (2) |
(1) Ecart constaté en août 1997.
(2) Le collectif budgétaire 1997 devrait permettre d'accorder les
ressources correspondantes nécessaires à la réalisation de
l'objectif des 180 heures.
CHAPITRE II -
LA PROFESSIONNALISATION
A. UNE NOUVELLE ORGANISATION DES BASES AÉRIENNES
La réduction du nombre des bases aériennes -on
en comptait encore 44 en 1993, elles ne seront plus que 36 en 2002-
était déjà bien engagée avant la décision de
professionnalisation. Les contraintes budgétaires pesaient
déjà en ce sens. La professionnalisation de l'Armée de
l'Air, engagée depuis un an, conduit à renforcer cette tendance.
En effet, la réduction progressive du nombre des appelés oblige
l'Armée de l'air à tirer les conséquences -sur le
territoire national comme au niveau de chaque base- d'un nouveau rapport
à établir entre les activités de soutien et les
impératifs opérationnels. Plusieurs paramètres s'imposent
à elle :
- le nécessaire maintien, à un niveau élevé, des
moyens opérationnels et des capacités de protection des bases,
sachant qu'il existe toujours un minimum incompressible d'activités de
soutien, indissociables de l'activité militaire, et qui doivent
être en mesure d'être projetées au sein des unités de
combat.
- la nécessaire réduction de la part du soutien, qui conduit
à concentrer les unités sur les grandes bases aériennes
plates-formes qui, rassemblant de plus en plus de services et de
capacités, prendront dans leur zone géographique une part accrue
en terme d'emplois et de flux économiques.
- le réajustement de la part du soutien compte tenu de la
réduction quantitative des appelés qui en étaient
principalement chargés et de leur remplacement par un nombre moindre
d'engagés et de civils
Parallèlement à ce mouvement, et dans cette logique, la "base
aérienne de nouvelle génération" est
réorganisée dans les conditions générales de sa
gestion. L'objectif principal tend à renforcer le rôle du
commandant de base dans son rôle interne tout d'abord, en lui confiant
une plus grande autonomie dans la gestion de son budget et une meilleure
capacité d'impulsion dans les trois domaines majeurs
opérationnel, technique et personnel. Dans son rôle externe
ensuite vis-à-vis des principaux responsables économiques et
politiques locaux. La professionnalisation fait de la base aérienne une
véritable industrie génératrice d'emplois dispensant une
formation à ses personnels et leur assurant un reclassement. Cette
innovation est importante et la décision de porter de 2 à 3 ans
le temps de commandement du commandant de base s'inscrit dans cette logique
d'ancrage au sein de son environnement.
Outre cette nouvelle organisation, la professionnalisation induit une
stratégie nouvelle de recrutement.
B. LES NOUVEAUX PROFESSIONNELS DE L'ARME AÉRIENNE
En 2002, l'armée de l'air devra avoir recruté plus de 10 000 jeunes professionnels destinés à remplacer les appelés. La professionnalisation a donc engendré un nouveau profil de carrière militaire courte, celle des militaires techniciens de l'air (MTA).
1. Quelle modalité de substitution aux appelés ?
Pour compenser la diminution progressive des appelés,
l'armée de l'air doit être à même de les remplacer
dans les diverses tâches de soutien qu'ils avaient à
exécuter. Le fait de bénéficier pour au moins 4 ans
-durée du premier contrat- de personnels stables permet de donner une
formation adaptée au métier choisi, et également de faire
mieux qu'un remplacement nombre pour nombre, au demeurant irréalisable,
entre un appelé et un militaire technicien de l'air.
L'extrême dissémination des appelés dans toutes les bases
aériennes et dans toutes les unités de chaque base rend la
transition assez complexe à mettre en oeuvre. C'est à chaque fois
le fonctionnement des structures de chaque base qu'il convient de revoir. Pour
préparer au mieux cette phase délicate, 3 bases aériennes
ont été mises d'emblée en situation de
professionnalisation totale. Chacune de ces bases avait une
spécialité particulière : Colmar, qui met en oeuvre des
escadrons de combat, Ambérieu, spécialisé dans le support
technico-opérationnel, enfin la base école de Cognac.
Le tableau ci-après précise les modalités de remplacement
des appelés par des MTA, du personnel civil et des appelés-futurs
volontaires.
Droits 1996 |
Droits 1997 |
||||
Appelés |
MTA |
Civils |
Appelés |
Total |
|
Colmar |
477 |
204 |
45 |
38 |
287 |
Ambérieu |
267 |
119 |
30 |
26 |
175 |
Cognac |
410 |
181 |
41 |
28 |
250 |
2. La population recherchée pour les MTA
L'armée de l'air a recruté 1 800 MTA en
1997, elle devrait en recruter 2 160 en 1998. Compte tenu des tâches
qu'elle est à même de proposer aux candidats, l'armée de
l'air a déterminé un profil-type : les postes sont
proposés à des candidats entre 17 et 25 ans, hommes ou femmes,
ayant un acquis professionnel pratique, directement exploitable, sans longue
phase de formation, d'où un recrutement parmi les jeunes se situant
entre le CAP et le bac professionnel.
L'objectif est également de recruter les futurs MTA dans le bassin
géographique où se trouve leur future base d'affectation.
- Le métier proposé
Les MTA se voient proposer une des 23 spécialités suivantes dans
des emplois de soutien qui ne requièrent pas une formation
complémentaire importante.
Spécialités
Securité cabine |
Agent d'opérations |
Mise en oeuvre avion |
Standardiste |
Agent de télécommunication |
Fusilier commando(1) |
Armement |
Conducteur de chiens (1) |
Electrotechnicien |
Agent de surveillance |
Mécanicien véhicule |
Opérateur sol-air |
Conducteur routier |
Agent paysagiste |
Mécanicien atelier |
Entretien des installations |
Pompier |
Agent bureautique |
Magasinier |
Agent de restauration |
Sapeur génie |
Auxiliaire sanitaire |
(1) Ces spécialités ne sont pas accessibles aux
personnels féminins.
Une formation militaire de base de 6 semaines, dispensée au centre de
formation des MTA situé à Saintes, est sanctionnée par la
délivrance d'un certificat militaire élémentaire.
La formation professionnelle proprement dite est ensuite dispensée en
deux périodes allant de 1 à 3 semaines, en fonction de la
spécialité choisie :
- une période d'instruction théorique
- une période d'application pratique de deux mois au sein de
l'unité où ils ont été affectés.
La période de stage professionnel est sanctionnée par un
certificat d'aptitude à l'emploi de technicien (CAET),
délivré par le commandant de la base.
Les MTA sont recrutés sur un premier contrat de 4 ans, renouvelable une
fois. La durée maximale est donc de 8 ans, exceptionnellement 11ans. La
solde mensuelle évolue entre 5 700 et 7 000 F selon les grades et
l'ancienneté. Il s'y ajoute une prime d'engagement de 7 000 F au titre
du premier contrat et une indemnité de départ correspondant
à 24 mois de solde, dès lors que les départs interviennent
entre 8 et 11 ans.
Au cours de cette période, le MTA peut, selon sa façon de servir
être nommé à la distinction de 1ère classe
(après 2 années de service), au grade de caporal (après 3
années), voire à celui de caporal-chef (après 5
années), si les conditions requises sont réunies. Enfin, certains
des MTA peuvent se présenter aux concours internes ou externes
(après 5 années de service) de recrutement de sous-officiers.
- Une reconversion préparée
Au moment de quitter l'armée à l'issue de son contrat, le MTA
peut bénéficier des dispositifs de reconversion prévus
pour les militaires de carrière. Par ailleurs, l'armée de l'air a
mis en place un dispositif d'enseignement et de formation pour l'insertion
(DEFI) afin de préparer le retour du MTA dans le secteur civil, ceci en
coopération avec les acteurs locaux et régionaux de l'emploi.
La campagne de recrutement, sur le plan quantitatif, peut être
appréciée positivement. Sur 4 900 candidatures recensées,
dont 3 300 déclarées recevables, 900 ont fait l'objet d'un
recrutement et 720 candidats sélectionnés sont en attente de
recrutement. Sur cette population dont la moyenne est de 20 ans, 75 % sont
titulaires d'un diplôme de type CAP, BEP ou bac professionnel et le taux
de féminisation atteint 30 %.
Cela étant, l'Armée de l'air a du rapidement réadapter
pour les MTA un dispositif d'instruction qui avait fait ses preuves pour des
appelés dont nombre d'entre eux détenaient un diplome
d'enseignement supérieur, mais qui s'est avéré très
décalé par rapport à la nouvelle population
d'engagés. A une période de formation théorique a donc
été substituée une immersion rapide sur le terrain et une
formation pratique.
L'Armée de l'air est donc souvent conduite , à partir de jeunes
gens en situation d'échec scolaire, à engager un travail de
formation, d'insertion, d'adaptation à une vie professionnelle qui,
dépassant les enjeux strictement militaires, lui donne une
responsabilité sociale et humaine beaucoup plus large. C'est, de l'avis
de votre rapporteur, avec cette redéfinition du lien entre la jeunesse
et l'armée, l'un des acquis importants de la professionnalisation.
3. Le recrutement difficile des civils
La loi de programmation militaire prévoit
l'augmentation de 1 825 postes de personnel civil pour l'armée de l'air
en 6 ans. Pour l'exercice 1998, l'armée de l'air est autorisée
à recruter 223 civils. Parmi les emplois de soutien que les civils
seront amenés à occuper, les domaines sont fort
diversifiés. Pour les fonctionnaires et assimilés : finances,
comptabilité, informatique, gestion du personnel, domaine juridique et
contentieux, communication. Les ouvriers se voient proposer les secteurs du
bâtiment, du génie civil, les services du commissariat
(laboratoire), de la mécanique, à travers les ateliers de
réparation et la logistique.
En termes statutaires, ce personnel recouvre plusieurs catégories : les
fonctionnaires recrutés sur concours -externe ou interne ; les ouvriers
spécialisés recrutés sans qualification spécifique
et les ouvriers professionnels (CAP ou BEP) ; les contractuels enfin qui, selon
qu'ils ont été recrutés avant ou après 1984
bénéficient ou non de la garantie de l'emploi.
La gestion du recrutement de personnels civils est réalisée sous
contraintes : géographique en premier lieu. Ainsi les personnels civils
provenant d'établissements restructurés font-ils l'objet d'un
recrutement de proximité par les structures d'accueil voisines.
Certaines bases, proches d'établissements restructurés sont donc
favorisées -c'est le cas de Cognac qui a pu honorer, dans le cadre de la
professionnalisation totale, 99 % de ses postes. Les difficultés sont en
revanche réelles pour les autres bases, notamment celles du Nord et de
l'Est, éloignées des sites -où se trouvent les principaux
effectifs en surnombre de la DCN, voire d'autres établissements de la
DGA-, sachant par ailleurs que les postes vacants sont gelés,
précisément dans l'attente du reclassement de personnels issus
des établissements de la DGA en cours de restructuration.
Pour toutes ces raisons, le sous-effectif en personnel civil -essentiellement
en ouvriers d'Etat- devrait être de 12 % fin 1997.
Votre rapporteur entend suivre avec attention l'évolution de cette
question qui risquerait de mettre en cause la démarche -très
délicate- de professionnalisation des bases.
4. Des craintes liées au dispositif de report pendant la période de transition
La récente loi portant réforme du service
national a prévu un dispositif destiné à permettre aux
jeunes gens exerçant une activité professionnelle de
bénéficier de reports d'incorporation renouvelables pouvant
conduire de fait à une exemption de l'obligation militaire qui ne
s'achèvera officiellement qu'en 2002. L'Armée de l'air se verra
ainsi privée d'une ressource importante en appelés,
déficit qui n'a pas été planifié dans la gestion
prévisionnelle des effectifs effectuée sur la base de la loi de
programmation.
L'Armée de l'air risque donc d'être conduite à
accélérer le recrutement des MTA afin de pouvoir faire face
à cette nouvelle donnée. Les premières estimations, encore
évidemment imprécises, évaluent à 3 000
appelés la ressource annuelle, principalement en 1998 et 1999, qui
viendrait à manquer à l'Armée de l'air en application de
cette mesure. Fonctionnellement, la perte de ressources de 3 000
appelés devrait être compensée par un recrutement
correspondant de 970 MTA en 1998. A enveloppe budgétaire constante, il
ne serait possible d'en recruter que 270, soit un déficit de 700 MTA en
1998. Surtout, en 1999 et toujours à enveloppe constante, le coût
des recrutements supplémentaires réalisés en 1998
produisant encore ses effets, il ne serait possible d'en recruter qu'une
centaine, portant dès lors le déficit à plus de 1 600 MTA
en 1999. Votre rapporteur souhaite vivement que cette nouvelle contrainte soit
financièrement prise en compte, faute de quoi le fragile
équilibre de la transition vers une armée
professionnalisée risquerait d'être compromis.
C. LA MISE EN OEUVRE DES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT AU DÉPART
Conformément au choix de l'option
" professionnalisation " présentée lors de la loi de
programmation militaire, la population militaire de l'armée de l'air est
supposée suivre l'évolution suivante que retrace le tableau
ci-après :
1997 |
1998 |
1999 |
2000* |
2001* |
2002* |
1996/2002 |
|
Officiers |
0 |
- 60 |
- 60 |
- 60 |
- 60 |
- 63 |
- 303 |
Sous-officiers |
- 300 |
- 600 |
- 670 |
- 945 |
- 945 |
- 961 |
- 4 421 |
MTA |
1 338 |
1 816 |
2 371 |
1 824 |
1 436 |
2 091 |
10 876 |
Appelés- |
- 6 274 |
- 6 400 |
- 9 000 |
- 5 000 |
- 3600 |
- 175 |
- 30 449 |
Effectifs militaires |
- 5 236 |
- 5 244 |
- 7 359 |
- 4 181 |
- 3 169 |
892 |
- 24 297 |
*Prévisions
1. Les mesures nouvelles d'incitation au départ
Il convient ici de rappeler que, pour inciter au départ
des cadres et rejoindre progressivement le niveau prévu des effectifs,
la loi d'accompagnement de la professionnalisation a mis en place un dispositif
ambitieux à base de reconduction de mesures anciennes et de
création de mesures nouvelles.
- Au titre de ces dernières, la loi a créé un
pécule progressif d'incitation au départ
ouvert aux
officiers et sous-officiers désireux de quitter le métier
militaire pour embrasser éventuellement une nouvelle activité
dans le secteur civil privé.
Un premier bilan chiffré du fonctionnement de ce dispositif -mis en
place à partir de 1997 au titre de la première annuité de
la programmation- peut être établi. Il en ressort que 47 officiers
et 640 sous-officiers ont pu opter pour cette formule, pour un coût
global de 171,6 MF. Sur les 3024 demandes de pécules enregistrées
parmi les sous-officiers, 640 ont pu être satisfaites -soit un taux de
satisfaction de 21 %.
Pécule 1997 - bilan
Officiers
Grade |
Nombre de pécules attribués |
Montant (en millions de francs) |
Colonel |
5 |
2,7 |
Lieutenant-colonel |
14 |
6,5 |
Commandant |
- |
- |
Capitaine |
28 |
6,7 |
Totaux |
47 |
15,9 |
Sous-officiers
Grade |
Nombre de pécules attribués |
Montant (en millions de francs) |
Major |
82 |
15,6 |
Adjudant chef |
356 |
89,8 |
Adjudant |
155 |
39,5 |
Sergent chef |
47 |
10,8 |
Totaux |
640 |
155,7 |
- La seconde mesure nouvelle d'incitation au départ est
le
dispositif de reconversion
. Il prend la forme d'un congé de
reconversion de 6 mois maximum durant lesquels le militaire est en situation
d'activité. Ce congé est éventuellement prorogeable sous
la forme d'un congé complémentaire de reconversion de 6 mois
également, mais où l'intéressé est alors en
position de non-activité.
Au titre de ce double dispositif, les aides à la reconversion suivantes
ont été accordées
2(
*
)
:
- Congés de reconversion : 1 214 dont
. officiers 144
. sous-officiers 1 070
- Congés complémentaires de reconversion : 97 dont
. officiers 18
. sous-officiers 79
2. La reconduction de mesures existantes
Tout d'abord, le dispositif lié à la loi n° 70-2 du 2 janvier 1970 a été prorogé jusqu'à la fin de la période de programmation (2002). Il permet à des officiers et à des sous-officiers supérieurs de poursuivre leur carrière dans la fonction publique civile. Le nombre de demandes agréées pour des candidats de l'armée de l'air est le suivant depuis 1990 :
Loi n° 70-2 du 2 janvier 1970
Années |
Nombre de départs |
|
Officiers |
Sous-officiers |
|
1990 |
5 |
15 |
1991 |
5 |
26 |
1992 |
6 |
19 |
1993 |
6 |
21 |
1994 |
3 |
20 |
1995 |
6 |
16 |
1996 |
11 |
19 |
1997* |
14 |
34 |
*Prévisions au 31 juillet 1997
Ensuite, la
prorogation de la loi 75-1000 du 30 octobre
1975
permet -par ses articles 5 et 6- à des officiers de
bénéficier d'une pension de retraite calculée sur la solde
du grade supérieur. Cette disposition, conjuguée au
bénéfice du pécule réduit des 4/5e a
été utilisée par 77 officiers en 1997 -(coût :
6,7 MF).
Pour être complet, il convient de mentionner les
transferts
volontaires vers d'autres armes
- 6 départs d'officiers et 52
départs de sous-officiers vers le corps de soutien de la gendarmerie en
1997.
D. QUELS RECRUTEMENTS POUR LES CADRES DE LA FUTURE ARMÉE PROFESSIONNELLE ?
1. Les officiers
Le volume global d'officiers recrutés chaque
année tient compte en particulier de la déflation liée
à la programmation qui, en 2002 aura concerné 303 postes
d'officiers, à raison de 60 par an à partir de 1998 (63 en 2002).
Il convient également de tenir compte, dans la définition d'une
politique de recrutement, des départs à la retraite, que ceux-ci
soient naturels ou anticipés par la mise en oeuvre des mesures
d'incitation. L'armée de l'air estime à 400 les départs
annuels en retraite dans le corps des officiers dont 255 avant la limite
d'âge, parmi lesquels 47 liés à l'obtention d'un
pécule.
Ce rythme de départ conjugué à la déflation
annuelle, autorise un recrutement annuel de quelque 340 officiers par an.
Pour 1997 et 1998, le recrutement se présente comme suit :
1997 |
1998 |
||
Polytechnique |
2 |
2 |
|
Officiers à carrière |
Ecole de l'Air |
93 |
86 |
longue |
Ecole du Commissariat de l'Air |
8 |
9 |
Ecole militaire de l'Air |
65 |
67 |
|
Rang |
51 |
60 |
|
Officiers à carrière |
ORSA |
104 |
82 |
courte |
Navigant |
27 |
32 |
Admis sur titre |
3 |
2 |
|
TOTAL |
353 |
340 |
2. Les sous-officiers
Entre 1991 et 1995, la catégorie des sous-officiers a
été confrontée à un ralentissement des
départs. Celui-ci, lié à l'effet conjugué de la loi
du 13 décembre 1991 sur l'augmentation des limites d'âge,
d'une part, et de mauvaises perspectives de reclassement dans
l'aéronautique civile d'autre part, a entraîné un
encombrement au sein du corps des sous-officiers, générant
à son tour un blocage à l'avancement. Cette réduction des
départs est illustrée dans le tableau ci-après :
Années |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Nombre de départs |
1175 |
1269 |
1467 |
1773 |
2240 |
2063 |
1715 |
1491 |
1195 |
1147 |
1404 |
1908 |
L'armée de l'Air, contrainte, en conséquence de
cette rigidité, de réduire ses flux annuels de recrutement
souhaiterait désormais l'augmenter afin de renouveler le corps des
sous-officiers appelé au demeurant à exercer, dans le cadre d'une
armée professionnelle, une mission rénovée.
L'Armée de l'Air dispose de deux filières pour le recrutement de
ses sous-officiers :
- la première est celle de
l'école de formation militaire de
Rochefort,
qui accueille les candidats au niveau de la terminale pour
former du personnel des spécialités techniques et du service
général ;
- la seconde est celle de
l'école d'enseignement technique de
l'Armée de l'Air
(EETA) de Saintes, ouverte aux candidats du niveau
scolaire équivalent à la classe de seconde qui, après deux
années d'études, peuvent intégrer les différentes
écoles de spécialisations. L'école de Saintes ne recrute
quasi exclusivement que des futurs mécaniciens et
télémécaniciens. Selon les niveaux de formation requis,
variant selon les spécialités, le délai entre le
recrutement et l'affectation peut aller jusqu'à deux ans.
Le rythme de recrutement des sous-officiers est le suivant :
Rochefort |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1991 |
1020 |
|||||
1992 |
1022 |
706 |
||||
1993 |
89 |
665 |
338 |
|||
1994 |
169 |
526 |
460 |
|||
1995 |
90 |
380 |
207 |
|||
1996 |
125 |
401 |
94 |
|||
1997 |
187 |
670 |
||||
1998 |
292 |
|||||
Total Rochefort |
2131 |
1540 |
954 |
965 |
795 |
1056 |
Saintes |
344 |
305 |
267 |
277 |
394* |
262* |
Total général |
2475 |
1845 |
1221 |
1242 |
1189 |
1318 |
* Prévisions.
La nécessité de départs accrus de sous-officiers dans
les années à venir, y compris dès 1998, nécessitera
pour l'Armée de l'air une dotation suffisante des pécules
d'incitation aux départs afin de rééquilibrer ce corps et
de lui redonner un pyramidage normal.
CHAPITRE III -
QUELS ÉQUIPEMENTS POUR
L'ARMÉE DE L'AIR ?
A. L'AVIATION DE COMBAT
1. Un parc d'avions de combat vieillissant qui suppose le maintien de l'effort de renouvellement de la flotte
La modification du contexte stratégique a fait passer
du risque d'un affrontement Est-Ouest à des probabilités de
gestion de crise et d'opérations extérieures dans lesquelles
l'armée de l'Air est fréquemment impliquée. Celle-ci a
donc engagé, dès 1992, une action résolue et volontariste
de mise à niveau de sa flotte fondée sur une réduction
quantitative de son parc au profit d'une amélioration des
systèmes d'armes et de navigation, de systèmes d'autoprotection
élevée et de capacités de ravitaillement en vol.
L'armée de l'Air s'est donc séparée de ses appareils les
plus anciens, tandis qu'elle en rénovait d'autres. Ainsi, depuis 1992,
l'armée de l'Air a retiré à ce jour 75 Mirage III E, 30
Mirage VF, 30 Jaguar et 30 Mirage F1C de première
génération. Leur remplacement est progressivement assuré
par le Mirage 2000-D capable du tir de nuit d'armement guidé laser, ou
par le Mirage F1CT, dérivé du Mirage F1C, mais transformé
pour le rendre apte à la mission d'assaut. De même, le Mirage
2000-5 de défense aérienne, particulièrement adapté
aux théâtres extérieurs par sa grande capacité
d'emploi en armement et en carburant, viendra améliorer ce dispositif,
en attendant le Rafale.
Voici, à ce jour, les appareils en dotation dans l'armée de l'Air
ainsi que l'évolution de cette dotation à l'horizon 2015 :
Evolution de la flotte de combat en dotation dans
l'armée de l'Air
Dotation
|
1998 |
2000 |
2002 |
2005 |
2010 |
2015 |
|
Avions de combat |
|||||||
Rafale |
0 |
0 |
0 |
0 |
20 |
80 |
140 |
Mirage 2000 C/B |
115 |
95 |
80 |
80 |
80 |
60 |
40 |
Mirage 2000-5 F |
0 |
15 |
30 |
30 |
30 |
30 |
20 |
Mirage 2000 N |
65 |
65 |
60 |
60 |
60 |
40 |
40 |
Mirage 2000 D |
45 |
50 |
60 |
60 |
60 |
60 |
60 |
Mirage F1 CR |
40 |
40 |
40 |
40 |
30 |
20 |
0 |
Mirage F1 CT |
40 |
40 |
40 |
40 |
40 |
20 |
0 |
Mirage F1 C/B |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
10 |
0 |
Jaguar A |
50 |
50 |
45 |
25 |
0 |
0 |
0 |
Mirage IV AP |
5 |
5 |
5 |
5 |
0 |
0 |
0 |
TOTAL |
380 |
380 |
380 |
360 |
340 |
320 |
300 |
2. Les programmes d'avions de combat Mirage 2000
En attendant la totale polyvalence du programme Rafale, les
programmes d'avions de combat en cours sont toujours spécialisés
soit vers la défense aérienne, soit vers l'attaque au sol. C'est
le cas de la famille des Mirage 2000 qui constitue avec plus de 70 % des
appareils en ligne, l'ossature de notre flotte de combat d'aujourd'hui.
- La rénovation du Mirage 2000 défense aérienne - Le
programme Mirage 2000-5.
La version Mirage 2000 DA destinée à la défense
aérienne (115 appareils en ligne) comprend d'une part des avions
équipés d'un radar moderne, le RDI capable de détecter les
menaces quelle que soit leur altitude de pénétration, et d'autre
part des appareils équipés du radar RDM aux capacités de
détection limitées, insuffisantes à terme face à
une menace en constante amélioration qualitative.
Afin de répondre aux nouveaux besoins opérationnels, la
modernisation de la flotte 2000 DA a été entreprise grâce
au lancement en 1993 du programme Mirage 2000-5 FRANCE à partir du
Mirage 2000-5 dont le développement était en cours pour
l'exportation.
Ce programme consiste à rénover 37 Mirage 2000 RDI en leur
apportant la capacité multicibles grâce au radar RDY, à une
avionique nouvelle et à l'emport du missile air-air MICA de nouvelle
génération. Les radars RDI rendus ainsi disponibles sont
utilisés pour moderniser l'ensemble des Mirage 2000 RDM qui sont
transformés en 2000 RDI. La flotte Mirage 2000 DA est ainsi
modernisée durablement, avec le maximum de potentiel de vieillissement
donné au Mirage 2000-5, appareil ayant les meilleures capacités.
Le projet de budget pour 1998 n'apporte pas de modification à ce
programme de modernisation. Onze Mirage 2000-5 seront livrés à
l'armée de l'air en 1998, après un premier exemplaire
livré en décembre 1997. En 2000, l'armée de l'air aura
reçu livraison des 37 appareils.
Le coût total du programme s'élèvera à 4,75
milliards de francs 97 dont 2,15 milliards ont déjà
été dépensés. Le projet de loi de finances pour
1998 prévoit, en crédits de paiement, 1,08 milliards pour ce
programme.
La réussite du Mirage 2000-5 au sein de l'armée de l'air
française ne peut qu'amplifier le succès à l'exportation
que connaît déjà cet appareil. Taiwan en possède 30
à ce jour sur une commande de 60, le Qatar 3 sur une commande de 12. Par
ailleurs, cinq autres pays manifestent leur intérêt pour
l'appareil. Intimement associée à la transformation des forces
aériennes de ces pays, l'armée de l'air saura d'autant mieux,
avec les livraisons prévues en 98, leur apporter aide et
expérience.
-Le Mirage 2000 D, fer de lance de l'aviation tactique.
La modernisation des capacités de l'armée de l'air en
matière de pénétration et d'attaque au sol s'appuie sur le
programme Mirage 2000 D, dérivé du Mirage 2000 N vecteur de la
dissuasion nucléaire.
Par rapport au Jaguar, qui a longtemps constitué l'élément
essentiel de notre aviation tactique, le Mirage 2000 D améliore
considérablement la capacité de tir de précision en toute
condition, de jour comme de nuit.
Le Mirage 2000 D est en effet un avion de pénétration et
d'attaque au sol tout temps, capable de tirer en aveugle les armements air-sol
conventionnels, les armements guidés laser de jour comme de nuit, le
missile nucléaire ASMP et, à terme, d'emporter des
systèmes de reconnaissance montés en nacelle. Il sera capable
également d'emporter, dès leur mise en service, les missiles
tirés à distance de sécurité de types Apache et
SCALP.
En 1998, l'armée de l'air prendra livraison comme prévu de 6
nouveaux Mirage 2000 D et consacrera à ce programme 1185 millions de
francs de crédits de paiement. Cela portera à 57 le nombre
d'appareils livrés sur une cible de 86 et permettra de compléter
la dotation du troisième des escadrons de Mirage 2000 D
constitués à ce jour et tous basés à Nancy.
L'armée de l'air recevra également en 98 cinq PDLCT ou pod de
désignation laser caméra thermique. La dotation
réalisée sera alors de 20 pour une cible de 22. Cet
équipement est associé au Mirage 2000 D pour le tir des missiles
ou des bombes à guidage laser. Ainsi équipés, les
escadrons de Nancy participent aux missions de maintien de la paix en Bosnie
où des frappes aériennes de précision se sont
avérées nécessaires en 1996. L'armée de l'air
consacrera, en 1998, 217 millions de francs de crédits de paiement aux
PDLCT.
3. Le programme Rafale : un calendrier confirmé
-
un programme essentiel
Les avions de combat modernes ont en moyenne un potentiel de vie estimé
à vingt années ; ils doivent être
régulièrement renouvelés. Confrontée à
l'échéance du renouvellement de sa flotte de combat à
l'aube du deuxième millénaire, l'armée de l'air a fait le
choix depuis déjà une dizaine d'années d'un avion
totalement polyvalent qui lui permettra de faire face à l'ensemble de
ses missions avec un nombre moindre d'appareils. C'est le programme Rafale
auquel s'est associé la marine nationale. Ce choix a été
confirmé par la dernière loi de programmation militaire
1997-2002. Le premier escadron de Rafale air sera opérationnel à
la fin de 2005. Si cette même loi de programmation a réduit la
cible finale des Rafale marine de 86 à 60, elle maintient à 234
appareils celle de l'armée de l'air, soit 139 biplaces et 95 monoplaces,
les livraisons s'étalant jusqu'en 2019.
La totale polyvalence qu'offrira le Rafale mérite d'être
rappelée. Il pourra effectuer l'ensemble des missions de l'aviation de
combat : pénétration et attaque au sol par tous les temps, de
jour comme de nuit, frappe nucléaire, défense et
supériorité aérienne, intervention à long rayon
d'action avec ravitaillement en vol, reconnaissance tactique et
stratégique.
Grâce à son système d'armes, il pourra mener des attaques
tous temps sur des objectifs au sol ou en mer, avec tir à distance de
sécurité de divers missiles classiques ou nucléaires ou
tir de précision d'armements classiques ; il lui sera possible d'assurer
un niveau de survie élevé en dépit d'un environnement
hostile, dense en menaces, grâce notamment à un système
interne de contre-mesures adaptées.
Le Rafale pourra enfin engager un combat à grande distance contre
plusieurs avions hostiles grâce à des capteurs
spécialisés et à des missiles "tire et oublie". Tous les
armements existants ou futurs pourront être emportés en les
adaptant au type de mission : défense aérienne, attaque au sol ou
reconnaissance. Plus lourd que le Mirage 2000, le Rafale emporte davantage
d'armement, ce qui accroît son efficacité opérationnelle
à l'unité.
Le choix de la polyvalence associée à un avion moderne et
efficace est cohérent avec la réduction de format
envisagée pour l'aviation de combat. La cible de 300 appareils de type
Rafale à l'horizon 2015 apparaît suffisante pour maintenir
l'efficacité opérationnelle de l'armée de l'air dans ses
missions de combat. Un changement de choix au stade actuel du programme, alors
que l'armée de l'air a déjà dépensé 29
milliards de francs sur ce programme, ne pourrait qu'entraîner un
surcoût inacceptable ou la perte de cohérence à coût
égal.
L'effort financier qu'il reste à accomplir sur le programme Rafale
représente en fait le coût de possession par la nation d'une
aviation de combat à la hauteur des missions assignées.
- Des économies qui ne sauraient affecter les standards
souhaités
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit une réduction du
coût de développement du Rafale. Il s'agit là d'une
conséquence directe du niveau de maturité atteint par le
programme dans son développement et de son passage au stade de
l'industrialisation. Le développement des standards prévus pour
le premier escadron de l'armée de l'air en 2005 ne nécessite pas
un flux de financement constant sur une période rallongée de deux
ans et demi par la loi de programmation alors que le contenu même des
standards demeure inchangé. La réduction signifiée dans le
projet de budget 98 ne saurait donc avoir de conséquence sur le
calendrier des livraisons.
La recherche d'économies à contenu physique constant doit
également motiver le recours aux commandes pluriannuelles pour le
programme Rafale.
Votre rapporteur souhaite qu'une commande groupée
de 48 appareils dont 33 pour l'armée de l'air puisse intervenir
dès 1998. Outre les économies qu'elle permettrait de
dégager, elle signifierait clairement l'engagement de l'Etat
français pour un programme qui dispose encore de fortes
potentialités à l'export.
- Le Rafale et la revue des programmes
La confirmation du programme Rafale met un point final à un débat
qui avait repris, au cours des derniers mois, une certaine ampleur. Il reste
toutefois au Rafale à passer l'épreuve de la revue des programmes
engagée par le ministère de la Défense depuis quelques
semaines et qui devrait aboutir en mars prochain. Dans ce cadre, de quelle
marge de manoeuvre disposera-t-on encore à l'égard d'un programme
opportunément confirmé si l'on souhaite réaliser des
économies supplémentaires : la réduction de cible finale ?
La cadence de production et le calendrier de constitution des escadrons ?
L'échéancier de mise en place de certaines fonctions essentielles
? Quelle que soit la variable sur laquelle on décidera de jouer, on voit
bien que le résultat aura une incidence sur le modèle
d'armée de l'Air tel que défini dans la dernière loi de
programmation.
Par ailleurs, au lieu d'être perdues pour l'armée de l'Air, votre
rapporteur estime que les économies réalisées sur le
programme Rafale auraient pu conduire, ne serait-ce qu'en partie, à
ouvrir dès 1998 une ligne budgétaire au bénéfice du
programme d'Avion de transport futur, qui représente l'autre programme
majeur de l'armée de l'Air
3(
*
)
. Au
delà de l'effet politique clair qu'elle aurait eu le mérite de
provoquer à l'égard de nos partenaires, tant militaires
qu'industriels, une telle attitude se serait inscrite dans une démarche
cohérente : répartir plus équitablement une ressource
financière chichement mesurée au bénéfice d'un
besoin opérationnel qui n'est plus contesté et dont la
satisfaction repose pour l'armée de l'Air, pour de longues années
encore, sur ces deux programmes majeurs.
4. Les munitions destinées à la flotte de combat.
- Le missile Apache antipiste.
Ce missile modulaire, qui constituera l'un des armements tactiques principaux
du Mirage 2000 D et du Rafale, a pour mission la neutralisation à
distance de sécurité (140 km) des bases aériennes ennemies
par la destruction des pistes d'atterrissage et l'interdiction des aires
bétonnées au moyen de charges classiques. Il est
équipé d'un système de navigation par inertie avec
recalages autonomes qui lui permet de réaliser des approches à
très basse altitude en suivi de terrain programmé. Son radar
assure également la détection et l'identification de
l'objectif. Il emporte 500 kg de sous-munitions.
Les 100 exemplaires prévus ont fait l'objet d'une commande pluriannuelle
en 97. Les livraisons s'étaleront de 2000 à 2003.
Le coût total de ce programme, réalisé en
coopération principale Matra Bae Dynamics France et Aérospatiale,
est de 4,1 milliards de francs. Les crédits de paiement prévus en
1998 s'élèvent à 332 millions de francs.
- Le missile SCALP/Emploi général.
Dérivé de l'Apache, le SCALP/EG et un missile air-sol
largué à distance de sécurité (400 km maximum) et
destiné à la destruction d'objectifs d'infrastructure militaires,
logistiques ou économiques.
Destiné au Mirage 2000 D et au Rafale, ce missile devrait entrer en
service en 2003. La commande portant sur 450 exemplaires pour l'armée de
l'air et 50 pour la marine devrait intervenir avant la fin de l'année 97
sous la forme d'une commande pluriannuelle.
Le coût total du programme devrait s'élever à 4 738
millions de francs pour 500 exemplaires. Le coût modique à
l'unité du SCALP/EG en comparaison de celui de l'Apache s'explique en
partie par la convergence des besoins entre français et britanniques qui
a amené le maître d'oeuvre Matra Bae Dynamics à
réaliser au profit de la Royal Air Force un missile, le Storm Shadow,
tout à fait comparable au SCALP/EG. La commande britannique porte sur
900 exemplaires du Storm Shadow.
Les crédits de paiement prévus en 1998 s'élèvent
à 330 millions de francs. Ils ne concernent que le développement
et l'industrialisation du programme.
-
Le missile MICA
.
Il s'agit du missile d'interception, de combat et d'autodéfense
destiné à succéder à la fois aux missiles Super 530
D et Magic 2. A capacité multicibles et d'une portée pouvant
atteindre 60 km, il constituera l'armement principal du Rafale et du Mirage
2000-5 dans leurs missions de défense aérienne ainsi que
l'armement d'autodéfense dans les missions d'interdiction et d'attaque
au sol du Rafale.
Pour le Mirage 2000-5, les capacités multicibles ne valent
qu'associées au MICA. C'est pourquoi, il importe que le lancement de la
production du MICA ne prenne pas de retard, de telle sorte que la livraison des
premiers missiles prévue pour 1999 soit concomitante avec la mise en
service opérationnel du premier escadron de Mirage 2000-5. C'est
pourquoi également ce missile a été commandé par
Taiwan et le Qatar - clients du Mirage 2000-5 - pour un total de 1056
exemplaires. De belles perspectives d'exportation s'ouvrent pour ce missile,
vers les futurs clients de Mirage 2000-5 et de Rafale, mais également
vers les possesseurs de F 16, appareil sur lequel l'intégration du MICA
est tout à fait possible.
En ce qui concerne l'armée de l'air, si la cible retenue est de 1000
exemplaires, les commandes seront limitées à 225 et les
livraisons à 125 sur la durée de la loi de programmation 1997 -
2002. Un peu plus de 2,26 milliards de francs ont été
consacrés au développement de ce programme dont le coût
total pour 1000 missiles devrait s'élever à 9 milliards. Le
projet de budget 1998 lui consacre 343 millions de francs.
B. LA FLOTTE DE TRANSPORT MILITAIRE.
1. Le besoin en matière de transport militaire : projection et manoeuvre tactique.
La
projection
permet l'engagement rapide de nos moyens
militaires sur un théâtre extérieur quelle que soit sa
distance, afin de défendre les intérêts français et
alliés, d'assurer le respect de nos accords de défense ou de
participer à des opérations internationales. La capacité
de transport qui répond à ce besoin doit être
immédiate et adaptée au volume et au type des moyens
projetés, le rayon d'action doit être suffisant. Cette
capacité ne peut reposer que sur un parc d'aéronefs militaires
aux caractéristiques spécifiques, instantanément
utilisables quelles que soient les circonstances et permettant dans certains
cas d'atteindre les zones inaccessibles par d'autres moyens. Depuis de
nombreuses années, l'expérience acquise par l'armée de
l'air dans ce domaine n'est plus à démontrer. La gestion de
crises en Europe ou en Afrique, la participation de la France aux
opérations multinationales de rétablissement ou de maintien de la
paix, mais également sa participation en dehors du cadre militaire
à des missions d'assistance humanitaire ont fait appel
régulièrement aux moyens de projection de l'armée de l'air.
La
manoeuvre tactique
quant à elle, se cantonne à
l'intérieur du théâtre d'opérations. Elle vise
à l'engagement au contact direct des troupes adverses par
aéroportage ou aérolargage. Elle peut faire suite à une
phase de projection si cet engagement intrathéâtre se situe sur un
théâtre extérieur, comme c'est le cas dans la
majorité de nos interventions en Afrique. La manoeuvre tactique suppose
l'emploi d'appareils dotés de capacités opérationnelles
spécifiques : parachutage, poser d'assaut, vol autonome et discret
à basse altitude, aptitude à pratiquer des terrains sommairement
aménagés ou à survivre en zone de menace.
Pour répondre au besoin de projection comme à celui de manoeuvre
tactique, l'armée de l'air dispose d'une flotte en partie vieillissante
dont il convient de faire "l'état des lieux".
2. Les moyens du transport militaire en 1997.
Le commandement de la force aérienne de projection
(CFAP) met en oeuvre une flotte de 148 avions de 11 types différents et
93 hélicoptères de 6 types différents. Il convient d'en
retenir principalement :
le C 160 Transall
, de fabrication franco-allemande, appareil cargo de
base du CFAP qui en détient 67. Les 20 derniers mis en service en 1981
sont de nouvelle génération. Ils disposent de la capacité
de ravitaillement en vol, ce qui augmente leur rayon d'action.
Excellent appareil tactique, le C 160 Transall présente de remarquables
capacités d'aéroportage sur pistes sommaires et
d'aérolargage sur les théâtres d'opérations. Sa
faible motorisation limite par contre ses capacités logistiques sur
grande distance.
Prévu, pour être maintenu en service au delà de 2003, il
bénéficie actuellement d'une opération de
rénovation de son avionique et du système de navigation qui
répond tout à la fois aux nouvelles exigences de la circulation
aérienne et au souci d'une meilleure efficacité du poste de
pilotage. Le chantier de rénovation, ouvert à l'AIA de
Clermont-Ferrand touche à sa fin. L'armée de l'air recevra en
1998 14 Transall rénovés, 88 millions de francs de crédit
de paiement sont inscrits au budget 98 pour cette opération.
Le C 130 Hercules
, fabriqué aux Etats-Unis par Loockheed, a
été livré en 14 exemplaires. Cargo tactique polyvalent,
bien motorisé, il possède des performances logistiques
supérieures à celle du Transall. Son gabarit de soute est
cependant inférieur à celui du Transall ce qui le rend encore
moins adapté à l'emport des principaux matériels
militaires en cours d'acquisition (NH90, Tigre, SAMP/T, VBCI).
La flotte de transport logistique
est composée aujourd'hui de
deux DC8 72 (fin de vie vers 2010), un DC8 55 (retiré du service en
1998) et deux Airbus A 310 (fin de vie vers 2025) qui répondent aux
principaux besoins de transport interthéâtre à longue
distance. Le complément éventuel est obtenu par recours à
l'affrètement à la demande.
Les hélicoptères
sont répartis au sein
d'unités constituées et de détachements permanents ou
temporaires.
Les opérations du Koweït puis de Bosnie ont mis en lumière
le problème à la fois humain et médiatique de la
récupération des pilotes de combat tombés en terrain
hostile. L'armée de l'air recevra en 1998 un hélicoptère
spécialisé pour cette mission, le COUGAR RESCO (Rescue Combat),
premier exemplaire d'une série de quatre. Le projet de budget 98
prévoit la commande de 2 exemplaires et inscrit 19 millions de francs en
crédit de paiement.
Appareils en dotation en 1997
Forces aériennes de projection |
|
- C 160 |
67 |
- C 130 |
14 |
- CN 235 |
8 |
- Nord 262 |
18 |
- Twin otter |
10 |
- A 310-300 |
2 |
- DC 8 |
3 |
- Falcon 900 |
2 |
- Falcon 50 |
4 |
- Mystère 20 |
4 |
- Paris MS 760 |
13 |
- TBM 700 |
12 |
TOTAL FAP |
157 |
3. Le renouvellement de la flotte tactique, une échéance inéluctable.
- L'avion de transport futur (ATF) : un programme
européen adapté aux besoins.
Le retrait de service des 47 C160 Transall de première
génération interviendra à partir de 2004. Pour cette
raison, mais également à cause du constat que la flotte actuelle
de Transall et Hercules ne satisfait pas le besoin de projection dans sa
globalité, l'armée de l'air a exprimé dès 1984 le
besoin d'un avion de transport militaire moderne qui conserverait les bonnes
capacités tactique du Transall. Ses capacités logistiques
devraient permettre de répondre à un besoin nouveau : la
projection de matériels lourds et volumineux que la flotte actuelle est
incapable d'emporter.
Ce besoin s'est avéré correspondre à celui de 7 autres
pays européens, comme le prévoit le tableau ci-aprés :
Pays |
Besoin |
Echéance |
Allemagne |
75 |
2008 |
France |
50 |
2004 |
Royaume-Uni |
45 |
2003 |
Espagne |
36 |
2008 |
Italie |
44 |
2008 |
Portugal |
6 à 9 |
2010 |
Belgique |
12 |
2010 |
Turquie |
20 à 26 |
2007 |
Des experts de ces huit nations ont étudié la
faisabilité d'un programme d'avion de transport futur ATF-FLA (Future
large aircraft) qui répondrait au besoin opérationnel commun. La
fiche de caractéristiques militaires de l'ATF ou ESR (European Staff
Requirement) est désormais achevée et signée par les huit
pays.
Les principales spécifications retenues sont les suivantes :
- aptitude aux terrains sommaires,
- dimension de soute (4 m de large) suffisante pour le transport des futurs
équipements de l'armée de terre (voir tableau ci-dessous),
- couple charge utile - rayon d'action permettant de transporter 25 tonnes sur
3700 km ou 17 tonnes sur 5500 km,
- vitesse de croisière permettant à l'ATF d'effectuer une
rotation en moins de 24 heures sur un terrain situé à 5500 km,
- autonomie de chargement et de déchargement permettant de s'affranchir
des infrastructures aéroportuaires.
Une organisation industrielle a également été retenue par
les 8 pays. Elle est fondée sur la création d'une filiale
d'Airbus Industrie : Airbus Military Company (AMC) ce qui permettra d'utiliser
les structures et les centres existants et de générer ainsi des
économies.
L'estimation du coût pour la France de l'acquisition de 50 avions est de
28,65 milliards de francs, auxquels s'ajouteraient les frais financiers de
l'emprunt nécessaire au financement de la part de l'Etat dans le
développement. Le coût total du programme serait dans ce cas de
32,6 milliards de francs. Le prix unitaire de série serait de 596 MF en
prenant en compte l'amortissement de la totalité du développement
et les frais financiers correspondants.
Ce coût est à comparer à celui d'une flotte
équivalente, soit achetée " sur étagère "
aux Etats-Unis composée de 48 C 130 J et de 5 C 17, soit achetée
à l'Ukraine sous la forme d'Antonov 70 auxquels il serait
nécessaire de faire subir une mise à niveau "occidentale".
Il semble que les conclusions du rapport intérimaire établi en
juillet 1997 par M. Pierre Lelong à la demande du gouvernement
aboutissent aux trois éléments suivants :
- une confirmation du besoin exprimé par l'armée de l'Air d'un
renouvellement de sa flotte de transport à hauteur de 50 appareils
à partir de 2005 ;
- une confirmation de l'avantage présenté par l'ATF par rapport
à l'offre américaine combinant C17-C130J compte tenu du
coût respectif, à court et à long termes, des deux
solutions et également des capacités d'emport de l'ATF, largement
mieux adaptées pour des matériels de première intervention
(blindés légers, artillerie, hélicoptères ...) ;
- l'abandon du recours -un temps envisagé- à la formule de
l'Etablissement public industriel et commercial qui aurait permis de recueillir
les financements bancaires nécessaires au développement. On se
dirigerait vers un financement sur la durée de la programmation -en
réalité 1999-2002 soit 4 années- à hauteur de 2,2
milliards de francs pour la période, provenant en partie de ressources
prélevées sur l'enveloppe programmation -sans doute par
redéploiement (un milliard de francs), en partie par une
procédure d'avances de l'Etat actionnaire d'Aerospatiale (500 millions
de francs), enfin 700 millions de francs provenant directement des industriels
-essentiellement Aerospatiale.
L'échéancier des flux financiers liés au
déroulement du programme ATF est décrit dans le tableau
ci-aprés :
ATF / Evaluation des flux financiers pour la France
Votre rapporteur entend attirer à nouveau l'attention non seulement sur les qualités opérationnelles de l'ATF -elles sont désormais connues-, mais aussi sur les avancées décisives qu'il permettrait pour un projet industriel européen, pour une réelle interopérabilité et pour une gestion conjointe d'une flotte identique -comme en témoigne déjà la coopération fructueuse entre le commandement de la Force aérienne de projection et le Lufttransportkommando allemand à travers les Transall et les C 130 qui équipent les deux armées.
Dates clés du programme
1993-1995 |
Etudes de faisabilité |
Février 1996 |
Décision française de ne pas financer le développement |
2ème semestre 96 |
Signature de l'ESR par les chefs d'état-major |
17 juin 1997 |
6 pays (France, Allemagne,
Grande-Bretagne, Ialie, Espagne,
Turquie) se déclarent prêts à envoyer un appel d'offre
(RFP) à l'industrie.
|
Septembre 1997 |
Accord sur les principes de
coopération
|
Fin 97-début 98 |
Lancement de la PLA (Pre-Launch Activities) dont l'objectif est de permettre à l'industrie de répondre à l'appel d'offres en s'engageant sur des performances, des délais et des coûts. |
Fin 98 |
Offre de l'industrie |
Mi-99 |
Accord intergouvernemental
liant les
Etats entre eux
|
Fin 2004 |
Première livraison correspondant au début du retrait du service des Transall |
- L'hypothèse de l'Antonov 70
A côté de la proposition américaine, la possibilité
s'est à nouveau fait jour de recourir à l'offre russo-ukrainienne
de l'Antonov 70. De fait, cet appareil semble répondre à bien des
spécifications requises par l'armée de l'Air : capacité de
la soute, capacité d'atterrissages sur terrains sommaires...
Le développement du programme AN-70, initié dès 1985, a
subi le contrecoup de l'effondrement de l'Union soviétique pour laquelle
il était conçu, puis d'un accident survenu au premier prototype
en 1995. Un nouveau prototype a été conçu depuis qui fait
l'objet d'essais en vol depuis le 24 avril 1997.
En dépit de la réelle proximité de performances des deux
appareils -ATF et AN70-, ce dernier souffre de plusieurs handicaps, au regard
des critères et des normes mis en avant par les armées de l'Air
occidentales. En particulier, l'endurance des moteurs, l'avionique, certaines
spécificités concernant le chargement (hauteur du plancher) ou
l'aérolargage, devraient toutes faire l'objet d'une mise aux normes
européennes.
Caractéristiques comparées de l'Antonov 70 et de l'ATF*
Propulsion |
Antonov 70
|
ATF
|
Masse à vide |
65T |
59T |
Masse maximale au décollage |
123T |
111T |
Charge maximale |
35T |
32T |
Vitesse maximale |
720km/h |
720km/h |
Soute :
|
4 m
|
4 m
|
Equipage de conduite |
5
|
2 pilotes
|
Ravitaillement en vol |
non |
oui |
Commandes vol
|
électriques
|
électriques
|
Distance
décollage/atterrissage
|
|
|
* Sous réserve de ce que les caractéristiques
décrites dans la colonne Antonov 70, provenant du constructeur, n'ont
qu'un caractère indicatif.
Si d'aventure la voie offerte par l'Antonov 70 devait faire l'objet d'une
exploration approfondie, ce que souhaitent à l'évidence nos
partenaires allemands, on peut s'interroger sur les modalités de
coopération du constructeur russo-ukrainien avec AMC. S'agira-t-il d'un
partenaire nouveau -sachant que le constructeur russo-ukrainien a
écarté à deux reprises dans le passé une telle
proposition, ou bien réduira-t-on l'ambition industrielle que
représente aujourd'hui l'ATF à la seule mise aux normes
occidentales de l'AN-70 ? Quelle serait, dans les deux hypothèses, la
réaction des autres participants au projet d'Avion de transport futur ?
Au demeurant, il est clair que l'option de l'Antonov-70 répond
également à des préoccupations politiques qui ont leur
légitimité : associer la Russie et l'Ukraine à l'Europe
occidentale pour la production d'un appareil de transport militaire, à
l'heure où l'OTAN définit par ailleurs de nouvelles relations
avec ces pays constitue un geste qui n'est pas sans signification. N'est-il pas
toutefois, ou trop tôt ou trop tard, pour engager, dans une relative
urgence -les premiers appareils devraient être opérationnels
dès 2004 pour la France, voire 2003 pour la Grande-Bretagne- une
coopération avec un partenaire totalement nouveau à la culture
industrielle si différente, en risquant de compromettre le
résultat d'années de travail effectué en commun entre
Européens ?
C. LES ÉQUIPEMENTS DE COHÉRENCE
1. Le système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA)
Pour être efficace, l'action des moyens de
l'armée de l'air doit s'exercer d'une manière doublement
cohérente. En son sein-même d'une part, grâce à
l'utilisation adaptée et coordonnée des moyens en fonction de la
mission, et vers l'extérieur d'autre part en s'attachant à la
meilleure intégration possible de ces moyens dans le cadre
interarmées et/ou interallié où se déroule cette
mission la plupart du temps.
C'est dans ce but que l'armée de l'air s'est lancée depuis 1993
dans la réalisation du SCCOA, programme destiné à la
doter d'une capacité de gestion globale des systèmes d'armes
à partir d'un commandement unique des opérations
aériennes, fortement automatisé, rapidement renseigné et
jouissant d'un niveau d'interopérabilité élevé avec
les armées françaises et alliées. En particulier, le
développement du SCCOA se fait en harmonie avec celui de son
équivalent à l'OTAN : l'Air Command and Control System (ACCS). Il
s'appuie de plus sur les systèmes existant déjà comme le
STRIDA
4(
*
)
, et recherche la compatibilité
avec les systèmes civils de la circulation aérienne.
Les grandes fonctions de ce système, ambitieux à juste titre,
peuvent ainsi se résumer : surveillance et gestion de l'espace, gestion
des forces, gestion des moyens de commandement et de contrôle,
contrôle de mission, contrôle de trafic, évaluation de la
menace et renseignement. Ce simple énoncé laisse entrevoir la
complexité de ce vaste programme qui doit permettre la conduite des
opérations aériennes en toutes circonstances, y compris en
opérations extérieures. Découpé en trois
étapes qui s'étaleront jusqu'en 2010, pour un coût total de
15467 millions de francs, le programme SCCOA comprend l'acquisition :
- de moyens de détection, 6 radars dont 2 TRS 2215 mobiles, 3 TRS 22XX
déplaçables et 1 ACCS
- de capacités de télécommunication
- de capacités de surveillance et de contrôle ( version C du
STRIDA)
- de centres de conduite des opérations aériennes (dont 1
projetable)
- des systèmes locaux correspondants : sur les bases 25 systèmes
d'information et de communication des opérations de la base
aérienne (SICOPS) et pour les unités aériennes 88
systèmes locaux de préparation et de restitution de missions
(SLPRM)
L'année 1998 se situe à la charnière entre la
première et la deuxième étape. Elle verra en particulier
la livraison du dernier des trois radars déplaçables (TRS 22XX)
et les premières réalisations des postes radio UHF
spécifiques (HAVE QUICK II). Le projet de loi de finances pour 1998
prévoit 792 millions de francs en crédits de paiements pour le
SCCOA.
2. Les missiles Sol-Air
L'efficacité de l'armée de l'air dépend
également en partie de la moindre vulnérabilité au sol de
ses moyens. La cohérence dans la réussite de la mission impose de
les protéger. Pour assurer sa défense aérienne,
l'armée de l'air se dote du missile MISTRAL sol-air à très
courte portée. Malheureusement, les commandes et les livraisons
prévues en 1998 pour ce missile ont été reportées
d'un an par moratoire, le Mistral SATCP étant l'un des
équipements sur lesquels porteront les réductions
budgétaires supportées par l'armée de l'air l'année
prochaine. Ce programme est commun aux trois armées et dispose de bonnes
capacités à l'exportation.
C'est également le cas du programme SAMPT/FSAF (famille sol-air futur)
utilisant le missile moyenne portée ASTER et développé en
commun par les trois armées. Ce système est destiné
à assurer la défense aérienne des points sensibles face
à l'évolution d'une menace aérienne tout temps, saturante
et omnidirectionnelle, discrète et manoeuvrante, et disposant d'aides
à la pénétration intenses. L'armée de l'air
participe au développement de ce système qui équipera en
priorité le porte-avions Charles de Gaulle. En 1998, 307 millions de
francs de crédits de paiement sont prévus pour cette
participation, mais ce n'est qu'après 2002 au plus tôt que les
premières livraisons d'une cible totale de 450 missiles ASTER 30
commenceront à intervenir et apporteront progressivement à
l'armée de l'air le niveau de défense antiaérienne
nécessaire à sa pleine efficacité.
CONCLUSION
Si le projet de budget de l'Armée de l'Air pour 1998
constitue une préoccupation grave, c'est moins par les incidences
immédiates que la réduction de crédits d'équipement
provoquera dans l'année qui vient, à l'exception des
conséquences inquiétantes liées à la
réduction des crédits d'entretien programmé des
matériels ou de maintien en condition opérationnelle, que parce
qu'un budget militaire se juge à l'aune d'un exercice politique et
législatif majeur, celui de la programmation militaire.
A moins que la théorie de l'"encoche" soit réellement
appliquée, il est à craindre que la baisse très sensible
des crédits d'équipement de défense en 1998 ne sera pas
rattrapée et qu'en ce sens, la philosophie du budget 1998 est un mauvais
signal, qui fragilise largement l'édifice élaboré lors du
vote de la programmation. C'est pour cette raison que votre rapporteur ne peut
porter qu'une appréciation défavorable à ce projet de
budget.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées a examiné le présent
avis lors de sa réunion du mercredi 26 novembre 1997.
Après son exposé, M. Hubert Falco a évoqué avec M.
Xavier de Villepin, président, les difficultés rencontrées
par l'armée de l'air concernant le recrutement des civils. Ceux-ci, en
effet, n'avaient pas d'obligations de mobilité géographique, ce
qui pénalisait les bases aériennes du Nord et de l'Est,
éloignées par hypothèse des sites en restructuration, et
singulièrement de ceux de la direction des constructions navales.
M. Xavier de Villepin, président, s'est ensuite inquiété
de l'adéquation entre la cible finale retenue pour le Rafale -234
appareils- et les missions imparties à l'armée de l'air. Enfin,
M. Xavier de Villepin, président, s'est dit préoccupé par
la possibilité pour le constructeur de livrer à l'armée de
l'air un Rafale polyvalent aux standards souhaités si, par ailleurs, la
pression sur les coûts était accentuée.
La commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère de la défense pour 1998.
M. Xavier de Villepin, président, a exprimé les raisons de sa
forte inquiétude devant le projet de budget proposé.
S'agissant des crédits du titre III, dont l'enveloppe globale traduisait
la priorité affichée en faveur de la professionnalisation, il a
néanmoins exprimé une double préoccupation : d'une part,
la compression des crédits de fonctionnement (hors
rémunérations et charges sociales) qui, avec l'insuffisance des
crédits d'entretien programmé des matériels,
menaçait l'activité des forces ; d'autre part, les
conséquences potentielles, particulièrement pour l'armée
de terre, des dispositions adoptées en matière de reports
d'incorporation pour les jeunes gens titulaires d'un contrat de travail, qui
fragilisaient la période de transition et rendaient nécessaire
l'adoption de mesures de compensation.
En ce qui concerne les crédits du titre V -qui connaissaient une brutale
diminution (de 8,7 % en francs courants et de 9,9 % en francs constants)- M.
Xavier de Villepin, président, a formulé les observations
suivantes :
- il a d'abord déploré que les crédits d'équipement
militaire jouent le rôle de " variable d'ajustement " du
budget
de l'Etat, ce qui constituait un signal négatif adressé à
la nation dans son ensemble ; il a particulièrement souligné les
conséquences de ces coupes budgétaires sur les crédits
consacrés au nucléaire (- 13 %), évolution qui constituait
un important sujet d'inquiétude pour l'avenir ; il a également
regretté les incidences de ces diminutions de crédits sur les
programmes spatiaux militaires et sur le programme Rafale ;
- M. Xavier de Villepin, président, a ensuite estimé que le
projet de budget de la défense pour 1998 constituait un mauvais signal
adressé aux industries de la défense pour quatre raisons : le
coût élevé, et quasi mécanique, de ces
réductions budgétaires en termes d'emplois, le surcoût
inévitable des équipements faisant l'objet de mesures
d'étalement ou de moratoires, la perte de
" lisibilité " que la loi de programmation avait
précisément pour objet d'apporter aux industriels, et enfin
l'affaiblissement qui en résultera pour les industriels français
dans la perspective des restructurations indispensables de l'industrie
européenne de l'armement ;
- puis M. Xavier de Villepin, président, a souligné que ce projet
de budget constituait surtout un signal très négatif
adressé à nos armées au moment même où un
effort exceptionnel leur était demandé ; il a estimé que
les orientations de ce budget, si elles n'étaient pas corrigées
après 1998, poseraient des interrogations majeures pour l'avenir : ne
risqueraient-elles pas de compromettre la cohérence de la réforme
entreprise dans son ensemble ? ne risqueraient-elles pas de remettre en cause
le futur modèle d'armée lui-même ?
- M. Xavier de Villepin, président, a estimé que toutes ces
interrogations revenaient finalement à poser la question de la
validité de la théorie dite de l' " encoche " ; il a
estimé que, si les économies imposées à la
défense en 1998 avaient un caractère exceptionnel, leurs
conséquences, pour regrettables et dommageables qu'elles soient,
seraient peut-être surmontables ; si, en revanche, la défense
ne retrouvait pas, à partir de 1999, le niveau de ressources
prévu par la loi de programmation 1997-2002, l'ensemble de la
réforme engagée se trouverait gravement fragilisée et la
dernière loi de programmation devrait être
considérée comme caduque.
Or, a souligné M. Xavier de Villepin, président, la
dernière loi de programmation -contrairement à ses
devancières- comportait déjà une forte réduction
des crédits d'équipement militaire et constituait la traduction
d'une réforme d'ensemble devant aboutir à la mise en place d'un
nouveau modèle d'armée. Son non-respect ou -a fortiori- son
abandon ne pourrait donc conduire qu'à l'affaiblissement progressif de
notre défense ou à la révision de ce modèle
d'armée. Il a en outre estimé que, si l'élaboration
éventuelle d'une nouvelle programmation venait à être
envisagée, il vaudrait mieux alors renoncer à sa traduction
législative, devenue sans valeur.
Concluant son propos, M. Xavier de Villepin, président, a estimé
que la commission n'avait d'autre choix que de rejeter les crédits du
ministère de la défense pour 1998 et l'a invitée à
réaffirmer son ferme attachement au respect de la loi de programmation
votée en 1996. Il a enfin suggéré à la commission,
pour expliquer son avis négatif, d'adopter les principales observations
qu'il venait de présenter et de les faire figurer dans chacun de ses
rapports pour avis au titre des conclusions de la commission.
M. Bertrand Delanoë a alors indiqué que, s'il partageait certaines
des inquiétudes exprimées par M. Xavier de Villepin,
président -pour des raisons qui étaient d'ailleurs
antérieures au projet de budget pour 1998-, il était globalement
en désaccord avec les conclusions proposées et approuvait la
démarche générale suivie par le Gouvernement. Il a
relevé que les programmes conduits en coopération avec nos
partenaires européens étaient poursuivis de manière
satisfaisante. Il a estimé que les difficultés rencontrées
venaient essentiellement de la méthode employée pour
professionnaliser nos forces armées qui ne pouvait aboutir qu'à
des pressions de plus en plus fortes sur les crédits
d'équipement. M. Bertrand Delanoë a conclu en
considérant qu'une " épreuve de vérité "
était souhaitable et ne devrait écarter aucun des choix
nécessaires, qu'il s'agisse des missions assignées à nos
forces ou des équipements retenus.
M. Michel Caldaguès a indiqué qu'il partageait pleinement chacune
des observations formulées par M. Xavier de Villepin, président.
Il a estimé que le budget très inquiétant qui était
présenté trouvait son origine, non pas dans la méthode
suivie pour professionnaliser nos armées, mais, beaucoup plus largement,
dans la mise en cause progressive des différentes
spécificités des forces françaises et dans le processus de
" mutualisation " des forces qui ne pouvait conduire, de
manière insidieuse, qu'à la réduction de notre effort
national de défense. Il a enfin souligné que la politique
conduite par le Gouvernement en matière de dépenses publiques
civiles conduisait inévitablement à la compression de nos
dépenses militaires.
M. Jean Faure a exprimé son entier soutien à chacune des
conclusions présentées par M. Xavier de Villepin,
président. S'agissant des crédits consacrés au
nucléaire, il a estimé indispensable de respecter les calendriers
prévus et souligné, dans ce domaine plus que dans tout autre,
l'enjeu majeur que représentait la question de la transmission du savoir
et du maintien des compétences scientifiques.
M. Philippe de Gaulle a relevé qu'une quinzaine d'années auront
été nécessaires entre le lancement du programme Rafale et
la constitution de la première flottille de ces appareils.
M. Claude Estier a enfin indiqué que les commissaires socialistes ne
s'associaient pas aux conclusions proposées par M. Xavier de Villepin,
président.
La commission a alors adopté, le groupe socialiste votant contre, les
principales observations présentées par M. Xavier de Villepin,
président, et décidé de les faire figurer en tête de
chacun de ses rapports pour avis sur le budget de la défense pour 1998,
au titre des conclusions de la commission.
Elle a enfin émis un avis défavorable à l'adoption de
l'ensemble des crédits du ministère de la défense pour
1998.
1
Texte adopté par la commission au
cours de sa réunion du mercredi 26 novembre 1997, le groupe socialiste
votant contre.
2
Statistiques arrêtées au 31 juillet 1997.
3
Sur l'ATF cf p. 36.
4
Système de traitement et de représentation des
informations de défense aérienne.