AVIS N° 88 Tome 1 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - Affaires étrangères
M. André DULAIT, Sénateur
Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces arméesAvis n° 88 Tome I - 1997/1998
Table des matières
-
I. LE CADRE DANS LEQUEL S'INSCRIT LE BUDGET DU MINISTÈRE DES AFFAIRES
ÉTRANGÈRES
- A. LES PRIORITÉS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE
- B. DÉFLATION DES EFFECTIFS DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DÉPLACEMENT DES PRIORITÉS DIPLOMATIQUES DE LA FRANCE
- C. LA QUESTION DÉTERMINANTE DU REDIMENSIONNEMENT DE LA CARTE DIPLOMATIQUE ET CONSULAIRE
-
II. UNE NOUVELLE CONTRIBUTION DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES A LA LUTTE
CONTRE LES DÉFICITS PUBLICS
-
1. Vue d'ensemble de la dotation
- a) Poursuite de la baisse de la part des affaires étrangères dans le budget de l'Etat
- b) L'exécution du budget 1997 affectée par la contribution du Quai d'Orsay aux plans de régulation des dépenses budgétaires de l'Etat
- c) Un budget caractérisé par de fortes rigidités, qui consacre relativement peu de moyens aux interventions internationales
- 2. L'évolution contrastée du titre III
- 3. Les crédits d'intervention publique (titre IV)
- 4. La coopération militaire : des moyens excessivement limités (chapitre 42-29)
-
5. La baisse des crédits d'intervention internationale (chapitre 42-37)
- a) Les aides, secours et subventions à divers organismes (article 10)
- b) Le maintien des interventions du ministre des affaires européennes (article 40)
- c) La contraction des moyens du Fonds d'urgence humanitaire (article 50)
- d) Les nouvelles interventions en matière de presse (article 10)
- e) La baisse de l'assistance aux Français de l'étranger (chapitres 46-91 et 46-94)
- 6. Les crédits destinés à l'immobilier obérés par des opérations de prestige
-
1. Vue d'ensemble de la dotation
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
- ANNEXE 1
- ANNEXE 2
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Par M. André DULAIT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Xavier
de Villepin,
président
; Yvon Bourges, Guy Penne, Jean Clouet,
François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton,
vice-présidents
; Michel Alloncle, Jean-Luc
Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë,
secrétaires
; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès,
Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel
Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga,
MM. Charles-Henri de Cossé-Brissac, Pierre Croze, Marcel Debarge,
Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert
Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Philippe
de Gaulle, Daniel Goulet
,
Jacques Habert, Marcel Henry, Roger
Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice
Lombard, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul
d'Ornano, Charles Pasqua, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, Régis
Ploton, André Rouvière, André Vallet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
1
)
(1997-1998).
Lois de finances.
Mesdames, Messieurs,
Le projet de budget du ministère des affaires étrangères
pour 1998 est relativement épargné par la politique de rigueur
budgétaire, même si cette dotation contribue une nouvelle fois
à l'effort de réduction du déficit budgétaire.
En francs courants, le projet de budget pour 1998, d'un montant de 14 387,23
millions de francs, baissera de - 0,52 % seulement par rapport à la
précédente dotation. Rappelons que la réduction
constatée entre le budget de 1996 et la loi de finances initiale de 1997
s'élevait à - 3,96 % en francs courants. Compte non tenu de
l'effet-change, la réduction entre la dotation de 1997 et le projet de
budget pour 1998 est de - 2,9 %.
La dotation du Quai d'Orsay évolue de manière nuancée
selon les catégories de dépenses : + 2,89 % pour les
dépenses de fonctionnement par rapport au budget de 1997, - 3,84 % pour
les dépenses d'intervention, et stabilité pour les
dépenses en capital.
En dépit de la relative stabilisation du budget du ministère des
affaires étrangères, on ne peut que constater une
répartition parfois contestable entre les dépenses du Quai
d'Orsay, qu'il s'agisse de l'insuffisance des moyens consacrés à
la coopération en matière de défense, de l'étiage
désormais atteint par nos contributions volontaires aux organisations
internationales, ou du coût excessif de certaines opérations
immobilières fondées avant tout sur des considérations de
prestige.
*
* *
L'
état récapitulatif des crédits
concourant à la coopération avec les Etats en
développement
1(
*
)
, joint au projet de
loi de finances pour 1998, fait apparaître la part relativement modeste
(17 % en 1997 ; 15,8 % en 1998) du ministère des affaires
étrangères dans un ensemble qui s'est élevé
à 19,9 milliards de francs en 1997, qui représentera 20,6
milliards en 1998, et où dominent le secrétariat d'Etat à
la coopération (32,5 % en 1997 ; 30 % en 1998) et, surtout le budget des
charges communes (39 % en 1997 ; 43,3 % en 1998).
L'
état récapitulatif des crédits de toute nature qui
concourent à l'action extérieure de la France
2(
*
)
appelle une réflexion comparable sur la
modicité de la part du Quai d'Orsay (26,5 % en 1997 ; 25,3 % en 1998)
dans un total de 54 574,9 millions de francs en 1997, et de 56 891,42 millions
de francs en 1998, qui comprend la quote-part française aux
crédits d'action extérieure de l'Union européenne. Notons
la réduction de la part du ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie, traditionnellement importante (29,6 % en 1997)
à 21,4 % en 1998, et la réévaluation de la contribution du
secteur constitué par l'Education nationale, l'enseignement
supérieur et la recherche (4,8 % en 1997 ; 12,8 % en 1998) à
l'action extérieure de la France.
*
* *
De manière classique, votre rapporteur abordera l'examen de la dotation du ministère des affaires étrangères après avoir situé le cadre dans lequel s'inscrit l'action du Quai d'Orsay : priorités de politique étrangère, évolution du réseau diplomatique et consulaire, et poursuite de l'effort de réduction des effectifs. L'enjeu des années à venir est, en effet, de réussir, avec des moyens budgétaires et humains décroissants ou, au mieux, stabilisés, à rendre plus dynamique notre présence dans les régions où celle-ci doit se développer, sans pour autant négliger les solidarités qui nous lient à nos partenaires plus traditionnels.
I. LE CADRE DANS LEQUEL S'INSCRIT LE BUDGET DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Le contexte dans lequel intervient le projet de budget du ministère des affaires étrangères pour 1998 est caractérisé par d'importantes ambitions diplomatiques, par la nécessité d'accompagner le déplacement de nos priorités diplomatiques vers l'Asie et vers l'Amérique latine, avec des effectifs que la contrainte budgétaire oblige à réduire dans des proportions assez considérables, et par l'imparable contraction d'un réseau diplomatique et consulaire encore particulièrement dense.
A. LES PRIORITÉS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE
Les priorités de l'action du ministère des
affaires étrangères ont été définies lors de
la
cinquième conférence des ambassadeurs d'août 1997
.
Il s'agit de contribuer à la " responsabilité
exigeante " que constitue le développement du rayonnement de la
France à l'étranger, de renforcer les solidarités
traditionnelles de notre pays, d'achever la construction européenne, et
de contribuer à l'émergence d'un monde multipolaire harmonieux.
1. Contribuer au rayonnement de la France à l'étranger
- Cet aspect de l'action diplomatique française
concerne tout d'abord le " devoir de répondre à l'attente
qui existe à l'égard de la France " dans le domaine des
valeurs et de la culture.
Très engagée dans le combat pour
les Droits de l'Homme, pour la démocratie et pour la paix, la France
devra participer à des initiatives spécifiques lors de la
célébration du cinquantième anniversaire de la
Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. La diplomatie
française a donc pour mission de projeter " par une action
dynamique, imaginative, inlassable, l'image d'un pays généreux,
ouvert au dialogue, respectueux de l'identité de chacune des
nations ".
- Parmi les vecteurs de notre rayonnement international figure également
le
commerce extérieur
. Ainsi chaque Français
exporterait-t-il deux fois plus que chaque Américain, et 50 % de plus
que chaque Japonais. De même la France a-t-elle, depuis 25 ans, en
dépit de la montée des pays émergents, maintenu sa part du
marché mondial, alors que celles des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne
ou de l'Allemagne diminuaient sensiblement.
La promotion des intérêts économiques de notre pays doit
constituer une priorité de l'action diplomatique, car près du
tiers de la croissance française dépend aujourd'hui des
exportations de nos entreprises. C'est pourquoi l'action des Français
expatriés, " artisans irremplaçables de notre influence dans
le monde " doit avoir le soutien de nos diplomates. En exerçant
leurs talents au service de nos entreprises, et, plus particulièrement,
en aidant celles-ci à développer leur présence dans les
pays émergents, qui ont le plus fort potentiel de croissance, nos
diplomates contribueront à " l'amélioration de l'emploi dans
notre pays ". La même attention doit s'exercer au profit des
technologies de l'information, " principaux gisements d'emploi de
demain ", domaine dans lequel la France accuse un retard susceptible
d'affecter la compétitivité de nos entreprises sur les
marchés mondiaux.
- La
formation des élites
de nos partenaires étrangers
doit également contribuer au renforcement du rayonnement français
à l'étranger. L'effort de formation réalisé
à partir des lycées français appartenant au réseau
de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger
mérite d'être prolongé de manière significative au
niveau universitaire, afin de conjurer la concurrence exercée
désormais sur ce point non seulement par les Etats-Unis, mais aussi par
la Grande-Bretagne et par l'Australie.
2. Renforcer les solidarités traditionnelles de la France
- Parmi les priorités de l'action diplomatique
française s'inscrit l'
édification d'un espace francophone
politique
, qui passe par l'élection, au sommet de Hanoi de novembre
1997, du premier Secrétaire général de la francophonie,
" véritable fédérateur et animateur " de cette
communauté, qui pourra ainsi s'affirmer comme un " acteur à
part entière des relations internationales ".
- Figure aussi parmi les priorités de notre action extérieure
l'adaptation de notre politique africaine aux évolutions récentes
de ce continent évoquées par le Président de la
République lors de la réunion des ambassadeurs du 27 août
1997. A cet égard, les incontestables progrès observés en
Afrique subsaharienne (avancées économiques, amélioration
de l'Etat de Droit, développement de l'intégration
régionale, prise de conscience de la nécessité, pour les
Africains, de participer à leur sécurité), contrastent
avec d'importants facteurs de vulnérabilité (urbanisation
incontrôlée, démographie galopante, poids du facteur
ethnique dans les crises d'Afrique centrale).
L'adaptation de notre politique africaine passe par le maintien d'un flux
suffisant d'aide publique, et, surtout, par la rénovation de nos
dispositifs de coopération à partir d'axes prioritaires
(coopération régionale, assistance dans le domaine
institutionnel, réévaluation de notre politique de bourses et de
stages). Elle doit permettre le renforcement de nos liens avec les pays
africains ne figurant pas parmi nos partenaires les plus proches et, notamment,
avec les pays non francophones. La politique française doit
également avoir pour objectif d'aider les Africains à assurer
eux-mêmes la stabilité et la paix sur le continent.
- La construction d'un espace euroméditerranéen de " paix,
de stabilité et de développement " constitue une autre
priorité de notre action diplomatique, qui suppose la recherche de
relations exemplaires avec nos partenaires du Maghreb, ainsi que la
participation de l'Europe à la poursuite du processus de paix au
Proche-Orient.
3. Achever la construction européenne
L'instauration de la monnaie unique, dès le 1er janvier
1999, devrait permettre la mise en place d'un " pôle
économique de puissance ". Le Sommet pour l'emploi de novembre 1997
s'inscrit, parallèlement à l'échéance majeure que
constituera le passage à la monnaie unique, dans le souci de ne pas
oublier l'Europe des hommes, et de définir une politique
européenne de lute contre le chômage, "principale source de
désaffection à l'égard de la construction
européenne".
L'élargissement, qui ouvrira la perspective d'un espace européen
de 450 millions d'habitants, implique la mise en oeuvre préalable de la
réforme institutionnelle, autre échéance majeure de la
construction européenne.
4. Construire un monde multipolaire harmonieux
La fin du monde bipolaire marqué par l'affrontement
Est-Ouest s'est traduite par la domination d'une seule grande puissance
mondiale, les Etats-Unis d'Amérique. Comme l'a fait observer le ministre
des affaires étrangères lors de la conférence des
ambassadeurs d'août 1997, les Etats-Unis bénéficient d'une
conjonction d'atouts dont aucune autre puissance ne dispose encore :
" Additionnés, le Pentagone, Boeing, Coca-Cola, Microsoft,
Hollywood, CNN, Internet, la langue anglaise, cette situation est quasiment
sans précédent ". Parallèlement à la
domination d'une superpuissance unique, on observe une situation de
" prolifération de la souveraineté " (185 Etats sont
actuellement membres de l'ONU), même si la mondialisation, les
médias, le jeu des marchés et l'existence d'une opinion publique
transcendant les frontières, contribuent à affaiblir le contenu
réel de la notion de souveraineté.
L'enjeu de la sécurité internationale est donc d'assurer
aujourd'hui que les puissances dites émergentes -Russie, Chine, Japon,
Inde- intègrent le système international sans tentations
hégémoniques, sous peine de faire naître de nouveaux
antagonismes et de nouvelles sources d'insécurité. C'est dans cet
esprit que s'inscrit notamment la conclusion d'un accord entre la Russie et
l'OTAN, en mai 1997 à Paris, préalablement à
l'élargissement de l'Alliance atlantique.
B. DÉFLATION DES EFFECTIFS DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DÉPLACEMENT DES PRIORITÉS DIPLOMATIQUES DE LA FRANCE
En 1997, les effectifs du ministère des affaires
étrangères comptaient 8 683 emplois, ainsi répartis entre
les différents services :
- administration centrale : 3 047 emplois (soit 35 %),
- services diplomatiques, culturels et consulaires : 4 673 emplois, (soit 54 %)
;
- établissements culturels : 963 emplois (soit 11,14 %).
La tendance à la baisse des effectifs constatée depuis plus de
dix ans dans un contexte budgétaire de plus en plus tendu s'est traduite
par certaines difficultés d'adaptation, alors même que la
politique du personnel conduite par le Quai d'Orsay doit accompagner le
déplacement, vers l'Asie et l'Amérique latine, des
priorités de l'action diplomatique française.
1. Poursuite de la déflation des effectifs du ministère des affaires étrangères
Entre 1980 et 1995, la déflation des effectifs du ministère des affaires étrangères s'est élevée à 17,5 %. Cette évolution s'est accélérée en 1994, avec la mise en oeuvre du schéma d'adaptation des réseaux, qui se sera traduit, en cinq ans, par la suppression de quelque 610 emplois budgétaires.
a) Difficultés induites par le schéma d'adaptation des réseaux
En 1994-1997, le schéma d'adaptation des réseaux
aura été réalisé à 80,7 %, et aura
conduit à restituer 493 emplois. L'annuité 1998 sera la
dernière tranche de ce schéma d'adaptation, qui portera sur 117
emplois à l'étranger (35 emplois d'agents contractuels de
catégorie C, 56 emplois d'agents administratifs de chancellerie et 26
emplois de chargés de mission culturels), soit 90 suppressions nettes.
Les difficultés liées à la mise en oeuvre de ce plan sont
tout d'abord liées au sous-encadrement constaté dans les emplois
de catégorie A et B, essentiellement dans certains pays successeurs de
l'URSS et en Afrique. C'est pourquoi le ministère des affaires
étrangères a souhaité obtenir des créations
d'emplois de catégorie A et B dans les services diplomatiques et
consulaires (26 emplois de ce type ont ainsi été
créés entre 1994 et 1997). En 1998, la compensation porterait sur
10 emplois (3 secrétaires adjoints des affaires
étrangères, 4 secrétaires de Chancellerie et 3
secrétaires administratifs).
Par ailleurs, on relève des difficultés croissantes en
matière de
promotion interne
, du fait des effets conjugués
de contraction d'effectifs et du rajeunissement des personnels (les
départs en retraite diminueront ainsi de moitié dans les quinze
ans à venir par rapport au rythme observé en 1980-1995). Les
perspective de promotion de la catégorie C vers la catégorie B et
de la catégorie B vers la catégorie A seraient désormais
limitées à respectivement 2 et 3 chaque année, l'effectif
total de proposables s'élevant à 2 500 pour un passage en
catégorie B, et à 600 pour un passage en catégorie A.
Enfin, les restrictions d'effectifs se traduisent dès 1998 par un
tassement des recrutements.
S'agissant des personnels de catégorie A, le recrutement passera de 47
(en 1995) à 32 en 1998, dont des personnels militaires
intégrés dans les corps du ministère des affaires
étrangères en application de la loi n° 70-2 du 2
janvier 1970 tendant à faciliter l'accès des militaires à
des emplois civils. En ce qui concerne les personnels de catégorie B, le
recrutement passera de 35 en 1995 à 20 en 1998.
b) La question des recrutés locaux
L'un des effets de la contraction des effectifs du
ministère des affaires étrangères a été
d'encourager le recrutement local, en substitution de titulaires ou de
contractuels du ministère.
Entre 1990 et 1997, le nombre de recrutés locaux est ainsi passé
de 4 557 à 5 695 agents (+ 25 %). Parallèlement à la
mise en oeuvre du schéma d'adaptation qui a conduit à diminuer le
nombre de postes d'expatriés, le nombre d'agents de recrutement local
employés comme personnels administratifs s'est sensiblement accru.
La majorité des recrutés locaux (80 %) étant
étrangers, les inconvénients posés par le recours à
ces personnels par les postes diplomatiques et consulaires sont
évidents. A titre d'exemple, l'affectation de ces personnels à la
gestion des demandes de visas ne saurait être considérée
comme satisfaisante.
On remarque que la contrainte budgétaire ne sera pas sans
conséquences, en 1998, sur les effectifs de recrutés locaux, 95
postes étant supprimés par rapport à l'effectif de 1997,
soit un effectif de recrutés locaux de 5 600 agents en 1998. Cette
restriction est due à l'incertitude qui caractérise
l'évolution du dollar sur des crédits désormais limitatifs
(chapitre 31-98/20), compte tenu de la nécessité d'acquitter des
charges sociales non négligeables. Notons aussi que la récente
mise à niveau des salaires des recrutés locaux a conduit à
augmenter les coûts salariaux de cette catégorie de personnels,
désormais concernés par la contrainte budgétaire.
c) La réforme du service national : volontaires et contrainte budgétaire
Le passage du service national obligatoire à un service
volontaire pose la question du remplacement des quelque 2 000 coopérants
qui effectuent chaque année leur service national au Quai d'Orsay (hors
AEFE).
Les hypothèses sur lesquelles se fonde la loi n° 97-1019 du 28
octobre 1997 portant réforme du service national se
réfèrent, s'agissant des futurs volontaires du service national,
à une rémunération équivalant au SMIC. Celle-ci
induira un coût nettement plus élevé que l'indemnité
mensuelle de 2 000 francs par mois (à laquelle s'ajoutaient
1 250 francs par an de charges sociales) envisagée dans le
cadre du projet de loi élaboré par le gouvernement de M. Alain
Juppé. Le projet de loi à venir sur le volontariat civil, qui
constituera le pendant du volontariat militaire créé par la
récente loi portant réforme du service national, ne saurait
asseoir la rémunération des futurs volontaires civils, qui seront
accueillis notamment par le ministère des Affaires
étrangères, sur des bases moins favorables que celle des
volontaires militaires.
Il n'est donc pas acquis que le budget du ministère des affaires
étrangères permette à ce département de
procéder au remplacement de l'intégralité des effectifs
d'appelés par des volontaires du service national, même si l'on
peut envisager que les candidats ne manquent pas pour acquérir une
expérience professionnelle à l'étranger
rémunérée de façon décente.
Du fait des difficultés financières qui conduisent
désormais à limiter le recours aux recrutés locaux, il ne
paraît pas envisageable de substituer des agents de recrutement local aux
CSN (il n'est d'ailleurs pas établi que ces personnels présentent
les mêmes atouts qualitatifs que les coopérants).
Il semble donc que, faute de pouvoir financer un effectif de volontaires
correspondant aux actuels effectifs appelés, la ressource que
constituent les coopérants du service national doive se tarir, ce que
l'on ne peut que déplorer.
2. Comment, à effectifs décroissants, accompagner le déplacement des priorités diplomatiques vers l'Asie et l'Amérique latine ?
La volonté de déplacer vers l'Amérique
latine et vers l'Asie, sans pour autant négliger nos nouveaux
partenaires d'Europe centrale et orientale et d'ex-URSS, ni compromettre nos
relations traditionnelles avec les pays du Maghreb et d'Afrique subsaharienne,
impose à l'évidence une
réflexion d'ensemble sur les
missions de nos postes diplomatiques, consulaires et culturels.
Une première piste consisterait à
alléger les missions,
et donc à réduire les effectifs de nos ambassades dans les pays
de l'Union européenne,
où les progrès de la
construction européenne devraient permettre de concevoir
différemment les relations bilatérales. Cette conception plus
minimaliste des missions de nos postes diplomatiques permettrait probablement
de libérer des emplois susceptibles d'être affectés
à des ambassades situées dans des régions où notre
présence doit être encouragée, sans pour autant, comme
votre rapporteur le précisera plus loin, négliger les moyens des
postes consulaires, où un travail en expansion régulière
nécessite des moyens adéquats (voir infra, C-3).
Dans le même esprit, il devrait être possible, dans nos plus
grandes ambassades, de revoir la répartition des tâches entre nos
différentes implantations administratives à l'étranger
(ambassade, poste d'expansion économique, agence financière,
attaché de défense) de manière à éviter que
les personnels de l'ambassade " doublent ", par exemple,
ceux des
représentations militaires et du poste d'expansion économique.
Ainsi pourrait-on envisager de ne plus affecter systématiquement un
diplomate de ces ambassades au suivi des questions d'ordre économique ou
militaire, quand ces aspects de l'actualité du pays peuvent relever
d'autres implantations de l'Etat.
On remarque, en effet, que l'évolution de la répartition des
effectifs du ministère des affaires étrangères entre 1995
et 1996 illustre la part dominante de l'Europe, puis de l'Afrique
subsaharienne, dans les affectations des agents du ministère des
affaires étrangères, alors que doivent être
encouragées les affectations dans les pays d'Asie et d'Amérique
latine.
Répartition géographique des effectifs du
ministère des affaires étrangères en 1995-1996
1995 |
1996 |
|||||
Expatriés |
Recrutés locaux |
Total effectifs à l'étranger |
Expatriés |
Recrutés locaux |
Total effectifs à l'étranger |
|
Europe |
36,2 % |
26,5 % |
30,7 % |
33,6 % |
26,1 % |
29,2 % |
Asie-Océanie |
12,8 % |
17 % |
15,2 % |
13 % |
16,7 % |
15,3 % |
Afrique du Nord-Moyen-Orient |
15,38 % |
15,7 % |
15,5 % |
16,7 % |
17,2 % |
17 % |
Afrique subsaharienne |
17 % |
23,8 % |
20,8 % |
18 % |
23,3 % |
21 % |
Amérique |
18,5 % |
16,9 % |
17,6 % |
18,5 % |
16,50 % |
17,3 % |
Comme votre rapporteur le faisait observer à l'occasion de l'analyse du précédent budget, c'est à un effort de créativité et d'imagination qu'invitent les restrictions budgétaires en vue de l'adaptation des missions imparties au Quai d'Orsay aux priorités actuelles.
C. LA QUESTION DÉTERMINANTE DU REDIMENSIONNEMENT DE LA CARTE DIPLOMATIQUE ET CONSULAIRE
L'adaptation de la carte diplomatique et consulaire aux évolutions internationales intervenues depuis la chute du rideau de fer n'est pas une spécificité française, mais un mouvement assez généralement observé chez la plupart de nos partenaires occidentaux disposant d'un réseau traditionnellement assez étoffé. Le " reformatage " du réseau français est affecté par la contrainte budgétaire, qui implique aujourd'hui certains choix géographiques, et qui pose notamment la question de l'évolution de notre réseau consulaire dans des régions, comme l'Europe occidentale, où le maintien d'un réseau traditionnellement dense ne paraît plus pertinent.
1. L'adaptation du réseau diplomatique et consulaire français aux récentes mutations internationales
D'importantes mutations sont intervenues dans le réseau
diplomatique et consulaire français depuis que le
démantèlement de l'URSS, de la Yougoslavie et de la
Tchécoslovaquie a conduit au remplacement de ces trois Etats par
vingt-trois nouveaux Etats souverains.
Quinze représentations diplomatiques françaises ont ainsi
été créées entre 1991 et 1994, les trois ambassades
de plein exercice de Skopje, Sarajevo et Tbilissi ayant succédé
en 1994 aux trois chefs de poste " en mission " nommés dans
ces trois pays. Par la suite, des chargés d'affaires, puis des
ambassadeurs " en mission " ont, en 1996, été
désignés à Achgabat (Turkménistan) et Chisinau
(Moldavie). Il existe également un chargé d'affaires " en
mission " en Afghanistan, ainsi que deux ambassadeurs " en
mission " à Oulan-Bator et à Asmara (Erythrée). En
1996 a été réouvert le Consulat général de
Canton. Un Consulat pourrait être prochainement ouvert à Wu-han,
en Chine.
Par ailleurs, des préoccupations de sécurité ont
justifié la fermeture de notre ambassade à Kigali, en août
1994, puis sa réouverture en janvier 1995, ainsi que, en Algérie,
la " mise en sommeil " des consulats généraux d'Oran et
d'Annaba, et, de manière générale, le regroupement
à Alger de tous les services. Enfin, une section des
intérêts français a été ouverte, en
février 1995, au sein de l'ambassade de Roumanie à Bagdad.
Le tableau ci-après retrace l'ensemble de ces évolutions. La
création de postes dans les nouveaux pays souverains issus de
l'effondrement du communisme a, de manière générale,
été compensée par la fermeture de quelque 36 postes entre
1991 et 1997 (ce chiffre ne tient pas compte des postes provisoirement
fermés, comme Bagdad ou Kigali, ni des transformations de postes
intervenues pendant cette période). Ces fermetures sont réparties
équitablement entre l'Europe occidentale et le continent africain. D'ici
la fin de 1997 pourrait etre effective la fermeture du Consulat de Venise.
Tableau récapitulant les ouvertures et fermetures de postes depuis 1991
Année |
Créations |
Suppressions ou transformations |
1991 |
Leipzig (consulat
général)
|
Mogadiscio, ambassade
(fermeture
provisoire)
|
1992 |
Almaty (Kazakhstan), ambassade
|
Aden (Yémen), consulat
général
|
1993 |
UEO, représentant permanent
à Bruxelles
|
Canton, consulat
général
|
1994 |
Skopje (Macédoine), ambassade
minimale
|
Kigali (Rwanda), ambassade (fermeture provisoire) |
1995 |
Kigali, ambassade
(réouverture)
|
Oran et Annaba, consulats
généraux (mise en
sommeil)
|
1996 |
Achgabat (Turkménistan),
ambassade de plein exercice
|
Kingston (Jamaïque), ambassade
|
1997 |
Canton, consulat
général
|
Niamey, consulat
|
1998 |
Wu-Han, Consulat (à confirmer) |
. |
Au 1er octobre 1997, le réseau diplomatique et
consulaire français comptait donc 277 services à
l'étranger :
- 149 ambassades de plein exercice (auxquelles il convient d'ajouter quatre
ambassadeurs et un chargé d'affaires en mission),
- 17 représentations permanentes auprès d'organisations
internationales,
- 111 postes consulaires de plein exercice,
- 1 bureau à Berlin.
Quand la fermeture du consulat de Venise sera effective, le nombre de postes
consulaires sera de 110.
2. Une évolution comparable à celle des réseaux de nos principaux partenaires occidentaux
L'évolution récente des cartes diplomatiques et
consulaires américaine, allemande et britannique suit des tendances
comparables à celles que l'on observe en France depuis le début
de la présente décennie : contraction du réseau consulaire
au profit du réseau diplomatique.
Le
réseau diplomatique allemand
est composé de 148 postes
bilatéraux. Il est plus complet que le réseau français en
Asie centrale, mais moins développé en Afrique. Les ouvertures de
postes ont été compensées par des fermetures de postes
consulaires, parmi lesquels Douala, Göteborg et Anvers.
Les
Etats-Unis
disposent du premier réseau diplomatique du monde.
L'adaptation de ce réseau à l'actualité internationale a
induit l'augmentation du nombre d'ambassades bilatérales, passé
de 143 en 1990 à 162 en 1997, et auxquelles s'ajoutent dix ambassades
multilatérales. Les Etats-Unis ont parallèlement
procédé à la fermeture de cinq ambassades (Comores,
Antigua et Barbuda, Guinée équatoriale, Seychelles et Iles
Salomon) et de vingt-cinq postes consulaires (Oran, Salzbourg, Porto Alegre,
Brisbane en Australie, Barranquilla en Colombie, Alexandrie, Bordeaux,
Stuttgart, Medan en Indonésie, Gênes, Palerme, Mombasa,
Fort-de-France, Mazatlan au Mexique, Kaduna au Nigeria, Poznan, Cebu aux
Philippines, Bilbao, Genève, Izmir, Zürich, Udorn, Songkhala en
Thaïlande, Maracaibo au Venezuela, et Lubumbashi) entre 1993 et 1996.
L'objectif poursuivi par les Américains est de ramener leur
réseau diplomatique et consulaire au niveau des années 1980
(environ 250 postes de tous ordres), ce qui a aussi impliqué la
fermeture de quelque vingt-trois missions de l'Agence pour le
développement international (AID). Cette contraction du réseau
américain n'empêche pas que soit en projet l'ouverture d'un
nouveau consulat à Novossibirsk, d'une ambassade en Corée du
Nord, ainsi que de deux bureaux de liaison en Bosnie (à Mostar et Banja
Luka).
Le
Royaume-Uni
envisage de redimensionner son réseau diplomatique
au profit de l'Asie et de l'Amérique latine, considérées
comme zones prioritaires et, à un moindre degré, de l'Afrique.
Cette réorientation serait compensée par la fermeture de postes
en Europe. Notons que, en dépit de ce souci d'équilibre, le
réseau diplomatique britannique est en expansion, de même que le
réseau consulaire (29 ouvertures de postes consulaires depuis 1990, 11
fermetures). A cet égard, il convient toutefois de relever que le
réseau consulaire britannique est relativement peu dense (59 postes de
plein exercice, complétés par 220 consuls honoraires, à
comparer aux 111 postes consulaires de plein exercice et aux 525 agences
consulaires françaises).
3. Le reformatage du réseau diplomatique et consulaire français sous contrainte budgétaire
L'extension du réseau diplomatique français (23
ouvertures de postes diplomatiques depuis 1990, 8 fermetures) a
été conduite, comme chez nos principaux partenaires occidentaux,
aux dépens du maillage consulaire, plus particulièrement en
Europe occidentale (35 fermetures -36 compte tenu de la fermeture à
venir du consulat de Venise, pour 7 ouvertures). En dépit de cette
contraction,
le réseau consulaire français reste le plus dense
du monde avec celui de l'Italie.
La contrainte budgétaire, jointe à la nécessité de
développer la présence française dans les régions
prioritaires que sont aujourd'hui l'Asie et l'Amérique latine, conduit
à envisager la
poursuite du redimensionnement de notre réseau
diplomatique et consulaire.
Il est probable que ce reformatage doive
obéir à des
logiques différentes selon les
régions
.
Ainsi en
Europe communautaire
, la fermeture de consulats ne doit-elle
pas s'accompagner d'une réduction des moyens de l'action consulaire. En
effet, on observe une
augmentation régulière de
l'activité consulaire
dans les pays de l'Union européenne,
liée à la
charge croissante que représente
l'administration des Français établis dans ces pays
, en
dépit de la légère diminution des effectifs des
communautés françaises en Europe occidentale (- 0,4 % entre
1994 et 1996). Cette population semble néanmoins stabilisée
à quelque 851 767 personnes en 1996 (dont un nombre de non
immatriculés évalué à 382 000).
L'augmentation de la charge de travail des consulats français
situés en Europe occidentale est pour partie imputable aux
activités liées à la délivrance de visas
. En
1985, les consulats français situés dans les actuels pays membres
de l'Union ont délivré 132 961 visas, et en ont refusé 14
030. Ils ont donc instruit 146 991 demandes de visas. En 1996, ces mêmes
consulats ont instruit 165 029 demandes de visas (+ 12,2 % par rapport à
1985). Cette augmentation relativement importante, et paradoxale compte tenu
des simplifications qu'aurait dû induire la mise en place des
mécanismes de Schengen, tient à l'inflation des demandes de visas
ayant donné lieu à un refus, dont le nombre est passé de
14 030 en 1985 à 25 576 en 1996, soit un quasi-doublement (alors que le
nombre de visas délivrés a augmenté d'un peu plus de 3 %,
passant de 132 961 à 137 453).
L'augmentation de l'activité des consulats français en Europe
occidentale tient également à
l'importance croissante des
écritures comptables
(104 765 en 1985 ; 253 156 en 1996, soit une
hausse de quelque 140 % depuis dix ans), et au
nombre de passeports
(+
91,5 % entre 1985 et 1996 : 22 156 en 1985, 42 439 en 1996)
et de cartes
d'identité
(+ 71 % entre 1985 et 1996 : 14 591 en 1985, 25 079 en
1996)
délivrés par ces postes.
En revanche, les indicateurs les plus probants de l'aggravation de la charge de
travail des consulats français dans les pays de l'Union ne sont pas le
nombre d'actes d'état-civil délivrés
, qui est
resté assez stable depuis dix ans (20 104 en 1985 ; 20 722 en 1996), ni
le
nombre de bourses d'étude attribuées aux enfants des
Français établis dans ces pays
(2 834 en 1985, 2 955 en
1996), ni même le
nombre d'actes de notariat
, qui a plutôt
légèrement diminué pendant cette période (1 190 en
1985, 984 en 1996).
L'évolution de l'activité de certains des consulats les plus
importants d'Europe occidentale illustrée par le tableau ci-joint,
confirme et nuance les constatations ci-dessus.
Tous les postes consulaires sélectionnés n'ont pas connu, en dix
ans, une augmentation très nette du nombre de demandes de visa
instruites. On relève, en effet, des nuances de postes à poste
sur ce point. On constate, en revanche, dans tous les postes consulaires
sélectionnés, une hausse très nette du
nombre
d'écritures comptables
et des
cartes d'identité
et
passeports
délivrés, même quand on observe par
ailleurs une baisse de la population immatriculée (cas de
Sarrebrück).
De manière générale, les variations d'effectifs de
Français immatriculés ne suffisent pas à expliquer
l'augmentation de la charge de travail dans les consulats d'Europe occidentale.
Il est clair que la fermeture de consulats contribue à aggraver la
charge de travail des autres consulats, même si la contraction du
réseau consulaire n'est pas la seule motivation de cette
évolution. Entre autres origines de celle-ci peut aussi être
évoquée la
sophistication croissante de la demande
d'assistance
, notamment juridique, adressée à nos postes
consulaires par nos compatriotes pour faire face à des
situations
personnelles
(notamment patrimoniales)
de plus en plus complexes
.
Or les consulats français en Europe occidentale ne sont tous
équipés pour faire face dans les meilleures conditions à
une demande en expansion
.
Les
insuffisances en personnels
sont fréquemment relevées
comme cause majeure de cette situation, qu'il s'agisse du recours croissant
à des recrutés locaux modérément bien
formés, ou des délais de plus en plus longs constatés
entre les mutations des personnels et leur remplacement effectif. Parmi les
conséquences de ces difficultés, mentionnons
l'interruption de
certaines activités consulaires
. Ainsi, le consulat
général de Rome, a-t-il été conduit à fermer
son bureau de l'état-civil, pendant plusieurs mois, en 1996 et 1997.
Ainsi s'explique la baisse sensible du nombre d'actes d'état-civil
effectués par ce poste en 1996, si l'on se réfère au
tableau ci-dessus.
Divers
aménagements de la charge de travail des consulats
sont
néanmoins possibles.
L'élaboration d'un modèle d'acte d'état-civil commun aux
Etats membres de l'Union, rédigé en plusieurs langues,
constituera un premier progrès.
D'autres pistes peuvent être explorées. Ainsi le recours aux
procédures administratives classiques en vue du paiement des
dépenses effectuées par nos postes à l'étranger,
pour le compte d'établissements publics français, induit-il un
coût administratif et des délais, qui seraient probablement
très substantiellement atténués si ces dépenses
étaient acquittées par virements bancaires. La même
remarque vaut pour le paiement des pensions, qui monopolise des effectifs
importants, et qui gagnerait à être effectué par virements
bancaires.
Ces réformes ne sauraient toutefois, à elles seules, constituer
une solution à la charge de travail croissante des consulats en Europe
occidentale, eu égard à l'importance relative des
communautés françaises établies dans ces pays, qui
accueillent à eux seuls 51 % des Français de l'étranger,
soit, comme votre rapporteur le mentionnait plus haut, un effectif de quelque
851 767 personnes en 1996.
Cette constatation
impose que, dans les pays de l'Union européenne,
les moyens de l'action consulaire soient préservés
, ce qui
n'empêche pas de
poursuivre la
rationalisation du réseau
consulaire français dans cette région, par exemple en
renforçant les sections consulaires des ambassades
.
En effet, les progrès dans la communication, joints à la
proximité géographique, devraient probablement permettre de
supprimer les postes consulaires situés en dehors des capitales des pays
de l'Union,
à condition toutefois que les sections consulaires des
ambassades soient dotées des moyens nécessaires en personnels, en
équipements informatiques et en crédits de fonctionnement
courant, pour faire face à une charge de travail substantielle.
Il est plus que probable que cette remarque ne doive pas être
réservée aux postes consulaires situés en Europe
occidentale, mais vaille aussi pour les
postes consulaires qui instruisent
de nombreuses démarches de visa (notamment en Afrique), et dont les
moyens ne sont pas à la hauteur de responsabilités aussi
importantes.
Rappelons que l'une des manifestations de l'insuffisance des
moyens impartis à nos postes consulaires consiste à confier la
gestion des demandes de visa à des recrutés locaux, en
majorité étrangers, ce qui ne saurait constituer une formule
satisfaisante.
Dans le même esprit, les progrès de la construction
européenne devraient permettre de réaliser des économies
sur nos ambassades dans les pays de l'Union. On peut, en effet, se demander
s'il est réellement pertinent que, parmi les dix pays identifiés
par le dernier rapport du CIMEE (Comité interministériel des
moyens de l'Etat à l'étranger), où les réseaux
extérieur de l'Etat sont les plus coûteux, figurent cinq pays
d'Europe communautaire (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne, et
Belgique). A l'évidence, comme votre rapporteur le soulignait plus haut,
la
construction européenne devrait imposer un effort d'imagination
sur le rôle et les missions de nos ambassades dans les pays d'Europe
communautaire, afin de revoir ceux-ci dans un sens moins ambitieux
. Cette
évolution devrait valoir également pour les postes d'expansion
économique relevant de la Direction des relations économiques
à l'étranger.
Le commerce bilatéral avec nos
partenaires de l'Union passe-t-il nécessairement par des postes
d'expansion aux effectifs souvent considérables ?
II. UNE NOUVELLE CONTRIBUTION DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES A LA LUTTE CONTRE LES DÉFICITS PUBLICS
La nécessaire réduction du déficit
budgétaire à 3 % du PIB a conduit l'actuel gouvernement à
poursuivre la politique de rigueur qu'illustrait déjà le
précédent budget.
Le budget du ministère des affaires étrangères participe
à cet effort. Si, en effet, ses crédits sont, en francs courants,
relativement stables en 1998 par rapport à 1997 (- 0,52 %), en revanche
on observe, en francs constants et à structures constantes, une baisse
de - 3,3 % par rapport à la précédente dotation.
1. Vue d'ensemble de la dotation
a) Poursuite de la baisse de la part des affaires étrangères dans le budget de l'Etat
La part du budget des affaires étrangères dans le budget de l'Etat sera, en 1998, de 0,9 %, soit une nouvelle baisse par rapport au ratio observé en 1997. Il s'agit là de la proportion la plus basse jamais observée depuis 1984, comme le montre le tableau ci-après.
Evolution de la part du budget du ministère des
affaires étrangères
dans le budget de l'Etat
Budget de l'Etat
|
Budget du MAE
|
Part MAE/Etat |
|
1984 |
939,7 |
9,119 |
0,970 % |
1985 |
994,9 |
9,296 |
0,934 % |
1986 |
1 030,8 |
9,794 |
0,950 % |
1987 |
1 050,0 |
10,346 |
0,985 % |
1988 |
1 082,2 |
10,521 |
0,972 % |
1989 |
1 152,3 |
10,828 |
0,940 % |
1990 |
1 220,4 |
11,871 |
0,973 % |
1991 |
1 280,1 |
13,074 |
1,021 % |
1992 |
1 321,8 |
14,094 |
1,066 % |
1993 |
1 369,9 |
14,925 |
1,089 % |
1994 |
1 429,6 |
14,699 |
1,028 % |
1995 |
1 470,4 |
15,167 |
1,031 % |
1996 |
1 551,9 |
15,034 |
0,969 % |
1997 |
1 552,9 |
14,438 |
0,930 % |
1998 |
1 585,3 |
14,387 |
0,908 % |
b) L'exécution du budget 1997 affectée par la contribution du Quai d'Orsay aux plans de régulation des dépenses budgétaires de l'Etat
La contribution du ministère des affaires
étrangères aux efforts de régulation des dépenses
de l'Etat s'est élevée, en 1997, à
475 millions de
francs
. La régulation effectuée en juillet 1997 a donc
été plus importante que celle qui était intervenue en
août 1996, et qui avait conduit à annuler 346,5 millions de francs.
Rappelons que la mise en réserve de 280 millions de francs en mars 1997,
auxquels se sont ajoutés 195 millions de francs en juillet 1997, a
conduit aux 475 millions de francs annulés par arrêté du 9
juillet 1997.
Cet effort a été ainsi réparti entre les différents
types de dépenses :
- matériel et fonctionnement des services (chapitres 34-04, 34-05,
34-90, 34-98, 37-94 : réceptions, informatique, déplacements
ministériels, frais de déplacement, matériel et
fonctionnement courant, Haut conseil de la francophonie) : 36,05 millions de
francs ;
- subventions de fonctionnement à l'OFPRA, à l'AEFE (Agence pour
l'enseignement français à l'étranger), et à l'OUCFA
(Office universitaire français en Algérie) (chapitres 36-30 et
36-91) : 59,6 millions de francs ;
- sous-total titre III : 95,65 millions de francs ;
- promotion de Strasbourg (chapitre 41-03) : 4,5 millions de francs ;
- action culturelle et aide au développement (chapitre 42-10) :
170 millions de francs ;
- coopération de défense (chapitre 42-29) : 2,49 millions de
francs ;
- contributions internationales (chapitres 42-31 et 42-32) : 184,2 millions de
francs ;
- Frais de rapatriement (chapitre 46-91) : 3 millions de francs ;
- sous-total titre IV : 376,81 millions de francs ;
- subventions d'investissement à l'action culturelle extérieure
et à l'aide au développement (chapitre 68-80) : 2,5 millions de
francs.
On observe donc que les annulations ont porté pour 7,6 % sur les
dépenses de fonctionnement courant. La contribution du titre III
à la régulation budgétaire s'est élevée
à 20 %. L'essentiel de l'effort (79,3 %) a concerné les
dépenses d'intervention (titre IV) et, parmi celles-ci, l'action
culturelle et l'aide au développement (35,8 %) ainsi que les
contributions françaises aux organisations internationales (38,7 %).
Bien qu'ils puissent paraître modérés au regard des
crédits constituant le budget du Quai d'Orsay, les crédits
annulés équivalent à des
pans entiers de l'action du
ministère
.
En effet, ces 475 millions de francs recouvrent approximativement la somme des
moyens qui seront consacrés, en 1998, à :
- l'assistance et la solidarité avec les Français de
l'étranger (chapitre 46-91 et 46-94) ;
- l'ensemble des interventions de politique internationale (chapitre 42-37 :
aides, secours et subventions, Fonds d'urgence humanitaire ...) ;
- l'acquittement des contributions volontaires versées par la France
à des organismes internationaux (chapitre 42-32).
c) Un budget caractérisé par de fortes rigidités, qui consacre relativement peu de moyens aux interventions internationales
- Le budget du ministère des affaires
étrangères se caractérise par de fortes rigidités,
si l'on se réfère à la part des
rémunérations et charges sociales
(4,304 milliards de
francs en 1998, soit 30 % de la dotation) et des
contributions obligatoires
aux organisations internationales
dont la France est membre (3,18 milliards
de francs, soit 22 % du budget), l'ensemble représentant
plus de 50 %
des crédits du Quai d'Orsay
.
Compte tenu de la vocation mondiale du ministère des affaires
étrangères,
le caractère modique de certaines
dépenses d'intervention ne laisse pas d'étonner : ainsi les
crédits du
Fonds d'urgence humanitaire
, sur lequel sont
imputées toutes les interventions humanitaires du Quai d'Orsay, ne
représenteront-ils que 62,7 millions de francs en 1998. La même
réflexion vaut pour les moyens impartis à la
coopération de défense
(86,1 million de francs en 1998).
- La
rigidité des dépenses relatives aux
rémunérations et aux contributions obligatoires
aux
organisations internationales explique que les
mesures d'économies
prévues dans le cadre du projet de budget pour 1998
(compte non tenu
de la consolidation quasi intégrale au niveau des dépenses
ordinaires de la régulation arrêtée en juillet 1997),
portent sur :
- les subventions de fonctionnement à l'OFPRA et à l'AEFE (- 1,9
million de francs pour l'OFPRA, et - 6,3 millions de francs pour l'AEFE) ;
- le fonctionnement des services (frais de déplacement : - 2 millions de
francs ; matériel et fonctionnement courant : - 14,3 millions de francs)
;
- les contributions volontaires aux organisations internationales
(- 37 millions de francs) ;
- les interventions de politique internationale (subvention, Fonds d'urgence
humanitaire ... : - 21,8 millions de francs).
Si l'on fait la somme des économies spécifiques prévues
pour 1998 et des économies nettes résultant du schéma
d'adaptation des réseaux, soit 25,3 millions de francs,
110
millions de francs de dotation ne seront pas reconduits en 1998. C
ompte
tenu de la consolidation de la régulation de juillet 1997 à
hauteur de 265,4 millions de francs, le budget de 1998 comporterait un effort
supplémentaire d'économie de quelque 375 millions de francs en
1998.
Comme votre rapporteur le soulignait dans son propos introductif, ce n'est pas
sur le niveau de la dotation du Quai d'Orsay que portera son
appréciation de ce budget, mais sur la répartition des
crédits entre les différentes catégories de
dépenses mises en oeuvre par ce ministère. Toute autre
démarche reviendrait, en conduisant à déplorer des
crédits par nature toujours insuffisants au regard de l'idéal,
à souscrire à un niveau de prélèvements
obligatoires que notre pays ne peut se permettre.
2. L'évolution contrastée du titre III
L'augmentation des crédits du titre III (+ 2,8 % en
francs courants) recouvre une hausse des moyens consacrés aux
rémunérations (+ 4 %) et aux subventions de fonctionnement
à l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger, partiellement compensée par les efforts
effectués en matière de frais de réception et de
déplacements (- 26,3 %), d'informatique (- 2,3 %) et de fonctionnement
courant (- 1,5 %).
Par rapport aux crédits inscrits en loi de finances initiale pour 1997,
l'ensemble des économies réalisées sur le titre III dans
le cadre du projet de loi de finances pour 1998 s'élève à :
- 246 000 francs sur les frais de réception courantes et de
déplacements ministériels (chapitre 34-04) ;
- 3,4 millions de francs sur les dépenses d'informatique et de
télématique (chapitre 34-05) ;
- 2,7 millions de francs sur les frais de déplacement (chapitre 34-90) ;
- 12,3 millions de francs sur le matériel et le fonctionnement courant
(chapitre 34-98),
soit un total de 18,6 millions de francs.
Notons que les rémunérations, pensions et charges sociales
représentent, à elles seules, 59 % du titre III, et constituent
un élément de rigidité évident, conduisant à
rechercher la réalisation d'économies parmi les autres
dépenses de fonctionnement (frais de réception et de
déplacement, informatique, fonctionnement courant des services). La
baisse substantielle observée sur le chapitre 33-90, à
l'égard des charges sociales des personnels des postes diplomatiques,
consulaires et culturels et des établissements culturels (- 57 millions
de francs sur l'article 20 et - 856 072 francs sur l'article 60) s'explique par
un transfert interne effectué au profit du chapitre 31-98 article 20,
dont les crédits passeront de 397,8 millions de francs à 476,3
millions de francs entre 1997 et 1998. Cette mesure d'ordre concerne les
auxiliaires locaux des postes diplomatiques, consulaires et culturels ainsi que
des établissements culturels, de recherche et des bureaux de
coopération linguistique et éducative.
1997 (en millions de francs) |
1998 |
Evolution 1998/1997 |
Part dans le titre III en 1998 |
|
Rémunérations
d'activité
|
3 576,5 |
3 777,57 |
+ 5,6 % |
51,6 % |
Personnels en retraite - Pensions et allocations (chapitre 32-97) |
421 |
431 |
+ 2,3 % |
5,9 % |
Personnels en activité et en retraite-charges sociales (chapitres 33-90, 33-91 et 33-92) |
146,25 |
103,3 |
- 29,3 % |
1,4 % |
Total rémunérations |
4 143,7 |
4 311,87 |
+ 4 % |
59 % |
Frais de réception et de dépla-cements (chapitres 34-03, 34-04 et 34-90) |
392 |
289 |
- 26,3 % |
3,95 % |
Dépenses d'informatique et de télématique (chapitre 34-05) |
145 |
141,6 |
- 2,35 % |
1,9 % |
Matériel et fonctionnement courant (chapitre 34-98) |
813,4 |
801 |
- 1,5 % |
10,9 % |
Subventions de fonctionnement, dépenses diverses (chapitre 36-30, 37-91 et 37-93) |
1 613 |
1 664,9 |
+ 3,2 % |
22,7 % |
Total titre III |
7 107,8 |
7 308,7 |
+ 2,8 % |
a) La baisse des frais de réception et de déplacement (chapitres 34-03, 34-04 et 34-98)
- Les crédits du chapitre 34-03
(frais de
réception et de voyages exceptionnels)
financent les
réceptions des chefs d'Etat étrangers invités par la
France, les déplacements à l'étranger du Président
de la République et du Premier ministre, ainsi que l'organisation de
conférences internationales en France. Ces crédits sont
stabilisés à leur niveau de 1996 : la dotation prévue
pour 1998 reconduit celle de 1997
, elle-même du même montant
que celle de 1996, soit 123 millions de francs. Notons que le montant des
dépenses financées sur le chapitre 34-03 peut varier
considérablement en fonction de l'activité internationale. Ainsi
cette dotation avait-elle dû être abondée en 1994, en raison
du dépassement de dépenses induit par la conférence des
chefs d'Etat français et africains de Biarritz, et par les
cérémonies du cinquantième anniversaire du
Débarquement. En effet, le caractère provisionnel des
crédits inscrits au chapitre 34-03 permet de corriger le niveau de ces
crédits en cours de gestion. Notons que 59 visites de chefs d'Etat ou de
gouvernement étrangers ont été effectuées en 1996,
tandis que le Président de la République et le Premier ministre
français ont accompli 14 voyages officiels.
- Les
frais de réception courantes et de voyages ministériels
(chapitre 34-04) baisseront dans une proportion modeste de 0,74 %.
Contrairement à ce que votre rapporteur avait constaté à
l'occasion du précédent projet de budget, l'économie ne
portera pas, en 1998, sur les réceptions courantes (article 10), mais
sur l'organisation de conférences au Centre de conférences
internationales de l'avenue Kleber (article 30), dont les moyens seront
réduits de 400 000 francs, après avoir été
diminués de 900 000 francs en 1997.
Une augmentation de 154 000 francs caractérise la ligne " frais de
déplacements ministériels " (article 20), qui avait
déjà été augmentée de 300 000 francs en
1997. Ces crédits s'élèveront donc en 1998 à 11,9
millions de francs (11,83 millions de francs en 1997). En 1996 ont ainsi
été financés 180 déplacements du ministre des
affaires étrangères et des ministres
délégués.
- Les
frais de déplacement
(chapitre 34-90) connaîtront une
baisse de - 1,17 %, et représenteront 233,08 millions de francs en 1998
au lieu de 235,8 en 1997, soit - 2,74 millions de francs. Ce chapitre regroupe
des dépenses très disparates : déplacements des personnels
diplomatiques et de leurs familles pour changement de résidence, frais
induits par l'appel par ordre des ambassadeurs, frais de courrier, valise
diplomatique, déplacements des personnels au terme de leur temps de
séjour, variable selon les pays (cinq mois au plus en Algérie).
Sur le chapitre 34-90 sont également imputés les frais de mission
et de déplacement des effectifs de gendarmes mis à disposition de
l'ambassade de France à Alger, et dont la relève est
organisée tous les trois mois. L'effort d'économie portera en
1998, d'une part sur les missions à l'étranger des agents de
l'administration centrale (- 2,26 millions de francs, soit 54,2 millions de
francs en 1998 au lieu de 56,5 en 1997) et, d'autre part, sur les
dépenses liées au courrier et à la valise diplomatique
(- 3,36 millions de francs, soit 33,13 millions de francs en 1998 au lieu
de 36,5 en 1997). On relève que le chapitre 34-90 a déjà
subi un effort d'économies assez important en 1997, puisque ces
crédits ont diminué de 10,7 % entre 1996 et 1997. Notons que
la rationalisation de la politique des voyages devrait permettre de
réaliser une économie de deux millions de francs en 1998.
b) La diminution des dépenses d'informatique et de télématique (chapitre 34-05)
Les crédits inscrits au chapitre 34-05 baisseront de -
2,35 % par rapport à la dotation de 1997. Cette diminution relativement
modérée procède d'une forte réduction des
dépenses de l'administration centrale (- 11,6 % entre 1997 et 1998),
liée à la consolidation des mesures de régulation de
juillet 1997, et à une nouvelle diminution de 1,05 million de francs
dans le cadre du projet de loi de finances pour 1998. En revanche, un effort de
5,6 millions de francs est consenti en faveur des dépenses
d'informatique et de télématique des postes diplomatiques,
consulaires et culturels, qui augmenteront de 8,4 % en 1998 par rapport
à la dotation de 1997.
On ne peut que se féliciter de l'effort relatif dont font l'objet les
dépenses d'informatique des postes diplomatiques, consulaires et
culturels
, compte tenu du retard pris par
l'informatique consulaire,
du fait des restrictions budgétaires opérées sur cette
ligne en 1994 et 1995. Par ailleurs, 2,9 millions de francs seront
affectés en 1998 au système de communication unifié, qui
vise la mise en place d'un réseau satellite destiné à
permettre l'informatisation des communications. Enfin, à la
modernisation du Réseau mondial visas seront consacrés 2,05
millions de francs en 1998. Notons que les postes reliés au
Réseau mondial visas ont délivré, en 1996, 86 % des visas
délivrés par la totalité des postes consulaires
français.
Il convient toutefois de rappeler que, en période de difficultés
budgétaires, le poids incompressible des dépenses liées au
fonctionnement, à la maintenance et au renouvellement des
matériels obsolètes obère inéluctablement le
financement des opérations nouvelles. La baisse des crédits
inscrits au chapitre 34-05 compromet donc probablement la modernisation de
l'équipement informatique du Quai d'Orsay.
c) La contraction des crédits destinés au matériel et au fonctionnement courant (chapitre 34-98)
Le chapitre 34-98 connaîtra une baisse de 1,5 % entre
1997 et 1998. A structures budgétaires constantes (hors crédits
du Haut conseil de la francophonie), cette diminution serait de 1,4 %.
Notons le maintien, à leur niveau de 1997, des moyens de
l'administration centrale (186,76 millions de francs), et des moyens
consacrés à la traduction (850 000 francs), ainsi que la quasi
reconduction des crédits des archives diplomatiques (9,63 millions de
francs au lieu de 9,72).
- La
stabilisation des crédits de l'administration centrale
au
niveau de 1997 succède aux augmentations successivement
constatées entre 1994 et 1995 (+ 12,6 %), entre 1995 et 1996 (+ 2,75 %),
et entre 1996 et 1997 (+ 18,38 %). Ces augmentations étaient dues, pour
l'essentiel, à des transferts internes.
- Les moyens consacrés aux
agences consulaires
augmenteront de
1,5 %, passant de 6,74 % à 6,84 millions de francs.
- Les
crédits de fonctionnement des postes diplomatiques, consulaires
et culturels
sont affectés par la
globalisation
,
tentée à titre expérimental, en 1991, à Dakar et
Bucarest, et étendue en 1994 à huit ambassades (Ankara, Budapest,
Caracas, Mexico, Niamey, Ouagadougou, Prague, Séoul) et à cinq
consulats (Atlanta, Barcelone, Beyrouth, Bombay, Rabat).
D'un montant de 16 millions de francs en 1994, le total des crédits dont
la gestion est déléguée aux postes s'est
élevé à 295,5 millions de francs en 1995. En 1996, le
champ de la globalisation, initialement réservé aux
dépenses reconductibles d'un exercice à l'autre, a
été étendu aux achats de mobilier, petits travaux,
études et honoraires, impôts et taxes, ainsi qu'aux frais de
représentation des services de presse, pour un montant
supplémentaire de 56,8 millions de francs. En 1997, l'ensemble des
travaux et des pièces de rechange, matériel d'entretien et
appareillages électriques ont été inclus dans la
globalisation, soit trois millions de francs de plus. L'enveloppe
globalisée est désormais constituée d'un article unique :
" dépenses regroupées de fonctionnement des postes
diplomatiques, consulaires et culturels ".
En 1998, 39,4 millions de francs de crédits nouveaux seront
affectés à l'enveloppe globalisée, compensant les quelque
37,25 millions de francs déduits en conséquence des articles 51
(services diplomatiques, consulaires et culturels : maintenance) et 52
(services diplomatiques, consulaires et culturels : autres moyens), dont
la somme passera entre 1997 et 1998 de 229,25 millions de francs à
192,25 millions de francs.
- Enfin, on note la diminution des crédits de formation professionnelle
(3,9 millions de francs en 1998 au lieu de 5,3 en 1997), ainsi que du budget du
Centre d'analyse et de prévision (2,56 millions de francs en 1998 au
lieu de 2,96 en 1997).
L'augmentation des crédits de fonctionnement inscrits dans le projet de
loi de finances pour 1998 (+ 2,67 %) doit, par ailleurs, être
relativisée, car elle succède à la contraction de - 6,13 %
observée entre 1996 et 1997.
3. Les crédits d'intervention publique (titre IV)
Les crédits du titre IV s'élèveront, en
1998, à 6 792,45 millions de francs, soit une baisse de 3,8 % par
rapport aux 7 063,4 millions de francs inscrits en loi de finances initiale
pour 1997.
Le titre IV finance :
- la contribution du ministère des affaires étrangères aux
dépenses relatives à la desserte aérienne de Strasbourg,
- l'action internationale du Quai d'Orsay (contribution aux organisations
internationales, crédits d'aide au développement et d'action
culturelle, coopération de défense, et diverses interventions de
politique internationale -interventions humanitaires, subventions à
divers organismes ...),
- l'assistance aux Français de l'étranger.
A eux seuls, les crédits destinés à l'action
internationale du Quai d'Orsay représenteront, en 1998, 97,6 % de
l'ensemble du titre IV, comme le montre le tableau ci-après.
TITRE IV du ministère des affaires
étrangères
LFI 1997 (en millions de francs) |
PLF 1998 |
Variation 1998/1997 |
Part dans le titre IV en 1998 |
|
Promotion de Strasbourg
capitale
parle-mentaire
européenne
|
30,2 |
28,6 |
- 5,3 % |
0,4% |
Action culturelle et aide au développement (chapitre42-10) |
3 081,8 |
3 040,2 |
- 1,35 % |
44,70 % |
Coopération de défense (chapitre 42-29) |
85,5 |
86,1 |
+ 0,70 % |
1,26 % |
Contributions obligatoires aux organismes internationaux (chapitre 42-31) |
3 264,8 |
3 180,8 |
- 2,60 % |
46,80 % |
Contributions volontaires aux organismes internationaux (chapitre42-32) |
345,5 |
228 |
- 34 % |
3,35 % |
Intervention de politique internationale (aides, secours et subventions, Fonds d'urgence humanitaire, interventions en matière de presse ... (chapitre 42-37) |
121,3 |
95 |
- 21,70 % |
1,39 % |
Sous-total action internationale |
6 899,1 |
6 630,8 |
- 3,89 % |
97, 60% |
Asistance et solidarité aux Farnçais de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France (chapitre46-91 et 46-94) |
134,1 |
132,9 |
- 0,90 % |
1,95 % |
TOTAL TITRE IV |
7063,4 |
6 792,4 |
- 3,84% |
Le tableau ci-dessus illustre la part modique qu'occupent, dans l'ensemble du titre IV du ministère des affaires étrangères, les crédits destinés à la coopération de défense (1,26 %), à l'assistance aux Français de l'étranger (1,95 %), et aux contributions volontaires (3,35 %).
a) La contribution du ministère des affaires étrangères à la promotion de Strasbourg, capitale parlementaire européenne (chapitre 41-03)
28,66 millions de francs seront affectés, dans le cadre
du budget du Quai d'Orsay, à la promotion de Strasbourg, capitale
parlementaire européenne.
- Les crédits inscrits à l'
article
10
(27,6
millions de francs en 1998) contribuent au financement de la prise en charge,
par l'Etat, d'une partie du déficit d'exploitation de la desserte
aérienne de Strasbourg. L'Etat finance, en effet, en vertu du contrat
triennal liant, pour la période 1995-1997, l'Etat à la
région Alsace et à la ville de Strasbourg, 100 % du coût du
déficit d'exploitation des vols dits spéciaux (pendant les
sessions parlementaires européennes) et 66 % du coût du
déficit d'exploitation des vols réguliers. Celui-ci, en effet,
fait l'objet, dans certains cas, de compensations financières. Le solde
(34 %) est imputé aux collectivités locales alsaciennes.
L'appel d'offre lancé en 1995 par l'administration française aux
compagnies aériennes en vue de la desserte de Strasbourg a permis de
diminuer les crédits inscrits sur cette ligne, par rapport à
l'époque où la subvention versée à Air France
représentait, pour le Département, un coût annuel d'environ
48 millions de francs (soit une baisse de 41,3 % entre les crédits
prévus par la loi de finances initiale pour 1993 et les crédits
prévus pour 1998). En vertu de cet appel d'offre, la compagnie Sabena a
accepté de desservir Bruxelles par vol direct sans compensation. Dans le
même ordre d'idée, les effets de la concurrence ont conduit Air
France à accepter de desservir Londres sans compensation.
La formule retenue depuis 1995 a également permis de diversifier la
desserte aérienne de la capitale alsacienne : dessertes par vol direct
vers Rome et Copenhague, nouvelles dessertes vers Münich et Hambourg,
desserte plus rapide de Dublin via Rotterdam et Heathrow.
Le nouvel appel d'offres qui interviendra en 1998 pourrait conduite à
une nouvelle baisse du coût de la desserte aérienne de Strasbourg,
ainsi qu'à de nouvelles améliorations de la desserte. Serait
ainsi envisagée la création de vols directs vers Athènes
et Vienne.
- Les crédits inscrits à
l'article 20
(1,35 million de
francs en 1997, 1 million de francs prévus en 1998) ont pour objet
de subventionner des actions de promotion de Strasbourg dirigées vers
les pays d'Europe centrale et orientale, dans le cadre d'opérations
d'information sur les institutions européennes.
La régulation budgétaire du 9 juillet 1997 concernant le chapitre
41-03 (4,5 millions de francs) a porté sur la quasi totalité de
cette ligne, en raison de leur moindre rigidité par rapport aux
compensations versées aux compagnies aériennes.
b) L'action internationale du ministère des affaires étrangères
Les quelque 6,63 milliards de francs qui seront
consacrés par le ministère des affaires étrangères,
en 1998, à son
action internationale,
sont répartis entre
les chapitres ci-après :
- 42-10 : action culturelle et aide au développement,
- 42-29 : coopération de défense,
- 42-31 : contributions obligatoires aux organisations internationales,
- 42-32 : contributions volontaires à des organisations internationales,
- 42-37 : interventions de politique internationale (aides, secours,
subventions à divers organismes, fonds d'urgence humanitaire,
interventions en matière de presse).
L'ensemble de ces crédits baissera, en 1998, de 3,68 % par rapport
à la dotation prévue pour 1997. Notons une diminution lente, mais
régulière, de la part des moyens consacrés à
l'action internationale au sein du budget du quai d'Orsay, qui passera de 48,6
% du budget du ministère des affaires étrangères en 1996
à 46 % en 1998.
Votre rapporteur s'abstiendra de commenter l'évolution du chapitre
42-10, consacré à l'action culturelle et à l'aide au
développement, qui fait l'objet d'un examen spécifique par notre
excellent collègue Guy Penne.
Hors crédits de coopération culturelle, scientifique et
technique, l'action internationale du quai d'Orsay (coopération de
défense, contributions internationales et interventions de politique
internationale), représentera, en 1998, un budget de 3 590,6 millions de
francs, et baissera de 5,83 % en francs courants par rapport au budget de 1997.
Sa part dans la dotation du ministère passera de 26,4 % à 24,9 %.
Chapitre 42-10 (coopération culturelle, scientifique et technique)
compris, les crédits consacrés à l'action internationale
du quai d'Orsay ont subi l'essentiel des annulations de crédits
auxquelles il a été procédé le 9 juillet 1997.
Cette proportion peut, le cas échéant, s'expliquer par la moindre
rigidité des dépenses concernées, par rapport, entre
autres exemples, aux dépenses liées aux personnels.
(1) Une nouvelle baisse des contributions aux organismes internationaux
Contributions obligatoires et volontaires confondues, la participation française au budget des quelque 150 organisations internationales dont la France est membre s'élèvera, en 1998, à 3 408,9 millions de francs, soit une baisse de 5,6 % par rapport aux 3 610,4 millions de francs inscrits au budget de 1997. La part des contributions françaises aux organismes internationaux dans l'ensemble des crédits du ministère des affaires étrangères amorcera en 1998 une nouvelle réduction, passant de 25 % du budget à 23,6 %.
(a) Les contributions obligatoires (chapitre 42-31)
Les contributions obligatoires persistent à
représenter une proportion importante du budget du ministère des
affaires étrangères (22
%), en dépit de
l'économie autorisée, sur l'exercice 1998, par le
redimensionnement des opérations de maintien de la paix.
Les contributions obligatoires se partageront, en 1998, entre :
- l'ONU et les institutions spécialisées des Nations unies :
1 451 millions de francs (soit 45,6 % du chapitre 42-31) ;
- l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) :
659,78 millions de francs (20,7 %) ;
- les organisations internationales européennes situées hors de
France (sauf Union européenne et organismes à caractère
scientifique et technique) : 403,5 millions de francs (12,7 %) ;
- les catégories des " autres organisations "
(Conférence de La Haye de droit international privé, Commission
de l'Océan indien, Commission du Pacifique Sud, Organisations
internationales du cacao, du café, du caoutchouc naturel, des bois
tropicaux, du jute, Organisation internationale pour les migrations,
Traité d'interdiction complète des essais
nucléaires...) : 408 millions de francs (12,8 %) ;
- des organisations à vocation scientifique (Institut international du
froid, Organisation hydrographique internationale...) : 10,73 millions de
francs (0,33 %) ;
- des organisations à vocation scientifique dans le domaine de la
recherche : 187,42 millions de francs (5,9 %) ;
- L'Institut du monde arabe : 60 millions de francs (1,88 %).
Rappelons, à cet égard, que la France et les Etats arabes
contribuant au budget de l'Institut du monde arabe assurent respectivement 70 %
et 30 % des ressources de fonctionnement de l'IMA.
Il convient d'ajouter à la liste ci-dessus les 400 000 francs qui,
inscrits au chapitre 42-31 en 1998, seront destinés au versement du
Droit de dépaissance sur les deux versants de la frontière des
Pyrénées, rente versée chaque année à
l'Espagne depuis le premier Traité des limites de 1856, en contrepartie
de la jouissance exclusive et perpétuelle des pâturages du pays de
Quint Nord, situé en territoire espagnol, par les habitants de la
vallée française de Baïgorry. Notons une augmentation du
Droit de dépaissance à hauteur de 9 000 francs entre 1997 et
1998.
Les contributions obligatoires concernent donc principalement
la quote-part
française au système de l'ONU
, qui, toutes institutions
confondues, s'élèvera à 1,45 milliard de francs en 1998
(1,48 milliard de francs en 1997). Rappelons que la France est le
quatrième contributeur de l'ONU, après les Etats-Unis, le Japon
et l'Allemagne. La quote-part française au budget ordinaire de l'ONU est
de 6,42 %.
La baisse récente des contributions obligatoires versées par la
France s'explique, pour l'essentiel, par les
réductions
budgétaires conduites par de nombreuses organisations onusiennes.
Ainsi le budget de l'Organisation internationale du travail accusera-t-il une
baisse de 3,75 % pour la période 1998-1999. L'incidence de ces
restrictions sur le montant des crédits inscrits au chapitre 42-31
devrait toutefois être limitée par l'évolution du dollar.
Par ailleurs, la diminution des budgets consacrés aux
opérations de maintien de la paix
contribue, du fait de
l'extinction progressive de certaines interventions, à la baisse des
contributions obligatoires françaises. Rappelons que la participation
française au financement des opérations de maintien de la paix
est assise sur une quote-part de 7,96 %. Cette majoration par rapport à
la contribution française au budget ordinaire des Nations unies
s'explique par les responsabilités spéciales assumées par
la France du fait de sa qualité de membre permanent des Nations unies.
Ces contributions sont acquittées par la France indépendamment de
la participation militaire de la France à ces opérations, qui
fait l'objet de remboursements ultérieurs, dans des conditions sur
lesquelles votre rapporteur reviendra ci-après.
Les contributions françaises aux opérations de maintien de la
paix représentent, pour les dix premiers mois de l'année 1997,
403,7 millions de francs. Le coût cumulé de la participation
française à ces opérations depuis 1991
s'élève à quelque 5 317,3 millions de francs.
Le tableau ci-après retrace, pour chaque opération, les
contributions annuelles françaises entre 1991 et 1997. Sur ces sept
exercices, la FORPRONU a représenté, à elle seule, quelque
36 % de nos contributions à l'ensemble des opérations de maintien
de la paix. La part des opérations conduites au Cambodge
s'établit à 11,6 %, et celle de l'ONUSOM (Forces des Nations
unies en Somalie) à 12,7 %. C'est en 1995 que le poids des contributions
françaises a été le plus lourd (1 541,6 millions de
francs), principalement du fait de l'importance prise par la FORPRONU
(1 015,5 millions de francs pour la seule contribution française en
1995).
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
(contributions versées / Evolution)
(en milliers de francs)
Désignation de l'OMP
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Total |
FUNU-FNUOD/1974 (Golan) |
13 301 |
13 609 |
14 797 |
12 680 |
8 626 |
12 112 |
12 886 |
88 011 |
FINUL/1978 (Liban sud) |
64 621 |
57 375 |
63 065 |
28 578 |
76 647 |
50 190 |
46 463 |
386 939 |
UNAVEM/1989 (Angola |
20 463 |
21 973 |
16 443 |
7 334 |
62 564 |
162 081 |
60 534 |
351 392 |
ONUCA/1989 (Nicaragua) |
6 706 |
4 828 |
11 534 |
|||||
MONUIK/1991 (Irak-Koweït) |
27 781 |
23 013 |
20 110 |
6 594 |
4 293 |
7 800 |
3 067 |
92 658 |
MINURSO/1991 (Sahara occidental |
61 635 |
17 978 |
22 655 |
3 857 |
106 125 |
|||
ONUSAL/1991 (Salvador) |
13 000 |
11 127 |
6 361 |
5 335
|
35 823 |
|||
MIPRENUC/1991 (Cambodge) |
13 573 |
13 573 |
||||||
APRONUC/1992 (Cambodge) |
444 705 |
120 079 |
41 512 |
606 296 |
||||
UNMLTIC/1993 (Cambodge) |
362 |
362 |
||||||
FORPRONU/1992 (Yougoslavie) |
205 118 |
328 079 |
299 254 |
1 015 572 |
34 887 |
49 914 |
1 932 824 |
|
ONUSOM/1992 (Somalie) |
43 284 |
208 196 |
303 450 |
124 373 |
679 303 |
|||
ONUMOZ/1993 (Mozambique) |
80 662 |
123 390 |
13 041 |
217 093 |
||||
UNFICYP (Chypre) (a) |
1 000 |
1 000 |
3 762 |
8 870 |
8 130 |
8 832 |
11 506 |
43 100 |
MONUL/1994 (Libéria) |
16 422 |
6 810 |
8 470 |
10 254 |
41 956 |
|||
MINUHA/1994 (Haïti) |
725 |
65 160 |
62 428 |
128 313 |
||||
MONUG/1994(Géorgie) |
2 324 |
8 157 |
5 770 |
6 004 |
22 255 |
|||
MONUOR/1994 (Ouganda-Rwanda) |
1 477 |
1 477 |
||||||
MINUAR/1994 (Rwanda) |
50 862 |
121 729 |
22 095 |
194 686 |
||||
MONUT/1995 (Tadjikistan) |
3 201 |
2 896 |
1 588 |
7 685 |
||||
FORDEPRENU/1996 (Macédoine) |
18 478 |
20 448 |
38 926 |
|||||
ATNUSO/1996 (Slavonie) |
92 190 |
84 088 |
176 278 |
|||||
MINUBH/1996(Bosnie-Herzégovine) |
44 498 |
70 244 |
114 742 |
|||||
MANUH/1996 (Haïti) |
3 134 |
21 029 |
24 163 |
|||||
MINUGUA/1997 (Guatemala) |
1 819 |
1 819 |
||||||
TOTAL |
195 507 |
841 478 |
866 320 |
910 195 |
1 541 616 |
558 516 |
403 701 |
5 317 333 |
(a) contributions volontaires de 1984 au 16 juin 1993.
On remarque donc une
réduction sensible, depuis 1996, du poids des
contributions françaises au financement des opérations de
maintien de la paix de l'ONU
. Cette évolution s'explique, pour
l'essentiel, par l'arrêt du mandat de la FORPORNU depuis le début
de l'année 1997, et par l'interruption des opérations au Rwanda
(MINUAR), en Haïti (MINUHA) et Angola (MONUA). La persistance de
contributions affectées aux opérations dont le mandat est
expiré s'explique par les coûts de liquidation de ces
opérations, qui se prolongent pendant les mois suivant l'interruption de
celles-ci.
En ce qui concerne le remboursement, par l'ONU, des dépenses
engagées par les
Etats contributeurs
de troupes
au titre
de leur participation à des opérations de maintien de la paix,
les règles applicables diffèrent selon la nature des
contributions engagées.
- Le remboursement des
rémunérations des personnels militaires
est assis sur un taux de 988 dollars par homme et par mois pour les soldes,
auquel s'ajoutent 70 dollars par homme et par mois en ce qui concerne les
indemnités d'habillement et d'équipement, et 291 dollars pour les
indemnités de " spécialistes ". Notons que ces taux,
établis en 1990, n'ont pas été révisés
depuis cette date.
- Le remboursement des
fournitures de matériel
peut relever de
deux procédures distinctes. Le système en vigueur jusqu'à
juillet 1996 reposait sur la vente à l'ONU, par les Etats participants,
de matériels remboursés à ceux-ci chaque année sur
la base de coefficients d'amortissements répartis sur quatre ans (30 %
les deux premières années, 20 % les deux suivantes). La
complexité de ce dispositif, liée aux difficultés
rencontrées en vue de la détermination de la valeur des
matériels vendus à l'ONU, a conduit l'organisation à
envisager un système fondé sur la
location
des
matériels utilisés par les contingents. Deux formules de contrats
sont prévues. La formule de la
location sans service
tend
à conférer à l'ONU la responsabilité de l'entretien
des matériels. Ceux-ci sont remboursés aux Etats fournisseurs sur
la base d'un taux d'amortissement établi selon un barème
prédéterminé. Les remboursements reviennent à
indemniser les fournisseurs de la non-utilisation des matériels sur le
territoire national. La formule de la
location avec services
s'appuie
sur l'entretien des matériels par les pays fournisseurs. Celui-ci est
remboursé sur la base d'un taux fixe prenant en compte le coût des
pièces détachées, de l'entretien et de l'utilisation du
matériel.
La France a choisi de conserver l'ancien système de vente de
matériels à l'ONU pour les opérations de maintien de la
paix en cours.
Par ailleurs, les
biens consommables
(alimentation), les
équipements
(pièces détachées,
véhicules...) et les
frais de transport
sont remboursés
par l'ONU sur la base des justificatifs fournis par les Etats, et font l'objet
de " lettres d'attributions " (Letters of agreement)
établies
par le secrétariat des Nations unies.
Enfin, les
indemnités pour maladie, invalidité et
décès
sont remboursées par l'ONU en fonction des
prestations susceptibles d'être perçues par les
intéressés s'ils avaient été victimes des
mêmes sinistres dans leur pays d'origine. En 1998, le mode de calcul de
ces indemnités obéira à des règles uniformes,
quelle que soit la nationalité des ayants droit.
La France demeure, au titre des opérations de maintien de la paix, le
premier créancier de l'ONU.
La créance française
sur l'ONU à ce titre s'élèverait actuellement à 220
millions de dollars environ. Les délais de remboursement sont
généralement compris entre six mois (pour les
rémunérations) et un an (pour les matériels). Ces retards
de remboursement chroniques sont aujourd'hui
aggravés par la crise
financière de l'ONU
, qui conduit le secrétariat à
prélever des crédits sur le budget des opérations de
maintien de la paix, pour financer des dépense imputables sur le budget
ordinaire,
retardant ainsi le remboursement des sommes dues aux Etats
contributeurs.
C'est ainsi que le rythme du remboursement de la créance
française semble s'être ralenti en 1997 : les 7,7 millions de
dollars de remboursements perçus au cours du premier semestre 1997
doivent être rapprochés des 50,3 millions de dollars qui avaient
été remboursés au cours des six premiers mois de 1996.
Compte tenu de l'importance de la dette de l'ONU à l'égard de la
France, le
caractère exemplaire de l'attitude de la France
ressort d'autant plus clairement que notre pays a une nouvelle fois
été, en 1997, le premier membre permanent du Conseil de
sécurité à acquitter ses obligations au titre du budget
ordinaire de l'organisation. On peut donc s'interroger sur la pertinence de
notre calendrier de paiement. Pourquoi ne pas décaler l'acquittement de
nos contributions, en conséquence de ces délais de remboursement ?
(b) L'étiage atteint par les contributions volontaires (chapitre 42-32)
Les contributions volontaires aux organismes internationaux
regroupées au sein du chapitre 42-32 financent, pour l'essentiel, des
activités d'aide au développement, des actions humanitaires et
des aides d'urgence conduites par les institutions spécialisées
de l'ONU. Citons, entre autres destinataires de nos contributions volontaires,
la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement), le Haut Commissariat de l'ONU pour les
réfugiés, l'Organisation mondiale de la santé,
l'Organisation maritime internationale, l'UNICEF, le Fonds pour les populations
autochtones, le Fonds des Nations unies pour la recherche en matière de
développement, le Programme des Nations unies pour l'environnement
(PNUE), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD),
certaines actions spécifiques de l'UNESCO (sauvetage d'Angkor,
bibliothèque de Sarajevo...).
Les contributions volontaires peuvent également être
affectées à des organismes ou à des programmes
spécifiques à vocation scientifique (Programme mondial de
recherches climatiques, Programme géosphère-biosphère...).
Les crédits inscrits au chapitre 42-32 connaissent une baisse
régulière depuis 1993, comme le montre le tableau ci-après
:
Evolution des contributions volontaires depuis 1991
Contributions volontaires (en millions de francs) |
|
1991 |
545,92 |
1992 |
645,54 |
1993 |
697,18 |
1994 |
600,06 |
1995 |
551,99 |
1996 |
405,06 |
1997 |
345,52
|
PLF 1998 |
228,06 |
Entre 1993 et 1998, la baisse des contributions volontaires
sera donc de 67 %. Notons que la régulation du 9 juillet 1997 a
porté sur quelque 80 millions de francs. Pour modique qu'elle soit en
apparence, cette réduction n'en est pas moins susceptible d'affecter
considérablement la participation française à l'action des
organismes concernés par nos contributions volontaires. En effet, les
données ci-après rappellent dans quel ordre de grandeur
s'inscrivent les contributions volontaires françaises pour
l'année 1997 :
- la France versera environ 5 millions de francs à l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) imputés sur le chapitre 42-32 ;
- la totalité de nos contributions au Haut commissariat de l'ONU pour
les réfugiés (HCR) sera approximativement de 47,5 millions de
francs ;
- le Programme alimentaire mondial (PAM) recevra environ 20 millions de francs ;
- la contribution volontaire française au Programme des Nations unies
pour l'environnement (PNUE) représentera quelque 4 millions de
francs ;
- la France acquittera une contribution de 3 millions de francs à la
Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement
(CNUCED).
En d'autres termes, la
régulation de 80 millions de francs
effectuée sur le chapitre 42-32 en juillet 1997 revient à
supprimer l'ensemble des contributions versées par la France, à
titre volontaire, à la CNUCED
(Conférence des Nations unies
pour le commerce et le développement)
, au PNUE
(Programme des
Nations unies pour l'environnement)
, au HCR
(Haut commissariat pour les
réfugiés)
, à l'OMS
(Organisation mondiale de la
santé)
et au PAM
(Programme alimentaire mondial)
.
On peut, par ailleurs, souligner l'extrême dispersion de nos
contributions volontaires et, partant, la modicité de certaines
contributions :
- 0,5 million de francs en 1997 au Fonds des Nations unies pour les victimes de
la torture,
- 0,7 million de francs à l'Institut international de droit du
développement,
-0,5 million de francs à l'Université maritime internationale,
- 0,2 million de francs à la Commission océanographique
intergouvernementale de l'UNESCO,
-0,6 million de francs au Progamme intergouvernemental de l'informatique,
- 0,1 million de francs à la Fédération mondiale des
associations des Nations unies,
- 6 100 francs à l'Organisation internationale des transports à
câbles.
L'idée de procéder à une
concentration de nos
contributions volontaires sur quelques actions choisies
, exprimée
par le ministre des affaires étrangères lors de son audition par
votre commission des affaires étrangères et de la défense,
s'inscrit dans la volonté d'éviter le " saupoudrage "
de nos moyens, et de permettre un effet de levier plus satisfaisant de nos
contributions. Une telle démarche est bienvenue dans le contexte
budgétaire et financier actuel.
Il convient néanmoins de s'interroger sur les
conséquences de
la diminution régulière des crédits inscrits au chapitre
42-32 sur le rayonnement international de la France
.
- Selon les informations transmises à votre rapporteur, la
réduction de nos contributions volontaires se traduirait par des
revers électoraux
subis par la France lors de la
désignation de responsables de certaines organisations
internationales
. Notre pays serait menacé d'exclusion des conseils
d'administration de certains programmes que nous ne finançons plus que
très modestement. Dans le même esprit, le
déclin de la
langue française
serait, pour une part, imputable à
l'insuffisance des moyens consacrés à la traduction et à
l'interprétation, dans les Programmes et Fonds financés sur une
base volontaire.
- Par ailleurs, la baisse des contributions volontaires pourrait affecter la
capacité de la France de répondre aux appels de l'ONU en
matière d'aide humanitaire et d'aide d'urgence.
Ainsi la France n'a-t-elle pas pu participer au dernier appel de fonds
effectué par le Haut commissariat pour les réfugiés en
faveur de l'Afrique des Grands Lacs. De même n'avons-nous pas
été en mesure de contribuer au Fonds d'affectation volontaire au
déminage des Nations unies, géré par le Département
des affaires humanitaires de l'ONU, en dépit de l'engagement de la
France dans la lutte contre les mines antipersonnel.
- L'érosion du chapitre 42-32 pourrait-elle aussi se traduire par une
dégradation de l'influence française au sein des organisations
internationales financées par des contributions volontaires ?
Si l'on se réfère aux effectifs français employés
par ces organismes, la situation paraît très contrastée.
En 1996 (dernières statistiques à jour), les quelque 5 500
Français qui travaillaient au sein du système des Nations unies
représentaient 40 % de l'effectif total de nos compatriotes (14 890)
employés par des organisations internationales. Sur ces 5 500
fonctionnaires internationaux de nationalité française, 1 900
(soit 34,5 %) occupaient des postes de cadres.
La France serait, au secrétariat de l'ONU, relativement
surreprésentée (des Français y occupent, en effet, 8 % des
postes). Cette situation paraît due à la forte concentration de
fonctionnaires internationaux français à Genève (27 % du
personnel des Nations unies y est d'origine française), aux
dépens de New York (6 %), où nos positions paraissent
s'éroder, et de Vienne (5 %).
De manière générale, la France détient, à
l'ONU, 6 % des emplois d'administrateurs et 5 % des postes de haut niveau.
La présence française à la Cour internationale de Justice
demeure très satisfaisante (22 % des effectifs et 30 % des postes
d'administrateur).
C'est au sein des Fonds et des Programmes des Nations unies que la situation
est moins favorable à nos compatriotes, qui représentent 3,6 %
des effectifs globaux, en légère baisse par rapport à 1995
(3,8 %). Notons que l'influence anglo-saxonne est traditionnellement forte dans
cette famille d'organisations. On remarque toutefois une présence
française importante au HCR, où les personnels français
occupent le deuxième rang derrière les Américains. En
revanche, la situation reste peu satisfaisante au PAM (deux postes de haut
niveau sur 46) et à l'UNICEF.
En ce qui concerne les institutions spécialisées de l'ONU, la
présence française est traditionnellement satisfaisante (9 % des
effectifs), en dépit d'une légère baisse récente,
imputable aux difficultés financières de ces organismes.
Les perspectives d'évolution de la présence française dans
les organismes internationaux financés par des contributions volontaires
imposent trois remarques, qui relativisent les anticipations alarmistes faites
par certains sur le déclin de l'influence française dans les
organisations internationales et, plus particulièrement, au sein des
Nations unies.
D'une part, si les
nouvelles candidatures
se heurtent désormais
à certains obstacles, c'est du fait de la
bonne représentation
française dans de nombreux organismes et structures onusiens.
D'autre part, le remplacement de nos compatriotes qui partent à la
retraite est compromis par la
faible attraction exercée sur nos
compatriotes par les rémunérations désormais offertes par
l'ONU
. A cet égard, il convient de souligner que le Royaume Uni et
l'Allemagne, confrontés à la même difficulté, ont
mis en place des
mesures d'incitation
.
Enfin, et de manière générale, les difficultés
rencontrées par nos compatriotes en matière de recrutement
paraissent résulter principalement des
difficultés
financières rencontrées aujourd'hui par les organismes
internationaux
, qui tendent de ce fait à réduire les
dépenses de personnels, en raccourcissant la durée des contrats
proposés, et en généralisant le recours à des
statuts précaires.
La baisse des contributions volontaires françaises, qui s'inscrit dans
une tendance mondiale, ne semble pas jouer le premier rôle dans cette
évolution. L'érosion du chapitre 42-32 n'affecte pas, en effet,
le rang mondial de la France parmi les contributeurs bénévoles
(12e contributeur aux budgets de l'UNICEF et du Haut commissariat aux
réfugiés, 13e contributeur au budget du Programme des Nations
unies pour le développement, et 17e contributeur au budget du Programme
alimentaire mondial). Cette situation s'explique par la réduction des
versements des autres contributeurs que la France, confrontés eux aussi
à la nécessité de réduire leurs déficits
publics.
4. La coopération militaire : des moyens excessivement limités (chapitre 42-29)
Les actions de coopération militaire conduites par le
ministère des affaires étrangères, et financées sur
le chapitre 42-29, concernent en théorie plus de 110 Etats. On ne compte
toutefois, dans les faits, qu'une cinquantaine de partenaires réguliers
du ministère des affaires étrangères, en Europe centrale,
orientale et balte, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique et au Maghreb.
Ces opérations ne se confondent pas avec les actions de
coopération militaire suivies, dans les pays relevant du
secrétariat d'Etat à la coopération, par la Mission
militaire de coopération de la rue Monsieur.
a) Objectifs et priorités
Les actions de coopération militaire financées
sur le chapitre 42-29 concernent :
- la mise à disposition d'experts techniques auprès des
ministères de la défense des pays partenaires, l'envoi de
coopérants
pour des
missions temporaires,
ainsi que
d'
enseignants militaires
de langue française auprès des
académies militaires étrangères ;
- l'attribution de
places de stages
à nos partenaires
étrangers, pour la plupart au sein de l'
enseignement militaire en
France.
Les
aides en matériel
ne s'inscrivent pas dans la logique de ces
actions, et sont plus rarement attribuées (le financement provient
alors, à titre exceptionnel, du secrétariat d'Etat à la
coopération).
De manière générale, la coopération militaire
conduite par le ministère des affaires étrangères vise
l'élaboration, en liaison avec le ministère de la défense,
d'
accords bilatéraux de coopération et d'assistance
fondés sur les accords de défense éventuellement
existants, ou sur des intérêts communs dans le domaine de la
sécurité et de la défense.
La coopération militaire " hors champ " vise trois secteurs
géographiques prioritaires :
- En
Europe centrale, orientale et balte
, il s'agit d'accompagner la
démocratisation des forces militaires et de sécurité, et
de participer à la sécurité européenne dans le
cadre d'actions bilatérales ou collectives (UEO, Partenariat pour la
paix) ;
- Dans le
Maghreb
et en
Méditerranée orientale
,
l'objectif est de conserver des relations privilégiées avec nos
partenaires traditionnels, et de favoriser l'élaboration du futur Pacte
euroméditerranéen ainsi que le déploiement des Euroforces ;
- Dans le
Golfe persique
et en
Asie du Sud-Est
, la
coopération militaire s'inscrit dans le souci de défendre les
intérêts stratégiques et commerciaux de la France, et de
concourir à la prévention des crises.
b) Choix induits par l'érosion continue des moyens consacrés à la coopération militaire " hors champ "
Les crédits inscrits au chapitre 42-29 connaissent depuis plusieurs années une contraction sensible et régulière, comme le montre le tableau ci-après :
Evolution des dotations affectées au chapitre 42-29
depuis 1992
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1997 (après régulation) |
1998 |
|
LFI |
109,54 |
108 |
101,72 |
90,6 |
88,5 |
85,5 |
83,1 |
86,3 |
Depuis 1992, les crédits de coopération
militaire ont baissé de 22 %. Ils se situent désormais à
un niveau nettement inférieur à 100 millions de francs.
La baisse des moyens consacrés à la coopération militaire
a inspiré un
redéploiement des actions conduites dans ce
domaine par le ministère des affaires étrangères.
La réduction des effectifs des missions de coopérants et
d'experts
est imposée par la diminution des crédits du
chapitre 42-29. Ces effectifs sont donc passés de 150 en 1992-1993
à 83 en 1996-1997, puis à 63 en 1997-1998. L'effort
d'économie ainsi accompli porte principalement sur les effectifs de
coopérants affectés au Maroc. Ce pays absorbe, en effet, à
lui seul, plus du tiers des crédits de la coopération militaire
" hors champ ". Les effectifs de coopérants au Maroc sont
donc
passés de 97 en 1992-93 à 30 en 1997-1998.
De manière générale, les déflations d'effectifs
portent essentiellement sur les postes de substitution, auxquels sont
désormais préférées les
actions de
coopération pour projets
, qui s'accommodent de
missions de courte
durée
, moins coûteuses. Cette évolution présente
l'avantage d'une
plus grande souplesse
et d'une certaine
adaptabilité aux changements de priorités imputables à la
contrainte budgétaire.
En revanche, les moyens consacrés à la
formation des
stagiaires étrangers
en France seront
préservés
, et permettront même d'
augmenter le
nombre de stages offerts en France
, comme le confirme le tableau
ci-après.
Evolution des formations en France
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (prévisions) |
|
Afrique du Nord - Moyen Orient |
297 |
358 |
369 |
382 |
354 |
429 |
Afrique subsaharienne non francophone |
13 |
3 |
4 |
6 |
11 |
- |
Europe |
242 |
221 |
390 |
234 |
265 |
329 |
Amérique |
54 |
52 |
52 |
36 |
49 |
52 |
Asie-Océanie |
32 |
34 |
41 |
54 |
59 |
46 |
Total |
638 |
668 |
856 |
712 |
738 |
856 |
c) Perspectives pour 1998
86,3 millions de francs devraient, en 1998, être
consacrés à la coopération militaire avec les pays
" hors champ ", sous réserve de modifications susceptibles
d'intervenir en exécution. Ces crédits augmenteront donc de 0,9 %
par rapport à la dotation de 1997 (si l'on se réfère
à la loi de finances initiale).
Sur ces 86,3 millions de francs, 49,5 millions de francs seront
consacrés aux aides en personnels (coopérants militaires). Les
dépenses de formation des stagiaires militaires étrangers
représenteront 33,7 millions de francs (soit 39 % du chapitre 42-29).
Selon les informations transmises à votre rapporteur, l'objectif serait
de rétablir les actions de formation à un niveau proche de 1 000
par an. Il est, en effet, particulièrement opportun de
privilégier cet outil non négligeable du rayonnement
international de notre pays.
Votre rapporteur souhaite, comme il l'avait déjà fait observer
lors de l'examen du projet de budget pour 1997, souligner l'
extrême
modicité des moyens affectés à la coopération
militaire " hors champ " par rapport aux crédits
consacrés à la coopération militaire financée par
le secrétariat d'Etat à la coopération
. Les 703,3
millions de francs inscrits au chapitre 41-42 du budget de la rue Monsieur
attestent, en dépit de la baisse régulière de ces
crédits, la disproportion des moyens consacrés à la
coopération militaire par le Quai d'Orsay. Les crédits
affectés à la formation des stagiaires des pays ACP (Afrique,
Caraïbes, Pacifique) par la Coopération (104,2 millions de francs
en 1998) sont, à eux seuls, nettement supérieurs à
l'ensemble de la dotation de coopération militaire destinée au
reste du monde.
Compte tenu de la différence de périmètre entre les champs
d'intervention de ces deux départements ministériels (l'Afrique,
d'une part, et le reste du monde d'autre part), et compte tenu de l'influence
susceptible d'être exercée par les actions de coopération
militaire sur les
exportations de matériels d'armement,
qui
constituent aujourd'hui une ardente obligation pour nos industriels, il est
plus que jamais nécessaire de s'interroger sur l'opportunité
d'une
fusion des moyens mis en oeuvre par le secrétariat d'Etat
à la coopération et par le ministère des affaires
étrangères.
Une telle évolution serait
cohérente avec les objectifs du CIMEE, et contribuerait à une
meilleure coordination des moyens concourant à l'action
extérieure de la France.
Cette orientation renforcerait très probablement le
rayonnement de la
France à l'étranger
, à un moment où le
saupoudrage des aides françaises induit par les difficultés
budgétaires contraste avec l'
effort substantiel mis en oeuvre, dans
le domaine militaire, par certains de nos concurrents.
5. La baisse des crédits d'intervention internationale (chapitre 42-37)
Le chapitre 42-37 recouvre des dépenses très
disparates, puisqu'il finance non seulement des interventions dans des pays
touchés par une catastrophe naturelle, ou des opérations d'aide
d'urgence humanitaire, mais aussi des subventions à des organismes plus
ou moins concernés par l'action du ministère des affaires
étrangères et, à partir du budget 1998, des
" interventions en matière de presse ".
Les crédits consacrés aux interventions internationales du Quai
d'Orsay connaîtront une baisse sensible en 1998, puisqu'ils passeront de
121,3 à 95,6 millions de francs, soit une contraction de - 20,4 %. Cette
baisse s'ajoute à la diminution de 18 % constatée entre 1996 et
1997, et à la contraction de 19 % observée entre 1995 et 1996.
Les crédits du chapitre 42-37 étaient, en 1997, répartis
entre quatre types d'intervention :
- les aides, secours et subventions à divers organismes (article 10),
- les interventions du ministère des affaires européennes
(article 40),
- le Fonds d'urgence humanitaire (article 50).
a) Les aides, secours et subventions à divers organismes (article 10)
La nouvelle nomenclature adoptée dans le cadre du
projet de loi de finances pour 1998 concentre en un article unique trois types
de dépenses dispersées, jusqu'au budget de 1997, entre trois
articles distincts.
- L'article 10
(aides et secours)
regroupait les subsides versés
chaque mois par le ministère des affaires étrangères
à des personnalités étrangères amies de la France
et, de manière quelque peu surprenante, aux descendants de celles-ci.
- L'article 20
(subventions à divers organismes)
comprenait les
subventions versées à
des associations qui, en principe du
moins, exercent une activité en rapport avec le champ d'intervention du
Quai d'Orsay.
- l'article 30
(aide d'urgence à des pays étrangers)
financait des
aides ponctuelles à des pays touchés par
une catastrophe naturelle. Créée avant le Fonds d'urgence
humanitaire, cette ligne a finalement eu pour objet de financer des
opérations telles que l'envoi d'observateurs électoraux, sans
relation directe avec l'objet initial de ces crédits.
L'article 10 regroupe donc désormais ces trois catégories
d'interventions. Le montant des crédits qui y sont inscrits (17,09
millions de francs) permet de reconduire les crédits affectés en
1997 aux trois articles ci-dessus évoqués (aides et secours,
subventions et aide d'urgence).
A cet égard, notons que l'article 30 ancien du chapitre 42-37
n'épuise pas la totalité des subventions versées par le
ministère des affaires étrangères à des
associations et organismes non gouvernementaux. Les subventions
accordées par le Quai d'Orsay sont, en effet, également
imputées sur les chapitres 42-10 (action culturelle et aide au
développement), 34-98 (matériel et fonctionnement courant), 46-94
(assistance aux Français de l'étranger et aux
réfugiés étrangers en France), 41-03 (promotion de
Strasbourg capitale parlementaire européenne), et 33-92 (prestations et
versements facultatifs).
Parmi les organismes dont les subventions ont été, en 1997,
financées par l'article 20 ancien, citons notamment :
- l'association pour la fondation France-Amérique latine-Maison de
l'Amérique latine, pour 1,6 million de francs en 1997 ;
- la Fédération mondiale des cités unies et villes
jumelées pour 0,42 million de francs en 1997 ;
- la Fondation Jean-Jaurès, pour 0,9 million de francs en 1997 ;
- la Fondation Robert Schuman, pour 1,7 million de francs en 1996,
- l'Office international de l'eau, pour 0,7 million de francs en 1996 ;
- Aide à toute détresse-ATD Quart monde, pour 70 000 francs en
1997 ;
- L'Amicale d'entraide des affaires étrangères, pour 80 000
francs en 1997 ;
- L'association des Amis des archives diplomatiques (100 000 francs en 1996) ;
- L'association des conjoints des agents du ministère des affaires
étrangères (150 000 francs en 1997) ;
- L'association des Femmes de l'Europe méridionale (80 000 francs en
1997) ;
- L'association du Traité atlantique (55 000 francs en 1996) ;
- L'association française pour les Nations unies (50 000 francs en 1996)
;
- L'association nationale France-Canada (45 500 francs en 1996) ;
- Les Oeuvres hospitalières françaises de l'Ordre de Malte
(300 000 francs en 1996) ;
- la société française des Amis de la Russie (50 000
francs en 1997).
La baisse de 24 % qui caractérise les subventions attribuées
à ces divers organismes en 1998 par rapport aux crédits qui leur
ont été consacrés en 1997 (11,4 au lieu de 15 millions de
francs) semble déterminée par le souci d'éviter le
" saupoudrage " sur un nombre trop important d'organismes,
et de
privilégier des actions ponctuelles ou des associations assurant un
effet de levier favorable aux subventions du Quai d'Orsay.
b) Le maintien des interventions du ministre des affaires européennes (article 40)
15,15 millions de francs seront en 1998, comme en 1997,
consacrés à des interventions du ministre des affaires
européennes. Ces crédits sont destinés à financer
des études commandées par le cabinet du ministre et, notamment,
des sondages d'opinion, à subventionner diverses manifestations
européennes organisées dans le cadre du Dialogue national sur
l'Europe, et à acquitter la contribution française aux frais de
fonctionnement du centre d'information sur l'Europe (" Sources
d'Europe "). Créé en partenariat avec la commission des
Communautés européennes, ce centre a pour vocation d'informer
l'opinion publique française sur la construction européenne.
Enfin, l'article 40 permet de financer des subventions à des
associations et organismes à vocation européenne, ou conduisant
une action ponctuelle dans l'un des champs d'intervention du ministre des
affaires européennes. Mentionnons à cet égard, entre
autres exemples, l'Organisation française du mouvement européen
(3,3 millions de francs en 1997), l'Académie européenne du nord
de l'Europe-Maison de l'Europe de Lille (50 000 francs en 1996),
l'Assemblée des présidents de conseils généraux de
France (100 000 francs en 1996), l'Association caennaise pour la connaissance
de l'Allemagne au coeur de l'Europe (5 000 francs en 1996), et l'Association
Jean Monnet (133 000 francs en 1996).
Votre rapporteur s'interroge, en dépit de solides convictions
européennes, sur la pertinence de la stabilité des crédits
inscrits sur cette ligne, par rapport aux économies imposées par
ailleurs dans des domaines susceptibles d'affecter réellement le
rayonnement international de la France. Compte tenu du type de dépenses
financées sur cet article, et qui ne sauraient être
comparées avec les interventions que permet de réaliser le Fonds
d'urgence humanitaire, on peut s'étonner qu'aucun effort
d'économie ne porte sur les interventions du ministre des affaires
européennes en 1998.
c) La contraction des moyens du Fonds d'urgence humanitaire (article 50)
La répartition sectorielle des crédits du Fonds
d'urgence humanitaire entre les différentes actions financées sur
l'article 50 du chapitre 42-37 a, en 1996, été la suivante :
- activités sanitaires et sociales : |
30 % |
- actions médico-pharmaceutiques : |
28 % |
- actions nutritionnelles d'urgence : |
19 % |
- opérations de transport : |
13 % |
- aides diverses (hébergement, vêtements...) : |
10 %. |
Le Fonds d'urgence humanitaire finance différents types
d'opérations.
- Les
subventions à des ONG
visent à contribuer à
des actions ponctuelles (rénovation d'hôpitaux, construction
d'écoles, programmes d'aide alimentaire et médicale dans les
camps de réfugiés...) Parmi les organismes subventionnés
sur les crédits du Fonds d'urgence humanitaire en 1997, citons l'Action
contre la faim (ex AICF), pour 586 000 francs, le Centre international de
l'enfance et de la famille, pour 500 000 francs, afin de financer le Centre
national du traumatisme à Kigali, le Comité d'aide
médicale et de parrainage, pour 855 000 francs, afin de contribuer
à des projets d'équipement d'orphelinats et de centres de
santé en Ukraine et en Albanie. La subvention versée à
Douleurs sans frontière (700 000 francs en 1997) financera le
traitement des victimes des mines antipersonnelles en Angola et au Mozambique,
et de handicapés au Cambodge.
- Les versements à des
organisations internationales
permettent
le soutien à des programmes d'aide d'urgence conduits notamment par le
Haut Commissariat aux réfugiés, par l'UNICEF, par le Programme
alimentaire mondial ou par l'Organisation mondiale de la santé.
- Le Fonds d'urgence humanitaire organise également des
opérations d'aide directe
(envoi de médicaments, de
nourriture, de matériel médical), ainsi que des opérations
conduites par les postes diplomatiques et consulaires.
- Le Fonds d'urgence humanitaire subventionne également l'emploi, par
des ONG, de volontaires du service national humanitaire participant au
programme Globus.
Les crédits du Fonds d'urgence humanitaire connaîtront, en 1998,
une
baisse très sensible
(- 26,7 %).
Les moyens impartis
au Fonds d'urgence humanitaire seront donc limités à
62,7
millions de francs
, au lieu de 85,5 en 1997. Rappelons, pour
mémoire, qu'ils se sont élevés à 135 millions de
francs en fin de gestion 1994, année de la crise rwandaise. On observe
néanmoins, depuis 1995, une consolidation des régulations
budgétaires effectuées en cours d'exercice.
La contraction très sensible prévue par le projet de loi de
finances pour 1998 pourrait ne pas induire une baisse proportionnelle de l'aide
humanitaire française puisque, en cas de crise importante, justifiant le
rassemblement de moyens significatifs, l'article 50 du chapitre 42-37 peut
être abondé en cours de gestion, par voie réglementaire,
ou, en fin d'exercice, dans le cadre de la loi de finances rectificative.
Notons, par ailleurs, la
disproportion des moyens consacrés par le
Quai d'Orsay à l'aide humanitaire par rapport à la vocation
mondiale de ce département
. Les 84,5 millions de francs
affectés en 1997 au Fonds d'urgence humanitaire étaient nettement
en-deçà des 110 millions de francs affectés au seul
transport de l'aide alimentaire et de l'aide d'urgence organisé à
destination des pays dits " du champ " par la rue Monsieur.
En 1998,
la disproportion entre les 105 millions de francs consacrés au transport
de l'aide d'urgence à destination de l'Afrique subsaharienne et les
quelque 62,7 millions de francs susceptibles d'être affectés par
le Quai d'Orsay à des actions d'aide humanitaire avec l'ensemble du
monde sera encore plus apparente. Il convient néanmoins de relever que
le ministère des affaires étrangères s'adresse
désormais assez couramment au secrétariat d'Etat à la
coopération pour la mise en oeuvre d'interventions humanitaires : cette
synergie de moyens relativise la baisse régulière des
crédits du Fonds d'urgence humanitaire.
d) Les nouvelles interventions en matière de presse (article 10)
Les 600 000 francs inscrits à l'article 60 du chapitre 42-37 procèdent d'un redéploiement interne au titre III (crédits du service d'information et de presse) vers le titre IV du budget du ministère des affaires étrangères. Ces crédits regroupent des subventions versées à l'association de la presse étrangère et à l'association de la presse diplomatique française, ainsi qu'à l'association de correspondants des radios et des télévisions étrangères à Paris.
e) La baisse de l'assistance aux Français de l'étranger (chapitres 46-91 et 46-94)
Les crédits destinés à l'action sociale, à l'assistance et à la solidarité figurent aux chapitres 46-91 (frais de rapatriement) et 46-94 (assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France). En 1998, l'ensemble de ces crédits passera de 134,16 millions de francs à 132,9 millions de francs.
(1) Les rapatriements des Français résidant à l'étranger (chapitre 46-91)
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 visent à
financer trois types de rapatriement :
- les
rapatriements pour indigence,
destinés à ceux de nos
compatriotes qui se trouvent dans la situation la plus précaire, et dont
on estime que leur situation serait meilleure en France que dans leur pays de
résidence (3,99 millions de francs sont prévus en 1997 pour
financer ce type de secours, qui a concerné 331 personnes entre le 1er
juin 1996 et le 1er juin 1997) ;
- les
rapatriements sanitaires
concernent les Français
expatriés qui ne peuvent être traités sur place, soit en
raison de l'insuffisance de leurs ressources, soit du fait de l'inadaptation
des structures sanitaires locales (entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997,
le nombre d'évacuations médicales de Français
résidant à l'étranger s'est élevé à
51) ;
- les
rapatriements pour formation professionnelle
visent la
réinsertion sociale et professionnelle des jeunes Français sans
qualification, ne disposant d'aucune perspective d'emploi à
l'étranger (ce type de rapatriement représenterait un coût
de 250 000 francs en 1997). Les 21 rapatriements pour formation professionnelle
effectués entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997 ont tous
concerné des Français résidant en Afrique francophone.
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 ont financé 802
rapatriements en 1995, et 439 entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997.
Pour l'essentiel, les rapatriements de Français résidant à
l'étranger ont concerné le Maghreb (31 %), l'Afrique francophone
(30 %), et l'Europe (20 %), comme le montre le tableau ci-après :
Répartition des rapatriements financés sur le
chapitre 46-91 par zone géographique
(entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997)
Zones géographiques |
Nombre de
rapatriements
|
|
Afrique du Nord (hors Algérie) |
86 |
(76) |
Algérie |
50 |
(45) |
Afrique francophone |
133 |
(79) |
Afrique non francophone |
0 |
(0) |
Amériques |
18 |
(16) |
Asie-Océanie |
46 |
(14) |
Europe |
90 |
(85) |
Proche et Moyen-Orient |
16 |
(16) |
TOTAL |
439 |
(331) |
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 (frais de rapatriement) sont maintenus au niveau prévu par le précédent budget (soit 4,24 millions de francs). Le chapitre 46-94 (assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France) connaîtra néanmoins une baisse de 0,93 % entre 1997 et 1998.
(2) La baisse des crédits destinés à l'assistance aux Français de l'étranger
La baisse observée sur le chapitre 46-94 recouvre
l'incidence de l'effet-change (- 1,84 million de francs), des économies
budgétaires qui s'élèvent à 3 millions de francs,
les effets d'un transfert interne vers le titre III (- 360 000 francs),
concernant les dépenses liées à l'information des
Français de l'étranger, tandis que la sécurité et
l'assistance aux Français de l'étranger font l'objet d'un effort
particulier de 4 millions de francs. Les crédits inscrits au chapitre
46-94 passeront donc de 129,9 à 128,7 millions de francs,
l'économie nette réalisée sur ce chapitre
représentant 1,2 million de francs.
Notons que cette réduction des crédits consacrés à
l'
assistance
à l'étranger
(article 11) pourrait
affecter l'aptitude de notre pays à répondre aux
besoins de
nos compatriotes en difficulté à l'étranger
, qu'il
s'agisse des personnes âgées, des handicapés ou des
Français de passage ou détenus à l'étranger.
En effet, les
crédits inscrits à l'article 11,
dont il
convient de souligner la
modicité
(99,3 millions de francs en
1997 ; 97,96 millions de francs prévus pour 1998), permettent d'allouer
des
" allocations de solidarité "
à nos
compatriotes âgés, établis hors de France, afin de garantir
à ceux-ci des ressources équivalentes au minimum vieillesse servi
sur le territoire national. Selon le pays, le montant de ces allocations,
versées en monnaie locale, varie entre 500 et 3 400 francs par mois. Or
la baisse des crédits inscrits à l'article 11 paraît
d'autant plus problématique que l'on observe une
tendance à
l'augmentation du nombre de bénéficiaires d'allocations de
solidarité :
3 223 en 1996, 3 397 pendant le premier trimestre 1997.
Sur l'article 11 du chapitre 46-94 sont également imputés les
secours occasionnels et les allocations dites à durée
déterminée
versées à nos ressortissants
établis à l'étranger qui, se trouvant temporairement en
grandes difficultés, ne peuvent bénéficier d'aucune autre
possibilité d'assistance sur place. Ces secours ponctuels concernent
pour la plupart la prise en charge de frais médicaux et pharmaceutiques.
En 1996, 10 000 secours occasionnels ont ainsi été
attribués. Là encore, on peut s'interroger sur les
conséquences de la diminution des crédits inscrits à
l'article 11, alors que
les besoins en termes de secours paraissent
augmenter
. Ainsi les moyens consacrés aux secours occasionnels
seront-ils de 4 ,46 millions de francs au moins en 1997, pour 4,37 millions de
francs en 1996. De même, le nombre d'allocations à durée
déterminée attribuées en 1997 pourrait dépasser le
nombre d'allocations versées en 1996 (1 285) puisqu'il s'élevait
à 820 pour le premier trimestre.
Les crédits de l'article 11 ont également vocation à
financer des
allocations de solidarité
attribuées à
nos compatriotes handicapés établis hors de France. Du même
montant que les allocations de solidarité en ce qui concerne les adultes
handicapés, elles sont comprises entre 500 et 825 francs par mois pour
les enfants. Là encore, on observe une
augmentation
régulière du nombre d'allocataires.
Celui-ci est, en effet,
passé de 1 070 en 1993 à 1 174 en 1996, et probablement 1
317 en 1997.
Enfin, sur l'article 11 du chapitre 46-94 sont également imputés
les
secours occasionnels
attribués aux Français
détenus à l'étranger et aux Français de passage en
difficulté. Une part des avances remboursables versées à
ceux-ci pèse sur le budget du quai d'Orsay, compte tenu de la proportion
quasi constante de bénéficiaires non solvables ou peu scrupuleux.
Sur l'
article 12
du chapitre 46-94 sont imputés les
crédits du
Comité d'entraide aux Français
rapatriés,
dont la subvention s'est élevée à
900 000 francs en 1997. Les missions du CEFR concernent, d'une part,
l'accueil en France de nos compatriotes résidant à
l'étranger en situation d'indigence qui, désireux de revenir dans
leur pays, ne disposent pas de possibilité d'accueil en France. D'autre
part, le CEFR a pour vocation d'accueillir les Français
évacués dans l'urgence en raison de crises politiques graves
survenues dans leur pays de résidence (cas du Centrafrique en 1996 et du
Congo-Brazzaville en 1997), et qui sont démunis de possibilité
d'hébergement en France.
Ainsi le CEFR a-t-il contribué à l'hébergement, dans ses
divers centres d'accueil, de 105 Français évacués du
Congo-Brazzaville, tout en prenant en charge le transport de 120 autres
Français vers le domicile de parents ou d'amis, et en attribuant
à 72 personnes une aide financière dès leur arrivée
sur le territoire français.
Le chapitre 46-94 permet aussi de financer des
actions de formation
professionnelle
(article 31) destinées à la
réinsertion professionnelle des intéressés soit en France
(ce type d'action concerne environ 200 personnes chaque année), soit
à l'étranger (quelque 2 000 demandeurs d'emploi seraient ainsi
placés à l'étranger chaque année).
Enfin, les efforts consacrés, dans le cadre du projet de budget pour
1998, à la
sécurité de nos ressortissants à
l'étranger,
sont liés à la
généralisation, dans certaines zones, des risques de nature
politique, ou liés à des phénomènes naturels. Dans
146 pays ont donc été mis en place des plans désormais
informatisés d'urgence et d'évaluation. Parallèlement ont
été modernisés et développés les
réseaux radio de sécurité : leur nombre a plus que
triplé entre 1993 et 1996, passant de 90 à 200. Dans les postes
les plus exposés seront mis en place 54 stocks alimentaires de
sécurité, représentant quelque 64 000 rations
individuelles. Les bonnes conditions dans lesquelles s'est
déroulé le rapatriement des Français évacués
de Brazzaville a illustré l'efficacité de ces mesures, et la
pertinence de l'effort -certes relatif- consacré aux moyens qui leur
sont affectés.
Par ailleurs, il convient de noter
l'augmentation des crédits
inscrits à l'article 33 (adoption internationale),
affectés
au soutien administratif et juridique apporté par le ministère
des affaires étrangères aux candidats à une adoption
à l'étranger, à travers la Mission pour l'adoption
internationale créée au sein de la Direction des Français
de l'étranger. L'augmentation sensible du nombre de ce type d'adoption
par des parents français explique que 480 000 francs de
mesures nouvelles soient affectés à l'article 33, soit une
augmentation de 60 %. Ces crédits passeront, en effet, de 800 000
francs en 1997 à 1,281 million de francs en 1998.
De manière générale, la baisse des crédits
destinés à l'assistance à l'étranger paraît
en contradiction avec la tendance à l'aggravation de la situation
d'un nombre croissant de nos compatriotes établis hors de France,
confrontés à des difficultés économiques et
sociales croissantes.
Par ailleurs, comme votre rapporteur l'a déjà fait observer,
la modicité des moyens consacrés à la solidarité
et à l'assistance aux Français de l'étranger ressort de
manière encore plus alarmante si l'on se réfère à
l'importance de la population concernée,
évaluée
à quelque 1 671 000 personnes (920 000 Français
immatriculés, auxquels s'ajoutent environ 746 000
non-immatriculés).
6. Les crédits destinés à l'immobilier obérés par des opérations de prestige
Les crédits du titre V, destinés aux
acquisitions, constructions, restaurations et aménagements des immeubles
diplomatiques, consulaires et culturels augmenteront de 8 % entre 1997 et 1998,
passant de 251 à 271 millions de francs.
A l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1998, votre
rapporteur s'était étonné du montant des crédits
consacrés à certaines réalisations immobilières.
Parmi les opérations paraissant susciter quelque interrogation avait
été citée la reconstruction de l'ambassade de France
à
Kigali
, partiellement détruite en 1994, et dont le
coût total s'élèvera à 16 millions de francs. Le
devis de la seule réfection intérieure de la chancellerie de
Bakou
-dix millions de francs- avait également paru très
élevé.
Compte tenu des prix de l'immobilier dans des villes comme Paris ou Londres, il
est difficile à croire que la seule reconstruction -hors coût du
terrain- d'une ambassade dans un petit pays comme le Rwanda coûte aussi
cher que l'achat d'un bel hôtel particulier dans un quartier prestigieux
de notre capitale. La même remarque vaut pour les 15 millions de francs
consacrés à la seule rénovation de notre ambassade
à
Vilnius,
ou les 20 millions de francs que coûtera la
construction, à
Mexico
, d'un Centre d'information sur la France
contemporaine, ou même pour les 22,3 millions de francs affectés
à la construction de notre ambassade à
Kampala
(encore
s'agit-il là d'un coût prévisionnel).
Renseignements pris auprès des spécialistes de l'immobilier du
Quai d'Orsay, le coût des opérations immobilières
réalisées par celui-ci s'explique par l'intervention
d'entreprises de travaux publics françaises, appliquant des tarifs
normaux au mètre carré par rapport à ce que
coûteraient des opérations comparables en France. Les
défaillances que présentent, dans de nombreux pays, les
entrepreneurs locaux empêchent, en effet, de s'adresser prioritairement
à ceux-ci, et de bénéficier de coûts de
main-d'oeuvre souvent plus bas qu'en France.
Notons, par ailleurs, qu'il n'est pas impossible que ces opérations
immobilières paraissent obéir à des critères de
qualité, voire peut-être, dans certains cas, de luxe, que ne
sauraient aujourd'hui atteindre la plupart de nos administrations parisiennes.
C'est néanmoins essentiellement sur la manière dont sont
définis, en amont, les choix immobiliers du Ministère des
affaires étrangères
qu'il convient de s'interroger.
Ainsi le transfert de notre ambassade au
Nigeria
de Lagos à
Abuja
, la nouvelle capitale, a-t-elle été conçue
sur la base d'un projet européen. Or la lenteur constatée dans
les prises de décision initiales illustre la difficulté de
concilier les intérêts d'un grand nombre de pays, et permet de
s'interroger sur la pertinence de ce type de projet communautaire. Par
ailleurs, le désengagement du Danemark, et les réticences
exprimées de tout temps par les Britanniques, pourraient obliger notre
pays à assumer le coût de cette opération (43 millions de
francs pour l'ambassade communautaire, auxquels s'ajoutent les 35 millions
de francs prévus pour la résidence et les logements) avec un
nombre réduit de partenaires. Etait-il, compte tenu des risques
inhérents à ce type d'opération, très prudent de
s'engager sans garanties dans un projet aussi coûteux, pour un pays qui
ne figure pas vraiment parmi les interlocuteurs privilégiés de
notre politique étrangère ?
Dans le même ordre d'idée, il convient d'espérer que la
reconstruction de notre ambassade au
Rwanda
a été mise en
oeuvre au terme d'une réflexion sur l'évolution à venir de
notre réseau en Afrique subsaharienne. Dans l'hypothèse où
notre ambassade à Kigali serait supprimée d'ici quelques
années, comme l'a été celle de Freetown, il n'est pas
acquis que la France arrive à tirer de l'aliénation de notre
ambassade au Rwanda les 16 millions de francs qu'aura coûté
la reconstruction de celle-ci (en dehors du prix du terrain).
D'autres interrogations peuvent être suscitées par l'importance
des grands projets immobiliers fondés sur des
symboles.
Ainsi le montant des crédits consacrés à la construction
de notre ambassade à
Berlin
(280 millions de francs) peut-il
être justifié, au moins partiellement, par d'importantes
difficultés techniques dues à la configuration d'un terrain
choisi essentiellement pour des raisons symboliques, car il se trouve au coeur
du quartier le plus prestigieux de la nouvelle capitale allemande. Il n'est pas
exclu par ailleurs que ce projet repose sur un parti pris de perfection, voire
de luxe, qui pourrait expliquer son prix. On peut aussi s'interroger sur la
superficie de notre future ambassade (20 000 m² de surfaces totales
de plancher, soit 9 000 m² utiles). Les progrès de la
construction européenne pouvant, à terme, conduire à
revoir le format de nos ambassades dans les pays membres de l'Union dans un
sens plus compact, il serait regrettable que notre ambassade à Berlin
s'avère, à terme, surdimensionnée.
Le choix consistant à réinstaller notre chancellerie au
Liban
dans la prestigieuse Résidence des Pins de Beyrouth -pour un
coût supérieur à 40 millions de francs- appelle, comme la
construction de notre ambassade à Berlin, une réflexion sur le
poids des symboles dans nos choix diplomatiques.
Fallait-il vraiment, en effet, pour manifester concrètement le prix
attaché par les plus hautes autorités de l'Etat français
à l'amitié franco-libanaise, ainsi qu'à l'amitié
franco-allemande, inscrire ces relations privilégiées dans des
bâtiments de prestige, dont le coût paraît très
important ? Faut-il vraiment que le budget du ministère des affaires
étrangères, pourtant soumis à de fortes tensions, assume
les conséquences financières de ces choix avant tout politiques ?
Votre rapporteur est convaincu que ces grandes opérations de prestige,
sur la liste desquelles figure notre future ambassade à Pékin,
dont le coût pourrait
excéder 400 millions de francs
,
compromettent la réalisation d'opérations moins "visibles", mais
autrement plus fondées, parmi lesquelles la réfection de certains
lycées et alliances françaises, dont l'état de
délabrement est trop souvent consternant. Pour une réalisation de
qualité comme le futur lycée de Francfort, combien de nos
établissement prennent l'eau, ou sont dénués
d'infrastructures sportives !
CONCLUSION
Le projet de loi de finances pour 1998 a donc relativement
préservé le budget du Quai d'Orsay, en dépit de la baisse
préoccupante de certains chapitres.
En dépit de la pause relative ainsi observée dans sa contribution
à la résorption des déficits publics, le ministère
des affaires étrangères devra, pour poursuivre ses missions sous
une contrainte budgétaire désormais durable, se livrer à
un effort de créativité, qui pourrait conduire à remettre
en cause certaines traditions administratives.
Ainsi l'étiage aujourd'hui atteint par certaines dépenses
d'intervention impose-t-il une réflexion, inspirée par la
modicité des moyens impartis au Quai d'Orsay au regard de la vocation
mondiale de ce Département, et qui pourrait conduire à la mise en
commun des moyens de même objet gérés par le
ministère des affaires étrangères et par le
secrétariat d'Etat à la coopération. Cette synergie existe
déjà, dans une certaine mesure, en ce qui concerne les
interventions humanitaires. Un tel effort peut certainement être
poursuivi dans d'autres domaines.
De même convient-il de s'interroger sur la possibilité, à
effectifs -au mieux- constants, de renforcer notre présence diplomatique
dans les régions -Amérique Latine, Asie- où celle-ci est
encore nettement insuffisante. Le déplacement géographique de nos
priorités diplomatiques passe par une révision profonde des
missions et du format de nos ambassades dans certaines régions et, plus
particulièrement, dans certains pays de l'Union, en cohérence
avec les progrès de la construction européenne.
Bien que le projet de budget du ministère des affaires
étrangères pour 1998 ne constitue -pas encore- la traduction des
indispensables réformes à entreprendre, il n'en permet pas moins
au Quai d'Orsay de poursuivre ses missions, même si la contrainte
budgétaire se traduit par d'inévitables tensions, et même
si le niveau des crédits du ministère des affaires
étrangères pour 1998 ne saurait constituer un idéal.
Votre rapporteur propose donc de donner un avis favorable à l'adoption
des crédits du ministère des affaires étrangères
prévus par le projet de loi de finances pour 1998.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées a examiné le présent
avis lors de sa réunion du mercredi 19 novembre 1997.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, Mme Monique Cerisier Ben
Guiga a déploré le manque d'appui dont dispose le
ministère des affaires étrangères pour défendre ses
personnels et ses missions. Elle a relevé le déséquilibre
entre les moyens déployés à l'étranger par le
ministère des finances, et les économies
régulièrement infligées au Quai d'Orsay au
détriment du rayonnement extérieur de la France et, plus
particulièrement, de l'administration consulaire. Puis Mme Monique
Cerisier Ben Guiga, revenant sur l'évolution des crédits
affectés à l'assistance aux Français établis hors
de France, a souligné que, sur les 128,72 millions de francs inscrits au
chapitre 46-94, les moyens effectivement destinés à l'assistance
stricto sensu
aux Français de l'étranger ne
représentaient pas plus de 93 millions de francs.
M. André Dulait, rapporteur pour avis, a alors rappelé que le
ministère des affaires étrangères ne représente
traditionnellement qu'une part relativement modeste (25 %) au sein des
crédits qui concourent à l'action extérieure de la France,
la contribution du ministère de l'économie devant être, en
1998, de 22 %. Revenant, par ailleurs, sur la réduction
régulière des crédits du ministère des affaires
étrangères, le rapporteur pour avis a estimé que cette
évolution posait inévitablement la question de la
possibilité de maintenir le deuxième réseau diplomatique
du monde.
M. Christian de La Malène a alors estimé indispensable que les
crédits consacrés à la desserte aérienne de
Strasbourg accompagnent l'élargissement de l'Union européenne.
Puis, à la demande de M. Jacques Habert, le rapporteur pour avis a
précisé que les subventions attribuées aux vols
spéciaux à destination de Strasbourg permettaient de
définir les tarifs pratiqués par les compagnies aériennes
sur des bases concurrentielles, et d'améliorer et de diversifier la
desserte aérienne de la capitale parlementaire européenne, dans
un souci d'équilibre avec Bruxelles.
M. Jacques Habert a, par ailleurs, pris acte du maintien des crédits
destinés à l'assistance aux Français de l'étranger,
compte tenu des difficultés financières dans lesquelles s'est
inscrite l'élaboration du projet de budget du ministère des
affaires étrangères pour 1998. Il a également
déploré l'insuffisance des moyens alloués aux consulats
français dans les pays de l'Union européenne, regrettable au
regard de l'augmentation de la demande adressée à ces services
par les Français établis en Europe occidentale.
A la demande de M. Jacques Habert,
le rapporteur pour avis
est
alors revenu sur la disproportion des moyens mis en oeuvre dans le domaine de
la coopération militaire par le Quai d'Orsay d'une part, qui a vocation
à intervenir dans quelque 110 pays, et par le secrétariat d'Etat
à la coopération.
Mme Paulette Brisepierre a estimé que la ponctualité exemplaire
qui caractérise l'acquittement, par la France, de ses contributions au
budget ordinaire de l'ONU, pourrait être remise en cause, compte tenu de
l'importance des créances de la France sur l'ONU, au titre de la
contribution française aux opérations de maintien de la paix. Le
rapporteur pour avis a, avec Mme Paulette Brisepierre, estimé que le
comportement des Etats-Unis à l'égard de l'ONU ne justifiait plus
le maintien de cette attitude traditionnellement exemplaire de la France.
Mme Paulette Brisepierre s'est alors étonnée des dépenses
qui seront consacrées à la future ambassade de France à
Pékin, alors que l'ambassade existante paraissait dans un état
tout à fait satisfaisant. Le rapporteur pour avis est alors revenu sur
le coût des opérations de prestige conduites par le Quai d'Orsay
pour des raisons en partie symboliques.
M. Xavier de Villepin, président, a souligné le dévouement
des agents du ministère des affaires étrangères, soumis
parfois à des conditions de vie et de travail difficiles, voire
risquées. Il a ensuite, avec le rapporteur pour avis, souligné
l'importance du projet de loi à venir sur les volontariats civils. Il a
également commenté l'évolution convergente des
réseaux diplomatiques et consulaires de nos principaux partenaires
étrangers, qui consiste à compenser le développement de
leur présence diplomatique dans les régions où un effort
s'impose par la fermeture de postes dont l'importance relative paraît
aujourd'hui moins décisive.
La commission a alors donné un avis favorable à l'adoption des
crédits du ministère des affaires étrangères
inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998.
ANNEXE 1
Tableau récapitulatif des crédits de toute nature concourant à la coopération avec les Etats en développement en 1997-1998
1997
|
1998
|
|||
Coût des services centraux, action bilatérale, contri-bution à l'action multilatérale en 1997* |
Part dans le total des crédits de coopération en 1997 |
Coût des services centraux, action bilatérale, contri-bution à l'action multilatérale en 1998* |
Part dans le total des crédits de la coopération en 1998 |
|
Affaires étrangères |
3 397,81 |
17 % |
3 275,05 |
15,83 % |
Coopération |
6 478,67 |
32,48 % |
6 239,83 |
30,16 % |
Agriculture |
245,46 |
1,2 % |
220,56 |
1,06 % |
Equipement |
13,45 |
0,06 % |
11,47 |
0,05 % |
Anciens combattants |
4,97 |
0,02 % |
3,5 |
0,01 % |
Charges communes |
7 811 |
39,17 % |
8 965 |
43,3 % |
Education nationale, enseignement supérieur et recherche |
1 247,11 |
6,25 % |
1 247,11 |
6 % |
Environnement |
0,57 |
0,002 % |
0,62 |
0,002 % |
Industrie |
18,6 |
0,09 % |
14 |
0,06 % |
Intérieur |
129,76 |
0,65 % |
129,93 |
0,62 % |
Jeunesse et sports |
2,8 |
0,01 % |
2,85 |
0,01 % |
Justice |
2,25 |
0,01 % |
2,25 |
0,01 % |
Services financiers |
578,56 |
2,9 % |
565,87 |
2,73 % |
Travail |
9,55 |
0,04 % |
10,86 |
0,05 % |
TOTAL |
19 940,56 |
- |
20 688,10 |
- |
* (en millions de francs)
ANNEXE 2
Etat récapitulatif des crédits de toute nature
qui concourent à l'action extérieure de la France en 1997-1998
1997 |
1998 |
|||
Crédits 1997 (en millions de francs) |
Part dans l'ensemble des crédits d'action extérieure en 1997 |
Crédits 1998 (en millions de francs) |
Part dans l'ensemble des crédits d'action extérieure en 1998 |
|
1)Budget général |
||||
a)Dépenses civiles |
||||
. affaires étrangères |
14 462,29 |
26,4 % |
14 387,24 |
25,28 % |
. coopération |
6 724,25 |
12,3 % |
6 485,47 |
11,39 % |
. éducation nationale, enseignement supérieur et recherche |
2 628,63 |
4,8 % |
7 309,65 |
12,8 % |
. économie, finances et industrie |
16 193,96 |
29,6 % |
12 216,33 |
21,47 % |
. autres (1) |
1 988,95 |
3,64 % |
1 925,28 |
3,38 % |
Total dépenses civiles |
41 998,08 |
76,95 % |
42 323,97 |
74,4 % |
b)Défense (services à l'étranger) |
1 155,12 |
2,11 % |
1 132,45 |
2 % |
2) Budget annexe de l'aviation civile |
281,51 |
0,5 % |
302,9 |
0,53 % |
3) Comptes spéciaux du Trésor |
4 620,20 |
8,46 % |
6 665,1 |
11,7 % |
4) Quote-part française aux crédits d'action extérieure de l'Union européenne |
6 520 |
11,9 % |
6 467 |
11,36 % |
TOTAL |
54 574,91 |
- |
56 891,42 |
- |
(1) agriculture et pêche, aménagement du territoire et environnement, anciens combattants, culture et communication, emploi et solidarité, équipement, transports et logement, jeunesse et sports, justice, outre-mer, Services du Premier ministre.
1
voir en annexe le tableau
récapitulatif des crédits de toute nature concourant à la
coopération avec les Etats en développement en 1997-1998.
2
Voir en annexe le tableau récapitulatif des crédits
de toute nature qui concourent à l'action extérieure de la France
en 1997-1998.