AVIS n° 86 - Tome IV - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - Enseignement scolaire
M. Jean BERNADAUX
Commission des Affaires culturelles - Avis n° 86 Tome IV - 1997/1998
Table des matières
- I. LES AXES PRIORITAIRES DU PROJET DE BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE POUR 1998
- II. LE RENFORCEMENT DE L'ENCADREMENT DES ÉLÈVES DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
-
III. L'ADAPTATION DE L'ÉCOLE À UN ENVIRONNEMENT EN CONSTANTE ÉVOLUTION
- A. LES RÉOUVERTURES ET LES NOUVELLES OUVERTURES DE CLASSES EN MILIEU RURAL ET DANS LES ZONES URBAINES DIFFICILES
- B.
- B. LA REFONTE DES ZEP
- C. LA PRÉVENTION DE LA VIOLENCE DANS LES ÉTABLISSEMENTS
- D. LA GRATUITÉ DES CANTINES SCOLAIRES POUR LES ÉLÈVES LES PLUS DÉMUNIS
- E. LA MÉDECINE SCOLAIRE
- F. LES MESURES PRISES POUR ASSURER LA SÉCURITÉ DES BÂTIMENTS SCOLAIRES
-
IV. DE NOUVELLES ORIENTATIONS POUR L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
-
A. UNE RÉORIENTATION DES PROGRAMMES
- 1. Les indications apportées par les ministres devant la commission
- 2. La rénovation des programmes actuellement engagée
- 3. Le développement de l'éducation civique
- 4. Le projet d'ouvrage unique couvrant le champ de toutes les disciplines
- 5. La réforme annoncée de l'apprentissage de la lecture
- 6. Les interrogations de la commission sur la réforme des programmes
- B. VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DE L'AMÉNAGEMENT DES RYTHMES SCOLAIRES
- C. LE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES NOUVELLES À L'ÉCOLE
- D. LA DIVERSIFICATION DES LANGUES ÉTRANGÈRES DANS L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
-
E. LES RÉFORMES ANNONCÉES CONCERNANT LES ENSEIGNANTS
- 1. Une remise en cause du mouvement des enseignants du second degré
-
2. Vers une réforme du système de remplacement des enseignants
- a) Le taux d'absentéisme officiel
- b) Les stages de formation professionnelle des enseignants
- c) Les modalités de remplacement des enseignants
- d) La mise en place d'une table ronde
- e) Les classes non pourvues lors de la dernière rentrée
- f) La nécessité d'une meilleure gestion des enseignants du second degré
- F. VERS UNE NOUVELLE RÉFORME DES LYCÉES
-
A. UNE RÉORIENTATION DES PROGRAMMES
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 86
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Par M. Jean BERNADAUX,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Adrien
Gouteyron,
président
; Pierre Laffitte, Albert Vecten, James
Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Ivan Renar,
vice-présidents
; André Egu, Alain Dufaut, André
Maman, Mme Danièle Pourtaud,
secrétaires
;
MM. Philippe Arnaud, Honoré Bailet, Jean Bernadaux, Jean Bernard,
Jean-Pierre Camoin, Jean-Claude Carle, Robert Castaing, Marcel Daunay, Jean
Delaneau, André Diligent, Ambroise Dupont, Daniel Eckenspieller,
Gérard Fayolle, Alain Gérard, Roger Hesling, Pierre Jeambrun,
Alain Joyandet, Philippe Labeyrie, Serge Lagauche, Henri Le Breton,
Jacques Legendre, Guy Lemaire, François Lesein,
Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin
,
Philippe
Nachbar, Michel Pelchat, Louis Philibert, Jean-Marie Poirier, Guy
Poirieux, Roger Quilliot, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert,
Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé,
Jacques Valade, Marcel Vidal.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
14
)
(1997-1998).
Lois de finances
.
Mesdames, Messieurs,
Avec 285,9 milliards de francs contre 277,2 milliards de francs en
loi de finances initiale pour 1997, le projet de budget de l'enseignement
scolaire pour 1998, qui regroupe les enseignements primaire et secondaire,
enregistre une progression de 3,15 % par rapport à 1997, alors que
son augmentation avait été de 1,49 % au cours de l'exercice
précédent.
Ces chiffres doivent être rapprochés de l'ensemble du projet de
budget de l'éducation nationale qui s'élève à
334,4 milliards de francs et qui reste, et de loin, le premier poste de
l'Etat.
Ce projet de budget demeure, avec celui de la justice (+4 %) et de
l'emploi (+ 3,6 %), celui qui augmente le plus fortement dans un
contexte où les dépenses de l'Etat ne progresseront que de
1,36 %.
Si dans l'absolu, les crédits consacrés à l'enseignement
scolaire semblent enregistrer une évolution satisfaisante, surtout si
l'on considère que celle-ci intervient dans un contexte de baisse
démographique continue, il est cependant difficile d'y voir une rupture
par rapport aux budgets antérieurs, notamment si l'on rapporte ces
crédits aux nombreuses réformes et mesures parfois spectaculaires
annoncées depuis la formation du gouvernement par les ministres en
charge de l'enseignement scolaire.
Depuis l'entrée en fonction du gouvernement le 4 juin 1997, les
ministres en charge de l'enseignement scolaire ont pris ou annoncé toute
une série de réformes et de mesures susceptibles de modifier le
fonctionnement du système éducatif.
Certaines mesures d'urgence ont d'ores et déjà été
mises en oeuvre, d'autres font l'objet d'un financement spécifique dans
le projet de budget pour 1998 mais la plus grande part reste à
l'état de projet ou de voeux pieux et dans le meilleur des cas n'a
donné lieu qu'à des tables rondes à l'issue incertaine
(rythmes scolaires, situation des personnels ATOS, remplacement des
enseignants...).
Votre commission ne peut que constater le décalage observé entre
les effets d'annonce de certaines mesures et leur traduction budgétaire
et tient aussi à rappeler que la réforme du système
éducatif peut se réaliser, certes, sans l'adhésion des
syndicats de personnels, une concertation trop étroite ayant sans doute
été entretenue à tort dans le passé, mais
certainement pas en s'opposant systématiquement aux principaux acteurs
de ce système, c'est-à-dire les enseignants.
1. Les mesures d'urgence décidées à la rentrée
ou applicables à l'année scolaire en cours
- la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire ;
- l'ouverture et la réouverture de classes élémentaires en
milieu rural et dans les zones urbaines difficiles ;
- le réemploi des 28.000 maîtres auxiliaires en poste entre 1995
et 1997 ;
- le recrutement de 40.000 emplois jeunes dans l'éducation
nationale ;
- la gratuité des cantines pour les élèves
défavorisés ;
- la circulaire relative aux comportements pédophiles ;
- la modification du calendrier scolaire ;
- la circulaire sur la sécurité des sorties scolaires ;
- la pénalisation du bizutage...
2. Les mesures financées totalement ou pour partie par le projet de
budget pour 1998
- le développement des nouvelles technologies à
l'école ;
- la déconcentration de l'administration centrale ;
- le renforcement de l'environnement médical et social des
établissements ;
- la poursuite de l'intégration des instituteurs dans le corps des
professeurs des écoles ;
- l'expérimentation du plan anti-violence.
3. Les mesures annoncées à plus long terme
- la réorientation des programmes scolaires (enseignement de la morale
civique, réforme de l'enseignement des sciences, apprentissage de la
lecture,...) ;
- l'extension de la scolarisation des enfants de deux ans ;
- la refonte du dispositif des ZEP ;
- l'évaluation et l'éventuelle remise en cause de la
réforme en cours des collèges ;
- la revalorisation de la fonction de chef d'établissement ;
- une nouvelle orientation dans l'aménagement des rythmes
scolaires ;
- la réforme de diverses procédures concernant les enseignants
(remplacement, mutations, organisation de la formation continue, notation).
- la redéfinition des fonctions et le réexamen éventuel
des horaires de cours des professeurs certifiés et
agrégés ;
- la réforme des lycées.
*
* *
Après avoir rappelé les axes prioritaires du
projet de budget de l'enseignement scolaire pour 1998, le présent
rapport pour avis s'efforcera d'examiner les conditions d'encadrement des
élèves compte tenu de la réduction des effectifs des
élèves scolarisés.
Il rappellera ensuite les efforts d'adaptation du système
éducatif à un environnement en constante évolution puis
analysera les nouvelles orientations du gouvernement dans le domaine de
l'enseignement scolaire.
I. LES AXES PRIORITAIRES DU PROJET DE BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE POUR 1998
A. LES MESURES CONCERNANT LES EMPLOIS
1. Le maintien des emplois d'enseignants des premier et second degrés
Il convient de rappeler que la loi de finances initiale pour
1997, dans une perspective de redéploiement des moyens entre
l'enseignement secondaire et supérieur, avait supprimé 3.175
emplois d'enseignants stagiaires, 700 emplois du premier degré et
200 du second degré.
Dans un contexte démographique en décroissance continue, le
projet de budget de l'enseignement scolaire pour 1998, met fin aux suppressions
d'emplois d'enseignants.
En outre, le réemploi de plus de 28.000 maîtres auxiliaires,
à la rentrée 1997, a été financé par la
transformation de 90.000 heures supplémentaires et les crédits
inscrits au projet de loi de finances pour 1998 devraient permettre de
continuer à assurer le réemploi de ces personnels à la
rentrée 1998.
2. Les créations d'emplois non enseignants
Le projet de budget pour 1998 propose la création de
1.320 emplois de non enseignants :
- 620 emplois d'ATOS au 1er septembre 1998 dans les établissements
scolaires et les services déconcentrés (dont 100 par
redéploiement d'emplois en provenance de l'administration centrale). Ces
créations comprennent notamment 70 emplois d'ingénieurs et
techniciens pour assurer un réseau d'assistance rapprochée aux
utilisateurs dans le cadre de l'implantation des nouvelles technologies dans
les établissements d'enseignement ;
- 100 emplois de conseillers principaux d'éducation créés
au 1er septembre 1998 permettant d'assurer une présence accrue
d'adultes auprès des élèves dans le cadre de la
prévention des phénomènes de violence ;
- 300 emplois d'infirmières et 300 emplois d'assistantes sociales pour
répondre aux attentes des élèves en matière de
prévention et d'assistance.
De plus, 21,25 millions de francs sont consacrés à
l'augmentation du nombre de vacations de médecins pour renforcer le
système de santé scolaire ;
Enfin, les moyens de remplacement en personnels ATOS sont abondés de
21,25 millions de francs correspondant à environ 280
équivalents temps plein.
B. LE RENFORCEMENT DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT ET D'INTERVENTION
1. La relance des zones d'éducation prioritaires
Les crédits réservés aux actions pédagogiques dans les établissements situés en zone d'éducation prioritaire augmentent de 15,27 millions de francs pour les établissements du premier degré et 2,32 millions de francs pour les établissements du second degré.
2. La lutte contre l'exclusion sociale
La création d'un fonds social pour les cantines destiné aux élèves des collèges doit permettre aux chefs d'établissement d'offrir l'accès à la restauration scolaire aux élèves issus de familles en grande difficulté. Ce fonds est doté de 250 millions de francs.
3. Le développement des outils et activités pédagogiques
- 20 millions de francs sont réservés
à l'achat de livres pour les écoles ;
- 30,5 millions de francs viennent abonder les crédits inscrits
pour l'achat des manuels scolaires dans les collèges ;
- 7 millions de francs supplémentaires sont affectés aux
stages en entreprise.
4. L'introduction des nouvelles technologies
Un crédit de 103,87 millions de francs est
consacré à la modernisation des services :
- 29,87 millions de francs pour l'adaptation de l'administration centrale
et des services déconcentrés aux nouvelles technologies de
communication ;
- 70 millions de francs pour offrir l'accès au réseau
Internet aux établissements d'enseignement secondaire ;
- 4 millions de francs en faveur de la formation des personnels à
ces nouvelles technologies.
C. L'AMÉLIORATION DE LA SITUATION DES PERSONNELS.
L'application des divers plans de revalorisation de la
situation des personnels de l'éducation nationale et de l'accord du 9
février 1990 sur la réforme de la grille indiciaire de la
fonction publique se poursuivra en 1998 par des mesures nouvelles d'un montant
total de 596,6 millions de francs.
Les personnels concernés sont les suivants :
1. Les instituteurs
14.850 instituteurs seront intégrés, au 1er septembre 1998, dans le corps de professeurs des écoles (soit autant que l'an dernier pour un effectif total de l'ordre de 200.000 instituteurs). A cet égard, votre commission constate que l'accélération de l'intégration des instituteurs annoncée par le ministre ne se trouve pas traduite dans le projet de budget pour 1998.
2. Les personnels du second degré
200 chargés d'enseignement d'éducation physique
et sportive et 1.500 professeurs d'enseignement général des
collèges sont intégrés dans le corps des certifiés
ou assimilés, 5.000 professeurs de lycée professionnel de 1er
grade sont intégrés dans le corps des professeurs de lycée
professionnel de 2e grade et 250 conseillers d'éducation sont
intégrés conseillers principaux.
S'ajoutent à ces intégrations, à compter du 1er septembre
1998, des mesures de transformation d'emplois d'enseignants du second
degré qui concernent 1.570 professeurs certifiés
transformés en professeurs agrégés et 7.068 professeurs
d'enseignement général des collèges transformés en
professeurs certifiés et professeurs d'éducation physique et
sportive.
Six millions de francs (en tiers d'année) sont consacrés
à une extension de la hors classe pour les personnels du second
degré : agrégés, certifiés, professeurs
d'éducation physique, professeurs de lycée professionnel de 2e
grade et conseillers principaux d'éducation.
3. Les personnels de direction et d'inspection
Les personnels de direction de 2e catégorie voient leur carrière revalorisée par la suppression des deux premiers échelons ; 48 emplois d'inspecteurs de l'éducation nationale sont transformés en emplois d'inspecteurs pédagogiques régionaux-inspecteurs d'académie ; de plus, 10 % du corps des inspecteurs pédagogiques régionaux-inspecteurs d'académie et 20 inspecteurs d'académie - directeurs des services départementaux de l'éducation nationale supplémentaires accèdent à la hors échelle B.
4. L'enseignement privé
En application du principe de parité entre l'enseignement public et l'enseignement privé, 126,21 millions de francs sont consacrés à la revalorisation de la situation des maîtres contractuels du privé dont 25 millions de francs affectés au relèvement du taux des cotisations de retraite complémentaire.
5. Les personnels non enseignants
11,45 millions de francs sont consacrés à l'amélioration de la situation des personnels ATOS (pyramidage des corps d'attachés d'administration scolaire et universitaire, techniciens, techniciens de laboratoire, aides techniques de laboratoire et adjoints administratifs, personnels de recherche et formation ainsi que de certains corps de personnels de l'administration centrale). Ces crédits comprennent également une mesure de revalorisation du régime indemnitaire des secrétaires généraux d'académie.
6. Les congés de formation professionnelle des enseignants
Les crédits destinés aux congés de formation professionnelle des enseignants et des ATOS sont abondés de 175 millions de francs pour une dotation 1997 de 152,28 millions de francs soit une augmentation de 115 % par rapport à 1997.
D. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les dépenses en capital se maintiennent au même niveau qu'en 1997 soit 711 millions de francs en autorisations de programme contre 702,4 millions de francs en 1997 et 711,08 millions de francs en crédits de paiement contre 712,4 millions de francs en 1997.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE L'ENSEIGNEMENT
SCOLAIRE
(Loi de finances initiale à loi de finances initiale)
(en milliards de francs)
Crédits votés pour 1997 |
Crédits révisés pour 1997 |
Mesures acquises |
Services votés |
Mesures nouvelles |
Crédits demandés pour 1998 |
Évolution par rapport à l'année précédente (en %) |
|
Crédits de paiement
|
227,201 |
276,900 |
5,644 |
282,368 |
3,559 |
285,927 |
+ 3,15 % |
Dépenses ordinaires |
276,489 |
276,190 |
5,644 |
282,133 |
3,083 |
285,216 |
+ 3,16 % |
Titre III : moyens des services |
235,700 |
235,269 |
5,887 |
241,587 |
1,768 |
243,355 |
+ 3,25 % |
Titre IV : interventions publiques |
40,789 |
40,921 |
-0,243 |
40,546 |
1,315 |
41,861 |
+ 2,63 % |
Dépenses en capital |
0,712 |
0,710 |
0,235 |
0,476 |
0,711 |
-0;14 % |
|
Titre V : investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
|
|
|
|
Titre VI : subventions d'inves-tissement accordées par l'Etat |
|
|
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|
|
|
|
Autorisations de pro-gramme
|
0,702 |
0,699 |
0,711 |
+ 1,28 % |
|||
Titre V : investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
|
|||
Titre VI : subventions d'inves-tissement accordées par l'Etat |
|
|
|
|
II. LE RENFORCEMENT DE L'ENCADREMENT DES ÉLÈVES DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
A. LA POURSUITE DE LA BAISSE DES EFFECTIFS SCOLARISÉS
A la rentrée scolaire 1997, 12,373 millions
d'élèves étaient attendus dans l'enseignement scolaire et
se répartissaient ainsi qu'il suit :
· 6,652 millions d'écoliers, soit une diminution de 69.000
élèves par rapport à la rentrée 1996 ;
· 3,355 millions de collégiens, soit une diminution de 38.000
élèves ;
· 1, 51 million de lycéens, soit une augmentation de 9.000
élèves ;
· 825.000 lycéens professionnels, soit une augmentation de
14.000 élèves.
1. L'évolution des effectifs d'élèves
S'agissant du premier degré, les effectifs
d'élèves devraient diminuer de 59.000 à la rentrée
1997 et de 37.000 à la rentrée 1998. Si cette diminution des
effectifs est importante en valeur absolue, il faut remarquer qu'elle ne
représente en fait qu'un seul élève par école en
moyenne et n'améliore en rien les conditions d'encadrement.
S'agissant de l'enseignement secondaire, une hausse continue des effectifs
d'élèves de collège a été constatée
de 1991 à 1994. Depuis 1995, les effectifs connaissent une baisse
sensible et les projections montrent que cette tendance devrait se poursuivre
lors des rentrées 1997 et 1998.
Pour les lycées professionnels, après une baisse continue des
effectifs intervenue ces dernières années, on a assisté
à la rentrée 1996 à un retournement de tendance
(+ 3.400 élèves). Cette progression modérée
devrait se poursuivre à la rentrée 1997 et à la
rentrée 1998. Ces hausses résultent de la progression du second
cycle professionnel et de la réorganisation du premier cycle notamment
en ce qui concerne les classes de troisième et quatrième
technologiques.
La tendance à la baisse des effectifs du second cycle
général et technologique qui se poursuivait depuis la
rentrée 1991 s'est inversée à la rentrée 1996. La
hausse des effectifs devrait être de 19.000 élèves à
la rentrée 1997. Mais une nouvelle diminution devrait avoir lieu
à la rentrée 1998 (- 10.400 élèves). Cette
tendance s'explique par une baisse des taux d'entrée en seconde et un
taux très bas de redoublement en terminale.
Au total, les effectifs du second degré devraient diminuer de
16.000 élèves en 1998.
2. Les effectifs d'élèves prévus pour les rentrées 1997 et 1998
Les effectifs d'élèves devraient évoluer
ainsi qu'il suit :
en milliers
Rentrée 1997 |
Rentrée 1998 |
|||
Niveaux d'enseignements |
Public |
Privé |
Public |
Privé |
Premier degré
|
5 757,3 |
894,3 |
5 720,1 |
887,2 |
Préélémentaire |
2 200,1 |
304,1 |
2 189,1 |
302,6 |
Elémentaire |
3 499,8 |
585,5 |
3 475,6 |
580,0 |
Spécial |
57,4 |
4,7 |
55,4 |
4,6 |
Second degré
|
4 788,4 |
1 207,7 |
4 772,8 |
1 203,4 |
Premier cycle |
2 649,1 |
665,5 |
2 635,4 |
662,7 |
Spécial |
118,1 |
3,3 |
117,2 |
3,3 |
Second cycle professionnel |
583,3 |
158,3 |
586,3 |
159,6 |
(bac professionnel) |
133,0 |
37,9 |
138,8 |
38,6 |
Second cycle général et technologique |
1 217,5 |
321,0 |
1 210,9 |
317,2 |
Post-bac |
220,4 |
59,6 |
223,0 |
60,6 |
Total |
10 545,7 |
2 102,0 |
10 492,9 |
2 090,6 |
TOTAL PUBLIC + PRIVÉ |
12 647,7 |
12 583,5 |
B. L'ÉVOLUTION DU NOMBRE D'ÉLÈVES PAR CLASSE COMPARÉE AUX EFFECTIFS D'ENSEIGNANTS
1. Une baisse régulière des effectifs par classe
a) Dans le premier degré
Dans l'enseignement préélémentaire
public, l'effectif moyen des classes enregistre une tendance
régulière à la baisse : 27,6 élèves par
classe en 1990 et 26,8 en 1994. Ce mouvement devrait se poursuivre, avec un
effort particulier d'accueil dans les zones d'éducation prioritaire.
Dans l'enseignement élémentaire public, la taille des classes, en
baisse au début des années 1980, s'est ensuite accrue en raison
de hausses importantes d'effectifs. Ces dernières années, la
taille moyenne des classes tend à se stabiliser à un peu moins de
23 élèves, malgré la diminution des effectifs scolaires.
Le mouvement résulte de transferts de moyens opérés de
l'enseignement élémentaire vers le
préélémentaire pour y améliorer l'accueil des
enfants et notamment généraliser la scolarisation à trois
ans. Les effectifs des classes primaires restent cependant nettement
inférieurs à ceux des classes maternelles.
b) Dans le second degré
Dans le second degré public, on note à la
rentrée 1996 une légère diminution de la taille des
divisions en collège : les effectifs moyens par division sont
stables en sixième et en troisième technologiques, en baisse en
cinquième, quatrième, troisième, quatrième
technologiques et en troisième d'insertion. Cependant, les classes de
premier cycle comptent aujourd'hui, en moyenne, légèrement plus
d'élèves qu'en 1990.
En second cycle général et technologique public, le nombre moyen
d'élèves par classe avait été ramené de 31
à 29,7 de 1990 à 1992. Ces effectifs poursuivent
légèrement leur baisse depuis trois ans. Les classes de seconde
restent les plus chargées, avec une moyenne de 32,3 élèves
à la rentrée 1996.
L'allégement des divisions, sensible depuis quelques années en
second cycle professionnel public et privé, se poursuit à la
dernière rentrée dans la filière du CAP en trois ans dont
les effectifs continuent de baisser. La taille des classes qui avait
très légèrement diminué en BEP reste stable
à la rentrée 1996 ; elle poursuit sa diminution dans les
préparations au baccalauréat professionnel, qui connaissent un
développement important.
c) Le nombre d'élèves par enseignant
Pour le second degré public, on est passé de 14,8 élèves par enseignant (en équivalent temps plein) en 1990 à 14,4 en 1995 dans les collèges, de 10,6 en 1990 à 9,5 en 1995 dans les lycées professionnels et de 13,8 à 11,8 dans les lycées généraux et technologiques.
2. L'évolution du nombre des enseignants
a) Les effectifs d'enseignants dans le premier degré
Les effectifs d'enseignants du premier degré public
sont quasiment stables depuis 1990-91, avec une faible progression annuelle
moyenne de 0,2 %. La relative hausse des effectifs de l'enseignement
préélémentaire et élémentaire (en moyenne de
0,3 % par an) est compensée par la baisse des effectifs de
l'enseignement spécialisé et adapté.
France métropolitaine
Année scolaire |
1990-91 |
1991-92 |
1992-93 |
1993-94 |
1994-95 |
1995-96 |
Public |
||||||
Enseignement préélémentaire et élémentaire |
|
|
|
|
|
|
Enseignement spécialisé et adapté |
23 032 |
22 470 |
22 200 |
21 509 |
21 043 |
20 605 |
Total |
299 812 |
298 293 |
300 103 |
301 400 |
301 962 |
302 122 |
Privé |
||||||
Enseignement préélémentaire et élémentaire |
|
|
|
|
|
|
Enseignement spécialisé et adapté |
764 |
775 |
874 |
982 |
1 040 |
1 095 |
Total |
41 545 |
41 778 |
41 558 |
42 659 |
42 753 |
42 869 |
b) Les effectifs d'enseignants dans le second degré
Dans le second degré, l'évolution des effectifs d'enseignants décomptés en personnes physiques ne peut être comparée directement à celle des effectifs d'élèves. Le nombre d'heures d'enseignement dépend en effet largement des formations suivies, de l'ampleur et de la diversité des options proposées, des modes d'enseignement (classes, demi-classes, sous-groupes, modules, etc.). Par ailleurs, le travail à temps partiel s'est développé ces dernières années et actuellement près de 12 % des enseignants du second degré public et 26 % de ceux du privé exercent à temps partiel. Les tableaux ci-dessous présentent l'évolution des effectifs exprimés en équivalents temps plein.
EFFECTIFS D'ENSEIGNANTS EN ÉQUIVALENTS TEMPS PLEIN
DANS LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DU SECOND DEGRÉ
France métropolitaine Unité : millier d'ETP
Année scolaire |
1990-91 |
1991-92 |
1992-93 |
1993-94 |
1994-95 |
1995-96 |
Collèges |
161,4 |
163,3 |
165,0 |
170,0 |
176,0 |
175,9 |
LEGT (1) |
105,9 |
111,2 |
115,6 |
118,5 |
123,8 |
124,9 |
Lycées professionnels |
56,2 |
58,9 |
55,9 |
53,9 |
53,9 |
53,1 |
Total |
323,5 |
333,4 |
336,5 |
342,4 |
353,7 |
353,9 |
(1) y compris les enseignants dans les classes
post-baccalauréat
Dans les collèges, la croissance des effectifs enseignants a
été continue de 1990 à 1994, puis un tassement a
été observé à la rentrée 1995. Le taux de
croissance annuel moyen s'établit à 1,7 %.
En lycée d'enseignement général et technologique, la
croissance se poursuit, mais à un rythme fortement ralenti à la
rentrée 1995 alors que la croissance annuelle moyenne est de 3,4 %
sur l'ensemble de la période (de 1990 à 1995) ; elle
s'établit à 2,6 % entre la rentrée 1992 et la
rentrée 1995 et à moins de 1 % entre 1994 et 1995.
En lycée professionnel, le nombre d'équivalents temps plein a
décru de 7 % entre les rentrées 1991 et 1993, puis s'est
à peu près stabilisé.
ÉVOLUTION DU NOMBRE MOYEN D'ÉLÈVES PAR CLASSE OU DIVISION
France métropolitaine, Public
90-91 |
91-92 |
92-93 |
93-94 |
94-95 |
95-96 |
96-97 |
|
PRÉÉLÉMENTAIRE (1) | 27,6 | 27,4 | 27,2 | 27,0 | 26,8 | ... | ... |
ÉLÉMENTAIRE
(2)
dont :: |
22,9 | 22,9 | 22,9 | 22,8 | 22,8 | ... | ... |
CP | 22,1 | 22,2 | 22,4 | 22,3 | 22,3 | ... | ... |
CP à CM2 | 24,1 | 24,1 | 24,0 | 24,0 | 24,0 | ... | ... |
Classes à plusieurs cours | 20,4 | 20,6 | 20,6 | 20,6 | 20,7 | ... | ... |
6e | 24,8 | 24,9 | 24,9 | 25,0 | 24,7 | 24,6 | 24,6 |
5e | 24,8 | 24,9 | 24,9 | 25,1 | 25,0 | 25,0 | 24,9 |
4e | 24,8 | 24,4 | 24,1 | 24,6 | 24,4 | 24,5 | 24,2 |
3e | 24,8 | 24,8 | 24,5 | 24,9 | 25,0 | 25,0 | 24,9 |
4e techno | 23,9 | 22,3 | 22,3 | 22,3 | 22,5 | 22,5 | 22,2 |
3e techno | 22,7 | 22,1 | 20,8 | 21,2 | 21,2 | 21,7 | 21,7 |
CPA-CIPAL | 14,8 | 14,4 | 14,2 | 16,0 | 17,9 | 19,2 | 18,5 |
3e insertion | - | - | 13,4 | 14,4 | 13,8 | 14,6 | 14,5 |
TOTAL PREMIER CYCLE | 24,3 | 24,4 | 24,3 | 24,6 | 24,6 | 24,5 | 24,4 |
CAP 3 ANS (3) | 20,1 | 18,2 | 16,2 | 15,4 | 15,2 | 15,0 | 14,8 |
BEP-CAP 2 ANS | 24,1 | 23,6 | 22,6 | 22,6 | 22,8 | 22,7 | 22,7 |
BAC PRO | 23,2 | 22,7 | 21,2 | 21,1 | 20,9 | 20,8 | 20,6 |
TOTAL SECOND CYCLE
PROFESSIONNEL |
23,1 |
22,6 |
21,6 |
21,6 |
21,7 |
21,8 |
21,7 |
Seconde | 33,0 | 32,1 | 32,1 | 32,0 | 32,1 | 32,4 | 32,3 |
Première | 29,9 | 29,2 | 28,1 | 28,3 | 27,4 | 27,6 | 27,7 |
Terminale | 30,2 | 29,9 | 29,1 | 28,9 | 29,4 | 28,6 | 28,2 |
TOTAL SECOND
CYCLE
GÉNÉRAL ET TECHNO. |
31,0 |
30,3 |
29,7 |
29,7 |
29,6 |
29,5 |
29,3 |
(1) Pour le premier degré, les données ne sont pas disponibles pour 1995 et 1996.
C. LE RECOURS AUX MAÎTRES AUXILIAIRES
1. La situation des maîtres auxiliaires
Depuis plusieurs années, des dispositions ont
été prises pour faciliter l'accès des maîtres
auxiliaires aux corps enseignants par la voie des concours.
Depuis 1989, les conditions d'accès aux concours internes ont
été modifiées, notamment par la suppression des limites
d'âge et la réduction de trois à cinq ans de
l'ancienneté requise.
Les mesures qui avaient été retenues en 1993-1994 pour faciliter
la préparation des concours par les maîtres auxiliaires ont
été reconduites à la présente rentrée :
allocations d'IUFM et congés de formation.
Par ailleurs, des concours spécifiques ont été
créés pour quatre sessions à compter de 1995, en plus des
concours externes et internes déjà existants. Ces concours sont
spécialement conçus pour les maîtres auxiliaires, en raison
tant des conditions d'inscription que de la nature des épreuves (les
concours spécifiques comportent uniquement des épreuves orales).
A la session 1997 ont été mis en place des concours
réservés à certains agents non titulaires. Ces derniers
concours, institués dans le cadre de la loi du 16 décembre
1996 relative à l'emploi dans la fonction publique favorisent
l'accès des maîtres auxiliaires dans différents corps du
second degré. Pour tenir compte du profil des enseignants non
titulaires, il a été décidé que les épreuves
de ces concours s'appuieraient essentiellement sur l'expérience
professionnelle des candidats.
Pour la session 1997, 2.700 postes ont été offerts aux
concours réservés en plus des 2.390 postes ouverts aux concours
spécifiques. Cette politique de résorption de l'auxiliariat a
porté ses fruits puisque 6.314 maîtres auxiliaires ont
été lauréats de l'ensemble des concours de recrutement de
personnels du second degré en 1997, dont 2.149 aux concours
réservés. Cet effectif est nettement supérieur à
celui des sessions précédentes : 3.672 en 1993, 3.945 en
1994, 4.388 en 1995 et 4.286 en 1996. En conséquence, en 1997, plus d'un
lauréat sur quatre était auparavant maître auxiliaire
contre un sur cinq lors des sessions précédentes.
Pour la session 1998, les maîtres auxiliaires auront la
possibilité de s'inscrire, en vue de leur accès à un corps
de personnel du second degré, à la fois à l'un des trois
concours externe, interne ou spécifique, et au concours
réservé.
2. Le réemploi des maîtres auxiliaires
Le dispositif mis en place à la rentrée scolaire
1997 prévoit le réemploi pour la durée de l'année
scolaire de tous les maîtres auxiliaires qui ont été
employés au cours des deux années scolaires
précédentes, sous réserve qu'ils aient donné
satisfaction sur le plan pédagogique et qu'ils en aient fait la demande
avant le 1er octobre.
Cette mesure a concerné 28.000 maîtres auxiliaires et a
été financée par la transformation de 90.000 heures
supplémentaires. Les crédits inscrits dans le projet de budget
devraient permettre de continuer à assurer l'emploi de ces personnels
à la rentrée 1998.
D'après une enquête menée par le syndicat national des
personnels de direction, environ un millier de postes d'enseignants n'aurait
pas été pourvu depuis la dernière rentrée scolaire,
notamment dans les disciplines spécialisées des lycées
professionnels mais aussi dans des matières générales
comme l'espagnol et les SVT.
Ce dysfonctionnement résulte du réemploi des maîtres
auxiliaires en poste entre 1995 et 1997 qui exclut désormais tout
recours à des nouveaux maîtres auxiliaires et donc l'utilisation
par les rectorats de ces " variables d'ajustement ".
L'éducation nationale dispose ainsi de maîtres auxiliaires en
surnombre dans certaines disciplines et, dans le même temps, des cours ne
sont pas assurés faute de personnels qualifiés dans des
disciplines déficitaires qui n'ont bénéficié dans
le passé de recrutements suffisants. Les chefs d'établissement
sont donc contraints de faire appel à des vacataires, à des
contractuels, voire à des candidats admissibles aux concours : le
réemploi des maîtres auxiliaires se traduit ainsi par un
développement d'un auxiliariat encore plus précaire.
Votre commission ne peut que souligner la nécessité pour
l'éducation nationale de gérer de manière plus
satisfaisante les flux d'enseignants et de mieux définir à long
terme le nombre de postes mis au concours dans les différentes
disciplines.
D. L'EXTENSION DES EMPLOIS JEUNES À L'ÉDUCATION NATIONALE
En anticipant le vote de la loi relative au développement d'activités pour l'emploi des jeunes, l'éducation nationale a mis en place quelques semaines après la rentrée scolaire un dispositif spécifique qui devrait concerner 40.000 jeunes d'ici le début 1998, soit 30.000 dans les écoles et 10.000 dans les collèges.
1. Le dispositif des emplois jeunes dans l'éducation nationale
Les postulants doivent être à la recherche d'un
emploi, âgé de 18 à 26 ans et avoir obtenu le
baccalauréat ou justifier de préférence d'un niveau
bac + 2.
Les emplois correspondants seront proposés dans les écoles et les
collèges :
- les
aides éducateurs d'école polyvalents
,
encadrés par les enseignants, seront chargés de fonctions
générales de surveillance et d'encouragement, d'aide à
l'étude et à l'encadrement des sorties scolaires, ainsi que de
fonctions plus spécialisées (aide à l'utilisation des
technologies nouvelles, au fonctionnement des bibliothèques des
écoles et au développement des activités culturelles,
artistiques et sportives) ;
-
les aides éducateurs ou assistants de vie scolaire au
collège
assureront des fonctions générales d'animation
des activités du foyer socio-éducatif, d'aide à
l'étude et aux devoirs, à la surveillance, à l'encadrement
des sorties, à la médiation et au renforcement du lien entre le
collège et son environnement ainsi que des fonctions plus
spécialisées (utilisation des nouvelles technologies, aide aux
documentalistes).
Le
salaire
des aides éducateurs sera égal à
100 % du SMIC pour 39 heures hebdomadaires.
Afin d'embaucher rapidement ces aides éducateurs, les
établissements peuvent leur proposer avant l'application de la loi sur
l'emploi des jeunes un contrat de deux mois renouvelable ; ces contrats
seront automatiquement transformés, dès le vote de la loi, en
contrats de droit privé d'une durée de cinq ans.
Enfin, l'éducation nationale devrait mettre en place dès le
début de 1998 des
formations continues
afin de permettre aux
aides éducateurs de se préparer à divers métiers
dans l'éducation ou en dehors de celle-ci.
2. Les observations de votre commission
Votre commission soulignera d'abord le caractère
singulier d'une démarche qui a fait peu de cas des prérogatives
du Parlement et qui a conduit l'éducation nationale à
prévoir un régime transitoire complexe organisant le passage d'un
contrat de droit public à un contrat de droit privé pour les
bénéficiaires.
Elle observera en outre qu'avec quelque 150.000 aides éducateurs qui
devraient être recrutés en trois ans, soit près de la
moitié des emplois-jeunes prévus, l'éducation nationale
risque de " cannibaliser " un dispositif qui a vocation, il
convient
de le rappeler, à développer et à pérenniser des
emplois dans le secteur privé.
Elle exprimera ensuite la crainte que ces aides éducateurs au terme du
contrat de cinq ans restent en grand nombre dans l'éducation nationale
afin de remplacer pour partie, sans doute à l'issue de concours
simplifiés spécialement organisés, les nombreux
enseignants qui sont appelés à partir en retraite dans les
années à venir.
Une telle perspective, qui s'ajoute à la titularisation massive attendue
des maîtres auxiliaires, qui devront passer des concours plus
" professionnalisés ", est de nature à susciter
l'émergence en grand nombre d'enseignants moins bien formés qui
n'auront pas emprunté les voies normales de formation et de concours.
Par ailleurs, votre commission s'interroge sur le bien-fondé de la
répartition de ces emplois-jeunes entre les écoles et les
collèges : en particulier, compte tenu des besoins d'encadrement de
ces derniers qui sont de plus en plus confrontés à la
montée de la violence, n'était-il pas plus opportun d'affecter
davantage les aides éducateurs dans ces établissements
plutôt que dans les écoles élémentaires, lesquelles
bénéficieront dans un premier temps des trois-quarts des 40.000
premiers emplois-jeunes ?
Dans cette perspective, y aura-t-il véritable adéquation entre le
profil requis des candidats, compte tenu des conditions posées
d'âge et de diplômes, et les besoins d'encadrement en adultes
expérimentés de ces établissements ?
Le moindre afflux des candidats observé dans certaines académies
de la région parisienne plus particulièrement concernées
par la montée de la violence permet d'en douter.
Votre commission s'interroge également sur les inconvénients
potentiels d'une cohabitation qui pourrait être délicate dans les
établissements entre ces aides éducateurs, les maîtres
d'internat et surveillants d'externat, les appelés du contingent, les
titulaires de contrats emploi-solidarité, toutes catégories
soumises à des conditions d'horaires de travail et de
rémunération très différentes.
Enfin, s'il est prévu de faire bénéficier les aides
éducateurs d'une formation dispensée pendant la durée de
leur contrat, au lieu d'une formation universitaire complémentaire, n'y
aurait-il pas lieu de leur proposer une formation en alternance
privilégiant des stages en entreprise et débouchant sur des
emplois dans le secteur privé ?
Sans méconnaître l'intérêt du dispositif, notamment
dans des collèges situés dans des zones difficiles où la
commission a pu récemment prendre conscience de la gravité des
problèmes rencontrés par les équipes éducatives,
celle-ci souhaiterait obtenir des précisions complémentaires du
ministre sur l'utilisation des emplois-jeunes dans l'éducation nationale
et sur les modalités de leur financement.
3. Les modalités de financement des emplois-jeunes
D'après les indications fournies à votre
rapporteur, pour 1997, les contrats emplois-jeunes
rémunérés par l'éducation nationale au cours du
dernier trimestre civil, seront financés à 100 % par des
crédits de répartition, à hauteur de 600 millions de
francs, en provenance du budget du ministère de l'emploi et de la
solidarité, ce qui correspond à 40.000 emplois-jeunes
recrutés en moyenne pendant un mois et demi.
Pour les années à venir, le coût des emplois-jeunes dans le
budget de l'enseignement scolaire, sur la base de 20 % des
dépenses, devrait s'établir comme suit :
1998 : 1,12 milliard de francs (40.000 emplois-jeunes en année
pleine et 35.000 en quart d'année) ;
1999 : 1,72 milliard de francs (75.000 emplois-jeunes en année
pleine) ;
2000 : 1,72 milliard de francs (dans l'hypothèse d'une reconduction
de 75.000 emplois-jeunes).
Ces montants seront réactualisés en fonction de
l'évolution du SMIC. D'après les indications fournies par le
ministre, le complément de rémunération de 20 %
à la charge de l'éducation nationale devrait être
financé par une économie réalisée sur la
rémunération des heures supplémentaires d'enseignement.
Par référence à l'article 9 de la loi d'orientation sur
l'éducation du 10 juillet 1989 qui fixe à 36 semaines la
durée de l'année scolaire, il est ainsi envisagé de
rémunérer l'heure supplémentaire année (HSA) sur la
base de 36 semaines (soit au maximum 36 heures supplémentaires
effectuées dans l'année) et non plus sur la base de
43 semaines, ce qui revenait à payer des heures
supplémentaires qui n'étaient pas réellement
effectuées.
Cette modification du régime de rémunération des
personnels enseignants du second degré sous forme d'heures
supplémentaires, qui serait applicable à l'enseignement public et
privé, représenterait au total 944 millions de francs
d'économies en année pleine.
Votre commission ne peut donc que constater que les économies
réalisées sur la rémunération des heures
supplémentaires ne représenteront qu'un peu plus de la
moitié du coût des 75.000 emplois-jeunes prévus en 1999 et
seront loin de couvrir le financement des 150.000 aides éducateurs qui
devraient être recrutés en trois ans.
E. LES MESURES PRISES EN FAVEUR DES PERSONNELS DE DIRECTION
1. Dans le premier degré
a) Les revendications des directeurs d'école
Compte tenu du caractère de plus en plus contraignant de la fonction de direction, les directeurs d'école réclament notamment une préparation spécifique à l'exercice de leurs fonctions par un renforcement de la formation initiale, une meilleure information sur les problèmes de sécurité et de responsabilité, une reconnaissance matérielle de la direction d'école et une amélioration du régime des décharges d'enseignement.
b) Les mesures déjà engagées
La formation initiale des directeurs d'école a
été portée de quatre à cinq semaines, et se
répartit désormais en trois semaines avant la prise de fonction
et deux semaines au cours de la première année d'exercice.
Un guide " sécurité incendie " élaboré
par l'observatoire national de la sécurité a été
diffusé à tous les directeurs d'école.
Un correspondant chargé d'apporter des réponses aux questions
pratiques ou réglementaires des directeurs d'école concernant
leurs responsabilités a été désigné dans
chaque département.
En outre, quatre projets de textes devraient se substituer aux vingt-cinq
circulaires relatives à la surveillance et à la
sécurité dans les écoles publiques, à
l'enseignement de la natation, à la participation d'intervenants
extérieurs aux activités d'enseignement et à
l'organisation des sorties scolaires.
Pour aider les directeurs d'école à assumer leurs tâches
administratives qui, pour la plupart, se cumulent avec des fonctions
d'enseignement, l'amélioration du régime des décharges de
service d'enseignement a été entreprise : à la
rentrée scolaire 1997, tous les directeurs des écoles de six
classes devraient bénéficier de quatre jours de décharge
par mois.
Les directeurs d'école bénéficieront d'une nouvelle
bonification indiciaire dont le coût représentera
140 millions de francs en année pleine.
Enfin, l'indemnité de sujétions spéciales des directeurs
d'école à dix classes et plus a été portée
de 3.378 F à 5.202 F.
2. Dans le second degré
Deux séries de mesures sont prévues pour
améliorer la carrière des personnels de direction.
Dans le cadre du protocole d'accord du 9 février 1990, il est d'abord
prévu de revaloriser la carrière des personnels de direction de
deuxième catégorie, deuxième classe. Cette revalorisation
se traduit par la suppression des deux premiers échelons, avec maintien
de la carrière en 18 ans, lissage des indices intermédiaires et
hausse de l'indice terminal.
Dans le cadre des engagements conclus en décembre 1994, les pourcentages
des premières classes des corps de personnels de direction de la
1ère et de la 2e catégories sont portés, au 1er janvier
1998, à 40 % et à 35 % de l'effectif total du corps.
Ces mesures de revalorisation des personnels de direction sont destinées
à enrayer la désaffectation préoccupante constatée
depuis quelques années pour ces fonctions.
III. L'ADAPTATION DE L'ÉCOLE À UN ENVIRONNEMENT EN CONSTANTE ÉVOLUTION
Depuis plusieurs décennies, le système
éducatif est confronté aux difficultés et aux
évolutions que connaît la société
française : poursuite de la désertification en milieu rural,
émergence et extension des zones urbaines difficiles, montée de
la violence dans les établissements, développement de la
précarité dans des familles de plus en plus
éclatées.
Ces évolutions conduisent l'école à prendre en charge des
fonctions qui autrefois lui étaient étrangères.
Compte tenu de l'aggravation de ces difficultés, les dispositifs
spécifiques mis en place par l'éducation nationale depuis
plusieurs années ont vieilli et justifient des aménagements ou
même de profondes réformes.
La réouverture des classes dans certaines zones, la refonte des ZEP, la
prévention de la violence en milieu scolaire, la gratuité des
cantines pour les familles les plus démunies, la médecine
scolaire, les mesures prises pour assurer la sécurité des
bâtiments scolaires participent ainsi du souci d'adapter l'école
aux nouvelles caractéristiques de son environnement.
A. LES RÉOUVERTURES ET LES NOUVELLES OUVERTURES DE CLASSES EN MILIEU RURAL ET DANS LES ZONES URBAINES DIFFICILES
1. Le rappel du moratoire de 1993
Dans le cadre du moratoire, instauré en avril 1993,
suspendant la fermeture ou la réduction des services publics en milieu
rural, un processus permettant de maintenir dans une commune la dernière
classe qui aurait dû être fermée au seul regard de ses
effectifs a été engagé.
Depuis 1993, aucune dernière classe d'une commune n'a été
fermée contre la volonté des maires, au seul regard des
effectifs. Le moratoire a été appliqué strictement, y
compris lorsque le nombre d'élèves de la dernière
école à classe unique ouverte dans une commune était
très faible. C'est ainsi qu'ont pu être maintenues aux
rentrées scolaires :
- 1993-1994 : 180 écoles à classe unique,
- 1994-1995 : 320 écoles à classe unique,
- 1995-1996 : 352 écoles à classe unique,
- 1996-1997 : 401 écoles à classe unique.
Lors de la préparation de la rentrée scolaire 1997-1998, le
moratoire a été reconduit, pour la cinquième année
consécutive : fin juin 1997, plus de 400 écoles à classe
unique, qui auraient dû être fermées compte tenu de leurs
faibles effectifs, ont pu être maintenues par les inspecteurs
d'académie.
2. Le maintien des classes à la rentrée 1997
La tendance actuelle au maintien des classes devrait se
poursuivre, malgré une baisse de 36.200 élèves attendue au
niveau préélémentaire. Cette baisse devrait être en
partie compensée par l'augmentation du taux de scolarisation à
deux ans. Dans l'enseignement élémentaire, les effectifs
diminuent (- 20.800 élèves) ainsi que dans
l'enseignement spécial (- 2.200 élèves).
Des postes supplémentaires auxquels s'ajoutent des réserves
dégagées localement ont permis de rouvrir des classes qui
auraient été fermées au seul regard de critères
techniques. Ces réouvertures interviennent dans les zones
d'éducation prioritaires et les quartiers en grande difficulté
ainsi que dans les écoles rurales qui ont fait des efforts de
regroupement pédagogique et d'équipement.
D'après le bilan établi par la ministre
déléguée à l'enseignement scolaire à la fin
du mois de septembre dernier, le nombre définitif des ouvertures et des
réouvertures de classes est le suivant :
- 1.262 classes ouvertes ou rouvertes, soit 394 classes maternelles et
868 classes élémentaires ;
- sur ce total, on décompte 447 réouvertures et 815 nouvelles
ouvertures.
3. La localisation des ouvertures et des réouvertures de classes
En maternelle, 112 classes ont été ouvertes ou
rouvertes en zones rurales, 114 en zones urbaines difficiles et 168 ailleurs.
Au niveau élémentaire, 307 classes l'ont été en
zones rurales, 214 en zones urbaines difficiles et 347 ailleurs.
S'agissant des académies bénéficiaires, celle de Creil
arrive en tête avec 109 classes, puis Lille (104), Rennes (87), Lyon
(85), Toulouse (74), Grenoble (73), tandis que Paris et la Corse ne
bénéficient respectivement que de 14 et de 3 ouvertures ou
réouvertures de classes.
D'après les indications fournies par la ministre
déléguée à la commission, les réouvertures
de classes ont été décidées en fonction de
critères qualitatifs et non arithmétiques en privilégiant
les zones rurales et les zones urbaines difficiles.
En fait, les inspecteurs d'académie ont recensé les besoins en
tenant compte des écoles rurales qui ont fait des efforts de
regroupement pédagogique et d'équipement et des classes
situées en zone urbaine prioritaire, difficile ou sensible.
Un classement en cinq groupes de départements, du plus urbain au plus
rural, a été ensuite utilisé ainsi qu'une grille de
critères sociaux et scolaires tenant compte de l'origine sociale des
élèves, du taux de chômage, de la proportion de
bénéficiaires du RMI, de la concentration des handicaps scolaires.
B.
BILAN DES RÉOUVERTURES DE CLASSES À LA FIN DU
MOIS DE SEPTEMBRE 1997 (FRANCE MÉTROPOLITAINE)
Classes maternelles en zones rurales et en zones urbaines difficiles |
Autres |
Total |
Classes élémentaires en zones rurales et en zones urbaines difficiles |
Autres |
Total |
Total |
|||||
en zones rurales |
en zones urbaines |
Total |
classes maternelles |
classes maternelles |
en zones rurales |
en zones urbaines difficiles |
Total |
classes élémentaires |
classes élémentaires |
général |
|
Nombre de classes rouvertes alors que la décision de fermeture avait été prise et nombre d'ouvertures nouvelles |
112 |
114 |
226 |
168 |
394 |
307 |
214 |
521 |
347 |
868 |
1 262 |
LES RÉOUVERTURES DE CLASSES PAR ACADÉMIE
Académies |
Classes rouvertes |
Ouvertures nouvelles |
Total |
Aix-Marseille |
12 |
44 |
56 |
Amiens |
12 |
17 |
29 |
Besançon |
8 |
16 |
24 |
Bordeaux |
12 |
45 |
57 |
Caen |
12 |
28 |
40 |
Clermont-Ferrand |
18 |
3 |
21 |
Corse |
0 |
3 |
21 |
Créteil |
47 |
62 |
109 |
Dijon |
20 |
23 |
43 |
Grenoble |
10 |
63 |
73 |
Lille |
43 |
61 |
104 |
Limoges |
13 |
17 |
30 |
Lyon |
35 |
50 |
85 |
Montpellier |
11 |
50 |
61 |
Nancy-Metz |
35 |
37 |
72 |
Nantes |
18 |
27 |
45 |
Nice |
3 |
21 |
24 |
Orléans-Tours |
18 |
36 |
54 |
Paris |
2 |
12 |
14 |
Poitiers |
17 |
14 |
31 |
Reims |
15 |
15 |
30 |
Rennes |
16 |
71 |
87 |
Rouen |
12 |
7 |
19 |
Strasbourg |
9 |
11 |
20 |
Toulouse |
22 |
52 |
74 |
Versailles |
22 |
35 |
57 |
Total |
447 |
815 |
1 262 |
4. Les moyens utilisés
Les réouvertures de classes ont été assurées en utilisant 300 postes nouveaux, en redéployant 687 postes de remplacement, en recourant à 100 postes de " réserve ministérielle traditionnellement constituée pour faire face à des besoins imprévus et à 175 postes de " réserve académique ".
5. La perspective d'une modification des procédures d'élaboration de la carte scolaire
Afin de rendre la procédure d'élaboration de la
carte scolaire plus transparente et d'y associer les parents, les enseignants,
les élus et les responsables de la vie locale, le ministère a
décidé de créer des cellules de concertation
décentralisées au niveau des communes et regroupements de
communes, des quartiers et des cantons.
La ministre déléguée a précisé devant la
commission que les comités locaux de la carte scolaire devraient
être prochainement mis en place tandis qu'une plus grande
stabilité des structures scolaires des petites communes sera
recherchée par le biais d'engagements pluriannuels.
B. LA REFONTE DES ZEP
1. Un dispositif regroupant près de 1,2 million d'élèves
Créées il y a quinze ans et consacrées
par la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 pour " donner plus
à ceux qui ont le moins ", les quelque 550 zones d'éducation
prioritaire sont réparties sur l'ensemble du territoire et scolarisaient
près de 10 % des élèves à la rentrée
1995, soit 1,178 million de jeunes.
Cette démarche " inégalitaire " a été
retenue dans un but d'équité pour donner à la fois des
moyens supplémentaires et des avantages pédagogiques aux
établissements concernés (renforcement de la présence
d'adultes, amélioration des conditions d'enseignement, reconnaissance
des sujétions particulières des personnels).
L'origine sociale des élèves et la concentration de publics
défavorisés sur le plan économique, social et culturel
constituent autant d'éléments justifiant la création d'une
ZEP.
Les ZEP regroupent pour la plupart d'entre elles des écoles, des
collèges et parfois des lycées et sont ouvertes sur leur
environnement (services municipaux, associations périscolaires et
sociales, familles).
Les effectifs d'élèves scolarisés en ZEP se
répartissent ainsi qu'il suit :
- 730.000 élèves dans 5.318 écoles ;
- 380.000 élèves dans 724 collèges ;
- 41.000 élèves dans 106 lycées professionnels ;
- 28.000 élèves dans 37 lycées.
Ces effectifs sont inégalement répartis : si les
élèves en ZEP ne représentent que 4,9 % des
élèves des collèges ruraux, cette proportion atteint
24 % dans les villes de plus de 100.000 habitants.
Ce pourcentage varie également selon les régions : si
l'académie de Clermont-Ferrand ne compte que 5,5 % de ses
collégiens en ZEP, celle de Rouen en dénombre 26,4 %.
2. Le dispositif indemnitaire des personnels de ZEP
Ce dispositif comporte trois éléments :
a) L'indemnité de sujétions spéciales dite de ZEP
Prévue par le plan de revalorisation de la fonction
enseignante, une indemnité dite de sujétions spéciales a
été instituée depuis le 1er septembre 1990 en faveur
des enseignants exerçant dans des ZEP et, depuis le 1er janvier
1991, pour les personnels de direction.
A l'origine, en bénéficiaient les personnels enseignants des
écoles, collèges, lycées (y compris les lycées
professionnels) et établissements d'éducation spéciale
ainsi que les personnels d'éducation et de documentation dès lors
que l'école ou l'établissement d'exercice était
situé dans une zone prioritaire ou dans un établissement
sensible, qu'ils soient titulaires ou non.
Depuis le 1er août 1993, les personnels enseignants, d'éducation
et de documentation titulaires affectés en établissements
sensibles ont vu cette indemnité remplacée par une nouvelle
bonification indiciaire.
Le taux de l'indemnité de sujétions spéciales ZEP est
indexé sur la valeur du point de la fonction publique et est fixé
depuis le 1er mars 1997 à 6.741 francs. Les dotations concernent
37.850 personnes dans le premier degré et 38.548 dans le second
degré.
b) La part modulable de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves
Cette indemnité comprend une part fixe versée à tous les enseignants du second degré et une part modulable (dont le montant varie entre 5.220 francs et 8.217 francs selon les classes) allouée aux enseignants qui exercent les fonctions de professeur principal. Dans les établissements sensibles, classés ou non en ZEP, cette part modulable peut être servie à deux enseignants par division, alors que dans les autres établissements, une seule part modulable est perçue par division.
c) La nouvelle bonification indiciaire
Les personnels enseignants, d'éducation et de
documentation titulaires exerçant l'intégralité de leurs
obligations de service dans un établissement sensible ou classé
en ZEP bénéficient d'une nouvelle bonification indiciaire de
30 points.
Les personnels ATOS et de santé bénéficient, pour leur
part, d'une nouvelle bonification indiciaire de 10 points lorsqu'ils sont
affectés dans un établissement situé en ZEP et de 20
points lorsqu'ils sont en établissement sensible.
Enfin, une nouvelle bonification indiciaire de 8 points est servie aux
assistantes sociales dès lors que leur secteur d'intervention comprend
au moins un établissement situé en ZEP ou en établissement
sensible.
3. La réforme des ZEP : le rapport des inspections générales1( * )
Il convient d'abord de souligner que le rapport ne
préconise pas une augmentation du nombre des ZEP et envisage même
des sorties d'établissements du dispositif en fonction de
critères sociaux.
Les auteurs du rapport proposent que la définition des zones puisse
être révisée régulièrement et que les
lycées qui accueillent des collégiens de ZEP informent
systématiquement les principaux de collège du devenir scolaire de
ces élèves : en cas de " décrochage ", des sas
devraient leur offrir des études encadrées ou un retour au
collège.
Au lieu d'envisager un allégement des programmes, les rapporteurs
estiment que l'approche pédagogique dans ces établissements
devrait permettre d'y maintenir un haut degré d'exigence.
Le rapport demande également une plus grande lisibilité et un
meilleur suivi de l'utilisation des moyens attribués aux ZEP.
Outre une valorisation des bons enseignants, les auteurs évoquent la
possibilité d'un ralentissement de carrière et un
déplacement pour les autres et expriment le voeu que les nominations
provisoires dans les ZEP soient aussi réduites que possible.
Ils préconisent également le recrutement des responsables sur des
postes à profil, une gestion individualisée de ces postes et une
clause de durée maximum dans une même zone pour les fonctions de
responsabilité.
Ils suggèrent aussi d'engager une réflexion sur les
mécanismes d'apprentissage et le développement des centres de
ressources pour sortir les ZEP de leur isolement.
Au total le rapport privilégie une meilleure reconnaissance du travail
des enseignants, un pilotage renforcé et une réduction de la
taille des zones d'éducation prioritaire.
4. Les propositions du gouvernement
S'inscrivant dans les perspectives des conclusions du rapport des inspections générales, les propositions du gouvernement pour les ZEP s'ordonneraient autour de trois axes prioritaires sans modifier leur principe fondateur de discrimination positive.
a) La reconnaissance du travail des personnels
Cette reconnaissance passerait par un repérage des
enseignants les plus efficaces qui bénéficieraient d'une
accélération de carrière, d'un congé sabbatique ou
d'une autre forme de compensation, le système actuel d'évaluation
ne fournissant pas de critères permettant de repérer ces
enseignants.
L'amélioration des carrières bénéficierait
également aux chefs d'établissement et directeurs d'école,
ces derniers devant être davantage déchargés de leur
classe.
Des ZEP à taille humaine seraient en outre redéfinies et leurs
contours seraient révisés régulièrement, ce qui
suppose la création d'un échelon national de gestion de la
politique de ces zones au niveau de l'administration centrale et
l'établissement de tableaux de bord pour permettre aux recteurs de
suivre l'évolution des ZEP, et notamment des moins performantes.
b) Les relations avec les familles
Le développement de relations avec les familles
passerait par une utilisation de médiateurs, le lancement d'une campagne
sur la représentation des parents au sein de l'école et
l'extension de la scolarisation à deux ans, celle-ci permettant
d'assurer une " transition douce " entre la crèche et
l'école.
Un plan de rattrapage pour la scolarisation des enfants de deux ans devrait
être préparé et des contrats de réussite
centrés sur les apprentissages, en particulier ceux qui touchent
l'acquisition des langages et la lecture, devraient être proposés.
c) Le décloisonnement des ZEP
Afin d'éviter la ségrégation des populations scolaires dans les établissements, le gouvernement préconiserait enfin le renforcement des liens pédagogiques entre les écoles et les collèges et une évolution des ZEP vers des réseaux d'éducation prioritaire.
d) Le calendrier et les moyens budgétaires de la réforme
D'après les indications fournies à la
commission, le dispositif de revitalisation des ZEP devrait être
opérationnel et la révision de la carte des ZEP intervenir
à la rentrée 1998 après concertation avec les élus
et les acteurs de terrain.
La ministre déléguée a par ailleurs indiqué que les
moyens supplémentaires prévus dans le projet de budget pour 1998
seront engagés prioritairement en ZEP, qu'il s'agisse de l'affectation
des 1.320 postes de personnels non enseignants (infirmières, assistantes
sociales, conseillers d'éducation), de l'augmentation des crédits
pédagogiques de 17,6 millions de francs et de l'affectation des
crédits du fonds social pour les cantines (250 millions de francs)
qui bénéficieront aux enfants des familles les plus
défavorisées.
5. Les réserves exprimées à l'égard de cette réforme
Outre ces trois orientations, un recentrage sur les savoirs
fondamentaux consistant à alléger de manière drastique les
programmes de collège a été évoqué :
ces enseignements pourraient être dispensés par des professeurs
polyvalents s'appuyant sur les manuels de référence en sciences
et humanités tels que ceux qui ont été
élaborés par le conseil national des programmes.
Certains craignent que cette approche préfigure une réforme plus
générale du collège, considèrent qu'une baisse de
l'exigence pédagogique ne constitue pas une réponse aux
problèmes des élèves des ZEP et s'interrogent sur la
pertinence d'un traitement particulier de la politique des personnels dans ces
zones qui s'opposerait à leur nécessaire renouvellement.
6. Les observations de votre commission
Une délégation de la commission a
effectué un déplacement le 16 octobre dernier à
Chanteloup-les-Vignes pour examiner les réponses apportées par un
collège classé ZEP et zone sensible aux difficultés des
élèves.
Le collège Magellan accueille en effet environ 400 élèves
de milieux sociaux variés et le plus souvent
défavorisés : 32 nationalités d'Afrique, du Maghreb
et d'Asie y sont représentées et une grande partie des familles
des élèves, souvent monoparentales, sont au chômage
La délégation de la commission a été frappée
par le dynamisme et la jeunesse de l'équipe éducative et de
direction ainsi que par la relative stabilité des enseignants.
Elle a pu constater la diversité et la richesse des actions et des
projets programmés par l'établissement qui nécessitent
cependant un fort encadrement des élèves et en conséquence
un abaissement des effectifs par classe.
Elle a noté que les priorités du projet d'établissement
consistent à apporter une aide aux élèves pour
créer un système de valeurs, à utiliser largement
l'informatique notamment dans le cadre des cours de mathématiques et de
technologie, à lutter contre la violence et à développer
le respect des règles notamment par la pratique du sport, à
s'ouvrir sur l'extérieur en préparant les jeunes à quitter
leur quartier, à établir des contacts avec les entreprises pour
améliorer l'orientation des élèves et à
développer le soutien scolaire.
Il reste que cet équilibre qui résulte du dynamisme et de
l'investissement de l'équipe éducative et de direction reste
fragile et suppose un surencadrement des élèves, une certaine
autonomie des enseignants par rapport aux exigences pédagogiques
officielles, et aussi une formation spécifique pour aider ces derniers
à affronter des difficultés auxquelles ils ne sont actuellement
pas préparés.
C. LA PRÉVENTION DE LA VIOLENCE DANS LES ÉTABLISSEMENTS
1. La montée du phénomène
Tous les rapports publiés depuis plusieurs
années montrent que la violence à l'école est en
augmentation constante, notamment au collège, au point que l'on peut se
demander si cette violence n'est pas en train de se banaliser. Si ce
phénomène n'est pas nouveau, il a pris depuis les années
90, en partie du fait de sa forte médiatisation, une ampleur nouvelle.
D'après une enquête de 1995 de l'Inspection générale
portant sur un peu moins de 3.000 établissements, près de la
moitié des lycées et collèges seraient concernés
par la violence et ce pourcentage passerait à 72 % pour les
établissements classés en ZEP et en zone sensible.
Les établissements seraient inégalement concernés selon
leur implantation : 81 % en banlieue parisienne, 70 % dans la
périphérie des grandes villes, 45 % dans les grandes villes
et 32 % en milieu rural.
Ces chiffres ne constituent cependant que la partie visible de la violence et
ne visent que des faits qui ont donné lieu à des plaintes et
à des enquêtes.
Cette violence est en progression rapide : l'observatoire de la violence
de Seine-Saint-Denis a noté en un an une augmentation de 70 % du
nombre des incidents et des délits dans les écoles, surtout des
agressions verbales et sans armes mais aussi des vols, trafics, rackets,
atteintes aux biens, incendies, violences sexuelles, et a constaté une
augmentation sensible du port d'armes par les élèves.
Cette violence affecte aussi bien les professeurs et les membres de
l'administration que les élèves et emprunte les formes les plus
diverses, notamment des comportements que l'on peut ranger sous le vocable
générique d'" incivilités " qui perturbent,
voire sont incompatibles avec un enseignement normal.
Il faut déplorer un certain renoncement dans la manière de
prévenir cette violence, en dépit des plans de prévention
annoncés depuis plusieurs années.
Le dernier en date est ainsi resté largement lettre morte qu'il s'agisse
de la réduction de la taille des établissements, de la
création de postes de médiateurs, et de la mise en place du fonds
d'assurance pour les enseignants.
A ce stade de gravité, force est de reconnaître que l'école
n'est plus égale pour tous, que les écoles des riches coexistent
avec celles des pauvres, celles des villes avec celles des banlieues, celles
qui intègrent avec celles qui excluent : l'égalitarisme
républicain est ainsi battu en brèche en matière scolaire
et la lutte contre la violence et l'insécurité à
l'école impose d'aider des établissements plus que d'autres.
C'était la philosophie qui a présidé à la
création des ZEP en 1982.
L'étude la plus récente
2(
*
)
consacrée aux violences scolaires, qui a été
publiée en septembre 1997 par la DEP en collaboration avec l'Institut
des hautes études de la sécurité intérieure
(IHESI), s'efforce de préciser les divers éléments de
cette réalité.
S'agissant des victimes, les plus touchés seraient d'abord les
enseignants, surtout des hommes âgés de 50 à 60 ans
enseignant en milieu urbain ou en ZEP, et ensuite les élèves,
souvent les plus jeunes ou enfants de parents étrangers ou
divorcés.
Si les violences à l'égard des personnels éducatifs ont
décru entre 1994 et 1995, les coups et blessures entre
élèves ont augmenté, tout comme le racket, les attentats
aux moeurs ou les dégradations volontaires dans les
établissements.
Plus du quart des nouveaux enseignants consultés déclarent leur
établissement confronté à la violence, cette proportion
passant à 39 % en collège et 40 % en lycée
professionnel.
Un conseiller d'éducation sur cinq se dit confronté tous les
jours à un problème d'agression entre élèves, un
sur dix déclare gérer quotidiennement des problèmes de vol
et de détérioration de matériel et même
l'école élémentaire n'est pas épargnée par
certains comportements (grossièretés, bousculades, injures...).
L'étude dénonce également les agressions les plus
courantes et les plus insidieuses, qualifiées de " symptômes
à bas bruit ", c'est-à-dire des faits qui
révèlent un malaise, et créent un mauvais climat dans les
établissements (absentéisme, usage de drogue, insolences envers
les personnels, indifférence grandissante à l'égard des
matières enseignées...).
2. Le nouveau plan de prévention de la violence
Après une phase d'étude réunissant des
représentants des syndicats d'enseignants, des parents
d'élèves, des chercheurs et des spécialistes, le nouveau
plan de prévention de la violence à l'école devait
s'ordonner autour d'un volet sécurité et d'un volet
pédagogique.
Les ministres en charge de l'éducation nationale ont indiqué
qu'ils concentreraient leur action, qui s'ajoute aux mesures déjà
en vigueur contre la violence, sur des " sites " sensibles
où
des moyens supplémentaires, notamment humains, seront implantés.
Ainsi, les 10.000 " aides éducateurs " (sur les 40.000 du
plan
emplois-jeunes) qui seront affectés en collèges le seront
systématiquement dans les établissements difficiles connaissant
des problèmes de violence. Ils devraient y remplir des fonctions
sensiblement analogues à celles des jeunes appelés qui depuis
1995 y occupaient des fonctions d'animation.
Les " sites " choisis seront établis sur proposition des
recteurs en utilisant des indicateurs de violence du ministère de
l'intérieur. Ils intégreront les écoles primaires, les
collèges et les lycées professionnels. Ils
bénéficieront de postes supplémentaires en personnels
d'éducation et de santé, la prévention de la violence
passant aussi par une écoute des jeunes et des personnels et une prise
en compte de la lutte contre la détresse qu'elle soit financière,
physique ou psychologique.
Le dispositif qui sera expérimenté notamment dans la
région lyonnaise, en Seine-Saint-Denis et dans les quartiers Nord de
Marseille sera soumis à une évaluation. Il s'appuiera sur des
projets selon une procédure contractuelle pilotée par les chefs
d'établissement.
Il devrait prendre en compte l'environnement des établissements
notamment les familles et les associations périscolaires et
responsabiliser au maximum les élèves.
Parallèlement, une semaine nationale d'information et de mobilisation
sur le thème " élèves citoyens dans une école
sûre et efficace " devrait être organisée à la
fin du mois de novembre.
Présenté le 5 novembre 1997 par les divers ministres
concernés, le plan antiviolence sera expérimenté sur neuf
sites incluant 412 collèges et lycées ainsi que leur
réseau d'écoles primaires et devrait concerner
690.000 élèves.
Renforçant la présence des 4.700 appelés du contingent
encore en place dans les ZEP, 3.050 adultes, pour l'essentiel des
emplois-jeunes seront affectés sur ces neuf sites tandis que 8.250
adjoints de sécurité se consacreront aux tâches de
surveillance à la sortie des établissements. Le ministre
chargé de l'éducation nationale a précisé en outre
que la réforme du mouvement devrait permettre de personnaliser le
recrutement des enseignants dans les établissements sensibles en
privilégiant l'évolution de leur carrière.
Par ailleurs, la coopération avec la justice, la police et la
gendarmerie sera renforcée par le biais des contrats locaux de
sécurité, tandis que les peines pour les délits commis
dans l'enceinte ou aux abords des établissements seront alourdies et que
des structures seront créées pour les jeunes qui rejettent
totalement l'institution scolaire.
Ce plan devrait faire l'objet d'une évaluation après un an de
fonctionnement et avant le lancement de la deuxième phase.
3. La lutte contre la pédophilie
La circulaire sur la pédophilie et les violences
sexuelles envers les mineurs a été publiée le
4 septembre 1997.
Rappelant que les violences sexuelles concernent près d'un enfant sur
dix, que 90 % de ces violences sont le fait d'un proche et que l'agresseur
dans 10 % des cas est une personne ayant autorité sur le mineur,
tel un éducateur, la circulaire souligne qu'il appartient à la
communauté scolaire de redoubler de vigilance dans le double souci de la
protection de l'enfant et de la présomption d'innocence de la personne
mise en cause.
Le texte définit strictement la conduit à tenir face à des
cas avérés ou non de pédophilie ; lorsque les
accusations sont précises et circonstanciées, les enseignants et
chefs d'établissement doivent aviser immédiatement le procureur
de la République. En cas de rumeurs ou de témoignages indirects,
il revient au rectorat et à l'inspection académique de
décider des mesures à prendre.
Sont précisées en outre les modalités de l'assistance
morale, matérielle et psychologique à apporter à l'enfant,
à sa famille et à la communauté éducative.
Enfin, la coordination entre l'éducation et la justice et l'application
de la circulaire à l'enseignement privé font l'objet de
dispositions particulières.
4. La répression du bizutage
a) La circulaire
Dans une circulaire du 12 septembre 1997 destinée
aux recteurs, inspecteurs d'académie, proviseurs de lycée,
directeurs de grandes écoles et présidents d'université,
le ministère rappelle qu'en l'état actuel du droit, les pratiques
de bizutage sont le plus souvent qualifiées de violences ou d'agressions
sexuelles encourant les peines prévues au code pénal.
Le texte précise qu'il appartient à tous les personnels de
l'éducation nationale d'aviser sans délai le procureur de la
République des faits de bizutage portés à leur
connaissance et que tout manquement à cette obligation légale les
exposerait à être poursuivis en justice et à faire l'objet
de poursuites disciplinaires.
b) Le projet de loi
L'article 10 du projet de loi relatif à la
prévention et à la répression des infractions sexuelles
ainsi qu'à la protection des mineurs vise les atteintes à la
dignité de la personne commises en milieu scolaire ou
éducatif : celles-ci seraient punies de six mois d'emprisonnement
et de 50.000 francs d'amende, ces peines étant doublées lorsque
l'infraction est commise sur une personne particulièrement
vulnérable.
Si votre commission admet la réalité du problème
posé par les abus du bizutage, elle se demande si les dispositions
actuelles du code pénal ne permettent pas d'ores et déjà
de réprimer les pratiques abusives et rappelle que les autorités
investies du pouvoir disciplinaire ont la possibilité de saisir le
procureur de la République aux fins de poursuite même en l'absence
de plaintes.
Cette approche a été partagée par le Sénat qui a
supprimé l'article 10 lors de la première lecture du projet
de loi.
D. LA GRATUITÉ DES CANTINES SCOLAIRES POUR LES ÉLÈVES LES PLUS DÉMUNIS
1. Des bourses de collège à l'aide à la scolarité
Depuis le 1er septembre 1994, la gestion des bourses de
collège est transférée au ministère de l'emploi et
de la solidarité qui gère l'aide à la scolarité
créée par la loi du 25 juillet 1994 relative à la
famille. Les critères d'attribution retenus pour l'octroi de cette aide,
versée par les organismes débiteurs des prestations familiales en
remplacement des bourses de collèges, relèvent du régime
des prestations familiales et dépendent exclusivement de la
compétence de ce ministère.
Considérant cependant que les populations les plus
défavorisées devaient être davantage aidées pour
assumer les frais inhérents à la scolarité de leurs
enfants en collège, le gouvernement a prévu la mise en oeuvre de
moyens d'intervention complémentaires.
2. Le fonds social collégien et le fonds social lycéen
Le fonds social collégien
a été
mis en place à compter de la rentrée scolaire 1995 dans les
établissements publics et le 1er janvier 1996 dans les
établissements privés sous contrat d'association.
Ce fonds est destiné à faire face à des situations
difficiles que peuvent connaître certains élèves ou leur
famille pour assumer les dépenses de scolarité ou de vie
scolaire. Ceux-ci peuvent ainsi recevoir une aide exceptionnelle, soit
financière, soit en nature, pour faire face à tout ou partie des
dépenses relatives aux frais d'internat, de demi-pension ou de transport
et de sorties scolaires, à l'achat de vêtements de travail, de
matériel professionnel ou de sport, de manuels ou de fournitures
scolaires.
Au niveau national, les crédits du fonds social collégien sont
répartis entre les académies en fonction de l'effectif des
élèves, pondéré par un ensemble de critères
sociaux.
Au niveau académique, il appartient au recteur de procéder
à la répartition des crédits qui lui sont
délégués entre les établissements publics de
l'académie, en s'inspirant, s'il le juge utile, des critères
retenus au niveau national et en appréciant, selon l'implantation
géographique des établissements et les types d'enseignements
dispensés, quels sont les éléments spécifiques qui
le conduiraient à majorer la dotation de tel ou tel établissement
afin de mieux prendre en compte des situations sociales plus difficiles.
L'instruction de la demande, dans le respect de l'anonymat de
l'élève, et l'attribution de ce type d'aide aux familles
dépendent du chef d'établissement, si l'élève est
scolarisé dans un établissement public, et, conjointement du chef
d'établissement et du recteur, pour les élèves des
collèges de l'enseignement privé sous contrat.
Les crédits affectés au fonds social collégien ont
été portés de 150 millions de francs en 1996 à
180 millions de francs en 1997 et en 1998.
Les dotations budgétaires du
fonds social lycéen
ouvertes
en 1996 et 1997 et celle prévue au projet de loi de finances 1998,
s'élèvent pour leur part à 140 millions de francs.
Les crédits du fonds social lycéen destinés à aider
les lycéens ayant une situation familiale difficile, servent, à
hauteur de 48 % des crédits utilisés, à payer des
frais de demi-pension. Les aides à la restauration accordées sur
le fonds social collégien représentent 76 % de l'ensemble
des aides accordées.
En 1996, le taux de consommation de ces fonds sociaux a été de
80 % des crédits accordés aux établissements.
3. La création du fonds social pour les cantines
Constatant que de nombreuses familles rencontrent des
difficultés financières pour assurer le paiement de la cantine de
leurs enfants dans les collèges et les lycées, le gouvernement a
décidé la création d'un fonds social pour les cantines.
Ce fonds est réparti entre les établissements publics du second
degré en fonction de la situation sociale des élèves
accueillis dans ces établissements.
Il permettra, en affectant directement les aides au paiement des cantines,
d'assurer aux élèves issus des familles les plus
défavorisées, l'accès à la cantine. Il pourra
également être utilisé pour proposer des collations,
notamment des petits déjeuners, lorsque le besoin s'en fait sentir pour
toute la classe.
D'autres partenaires ont engagé des actions en ce domaine ou souhaitent
s'associer à l'Etat dans sa lutte contre les effets de la
pauvreté.
L'Etat leur proposera de mettre en oeuvre une politique de partenariat afin de
coordonner et d'harmoniser leurs actions. Ce partenariat sera organisé
par voie de convention et une collaboration étroite sera
instaurée entre les services de l'Etat et les différents
partenaires pour l'orientation, la mise en oeuvre et le suivi du dispositif.
Au début de chaque année scolaire, les chefs
d'établissements informeront la communauté éducative, les
élèves et leurs familles des modalités d'accès
à ce fonds.
Par décret du 9 juillet 1997, 145 millions de francs ont
été ouverts à titre d'avance au chapitre 43-71
" bourses et secours d'études " afin de procéder
à la mise en oeuvre immédiate du fonds social pour les cantines.
L'abondement de ce chapitre se traduit dans le cadre du projet de budget 1998
par l'inscription d'une mesure nouvelle complémentaire de
250 millions de francs.
Devant votre commission, la ministre déléguée a
précisé que les crédits du fonds social pour les cantines
seront mis à la disposition des établissements même en
l'absence d'engagement des collectivités locales et pourront être
complétés avec les fonds sociaux des collèges et des
lycées.
Les quatre académies les mieux dotées au titre du fonds social
pour les cantines seront celles de Lille (plus de 27 millions de francs),
Créteil (près de 17 millions de francs), Versailles (15
millions de francs) et Aix-Marseille (14,5 millions de francs).
4. Les mesures en faveur de la restauration scolaire
Outre la création du fonds social destiné
à permettre aux familles les plus défavorisées d'inscrire
leurs enfants à la cantine, l'éducation nationale s'est
attachée à remédier à la désaffectation qui
touche les cantines scolaires notamment en aménageant la composition des
menus qui restait fixé par une circulaire de 1971.
La nouvelle circulaire qui devait être prochainement publiée
s'appuie sur un avis du conseil national de l'alimentation et plaide pour une
simplification des mesures favorisant la qualité nutritionnelle
plutôt que la quantité et la mise en place d'une commission de
restauration scolaire dans chaque établissement
bénéficiant des conseils d'une diététicienne.
L'avis du conseil national de l'alimentation préconise également
un paiement au repas, sans majoration de prix, qui se substituerait à
l'actuel paiement forfaitaire trimestriel et qui pourrait à l'avenir
conduire à réexaminer le système actuel de versement de
l'aide à la scolarité dont les imperfections ont
été soulignées depuis plusieurs années par votre
commission.
E. LA MÉDECINE SCOLAIRE
1. Des moyens décevants
Le service de santé scolaire et les service social
scolaire disposent au titre du projet de budget pour 1998 de 9.242 emplois
ventilés ainsi qu'il suit :
- 1.245 médecins ;
- 5.463 infirmières ;
- 2.534 assistantes sociales ;
Ce projet prévoit certes la création de 300 emplois
d'infirmières et de 300 emplois d'assistantes sociales pour
répondre aux attentes des élèves en matière de
prévention et d'assistance ainsi que 21,25 millions de francs, soit
environ 120 équivalents temps plein, pour augmenter le nombre de
vacations de médecins.
2. Un sous-encadrement médical des élèves
Compte tenu des effectifs insuffisants, chaque médecin
scolaire est conduit à prendre en charge 7.600 élèves en
moyenne de la maternelle à la terminale, et jusqu'à 12.000 dans
certains départements défavorisés. En théorie, tous
les enfants en dernière année de maternelle
bénéficient d'une visite médicale mais ceux-ci ne revoient
en moyenne le médecin scolaire qu'en classe de 3e au collège pour
un entretien individuel, soit neuf ans après le premier examen.
Le taux d'encadrement médical moyen est actuellement de un
médecin pour 8.500 élèves en incluant les vacataires alors
que les besoins sont évalués à un pour 3.000.
3. Les observations de la commission
La commission ne peut que déplorer que le projet de
budget ne prévoit la création d'aucun emploi de médecin
scolaire. Elle se demande si le recours aux vacations est de nature à
répondre de manière satisfaisante aux besoins des
élèves en matière de santé. Le rôle des
médecins scolaires ne se limite pas en effet à effectuer des
examens médicaux mais consiste à évaluer les besoins de la
population scolaire, à prendre en compte les pathologies dominantes et
les facteurs de risque prioritaires, ce qui implique d'avoir une bonne
connaissance du système éducatif et d'avoir acquis une formation
initiale spécifique. Plusieurs académies éprouvent en
outre des difficultés à recruter des vacataires du fait de la
précarité de l'emploi et du peu d'attractivité de la
rémunération, ce qui entraîne une rotation rapide des
médecins libéraux concernés qui sont par ailleurs peu
disponibles et peu habitués à une démarche de santé
publique.
Alors que les élèves sont confrontés à des
difficultés de plus en plus aiguës, du fait de la montée de
la précarisation des familles, votre commission ne peut donc que
déplorer la part excessive prise par les médecins vacataires
libéraux (40 %) dans le dispositif de santé de
l'éducation nationale, alors que de nombreux candidats se
présentent au concours de recrutement des médecins
scolaires : 450 inscrits pour 32 postes aux concours externes à la
session de 1997.
F. LES MESURES PRISES POUR ASSURER LA SÉCURITÉ DES BÂTIMENTS SCOLAIRES
1. Les travaux de la commission Schléret et de l'observatoire national de la sécurité des bâtiments scolaires
La commission Schléret a analysé la situation du
patrimoine scolaire en élaborant notamment une échelle de risques
pour la sécurité incendie dans les établissements du
second degré. Ses propositions ont porté principalement sur le
traitement prioritaire de l'ensemble des bâtiments d'internat et des
bâtiments à structure métallique. Sur la base de ces
propositions, les collectivités locales ont programmé des travaux
à partir des priorités qu'elles ont définies.
En outre, a été créé par décret du 6 mai
1995 un observatoire national de la sécurité des
établissements scolaires dont la compétence a été
étendue aux établissements d'enseignement supérieur.
L'observatoire est chargé d'étudier les conditions d'application
des règles de sécurité, l'état des immeubles et des
équipements, dans le respect des compétences des commissions
centrales et locales de sécurité et de l'inspection du travail.
Son premier rapport déposé à la fin de l'année 1996
porte notamment sur la situation des écoles au regard de la
sécurité contre les risques d'incendie, sur l'état
d'avancement de la mise en conformité des machines-outils des ateliers
des lycées avec la réglementation européenne, sur
l'application par les collectivités locales des mesures gouvernementales
concernant les flocages et calorifugeages susceptibles de contenir de l'amiante
et sur les questions relatives aux installations et équipements
nécessaires à la pratique de l'éducation physique et
sportive. Les études qui ont été menées sur les
différents thèmes ont conduit l'observatoire à formuler
des propositions tendant à l'amélioration des conditions de
sécurité dans les établissements d'enseignement.
En 1997, l'activité de l'observatoire a été principalement
consacrée à l'enseignement supérieur et des
réflexions particulières ont été engagées
dans le domaine des risques expérimentaux et des ateliers.
2. La participation financière de l'Etat aux travaux de sécurité
S'agissant des établissements d'enseignement
secondaire, une enveloppe de 12 milliards de francs de prêts
bonifiés sur deux ans, assortie d'une prime d'Etat équivalent
à une bonification de cinq points, et pour les écoles une
enveloppe de 2,5 milliards de francs de subventions sur cinq ans ont
été débloquées à titre exceptionnel, en 1993
et 1994, afin de permettre aux collectivités locales d'engager les
travaux nécessaires à la sécurité des
bâtiments en matière d'incendie.
Pour les établissements d'enseignement secondaire, le montant des primes
déléguées en 1994 au titre de travaux effectivement
réalisés s'est élevé à 362 millions de
francs dont 258 millions de francs pour les collèges et
104 millions de francs pour les lycées. Au titre de 1995,
l'enveloppe ayant fait l'objet d'un report jusqu'au 12 août 1996, le
montant des primes déléguées a été de
550 millions de francs dont 336 millions de francs pour les
collèges et 214 millions de francs pour les lycées.
Pour les écoles, l'enveloppe quinquennale de 2,5 milliards de
francs a été répartie à raison de 500 millions
de francs par an. Sur l'enveloppe de 1994, 402 millions de francs
d'autorisations de programme ont été
déléguées aux préfets. Ces montants se sont
élevés à 124 millions de francs en 1995 et à
178 millions de francs en 1996.
Par ailleurs, afin de soutenir l'effort que doivent fournir les
collectivités locales pour l'application du décret du 7
février 1996 relatif à la protection de la population contre les
risques sanitaires liés à une exposition à l'amiante dans
les immeubles bâtis, le gouvernement a étendu aux écoles,
aux collèges et aux lycées, le dispositif quinquennal de
subventions mis en place pour l'amélioration de la
sécurité des écoles en matière d'incendie qui a
été prorogé jusqu'au 31 décembre 1999. La
circulaire interministérielle du 16 octobre 1996 a fixé les
modalités d'octroi de ces aides dont la première tranche a
été attribuée en 1997.
Les écoles bénéficient d'une participation de l'Etat selon
les mêmes modalités de calcul que pour les autres travaux de
sécurité. En 1997, 179 millions de francs d'autorisations de
programme ont été déléguées aux
préfets dont 20 millions de francs pour l'amiante.
Pour les lycées et les collèges, les travaux sont
financés, à hauteur de 25 % sur une enveloppe globale de
crédits de 500 millions de francs. L'aide financière
susceptible d'être accordée aux établissements
d'enseignement privés pour des travaux de mise en conformité aux
normes de sécurité doit s'effectuer dans le cadre
législatif et jurisprudentiel concernant les investissements.
IV. DE NOUVELLES ORIENTATIONS POUR L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Plusieurs mesures annoncées par les deux ministres en charge de l'enseignement scolaire témoignent également du souci du gouvernement d'engager de nouvelles orientations pour alléger les programmes scolaires, aménager les rythmes éducatifs, développer les technologies nouvelles, diversifier l'apprentissage des langues étrangères et aussi remettre en cause certains aspects du statut des enseignants.
A. UNE RÉORIENTATION DES PROGRAMMES
1. Les indications apportées par les ministres devant la commission
Sur un plan général, un allégement des
programmes sera proposé pour substituer à un enseignement
" extensif " un enseignement intensif, sans doute moins
ambitieux,
mais plus accessible aux élèves.
L'enseignement des sciences dont les programmes se sont de plus en plus
alourdis en raison du caractère évolutif des disciplines devrait
être repensé, alors qu'il reste encore conçu davantage
comme un instrument de sélection que de culture.
Enfin, un enseignement consacré à la morale civique devra
être développé à partir de la dernière
année de maternelle et tout au long de la scolarité.
2. La rénovation des programmes actuellement engagée
a) La simplification des programmes dans le premier degré
Les nouveaux programmes de l'école primaire ont
été conçus pour répondre à un double
souci : simplification et recentrage sur l'essentiel, mise en
cohérence des contenus avec l'organisation de l'école en trois
cycles et avec les compétences de fin de cycle.
Les programmes pour l'école primaire ont été
réécrits et soumis à l'avis de tous les enseignants, lors
d'une consultation nationale sur le projet de programme publié le
1er septembre 1994.
Les observations des maîtres ont conduit à
rééquilibrer les horaires et à procéder à
des allégements significatifs. La pédagogie s'appuie
désormais sur l'expérience propre de l'élève,
l'objectif étant donc de rendre les contenus d'enseignement moins
théoriques.
Par rapport à ceux de 1985, les programmes ont été
modifiés dans chaque discipline pour privilégier l'observation et
l'expérience par rapport à la conceptualisation. Ainsi, dans le
cycle des approfondissements, en éducation civique, " le
système démocratique français " et la partie
" institutions " ont été jugés trop abstrait et
ambitieux pour le cycle des apprentissages fondamentaux : les services
publics sont donc restreints à un exemple et l'administration de la vie
locale, à la commune et au maire.
b) La rénovation des programmes dans le second degré
La réforme des programmes du collège constitue
un des aspects de la rénovation en cours et s'appuie sur la mise en
valeur de l'essentiel, sur la prise en compte des
complémentarités entre les disciplines et sur la rédaction
des contenus d'enseignement qui rendent ceux-ci accessibles, non seulement aux
professeurs de la discipline, mais aussi aux autres enseignants et aux parents
d'élèves.
Cette réforme vise différents objectifs et notamment :
- la maîtrise de la langue et l'éducation à la
citoyenneté ;
- les possibilités pour les enseignants de prendre en compte les
différences de rythmes et de modes d'apprentissage des
élèves. C'est pourquoi, les programmes sont prévus pour
80 % de l'horaire disponible.
3. Le développement de l'éducation civique
a) Dans l'enseignement élémentaire
A l'école primaire, l'éducation civique
bénéficie d'un horaire de quatre heures hebdomadaires
groupé avec celui de la " découverte du monde ",
c'est-à-dire l'histoire, la géographie, les sciences et la
technologie.
La réhabilitation de l'éducation civique, la rénovation de
ses enseignements et, par conséquent, la lutte contre
l'intolérance et la violence, constituent une des principales
orientations des nouveaux programmes de l'école primaire :
l'éducation civique doit assurer une véritable éducation
de la personne et du citoyen reposant sur une morale de la
responsabilité.
Face aux phénomènes de violence, l'école peut intervenir,
à titre préventif, en donnant des repères aux
élèves. Tout en précisant les notions essentielles sur les
institutions de la République, les programmes mettent l'accent sur le
respect des autres et des règles de la vie en commun.
A l'école maternelle, les enfants apprennent à " vivre
ensemble ", " à accepter et à respecter les
règles de la vie en société ", à
découvrir progressivement leur " métier
d'écolier ".
Dans le cycle des apprentissages fondamentaux, il s'agit de faire prendre
conscience des normes de la vie commune dans la classe et dans l'école.
Est également mentionné le respect du bien commun et du cadre de
vie et sont abordées l'éducation à la santé et
l'éducation à la consommation. Quelques éléments
essentiels de la vie civique sont évoqués : la
République et ses symboles, le président de la République.
Dans le cycle des approfondissements, les principes fondamentaux d'une morale
civique sont appréhendés à partir de l'analyse de faits de
la vie quotidienne et doivent imprégner toutes les activités de
l'école.
La connaissance des institutions est abordée à travers quelques
exemples tels que l'élaboration et le rôle de la loi, la justice,
le système démocratique français, la protection des
personnes, la protection sociale et la solidarité, la liberté
d'expression.
Dans le premier degré, l'analyse de situations vécues a pour
objet de favoriser l'émergence d'une citoyenneté qui encourage
les élèves à la responsabilité et à la
solidarité.
Dès la maternelle et tout au long de la scolarité, une inflexion
sera donnée pour que l'acquisition des connaissances relatives aux
institutions et à la vie démocratique viennent épauler
l'instruction et la morale civique.
A partir de la rentrée 1997, les premières instructions
pédagogiques nécessaires à cette orientation nouvelle de
l'éducation civique ont été communiquées aux
enseignants.
b) Au collège
Au collège, l'éducation civique répond
à plusieurs finalités : l'éducation aux droits de
l'homme et à la citoyenneté, la connaissance des institutions et
des lois, l'éducation au sens des responsabilités individuelles
et collectives, l'éducation au jugement.
En classe de sixième, une demi-heure hebdomadaire est prévue dans
le service des professeurs d'histoire-géographie, mais cet enseignement
est également de la responsabilité de l'ensemble de
l'équipe éducative.
L'horaire proposé pour le cycle central constitue un ensemble
" histoire-géographie-éducation civique " compris entre
trois et quatre heures hebdomadaires.
En classe de cinquième, la lutte contre les discriminations permet
d'appréhender le principe d'égalité. Les concepts de
solidarité et de sécurité sont étudiés
à partir d'exemples dans le cadre de la société et dans un
cadre de proximité. La connaissance des risques majeurs et l'examen des
problèmes de santé sont également abordés.
En classe de quatrième, différents droits sont
présentés et leur sens est explicité en relation avec les
libertés fondamentales. L'étude de la justice doit aussi conduire
les élèves à réfléchir à la place du
droit dans la vie sociale.
Enfin, l'étude de la défense des droits de l'homme en Europe
devrait permettre d'appréhender les fondements d'une citoyenneté
européenne. Les documents de référence proposés
à l'appui du programme sont les suivants : Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen de 1789, Déclaration universelle des
droits de l'homme de 1948, Constitution de 1958.
c) Au lycée
Au lycée, l'éducation civique ne fait pas l'objet d'un enseignement spécifique mais ses objectifs sont poursuivis à travers l'ensemble des disciplines, notamment, l'histoire et la géographie, les sciences de la vie et de la terre et la philosophie. Un module d'éducation à la citoyenneté sera introduit en classe de première à la rentrée de 1998, confié aux professeurs de philosophie, et s'appuiera sur l'histoire de la conquête de la démocratie. Dans cette perspective, le ministre a indiqué que les futurs enseignants devront passer une épreuve de morale civique dans les IUFM et que l'enseignement de l'histoire sera rénové.
4. Le projet d'ouvrage unique couvrant le champ de toutes les disciplines
La réflexion menée a mis en évidence l'ambiguïté de la place et de la fonction du manuel dans la classe et dans le travail personnel de l'élève. Si les contenus à inscrire dans un tel manuel ont pu être aisément cernés, la question du moment où il conviendrait de le donner aux collégiens est restée sans véritable réponse : en début de sixième, il pourrait devenir progressivement l'outil de travail privilégié des élèves ; en fin de 3e, il serait l'aboutissement de la scolarité obligatoire et donc le recueil des savoirs à partager par toute une classe d'âge.
5. La réforme annoncée de l'apprentissage de la lecture
a) Un constat inquiétant
Répondant à une déclaration du
président du conseil national des programmes qui estimait que 40 %
des enfants ne savaient pas lire, la ministre déléguée a
indiqué que l'estimation la plus crédible évaluait entre
10 et 20 % la proportion des élèves entrant en 6e qui
rencontrent des difficultés de compréhension.
Une étude de 1996 fondée sur les tests de lecture du service
national établit un bilan de l'illétrisme : 18,5 % des
appelés se situeraient en deçà du seuil de la lecture d'un
texte approfondi et parmi cette population non diplômée, 6 %
des jeunes n'auraient pas accès à l'écrit, 8 % ne
sauraient lire que des mots isolés, 14 % que des phrases
isolées et 22 % ne seraient capables que d'une lecture
superficielle de textes.
D'après une autre étude publiée le 10 septembre 1997
par l'INSEE, 10 % des jeunes hommes d'une classe d'âge ont des
problèmes de base en lecture. Chargé d'une mission sur ce
thème par le président de la République, M. Alain
Bentolila dénonce l'absence de politique cohérente contre
l'illétrisme, relève l'incapacité du système
scolaire à récupérer les élèves en grande
difficulté et évalue à 10 % les élèves
de CM2 en profonde détresse.
b) Les initiatives pédagogiques récentes
La maîtrise de la langue constitue une priorité
de l'action éducative depuis 1990 et celle-ci a été
réaffirmée en 1995 dans les nouveaux programmes pour
l'école primaire.
Ceux-ci mettent l'accent sur l'acquisition d'une bonne maîtrise de la
langue orale et écrite durant le déroulement de la
scolarité primaire.
- Afin de renforcer la continuité de l'action des enseignants et de
multiplier les échanges, des
coordinateurs " maîtrise de
la langue "
ont été désignés dans chaque
département durant l'année scolaire 1996-1997 ; avec l'appui
des inspecteurs d'académie, ces coordinateurs développent des
projets, valorisent les réussites et concourent aux actions de formation
et d'information.
- Pour favoriser le travail des enseignants, des outils ont été
élaborés :
le répertoire des
" 1001 livres pour les écoles
",
tiré à 125.000 exemplaires, a été, à la
fin de l'année scolaire 1996-1997, adressé gratuitement dans
toutes les écoles et aux responsables de la formation initiale et
continue. Il constitue un outil pédagogique qui permettra d'aider les
maîtres dans le choix des fonds de livres, dans l'élaboration de
projet de lecture ou de modalités d'apprentissage de la langue en classe
ou en bibliothèque.
- Le
Cédérom sur la pédagogie de la lecture
est une
base de données facilitant l'accès aux informations et
établissant des relations entre les pratiques, les savoirs et leur
contexte historique et documentaire. Il présente des expériences
innovantes, des références documentaires ainsi que les textes
officiels de 1791 à 1995.
Le service sur Internet "
Pédagogie de la lecture à
l'école
", destiné à compléter le
Cédérom, a été ouvert à titre
expérimental en mai 1997.
-
L'observatoire national de la lecture
est chargé de recueillir
et d'analyser les données sur les pratiques pédagogiques en
s'appuyant sur les travaux des chercheurs. Les thèmes de
réflexion porteront durant l'année scolaire sur une analyse des
manuels de lecture et des ouvrages de littérature de jeunesse pour un
apprentissage de la lecture au cycle II, ainsi que sur la formation des
formateurs.
- La formation initiale et continue
représente un autre outil
essentiel pour soutenir l'action des maîtres, compte tenu de ses
incidences sur leurs pratiques pédagogiques et sur la réussite
des élèves. C'est pourquoi le plan national de formation
comporte, pour l'année scolaire 1997-1998, 30 % de stages
consacrés à la maîtrise de la langue orale et écrite.
c) Vers de nouvelles orientations en faveur de la lecture
Rappelant que l'apprentissage du langage et de la lecture
constituait un objectif fondamental de l'école primaire et de
l'égalité des chances, la ministre déléguée
à l'enseignement scolaire a notamment indiqué que les maternelles
doivent être le premier lieu d'initiation, et en particulier la classe de
grande section qui doit avoir des objectifs de vraie préparation
à l'entrée en CP.
Souhaitant que les évaluations périodiques des
élèves soient utilisées comme moyens de dépistage,
elle a estimé que le débat sur la technique de la lecture
était moins important que la recherche d'une approche plus ludique de
l'apprentissage et que la définition d'itinéraires
individualisés.
Elle a également rappelé que l'usage du multimédia rendait
encore plus indispensable l'apprentissage de la lecture.
Un colloque international centré sur les inégalités devant
la lecture devrait être organisé au début de 1998 avant que
le gouvernement fixe ses nouvelles orientations.
6. Les interrogations de la commission sur la réforme des programmes
En dépit des indications fournies à la
commission et à son rapporteur, certaines mesures évoquées
dans le domaine des programmes scolaires n'ont pas encore reçu de
réponses précises du gouvernement.
Votre commission s'interroge notamment sur :
- la mise en place éventuelle d'une polyvalence disciplinaire des
enseignants en classe de 6e afin d'atténuer la rupture avec la classe de
CM2 et de remédier à l'échec scolaire ;
- l'élaboration d'un corps de savoirs concentré dans deux
manuels ;
- la redéfinition des champs disciplinaires permettant de créer
un grand enseignement des sciences ;
- un allégement spécifique des programmes qui concernerait
d'abord certains collèges et qui pourrait aboutir à une certaine
forme de discrimination entre les établissements.
Elle se demande si l'évocation de ces thèmes n'annonce pas une
remise en cause générale de la réforme actuellement
engagée au collège et l'instauration d'un collège à
deux vitesses qui se ferait au détriment de certains
établissements classés en zones difficiles et dont tous les
élèves n'auraient pas vocation à poursuivre des
études générales, technologiques ou professionnelles
ultérieures.
Elle évoquera également le récent rapport de l'Institut de
recherche sur l'économie de l'éducation (IREDU) qui estime que
80 % des collèges abritent " clandestinement " au moins
une classe de niveau. L'enquête révèle que la moitié
des élèves sont scolarisés dans des classes qui ont
été hiérarchisées (20 % des collèges
ont les trois quarts de leurs classes hiérarchisées et 40 %
la moitié), que l'organisation interne aux établissements est
plus importante que la différenciation entre les collèges et que
les contraintes de la carte scolaire doivent être relativisées.
Devant la commission, la ministre déléguée a
indiqué que la réforme en cours des collèges fera l'objet
d'une évaluation mais devrait comporter des inflexions dès la
prochaine rentrée : elle a dénoncé notamment un taux
de redoublement excessif en classe de 6e et une dérive des classes de
consolidation vers la constitution de " ghettos ".
B. VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DE L'AMÉNAGEMENT DES RYTHMES SCOLAIRES
1. Le cadre réglementaire des expériences déjà engagées
Le décret du 22 avril 1991 donne compétence
à l'inspecteur d'académie, pour adapter l'organisation du temps
scolaire définie nationalement, sur proposition du conseil
d'école ou avec son accord, après avis de la commune et
concertation avec les différents partenaires concernés et
consultation du conseil départemental de l'éducation.
Le cadre réglementaire qui doit être respecté lors de tout
aménagement du temps scolaire garantit le respect des horaires
d'enseignement, la cohérence avec les programmes et limite par ailleurs
la durée de la journée et de la semaine scolaires.
2. Les diverses possibilités d'aménagement du temps scolaire
Les possibilités d'aménagement du temps scolaire
conduisent à faire coexister différents modes d'organisation de
la semaine scolaire. Trois types de fonctionnement peuvent être
observés :
- l'organisation " traditionnelle " de quatre jours et demi
comprenant un samedi vaqué sur trois reste
prépondérante ;
- environ 10 % des écoles pratiquent la semaine continue du lundi
au vendredi, les cours du samedi matin étant reportés au mercredi
matin ;
- environ 20 % des écoles fonctionnent en " semaine de quatre
jours ". Les samedis et mercredis étant vaqués, douze jours
de classe sont récupérés sur les congés scolaires.
Plus d'un quart des écoles ont adopté une organisation qui
libère totalement le samedi.
La journée scolaire peut également comporter des
aménagements. Dans le but d'enrichir et de diversifier les enseignements
inscrits dans les programmes, les aménagements de la journée
scolaire se conjuguent généralement avec un aménagement du
temps extra scolaire de l'enfant.
L'aménagement du temps scolaire s'appuie depuis une douzaine
d'années sur la collaboration établie entre les ministères
chargés de l'éducation, de la jeunesse et des sports et de la
culture, d'une part, et les collectivités locales concernées,
d'autre part. Ce système a permis à un grand nombre d'enfants de
pratiquer des activités sportives et culturelles en continuité
avec l'enseignement scolaire, pendant les temps péri et extra scolaires.
Les activités qui prennent place sur le temps scolaire se
déroulent sous la responsabilité du maître qui a recours
à un intervenant extérieur. Ces activités sont
facultatives en dehors du temps scolaire et l'intervenant dispose alors d'une
grande autonomie. Les élèves d'environ 20 % des
écoles ont accès à ce type d'activités.
3. Les expériences engagées
Elaborée dans le cadre de la politique contractuelle
d'aménagement des rythmes de vie des enfants et des jeunes, la
circulaire interministérielle du 31 octobre 1995 traduit la
volonté de poursuivre et de renforcer les actions locales menées
jusqu'à présent et de les étendre progressivement aux
établissements scolaires du second degré. Désormais, une
procédure unique, le contrat d'aménagement des rythmes de vie des
enfants et des jeunes, regroupe tous les dispositifs antérieurs. L'Etat
participe au financement de ces contrats sur le budget du ministère de
la jeunesse et des sports.
C'est dans le même cadre que, depuis la rentrée 1996,
165 sites pilotes pour l'aménagement des rythmes scolaires ont
été retenus afin d'expérimenter de nouveaux rythmes. Le
dispositif consiste à dégager de larges plages horaires
consacrées à la pratique de disciplines sportives ou artistiques,
ce qui implique la récupération des heures d'enseignement
correspondantes sur les congés scolaires.
Pour l'année scolaire 1996-1997, 436 écoles
élémentaires et 251 écoles maternelles pour le
premier degré public, 29 collèges et deux lycées pour
le second degré public ont adhéré à la politique
d'aménagement des rythmes scolaires à travers ces sites pilotes,
répartis dans 324 communes. En tout, ce sont environ
100.000 enfants et adolescents qui ont pu bénéficier de
cette expérimentation au cours de l'année.
A l'automne 1996, ces premières expériences ont été
étendues à l'échelle de deux départements (Marne et
Hautes-Alpes) et d'un grand centre urbain (Marseille) au sein desquels tous les
établissements scolaires (écoles et collèges) peuvent
établir un projet spécifique d'aménagement de
l'organisation du temps. Les premiers projets validés devaient
fonctionner dès la rentrée 1997.
4. Le financement de ces expériences
Le financement des expériences menées dans les
sites pilotes, établi par contrat, est diversifié, compte tenu du
partenariat dont elles bénéficient. Il est assuré pour une
part essentielle (50 % en moyenne) par les communes, dont l'implication
est primordiale pour la mise en place et le développement de ces
expériences. Les projets sont subventionnés pour un tiers par
l'Etat sur le budget du ministère de la jeunesse et des sports.
La commune responsable de l'organisation des activités proposées
participe nécessairement à ce financement. L'Etat apporte un
financement aux projets en fonction des ressources propres de la
collectivité territoriale et de la qualité des contrats,
analysée localement par des représentants des ministères
partenaires. D'autres partenaires peuvent s'associer : fonds d'action
sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille, mutualité
sociale agricole, caisses d'allocations familiales...
Le ministère de la jeunesse et des sports, chargé d'instruire les
dossiers a établi le budget des sites pilotes au mois de janvier
1997 : sur un coût total de 232 millions de francs, les
communes ont pris à leur charge plus de 50 % des dépenses,
le ministère de la jeunesse et des sports près de 30 %. Les
autres collectivités locales participent à hauteur de presque
5 % et les ministères partenaires à hauteur de 4 %.
L'éducation nationale a participé à l'organisation des
activités enrichissant les contenus éducatifs, en consacrant
131 millions de francs sur le budget 1997 à l'aide aux
activités éducatives et innovantes, dont 600.000 francs sont
spécifiquement destinés aux projets élaborés dans
la Marne, les Hautes-Alpes et Marseille, et 1,6 million de francs à
des projets particuliers.
Une commission mise en place par le ministre de l'éducation nationale
étudie les expériences engagées et les modalités
d'un développement ultérieur de l'aménagement des rythmes
scolaires. Des propositions devaient être formulées à
l'automne 1997.
5. Les nouvelles orientations du gouvernement
Devant la commission, le ministre a indiqué que la
maîtrise du processus d'aménagement des rythmes éducatifs,
qui avait été précédemment confiée de
manière inopportune au ministère de la jeunesse et des sports,
reviendrait désormais à l'éducation nationale.
Il a également exposé sa conception des rythmes éducatifs
en exprimant ses réserves personnelles quant à
l'élargissement de la semaine de quatre jours et en indiquant que la
matinée des élèves devrait être
réservée aux activités scolaires, que l'après-midi
serait occupée par des activités sportives et culturelles et se
terminerait par des études surveillées facultatives pour les
élèves.
Il a ajouté que l'organisation des rythmes éducatifs s'inscrivait
dans le cadre de la création des emplois-jeunes et plus
spécialement des aides éducateurs qui resteront placés
sous l'autorité des enseignants, cette organisation constituant par
ailleurs un gisement d'emplois infiniment moins coûteux que le projet
initié par le précédent gouvernement.
Sur ce dernier point, la ministre déléguée a
précisé que les expériences engagées avaient
révélé des inégalités de traitement pour les
élèves liées aux ressources des communes qui y ont
participé : elle a évalué le coût de
l'extension du précédent dispositif à neuf milliards
de francs.
Le ministre a également rappelé que deux millions
d'élèves des écoles bénéficient aujourd'hui
d'un enseignement à temps aménagé avec l'aide des
associations et des collectivités locales mais ces expériences
coûteuses sont actuellement réservées aux communes
riches : le recours aux emplois-jeunes permettra de poursuivre
l'expérience en fonction du projet éducatif de
l'établissement sous le contrôle des enseignants sans recourir
à des intervenants extérieurs et devrait privilégier le
développement des activités sportives, culturelles et
l'utilisation des nouvelles technologies.
6. Les observations de la commission
Votre commission ne peut qu'exprimer sa satisfaction à
l'égard des nouvelles orientations annoncées par le ministre dans
le domaine de l'aménagement des rythmes scolaires.
En dépit des réserves formulées plus haut sur le principe
même des emplois-jeunes, elle se félicite d'abord que
l'éducation nationale, qui en a la vocation, retrouve la maîtrise
de ces expériences et que notamment les aides éducateurs, qui
appartiennent à l'équipe pédagogique des
établissements, participent largement à l'encadrement d'un
dispositif s'inscrivant dans le projet d'établissement et soient
conduits à remplacer des intervenants extérieurs au statut mal
défini et excessivement autonomes.
Elle observe également que l'utilisation de ces aides éducateurs
devraient permettre de remédier aux disparités de ressources
entre les communes et d'assurer une égalité de traitement
à l'ensemble des élèves.
Elle constate enfin avec satisfaction que le flou qui entourait certaines
activités péri ou parascolaires, hors le contrôle de
l'éducation nationale, ait été levé.
Elle s'interroge cependant sur l'avenir d'un dispositif qui risque de se
trouver fragilisé au terme du contrat des aides éducateurs et se
demande si les collectivités locales ne seront pas conduites à
prendre en charge son financement au bout de cinq ans. A cet égard, elle
souhaiterait obtenir des précisions du gouvernement quant aux
modalités de développement du dispositif et quant à sa
consolidation.
C. LE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES NOUVELLES À L'ÉCOLE
Depuis plusieurs années, votre commission est
sensibilisée à la nécessité de développer
les nouvelles technologies d'information et de communication à
l'école.
En témoignent l'intérêt porté par certains de ses
membres, notamment M. Pierre Laffitte, à ce thème et
certains rapports récemment publiés : celui de M. Alain
Gérard (Multimédia et réseaux dans l'éducation)
présenté au Premier ministre et celui de M. Franck
Sérusclat au nom de l'office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques (Rapport sur les nouvelles techniques
d'information et de communication : de l'élève au citoyen).
1. Les modalités du programme de développement des nouvelles technologies
a) Dans les écoles élémentaires
Les nouveaux programmes de l'école primaire insistent
sur l'intérêt de l'ordinateur dans l'enseignement des
différentes disciplines et en particulier dans l'acquisition de la
maîtrise de la langue.
Il revient cependant au maître de choisir et d'intégrer l'outil
qui lui semble le plus approprié à sa pédagogie, à
la conduite de sa classe, mais aussi aux compétences à faire
acquérir au cours de chaque cycle de l'école primaire.
La recherche d'information sur le WEB, plus laborieuse et plus coûteuse,
est parfois effectuée dans le primaire, mais le plus souvent hors ligne
après " capture " par le maître d'un nombre suffisant de
pages qu'il aura lui-même récoltées.
Une autre formule peut résulter de contributions réparties entre
écoles s'associant à un projet éditorial commun et
conduisant plusieurs classes à produire des pages WEB.
Sur le plan de l'organisation, l'ordinateur installé en permanence au
fond de la classe semble s'accorder le mieux avec les usages scolaires et la
polyvalence du maître.
Par ailleurs, les nouvelles technologies ont été introduites avec
des résultats spectaculaires dans le secteur de l'éducation
spécialisée.
Depuis 1991, des efforts ont été engagés sur la formation
des enseignants aux technologies nouvelles et à leur utilisation
pédagogique. Des instituteurs animateurs en informatique ont pour
mission d'aider les enseignants à intégrer l'usage des
technologies nouvelles dans leur pratique pédagogique. Leur effectif
correspond à un taux de couverture d'environ un maître formateur
pour deux circonscriptions d'inspection.
-
L'équipement disponible
En juin 1996, près de 60 % des écoles primaires
étaient équipées d'une salle informatique comprenant un ou
plusieurs ordinateurs.
Les communes ayant en charge l'équipement et le fonctionnement des
écoles élémentaires, les crédits affectés
sur le budget de l`Etat au développement de l'informatique concernent
uniquement les actions de formation des enseignants et l'équipement des
établissements spécialisés.
La dernière enquête (1992-1993) de la DEP évaluait
déjà à plus de 50 % le nombre d'écoles
équipées de magnétoscopes. Par ailleurs, 80 % des
écoles disposent d'un téléviseur : les 60.000
vidéocassettes de langues vivantes diffusées, entre 1995 et 1996
dans les classes de cours élémentaire témoignent du niveau
d'équipement atteint.
En outre, on peut estimer que quelque 400 écoles primaires disposaient
d'une adresse Internet en juin 1997, ce nombre devant atteindre le millier en
1998. Plus d'un tiers d'entre elles sont intégrées dans un plan
académique, départemental ou local.
-
Les perspectives de développement
Depuis plusieurs années, la direction des écoles
privilégie le développement des produits utilisables en ligne et
hors ligne et la diffusion des pratiques pédagogiques appuyées
sur ces technologies. A des opérations massives d'équipement en
matériels, la direction des écoles préfère la
valorisation des actions et des contenus pédagogiques.
Comme il a été dit, l'édition du Cédérom
" Pédagogie de la lecture ", banque de données
multimédia, constitue un encouragement à la diffusion des
pratiques conduisant à la réussite de la maternelle à la
classe de 6e. En accompagnement du Cédérom et des premiers
raccordements d'écoles à Internet, un service
" Pédagogie de la lecture " est ouvert sur le serveur
Internet
du ministère de l'éducation nationale qui permet, depuis janvier
1997, d'accéder aux programmes de l'école primaire et de signaler
les innovations dans le premier degré.
En association avec le CNDP, ce service offre aux quelque
400 écoles raccordées à Internet, une information sur
les usages du Cédérom et les plans académiques commencent
à intégrer les besoins des écoles primaires.
b) Dans les collèges et les lycées
-
Les programmes
La réforme des collèges a entraîné une refonte des
programmes de technologie et l'informatique a été introduite dans
l'enseignement de la technologie pour tous les élèves.
Pour la classe de 6e, le programme " traitement de l'information
textuelle " a pour objectif de conduire l'élève à
l'utilisation du micro-ordinateur et des fonctions de base d'un logiciel de
traitement de texte dans le respect de la langue française et des usages.
Pour le cycle central, le programme comporte une partie " technologie
de
l'information " : à la fin de ce cycle, tous les
élèves auront bénéficié d'une pratique
élémentaire de l'ordinateur.
Un texte est en cours d'élaboration visant à préciser les
compétences documentaires à développer chez les
élèves de collège : une place importante y est faite
à l'exploitation des nouvelles technologies, et particulièrement
d'Internet.
En ce qui concerne les lycées, sont proposés au titre d'options
facultatives, des enseignements dont l'objectif est de permettre aux
élèves d'utiliser les équipements informatiques dans
l'enseignement des disciplines et dans leurs travaux personnels. Le programme
comporte également un domaine intitulé " informatique et
monde contemporain ".
- La mise en place de nouvelles ressources informatiques : les
réseaux de communication et le multimédia
Le projet de mise en réseau des lycées, collèges et
écoles à travers Renater et l'accès à Internet a
été élaboré par le ministère dans le cadre
de l'appel à proposition du ministère de l'industrie sur les
autoroutes et services de l'information, lancé au début de 1995.
L'objectif visé consiste à mettre à la disposition de tous
les élèves et de tous les enseignants, de nouveaux outils et
services liés aux autoroutes de l'information. Il se situe dans le
prolongement des actions engagées pour l'usage des technologies
nouvelles.
Il s'agit en particulier :
- de faciliter l'accès des enseignants aux ressources multimédia
internes et externes à l'établissement, réparties sur les
grands réseaux de communication nationaux et internationaux ;
- de diffuser des pratiques pédagogiques s'appuyant sur les technologies
nouvelles et des productions pédagogiques locales, académiques et
nationales ;
- de favoriser la communication entre les classes et la prise en compte,
à travers les échanges linguistiques et culturels, de la
dimension européenne dans l'enseignement ;
- de développer de nouvelles méthodes de travail s'appuyant sur
le travail coopératif et la mise en commun de ressources et de
compétences entre les enseignants et les établissements ;
- de favoriser le développement de télé-services.
En 1995/1996, des plates-formes d'accueil s'appuyant sur la technologie de
l'Internet et plus particulièrement sur le réseau RENATER ont
été mises en place dans les treize académies
impliquées dans la phase expérimentale du projet. Cette phase a
permis à cinq lycées, collèges ou écoles de
disposer d'un accès au réseau ainsi qu'aux ressources
développées au niveau académique et national, avec les
établissements publics (CNDP, CNED et ONISEP) ou en partenariat avec de
grands organismes culturels et scientifiques (CNES, INSERM,...).
En 1996/1997, toutes les académies ont rejoint le dispositif
expérimenté par ces treize académies.
L'informatique et l'utilisation des produits informatiques font de plus en plus
partie du champ même des connaissances et des techniques dans toutes les
disciplines et les programmes prennent dès lors progressivement en
compte la place de l'informatique.
L'enseignement de l'informatique au
collège
s'adresse à
tous les élèves dans le cadre des cours de technologie. Un effort
particulier a déjà été fait pour la formation des
enseignants et la mise à disposition d'équipements. A la fin du
collège, tous les élèves doivent avoir acquis les
éléments de base qui leur permettent d'utiliser d'une
manière raisonnée l'outil informatique dans le cadre
disciplinaire.
A partir de cet acquis, il convient de compléter et d'approfondir au
lycée
certains aspects méthodologiques ou
pluridisciplinaires dans le cadre des enseignements. Cette dimension a
été prise en compte par l'organisation d'une option informatique
dès la rentrée 1994.
Celle-ci a été mise en place en seconde en 1995/1996, en
1ère L et ES et en 1ère S en 1996 et a
été ouvert à la rentrée 1997 en Terminale L, ES et
S.
La rénovation de l'enseignement des sciences expérimentales dans
le cadre de la rénovation pédagogique des lycées
génère de nouveaux besoins en matériels informatiques.
Pour les classes de seconde " technologie des systèmes
automatisés ", si tous les lycées techniques à
caractère industriel sont déjà équipés, il
reste à poursuivre l'équipement de 626 lycées
d'enseignement général ou technologiques, à raison de 156
lycées par an.
c) Les crédits consacrés à l'informatique pédagogique
Les moyens nouveaux demandés en 1998 au titre de
l'informatique pédagogique sont retracés dans le tableau
ci-après :
Chapitres |
Objet |
Crédits en MF |
Chapitre 36-71 | Création d'un fonds d'intervention dans les établissements (financement de l'accès au réseau Renater des établissements du second degré) |
40,00 |
Chapitre 34-96 | Acquisition de logiciels et de produits multimédia à des fins pédagogiques. |
1,63 |
Accès au réseau d'interconnexion Renater | 3,85 | |
Chapitre 56-37 | Equipement pédagogique des établissements | 30,00 |
TOTAL GÉNÉRAL |
75,48 |
Constatant la modestie des crédits prévus au titre de l'informatique pédagogique, la commission estime que le ministre devrait fournir des précisions complémentaires sur les modalités de répartition du financement des nouvelles technologies entre l'éducation nationale et les collectivités locales, l'inégalité des ressources de ces collectivités devant être prise en compte.
2. Les précisions apportées par le ministre devant la commission
Devant la commission, le ministre a rappelé que notre
système éducatif situait la France au dernier rang des pays
européens pour l'utilisation des nouvelles technologies et a
estimé que ce retard résultait moins de raisons
financières que des réticences psychologique des enseignants, ces
dernières pouvant également être constatées dans des
pays de " grande culture " comme l'Allemagne ou le
Royaume-Uni
à la différence des pays " émergents " soucieux
de rattraper leur retard dans le domaine de l'enseignement et qui
privilégient le recours à ces nouvelles technologies.
Il a indiqué que tous les établissements scolaires et
universitaires seraient connectés au 1er octobre 1998 et que ce
plan avait reçu le soutien de plusieurs grands groupes de communication.
Il a ajouté que l'introduction des nouvelles technologies supposait
aussi de vaincre les réticences des enseignants qui ont trop tendance
à s'identifier à la culture de l'écrit et à
considérer l'image comme secondaire, dégradée et
concurrente, alors que les élèves ne manifestent pas la
même appréhension devant ces techniques nouvelles.
Il a cependant considéré que l'affectation d'une part excessive
des emplois-jeunes au développement de ces technologies serait
susceptible de provoquer une réaction de rejet de la part des
enseignants et que cet objectif passait aussi par l'élaboration de
banques de programmes, l'utilisation de banques de données et la
création d'une véritable industrie éducative en utilisant
des enseignants qui pourraient être détachés de
l'éducation nationale.
Afin de ne pas renouveler l'échec des expériences
antérieures, il a souhaité que la formation des enseignants
prenne en compte ces nouvelles techniques de communication, ce qui implique
notamment un câblage des IUFM, un aménagement des programmes de
ces instituts et une formation continue spécifique des enseignants dans
les universités.
3. Le plan triennal de développement des nouvelles technologies dans l'enseignement
A la fin du mois d'octobre, devant le Conseil
économique et social, le ministre a dévoilé son plan de
développement des nouvelles technologies éducatives.
Le 17 novembre 1997, les deux ministres en charge de l'éducation
nationale et de l'enseignement scolaire ont présenté les
modalités de ce plan d'" introduction massive " des
nouvelles
technologies dans l'enseignement.
La ministre déléguée a précisé que sa mise
en oeuvre devrait permettre de lutter contre l'isolement culturel en milieu
rural, d'assurer l'égalité des chances devant le
multimédia et de remédier à l'échec scolaire en
donnant une motivation aux élèves pour la maîtrise de la
lecture et de l'écriture.
Ce plan qui devrait mobiliser plus d'un milliard de francs de crédits
d'Etat en trois ans, prévoit que d'ici l'an 2000 toutes les
écoles et établissements, de la maternelle à
l'université, seront équipés d'ordinateurs, mis en
réseau, dotés d'un serveur Internet et d'adresses
électroniques (manipulation et dessin informatique dès la
maternelle, courrier électronique dès le cours
élémentaire, accès au Web au cours moyen, travail en
réseau au collège, adresse électronique personnelle pour
tous les étudiants et les élèves de classes terminales).
Un premier équipement d'urgence devrait être réalisé
dès janvier 1998 en priorité dans les ZEP. Outre la dotation en
matériel qui devrait être généralement loué
plutôt qu'acheté, un accord est intervenu avec France Telecom pour
obtenir des tarifs préférentiels très bas. Les ministres
ont par ailleurs insisté sur la nécessité
d'intégrer les nouvelles technologies dans la pédagogie, et donc
impliquer les enseignants. Dans cette perspective, et avant le mois de mars
1998, les recteurs seront chargés d'établir un plan sur trois
ans, ainsi que les présidents d'université, et chaque
établissement devra désigner un coordinateur de la mise en place
des nouvelles technologies.
Enfin, un plan de formation initiale et continue des maîtres sera
lancé pour une durée de deux ans et devrait concerner 40.000
enseignants : cent postes de titulaires et mille emplois de jeunes
docteurs seront affectés à cet effet dans les IUFM.
Ce plan doit également permettre de créer des logiciels
spécifiques et de diffuser par satellite des programmes éducatifs
aussi bien sur le territoire national que dans la zone francophone.
D. LA DIVERSIFICATION DES LANGUES ÉTRANGÈRES DANS L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
1. La position de la commission
La diversification des langues étrangères dans
l'enseignement scolaire constitue une préoccupation constante de votre
commission. Celle-ci s'est traduite notamment par un rapport de M. Jacques
Legendre publié le 15 novembre 1995 au nom de la mission
d'information sur l'enseignement des langues vivantes dans l'enseignement
scolaire dont les propositions s'ordonnaient autour d'un objectif
principal : réduire le développement du " tunnel de
l'anglais " dès l'école primaire et maintenir l'enseignement
des grandes langues européennes et mondiales.
Votre commission a d'ailleurs pu constater avec une certaine satisfaction que
le ministre estimait lui aussi que l'anglais ne devait plus être
considéré comme une langue étrangère mais comme un
outil de travail au même titre que l'ordinateur et Internet. Selon lui,
l'objectif recherché est de faire acquérir aux
élèves la maîtrise de l'anglais et de deux langues
étrangères afin de remédier au recul préoccupant
des grandes langues européennes, notamment l'allemand et l'italien et du
russe, la promotion des langues étrangères autres que l'anglais
tendant par ailleurs à renforcer en retour l'enseignement du
français dans les pays concernés.
Votre commission ne peut que regretter que les choix linguistiques des
élèves, pour des raisons diverses tendent à
privilégier l'anglais en dépit d'une offre de langues vivantes
particulièrement large dans l'enseignement scolaire.
2. Les langues proposées dans l'enseignement scolaire
a) Dans le premier degré
Depuis la rentrée 1995, l'initiation aux langues
vivantes au cours élémentaire offre aux enseignants le choix
entre six langues : l'allemand, l'arabe, l'anglais, l'espagnol, l'italien
et le portugais. Un document d'information, distribué à la
rentrée 1996 à toutes les écoles, rappelle aux enseignants
et aux familles que " la diversité des langues reste la
règle ".
La circulaire du 1er mai 1997 précise également que " les
maîtres se déclarent volontaires dans la langue de leur choix et
informent le conseil d'école de ce choix ". Les parents choisissent
pour leurs enfants une langue parmi celles proposées par l'école.
Les inspecteurs d'académie fournissent les outils et les formations qui
permettent aux enseignants de mettre en oeuvre l'initiation dans le cadre de
six langues proposées par le dispositif. Cette liberté des
maîtres de proposer l'initiation dans la langue de leur choix pourra
conduire les élèves, au cours de leur scolarité primaire,
à rencontrer plusieurs langues.
Les trois séries vidéo " CE1/CE2 et CM1 sans
frontière ", produites par le CNDP, sont proposées dans
quatre versions linguistiques différentes (allemand, anglais, espagnol
et italien). Le ministère a également participé à
hauteur de 500.000 francs au financement d'un outil spécifique en
langue portugaise.
b) Au collège
La nouvelle organisation du collège, telle qu'elle a
été définie par le décret du 29 mai 1996 a
confirmé la place occupée par les langues vivantes dans la
formation dispensée.
Le choix de la première langue vivante continue à s'effectuer
dans la classe de sixième qui constitue désormais le cycle
d'adaptation.
A partir de la deuxième année du cycle central, que
représente la classe de quatrième intervient l'étude d'une
deuxième langue vivante. A compter de la rentrée scolaire 1998,
l'enseignement de la deuxième langue vivante, qui constitue,
actuellement une option, deviendra obligatoire pour tous les
élèves de cette classe, ce qui ne peut que contribuer à
une plus grande diversification des langues vivantes enseignées à
ce niveau de scolarité.
Ces dispositions devraient contribuer à promouvoir la place des langues
vivantes au collège et à mieux préparer les
élèves à suivre les enseignements proposés au
lycée.
Par ailleurs à l'occasion de la réforme des collèges, les
programmes de langues vivantes étrangères ont été
revus. En fin de troisième, les élèves auront
été entraînés à maîtriser, outre des
compétences linguistiques, des compétences culturelles consistant
à faire prendre conscience des similitudes et des différences
entre la France et les pays dont ils apprennent la langue et des
compétences méthodologiques.
Pour les langues à faible effectif, il n'existe ni manuels scolaires, ni
matériels didactiques, hormis les documents provenant des pays
concernés. Pour faire face à cette situation, le ministère
et le CNDP ont décidé de diffuser gratuitement un
périodique à tous les professeurs concernés. Au cours de
l'année 1996-1997, l'opération a été lancée
pour l'arabe ; avant la fin de l'année en cours un premier
numéro sera diffusé pour l'hébreu et des travaux analogues
sont envisagés pour le portugais et le russe.
c) Au lycée
En classe de seconde, les élèves peuvent choisir
jusqu'à trois langues vivantes (une langue est obligatoire pour tous et
deux langues peuvent être choisies en tant qu'options obligatoires ou
facultatives).
En classes de première et terminale, selon les séries, la
situation est la suivante :
- la langue vivante 1 est obligatoire pour tous les élèves. Elle
bénéficie d'un horaire plus important en série L
(littéraire) ;
- la langue vivante 2 peut être choisie comme un enseignement obligatoire
en séries ES (économique et sociale) et L (littéraire).
Depuis la rentrée 1994, elle fait partie des enseignements obligatoires
de la série STT (sciences et technologies tertiaires).
Dans toutes les autres séries de la voie générale et de la
voie technologique, la LV2 peut désormais être choisie en option.
Des options de langue vivante renforcée peuvent par ailleurs être
offertes en séries ES et L.
La langue vivante 3 peut être choisie en option dans les séries
ES, L et S. Pour les élèves des séries L et ES n'ayant pas
suivi l'option en classe de seconde, l'horaire peut être porté
à cinq heures hebdomadaires. En classe terminale, le choix de cette
langue, en tant qu'enseignement de spécialité, doit permettre aux
élèves de se donner un profil " lettres-langues " ou
" économie-langues " particulièrement marqué.
Les langues vivantes pourront, dans ce cas, représenter plus du tiers du
total des coefficients du baccalauréat L et près du quart du
total des coefficients en série ES.
Les conditions de l'enseignement des langues vivantes sont susceptibles de
s'améliorer grâce à la possibilité, pour les
élèves des classes de seconde et première, de suivre un
enseignement en module, qui se déroule en effectifs réduits et
qui a pour objectif de fournir aux élèves, en plus des heures de
cours traditionnelles, une aide plus personnalisée et mieux
adaptée à leurs besoins, en particulier dans le domaine
méthodologique. En classe de seconde, le module porte obligatoirement
sur la langue vivante 1 ; en classe de première, la décision
de faire porter le module sur les langues relève de la compétence
des établissements.
S'agissant de l'évaluation au baccalauréat, l'expression
écrite est valorisée, la langue vivante 1 faisant
désormais l'objet d'une épreuve écrite dans la quasi
totalité des séries.
Par ailleurs, l'éventail des langues pouvant être passées
en tant qu'épreuves obligatoires a été élargi
depuis la session 1995 : le turc, le vietnamien, l'arménien, le
norvégien, le suédois et le finnois s'ajoutent aux quatorze
langues déjà prévues par la réglementation
antérieure. Le cambodgien et la langue persane ont été
inscrits à ce titre depuis la session 1997 du baccalauréat.
E. LES RÉFORMES ANNONCÉES CONCERNANT LES ENSEIGNANTS
1. Une remise en cause du mouvement des enseignants du second degré
Dans la perspective d'une débureaucratisation de l'administration centrale, le ministre a notamment annoncé une déconcentration du mouvement des enseignements du second degré.
a) Le système actuel
- Le mouvement général
Le mouvement national se décompose en un mouvement général
qui traite l'ensemble des demandes et des postes en utilisant un barème
et des mouvements particuliers et spécifiques qui permettent de
réaliser l'adéquation entre le profil des postes et le choix des
agents les plus qualifiés pour les pourvoir. Le choix des candidats sans
utilisation d'un barème tient largement compte de l'avis de l'IGEN ou
est effectué par les recteurs.
A l'origine de tout mouvement, on trouve donc des candidats ayant
formulé des voeux de mutation et des postes vacants. Le mouvement
national des personnels enseignants du second degré est divisé en
disciplines. Pour les enseignants de type lycée, il se fait tous corps
confondus (professeurs agrégés, certifiés, chargés
d'enseignement, adjoints d'enseignement). Le mouvement organisé au titre
de la rentrée 1997 a porté sur 101.392 demandes. Sur ce total,
43.201 agents ont été mutés ou affectés dont 36.928
selon leurs voeux. Le mouvement organisé au titre de la rentrée
1996 avait porté sur 97.074 demandes : sur ce total, 42.850
agents avaient été mutés ou affectés, dont 36.449
sur leurs voeux.
Le mouvement général s'effectue en fonction d'un barème
indicatif qui prend en compte des bonifications de points modulés en
fonction du corps d'appartenance (professeurs, agrégés,
certifiés), des points donnés en fonction de l'échelon
atteint et des points accordés en fonction du nombre d'années
passées dans le poste actuel.
A ces paramètres s'ajoutent des éléments liés
à la situation administrative (par exemple, le type d'affectation :
titulaire académique ou titulaire remplaçant, occupation d'un
poste dans un établissement situé en ZEP ou dans un
établissement sensible) et des éléments relatifs au type
de mutation demandée pour convenances géographiques notamment.
Ces éléments sont complétés par des
éléments à caractère familial, en particulier les
bonifications pour rapprochement de conjoints dans la mesure où
l'administration a l'obligation de rapprocher les conjoints
séparés.
- Les mouvements particuliers et spécifiques
Il existe une vingtaine de mouvements particuliers ou spécifiques, qui
représentent avec le mouvement des établissements sensibles une
moyenne d'environ 10 % des candidatures.
Tous ces mouvements ont comme finalité la prise en compte de la
spécificité des postes (niveau de l'enseignement dispensé,
compétences particulières recherchées, contraintes
géographiques, publics difficiles...)
Parmi les mouvements particuliers les plus récents, il convient de
signaler, depuis la rentrée 1996, celui organisé pour pouvoir les
postes dans certains petits établissements ruraux isolés et
depuis la rentrée 1997 celui organisé pour pouvoir les postes
dans les établissements sensibles ou difficiles développant des
actions de pédagogie différenciées. Il s'agit de
l'application d'une des mesures du plan de prévention de la violence
à l'école.
b) L'appréciation portée sur ce système
Ce système permet dans une seule opération de
mettre en oeuvre les mutations, les premières affectations et les
réintégrations sur l'ensemble du territoire national en prenant
en compte tous les postes vacants et ceux libérés par une
mutation : pour un même poste sont mis en concurrence les candidats
à ce poste extérieurs à l'académie, et ceux qui
sont déjà dans l'académie, l'égalité de
traitement étant parfaitement assurée.
Les demandeurs de mutation ont de larges possibilités de formulation de
leurs voeux, qui vont d'un établissement ou service précis
à tout poste dans une académie, en passant par une commune, un
groupe de communes ou un département.
Dans la mesure où le maximum de postes est mis au mouvement, les agents
affectés loin de leur région d'origine peuvent espérer
pouvoir y retourner dans un délai raisonnable, s'ils le souhaitent. Les
demandeurs de mutation sont assurés de conserver leur poste, s'ils
n'obtiennent pas satisfaction.
Ce système présente cependant plusieurs inconvénients. Une
part importante des mutations (un peu plus de 50 %) est prononcée
par le ministre à l'intérieur d'une même académie.
Par ailleurs, le ministre peut être conduit pour une affectation sur des
postes précis, à prendre en considération des
particularités de l'établissement ou de son environnement
géographique, éléments dont l'échelon rectoral
devrait avoir une meilleure connaissance.
c) Les perspectives de déconcentration du mouvement
La déconcentration du mouvement a déjà
été largement engagée. Si la majorité des
affectations sont prononcées par le ministre, les recteurs ont
été également investis de cette compétence depuis
quelques années dans des cas bien précis. Outre ceux dans
lesquels les recteurs procèdent à des affectations sur postes
provisoirement vacants de personnels, ils ont compétence :
- depuis 1985, pour prononcer les affectations provisoires sur les postes
vacants des " titulaires académiques " ;
- depuis 1986, pour prononcer l'affectation des enseignants en
réadaptation ;
- depuis 1987, pour prononcer la réaffectation des enseignants dont le
poste a été supprimé ou transformé par suite d'une
mesure de carte scolaire.
Une déconcentration plus complète du mouvement qui permettrait de
prendre mieux en compte les besoins spécifiques des
établissements est actuellement à l'étude.
Dans la perspective d'un " dégraissage du mammouth " le
ministre a indiqué son souhait de " casser le mouvement
national " des enseignants du second degré actuellement
géré par l'administration centrale afin d'instaurer une
procédure plus souple et de donner plus de pouvoirs aux recteurs, voire
aux chefs d'établissement, pour nommer les professeurs.
Ce souhait rejoint les observations formulées par le rapport de la
commission Fauroux qui dénonçait un mouvement national
"
géré par un ordinateur central et corrigé par
d'obscures tractations qui est de très loin l'instrument de gestion le
plus absurde inventé par une administration
". Selon un
syndicat de l'enseignement secondaire qui contrôle largement le mouvement
actuel, une telle réforme aboutirait à rigidifier plus encore le
système en figeant les personnels dans une académie au lieu de
les encourager à bouger, à renforcer les inégalités
entre académies et à restreindre la circulation du savoir et la
mobilité d'enseignants de qualité.
2. Vers une réforme du système de remplacement des enseignants
En dénonçant avec quelque éclat l'absentéisme supposé des enseignants, qu'il a évalué à 12 % des effectifs, le ministre a engagé un débat qui devrait déboucher sur un aménagement du système de remplacement dans l'éducation nationale.
a) Le taux d'absentéisme officiel
La direction des écoles évalue à
5,65 % des effectifs le taux d'absentéisme dans le premier
degré tandis que la DEP chiffre à 5,6 % ce taux moyen dans
l'enseignement secondaire (5,8 % dans les collèges, 4,7 % dans
les lycées, 6,5 % dans les lycées professionnels).
1991-1992 |
Taux d'absence en % |
Taux de remplacement en % |
Taux d'absence devant élèves en % |
Collèges |
5,8 |
47,3 |
3,1 |
L.e.g.t. |
4,7 |
44,4 |
2,6 |
Lycées professionnels |
6,5 |
34,3 |
4,3 |
Ensemble |
5,6 |
43,9 |
3,1 |
La part de la maternité dans le taux d'absentéisme constaté dans le primaire étant de 34,45 %, le taux réel, hors maternité, est ainsi ramené à environ 4 % comme dans le secteur privé. Il convient de rappeler que la féminisation dans le premier degré s'élève à plus de 75 %.
b) Les stages de formation professionnelle des enseignants
Les conditions de stage des enseignants ont été
également mises en cause par le ministre qui a estimé anormal que
les congés de formation soient pris sur le temps de travail et non
pendant les périodes de vacances.
Il convient d'abord de rappeler que les crédits de formation continue
des enseignants, qui sont en diminution depuis 1989, ne représentent que
3,4 % de la " masse salariale " de l'éducation
nationale
contre environ 10 % dans la plupart des entreprises privées.
En 1996, près de la moitié des enseignants du premier
degré (147.000 sur 320.000) et 285.000 professeurs sur 400.000 en 1995
ont suivi un stage de formation professionnelle. La durée moyenne de la
formation est d'une semaine et demie chez les instituteurs et de trois jours
pour les trois quarts des professeurs.
La plus grande partie des congés formation correspond à des
stages courts inférieurs à dix jours de nature disciplinaire ou
didactique.
La formation continue des maîtres relève de l'inspecteur
d'académie dans le primaire et des Missions académiques à
la formation des personnels de l'éducation nationale (MAFPEN) pour les
professeurs. Pour les instituteurs, une circulaire de 1972 accorde à
tout titulaire en position d'activité un crédit de formation
à temps plein équivalent à une année scolaire
à répartir sur l'ensemble de la carrière, les enseignants
absents étant remplacés par des maîtres affectés sur
des postes de titulaires remplaçants.
L'éducation nationale organise en outre une trentaine
d'universités d'été fréquentées par un
millier d'enseignants volontaires.
c) Les modalités de remplacement des enseignants
Pendant longtemps, seul l'auxiliariat a permis d'assurer les
remplacements des enseignants.
La réforme de 1985 a mis en place les titulaires remplaçants en
distinguant les titulaires académiques, qui sont chargés des
remplacements à l'année, et les titulaires remplaçants qui
sont chargés principalement des courtes et moyennes durées. La
crise du recrutement des années 1986-1993 a stoppé la progression
des postes de titulaires remplaçants : on dénombre
aujourd'hui 35.000 titulaires académiques mais seulement 3.714
titulaires remplaçants, soit 1,7 % des postes implantés en
établissement.
Ces effectifs apparaissent insuffisants par rapport au taux
d'absentéisme, ce qui conduit les recteurs soit à ne pas pouvoir
assurer les remplacements de moins de 2,3 semaines, soit à recourir
à des auxiliaires.
Si un enseignant est remplacé au bout d'une demi-journée en
moyenne dans le primaire, ce délai est porté de quinze jours
à un mois dans le second degré.
d) La mise en place d'une table ronde
Une table ronde intitulée " présence des
enseignants ", présidée par le recteur Bloch, vient
d'être créée pour réexaminer le problème du
remplacement des enseignants. Elle a défini une méthode de
travail et désigné des commissions qui examineront les
problèmes propres à chaque type d'établissement et
aborderont les questions de la formation continue, du remplacement des
congés de maladie et de l'assouplissement du système.
Le ministre a par ailleurs indiqué à la commission qu'un taux de
1 % d'absentéisme des enseignants se répercutait directement
sur 130.000 élèves et que le système actuel qui
" immobilise " de trop nombreux remplaçants qui pourraient
être affectés ailleurs, sera modifié. Il a notamment
évoqué les modalités du congé de maternité
qui pourraient être aménagées en prévoyant par
exemple une décharge de classe pour l'ensemble de l'année
scolaire sous réserve que les intéressées effectuent des
travaux de correction des copies du CNED.
e) Les classes non pourvues lors de la dernière rentrée
La ministre déléguée a reconnu, devant la
commission, compte tenu du décalage observé entre les besoins et
le profil des maîtres auxiliaires qui ont été
réemployés à la dernière rentrée, qu'un
déficit d'enseignants dans certaines spécialités de
lycée professionnel, mais aussi en espagnol, en italien, en biologie et
en mathématique avait pu être constaté.
Elle a indiqué que toutes les capacités de remplacement seraient
utilisées pour gérer ce décalage, y compris en utilisant
les personnels disponibles dans les académies voisines et que des
recrutements éventuels seraient ouverts dans les académies par
spécialités afin de pourvoir toutes les classes sans professeur
à la rentrée des vacances scolaires de la Toussaint.
f) La nécessité d'une meilleure gestion des enseignants du second degré
Selon certaines sources syndicales, il existerait
30.000 enseignants en surnombre, dont quelque 14.000 maîtres
auxiliaires et 10.000 titulaires, soit près de 10 % des
365.000 enseignants du secteur public du second degré.
Le ministère a par ailleurs indiqué qu'il avait dû faire
appel au cours des dernières semaines à 2.000 nouveaux
maîtres auxiliaires, contractuels ou vacataires, en plus des 28.000
maîtres auxiliaires réemployés à la rentrée
de 1997 alors qu'il avait indiqué pendant l'été que tout
recours à de nouveaux maîtres auxiliaires était exclu.
Afin de pourvoir les postes restés vacants dans certaines disciplines,
il a été fait appel à des étudiants admissibles aux
derniers concours de recrutement, et à des attachés temporaires
d'enseignement et de recherche en fin de contrat à l'université,
à d'anciens maîtres d'internat et surveillants d'externat,
à des maîtres auxiliaires qui n'étaient plus en poste
depuis plus de deux ans et même à des
" reçus-collés ".
Selon d'autres sources syndicales, les effectifs d'enseignants en surnombre
peuvent être évalués à 3.000 ou 4.000, ceux-ci
étant cantonnés dans quelques disciplines comme l'histoire, la
géographie et la physique.
Si le réemploi de tous les maîtres auxiliaires a répondu
à un impératif social, il a contribué à aggraver
les dysfonctionnements déjà constatés dans la gestion des
affectations des enseignants.
Si votre commission est consciente de la difficulté de gérer les
mutations, en tenant compte de la disponibilité des personnels, des
souhaits d'affectation géographique et des besoins par discipline, elle
estime que la gravité des dysfonctionnements actuels, et les
absurdités auxquelles ils conduisent, imposent une réforme rapide
de la gestion des personnels enseignants du second degré.
Le ministre a annoncé à l'Assemblée nationale que la
réforme des procédures de mutation n'interviendrait qu'en 1999,
après consultation des organisations syndicales.
F. VERS UNE NOUVELLE RÉFORME DES LYCÉES
Le 17 novembre 1997, le ministre a présenté les objectifs et les modalités de la réflexion qu'il entendait engager en vue d'une réforme des lycées, et notamment sur l'enseignement qui y est dispensé.
1. Le constat
Dénonçant " l'empilement " incohérent des programmes, le cloisonnement excessif des enseignements, les connaissances trop spécialisées et sans référence à une culture, le manque de repères généraux et de méthodes de travail efficaces chez les élèves, l'inadaptation des cursus à l'intégration future dans l'enseignement supérieur ou dans le monde du travail, le ministre a insisté sur la place occupée par les disciplines dites générales ou l'introduction de nouveaux savoirs.
2. L'organisation d'une réflexion sur les programmes et les enseignements du lycée
Cette réflexion devrait être engagée au
sein de deux structures. Un comité scientifique, présidé
par M. Edgar Morin, sera mis en place et comportera une vingtaine de
" personnalités incontestées dans tous les champs de
connaissance ".
En outre, un comité d'organisation, présidé par M.
Philippe Meirieu, universitaire, sera créé et constitué
d'une dizaine de membres comportant notamment un proviseur, un inspecteur
pédagogique régional d'histoire, un chef de travaux de
lycée professionnel, un professeur de sciences, un conseiller principal
d'éducation, un professeur d'université et un expert.
A l'issue des consultations des deux comités qui se dérouleront
en décembre 1997 et en janvier 1998, un colloque national sera
organisé à Lyon en mars 1998. Ce colloque devrait aboutir
à un rapport et à des propositions de réforme du
lycée qui seront remis au ministre.
*
* *
Si la commission prend acte de l'augmentation des
crédits de l'enseignement scolaire, prévue pour 1998, elle
regrette cependant que ce budget n'apporte pas de réponses
satisfaisantes à un certain nombre de ses interrogations.
Elle constate d'abord que les modalités de financement des
emplois-jeunes dans l'éducation nationale pour la rentrée de
1998, et pour les années suivantes, n'apparaissent pas de manière
claire.
Elle observe que le réemploi des maîtres auxiliaires à la
dernière rentrée, bien loin de faciliter la gestion des effectifs
enseignants, a été à l'origine de graves
dysfonctionnements dans de nombreuses disciplines qui se traduisent notamment
par un nombre élevé de postes non pourvus deux mois après
la rentrée scolaire.
Elle exprime, en outre, la crainte que le recours accru aux médecins
libéraux dans le fonctionnement du système de santé
scolaire ne réponde pas aux nouveaux besoins des élèves
touchés par la montée de la précarité et le
développement de nouvelles pathologies.
Elle s'interroge également sur les intentions du gouvernement concernant
l'avenir de la réforme en cours du collège et sur l'abandon
éventuel du collège unique.
Si elle salue certaines mesures annoncées par le gouvernement qui
témoignent d'une volonté de faire évoluer dans un sens
positif notre système scolaire -qu'il s'agisse du maintien des classes
primaires en milieu rural, de la prise en compte des difficultés de
certaines zones d'éducation, d'une nouvelle orientation de
l'aménagement des rythmes scolaires sous la seule responsabilité
de l'éducation nationale, de la prévention de la violence en
milieu scolaire, du souci de remédier à certains excès qui
peuvent être constatés dans le comportement d'un faible nombre
d'enseignants-, elle constate aussi que certaines réformes ont
été renvoyées à de multiples tables rondes à
l'issue des plus incertaines et ne se traduisent pas dans le projet de budget
qui permettra d'assurer la rentrée 1998.
Tout en rappelant que l'opposition d'hier émettait des jugements
sévères sur les réformes mises à l'étude par
le précédent gouvernement, et sur les tentatives de
redéploiement des moyens affectés à l'éducation
nationale, force est de noter que la revalorisation, ô combien
coûteuse, de la fonction enseignante, engagée au début des
années 90 ne s'est pas substantiellement traduite par une
amélioration du fonctionnement de notre système éducatif.
Alors que les effectifs scolarisés continuent à
décroître et qu'une maîtrise de nos déficits est
imposée par nos engagements internationaux, votre commission
considère que l'effort entrepris en faveur de l'éducation
nationale doit désormais porter au moins autant sur le qualitatif que
sur le quantitatif.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours d'une séance tenue le 12 novembre 1997, la
commission a examiné
le
rapport pour avis de M. Jean
Bernadaux sur les crédits de l'enseignement scolaire pour 1998,
présenté par M. Adrien Gouteyron, président, au nom du
rapporteur pour avis, empêché.
Un débat a suivi l'exposé du président.
Mme Hélène
Luc
a souligné les efforts
entrepris pour maintenir les emplois enseignants, créer des emplois de
personnels non enseignants, réemployer les maîtres auxiliaires,
développer la scolarisation des enfants de deux ans, et mettre en place
un fonds social pour les cantines scolaires, même si ce fonds ne
permettrait pas de répondre à toutes les situations de
précarité.
Elle a noté que le problème du remplacement des enseignants
était particulièrement préoccupant dans le second
degré.
Elle a souhaité que la réforme du mouvement des enseignants, et
le rapprochement évoqué des Instituts universitaires de formation
des maîtres (IUFM) et des Missions académiques à la
formation des personnels de l'éducation nationale (MAFPEN), fassent
l'objet d'une concertation avec l'ensemble des organisations syndicales.
Elle a observé que la violence ne concernait pas que les zones
d'éducation prioritaire et gagnait même les établissements
privés.
Elle a par ailleurs estimé que l'effort engagé pour renforcer le
service de médecine scolaire n'était pas suffisant, que le
développement des nouvelles technologies devait être
financé par l'éducation nationale afin de remédier
à l'inégalité des ressources des collectivités
locales, et que la réduction des effectifs en maternelle devait
s'appliquer non seulement aux ZEP mais aussi aux zones sensibles et être
étendue autant que possible.
Prenant acte de l'importance et de l'augmentation du budget de l'enseignement
scolaire, qui apparaît comme un budget de transition, elle s'est
déclarée favorable à son adoption. Soulignant que
l'amélioration du système éducatif ne nécessitait
pas seulement l'augmentation de ses moyens, elle a souhaité que les
réformes annoncées par le gouvernement s'accompagnent d'une plus
grande concertation avec les enseignants.
M. Jean-Louis Carrère
a estimé que la commission aurait
une attitude peu cohérente si elle décidait de donner un avis
défavorable à un projet de budget qui est en forte progression et
qui amorce des réformes significatives, alors qu'elle avait soutenu
pendant quatre ans des budgets moins ambitieux.
M. James Bordas
est convenu que le projet de budget
présenté comportait des éléments
intéressants mais a souligné le déphasage qui pouvait
être constaté entre les mesures annoncées et les
crédits proposés.
Il a fait observer que les nombreuses réformes annoncées
nourrissaient une certaine incertitude parmi les principaux acteurs du
système éducatif, qu'il s'agisse des chefs
d'établissement, des enseignants, des services
déconcentrés de l'éducation nationale ou des parents
d'élèves, et il a relevé une contradiction entre les
déclarations du ministre sur la nécessité de
" dégraisser " l'administration de l'éducation
nationale et les mesures prises, notamment en matière de recrutements.
En conséquence, il a indiqué qu'il ne pourrait donner un avis
favorable à l'adoption du projet de budget de l'enseignement scolaire.
M. Daniel Eckenspieller
a observé que les mesures prises en
faveur des aides éducateurs et des maîtres auxiliaires
répondaient sans doute à certains besoins des
établissements et à la nécessité de
développer l'emploi des jeunes mais étaient aussi sources de
préoccupation pour l'avenir. Il a ensuite estimé qu'une
réflexion devrait être engagée sur l'adaptation des
enseignants à leur mission. Il a souligné que l'extension, certes
souhaitable, de la scolarisation des enfants de deux ans nécessiterait
une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre, l'accueil
d'enfants aussi jeunes exigeant des personnels spécialisés, comme
en témoignent d'ailleurs les exigences de recrutement auxquelles doivent
satisfaire les communes qui mettent en place des structures d'accueil des
jeunes enfants.
M. Franck Sérusclat
a rappelé que les enfants de deux ans
étaient depuis longtemps parfaitement accueillis en maternelle pour peu
que les collectivités locales fassent les efforts nécessaires. Il
s'est par ailleurs enquis des modalités de l'aménagement des
rythmes scolaires préconisé par le ministre et a
déclaré partager l'inquiétude du rapporteur concernant la
modestie des moyens affectés au développement des nouvelles
technologies.
Il a, enfin, estimé que les conclusions du rapport invitant la
commission à se prononcer contre le projet de budget de l'enseignement
scolaire semblaient traduire une position de principe, voire
idéologique, qui ne tenait pas compte des nombreuses mesures d'urgence
d'ores et déjà applicables.
M. Jean Bernard
a souligné le caractère ambitieux des
réformes annoncées par le ministre mais a exprimé son
scepticisme quant à leur mise en oeuvre du fait des pesanteurs de notre
système éducatif.
Se déclarant favorable à une concertation avec les enseignants,
il a cependant estimé qu'il convenait de restaurer une hiérarchie
dans l'éducation nationale, d'améliorer notamment la
procédure de remplacement des enseignants et d'affecter des enseignants
chevronnés dans les ZEP.
Il a enfin fait part de son intention de s'abstenir lors du vote du projet de
budget de l'enseignement scolaire.
M. Jean-Pierre Camoin
a noté que l'approbation d'un budget
n'empêchait pas de formuler des critiques. S'agissant du projet de loi de
finances pour 1998, il a rappelé que celui-ci s'inscrivait dans des
contraintes financières acceptées par le corps électoral
et que si le projet de budget de l'enseignement scolaire était en
progression, d'autres, comme le budget de la défense, étaient en
forte diminution et mettaient en danger de nombreux emplois.
Il a estimé qu'un bon budget n'était pas nécessairement un
budget en augmentation mais devait être un budget bien
géré : compte tenu du flou qui entoure notamment le
recrutement annoncé de 150.000 emplois-jeunes en trois ans pour
satisfaire des besoins mal identifiés, l'enseignement scolaire ne
répond pas à cette exigence de bonne gestion.
Il a indiqué, en conséquence, qu'il approuvait la proposition de
donner un avis défavorable à l'adoption du projet de budget de
l'enseignement scolaire.
Répondant à M. Jean-Louis Carrère,
M. Philippe
Richert
a fait observer que tout projet de budget comportait des aspects
positifs et des éléments moins favorables. Déclarant que
certains aspects du projet de budget de l'enseignement scolaire ne lui
paraissaient pas acceptables, il a dénoncé le recrutement de
40.000 aides éducateurs dans l'éducation nationale au titre
des emplois-jeunes, dont on souligne qu'ils ne sont pas des emplois de
fonctionnaires mais qui sont néanmoins payés par l'Etat. A cet
égard, il a relevé le " double langage " et
souligné le manque de cohérence du gouvernement, qui a
expliqué qu'il était dans l'obligation de réemployer les
28.000 maîtres auxiliaires en fonction en 1995 et en 1996 mais qu'il
ne serait pas tenu de conserver les aides éducateurs dans
l'éducation nationale à l'expiration de leur contrat.
Il a indiqué en conséquence qu'il ne saurait approuver les
crédits de l'enseignement scolaire.
Répondant à ces interventions,
M. Adrien Gouteyron,
président
, a apporté les précisions suivantes :
- les bénéficiaires du fonds social pour les cantines scolaires
devront être définis avec précision ;
- les délais de remplacement des enseignants sont en moyenne d'une demi
journée dans le premier degré, mais de quinze jours à un
mois dans l'enseignement secondaire, ce qui justifie une réforme du
système ;
- le rapprochement évoqué des IUFM et des MAFPEN devrait avoir
pour objet d'assurer plus de cohérence dans les formations
dispensées aux enseignants ;
- le développement des nouvelles technologies ne
bénéficiera que de 104 millions de francs, dont
70 millions de francs pour permettre aux établissements
d'enseignement secondaire d'accéder au réseau Internet ;
- si le projet de budget de l'enseignement secondaire comporte un certain
nombre de mesures positives, il ne répond pas aux besoins de
l'éducation nationale et privilégie une approche plus
quantitative que qualitative ;
- l'organisation des rythmes scolaires peut emprunter diverses modalités
que le ministre n'a pas encore précisées ;
- la répartition du financement des technologies nouvelles dans les
écoles et les établissements entre l'Etat et les
collectivités locales devrait être explicitée par le
ministre.
A l'issue de ce débat,
la commission, suivant les propositions de son
rapporteur pour avis, a décidé de donner un avis
défavorable à l'adoption des crédits de l'enseignement
scolaire pour 1998.
1
Les déterminants de la
réussite scolaire en ZEP - Septembre 1997
2
Violences à l'école : état des savoirs.
Armand Colin - septembre 1997.