RAPPORT GENERAL N°85 TOME III ANNEXE 42 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
M. Joel BOURDIN, Sénateur
Commission des FInances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation - Rapport Général n) 85 Tome III Annexe 42 - 1997/1998
Table des matières
-
INTRODUCTION
- I. L'EXÉCUTION DU BAPSA EN 1996 ET 1997
- II. LE PROJET DE BAPSA POUR 1998
- III. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES
- EXAMEN EN COMMISSION
-
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN SECONDE DÉLIBÉRATION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 42
PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
Rapporteur spécial
: M. Joël BOURDIN
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Créé par l'article 58 de la loi de finances
pour 1960 n
o
59-1454 du 26 décembre 1959 (article
1003-1 du code rural) et régi par les articles 1003-1 à 1003-7 du
code rural, le budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA)
regroupe, outre les crédits afférents aux moyens des services et
la participation à des dépenses communes aux divers
régimes de protection sociale (régime des étudiants,
régime des praticiens et auxiliaires médicaux
conventionnés), les recettes et les dépenses de prestations
légales correspondant aux risques maladie, maternité et
invalidité, aux prestations familiales et à l'assurance
vieillesse (y compris les prestations prises en charge par le fonds de
solidarité vieillesse) des personnes non salariées des
professions agricoles.
Le projet de budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) pour 1998
progresse très légèrement (+ 0,6 %) par rapport
à 1997, année de quasi-stabilité (+ 0,1 %).
Le BAPSA continue d'être voté dans le cadre de la loi de finances
de l'année, malgré la discussion par le Parlement de la loi de
financement de la sécurité sociale. Du reste,
votre commission
des finances demeure attachée à l'autonomie du BAPSA.
En 1998, le BAPSA sera marqué par
deux décisions essentielles :
- le basculement des cotisations d'assurance maladie sur la contribution
sociale généralisée (CSG) ;
- et, la revalorisation des retraites agricoles d'un faible montant.
I. L'EXÉCUTION DU BAPSA EN 1996 ET 1997
A. L'EXÉCUTION 1996
Dans son rapport relatif à l'exécution des lois
de finances pour 1996, la Cour des Comptes note que les
recettes brutes du
BAPSA se sont élevées à 90,81 milliards de francs, en
augmentation de 1 %
par rapport à celles de l'exercice
précédent. Après déduction des reversements et
restitutions de droits indûment perçus (4,50 milliards de
francs), le montant net des recettes s'est établi à
86,32 milliards de francs, légèrement supérieur
à celui de l'exercice précédent (85,86 milliards de
francs).
Les
recettes
en provenance des cotisations de la profession,
15,33 milliards de francs, ont enregistré une augmentation de
7,5 %: elles représentent 16,9 % du financement des
dépenses du BAPSA.
Les recettes générées par les taxes diverses ont connu un
recul important (- 18,5 %), en raison de la mise en œuvre
définitive de la réforme de l'assiette des cotisations sociales.
Les recettes issues de la Caisse nationale d'allocations familiales
(2,08 milliards), du Fonds de solidarité vieillesse
(3,95 milliards) et du Fonds spécial d'invalidité
(126 millions) ont diminué de 14 %. Le versement à
intervenir au titre de la compensation démographique entre
régimes de sécurité sociale s'est élevé
à 33,08 milliards de francs en 1996 (+ 6 %).
La cotisation incluse dans la TVA a rapporté 27,36 milliards de
francs en 1996.
Les
dépenses
du BAPSA ont atteint 90,30 milliards de francs
en 1996, soit 1,35 % de moins que prévu.
Les prestations versées se sont élevées à
85,45 milliards de francs, soit 94,6 % du total. La
différence, soit 4,75 milliards, est constituée, à
hauteur de 4,50 milliards, par les reversements et restitutions de droits
indûment perçus, très majoritairement au titre de la TVA.
Le poste de dépenses le plus important est constitué par les
prestations vieillesse versées aux non salariés du régime
agricole : elles se sont élevées à
47,09 milliards de francs (- 1,14 %).
L'exécution du budget annexe présente un excédent de
511,9 millions de francs en 1996. Cet excédent a permis de
reconstituer partiellement le fonds de roulement. Le solde cumulé des
exercices antérieurs a ainsi été porté à
2,17 milliards de francs au 31 décembre 1996.
B. L'EXÉCUTION 1997
S'agissant des taux des cotisations qui avaient subi, en
1996,
des remises en ordre, la seule modification observée en 1997 consiste
dans la compensation, à hauteur de 917 millions de francs, de la
création par la loi de financement de la Sécurité sociale
d'un point de CSG sur les actifs et les retraités pour financer les
régimes d'assurance maladie.
Ainsi le taux des cotisations techniques d'assurance maladie des actifs diminue
de 1,3 point par rapport à celui de 1996, soit pour les exploitants
à titre principal 13,63 % au lieu de 14,93 % en 1996.
Par ailleurs, le taux des cotisations techniques d'assurance maladie des
retraités avait été diminué de 1 point par le
décret du 13 février 1997. Cette substitution de
1 point de CSG à 1 point de cotisations maladie
entraînera, pour les retraités agricoles, une baisse du
prélèvement global d'environ 160 millions de francs.
Le produit des cotisations, y compris la compensation due au transfert de
cotisations sur la CSG, devrait atteindre 15,9 milliards. L'effet base
1996, ainsi que la bonne tenue des revenus 1994-1995 et le bon niveau de 1996
expliquent un surcroît de recettes de 300 millions par rapport
à la loi de finances initiale.
L'évolution moyenne des cotisations par exploitant
à structure ou superficie pondérée constante serait, pour
1997 par rapport à 1996, de l'ordre de + 6 %. Cette
évolution recouvre cependant des situations contrastées selon
l'évolution du revenu individuel et également selon les
catégories d'assujettissement (réel, forfait, triennal...), comme
l'indique le tableau ci-après.
Catégories d'exploitants |
Evolution 97/96 par
exploitant
|
Exploitants au réel |
+ 6 % |
Exploitants au forfait |
+ 5 % |
Exploitants à l'option* |
+ 2 % |
Exploitants en assiette triennale |
+ 7 % |
Moyenne |
+ 6 % |
*hors régularisations |
S'agissant des taxes, dont celle assise sur l'assiette TVA,
leur produit net des restitutions devrait s'établir à
25,6 milliards de francs, en recul de 2 points par rapport à
la loi de finances initiale. Cette baisse prévisible provient
principalement de l'effet base 1996 où l'exécution ressort
en retrait sensible par rapport aux dernières prévisions,
conséquence de l'évolution très modérée des
emplois taxables.
Les versements au titre de la compensation démographique
s'élèveraient à 32,606 milliards de francs, dont
32,593 au titre des acomptes 1997 (25,197 milliards de francs
pour la vieillesse et 7,396 milliards de francs pour la maladie) et
13 millions de francs de régularisations.
Les versements en provenance de la CNAF (hors DOM) correspondent aux sommes
inscrites en loi de finances, diminuées des régularisations au
titre des années précédentes (-24,1 millions de
francs).
Il en est de même des versements du fonds de solidarité vieillesse
qui atteindraient 3,51 milliards de francs, dont 3,58 milliards pour
les acomptes et -71 millions pour les apurements.
Le BAPSA percevra, enfin, 123 millions de francs pour financer les
prestations invalidité.
En ce qui concerne les
dépenses
, en 1997, la nouvelle
prévision de réalisation des dépenses d'assurance maladie
s'établit à un montant -stable- de 32,6 milliards de francs.
Les dépenses hors hospitalisation publique sous dotation globale
atteignent 19 milliards de francs et restent stables par rapport à
la loi de finances initiale pour 1997.
Le poste honoraires, comprenant l'ensemble des actes des médecins,
diminuerait en valeur de 1,3 %, dont :
- + 0,6 % pour les omnipraticiens,
- - 2,4 % pour les visites,
- + 1,4 % pour les actes radiologiques.
Le poste prescriptions progresse à un rythme de 2,5 %.
S'agissant des dépenses relatives aux établissements
hospitaliers, trois points sont à noter :
- le ralentissement de la hausse du poste personnes
âgées : + 4,1 % contre + 8 % en 1995,
- la légère baisse (-0,7 %) des dépenses
d'hospitalisation privée,
- la baisse (-2 %) des dépenses de budget global
imputées au régime des exploitants agricoles en raison du cumul
de la faible augmentation de l'hospitalisation publique, tous risques tous
régimes et de la diminution de la part du BAPSA, estimée à
5,79 %.
En prestations familiales, les révisions à la baisse hors
majoration de rentrée scolaire sont dues essentiellement à
l'effet base de l'année 1996 et à la poursuite du recul des
versements au titre du logement.
En matière de retraites, les révisions à la hausse
(+ 360 millions de francs) des retraites constitutives sont dues :
- pour moitié à l'effet base 1996,
- pour partie au redressement des coefficients volume de la retraite
forfaitaire (+ 0,25) et de la retraite proportionnelle (+ 0,28)
provenant, dans ce dernier cas, de l'attribution de plus en plus
fréquente de points à des conjoints qui reprennent l'entreprise
du chef d'exploitation parti à la retraite.
Enfin, les montants versés au titre de l'allocation
supplémentaire de solidarité sont revus à la hausse pour
une somme de 97 millions de francs, dont 69 millions au titre de
l'effet base. Malgré ce réajustement, les versements de
l'allocation non contributive diminueraient de près de 15 %.
II. LE PROJET DE BAPSA POUR 1998
Le BAPSA s'élèvera, en 1998, hors restitutions de TVA, à 87,7 milliards de francs, en progression de 0,6 % par rapport à 1997. En incluant ces restitutions, il représente 92,543 milliards (+ 1,28 %).
Le tableau ci-après retrace l'évolution du BAPSA de 1995 à 1998.
A. LES DÉPENSES
1. Les retraites
Les prestations concernant le risque vieillesse constituent,
avec un montant de 48,4 milliards de francs, le principal poste de
dépenses.
Les retraites proprement dites (retraites forfaitaires et proportionnelles,
pensions de réversion) progressent de 2,2 %, malgré la
légère diminution du nombre de retraités.
Cette augmentation s'explique notamment par la deuxième étape du
relèvement des pensions que la loi de finances pour 1997 a prévue
en faveur des retraités les plus modestes. Ces majorations, qui
interviennent d'une manière progressive, bénéficieront
à plus de 208.000 anciens chefs d'exploitation et à
280.000 autres retraités (conjoints, anciens aides familiaux...) et
représenteront, en 1998, des dépenses supplémentaires de
retraite de près de 300 millions par rapport à 1997.
2. L'assurance maladie, maternité et invalidité
Ces dépenses sont évaluées, pour 1998, à près de 34 milliards de francs, soit un montant voisin de celui prévu au BAPSA de 1997. Cette quasi-stabilité s'explique principalement par les mesures générales de régulation des dépenses de santé qui s'appliquent au régime agricole comme aux autres régimes.
3. Les prestations familiales
Evaluées à 4,1 milliards de francs, elles
diminuent sensiblement (-6,5 % par rapport à 1997), en raison de la
baisse du nombre des bénéficiaires.
Enfin, des crédits de 110 millions sont prévus, comme
l'année précédente, pour financer les étalements et
les prises en charge partielles de cotisations pour les exploitants en
difficulté.
B. LES RECETTES
1. Les contributions professionnelles : cotisations et CSG
Les cotisations des agriculteurs sont, depuis 1996,
calculées intégralement sur leurs revenus professionnels. Elle
évoluent donc comme les revenus.
La loi de financement de la Sécurité sociale prévoit le
transfert d'une partie des cotisations maladie sur la CSG.
S'agissant des cotisations qui ne sont pas concernées par ce transfert,
c'est-à-dire les cotisations familiales, vieillesse et maladie qui
subsistent, elles progressent d'environ 2 % par rapport à celles
qui sont effectivement attendues en 1997. Cette évolution s'explique
principalement par la bonne tenue des revenus agricoles en 1995 et 1996.
Quant à la CSG, sa majoration en 1998 aura des conséquences
différentes pour les exploitants en activité et pour les
retraités agricoles :
- pour les exploitants en activité, la CSG sera majorée,
comme pour les actifs des autres catégories sociales, de 4,1 points
en 1998 ; en contrepartie, le taux de leurs cotisations maladie sera
diminué de 5,5 points ; cette substitution sera globalement
neutre pour eux
- pour les retraités agricoles, ceux qui sont imposables,
acquitteront la CSG au taux de 2,8 %, mais les plus modestes verront leurs
actuelles cotisations maladie supprimées sans devoir payer la CSG, de
telle sorte que 700.000 petits retraités agricoles devraient voir
leur pouvoir d'achat augmenter.
2. Les transferts de compensation démographique
Ces transferts, fournis par les autres régimes sociaux, principalement le régime général, sont évalués, en 1998, à 32,5 milliards de francs, en progression d'environ 1 % par rapport à 1997.
3. Les recettes de taxes
La TVA fournit l'essentiel de ces recettes, qui sont évaluées, hors restitutions, à 26,1 milliards de francs, compte tenu de la révision à la baisse des recettes attendues en 1997 par rapport aux évaluations initiales.
4. Les remboursements des fonds de solidarité vieillesse et invalidité
Evalués à 3,4 milliards de francs pour 1998, ces remboursements continuent à baisser, du fait de l'amélioration des retraites.
5. La subvention du budget de l'Etat
Cette subvention s'élèvera à
7,306 milliards de francs en 1998, contre 7,225 milliards de francs
en 1997 (+ 1,12 %).
III. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES
A. LA GESTION DE LA CAISSE CENTRALE DE MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE
Un rapport de la Cour des Comptes a fait apparaître
diverses irrégularités dans la gestion de la Caisse centrale de
la mutualité sociale agricole (CCMSA).
La Cour des Comptes a formulé des critiques sur deux points
essentiels :
- l'organisation de la Caisse centrale : les contrôles internes et
externes doivent être renforcés ; il est également
souhaitable de réintégrer au sein de la Caisse centrale les
activités sociales gérées par des structures annexes ; de
même, le code des marchés publics devrait être mieux
respecté
- la manière dont la Caisse centrale s'est diversifiée :
ainsi, par exemple, en 1993, la Caisse centrale a repris le Cefras, un ensemble
d'institutions sociales en dépôt de bilan, mais cette
décision, selon la Cour, a été prise sans concertation ni
études juridiques et financières sérieuses.
Votre rapporteur spécial exprime son inquiétude face à
cette situation, mais voudrait relativiser l'ampleur de ces
irrégularités au regard des masses budgétaires en jeu.
Il rappelle du reste que, de manière générale, le
développement d'activités concurrentielles par des organismes par
ailleurs chargés d'une mission de service public, est toujours
problématique.
En outre, il ne peut que se réjouir du renforcement des contrôles
que va réaliser la Caisse centrale.
B. LE BAPSA ET LA LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
1. L'appréciation de la Cour des Comptes
Dans son rapport 1996 sur la sécurité sociale,
la Cour des Comptes avait longuement traité de la protection sociale
agricole. Elle avait notamment souligné la double singularité du
régime des exploitants agricoles, à savoir un financement
entièrement budgétisé et un équilibre garanti par
la solidarité nationale.
Votre rapporteur spécial renouvelle pourtant, une fois encore, son
souhait de voir cette double singularité perpétuée, et
s'élève contre toute idée de "banalisation" du BAPSA,
c'est-à-dire de disparition.
2. Une difficile articulation
En revanche, votre rapporteur spécial est conscient des
risques de contradiction résultant de l'examen concomitant du budget
annexe et de la loi de financement.
D'une part, le fascicule budgétaire BAPSA et le projet de loi de
financement de la sécurité sociale comportent une
différence de présentation : celle du BAPSA est plus
détaillée, notamment en ce qui concerne les recettes.
D'autre part, le BAPSA ayant été arrêté bien avant
que le projet de loi de financement ne fût déposé par le
Gouvernement, il en résulte que le projet de BAPSA ne tient pas compte
d'éléments de la loi de financement qui se répercuteront
pourtant directement sur le budget annexe, comme le basculement d'une partie
des cotisations maladie sur la CSG, ou la mise sous condition de ressources des
allocations familiales.
La réforme des cotisations sociales agricoles s'est fondée sur
le principe de la parité de traitement entre les non salariés
agricoles et les salariés du régime général.
Or, cette
parité
de l'effort contributif
n'est plus
respectée
avec le basculement des cotisations d'assurance maladie
sur la CSG, pour le régime agricole.
Les salariés du régime général devraient
bénéficier d'un gain de pouvoir d'achat de 1,1 %, du fait de
la hausse de la CSG de 4,1 points, compensée par la baisse de
4,75 % du taux de la cotisation d'assurance maladie.
Une telle diminution des cotisations AMEXA des non salariés agricoles
aurait réduit leur pouvoir d'achat, du fait de
l'hétérogénéité des assiettes applicables
aux salariés du régime général et aux non
salariés agricoles. En effet, les salariés cotisent sur leur
salaire brut, et leur CSG est calculée sur la même assiette
diminuée de 5 % au titre des frais professionnels, tandis que les
cotisations des non salariés agricoles sont assises sur leur revenu
professionnel net, alors qu'ils paient la CSG sur leur revenu professionnel
majoré de la totalité de leurs cotisations sociales.
La cotisation AMEXA a finalement été diminuée de
5,5 points. Cependant, pour que le gain de pouvoir d'achat (1,1 %)
soit identique pour les salariés du régime général
et pour les non salariés agricoles,
la baisse des cotisations aurait
dû être de 6,5 % et non de 5,5 %.
Ce tableau par tranche de revenu ignore cependant l'incidence
de certains abattements et exonérations de cotisations. Or, les jeunes
agriculteurs, les pluriactifs agriculteurs à titre secondaire et les
veuves et veufs ou divorcés reprenant l'exploitation de l'ex-conjoint
verront leur pouvoir d'achat diminuer, puisqu'ils bénéficiaient
d'allégements de cotisations qui ne se reporteront pas dans la CSG
substituée.
Le tableau ci-après retrace les conséquences du transfert des
cotisations maladie vers la CSG.
Pour les
retraités agricoles,
la substitution de
la CSG aux cotisations sociales maladie devait, dans un premier temps, se
traduire par le remplacement de 2,8 % de cotisations par 2,8 % de CSG.
Cependant, dans un second temps, il a été décidé
que 700.000 retraités agricoles non imposables
bénéficieraient certes, en 1998, de la suppression de leur
actuelle cotisation maladie de 2,8 % sur leur pension, mais sans devoir en
contrepartie acquitter la CSG.
C. LA QUESTION DES CONTRATS COREVA
Le Conseil d'Etat, par un arrêt du 8 novembre 1996,
a annulé la majeure partie du décret du 26 novembre 1990,
relatif aux contrats de retraite complémentaire facultative par
capitalisation, dits contrats COREVA. Le Conseil d'Etat a suivi l'arrêt
de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) qu'il
avait saisie d'une question préjudicielle, et a jugé que la
réservation à la mutualité sociale agricole de
l'exclusivité de la gestion de ce régime complémentaire
bénéficiant seul de la déductibilité fiscale des
cotisations versées, était contraire aux dispositions du
Traité de Rome relatives à la libre-concurrence. L'arrêt du
Conseil d'Etat oblige à revoir les dispositions législatives,
elles-mêmes incompatibles avec le Traité.
Des dispositions, issues d'un amendement gouvernemental dans le projet de loi
d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines,
prévoient pour l'avenir un nouveau système de retraite
complémentaire des agriculteurs. Ce système devra respecter
intégralement les droits acquis et les avantages dont
bénéficiaient déjà les agriculteurs dans ce
domaine. Ils pourront dorénavant souscrire, pour leur retraite
complémentaire, dans le cadre de contrats de groupe, un contrat
auprès de l'assureur de leur choix, en bénéficiant des
mêmes déductions fiscales et de cotisations sociales que dans le
cadre de "COREVA". Est prévue une procédure de transfert du
portefeuille de "COREVA" à un ou plusieurs assureurs, qui auront
l'obligation de respecter le niveau des droits acquis dans l'ancien
régime.
Votre rapporteur spécial sera très attentif à la mise en
place de ce dispositif, eu égard à son caractère d'urgence
: en effet, 110.000 agriculteurs avaient souscrit un contrat COREVA, et ne
doivent donc pas subir de rupture dans la constitution de leur retraite
complémentaire.
L'article 55 de la loi d'orientation sur la pêche maritime et les
cultures marines n
o
97-1051 du 18 novembre 1997
met en
place un nouveau régime complémentaire facultatif d'assurance
vieillesse des non salariés agricoles. Ce régime prend la forme
de contrats d'assurance de groupe dont les cotisations pourront être
déduites du revenu imposable dans les conditions fixées par
l'article 154 bis OA du nouveau code général des
impôts.
Le régime COREVA disparaît donc et les conditions de sa
liquidation sont précisées. La loi prévoit à cet
égard que :
- la contre-valeur des actifs constitués jusqu'au 31
décembre 1996 par le régime COREVA, évalués
à leur valeur vénale, sera répartie entre les
adhérents selon les modalités qu'elle fixe ;
- les adhérents au régime seront informés par la
Caisse centrale de MSA avant le 31 décembre 1997 du montant de la
somme représentative de leurs droits à rente ;
- la contre-valeur des actifs revenant aux assurés sera
transférée à l'entreprise d'assurance ou à la
caisse autonome mutualiste que ceux-ci auront choisie, au moment de leur
adhésion à un contrat d'assurance de groupe ;
- les adhérents au régime COREVA devront demander le
transfert de leurs droits et obligations avant le 30 juin 1998 ; les
contrats des adhérents n'ayant pas entrepris cette démarche
feront l'objet d'un transfert à une ou plusieurs entreprises
d'assurances ou caisses mutualistes désignées par le ministre
chargé de l'économie sur avis conforme de la commission de
contrôle des assurances et à l'issue d'une procédure
d'appel d'offres dont les modalités seront fixées par
arrêté interministériel ;
- la caisse centrale et les caisses locales de MSA procéderont
jusqu'au 31 mars 1998 à l'encaissement des cotisations dues au
titre du régime COREVA pour les exercices antérieurs à
1998 et jusqu'au 30 juin 1998 au versement des arrérages de rentes
dus aux adhérents jusqu'à leur transfert sur un contrat
d'assurance de groupe ;
- les dispositions de l'article 1122-7 du code rural, relatives au
régime d'assurance complémentaire COREVA, sont abrogées
à compter du 30 juin 1998.
Le nouveau régime complémentaire d'assurance vieillesse
facultatif des personnes non salariées des professions agricoles
s'adresse aux chefs d'exploitation et d'entreprise agricoles relevant du
régime de base d'assurance vieillesse des travailleurs non
salariés des professions agricoles, ainsi qu'à leurs conjoints et
aux membres de leur famille participant à l'exploitation.
Les contrats pourront être souscrits auprès d'une
société d'assurance ou d'une mutuelle régie par les codes
des assurances et de la mutualité.
Les contrats doivent avoir pour unique objet le versement d'une retraite
complémentaire. Seules les primes des contrats offrant des prestations
sous forme de rente viagère sont susceptibles de
bénéficier du nouveau régime de déduction des
charges sociales de l'exploitant.
En ce qui concerne le versement d'une rente viagère, il est
rappelé que conformément aux dispositions de l'article 1979 du
code civil, l'assureur ne peut, dans un contrat de ce type, se libérer
du paiement de la rente en offrant de rembourser le capital ; il est tenu de
servir la rente pendant toute la vie de la personne ou des personnes sur la
tête desquelles la rente a été constituée. A cet
égard, il est précisé que les rentes peuvent être
réversibles en cas de décès au profit des conjoints
survivants ou d'un bénéficiaire désigné si le
contrat le permet.
Aucune sortie en capital totale ou partielle n'est prévue par la loi.
D. LE PROBLÈME RÉCURRENT DE LA REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES
Le tableau ci-dessous rappelle la faiblesse des retraites agricoles.
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche
Depuis 1990, le régime d'assurance vieillesse agricole
est harmonisé avec le régime général, et les chefs
d'exploitation en activité acquièrent des droits à
retraite équivalents à ceux des salariés du régime
général.
Un effort important de revalorisation des retraites des exploitants en
activité et surtout déjà retraités a
été accompli au cours des années récentes :
- en
1994
, les retraites de faible niveau des anciens chefs
d'exploitation ayant été aides familiaux pendant une partie de
leur carrière ont été relevées. 170.000 petits
retraités ont ainsi bénéficié d'une augmentation de
12 % en moyenne de leur retraite. Cette mesure représente une
charge annuelle d'environ 300 millions de francs ;
-
la loi de modernisation agricole du 1er février 1995
comportait des mesures en faveur des veuves : levée, pour l'avenir,
de l'interdiction de cumul d'une pension personnelle et d'une pension de
réversion ; relèvement de 6.000 francs en trois ans (1995,
1996, 1997) des pensions de réversion attribuées avant
l'entrée en vigueur de cette loi. Ces améliorations concernent
400.000 titulaires de pensions de réversion et représentent
en 1997 un coût net annuel de 1,8 milliard de francs.
Cet effort est poursuivi avec une disposition de la
loi de finances pour
1997
, qui prévoit :
- de relever progressivement sur trois ans (1997 à 1999) la pension
minimum des retraités ayant été chefs d'exploitation
pendant l'essentiel de leur carrière. Le minimum de pension est ainsi
porté pour une carrière pleine à 37.500 francs par an
en 1999 pour les nouveaux retraités et à 32.300 francs pour
les actuels retraités ;
- et de majorer de 1.500 francs sur deux ans (1997 et 1998) les
retraites forfaitaires des conjoints d'exploitants et des aides familiaux
actuellement retraités.
Le régime agricole est plus favorable que le régime
général pour les titulaires de faibles revenus
particulièrement pour les agriculteurs dont les revenus sont
inférieurs à 800 SMIC horaires (moins de 30.000 francs
par an). Les exploitants dont les revenus dépassent le SMIC se
constituent aujourd'hui des droits à retraite dans des conditions
équivalentes à celles des salariés du régime
général.
Mais, au-delà des relèvements récents, un effort doit
être poursuivi en priorité en direction des actuels
retraités qui ont effectué une longue carrière en
agriculture, mais qui perçoivent de faibles pensions, principalement
parce qu'ils ne se sont pas constitués de droits à retraite
proportionnelle ou se sont constitués des droits très faibles
à cette part de la retraite agricole et parce qu'ils touchent ainsi
seulement ou quasi exclusivement la retraite forfaitaire.
Un amendement au projet de loi de finances pour 1998 permettra de relever
les plus faibles pensions servies aux retraités agricoles.
Cette majoration bénéficiera aux conjoints ayant travaillé
sur les exploitations, aux anciens aides familiaux, comme à ceux d'entre
eux ayant été chefs d'exploitation seulement pendant quelques
années, dès lors que ces retraités ont consacré la
totalité ou l'essentiel de leur carrière à l'agriculture.
Cette majoration sera, pour une pleine carrière (37,5 ans), de
5.100 francs par an. Son montant sera dégressif pour les personnes
ayant une carrière comprise entre 37 années et demi et
32 années et demie.
Ainsi, un retraité ayant travaillé 37 années et demie
en qualité de conjoint participant à l'exploitation
perçoit, pour cette année, 18.150 francs et aurait dû
percevoir, pour 1998, 18.650 francs avec la majoration prévue par
la loi de finances pour 1997. Grâce au relèvement qui sera
réalisé en application de la présente disposition, il
verra, en 1998, sa pension portée à 23.750 francs.
Ces relèvements bénéficieront à 275.000 petits
retraités agricoles, dont 168.000 conjoints ayant participé
aux exploitations, 13.000 anciens aides familiaux et
94.000 retraités ayant eu une carrière mixte en tant que
conjoint ou aide familial, d'une part, et chef d'exploitation pendant une
brève période, d'autre part.
Cette mesure entraînera en 1998 des dépenses
supplémentaires de 760 millions de francs, ce qui, compte tenu des
économies sur le fonds de solidarité, correspondra à un
coût net de 680 millions de francs.
Elle est financée :
- d'une part, par l'abondement du chapitre 46-96 "Prestations
vieillesse
versées aux non-salariés du régime agricole" à
hauteur de 680 millions de francs ;
- d'autre part, par la réduction du chapitre 46-01 "Prestations
maladie, maternité, soins aux invalides versées aux exploitants
agricoles et aux membres non salariés de leur famille", de
180 millions de francs, cette diminution résultant de la
régularisation de la dotation globale hospitalière au titre de
1996.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 29 octobre 1997, sous la
présidence de M. Roland du Luart, vice-président, la
commission a procédé, sur le rapport de
M. Joël
Bourdin, rapporteur spécial
, à l'
examen
des
crédits
du
budget annexe
des
prestations sociales
agricoles (BAPSA).
Après l'exposé des crédits alloués au budget annexe
des prestations sociales agricoles,
M. Roland du Luart,
vice-président,
a reconnu, eu égard aux dysfonctionnements de
la caisse centrale de la mutualité sociale agricole mis en exergue par
la Cour des Comptes, être saisi par le doute quant à la
nécessité de conserver un régime de protection sociale
prenant la forme d'un budget annexe.
M. Joël Bourdin, rapporteur spécial,
a d'abord tenu à
préciser que la caisse centrale avait pris la décision
d'améliorer ses contrôles afin que de telles erreurs de gestion ne
se reproduisent plus.
Il a également noté que les changements à la tête de
la caisse centrale allaient dans le bon sens.
Il a enfin souligné son attachement à l'autonomie du BAPSA, du
fait de l'examen parlementaire détaillé d'un régime de
protection sociale, même s'il a admis un défaut d'articulation
avec la loi de financement de la sécurité sociale.
La commission a alors
adopté le projet de budget annexe des
prestations sociales agricoles
pour 1998.
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE
NATIONALE EN SECONDE DÉLIBÉRATION
Amendement à l'article 33 :
Dans le II de cet article, majorer les crédits de
500.000.000 francs au titre du budget annexe des prestations sociales
agricoles.
Lors de la séance du 23 octobre 1997, à l'Assemblée
nationale, le Gouvernement a présenté un amendement
(n
o
II-68) à l'article 33 du PLF 1998, tendant
à majorer les mesures nouvelles du BAPSA à hauteur de
500 millions de francs, ce qui les porte à 942.372.215 francs.
Cette majoration de crédits vise à revaloriser les pensions
servies à 275.000 retraités agricoles.
Elle est réalisée :
- d'une part, par l'abondement du chapitre 46-96 "prestations
vieillesse
versées aux non salariés du régime agricole" à
hauteur de 680 millions de francs ; ce chapitre s'élève
ainsi à 49.041.000.000 francs ;
- d'autre part, par la réduction du chapitre 46-01
"Prestations maladie, maternité, soins aux invalides versées aux
exploitants agricoles et aux membres non salariés de leur famille", de
180 millions de francs : il s'élève ainsi à
33.225.000.000 francs ; cette diminution résulte de la
régularisation de la dotation globale hospitalière au titre de
1996.
Cette majoration bénéficiera aux conjoints ayant travaillé
sur les exploitations, aux anciens aides familiaux, comme à ceux d'entre
eux ayant été chefs d'exploitation seulement pendant quelques
années, dès lors que ces retraités ont consacré la
totalité ou l'essentiel de leur carrière à l'agriculture.
Cette majoration sera, pour une pleine carrière (37,5 ans), de
5.100 francs par an. Son montant sera dégressif pour les personnes
ayant une carrière comprise entre 37 années et demie et
32 années et demie.
Ainsi, un retraité ayant travaillé 37 années et demie
en qualité de conjoint participant à l'exploitation
perçoit, pour cette année, 18.150 francs et aurait dû
percevoir, pour 1998, 18.650 francs avec la majoration prévue par
la loi de finances pour 1997. Grâce au relèvement qui sera
réalisé en application de la présente disposition, il
verra, en 1998, sa pension portée à 23.750 francs.
Ces relèvements bénéficieront à 275.000 petits
retraités agricoles dont 168.000 conjoints ayant participé
aux exploitations, 13.000 anciens aides familiaux et
94.000 retraités ayant eu une carrière mixte en tant que
conjoint ou aide familial, d'une part, et chef d'exploitation pendant une
brève période, d'autre part.
Cette mesure entraînera en 1998 des dépenses
supplémentaires de 760 millions de francs, ce qui, compte tenu des
économies sur le fonds de solidarité, correspondra à un
coût net de 680 millions de francs.
Réunie le mercredi 29 octobre 1997, sous la présidence de
M. Roland du Luart, vice-président, la commission a
adopté le projet de budget annexe des prestations sociales agricoles
pour 1998