RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 4 - PROJET DE LOI DE FINANCES ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
Roger BESSE, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 4 - 1997/1998
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
-
CHAPITRE PREMIER
PRESENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS- I. LES CREDITS DU MINISTERE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- II. L'EFFORT GLOBAL EN FAVEUR DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
- III. L'AUGMENTATION DES CREDITS POUR 1998 DOIT ÊTRE RELATIVISEE
-
CHAPITRE II
A QUAND UNE REFORME DE LA PAT ?- I. L'ASSAINISSEMENT REUSSI DE LA GESTION DE LA PAT.
- II. L'ASSAINISSEMENT COMPTABLE NE DOIT PAS ELUDER LA QUESTION DES CRITERES D'ELIGIBILITE TROP RESTRICTIFS
-
CHAPITRE III
1998-2000 : TROIS ANNEES CRUCIALES POUR L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE-
I. LA REFORME DE LA LOI D'ORIENTATION DOIT PRESERVER LES ACQUIS DU TEXTE DE
1995.
- A. CERTAINS OUTILS CRÉES PAR LA LOI D'ORIENTATION NE SONT PAS PLEINEMENT EXPLOITES.
- B. LE SENAT DOIT VEILLER A PRESERVER LES ACQUIS DE LA LOI D'ORIENTATION DU 4 FEVRIER 1995.
- II. LA REFORME DES POLITIQUES COMMUNAUTAIRES
- III. LA RENEGOCIATION DES CONTRATS DE PLAN.
-
I. LA REFORME DE LA LOI D'ORIENTATION DOIT PRESERVER LES ACQUIS DU TEXTE DE
1995.
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 4
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT :
I
.
- AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Rapporteur spécial
: M. Roger BESSE
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
L'augmentation comptable des crédits de l'aménagement du territoire
Les crédits du ministère de l'aménagement
du territoire s'élèvent à 1,8 milliard de francs dans le
projet de loi de finances pour 1998. Ils ne représentent que 7% de
l'ensemble de l'effort budgétaire de l'Etat, qui s'établit
à 55,7 milliards de francs, auxquels s'ajoutent les 10 milliards de
francs reçus chaque année de l'Union européenne.
Le ministère de l'aménagement du territoire affiche des
crédits en hausse de 6%. Cette progression importante n'est toutefois
pas également répartie entre les différents postes de
dépenses. Le budget du ministère comporte trois grandes masses :
- les crédits de fonctionnement de la DATAR, qui diminuent en 1998 ;
- les subventions accordées par le fonds national d'aménagement
et de développement du territoire, qui baissent également ;
- les subventions de la prime d'aménagement du territoire, la PAT. Leur
montant est modeste, 320 millions de francs en autorisation de programme comme
en crédits de paiement. C'est pourtant leur forte augmentation, de 155
à 320 millions de francs en crédits de paiement, qui explique la
hausse de 6% du budget de l'aménagement du territoire.
La hausse spectaculaire, 106%, des crédits de la prime
d'aménagement du territoire mérite que l'on s'y arrête.
Elle doit être replacée dans la perspective d'un mouvement
d'apurement de la gestion de la PAT entamé l'année
dernière. En effet, afin de résorber le montant
élevé des crédits reportés, le gouvernement
précédent avait diminué par deux les crédits de
cette prime. Cette stratégie s'est avérée payante. Les
crédits reportés ont été considérablement
réduits si bien que, pour maintenir constant le niveau des subventions
distribuées, le gouvernement a du accroître la dotation en loi de
finances.
En conséquence, le gouvernement peut afficher un effort
budgétaire important en faveur de l'aménagement du territoire
alors que les crédits de la DATAR et du FNADT diminuent et que le niveau
des subventions de la PAT restera constant.
L'assainissement de la gestion de la PAT est salutaire, mais ne doit pas
exonérer le gouvernement de s'attaquer à la cause des reports :
l'inadaptation des critères d'attribution, principalement celui issu de
l'obligation de créer vingt emplois permanents en trois ans.
Préparer la réforme de la loi d'orientation de 1995
Le gouvernement n'a pas souhaité laisser le temps
à la loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire de porter l'ensemble de ses fruits. Votre
rapporteur le déplore, mais se place désormais dans la
perspective du débat qui aura lieu au printemps prochain.
La réforme de la loi sera l'occasion de relancer certains outils qui,
aujourd'hui, ne sont toujours pas pleinement exploités.
La parenthèse ouverte par la dissolution de l'Assemblée nationale
doit se refermer, et le schéma national d'aménagement et de
développement du territoire enfin voir le jour. Son élaboration
permettra aux acteurs publics de définir de manière
cohérente les orientations fondamentales en matière
d'aménagement du territoire. Votre rapporteur souhaite que l'important
travail de préparation effectué dans les régions, au sein
du Commissariat général au plan et du Parlement ne reste pas
lettre morte mais, au contraire, serve de point de départ aux travaux de
l'année prochaine.
Le fonds national pour le développement des entreprises, qui doit
permettre aux très petites entreprises de trouver les financements que
les banques leur refusent, avait été relancé lors du
comité interministériel qui s'est tenu à Auch au mois
d'avril 1997. Il devait être doté d'un milliard de francs à
partir de recettes de privatisations. Il semble que cette décision ne
soit plus à l'ordre du jour et que l'on s'oriente vers une solution plus
modeste. En tout état de cause, ce fonds doit devenir
opérationnel.
Le fonds de gestion de l'espace rural, le fonds d'investissement pour les
transports terrestres et les voies navigables, le fonds de
péréquation pour les transports aériens, connaissent, pour
des raisons diverses, des dysfonctionnements auxquels aucune solution n'a
été proposée. De même, puisque la mise en oeuvre des
dispositions de la loi relatives aux services publics en milieux ruraux est
bloquée par le Conseil d'Etat, des dispositifs alternatifs doivent
être imaginés. Enfin, l'ambiguïté sur la vocation des
pays n'a pas été levée, et le gouvernement se contente
pour l'instant de formules vagues invoquant le dynamisme, la
spontanéité et le " vouloir vivre ensemble " des
acteurs locaux. Votre rapporteur considère que la perspective de la
renégociation des contrats de plans Etat-région, auxquels le
gouvernement souhaite associer les pays en 1999, appelle plutôt une
clarification des attributions de chaque découpage territorial.
Préserver l'essentiel
Le texte de 1995 a permis d'inscrire dans la loi les
principes
fondamentaux de la politique d'aménagement du territoire. Le soutien aux
territoires les plus en difficulté a été
élevé au rang d'objectif prioritaire de l'action de l'Etat.
Le monde rural figure au premier rang des priorités fixées par la
loi d'orientation pour l'aménagement du territoire. Elle a conduit
à la création des zones de revitalisation rurale. Elle a surtout
prévu le vote d'une loi spécifique. L'avant-projet de " Plan
pour l'avenir du monde rural " présenté à Auch
préfigurait ce texte. Le gouvernement a choisi d'y renoncer. Votre
rapporteur estime que la continuité de l'action de l'Etat dans ce
domaine n'est pas garantie.
La loi de 1995 consacrait également le principe du zonage, repris
l'année suivante par le pacte de relance pour la ville. Les
exonérations fiscales consenties aux entreprises qui investissent dans
les zones urbaines ou rurales en difficulté permettent le retour de
l'activité économique, de l'emploi et donc de la vie sociale dans
des territoires en passe d'être marginalisés. A long terme, elles
contribuent à gommer les inégalités entre les
différentes parties du territoire national. A court terme, le maintien
ou l'implantation d'entreprises dans une commune en difficulté peut
éviter son dépeuplement, la fermeture de son école ou la
faillite des petits commerces.
Le gouvernement ne semble pas acquis à cette philosophie. Les
réticences exprimées par plusieurs ministres à
l'égard des dispositifs zonés sont de nature à
décourager les entreprises, qui ont besoin de stabilité juridique
avant d'engager des investissements dont la rentabilité n'est pas
immédiate.
L'amélioration de la desserte des régions isolées, et donc
l'amélioration de leur attractivité, est un point crucial de la
loi de 1995. Elle a créé le fonds de péréquation
des transports aériens pour éviter la fermeture de lignes
aériennes. Elle a surtout fixé un objectif ambitieux,
véritable charte du désenclavement : aucune partie du territoire
ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou quarante
cinq minutes d'automobile, soit d'une autoroute ou d'une route express, soit
d'une gare TGV.
Pour atteindre cet objectif, un programme autoroutier couvrant l'ensemble du
territoire a été progressivement élaboré. Ce
programme est aujourd'hui remis en cause. les chantiers sur le point
d'être commencés ont été suspendus. Le projet de
canal à grand gabarit reliant le Rhin au Rhône l'a
également été, au risque d'éloigner la France du
centre de gravité des échanges intra-communautaires. Une
commission d'enquête sur l'arrêt des grands projets
d'infrastructures est actuellement mise sur pied au sein de notre
Assemblée.
Les contrats de plan Etat-région seront renégociés en
1999. La génération de contrat qui s'achève avait mis
l'aménagement du territoire au coeur de ses dispositifs en ajoutant
à la définition d'objectifs propres à chaque région
une dimension de redistribution des richesses entre les régions.
L'effort financier de l'Etat a été supérieur dans les
régions défavorisées. Votre rapporteur souhaite que le
gouvernement reprenne cet objectif de péréquation au niveau
national, de façon à renforcer l'unité de la
République.
Ces mises en garde témoignent de l'inquiétude de votre rapporteur
s'agissant des intentions du gouvernement en matière
d'aménagement du territoire. L'augmentation, même comptable, des
crédits du ministères pour 1998 est une goutte d'eau au regard de
l'impact négatif de l'arrêt des grands travaux. Et si votre
rapporteur convient, avec le gouvernement, que certains outils prévus
par la loi n'ont pas encore pleinement porté leurs fruits, il ne
souhaite pas que leur principe soit remis en cause.
C'est pourquoi votre rapporteur propose au Sénat de rejeter les
crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans la loi de
finances pour 1998.
CHAPITRE PREMIER
PRESENTATION GÉNÉRALE
DES CREDITS
I. LES CREDITS DU MINISTERE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
EVOLUTION DES CREDITS DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
(en millions de francs)
Nature des crédits |
|
1997 après régulation
budgétaire
|
Crédits
demandés
|
Evolution en % 98/97 init. |
Evolution en % 98/97 rect. |
Dépenses ordinaires (DO) |
|||||
Titre III - Moyens des services/DATAR |
|
|
|
|
|
Titre IV - FNADT |
294,36 |
- |
291,00 |
- 1,14 |
- 1,14 |
Dépenses en capital (CP) |
|||||
Chapitre 64-00-PAT |
155,00 |
136,25 |
320,00 |
+ 106,45 |
+ 134,86 |
Chapitre 65-00-FNADT |
1.155,32 |
- |
1.100,00 |
- 4,78 |
- 4,78 |
TOTAL DO + CP |
1.696,30 |
1.672,30 |
1.799,10 |
+ 6,06 |
+ 7,58 |
Autorisations programme |
|||||
Chapitre 64-00-PAT |
250,00 |
187,50 |
320,00 |
+ 28 |
+ 70,66 |
Chapitre 65-00-FNADT |
1.308,32 |
- |
1.300,00 |
- 0,63 |
- 0,63 |
TOTAL AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
|
|
|
|
|
A. LA DATAR CONTRIBUE A L'EFFORT DE MAITRISE DES DEPENSES PUBLIQUES
Les dépenses de fonctionnement de la DATAR s'établissent à 88,1 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, en baisse de 3,8%.
1. Une présentation budgétaire remaniée
A la suite d'observations formulées par la Cour des
Comptes, la DATAR a modifié la présentation budgétaire de
ses crédits
1(
*
)
.
La rémunération des agents contractuels de droit français
des bureaux de la DATAR à l'étranger, auparavant prise en charge
par les crédits du chapitre 31-92 "
Remboursements à
diverses administrations. Dépenses de personnel
", est à
présent inscrite au chapitre 31-01 "
Rémunérations
des personnels
". Cette modification de nomenclature se traduit
par
l'ouverture de 28 postes budgétaires qui ne correspondent pas à
de nouvelles embauches mais à une régularisation comptable.
Dans un souci de clarification, les chapitres consacrés aux
"
Dépenses d'informatique et de
télématique
" (chapitre 34-03) et aux
"
Dépenses de fonctionnement des bureaux de la Datar à
l'étranger
" (chapitre 34-04) ont été fondus dans
le chapitre 34-98 des "
Moyens de fonctionnement des
services
".
Les dépenses de fonctionnement des bureaux de la DATAR à
l'étranger sont à présent complètement
intégrées à la nomenclature budgétaire de la DATAR.
Néanmoins, ces crédits restent dans leur très grande
majorité gérés par la direction des relations
économiques extérieures (DREE), à laquelle ils sont
transférés en cours d'exercice.
2. Une austérité confirmée
Les dépenses de personnel de la DATAR
(rémunérations et prestations sociales) diminuent de 3,7 millions
de francs, soit 4%, dans le projet de loi de finances pour 1998. Cette baisse
provient de la suppression de deux postes dans l'administration de la DATAR.
Ces deux postes n'étaient pas pourvus et par conséquent la
réduction de 115 à 113 du total des effectifs de la DATAR ne se
traduit pas par des licenciements.
S'agissant des effectifs de la DATAR à l'étranger, la
répartition des rémunérations entre contractuels de droit
français et recrutés locaux a été modifiée,
entraînant une baisse de 20% des sommes affectées aux
rémunérations des premiers et une augmentation concomitante de
38% des rémunérations des second.
Les moyens de fonctionnement de la DATAR sont en baisse de 1,8% dans le projet
de loi de finances pour 1998. Cette baisse est supportée par les bureaux
de la DATAR à l'étranger, dont les moyens sont réduits de
3,1% .
Les bureaux de la DATAR à l'étranger
La DATAR compte dix sept bureaux à l'étranger,
répartis en trois réseaux implantés en Europe, en
Amérique du nord et en Asie. Ils emploient 69 agents, dont 30
contractuels, 5 coopérants du service national et 34
recrutés locaux.
L'activité de ces bureaux consiste à promouvoir les
investissements étrangers en France. Ils reçoivent le concours du
réseau Invest in France, qui regroupe des organismes locaux et
reçoit des financements publics dans le cadre du FNADT.
Le succès des actions des bureaux à l'étranger peut
s'évaluer au nombre d'emplois créés en France à la
suite d'investissements d'entreprises étrangères sur le
territoire national. En 1996, 22814 emplois ont été ainsi
créés. Ce chiffre doit être relativisé car il
englobe les rachats d'entreprises françaises par des entreprises
étrangères. En réalité, la création nette
d'emplois est d'environ cinq mille.
Les moyens d'action des bureaux de la DATAR à l'étranger doivent
être rapprochés de ceux des postes d'expansion économique,
dont les missions sont complémentaires de celles de la DATAR puisqu'ils
oeuvrent à la promotion des exportations françaises. Les
effectifs des PEE sont d'environ deux mille agents, soit presque trente fois
plus que ceux de la DATAR.
Votre rapporteur a consacré un chapitre à l'action de ces
bureaux, qui mérite d'être encore une fois saluée, dans son
rapport de l'année dernière. Il s'inquiète de la
diminution de leurs moyens et des conséquences de la suppression du
service national sur leurs effectifs.
B. LA FORTE AUGMENTATION DES CREDITS DE LA PRIME D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE (PAT)
1. Les crédits de la PAT augmentent de manière substantielle
En présentant le budget de l'aménagement du
territoire, le gouvernement a mis en avant un accroissement de 28% des
crédits alloués à la prime d'aménagement du
territoire. Cette augmentation est celle des autorisations de programme. C'est
sur la base de celles-ci que le comité interministériel des aides
à la localisation d'activité (CIALA) distribue les subventions
aux entreprises ayant présenté des projets. Dans le projet de loi
de finances pour 1998, le volume des autorisations de programme passe de 250
à 320 millions de francs.
En présentant le budget de l'aménagement du territoire, le
gouvernement annonçait également une augmentation de 6% de
l'ensemble des crédits du ministère. Cette augmentation
résulte du bond de 165 millions de francs effectué par la
dotation des crédits de paiement consacrés à la PAT, qui
constituent les versements effectués au cours de l'année aux
entreprises en application des décisions de CIALA. Leur montant passe de
155 à 320 millions de francs, en hausse de 106%. En tenant compte des
annulations intervenues en juillet 1997, la hausse est encore plus forte
(134,8%).
2. L'augmentation des crédits de la PAT explique la progression du budget de l'aménagement du territoire
C'est le montant des crédits de paiement, et non des
autorisations de programme, qui est pris en compte lors du calcul du solde
budgétaire. Leur augmentation dans le budget de l'aménagement du
territoire permet de :
- compenser la réduction de 3,5 millions de francs des dépenses
de fonctionnement de la DATAR ;
- compenser la baisse de 58,7 millions de la francs de la dotation du FNADT ;
- améliorer de 102,8 millions de francs du montant total des
crédits du ministère.
Ces 102,8 millions de francs constituent la différence entre le budget
de l'aménagement du territoire pour 1997 (1,7 milliard de francs) et
celui prévu pour 1998 (1,8 milliard de francs) et permettent au
gouvernement d'afficher un budget en hausse de 6%.
C. LA BAISSE DES CREDITS DU FNADT
1. Le FNADT entre dans sa quatrième année sous sa forme actuelle
Institué par l'article 33 de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement du territoire et mis en oeuvre par anticipation dès le 1 er janvier 1995, le FNADT a été créé pour regrouper six fonds 2( * ) qui étaient inscrits jusqu'en 1994 au budget de l'aménagement du territoire.
Le FNADT comporte deux sections, une section
générale et une section locale. La répartition des
crédits disponibles entre les deux sections intervient en début
d'année, lors de la première réunion du comité
interministériel pour l'aménagement et le développement du
territoire (CIADT).
La
section générale
regroupe des crédits
gérés par le CIADT, qui arrête ses choix en fonction de
l'importance et de l'exemplarité des projets proposés et de leur
cohérence avec les priorités de l'aménagement du
territoire. C'est également sur la section générale que
sont imputés les crédits pour le financement de programmes
interrégionaux ainsi que ceux destinés à la
décentralisation d'entreprises.
En principe, le fonds ne doit pas se substituer aux dotations ordinaires de
l'Etat. Il a vocation à être employé lorsqu'il n'existe
aucune autre ligne budgétaire adaptée. Il doit permettre de
susciter la participation d'autres partenaires, principalement les
collectivités locales et l'Union européenne. Votre rapporteur
déplore que les crédits du FNADT soient parfois orientés
vers des réalisations dont le lien avec l'aménagement du
territoire peut sembler ténu.
La
section locale
est déconcentrée auprès des
préfets de régions. Ces crédits sont répartis entre
une fraction correspondant aux engagements souscrits dans les contrats de plan
Etat-région (CPER) et une fraction dite " libre d'emploi ".
Cette dernière fait elle-même chaque année l'objet d'une
répartition entre les régions.
La répartition des crédits du FNADT
(En millions de francs)
1996
|
1997
|
1998 (AP-DO) |
Evolution 97/96 en % |
Evolution 98/97 en % |
|
Section générale
|
163,959
|
131,88
|
nd
|
- 19,56
|
nd
|
Total section générale |
844,730 |
627,205 |
nd |
- 25,75 |
nd |
Section locale
|
162,485
|
162,485
|
nd
|
-
|
nd
|
Total section locale |
962,485 |
822,485 |
nd |
+ 14,54 |
nd |
Total général |
1.807,215 |
1.449,60 |
1.391 |
- 19,78 |
- 4 |
2. L'utilisation des crédits du FNADT
La DATAR remet chaque année au Parlement un rapport sur
l'utilisation des crédits du FNADT. Le rapport pour 1996 a
été transmis à l'automne de 1997.
En 1996, l'objectif privilégié par 37 % des
opérations subventionnées a été le
développement économique et l'emploi. C'est pour les
crédits de la section générale que cette tendance a
été la plus marquée (48 %).
La répartition des subventions entre les différents secteurs est assez similaire dans toutes les sections. Cependant, les crédits de la section générale s'orientent plus facilement vers l'industrie, ceux de la section locale contractualisée vers le commerce, l'artisanat et l'agriculture, et enfin, ceux libres d'emploi vers la culture, l'emploi et la formation.
3. La dotation du FNADT poursuit sa baisse
a) L'ampleur de la baisse
Les crédits du FNADT, qui s'établissent à
1,391 milliard de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, en baisse
de 4%. Ils proviennent de deux chapitres budgétaires :
- au titre IV (chapitre 44-10) figurent les crédits d'intervention. Ils
s'établissent à 291 millions de francs dans la projet de loi de
finances pour 1998, en baisse de 1,1%.
- au titre VI les dépenses d'investissement du chapitre 65-00. Elles
accusent une baisse de 4,78% en crédits de paiement (1,1 milliard de
francs) et de 0,63% en autorisations de programme (1,3 milliard de francs).
Les crédits de ces deux chapitres, sont ensuite répartis entre la
section générale, la section locale déconcentrée et
la section locale " libre d'emploi ".
b) Une baisse préoccupante
La réduction des crédits du FNADT est due
à l'allongement d'un an des contrats de plan Etat-région (CPER).
L'étalement dans le temps des autorisations de programme
consacrées, au sein de la section locale, aux contrats de plan
était perceptible dès 1997. En effet, les subventions
versées par le FNADT dans le cadre des contrats de plan ont connu une
diminution de 35% entre 1996 et 1997. La répartition des crédits
pour 1998 devrait confirmer cette évolution.
L'état d'avancement des objectifs fixés par les plans ne semble
pourtant pas justifier un ralentissement des engagements. En effet, à mi
chemin des engagements 1994-98 (maintenant rallongé à 1999), ni
l'Etat, ni aucune région, n'avaient engagé 50% des
dépenses prévues.
Les crédits du FNADT n'ont pas fait l'objet d'annulation en juillet
1997. La préservation de leur enveloppe en période
d'économies budgétaires semblait accréditer l'idée
que leur dotation pour 1997 constituait un plancher en dessous duquel les
crédits du FNADT ne devaient pas descendre. Le gouvernement n'a pas
retenu cette interprétation puisque ces crédits diminuent dans le
projet de loi de finances pour 1998 et font l'objet d'annulations
conséquentes dans l'arrêté d'annulation du 23 novembre 1997
(5 millions de francs en AP, 2,8 en CP).
II. L'EFFORT GLOBAL EN FAVEUR DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTERES
Les crédits consacrés par chaque
ministère à la politique d'aménagement du territoire sont
retracés dans l'état récapitulatif des crédits de
l'aménagement du territoire, le " jaune " budgétaire.
Ils sont évalués à 53,95 milliards de francs pour 1998, en
progression de 0,3%.
Comme en 1997, les principaux contributeurs sont les ministères de
l'agriculture et des transports.
1. La contribution du ministère de l'agriculture et de la pêche
La contribution du ministère de l'agriculture et de
la pêche approche les 10 milliards de francs
. Elle diminue de 4,5%
mais pour s'établir à 9,9 milliards de francs. Ces crédits
relèvent des interventions du titre IV et sont principalement
constitués de :
- 2,8 milliards de francs au chapitre 44-41 "
Amélioration des
structures agricoles - F.A.S.A.S.A.
" (contre 3 milliards en
1997) ;
- 3,05 milliards de francs au chapitre 44-53 des "
Interventions en
faveur de l'orientation et de la valorisation de la production
agricole
" (3,11 en 1997) ;
- 1,58 milliards de francs au chapitre 44-80 "
Amélioration du
cadre de vie et aménagement de l'espace rural
" (1,67 en 1997).
2. La contribution du ministère de l'équipement, des transports et du logement
L'effort du budget des transports augmente de 2,5 % par
rapport à 1997 et s'élève à 30,87 milliards de
francs
dont :
- 24,47 milliards de francs au titre des transports terrestres. Ces
dépenses relèvent essentiellement du titre IV (16,2 milliards de
francs de "
Contribution aux charges d'infrastructures
SNCF
"
et 5,22 milliards de francs de "
Transports de voyageurs à
courte distance
") auxquels ils faut ajouter 2,65 milliards de
francs
provenant du fonds d'investissement des transports terrestres et des voies
navigables (FITTVN).
- 6,2 milliards de francs au titre du réseau routier. Ces
crédits se décomposent en 4,1 milliards inscrits au titre V
(chapitre 53-43 "
Voirie nationale
") et 1,5
milliards
provenant du FITTVN.
3. La contribution des autres ministères.
Les autres principaux contributeurs sont :
- le ministère de l'éducation nationale avec 5,13 milliards de
francs (en baisse de 7,6%) qui relèvent majoritairement du titre VI
(construction et maintenance de bâtiments).
- le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie avec
notamment 4,1 milliards de francs inscrits au titre VI du budget de l'industrie.
Votre rapporteur note que certains ministères semblent avoir une
conception extensive de la notion d'aménagement du territoire et
suggère que l'inscription de crédits dans le " jaune "
fasse l'objet d'une justification.
B. LES FONDS CREES PAR LA LOI D'ORIENTATION
1. Le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
Le FITTVN, institué par l'article 37 de la loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire, est un compte spécial du Trésor géré
par le ministère des transports, de l'équipement de du logement.
Il est alimenté par le produit de deux taxes : l'une sur les titulaires
d'ouvrages hydroélectrique concédés, et l'autre sur les
concessionnaires d'autoroute.
Compte tenu du relèvement de la taxe sur les titulaires d'ouvrages
hydroélectriques concédés, la dotation prévue pour
le FITTVN en 1998 s'élève à 3,9 milliards de francs, en
hausse de 25,8%. L'augmentation du produit de la taxe est une
conséquence indirecte de l'abandon du projet de canal Rhin-Rhône.
En effet, EDF, qui est le seul titulaire d'ouvrages hydroélectriques
concédés, voit sa capacité contributrice renforcée,
ce qui lui permet de supporter cette surtaxe. Le produit de cette taxe,
1.800 millions de francs, est très supérieur aux
dépenses d'aménagement des voies navigables, 430 millions de
francs, qu'il est censé financer. La montée en puissance des
travaux de construction du canal Seine Nord conduira à la
nécessité de dégager des ressources nouvelles pour les
travaux routiers et ferroviaires actuellement financés par le produit de
la taxe sur les ouvrages hydroélectriques concédés.
Ces crédits sont destinés :
- au transport routier pour la poursuite des grands travaux, principalement la
RN 7 et les grandes autoroutes qui traversent le massif central ;
- au transport ferroviaire pour le financement du réseau TGV inscrit au
schéma directeur national ;
- aux voies navigables, notamment le projet " Seine-Nord ".
Votre rapporteur se félicite cependant du fait que la gestion des
crédits du FITTVN semble s'améliorer. En effet, l'exercice 1996,
le premier en année pleine, avait été marqué par un
niveau de consommation des crédits disponibles très faible
(57,24%), provoqué par un montant très élevé de
crédits reportés (1,63 milliards de francs, soit 46% des
crédits inscrits dans la loi de finances). En 1997, 46% des
crédits disponibles (dotation de la loi de finances et crédits
reportés) ont été consommés dès la
moitié de l'exercice.
2. Le fonds de péréquation des transports aériens
Le fonds de péréquation des transports
aériens (FPTA) verse des subventions aux entreprises de transport
aérien en vue d'assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire.
Le FPTA, qui est un compte spécial du Trésor également
géré par le ministère de l'équipement, des
transports et du logement, est alimenté par le produit de la taxe par
passager aérien embarquant dans un aéroport français, dite
" taxe de péréquation des transports aériens ".
L'estimation du produit de la taxe est en augmentation de 15% dans le projet de
loi de finances pour 1998 et s'établit à 48,5 millions de francs.
C. LA DEPENSE FISCALE
La dépense fiscale correspond au coût, pour le
budget de l'Etat, des exonérations fiscales et des compensations
d'exonérations de charges patronales dans les territoires qui font
l'objet d'un zonage.
Les zonages sont multiples : zones d'aménagement du territoire,
territoires ruraux de développement prioritaire, zones de revitalisation
rurale, zones d'investissement privilégié, zones de
redynamisation urbaine, zones urbaines sensibles et zones franches urbaines.
Ils bénéficient dans des proportions variables, de diverses
dispositions
3(
*
)
qui conduisent à
accroître la dépense fiscale. Votre rapporteur a
détaillé les modalités des divers allégements
fiscaux dans les différentes zones dans le rapport sur les
crédits de l'aménagement du territoire de 1997.
L'estimation de la dépense fiscale pour 1998 figure dans le
" jaune " budgétaire. Elle ne prend en compte que les
exonérations de taxe professionnelle et d'impôt sur les
sociétés (hors zones franches urbaines) qui sont
évaluées respectivement à 15,7 millions de francs et 1,3
milliards de francs.
Votre rapporteur déplore que le montant des estimations figurant dans
les documents budgétaires ne fasse l'objet d'aucune explication.
L'augmentation de 34% des exonérations d'impôt sur les
sociétés (de 970 à 1300 millions) semble
révéler le succès de l'un des zonages, sans que l'on
puisse savoir lequel, ni à partir de quels éléments cette
évaluation a été réalisée. L'origine de
cette dépense, dont le coût pour le budget de l'Etat correspond
à 72% du budget du ministère de l'aménagement du
territoire, mériterait des développements plus importants.
D. LES VERSEMENTS TOUJOURS SUBSTANTIELS DES FONDS STRUCTURELS EUROPEENS
Les fonds européens font l'objet d'une enveloppe
pluriannuelle. La DATAR a pris le parti, justifié, d'inscrire chaque
année le même montant dans les documents budgétaires, sans
tenir compte des pesanteurs qui peuvent retarder l'engagements de certains
crédits sur une année. Le montant des versements est donc le
même que celui de l'année dernière, soit
10,22 milliards de francs.
Votre rapporteur souhaiterait, à la veille de la réforme des
fonds structurels, que les procédures d'engagement des subventions
européennes fassent l'objet d'une évaluation.
III. L'AUGMENTATION DES CREDITS POUR 1998 DOIT ÊTRE RELATIVISEE
A. LES CREDITS REPORTES DE LA PRIME D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE SONT PROGRESSIVEMENT CONSOMMES
Les fonds attribués à la prime d'aménagement du territoire se caractérisent par le montant élevés des crédits reportés d'année en année.
Reports et dotations en loi de finances des crédits
de la PAT
1994 |
1995 |
1996 |
1997
|
|||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Loi de finances initiale |
1.000,00 |
647,00 |
583,75 |
343,75 |
539,00 |
331,70 |
250,00 |
155,00 |
Reports de l'année antérieure |
912,20 |
187,85 |
1.417,31 |
419,56 |
1.370,31 |
401,75 |
1.150,02 |
292,06 |
En 1997, les dotations de la prime d'aménagement du
territoire, inscrites au chapitre 64-00 "
Aides à la
localisation d'activités créatrices d'emplois
" ont
été particulièrement faibles tant en autorisations de
programme qu'en crédits de paiement afin de permettre la consommation
des crédits reportés. Le détail de cette stratégie
fait l'objet du chapitre suivant.
Elle s'est avérée payante. Au 31 juillet 1997, 176,57 millions de
francs de crédits de paiement avaient été consommés
pour 155 ouverts en loi de finances. S'agissant des autorisations de programme,
la consommation s'établissait à 282,91 millions pour 250
prévues en loi de finances initiale.
B. UN ASSAINISSEMENT REEL, MAIS UNE AUGMENTATION COMPTABLE
Le projet de loi de finances pour 1998 porte les
autorisations
de programme à 320 millions de francs. Cette dotation a
été établie en tenant compte du montant de subventions
attribué chaque année (de 600 à 700 millions de francs) et
du montant de crédits reportés qui restent disponibles une fois
le processus d'apurement (décrit au chapitre 2) arrivé à
son terme. Selon les informations recueillies par votre rapporteur, le
gouvernement espère ramener à 400 millions de francs les
autorisations de programme reportées. Avec 720 millions de francs
disponibles, les CIALA pourront poursuivre leurs attributions de subventions
à un rythme inchangé, sans engendrer trop de reports.
S'agissant des crédits de paiement, le gouvernement se devait
également d'augmenter leur dotation en loi de finances afin de
maintenir, voire d'augmenter légèrement, le niveau de
consommation de la PAT. C'est pourquoi leur montant a été
relevé à 320 millions de francs, le montant de la dotation pour
1996.
La hausse de 106% du montant des crédits de paiement permet au
gouvernement d'afficher une augmentation de 6% de son effort en faveur de
l'aménagement du territoire. En réalité, si elle est
réelle sur le plan comptable (le budget du ministère augmente de
100 millions de francs), cette revalorisation permettra simplement de maintenir
constant le niveau des subventions accordées au titre de la PAT tandis
que, par ailleurs, les crédits de la DATAR comme ceux du FNADT sont en
baisse.
CHAPITRE II
A QUAND UNE REFORME DE LA PAT ?
I. L'ASSAINISSEMENT REUSSI DE LA GESTION DE LA PAT.
A. L'ENGRENAGE DES REPORTS DE CREDITS A CONDUIT A UN DEREGLEMENT DE LA MECANIQUE DE LA PAT.
1. L'engrenage des reports
Les subventions sont distribuées plusieurs fois par an
par le ministre de l'aménagement du territoire sur proposition du
comité interministériel d'aide à la localisation
d'activités (CIALA), dont le secrétariat est assuré par la
DATAR et qui se réunit à l'initiative de celle-ci. Les
subventions sont attribuées à des entreprises qui
présentent des projets.
Les crédits de la PAT font l'objet, en loi de finances, de dotations en
autorisations de programmes et en crédits de paiement :
- les autorisations de programmes correspondent au montant des subventions qui
peuvent être accordées par les CIALA au cours d'une même
année. Une fois la subvention accordée, une convention doit
être établie entre le ministère et le
bénéficiaire de la subvention. L'élaboration de cette
convention peut prendre plusieurs mois. Certaines n'aboutissent jamais. Ces
dernières sont sources de reports de crédits. Les reports
proviennent également de la difficulté pour la DATAR à
trouver des projets qui satisfassent l'ensemble des critères de la PAT,
particulièrement restrictifs ;
- les crédits de paiement indiquent le montant maximum de versements
autorisés au cours d'une même année. Les subventions
accordées sont généralement payées en plusieurs
fois, les versements s'étalant sur plusieurs années. Par
conséquent, la dotation des crédits de paiement d'une
année sert à payer la première partie des subventions
accordées cette année-là, mais également le
reliquat de projets entamés une ou plusieurs années auparavant.
Certains projets s'interrompent après un ou deux versements. Les
crédits de paiement prévus pour des projets qui ne voient pas le
jour, ou s'interrompent prématurément, provoquent les reports.
L'accumulation, année après année, de crédits
reportés non consommés provoque l'effet "boule de neige" des
reports de crédits
2. Le dérèglement de la mécanique
La logique des reports a confiné à l'absurde en
1994, année au cours de laquelle la consommation globale de PAT a
été négative en autorisation de programme et, s'agissant
des crédits de paiement, très nettement inférieure
à la dotation en loi de finances. Depuis 1995, la consommation globale
est supérieure à la dotation en loi de finances initiale, en
autorisations de programme comme en crédits de paiement,
entraînant une légère réduction du montant des
reports.
Néanmoins, malgré ce léger mieux, cette période se
caractérise par un dérèglement de la mécanique de
la PAT. En effet, le maintien plusieurs années consécutives du
matelas des reports a fait perdre tout son sens à la notion
d'autorisation budgétaire. Une déconnexion entre la dotation en
loi de finances initiale et le montant des subventions accordées s'est
opérée, se traduisant non seulement par des sommes versées
sans lien avec les enveloppes autorisées en loi de finances initiale,
mais également par une inversion de l'évolution des montants.
C'est le " paradoxe de la PAT " : au cours des trois
derniers
exercices, la consommation globale de PAT s'est accrue, en autorisation de
programme comme en crédits de paiement, tandis que les dotations en lois
de finances initiales diminuaient.
Le paradoxe de la PAT
B. L'APUREMENT VOLONTARISTE DE LA GESTION DE LA PAT, INITIE PAR LE PRECEDENT GOUVERNEMENT, EST UN SUCCES
1. Une thérapie de choc pour accentuer une tendance spontanée
Précipitant le phénomène identifié
ci-dessus de baisse du montant des reports provoquée par une
consommation de PAT supérieure à la dotation en loi de finances
initiale, et afin de reconnecter le montant des subventions versées
à celui des dotations, le précédent gouvernement a
divisé par deux les dotations en loi de finances pour 1997, en AP comme
en CP.
Cette démarche a aboutit à la consommation des reports de
crédits de paiement, ce qui permet au nouveau gouvernement d'augmenter
de façon justifiée leur dotation pour 1998, et de
bénéficier des conséquences en terme d'affichage.
2. La poursuite de la démarche par le nouveau gouvernement
Le gouvernement actuel a décidé de poursuivre
cette démarche en procédant à une révision de tous
les dossiers qui, au cours des années précédentes, avaient
donné lieu à l'attribution d'une subvention sans pour autant
qu'un projet ne voie le jour.
Il espère ainsi ramener de 1 milliard à 400 millions le montant
des reports de PAT (en autorisations de programme). Les six CIALA tenus au
cours des neuf premiers mois de 1997 auraient permis, selon les informations
recueillies par votre rapporteur auprès de la DATAR, de trouver 300
millions de francs qui ne seront jamais consommés.
II. L'ASSAINISSEMENT COMPTABLE NE DOIT PAS ELUDER LA QUESTION DES CRITERES D'ELIGIBILITE TROP RESTRICTIFS
A. DESTINEE A SOUTENIR DES PROJETS INDUSTRIELS DE GRANDE IMPORTANCE...
La PAT est une subvention d'équipement,
gérée au niveau national et versée, pour des projets
créateurs d'emplois, à des entreprises qui réalisent des
opérations concernant des activités industrielles et tertiaires
dans des zones prioritaires définies par décret en Conseil d'Etat.
La géographie d'application de la PAT a fait l'objet d'une
réforme en 1995 à la suite, d'une part, d'observations de la
Commission européenne et, d'autre part, de la volonté de cibler
cette aide sur les zones prioritaires d'aménagement du territoire.
Ces zones sont des zones rurales ou faiblement industrialisées aux
caractéristiques différentes des zones pour lesquelles la PAT
avait été initialement imaginée. Or, la réforme de
la géographie de la PAT n'a pas été accompagnée
d'une réforme de ses critères d'éligibilité.
Les critères d'éligibilité à la prime d'aménagement du territoire |
La prime d'aménagement du territoire (PAT) est attribuée, dans les zones d'aménagement du territoire (ZAT), aux projets de création d'un établissement par une entreprise existante ou nouvelle qui aboutissent à la création d'un minimum de 20 emplois permanents en trois ans . Ce nombre est ramené à 10 pour les activités tertiaires hautement qualifiées ou les activités de recherche. |
Le montant de la prime, accordée par emploi créé, est modulé en fonction de certains critères. |
C'est ainsi que pour les projets industriels , le calcul de la prime prend en compte, à la fois, le nombre des emplois et le montant des investissements, avec des taux variables selon le caractère prioritaire de la zone. Trois zones sont ainsi différenciées : |
1. zones à taux normal : 50.000 francs maximum par emploi, avec un plafond de 17 % du montant des investissements. |
2. zones à taux
majoré
:
70.000 francs maximum par emploi, avec un plafond de 25 % du montant
des investissements.
|
Pour ces deux catégories de zones, un dépassement exceptionnel de ces plafonds peut être justifié par l'intérêt économique ou le coût très élevé de l'opération, notamment lorsque celle-ci est effectuée dans une région où existent des problèmes particulièrement graves d'emploi ou de déclin démographique. |
3. zones à taux dérogatoire : elles recouvrent la Corse, les arrondissements de Douai, Valenciennes et Avesnes-sur-Helpe dans le département du Nord, ainsi que le Pôle Européen de développement de Longwy. |
70.000 francs maximum sont accordés par emploi, avec un plafond de 33 % des investissements pour la Corse et le Pôle Européen de développement de Longwy ; avec un plafond de 28 % pour les trois arrondissements du Nord. |
S'agissant des projets tertiaires , le montant de la prime ne dépend que du nombre des emplois et de la localisation , le volume des investissements n'étant pas pris en considération. Le montant de la prime est de 70.000 francs maximum par emploi. |
B. ... LA PAT N'EST PLUS ADAPTEE A SES UTILISATEURS.
La réforme de la PAT intervenue par le décret
n°95-149 du 6 février 1995 avait procédé à un
relèvement des plafonds d'attribution de la prime. Le taux normal
était passé de 35 000 à 50 000 francs par emploi et le
taux majoré de 50 000 à 70 000 francs par emploi. Cette
réforme n'a pas permis d'augmenter sensiblement le nombre des
bénéficiaires de la prime. Selon les informations recueillies par
votre rapporteur auprès de la DATAR, la plupart des subventions
accordées aujourd'hui le sont encore en dérogation au plafond,
afin notamment de favoriser les investissements d'entreprises
étrangères.
Cette approche ne s'est pas révélée convaincante :
- le nombre d'emplois créés est décevant, car la PAT n'est
pas distribuée entièrement et, du fait des dérogations au
plafond, les fonds versés subventionnent moins d'emplois que ne le
prévoient les critères ;
- le plafond de la subvention par emploi ne saurait s'élever
indéfiniment ;
- la prime profite surtout à des opérations de grande taille
souvent situées en ville. Paradoxalement, les dérogations
accentuent cette tendance.
Une véritable politique d'aménagement du territoire devrait
aboutir à la modification du nombre requis d'emplois créés
pour être éligible à la prime, et non du montant de la
subvention par emploi créé. En effet, en milieu rural, peu
d'entreprises ont les moyens de se lancer dans des opérations
susceptibles de créer 20 emplois permanents en trois ans.
Votre rapporteur se félicite de l'intention du ministre de
l'aménagement du territoire, affirmée devant votre commission des
finances, de revoir les critères de la prime d'aménagement du
territoire afin qu'elle ne bénéficie plus seulement à
quelques grands projets. Néanmoins, il déplore que le ministre
renvoie cette perspective à la réforme globale des zonages car
celle-ci n'interviendra pas avant celle des fonds structurels européens,
c'est à dire en 1999. Or, les problèmes de la prime
d'aménagement du territoire sont connus et une solution pourrait
être proposée dans des délais plus courts.
CHAPITRE III
1998-2000 : TROIS ANNEES CRUCIALES POUR
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
I. LA REFORME DE LA LOI D'ORIENTATION DOIT PRESERVER LES ACQUIS DU TEXTE DE 1995.
Le ministre de l'aménagement du territoire a décidé de procéder à la révision de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire. Votre rapporteur déplore que cette décision intervienne avant que la loi n'ait pu porter l'ensemble de ses fruits, mais prend acte du fait que le débat s'articule désormais autour du nouveau texte que présentera le gouvernement.
A. CERTAINS OUTILS CRÉES PAR LA LOI D'ORIENTATION NE SONT PAS PLEINEMENT EXPLOITES.
1. Le schéma national d'aménagement du territoire
Le gouvernement n'a pas repris à son compte
l'avant-projet de schéma national d'aménagement du territoire
présenté à Auch en avril 1997. Pour autant, il ne remet
pas en cause le principe d'un schéma national tel que contenu dans
l'article 2 de la loi d'orientation du 4 février 1995.
Le ministre de l'aménagement du territoire a annoncé que le
schéma ne ferait pas l'objet d'un document séparé et
serait réexaminé dans le cadre de la révision de la loi
d'orientation. Cette loi devrait contenir "
un certain nombre de
grandes orientations et de prescriptions d'aménagement ayant vocation
à devenir l'armature conceptuelle d'un schéma national, sans pour
autant constituer un schéma national défini
géographiquement. La discussion de ce projet de loi portera sur
les grands principes qui seront ultérieurement déclinés
dans les schémas sectoriels et les schémas de service.
"
Un comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire devrait, à la mi-décembre de
1997, préciser les orientations du projet de loi, qui serait
présenté en conseil des ministres au début de
l'année 1998 et présenté au Parlement après les
élections régionales du mois de mars.
Votre rapporteur souhaite que le Parlement soit associé à
l'élaboration de la nouvelle loi, de la même façon qu'il
l'avait été en 1995.
2. Le FNDE n'est toujours pas doté
Prévu par l'article 43 de la loi d'orientation, le
fonds national de développement des entreprise répond à
une nécessité au regard de l'aménagement du territoire. En
effet, il permettrait de distribuer des aides aux entreprises désireuses
d'investir dans les régions défavorisées
4(
*
)
et
qui ne rencontrent pas le soutien des banques, peu
intéressées par les projets de petite taille. Le FNDE constitue
une nécessité au regard de l'équilibre de la politique
d'aménagement du territoire car il a été conçu
comme étant aux entreprises l'équivalent du FNADT pour les
projets des collectivités locales.
Le FNDE a fait l'objet de l'ouverture d'un compte auprès de la banque de
développement des petites et moyennes entreprises (BDPME). Il a
également été décidé qu'il serait
doté d'un milliard de francs sur deux ans à partir de recettes de
privatisation.
Selon les informations recueillies par votre rapporteur, il semblerait que
cette éventualité soit abandonnée. La DATAR
considère que cette somme est disproportionnée par rapport aux
besoins des très petites entreprises, qui tendent à diminuer du
fait du développement d'autres mécanismes de soutien, tels que le
programme de la Caisse des dépôts et consignations en faveur des
petites entreprises ou les plates-formes d'initiative locale. Ces
dernières sont des associations loi de 1901 fondées par acteurs
économiques locaux qui distribuent des prêts d'honneur en faveur
des très petits projets. La DATAR finance ces plates-formes par le biais
du fonds national d'aménagement et de développement du territoire.
Le besoin de financement du FNDE est aujourd'hui chiffré à 200 ou
300 millions de francs. Des négociations sont en cours avec le
ministère des finances.
3. La gestion des autres fonds n'est pas optimales
a) La dérive du FITTVN
Annoncé comme un levier pour rééquilibrer
la politique des transports en faveur des modes fluvial et ferroviaire, le
fonds d'intervention des transports terrestres et des voies navigables, finance
essentiellement des programmes routiers et autoroutiers.
La gestion de ce fonds a été détournée de son
objectif initial. Créé par la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, le FITTVN ne
fait pas l'objet de la gestion interministérielle envisagée par
la loi. Le ministère de l'aménagement du territoire est tenu
à l'écart de l'utilisation de ses ressources, confiée au
seul ministère de l'équipement, des transports et du logement.
La gestion des ressources du FITTVN ne semble pas guidée par des
impératifs d'aménagement du territoire. En effet, ce fonds sert
essentiellement à financer des projets qui préexistaient à
la loi d'orientation et dont le financement se trouve ainsi
débudgétisé. Par conséquent, il est difficile
d'affirmer que la création du FITTVN a abouti à une augmentation
significative des investissements en matière de transports. En outre,
pour la première fois en 1998, les ressources du FITTVN serviront,
à hauteur de 83 millions de francs, à financer des
dépenses d'entretien du réseau routier.
b) Le lancement raté du FGER
Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER),
géré par le ministère de l'agriculture, a
été institué par l'article 38 de la loi d'orientation afin
de financer des opérations en zones rurales en voie de
désertification. Il a pour objet de soutenir, en leur apportant une
contribution financière, les actions concourant à l'entretien et
à la réhabilitation d'espaces agricoles en voie d'abandon,
d'éléments naturels du paysage et d'espaces où
l'insuffisance d'entretien est de nature à aggraver les risques
naturels. En revanche, sont exclus de son champ d'intervention les espaces
bâtis, les infrastructures et les terrains constructibles ainsi que les
terrains appartenant à l'Etat et aux collectivités territoriales,
à l'exception des communes.
Il a principalement été utilisé pour des actions de
débroussaillage, d'entretien des haies, de restauration du bocage et de
réhabilitation des zones humides.
Les crédits affectés au FGER sont dans leur quasi totalité
répartis auprès des départements. Les orientations
générales pour l'utilisation de ce fonds sont
arrêtées au niveau départemental par le préfet
après avoir recueilli l'avis de la commission départementale de
la gestion de l'espace (CODEGE).
Votre rapporteur déplore l'évolution et la gestion des
crédits de ce fonds depuis sa mise en place en 1995. La proportion de
crédits reportés et le montant des annulations témoignent
d'un biais qu'il importe de corriger d'urgence. A cet égard,
l'annulation de 96,6% des crédits ouverts en loi de finances au cours de
l'exercice 1997 est exemplaire. Ce dysfonctionnement est attribué
à des lourdeurs de procédure retardant la déconcentration
des crédits, ainsi qu'à la lenteur du processus de
décision au sein des départements.
Les crédits relatifs au FGER
(en millions de francs)
Dans le projet de loi de finances pour 1998, le FGER est
doté de 140 millions de francs.
Votre rapporteur considère que le FGER correspond à un besoin
dans le monde rural, et souhaite que son mode de fonctionnement soit
normalisé.
L'amendement portant article additionnel après l'article 49 du projet de
loi de finances pour 1998 adopté en première lecture à
l'Assemblée nationale pourrait constituer une occasion
d'améliorer à la fois le taux de consommation des crédits
du FGER et l'aménagement de l'espace rural. Il consiste en effet
à ne plus limiter le bénéfice des subventions du FGER aux
seuls projets auxquels "
les agriculteurs ou leurs groupements sont
parties prenante
", mais d'offrir la possibilité d'accorder des
subventions aux projets d'entretien des paysages ruraux effectués par
d'autres acteurs que des exploitants agricoles.
4. Les dispositions relatives aux services publics en milieux ruraux ne sont pas appliquées.
Le maintien du moratoire opposable aux fermetures ou
suppressions de services publics en zone rurale décidé le 10 mai
1993 témoigne du faible degré de mise en oeuvre des dispositions
relatives à ce sujet contenues dans la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire du
4 février 1994.
L'article 28 de la loi assigne aux commissions départementales
d'organisation et de modernisation des services publics, créées
en 1985, le soin de proposer au préfet et au président du conseil
général des dispositions tendant à améliorer
l'organisation et la présence, sur le terrain, des services publics. Par
services public, on entend les services des établissements, organismes
publics et entreprises nationales sous tutelle de l'Etat, mais
également, avec leur accord, les services des collectivités
territoriales et leurs groupements, ainsi que les services d'associations ou
d'organismes assurant des missions de service public ou d'intérêt
général.
Une note de méthode transmise aux préfets le 10 avril 1997
indique que ces commissions examineront en particulier les
réorganisations de services publics de proximité.
L'article 29 établit que la conclusion de contrats de services publics
ou de contrats de plan d'entreprise constituent un préalable à la
levée du moratoire. Ces contrats doivent fixer, d'une part, les
obligations en matière de services rendus et d'aménagement du
territoire que l'Etat entend donner aux entreprises ou organismes publics
placés sous sa tutelle et, d'autre part, les compensations
financières éventuellement dues par l'Etat pour les
surcoûts susceptibles de résulter de ces obligations. Toute
décision de réorganisation ou de fermeture d'un service doit
faire l'objet d'une étude d'impact contrôlant que
l'opération n'est pas en contradiction avec le contrat signé par
l'entreprise.
Le décret d'application de cet article est en cours
d'élaboration. Le ministre de l'aménagement du territoire a
estimé devant votre commission des finances que, compte tenu du rejet
répété des projets de décret par le Conseil d'Etat,
cet article pourrait se révéler inapplicable.
EDF et GDF ont cependant déjà incorporé des contrats de
service public dans les contrats de plan que ces entreprises ont conclu avec
l'Etat. Ces documents précisent les engagements de l'entreprise pour
permettre l'égalité d'accès et de traitement des usagers.
Contrats de service publics : les exemples d'EDF et de GDF
Le contrat de service public entre l'Etat et EDF
prévoit le maintien de la péréquation des tarifs sur le
territoire et une recherche du meilleur service pour l'usager au moindre
coût. EDF s'engage sur la qualité des services rendus :
intervention dans les quatre heures en cas de coupure sur tout le territoire,
réponse à une demande écrite sous huit jours.
Toute réorganisation de l'entreprise devra être
accompagnée d'une amélioration de la qualité des
prestations aux clients en utilisant éventuellement les moyens modernes
de télécommunication.
L'entreprise poursuivra sa politique d'accès à
l'électricité pour des usagers défavorisés,
notamment grâce à des accords avec les services sociaux
concernés. Elle s'engage aussi à renforcer le
développement des services rendus dans les zones prioritaires
d'aménagement du territoire (en particulier dans les zones de
redynamisation urbaine et dans les zones de revitalisation rurales).
De la même manière,
le contrat de service public
intégré au contrat de plan signé par l'Etat et GDF
vise à améliorer les diverses formes de service au client et
insiste sur la garantie des services, de qualité identique, en tous
points du territoire desservi par GDF. Il prévoit l'extension de la
desserte à environ deux cents nouvelles communes chaque année, et
des mesures d'accompagnement pour favoriser le développement local. Il
indique aussi comment GDF accompagnera ses chantiers de grandes infrastructures
et son action pour la sécurité domestique par des mesures de
formation, d'insertion et d'assistance technique à la sous-traitance,
favorable à l'emploi local.
Votre rapporteur souhaite connaître les intentions du gouvernement en
matière de soutien aux services publics en milieu rural si les
dispositions de la loi devaient se révéler véritablement
inapplicables.
5. Où va la politique des pays ?
a) La mise en oeuvre de la LOADT
Le nouveau gouvernement a choisi de reprendre à son
compte la politique des pays, en insistant sur le caractère souple et
non institutionnel de cette structure. Officiellement, les pays
"
ont
vocation à devenir le référentiel territorial pour la
conduite des opérations de développement local, l'organisation
des services d'intérêt public, dans une démarche qui
associe aux pouvoirs publics des acteurs privés
".
L'article 2 de la loi d'orientation du 4 février 1995 prévoyait
un cadre souple afin de susciter l'émergence spontanée des pays.
Une étude de la DATAR a d'abord porté sur 42 pays test.
Aujourd'hui, plus de 250 territoires ont choisi de constituer un pays.
Le gouvernement annoncera des mesures en faveur de la politique des pays lors
du prochain comité interministériel d'aménagement du
territoire et cette notion figurera au centre du projet de loi visant à
réviser la loi d'orientation de 1995.
b) L'avenir des pays
L'association des présidents de conseils
généraux (APCG) a mis en garde contre une conception des pays qui
pourrait conduire à les institutionnaliser et à créer un
nouvel échelon administratif qui concurrencerait le département.
Le rapport de mission de M. Michel Kotas remis au Premier ministre au mois de
mars 1997 exclut l'éventualité d'un "
toilettage du
maquis des cartes administratives
". Il estime que ce sont les
cantons
qui seront le plus pénalisés par le développement des pays
car, s'ils demeurent une circonscription électorale, ils sont
déjà largement exclus des dispositifs participant à la
politique d'aménagement du territoire.
Ce rapport affirme à plusieurs reprises que les pays n'ont pas vocation
à s'institutionnaliser, ni à remplacer les structures existantes.
Pourtant, les pays sont décrits comme ayant vocation de devenir les
interlocuteurs privilégiés des instances européennes et
préconise leur forte implication dans les procédures de
contractualisation.
A ce sujet, il envisage "
d'orienter plus clairement le
département de manière plus lisible vers les missions de gestion
et de mise en oeuvre de l'action sociale. La région serait alors
recentrée sur l'aménagement du territoire et ses missions les
plus stratégiques (formation supérieure, recherche, prospection,
veille technologique, infrastructures lourdes. Le pays serait de fait un
territoire en interaction constante avec les deux échelons territoriaux
supérieurs
". Cette rédaction peut laisser entendre que
le pays aurait un rôle, sinon de conception, du moins de coordination,
tandis que les régions et, surtout, les départements
conserveraient les tâches d'exécution.
Votre rapporteur préconise le maintien du caractère souple des
pays. Il souligne que la possibilité d'une remise en cause de
l'échelon départemental par les pays n'a pas entièrement
été écartée par le ministre de l'aménagement
du territoire lors de son audition par la Commission des finances du
Sénat.
B. LE SENAT DOIT VEILLER A PRESERVER LES ACQUIS DE LA LOI D'ORIENTATION DU 4 FEVRIER 1995.
1. Agir en faveur du monde rural
a) Les intentions du nouveau gouvernement
Les orientations du gouvernement en matière d'aide au
monde rural sont floues. Elles ont été exposées par le
ministre de l'aménagement du territoire dans une réponse à
une question écrite du député Georges Colombier parue au
Journal officiel du 13 octobre 1997. Le gouvernement envisage trois axes :
"
- l'organisation du territoire avec la constitution progressive
des
pays et en confortant la fonction de bourg-centre d'un certain nombre de
petites villes rurales ;
- l'amélioration de la compétitivité de ces zones à
travers la valorisation de leurs ressources, qu'il s'agisse de patrimoine
bâti ou naturel ;
- l'adaptation des politiques sectorielles à la faible
densité.
"
Par ailleurs, le gouvernement avait annoncé son intention de ne pas
poursuivre l'application du " Plan pour l'avenir du monde
rural "
décidé au comité interministériel d'Auch en avril
1997. Il avait également annoncé que la loi d'orientation
révisée ne comporterait pas de mesures spécifiques en
faveur du monde rural et que, si une initiative devait intervenir, elle serait
intégrée au projet de loi d'orientation agricole qui pourrait
être présenté au Parlement au printemps prochain. Pourtant,
le ministre de l'aménagement du territoire a déclaré
à l'Assemblée nationale, lors des débats relatifs aux
crédits de son ministère le 4 novembre 1997, la constitution
d'une enveloppe de "
88 millions pour mettre en place le plan
pour
le monde rural et le plan Massif central
". Votre rapporteur
s'interroge sur le contenu du plan auquel se réfère le ministre
et sur la manière dont le FNADT va le financer.
b) La continuité de l'action gouvernementale n'est pas garantie
La loi d'orientation du 4 février 1995 marquait la
volonté du gouvernement de prendre des mesures en faveur du
développement de l'espace rural à travers deux dispositions :
La création des zones de revitalisation rurales (ZRR)
Créées au sein des territoires ruraux de développement
prioritaire (TRDP), les ZRR sont entrées en vigueur avec la publication
du décret du 14 février 1996 les délimitant. Elles
font l'objet de mesures spécifiques d'exonérations fiscales et de
charges sociales pour les entreprises qui s'y installent.
Le ministre de l'aménagement du territoire rappelle fréquemment
que les exonérations de taxe professionnelle n'ont pas atteint le
montant escompté et annonce que les zones de revitalisations rurales
seront réexaminées dans le cadre de la réforme des
zonages. La concentration des critiques sur cette mesure n'apparaît pas
de bon augure quant à son avenir.
L'Assemblée nationale a ajouté un article 61
quater
au
projet de loi de finances pour 1998. Il tend à étendre
l'application des exonérations de taxe professionnelle en ZRR. Elles
sont aujourd'hui limitées aux établissements industriels ou de
recherche, ou de services de direction ou d'études. L'amendement les
étend "
aux artisans qui effectuent principalement des travaux
de fabrication, de transformation, de réparation ou des prestations de
services et pour lesquels la rémunération du travail
représente plus de 50% du chiffre d'affaire global, tous droits et taxes
compris, et qui créent une activité dans les zones de
revitalisation rurales
". Cette extension correspond mieux au type
d'entreprises susceptibles de s'installer en zone rurale et devrait permettre
de faire la preuve du caractère incitatif du dispositif des ZRR.
Le vote d'une loi sur l'espace rural
Prévu par l'article 61 de la loi d'orientation, le vote d'une loi sur
l'espace rural devait intervenir dans un délai de dix-huit mois à
compter de la publication de la LOADT. C'est dans cette optique que le
gouvernement précédent avait présenté au
comité interministériel d'Avril 1997 à Auch le projet de
" Plan pour l'avenir du monde rural ".
Le nouveau gouvernement a annoncé qu'il ne reprenait pas ce plan
à son compte. Néanmoins, d'après les informations
recueillies par votre rapporteur, il poursuivrait la mise en oeuvre de deux
mesures déjà arrêtées en partenariat avec la Caisse
des dépôts et consignations, qui auraient du figurer dans le plan
pour l'avenir du monde rural : un programme expérimental " villes
rurales " et la mise en place de 500 millions de francs de prêts
à taux privilégié.
Partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations en faveur du monde rural Le programme expérimental " villes rurales " concernera vingt-et-une villes de 10 000 à 50 000 habitants, situées au coeur des zones de revitalisation rurale ou qui animent ces espaces. L'objectif est de conforter les communes qui ont un projet global de valorisation de leur centre, traitant de tous les aspects de la vie quotidienne : la réhabilitation des logements, le redéveloppement des activités commerciales et l'amélioration des équipements et des espaces publics. |
L'Etat concentrera
ses
aides dans tous les domaines
d'intervention classiques et la Caisse des dépôts et consignations
mettra à la disposition des collectivités l'ensemble de ses
outils d'intervention, notamment sa capacité d'expertise,
d'ingénierie financière et de prêts.
|
2. Les mesures favorisant la desserte des régions isolées
a) Maintenir la garantie de l'accès de tous aux grands axes de communication
La loi d'orientation pour l'aménagement du territoire
prévoyait, dans son article 17, qu'
" en 2015, aucune partie du
territoire, en métropole (continent), ne sera située à
plus de cinquante kilomètres ou quarante-cinq minutes d'automobile, soit
d'une autoroute ou d'une route express à deux fois deux voies en
continuité sur le réseau national, soit d'une gare desservie par
le réseau ferroviaire à grande vitesse. "
Cette disposition, véritable charte du désenclavement, constitue
une sécurité pour les zones mal desservies et une assurance pour
les entreprises hésitantes à venir s'y installer. Votre
rapporteur déplore que, selon les informations obtenues par lui
auprès de la DATAR, le gouvernement ne souhaite pas reprendre cet
objectif dans la future loi d'orientation. Il s'interroge sur la pertinence du
retour sur cet objectif alors que le projet de schéma de
développement de l'espace communautaire (SDEC), adopté par les
ministres de l'aménagement du territoire de l'Union européenne en
juin 1997, comporte précisément l'objectif d'accès de
toutes les régions aux infrastructures.
b) Le bilan mitigé du fonds de péréquation des transports aériens.
Les ressources du FPTA
Le FPTA est alimenté par une taxe de 1 franc prélevée sur
les billets d'avions des passagers embarquant dans un aéroport
français. Le trafic pour 1998 étant estimé à 48,5
millions de passagers, le produit attendu de la taxe est de 48,5 millions de
francs. Le montant de la taxe a beaucoup baissé depuis la
création du fonds. Il est passé de quatre francs en 1995 à
trois en 1996 et un en 1997.
L'activité du fonds, encadrée par la réglementation
européenne, conduit au maintien des lignes existantes mais pas à
des créations de nouvelles lignes.
Le réseau aérien a été peu modifié depuis la
création du fonds. A une exception près, les lignes existantes
ont été maintenues, avec ou sans subventions publiques. Le fonds
a donc préservé les lignes non rentables d'une fermeture que la
libéralisation du ciel européen aurait pu provoquer. Votre
rapporteur note que certaines compagnies ont préféré ne
pas faire de demande de subventions afin de ne pas remettre en jeu, par la
procédure d'appel d'offre, leur exclusivité sur l'exploitation de
certaines lignes.
L'ouverture de nouvelles lignes se heurte :
- aux critères d'éligibilité du fonds, qui interdisent de
subventionner des lignes dont le trafic prévisionnel est
inférieur à dix mille passagers dès la première
année d'exploitation ;
- à la réglementation européenne, qui réserve les
subventions aux liaisons dont l'intérêt est vital pour les
régions desservies ;
- à la doctrine des services de la Commission européenne, qui
considèrent que les autorité françaises ont une conception
trop extensive de la notion d'intérêt vital. Seulement quatre
lignes ont été créées depuis la mise en place du
FPTA.
Votre rapporteur souligne que les subventions, si elles évitent des
fermetures de lignes, ne permettent pas aux compagnies de pratiquer des tarifs
abordables par tous, ce qui constitue un obstacle au développement du
trafic passager sur ces lignes.
La gestion des crédits du FPTA s'assainit, mais cette
amélioration pourrait conduire à un relèvement de la
taxe.
Les crédits disponibles du FPTA au titre d'une année sont
constitués du produit de la taxe pour l'année en cours et des
crédits reportés des années précédentes. En
effet, la taxe a été prélevée dès 1995,
avant que le fonds ne soit opérationnel. Le montant de la taxe
s'élevait alors à quatre francs.
Depuis, la consommation des crédits est supérieure aux recettes,
ce qui conduit à une consommation progressive des reports. Selon les
prévisions pour 1998, les dépenses s'élèveraient en
1998 à 77,5 millions de francs. Le produit attendu de la taxe
étant de 48,5 millions de francs, 29 millions de francs de
crédits reportés (sur un stock de reports de 126,8) seront
consommés. Le montant total des reports en fin d'année
s'élèverait donc à 97,8 millions de francs.
En estimant que le montant des dépenses (77,5 millions de francs) et le
produit de la taxe (48,5 millions de francs) restent inchangés dans les
années à venir, et compte tenu du rythme de la réduction
du montant des reports, il faudrait envisager un relèvement du montant
du prélèvement dès la loi de finances pour l'an 2000 afin
de disposer des crédits nécessaires au maintien du niveau de la
dépense.
La gestion des crédits du fonds de
péréquation des transports aériens
1995 |
1996 |
1997 (prévisions) |
1998 (prévisions) |
|
Produit de la taxe |
120,50 |
142,00 |
64,00 |
48,50 |
Crédits reports de l'année précédente |
- |
120,50 |
196,96 |
126,80 |
Dépenses |
- |
65,53 |
134,14 |
77,50 |
Taux de consommation des crédits |
- |
24,97 % |
51,40 % |
44,2 % |
Le faible taux de consommation des crédits du FPTA
s'explique par le niveau très élevé des reports,
proportionnellement au produit de la taxe. Les reports représentaient
85% du produit de la taxe en 1996 et 307% en 1997.
La réduction des dépenses et du taux de consommation
prévue en 1998 par rapport à l'exercice 1997 s'explique par
l'arrivée à échéance des régimes
transitoires du fonds pour 1995 et 1996, qui avaient été
instaurés pour rembourser les déficits des compagnies
éligibles aux subventions du FPTA ayant exploité des lignes
durant la phase de mise en route du fonds.
c) L'arrêt des grands travaux
Le Sénat est actuellement saisi d'une proposition de
résolution tendant à la constitution d'une commission
d'enquête chargée d'examiner le devenir des grands projets
d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire. Cette
proposition est motivée par l'inquiétude que suscite parmi les
membres de notre Assemblée les annonces faites par le ministre des
transports et le ministre de l'aménagement du territoire concernant
certains programmes parmi lesquels :
- quatre projets de construction d'autoroute, qui sont interrompus : la A 24
(Lille-Amiens), la A 104 (Ile-de-France), la A 89 (Bordeaux-Clermont-Ferrand,
dans la partie concernant le contournement de Clermont-Ferrand) et la A 28
(Alençon-Tours). Ces décisions semblent contraire à
l'objectif d'amélioration de la desserte des régions
isolée car, comme l'avait souligné en son temps la mission
d'information sénatoriale chargée d'étudier les
problèmes de l'aménagement du territoire dans son rapport rendu
en avril 1994, la France vient au 9ème rang européen pour le
kilométrage d'autoroute rapporté à la superficie et au
7ème rang pour le kilométrage rapporté à la
population.
- le projet de canal Rhin-Rhône ;
- la construction de lignes de TGV, au sujet desquels les membres du
gouvernement sont évasifs (le TGV-est, le TGV Rhin-Rhône, le TGV
Bordeaux-Tours et le TGV-Méditerranée).
Votre rapporteur considère que des projets de cette nature, en
améliorant l'attractivité des territoires, contribuent à
accroître l'efficacité des aides aux entreprises ou aux
collectivités attribuées sur les crédits du budget de
l'aménagement du territoire.
3. Les zonages : perfectionner leur ciblage sans remettre en cause leur principe
Le gouvernement n'a pas pris de position arrêtée
en matière de zonage. Néanmoins, votre rapporteur a
répertorié différentes prises de positions
gouvernementales sur le sujet :
- le nouveau ministre rappelle de manière répétée
que 55% de la population de la France bénéficie des mesures
liées aux différents zonages ;
- le ministre insiste également sur le fait que les mesures de
discrimination positives, édictées dans le but de rétablir
une égalité, doivent par nature être provisoires ;
- dans sa réponse à une question écrite du sénateur
M. Michel Moreigne parue au Journal officiel du 11 septembre 1997, le ministre
de l'aménagement du territoire considère que "
la mise en
place d'un environnement porteur par le renforcement de l'information des chefs
d'entreprises, le développement du conseil et une possibilité
élargie de créer des partenariat constitue le principal facteur
de création d'activité en zone rurale "
et que
" c'est à cette tâche que le gouvernement souhaite s'atteler
avant d'élargir le champ actuel des exonérations en zones rurales
très peu denses
" ;
- le gouvernement, en réponse à une question écrite du
sénateur Michel Moreigne parue au Journal officiel du 16 octobre 1997, a
annoncé son intention de "
remettre à plat l'ensemble des
mesures de discrimination positive et des zonages existants avant la mise en
place des nouveaux contrats de plan et quand les modalités de la
réforme des fonds structurels européens auront été
arrêtées
" .
Votre rapporteur s'inquiète de certaines conséquences
potentielles de déclarations de ce type. Il approuve les initiatives
permettant d'améliorer la lisibilité des zonages et de mieux
cibler les aides en direction des territoires les plus en difficultés.
Ainsi, il s'associe au souhait exprimé à l'unanimité par
la commission des finances de l'Assemblée nationale de voir les
subventions du FNADT concentrées autant que possible sur les zones de
revitalisation rurale.
Votre rapporteur estime cependant que l'amélioration de l'environnement
des entreprises commence par la stabilité juridique. Il déplore
le trouble que des déclarations envisageant un possible retour sur les
mesures de discrimination positive peut susciter chez les entreprises qui
prennent des risques en effectuant des investissements dont la
rentabilité ne sera effective qu'après plusieurs années.
II. LA REFORME DES POLITIQUES COMMUNAUTAIRES
La réforme des instruments de la politique
régionale communautaire constitue un rendez-vous primordial pour la
politique d'aménagement du territoire. Les fonds européens ont
pris une part importante dans le financement de projets d'aménagement du
territoire. Les versements annuels s'élèvent à 10
milliards de francs, soit pratiquement 20% de l'effort de l'Etat.
Le gouvernement attend les résultats de la réforme des zonages
communautaires pour procéder celle des découpages nationaux. Cet
ordre chronologique est justifié par la nécessité de
renforcer la complémentarité des politiques et d'harmoniser les
zonages.
A. LA REFORME DES FONDS STRUCTURELS.
1. Le dispositif actuel
La réforme de 1989 a maintenu l'existence des trois
fonds structurels communautaires, le FEDER, le FSE et le FEOGA, mais a
substitué la programmation pluriannuelle aux subventions par projet. La
programmation associe plusieurs acteurs : la Commission, l'Etat membre, les
régions et autres collectivités.
La programmation s'effectue selon deux modalités :
- les interventions au titre de l'un des cinq objectifs définis par la
Commission
5(
*
)
. Les objectifs 1, 2 et 5b font
l'objet d'un zonage.
- les interventions dans le cadre des programmes d'initiative communautaire
(PIC), institutionnalisés par la réforme de 1989, par lesquels la
Commission propose de résoudre des problèmes sectoriels ou locaux
qui ne trouvent pas de solutions adéquates dans les programmes de chaque
objectif.
La Commission répartit les montants entre les Etats membres au vu des
dossiers de candidature. En France, les programmes sont préparés
par les préfectures de région en partenariat avec les
collectivités territoriales et les organismes consulaires. Ils sont
ensuite présentés par le gouvernement à la Commission, qui
les adopte après avoir éventuellement procédé
à des modifications. Une fois le programme adopté, il est
géré par la préfecture de région en relation avec
les collectivités territoriales.
Les fonds communautaires transitent par le Trésor Public et le
ministère de l'intérieur (DGCL) pour le FEDER, le
ministère du travail pour le FSE et le ministère de l'agriculture
pour le FEOGA. Votre rapporteur souligne que ce circuit est source de
pesanteurs et souhaite que les crédits puissent être
transférés plus rapidement aux préfets de région.
Sur la période 1994-1999, la France a disposé des dotations
suivantes :
- 2,19 milliards d'écus pour l'objectif 1 (DOM, Corse et Hainaut
français) ;
- 1,765 milliards d'écus pour l'objectif 2 en première phase
1994-1996 et 2,059 milliards d'écus pour la deuxième phase
1997-1999 (toutes les régions sauf les DOM, le Limousin, l'Ile-de-France
et la Corse) ;
- 3,203 milliards d'écus pour les objectifs 3 et 4 (chômage de
longue durée, insertion professionnelle des jeunes et adaptation des
travailleurs aux mutations industrielles) ;
- 1,912 milliards d'écus pour l'objectif 5a ;
- 2,238 milliards d'écus pour l'objectif 5b (toutes les régions
sauf les DOM, l'Ile de France, la Corse, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie) ;
- 1,6 milliards d'écus au titre des programmes d'initiative
communautaire.
2. Les propositions de la Commission européenne
La Commission a dévoilé ses projets de réforme des fonds structurels dans une communication du 16 juillet 1997 " Agenda 2000 pour une Europe plus forte et plus large ".
a) La réforme des structures
Les propositions de la Commission s'articulent autour de deux
idées, qui transposent à l'échelle communautaire des
propositions déjà formulées à l'échelle de
la France : la concentration des efforts financiers sur les zones les moins
prospères et la simplification des modalités de gestion.
La concentration des efforts financiers sur les zones les moins
prospères.
La Commission suggère une forte réduction de la population
couverte par les objectifs 1 et 2, en la portant à 35 ou 40% de la
population de l'Union contre 51% à l'heure actuelle.
Elle propose également de réduire de 7 à 3 le nombre
d'objectifs, et de 13 à 3 le nombre de programmes d'initiatives
communautaires. Ces derniers seraient consacrés à la
coopération transfrontalière, transnationale et
interrégionale, au développement rural et aux ressources humaines.
Le nouvel objectif 1, destiné aux zones en retard de
développement, sera réservé aux zones dont le PIB par
habitant est inférieur de 75% à la moyenne communautaire. Il
devrait recevoir les deux tiers des fonds structurels, en augmentation de 20%
par rapport à la répartition actuelle. Le nouveau critère
d'éligibilité aurait cependant pour conséquence d'exclure
le Hainaut français et la Corse. En revanche, les DOM
accéderaient à ces financements.
Un nouvel objectif 2 se substituera aux précédents objectifs 2 et
5b et au programme d'initiative communautaire URBAN. Il s'adressera aux zones
en reconversion économique et sociale en regroupant l'action en faveur
des régions en proie à des difficultés structurelles
(quartiers urbains en difficulté, zones de pêche en crise, zones
rurales en déclin, etc.)
Le nouvel objectif 3 favorisera l'adaptation et la modernisation des
systèmes d'éducation, de formation et d'emploi.
La Commission envisage de simplifier les modalités de gestion et
d'améliorer leur efficacité en favorisant
:
- une plus grande coïncidence entre la carte des zonages et la
" carte de la concurrence ", c'est à dire la carte des aides
aux entreprises (en France, il s'agit de la carte d'éligibilité
à la prime d'aménagement du territoire).
- l'élaboration, dans chaque région, d'un programme pluriannuel
unique pour les zones des objectifs 1 et 2 ;
- le recours accru aux instruments financiers autres que les aides non
remboursables, tels que les prêts à taux réduit ou les
garanties sur prêt ;
- la constitution d'une réserve d'au moins 10% des fonds qui sera
attribuée aux régions ayant utilisé de manière
efficace les aides européennes déjà distribuées.
b) La pertinence discutable du nouvel objectif 2
La réforme proposée de l'objectif 2, qui
concerne les zones urbaines et rurales en difficulté, ne semble pas de
nature à remédier au problème de saupoudrage des aides. En
effet, cet objectif reprendrait, sans le modifier, le zonage trop étendu
(il s'applique à 18 régions françaises) de l'ancien
objectif 5b.
Votre rapporteur considère que c'est le ciblage des aides vers les zones
les plus en difficultés qui permettra de rétablir
l'égalité géographique entre les régions. La
concentration des financements sur les territoires qui en ont le plus besoin
garantirait leur utilisation par des acteurs locaux motivés, et
permettrait d'améliorer le taux d'exécution de ces
crédits, qui s'élève à 50% pour les objectifs 2 et
5b, contre 95% s'agissant de l'objectif 1.
c) Le cadre financier envisagé
Le Conseil européen d'Edimbourg avait prévu, en
1992, de porter à 0,46% du produit intérieur brut communautaire
l'effort en faveur de la cohésion économique et sociale. En
conséquence, ce sont 275 milliards d'écus qui seront
consacrés aux fonds structurels et au fonds de cohésion pour la
période s'étalant de 2000 à 2006, contre 200 milliards
d'écus pour la période précédente 1994-1999.
Dans ce montant total, l'élargissement est pris en compte à
hauteur de 45 milliards d'écus (38 aux nouveaux membres et 7 au titre de
la pré-adhésion).
Enfin, la Commission propose de limiter le montant des transferts à 4%
du produit national brut de l'Etat bénéficiaire.
La réforme conduira au renforcement de la position de contributeur net
de la France. Votre rapporteur n'en sera que plus vigilant quant à
l'utilisation des fonds sur le territoire national, et s'assurera que les
nouveaux zonages correspondent vraiment aux territoires qui ont le plus besoin
de recevoir des aides.
B. LA MISE EN PLACE DU SCHEMA DE DEVELOPPEMENT DE L'ESPACE COMMUNAUTAIRE (SDEC).
Lors de la réunion informelle des ministres de
l'aménagement du territoire de l'Union à Noordwijk le 9 juin
1997, la première esquisse d'un schéma de développement de
l'espace communautaire a été adoptée. L'élaboration
de ce schéma, sous forme de coopération intergouvernementale,
avait été décidée à la fin de l'année
1993.
Le document tente de relier les trois objectifs fondamentaux des politiques de
l'Union, la cohésion économique et sociale, le
développement durable et la compétitivité d'ensemble du
territoire européen, dans le but de renforcer la relation entre les
politiques destinées aux zones urbaines et celles en faveur des zones
rurales. Le projet de SDEC s'articule autour de trois axes :
- un système urbain plus équilibré, plus polycentrique, et
de nouveaux rapports ville/campagnes ;
- une parité d'accès aux infrastructures et aux connaissances :
- une gestion prudente et un développement du patrimoine naturel et
culturel.
Votre rapporteur salue la constitution progressive d'un Conseil des ministres
de l'aménagement du territoire, mais déplore le caractère
vague du document, qui s'en tient à l'affirmation de principes
généraux.
III. LA RENEGOCIATION DES CONTRATS DE PLAN.
L'échéance de la troisième génération de contrats de plan a été repoussée d'un an, jusqu'en 1999. L'année 1998 sera donc marquée par le début de l'élaboration des nouveaux contrats. Le Conseil économique et social, en adoptant en mai 1997 le rapport de M. Jean Billet intitulé Le suivi et la réalisation des contrats de plan dans le cadre de la planification , a fourni un document de qualité autour duquel le débat peut commencer de s'articuler.
A. LE CONTRAT DE PLAN EST DEVENU UN OUTIL DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE.
1. Les innovations de la troisième génération de contrats de plan
a) L'introduction de la dimension aménagement du territoire
C'est le comité interministériel à
l'aménagement du territoire (CIAT) de Mende, le 12 juillet 1993, qui a
placé l'aménagement du territoire au coeur du processus
d'élaboration des contrats de plan grâce à l'affirmation :
- d'une solidarité entre collectivités ;
- de la nécessité d'un rééquilibrage entre
régions, principalement entre l'Ile-de-France et les autres parties du
territoire national ;
- d'une volonté de mise en valeur des ressources et des
potentialités du monde rural ;
- de l'implantation des administrations et services publics dans tout l'espace
français.
C'est ainsi que l'Etat a déterminé le montant de ses
interventions dans le cadre de la troisième génération des
contrats de plan en établissant une péréquation entre les
régions en fonction de trois critères, le potentiel fiscal, le
taux de chômage et la variation de l'emploi.
La reconnaissance du rôle des contrats de plan dans la politique
d'aménagement du territoire préexistait cependant au CIAT de
Mende puisque c'est la délégation à l'aménagement
du territoire et à l'action régionale (DATAR) qui est
chargée de leur gestion.
b) L'apport de la loi d'orientation du 4 février 1995
La loi d'orientation et d'aménagement du territoire a
conduit à l'intégration des contrats de plan au sein de la
logique d'ensemble de la politique d'aménagement du territoire. Ainsi,
son article 2 relatif aux modalités de l'élaboration du
schéma national d'aménagement du territoire dispose que
"
les contrats de plan Etat-région tiennent compte des
orientations ainsi arrêtées
" tandis que l'article 6
établit que "
le contrat de plan entre l'Etat et la
région (...) tient compte des orientations retenues par le schéma
régional
".
La loi renforce l'idée développée à Mende selon
laquelle les priorités dégagée pour chaque région
dans le cadre du contrat de plan devaient s'intégrer dans une logique
d'ensemble de rééquilibrage du territoire, et non de façon
autonome. Le contrat devient donc autant un instrument de redistribution des
richesses entre les régions qu'un véritable plan.
2. L'aménagement du territoire ne se réduit pas aux dispositifs contractuels
Constatant qu'en matière contractuelle, la
frontière entre les compétences du Commissariat
général du Plan, chargé de l'élaboration et de
l'évaluation des contrats de plan, et de la DATAR, chargée de
leur gestion, devenait de moins en moins précise, le Conseil
économique et social préconise le placement de ces deux
institutions sous une même autorité, celle du Premier ministre.
Votre rapporteur n'est pas favorable à un tel rapprochement. En premier
lieu, il estime que les compétences de chacun peuvent être
distinguées et qu'un retour à des pratique plus saines est
possible. A cet égard, il souligne que l'évaluation des contrats
de plan est un domaine qui pourrait être approfondi.
Un rattachement de la DATAR au Premier ministre priverait le ministère
de l'aménagement du territoire de son administration et, par là,
aboutirait à la disparition de ce département ministériel.
Or, votre rapporteur estime judicieux qu'aménagement du territoire et
environnement soient réunis au sein d'une même structure
ministérielle afin que ces deux politiques soient menées de
façon harmonieuse, en tenant compte de leurs logiques respectives.
B. LES CONCONTRACTANTS ET LEURS ENGAGEMENTS
1. Le rôle prépondérant de l'Etat.
Le poids financier de l'Etat sur la période 1994-99,
l'Etat aura engagé 77,226 milliards de francs dans la réalisation
des contrats de plan Etat-région contre 71,262 pour les régions,
soit 52% du total. Hors région Ile-de-France, la part de l'Etat passe
à 58%.
Conséquence de la logique de rééquilibrage exposée
plus haut, la part du financement de l'Etat varie selon la richesse de la
région et s'échelonne de 64% pour le contrat avec la
région Limousin à 32% pour l'Ile-de-France.
a) L'Etat impose les règles du jeu.
L'Etat exerce une pression sur les régions dans la
détermination de la destination des crédits. Selon le
précédent délégué à
l'aménagement du territoire et à l'action régionale, M.
Raymond-Max Aubert, l'Etat impose les objectifs pour environ 75% de ses
crédits, ne laissant une marge de négociation aux régions
que pour les 25% restants. Compte tenu du système des financements
croisés, un projet qui n'aurait pas l'assentiment de l'Etat a peu de
chances de voir le jour car le risque existe que l'Etat cesse de verser les
fonds nécessaires à son financement. En effet, malgré le
caractère pluriannuel des engagements pris dans le cadre des contrats de
plan, l'Etat reste au soumis au principe de l'annualité
budgétaire et rien ne l'oblige à verser chaque année les
crédits prévus.
Les financements croisés ont en outre l'inconvénient de rendre
plus difficile la réalisation de certains projets. En effet, les
financements des contrats Etat-région n'échappent pas à la
régulation budgétaire et l'Etat n'est parfois pas en mesure
d'honorer ses engagement alors que les collectivités cocontractantes
ont, elles, trouvé les crédits nécessaires.
Le rapport Kolas estime que la
"contractualisation doit progresser vers
une
déconcentration plus large et plus sincère des mécanismes
d'allocation de ressources et offrir des possibilités réelles
d'arbitrages locaux".
2. Quels partenaires pour l'Etat ?
Les régions restent le principal interlocuteur de
l'Etat dans l'élaboration des contrats. Néanmoins, les
départements et les communes sont de plus en plus nombreux à
cosigner, et par conséquent à participer au financement, des
contrats de plan Etat-région.
La presse a publié à la fin du mois d'octobre 1997 une
déclaration du ministre de l'aménagement du territoire selon
laquelle "
les agglomérations et les pays devront être
signataires des contrats de plan aux côtés des
régions
". Cette liste n'est pas exhaustive et rien ne permet
d'affirmer que le ministre de l'aménagement du territoire souhaite
exclure les départements et les communes de la signature des contrats.
En revanche, votre rapporteur note que l'association des pays à leur
élaboration pourrait constituer un premier pas vers
l'institutionnalisation de cette structure territoriale, dont le ministre a
pourtant garanti qu'elle était appelée à rester souple.
EXAMEN EN COMMISSION
I. EXAMEN DES CRÉDITS
Réunie le 30 octobre 1997, la commission, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, a
procédé à l'
examen,
sur le
rapport
de
M. Roger
Besse, rapporteur spécial
, des
crédits de l'
aménagement
du
territoire
et de
l'
environnement : I- Aménagement du territoire.
Un large débat s'est ouvert.
M. Denis Badré
a alors
déploré que le Gouvernement envisage de remettre en cause le
maillage du territoire qui avait été élaboré par la
précédente majorité. Il a fait part du caractère
dérisoire de la discussion des crédits du ministère de
l'aménagement du territoire au regard de l'importance, tant
financière que politique, des décisions de revenir sur la
construction du canal Rhin-Rhône ou de suspendre des constructions
d'autoroutes.
M. Yann Gaillard
s'est déclaré stupéfait par
l'ampleur des remises en causes de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire.
La commission a alors décidé de
réserver son vote sur
les crédits de l'aménagement du territoire et de
l'environnement : I- Aménagement du territoire, jusqu'après
l'audition de Madame Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement, prévue le 6 novembre prochain.
II. AUDITION DE MME. DOMINIQUE VOYNET, MINISTRE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT
La commission a procédé 6 novembre 1997, sous
la présidence de M. Christian Poncelet, président, à
l'
audition de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement,
sur les crédits de son
département ministériel pour 1998.
Mme Dominique Voynet
est tout d'abord revenue sur les attributions de
son département ministériel. Soulignant que le regroupement de
l'aménagement du territoire et de l'environnement constituait une
nouveauté en France, elle a considéré qu'il s'agissait
néanmoins d'un retour aux sources. En effet, a-t-elle expliqué,
le ministère de l'environnement est né des réflexions
menées par la délégation à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale dans les années
soixante-dix. Elle a considéré cette novation comme naturelle du
fait de la complémentarité de leurs actions.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a
justifié l'augmentation de 3,4% des crédits de son
ministère, dans un contexte de maîtrise des dépenses
publiques, par le nécessaire renforcement de son administration, jeune
et encore pauvre en effectifs.
Mme Dominique Voynet
a ensuite présenté les grandes
lignes du budget de l'aménagement du territoire, qui progresse de 6,06%
en dépenses ordinaires et crédits de paiement, et de 2,82% en
dépenses ordinaires et autorisations de programme. Elle a indiqué
que ces taux de progression rompaient avec quatre années de
déclin.
S'agissant des crédits de fonctionnement de la DATAR, qui
représentent 5% de l'enveloppe totale du ministère, elle a
observé qu'ils diminuaient de 3,83%, en raison de la réduction de
deux emplois et de l'annulation de crédits non utilisés.
La dotation allouée au financement de la prime d'aménagement du
territoire, a-t-elle annoncé, sera, en 1998, de 320 millions de francs
en autorisations de programme comme en crédits de paiement. Cette
dotation correspond à une augmentation de 28% des premières et de
106% des seconds. Prenant en compte les crédits reportés des
années précédentes, elle a précisé que la
capacité d'engagement serait de 700 millions de francs en 1998. Le
ministre a fait part de son intention de cibler les subventions de la prime
d'aménagement du territoire sur le soutien à l'accueil
d'investissements étrangers, les investisseurs qui souhaitent
s'installer dans une zone industrielle dégradée et le financement
d'investissements de taille modeste dans des zones peu industrialisées.
Mme Dominique Voynet
a indiqué que les crédits du fonds
national d'aménagement du territoire diminuaient
légèrement, s'établissant à 1.300 millions de
francs en autorisations de programme et à 1.100 millions de francs en
crédits de paiement. Elle a considéré que le fonds
national d'aménagement et de développement du territoire ne
devait pas être l'unique instrument financier en matière
d'aménagement du territoire, mais le catalyseur d'efforts multiples.
En conclusion, le ministre a indiqué que l'effort financier total de
l'Etat en faveur de la politique d'aménagement du territoire
s'élevait à plus de soixante milliards de francs par an.
En réponse aux questions de
M. Roger Besse
,
rapporteur
spécial des crédits de l'aménagement du territoire
,
Mme Dominique Voynet
a indiqué que les objectifs fixés par
la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire du 4 février 1995 n'étaient pas contestables et que
son ambition était de toiletter cette loi. En effet, a-t-elle
constaté, de nombreux chantiers prévus par elle n'ont pas
été ouverts et certains dispositifs, tel le schéma
national d'aménagement et de développement du territoire, se sont
avérés impossibles à mettre en place. Elle a
affirmé son intention de renforcer les outils de la loi d'orientation
lorsque ceux-ci ont fait preuve de leur viabilité.
S'agissant de la prime d'aménagement du territoire,
Mme Dominique Voynet
, constatant le nombre important de subventions
accordées en dérogation au régime existant, a
confirmé vouloir en modifier les critères
d'éligibilité dans le cadre d'une réflexion globale sur
les zonages. Elle a insisté sur la nécessité de cibler les
aides afin qu'elles ne profitent pas uniquement à quelques projets de
grande envergure. Elle a également mentionné le rôle du
fonds national de développement des entreprises dans le financement des
petits projets, et a affirmé sa volonté de le relancer.
Mme Dominique Voynet
a ensuite précisé les intentions du
Gouvernement en matière d'aide au monde rural. Elle a indiqué que
88 milliards de francs seraient consacrés à un plan pour le
monde rural et à un plan d'aide au Massif central. Elle a
développé sa conception de l'aménagement de l'espace
rural, qui repose sur le développement des réseaux entre les
villes moyennes d'une même région. S'expliquant sur ses
réticences à l'égard de certains programmes autoroutiers,
elle a affirmé que les projets d'infrastructures devaient accompagner le
développement local, et non le remplacer.
Mme le ministre a, par ailleurs, rappelé les obstacles à la
levée du moratoire sur la fermeture des services publics en milieu
rural, et a fait part des difficultés que cette situation provoquait en
matière de regroupement des services publics en points uniques
multiservices.
Un large débat s'est alors ouvert.
En réponse à
M. Jean-Philippe Lachenaud
qui
l'interrogeait sur la compatibilité des pays avec les communes, les
départements ou les agglomérations, Mme le ministre a
indiqué que la constitution des pays devait résulter d'une
démarche volontaire entre des communes liées par un même
projet.
A
M. Auguste Cazalet
qui s'interrogeait sur la pertinence de la remise
en cause de l'autoroute A 24,
Mme Dominique Voynet
a répondu que
cette décision relevait du ministre des transports, et que le ministre
de l'aménagement du territoire et de l'environnement ne pouvait pas
à la fois être tenu à l'écart des décisions
et en porter toute la responsabilité.
En réponse à
M. Yann Gaillard
, le ministre a
annoncé que le ministre de l'agriculture présenterait au
Parlement un projet de loi sur la forêt distinct de la loi d'orientation
agricole.
Elle a rappelé à
M. Yvon Collin
que l'impact
déplorable pour certains paysages du passage de lignes
électriques à haute tension était la conséquence de
l'excessive centralisation de la production d'électricité en
France.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a
conclu en réfutant toute opposition entre les intérêts des
villes et ceux du monde rural, qui connaissent des problèmes d'isolement
comparables. Elle a refusé de souscrire à une conception du
territoire qui opposerait la France du XIX
ème
siècle
à celle du XXI
ème
.
La commission a ensuite été appelée à se prononcer
sur
les crédits de l'aménagement du territoire
. Constatant
que la remise en cause de la loi d'orientation ne s'accompagnait pas de la
proposition d'une alternative crédible,
M. Roger Besse, rapporteur
spécial
, a préconisé le rejet de ces crédits.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat de
rejeter
les
crédits
de l'
aménagement du
territoire
.
1
Les observations formulées par
la Cour des Comptes dans son rapport public de novembre 1997 conduiront sans
doute la DATAR à procéder à d'autres modifications en 1998.
2
Le FNADT est né de la fusion du fonds d'intervention pour
l'aménagement du territoire (
FIAT
), du groupe
interministériel pour la restructuration des zones minières
(
GIRZOM
), du fonds d'aide à la décentralisation des
entreprises privées (
FAD
), du fonds régionalisé
d'aide aux initiatives locales pour l'emploi (
FRILE
), du fonds
d'intervention pour l'autodéveloppement de la montagne (
FIAM
) et
du fonds interministériel de développement et
d'aménagement rural (
FIDAR
).
3
Les mesures qui s'appliquent aux différents zonages sont :
exonérations de taxe professionnelle, exonération d'impôt
sur les sociétés, exonérations de charges patronales,
exonération de taxe foncière, exonération des droits de
mutation sur les commerces, amortissement exceptionnel, crédit-bail
immobilier, majoration du taux du crédit impôt-recherche,
réduction de la taxe départementale de publicité
foncière, crédit d'impôt sur les sociétés.
4
La loi d'orientation limite le champ d'action du FNDE aux les
zones d'aménagement du territoire (ZAT), territoires ruraux
d'aménagement prioritaires (TRDP) et zones urbaines sensibles (ZUS).
5
Objectif 1 : régions enretard de développement ;
objectif 2 : régions en déclin industriel ; objectifs 3 et 4 :
chômage de longue durée et insertion professionnelle des jeunes ;
objectif 5a : aide aux structures agricoles ; objectif 5b : aide au
développement rural.