Rapport Général n° 85 Tome III Annexe 2 -PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - AFFAIRES ETRANGERES ET COOPERATION : COOPERATION
M. Michel CHARASSE, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT N° 85 TOME III ANNEXE 2 - 1997/1998
Table des matières
- Principales observations
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
LES SPÉCIFICITÉS DE L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE AU DEVELOPPEMENT- I. L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE REPRÉSENTE UN EFFORT SUBSTANTIEL DE LA NATION
-
II. UN DISPOSITIF D'UNE GRANDE COMPLEXITÉ
-
A. LA COMPLEXITÉ INTRINSÈQUE DU DISPOSITIF FRANÇAIS
- 1. Le ministère de l'économie et des finances
- 2. Le Secrétariat d'Etat à la coopération
- 3. Le ministère des affaires étrangères
- 4. La Caisse française de développement
- 5. Les autres ministères
- 6. Un dispositif toujours à la recherche d'une nouvelle efficacité
-
B. L'ARTICULATION DU DISPOSITIF FRANÇAIS AVEC LES AUTRES DISPOSITIFS D'AIDE
PUBLIQUE
-
1. L'aide publique internationale
- a) La participation de la France aux institutions internationales
-
b) La politique d'aide des organisations internationales et leur
concrétisation dans les pays du champ
- (1) Le FMI
- (a) évolution récente des concours du FMI
- (b) rôle du FMI dans l'initiative en faveur de la dette des pays pauvres très endettés
- (c) Le FMI et les pays de la zone franc : évolutions récentes au cours de l'exercice budgétaire 1997
- (2) La Banque mondiale
- (a) Les niveaux d'intervention (prêts et crédits)
- (b) les thèmes prioritaires de la Banque mondiale en Afrique
- Le Programme Spécial d'Assistance à l'Afrique sub-saharienne.
- Le renforcement des capacités locales
- Le développement du secteur privé
- La stratégie de lutte contre la pauvreté
- L'environnement et le développement durable
-
2. L'aide publique communautaire
- a) La contribution française à la politique communautaire d'aide au développement
-
b) La politique communautaire d'aide au développement
- (1) Les instruments d'intervention de l'aide publique communautaire
- (a) L'aide communautaire liée aux accords de Lomé
- (i) Le Fonds européen de développement
- (ii) La Banque européenne d'investissement
- (b) L'aide non programmée
- (2) Les évolutions récentes de l'aide communautaire
- (b) Une coopération de plus en plus ambitieuse
- (c) Une coopération de plus en plus "politisée"
- (d) Un vieillissement prématuré de la convention de Lomé
-
1. L'aide publique internationale
-
A. LA COMPLEXITÉ INTRINSÈQUE DU DISPOSITIF FRANÇAIS
-
CHAPITRE II
LES CRÉDITS DU MINISTÉRE DE LA COOPÉRATION- I. L'EXECUTION DES BUDGETS DE 1996 ET 1997
-
II. LE PROJET DE BUDGET POUR 1998
- A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
-
B. LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
- 1. "Une nouvelle alliance"
-
2. Les axes stratégiques de développement
- a) Le parachèvement de l'Etat de droit
- b) La consolidation des conditions de la croissance économique
- c) La lutte contre la pauvreté et la couverture des besoins de base
- d) Le développement urbain et le soutien aux initiatives décentralisées
- e) La gestion du cadre de vie et du patrimoine culturel
- f) La promotion d'une "culture au coeur des recompositions sociales"
-
3. Les principes d'action
- a) La formulation de choix plus clairs ;
- b) Concentrer les efforts sur un nombre limité de programmes
- c) Soumettre la préparation et la gestion des projets à une méthode rigoureuse
- d) La mise à l'écart des projets à gestion bureaucratique
- e) L'inscription de l'aide hors projet dans les programmes sectoriels
- 4. Les méthodes et les moyens
-
CHAPITRE III
LES OBSERVATIONS DE LA COMMISSION- 1. La diminution des crédits de la coopération n'est pas illégitime
- 2. Il reste essentiel que la France maintienne son aide publique au développement à un niveau significatif
- 3. Dans un contexte où l'aide publique au développement diminue, tout en restant nécessaire, il semble impératif de continuer de s'efforcer de "faire mieux en dépensant moins".
- 4. Ne pas laisser se distendre le lien privilégié existant entre la France et certains pays africains
- 5. Veiller à ne pas laisser l'usage du Français disparaître dans les pays du champ
- 6. Encourager la coopération décentralisée
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des /comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 2
AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET COOPÉRATION :
II
.
- COOPÉRATION
Rapporteur spécial
: M. Michel CHARASSE
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
Principales observations
La commission des finances du Sénat a jugé
utile cette année d'effectuer six observations principales (voir
chapitre III) :
1. La diminution des crédits de la coopération n'est pas
illégitime dans un contexte marqué par une croissance forte dans
les pays d'Afrique sub-saharienne et une augmentation du flux des
investissements privés en direction des pays ACP
2. Il reste néanmoins essentiel que la France maintienne son aide
publique au développement à un niveau significatif
3. Dans un contexte où l'aide publique au développement diminue,
tout en restant nécessaire, il semble impératif de continuer de
s'efforcer de "faire mieux en dépensant moins"
4. Il faut veiller à ne pas laisser se distendre le lien
privilégié existant entre la France et certains pays africains
5. Il convient également de ne pas laisser l'usage du Français
disparaître dans les pays du champ
6. Il est souhaitable d'encourager la coopération
décentralisée.
AVANT-PROPOS
L'examen de la politique d'aide publique au
développement ne saurait se résumer à la seule analyse des
crédits du ministère de la coopération, lesquels ne
représentent qu'entre 10 % et 30 %
1(
*
)
,
du total des crédits concourant à l'aide publique au
développement.
C'est pourquoi il est avant tout nécessaire de replacer les
crédits du Secrétariat d'Etat à la coopération dans
l'ensemble de l'effort de la Nation en faveur du développement, en
présentant les principales spécificités de l'aide publique
française, son évolution, sa structure et les acteurs qui la
mettent en oeuvre.
Dans un deuxième temps, seront examinés plus
spécifiquement les crédits du Secrétariat d'Etat à
la coopération en distinguant, d'une part, l'exécution des deux
précédents budgets et, d'autre part, les principales orientations
de la politique du gouvernement reflétées au travers du projet de
loi de finances pour 1998.
Ce n'est qu'enfin, que seront présentées les principales
observations de la Commission des finances du Sénat relatives aux
crédits du Secrétariat d'Etat à la coopération et,
de façon générale, à la politique française
dans ce domaine.
CHAPITRE PREMIER
LES SPÉCIFICITÉS DE
L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE AU DEVELOPPEMENT
L'aide publique française au développement présente deux caractéristiques majeures : elle traduit un effort substantiel de la Nation ; elle repose sur un dispositif d'une grande complexité.
I. L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE REPRÉSENTE UN EFFORT SUBSTANTIEL DE LA NATION
L'effort de la Nation en faveur de l'aide au est parmi les plus élevés des pays occidentaux. En outre, il est constant et prend essentiellement la forme d'une aide bilatérale. Enfin, il est encore majoritairement dirigé vers les pays d'Afrique francophone.
A. UN EFFORT COMPARATIVEMENT ÉLEVÉ
L'aide publique au développement
(APD)
correspond aux "
ressources publiques accordées à des
conditions favorables aux pays bénéficiaires de l'aide pour leur
développement
".
Elle est retracée, chaque année,
dans le mémorandum de la France au Comité d'aide au
développement de l'OCDE.
L'APD ne se confond pas avec
l'effort budgétaire
,
ou effort
financier
, retracé chaque année dans "
l'état
récapitulatif des crédits concourant à la
coopération avec les Etats en voie de développement
", (annexe
jaune au projet de loi de finances) qui recense l'ensemble des crédits
mis en oeuvre dans le budget de l'Etat.
Ainsi, en 1998, l'APD de la France
était de 34,7 milliards de francs (29,9 milliards hors TOM), alors que
l'effort budgétaire était de 22,6 milliards (hors TOM).
Sous ces réserves méthodologiques (voir encadré), les
tableaux ci-après mettent en évidence le fait que
la France
est l'un pays les plus généreux en matière d'APD, aussi
bien en volume, qu'en pourcentage de la richesse nationale.
L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT
L'APD repose, selon les critères établis par le
Comité d'aide au développement
(CAD)
1
, sur les
ressources publiques des pays membres du CAD, mises à la disposition des
pays bénéficiaires de l'aide soit directement (aide
bilatérale sous forme de dons ou de prêts), soit par le relais des
institutions multilatérales (aide multilatérale, sous forme de
contributions).
Dans les documents du CAD,
l'APD est présentée en montants
bruts et en montants nets par année
. Les montants bruts
correspondent à l'ensemble des apports en capital (prêts
concessionnels) et des dons. Les montants nets correspondent aux montants bruts
moins les remboursements en capital des prêts des années
antérieures. En revanche,
l'effort financier de la Nation est
calculé en versements nets
, ce qui explique la grande
différence entre ces deux grandeurs.
L'APD est obligatoirement
assortie de conditions financières
avantageuses
. Ainsi, un prêt qui ne comprendrait pas au moins 25 %
d'élément don n'en ferait pas partie.
Pour recevoir des ressources d'
APD
, un pays doit figurer sur la
liste des pays bénéficiaires
, établie par Le CAD.
La liste de ces pays a été établie en 1961 et sa
première révision a eu lieu en 1993, en raison des changements
politiques intervenus dans les pays d'Europe de l'Est. Les discussions ont
abouti par consensus, à la mise au point, fin 1994, d'une liste en deux
parties. La liste 1 concerne les pays en développement, dont le
critère de sélection repose sur le produit national brut par
habitant. La liste 2 concerne les pays et territoires dits en transition (pays
à revenu élevé et pays de l'Est). Le seuil au-delà
duquel un pays n'est plus bénéficiaire de l'aide a
été fixé à 8.355 dollars par habitant en 1992. En
1996, cinq pays ont été supprimés de la liste : Chypre,
Émirats arabes unis, Israël, Singapour, Taiwan.
Enfin, on notera que la France inclut les territoires d'outre-mer dans ses
versements d'
APD
, alors que, depuis 1991, elle en exclut les versements
aux départements d'outre-mer.
1
Le CAD est un Comité spécialisé de l'OCDE,
institué en 1961, et dont l'objectif est de "parvenir à un
accroissement du volume total des ressources mises à la disposition des
pays en développement et d'améliorer leur efficacité". Il
regroupe 22 pays qui sont : l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique,
le Canada, le Danemark, l'Espagne, les Etats-Unis, la Finlande, la France,
l'Irlande, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, la Norvège, la
Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la
Suède, la Suisse et la Commission européenne.
Il convient de relever que l'aide publique
française, qui représentait 7.451 millions de dollars (38.119
millions de francs) en 1996, soit 0,48 % du produit national brut, est plus
importante en volume que celle de l'Allemagne et des Etats-Unis et
représente près de deux fois l'aide accordée par le
Royaume-Uni.
En pourcentage de la richesse nationale, l'effort consacré par la
France à l'aide publique au développement est deux fois plus
important que l'effort moyen consenti par les pays de l'OCDE et bien
supérieur à la moyenne des pays de l'Union européenne.
B. UN EFFORT CONSTANT
L'aide publique française au développement représente depuis de longues années entre 0,50 et 0,60 % de la richesse nationale.
Le "pic" des années 1991-1994 s'explique par la
détérioration de la situation économique dans les pays du
champ, puis par l'effort consenti par la France afin d'accompagner la
dévaluation du franc de la Communauté financière africaine
(franc CFA) en 1994.
Ce soutien a été récompensé par une
amélioration nette de la situation économique des pays de la zone
franc, et a permis d'obtenir, à la fin d'une période de deux ans,
des résultats satisfaisants. Le niveau de l'aide atteint en 1994 marque
la fin de cet effort exceptionnel et le retour à un volume plus proche
de celui des années précédentes.
Hors Territoires d'outre-mer, l'APD française est passée de
42 milliards de francs (Mds F) en 1994, soit 0,55 % du PIB, à
30 Mds F prévus en 1998, soit 0,35 % du PIB. Cette baisse est
liée à la conjonction des phénomènes suivants :
a) la composante de notre aide au développement correspondant
à des prêts devrait se réduire sensiblement
en raison
d'un accroissement des remboursements provenant des pays
bénéficiaires. Le volume important de prêts accordés
aux Etats en développement depuis le milieu des années 1980
(prêts du Trésor, prêts d'ajustement structurel et
prêts destinés au financement de projets) se traduit aujourd'hui
par des flux de remboursement croissants ;
b)
la charge des annulations et des consolidations est en forte
baisse
, alors que son coût budgétaire cumulé depuis le
milieu des années 1980 (ensemble des mesures d'annulation et encours de
dettes refinancées) approche 100 Mds F.
c) enfin,
la situation économique des pays du champ s'est
considérablement améliorée
, (la croissance a
été de 5,5 % en moyenne dans la zone franc en 1997), diminuant de
ce fait les besoins d'ajustement structurel.
En dépit de cette baisse significative qui s'inscrit dans un reflux
général de l'aide publique au développement, l'effort de
la France en faveur de l'aide au développement continue à se
situer au niveau le plus élevé des pays de l'OCDE. On observera
en outre, que le tassement des flux d'aide publique vers les pays du Sud a
été plus que compensée par l'augmentation des flux de
capitaux privés.
C. UN EFFORT MARQUÉ PAR LA PRÉPONDÉRANCE DE L'AIDE BILATÉRALE
Comme le montre le tableau ci-dessous, l'aide
bilatérale représente en moyenne 74 % de l'aide publique
française. Cependant elle a tendance à décroître et
ne devrait plus représenter que 70 % de l'aide française en 1998.
(1) L'aide bilatérale
La nomenclature établie dans les annexes jaunes au
projet de loi de finances distingue trois grandes catégories d'aide
bilatérale : les dons, les prêts et les annulations de dette. On
peut ainsi constater que la part de l'aide bilatérale effectuée
sous forme de prêts et de consolidations de dettes a eu tendance à
décroître, alors que la part consacrée aux dons augmentait.
Mais cette distinction, assez sommaire, ne rend pas bien compte des
différentes formes d'aide bilatérale et il est
préférable de distinguer :
-
la coopération technique
: il s'agit principalement de
l'assistance technique, (voir infra) c'est à dire l'envoi sur place de
coopérants affectés à une mission et pour un temps
déterminés et de "
l'écolage
", (prise en charge de
boursiers étrangers en France) ;
- l'aide-projet
: c'est le soutien, sous forme de dons ou de
prêts, à des projets d'investissement reconnus utiles pour le
développement ;
- l'aide "hors-projet"
: c'est, d'une part, le
soutien
financier
aux Etats sous forme de prêts, dons ou annulations de dettes et,
d'autre part, les
aides spécifiques
telles que l'aide alimentaire
ou l'aide d'urgence.
Malheureusement, les statistiques permettant de cerner la part relative de ces
différentes formes d'aide ne sont pas établies sur la même
base, (elles englobent les Territoires d'Outre-mer) et ne sont connues qu'avec
retard. Toutefois, le tableau ci-après permet d'avoir une idée de
la part et de l'évolution respectives de ces trois formes de
coopération bilatérale :
Le tableau ci-dessus permet de constater la forte diminution de l'aide projet
qui représentait 32 % de l'aide bilatérale en 1990 contre
seulement 18 % en 1996, l'augmentation du soutien économique et
financier dont la part est passée respectivement de 32 % à 38 %
et enfin la forte augmentation de la coopération technique et culturelle
dont la part est passée de 36 % à 43 %.
(2) L'aide multilatérale
L'aide multilatérale est la participation de la France
à des organismes internationaux sous forme de contributions obligatoires
ou volontaires, ou encore au travers de prises de participation au capital
d'organismes interrégionaux de développement (banques, fonds...).
La contribution de la France concerne essentiellement :
- l'Union européenne
: la contribution de la France prend la
forme d'une partie de la contribution au budget général et d'une
contribution spécifique au Fonds européen de développement
(FED). Cette contribution reste stable et représente environ 14 % du
total de l'APD française aux Etats étrangers.
- la Banque mondiale
: il s'agit essentiellement de contributions
à l'Agence internationale pour le développement (AID), dont la
France est le quatrième contributeur, et à la
société financière internationale, filiale de la B.I.R.D.
et qui intervient essentiellement dans le secteur privé.
- les Banques régionales
: telles que la Banque
interaméricaine de développement, la Banque de
développement des Etats de l'Afrique centrale ou la Banque Africaine de
développement.
On observera que la part de la contribution française à la
Banque mondiale et aux banques et fonds régionaux a tendance à
décroître au cours des dernières années et ne
représentait plus en 1997 que 8 % de l'APD française contre 10 %
en 1994.
- l'O.N.U.
: on notera que ne sont prises en compte dans le calcul de
l'APD que la partie de la contribution de la France destinée à
financer des actions au développement et non les actions de maintien de
la paix ou la contribution au fonctionnement général de
l'Organisation. Cette contribution représentait en 1997, 1,7 % du total
de l'APD française.
- le FMI
: entre essentiellement dans cette composante, la contribution
à la facilité d'ajustement structurel renforcée. Elle
représentait en 1997, 1,3 % du total de l'APD française.
D. UN EFFORT ENCORE MAJORITAIREMENT DIRIGÉ VERS LES PAYS D'AFRIQUE FRANCOPHONE
Les tableaux ci-dessous font apparaître que l'effort
français reste encore majoritairement orienté vers l'Afrique
subsaharienne dont les pays drainent 42 % du total de l'aide bilatérale.
Par ailleurs, le tableau ci-dessous fait apparaître que la distinction
entre les pays du champ et ceux dits "hors champ" (voir page 33
définition de ces notions) perd de sa pertinence puisqu'en 1996, ces
derniers bénéficiaient de 64 % du total de l'aide
bilatérale française.
II. UN DISPOSITIF D'UNE GRANDE COMPLEXITÉ
La complexité intrinsèque du dispositif français, conjuguée à celle des différents dispositifs internationaux ou supranationaux, rend particulièrement difficile une vision d'ensemble des efforts consentis par notre pays en matière d'aide publique au développement.
A. LA COMPLEXITÉ INTRINSÈQUE DU DISPOSITIF FRANÇAIS
Le dispositif français est marqué par le grand nombre des acteurs, ministères et organismes, intervenant dans le processus d'aide au développement. Parmi ceux-ci, il convient de distinguer, d'une part, le ministère de l'économie et des finances, qui assure à lui seul la distribution de près de la moitié de l'effort financier en faveur de la coopération et trois autres acteurs principaux qui sont le ministère de la coopération, le ministère des affaires étrangères et la Caisse française de développement. Cette complexité explique que, de réformes en projets, notre dispositif soit toujours à la recherche d'une nouvelle efficacité.
1. Le ministère de l'économie et des finances
La prépondérance du ministère de
l'économie et des finances dans l'action d'aide et de coopération
semble telle que l'Observatoire permanent de la coopération
française considère que "
le véritable ministère
de la coopération se situe non pas rue Monsieur, mais à
Bercy
"
2(
*
)
.
En réalité, cette affirmation mérite d'être
tempérée. Si optiquement le ministère de l'économie
et des finances est bien le premier contributeur à l'effort financier en
faveur du développement, en réalité sa marge de manoeuvre
est souvent étroite. D'une part, parce que certaines décisions,
comme par exemple les annulations de dettes, se prennent au niveau des chefs
d'Etat ou de gouvernement et que leur application dans le temps ne laisse
guère de place à une appréciation discrétionnaire.
D'autre part, parce que l'utilisation de certains instruments, comme par
exemple les protocoles financiers, obéit à une importante
concertation interministérielle en amont, notamment avec le
ministère des affaires étrangères.
Il n'en reste pas moins vrai que ce ministère joue un rôle
stratégique important dans l'élaboration et la conduite de notre
politique d'aide au développement.
LE RÔLE DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE
ET DES FINANCES
Outre son rôle traditionnel dans
l'établissement, le contrôle et les modifications en cours
d'exercice des différents budgets concourant à l'enveloppe
financière pour l'APD, le ministère de l'économie et des
finances joue un rôle important soit comme gestionnaire soit comme
bailleur de fonds.
A.
En tant que
gestionnaire
, le ministère de
l'économie et des finances, par l'intermédiaire du service des
affaires internationales de la Direction du Trésor, assure :
1. le suivi des institutions multilatérales
La direction du Trésor assure la représentation de la France
dans les institutions financières internationales et, notamment,
dans
les institutions de Bretton Woods
(FMI et Banque mondiale) et de
l'OCDE
(CAD).
Elle représente également notre pays dans les diverses
banques régionales
(Banque asiatique de développement,
Banque interaméricaine de développement, Société
interaméricaine de développement) et
fonds de
développement
auxquels la France participe (Fonds africain de
développement, Fonds asiatique de développement, Fonds
spécial pour la sûreté nucléaire de l'ex-URSS, Fonds
de développement de l'Amérique latine et des Caraïbes, Fonds
pour l'environnement mondial...).
2. la coordination avec les instances nationales
Le ministre de l'économie et des finances assure la tutelle de premier
rang de la
Caisse française de développement
(CFD),
conjointement au ministère des affaires étrangères et au
ministère de la coopération.
En outre, la direction du Trésor est représentée au
Comité directeur du FAC
et, en conséquence, influence les
orientations et les décisions du ministère de la
coopération.
Enfin, elle est en charge de la coopération monétaire avec les
pays de la zone franc et à ce titre suit l'activité des
banques centrales de cette zone
(Afrique de l'Ouest, Afrique centrale et
Comores).
B.
En tant que
bailleur de fonds
, le ministère de
l'économie et des finances intervient essentiellement au travers de cinq
instruments (dont quatre d'aide bilatérale) :
1. Les participations en capital et les versements à
différentes organisations et fonds internationaux
La direction du Trésor négocie les augmentations de capital et
les reconstitutions de ressources des différentes institutions
multilatérales susmentionnées.
2. les protocoles financiers avec les pays extérieurs au champ
d'intervention du FAC
Ces protocoles sont consentis pour soutenir des projets auxquels sont
associées des entreprises françaises, sous forme de prêts
et de dons du Trésor. Ils sont coordonnés avec les autres formes
d'interventions tels que les crédits de coopération scientifique
et technique ou les interventions de la CFD. Ils concernent essentiellement les
pays asiatiques.
3. l'aide à l'ajustement structurel pour les pays de la zone franc
Au titre de ses responsabilités dans la gestion de la zone franc, la
direction du Trésor instruit, avec le ministère de la
coopération et la CFD, les aides à l'ajustement structurel
accordées aux pays africains.
Il lui appartient également de conduire dans les Etats africains les
missions d'évaluation financière tripartites (Trésor,
Coopération, CFD) qui négocient tant le montant que les points
d'application des concours à l'ajustement.
4. le traitement de la dette
Le Parlement fixe le montant des
annulations de dettes mises en oeuvre dans
le cadre du Club de Paris
, le montant des dépenses
budgétaires relatives au
financement des accords de
consolidation
, ainsi que le montant des
annulations de dette publique
décidées dans un cadre bilatéral
(Dakar I,
conférence de Paris sur les PMA en 1990, Sommet de la Baule en 1990,
Sommet de Libreville en 1992, Dakar II).
La direction du Trésor négocie ensuite les
accords de
consolidation
qui sont mis en oeuvre comptablement par la Banque de France.
Elle assure également la présidence et le secrétariat du
"Club de Paris"
, enceinte où sont négociées les
dettes des pays en voie de développement qui ne peuvent en assurer le
paiement à bonne date. Sur la base des autorisations budgétaires
fixées par le Parlement, la direction du Trésor assure les
négociations des accords bilatéraux de
réaménagement de dettes pris en application des accords conclus
dans le cadre du Club de Paris.
5. le financement de la CFD
Le ministère de l'économie apporte l'essentiel des ressources
dont bénéficie la CFD sur fonds publics (elle se finance
également sur les marchés). A son tour, cet organisme intervient
pour financer de l'aide projet, de l'ajustement structurel ou des
participations aux organisations multilatérales (facilité
d'ajustement structurelle renforcée du FMI).
Les crédits gérés directement ou suivis par le
ministère de l'économie et des finances transitent par le budget
des charges communes et par celui des comptes spéciaux du Trésor.
Mais pour être exhaustif, il faudrait également prendre en
considération les coûts des services centraux et des services
déconcentrés qui sont pris en charge par le budget des services
financiers et qui représentaient en 1997 565 millions de francs.
Globalement, la contribution du ministère de l'économie et
des finances à l'effort financier en faveur du développement
croît de 2 milliards de francs, soit 22,2 % et représente
désormais 11,5 milliards de francs.
Les
crédits inscrits au budget des charges communes
augmentent
de 1,2 milliards (+ 16 %) pour atteindre
8,9 milliards
et
représentent
77 % de la contribution
de ce ministère.
La
charge nette des comptes spéciaux du Trésor
augmente
considérablement (+ 77,3 %) et représente près de
2
milliards
, soit
17 % de la contribution
de ce ministère.
Accessoirement, les crédits de paiement des services financiers
diminuent de 2 % pour s'établir à 566 millions de francs.
a) Le budget des charges communes
Les crédits relatifs à
l'aide
multilatérale
représentent 44 % du total et sont en forte
augmentation, tandis que ceux relatifs à
l'aide bilatérale
diminuent sensiblement et voient leur
part relative
passer de 70 %
à
56 %.
(1) l'aide multilatérale
Les crédits représentatifs des contributions
françaises aux différents organismes internationaux
3(
*
)
par lesquels transitent une part importante de
l'effort en faveur du développement, s'élèvent à
près de
4 milliards de francs en crédits de paiement, soit une
augmentation de 68 %
et à 2,6 milliard de francs en
autorisation de programme, soit une diminution de 92 %
4(
*
)
.
Ces variations importantes ne doivent pas surprendre, puisque, depuis 1985,
les engagements pluriannuels souscrits par la France font l'objet d'une
inscription d'autorisations de programme pour la totalité de la
souscription, et d'inscriptions successives de crédits de paiement pour
le montant des tranches annuelles de versement. Ce système explique donc
en grande partie les importantes variations constatées d'une
année sur l'autre.
L'augmententation des crédits d'aide multilatérale
demandés pour 1998 résulte essentiellement de la forte croissance
des crédits de paiement demandés pour la participation de la
France au Fonds européen de développement (+ 168 %),
laquelle s'explique par l'entrée en vigueur effective du
VIII
ème
FED en 1998. L'importance des crédits de
paiement nécessaires à cette action contraste donc avec la
faiblesse des crédits de paiement accordés pour 1997 qui
constituaient la fin de l'exécution du VII
ème
FED.
Cela explique également l'absence d'autorisations de programme,
celles-ci ayant été inscrites après la signature du
VIII
ème
FED, dans la loi de finances pour 1997 à
concurrence de 20 milliards de francs.
(2) l'aide bilatérale
Globalement, les crédits d'aide bilatérale
diminuent de 6 %
et représentent près de
5 milliards de
francs
. Ils peuvent être regroupés en quatre masses qui
correspondent aux quatre instruments dont dispose le ministère de
l'économie et des finances (voir encadré supra).
Le tableau ci-après fait apparaître la
forte augmentation des
crédits relatifs aux protocoles financiers
dont la part relative
passe de 5 % à 13 % du total. Dans le même temps,
les
crédits liés à des annulations de dette
diminuent de
14 % et ne représentent plus que 52 % du total. L
es crédits de
la CFD
diminuent de 15 % et voient leur part relative ramenée
à 34 %.
Cette évolution qui résulte d'une diminution mécanique
des annulations de dette est relativement satisfaisante et traduit d'une
certaine manière l'amélioration de la situation des pays du
champ.
(a) l'aide extérieure accordée par le Trésor sur protocoles financiers
Cette aide extérieure (dons et prêts)
représente, pour 1998, 658 millions de francs de crédits de
paiement et 600 millions d'autorisations de programme.
Elle concerne principalement les protocoles financiers mis en oeuvre
directement par le Trésor (chapitre 68-00 article 10), dont les
crédits de paiement augmentent de 175 % pour représenter 614
millions de francs. Cette brutale augmentation ne résulte pas d'une
volonté politique mais traduit mécaniquement l'effet calendaire
des déboursements liés aux protocoles conclus les années
précédentes.
Cette action comporte également les remboursements des frais de gestion
au titre de concours aux Etats étrangers (chapitre 37-01 article 10)
à la banque française pour le commerce extérieur (BFCE),
devenue depuis 1997 NATEXIS, après sa fusion avec le Crédit
National. Ces remboursements sont évalués à 35 millions de
francs.
Accessoirement, on peut ranger dans cette première masse les
études réalisées à partir des crédits
inscrits sur le chapitre 37-03 et qui concernent essentiellement des actions
effectuées dans le cadre de protocoles financiers.
On notera que, pour avoir une vision complète de l'instrument
"protocoles financiers", il faudrait dépasser la distinction budget
général/ comptes spéciaux du Trésor et prendre en
compte également les crédits du chapitre 1 du compte
spécial 903-07 : "prêts du Trésor à des Etats
étrangers en vue de faciliter l'achat de biens d'équipement"
(voir infra tableau sur la répartition par catégorie
d'instruments).
(b) les dons en faveur de l'ajustement structurel,
Depuis la loi de finances pour 1997, les crédits relatifs à cette action, qui transitaient anciennement par le chapitre 42-01 (dons en faveur de l'ajustement structurel), ont été transférés au ministère de la coopération sur le chapitre 41-43 (articles 20 et 30). Si bien que l'essentiel des dons en faveur de l'ajustement structurel financés par le budget des charges communes, sont de fait gérés par la CFD.
(c) Le traitement de la dette (annulations et rééchelonnements)
Les initiatives prises par la France pour contribuer au
règlement des difficultés financières rencontrées
par les pays les plus pauvres en matière d'endettement se traduisent par
des mesures d'annulation de dettes décidées dans le cadre du
Club de Paris
(voir encadré infra sur les dispositifs
d'annulation de dettes et leur coût budgétaire).
Par ailleurs, en application des mesures annoncées à l'occasion
du sommet de Dakar (dit
Dakar I
) en mai 1989, de la
deuxième
conférence des Nations-Unies sur les pays les moins avancées
de Paris en septembre 1990 les lois de finances pour 1989 et 1990 ont
annulé pour les trente-cinq pays les plus pauvres et les plus
endettés d'Afrique subsaharienne et sept autres pays moins
avancés africains, la totalité des créances d'aide
publique au développement.
La loi de finances pour 1990 prévoit également des conversions
de dettes sur les pays à revenu intermédiaire.
La loi de finances rectificative pour 1992 autorise des annulations totales ou
partielles pour quatre pays à revenu intermédiaire de la zone
franc dans le cadre du "
fonds de conversion de créances
". Ce
fonds créé pour alléger la dette de quatre pays à
revenu intermédiaire de la zone franc (Cameroun, Congo, Côte
d'Ivoire et Gabon) a été doté initialement de
4 milliards de francs de créances publiques françaises. Son
objectif est de procéder, dans un cadre strictement bilatéral,
à des annulations conditionnelles de l'encours des dettes
détenues par la Banque de France, suite aux
rééchelonnements intervenus en Club de Paris en contrepartie de
la réalisation de projets de développement. Il ne s'agit pas d'un
mécanisme de conversion au sens strict, puisque le fonds ne
reçoit rien en échange de l'annulation et ne constitue donc pas
un instrument de financement supplémentaire. Les projets servant de
support aux conversions doivent en effet trouver leur financement par ailleurs.
Depuis sa création, soixante projets ont été
présentés au fonds, dont quarante-deux ont été
retenus. Le cumul des annulations autorisées s'élève
à 2.013,5 milliards de francs selon la répartition par pays
suivante :
- Cameroun : 415 MF
- Congo : 193 MF
- Côte d'Ivoire : 959 MF
- Gabon : 447 MF
Enfin, le plan d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA (dit
Dakar II) prévoit également d'importantes annulations de dettes
pour les pays de la zone franc.
Budgétairement, les crédits relatifs à
l'annulation de
la dette publique au développement
sont autorisés par le
Parlement, principalement au titre de l'indemnisation de la Caisse
française de développement (chapitre 44-98, article 36 § 13)
et, accessoirement au titre des garanties diverses accordées à la
Banque française du commerce extérieur (chapitre 14-01,
article 90 § 21 de la nomenclature d'exécution).
Pour avoir une vision complète de l'instrument "annulations de
dettes",
il faudrait également prendre en considération le compte
spécial du trésor 903-17 : "prêts du Trésor à
des Etats étrangers pour la consolidation de la dette envers la France"
(voir infra).
Globalement, les crédits demandés pour 1998
représentent 2,6 milliards de francs dont 2,5 pour la CFD, en
diminution de 14 % par rapport à l'an dernier. Cette diminution
correspond à une baisse attendue, compte tenu de
l'échéancier de paiements.
(d) Le financement de la CFD
Enfin, le budget des charges communes concourt au
financement
des opérations de la CFD. Ce financement représente,
pour
1998, 1,729 milliard de francs
,
en diminution de 14 % par rapport
à 1997
. Il prend les formes suivantes :
-
bonifications d'intérêts
des emprunts que la CFD est
autorisée à contracter sur les marchés financiers
français et international et qui sont utilisés pour financer de
l'aide-projet à des conditions concessionnelles
(prêts dits
du "premier guichet"). Ce financement provient du chapitre 44-98
article 36
§ 11 et constitue l'essentiel du financement de la CFD en provenance du
ministère de l'économie et des finances. Il représentait
1,605 milliard de francs pour 1997 et
1,352 milliard pour 1998
;
-
bonifications d'intérêts
pour le financement de la
participation française à la
facilité d'ajustement
structurel renforcée du FMI
(chapitre 44-98 article 36 §12), ce
qui représentait 220 millions pour 1997 et 200 millions pour 1998 ;
-
indemnisation au titre de l'allégement de la dette et de la
réduction des taux d'intérêt des prêts aux pays
à revenu intermédiaire (
chapitre 44-98 article 36
§ 14), ce qui représentait 84 millions de francs pour 1997 et
62 pour 1998.
-
remboursements de frais de gestion au titre de concours aux Etats
étrangers
(chapitre 37-01 article 20), ce qui représentait
130 millions pour 1997 et 150 pour 1998.
Pour avoir une vision globale du financement de la CFD en provenance du
ministère de l'économie et des finances, il faudrait
également lui ajouter les crédits du chapitre 2 du compte
spécial 903-07 (prêts du Trésor à la CFD :
"remboursements à la CFD").
b) Les comptes spéciaux du Trésor
Les comptes de prêts du Trésor constituent le
second vecteur de l'action du ministère de l'économie et des
finances. Ils sont au nombre de deux et devraient représenter en 1998
une charge nette pour le budget de l'Etat évaluée à 1,9
milliards, en augmentation de près de 70 % par rapport à 1997.
NB. une charge nette négative signifie que le compte est en
excédent.
(1) Les prêts du Trésor à des Etats étrangers et à la CFD
Le compte 903-07 retrace les prêts consentis
à des organismes ou Etats étrangers pour faciliter l'achat de
produits français et les prêts à la CFD pour le financement
de projets de développement.
Il est crédité des
remboursements en capital obtenus sur les prêts du Trésor et des
prêts à la Caisse française de développement.
(2) Les réaménagements de dettes
Les réaménagements (ou "consolidations") de
dettes consenties par la France à des Etats étrangers sont
retracées à un compte spécial du Trésor,
lorsqu'elles ces opérations font l'objet d'un refinancement sur
ressources budgétaires. Ce compte, d'abord compte de règlement
jusqu'en 1988 (CST n° 905-08), a été
transformé, à compter du 1
er
janvier 1989, en un
compte de prêt : le
compte 903-17 relatif aux "prêts du
Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de
dettes envers la France".
Il convient d'observer que ce compte regroupe aussi bien des annulations de
dettes, qui constituent une charge définitive pour le budget de l'Etat,
que des rééchelonnements, qui ne sont que des charges temporaires.
La forte augmentation des crédits inscrits sur ce CST, au titre des
dépenses s'explique par le fait que l'exercice 1997 a
bénéficié d'importants reports de crédit - à
concurrence de 2,9 milliards de francs - portant les dépenses totales
à 3,9 milliards, ce qui ne sera pas le cas de l'exercice 1998.
Au total, si on essaye d'analyser l'action du ministère de
l'économie et des finances en dépassant la distinction budget
général / CST et en raisonnant par catégorie
d'instruments, l'on obtient le tableau suivant :
Les dispositifs d'annulation de dettes et leurs aménagements
successifs
I - Traitement bilatéral de la dette
Depuis les annulations intervenues en 1972 ("mesure Pompidou") et en
1978
("mesure CNUCED"), la France a accordé aux pays africains les remises
de
dettes suivantes :
A la suite de la Conférence des Chefs d'État et de
Gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français, qui s'est
tenue à
Dakar en mai 1989,
la France
a
décidé d'accorder aux trente-cinq pays les plus pauvres et les
plus endettés d'Afrique subsaharienne une annulation partielle de leur
dette. Cette annulation a pris effet à compter du 1er janvier 1989 et
concerne les prêts relevant de l'aide publique au développement
accordés et versés à ces pays avant le 31 décembre
1988. Elle s'applique également aux Prêts d'Ajustement Structurel
(PAS) consentis à cinq pays pour leur redressement économique et
financier avant 1986, à des taux non concessionnels.
En juin 1990, de nouvelles initiatives en faveur des quatre pays
à revenu intermédiaire de la zone franc ont été
annoncées au Sommet de
"La Baule".
Elles ont
eu pour
effet
de réduire à 5 % l'an les taux d'intérêt des
prêts accordés par la Caisse Française de
Développement.
Le Sommet de
"Libreville"
de septembre 1992 a été
l'occasion pour la France d'annoncer une nouvelle initiative en faveur de ces
pays : la création d'un Fonds de conversion de créances pour le
développement doté de 4 milliards de francs. Dans ce cadre, la
France procède à des annulations de créances d'APD
à la hauteur de l'effort des gouvernements concernés en faveur de
projets précis, liés à la protection de l'environnement,
au soutien des activités productives de base et au développement
social. Les critères d'accès à ce Fonds ont
été récemment élargis.
Une nouvelle mesure a été annoncée par la France au
Sommet de
Dakar en janvier 1994
en faveur des pays de la Zone Franc,
après la dévaluation du franc CFA.
Cette nouvelle mesure a consisté :
- pour le Cameroun, le Congo, la Côte d'Ivoire et le Gabon : annulation
bilatérale de 50 % de l'encours de la dette d'Aide Publique au
Développement (y compris l'ensemble des arriérés) au 31
décembre 1993 ;
- pour les PMA : annulation de la totalité des encours d'Aide Publique
au Développement et des autres prêts accordés par la Caisse
Française de Développement après la remise de dettes dite
"Dakar" intervenue en 1989.
II - Le traitement multilatéral de la dette
Les différents traitements en matière d'annulation pris dans le
cadre du Club de Paris ont été les suivants :
En 1988, à l'issue du Sommet des principaux Pays
industrialisés tenu à Toronto, parmi les trois menus d'options
proposés, la France a opté en faveur de l'annulation d'un tiers
des échéances faisant l'objet de consolidation en Club de
Paris.
Vingt pays ont bénéficié de ce traitement dont dix huit
d'Afrique subsaharienne. Les pays africains sont le Bénin, le Burkina
Faso, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, la Guinée
Equatoriale, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger,
l'Ouganda, la RCA, le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad, le Togo, le
Zaïre, et la Zambie.
En
1990
, le Club de Paris a décidé au mois de
septembre 1990, à la suite du
Sommet de Houston
des pays les plus
industrialisés, un ensemble de mesures nouvelles dites
"traitement de
Houston",
et appliquées, au cas par cas, aux plus pauvres et aux
plus endettés des pays à revenu intermédiaire.
Il s'agissait essentiellement
d'allonger les périodes de
consolidation et de grâce
(remboursement sur 15 ans dont 8 de
grâce) et d'ouvrir la possibilité, pour les pays créanciers
qui le souhaitent, de procéder à des opérations de
conversion de dette
en monnaie locale, en vue d'investissements sur
place.
Les critères d'éligibilité à ce traitement
intègrent des niveaux de revenu et d'endettement mais la décision
de l'appliquer à tel ou tel pays est toujours prise au cas par cas. 14
pays ont bénéficié de ce traitement dont 5 africains : le
Cameroun, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Maroc et le Nigeria.
En décembre 1991, un nouveau traitement dit de "Londres" a
été mis en oeuvre
. Ce nouveau traitement permet d'accorder un
allégement de 50 % des échéances consolidées. Les
pays africains ayant bénéficié de ce traitement sont le
Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'ivoire, I'Ethiopie,
la Guinée Equatoriale, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger,
I'Ouganda, la République Centrafricaine, le Sénégal, la
Sierra Leone, la Tanzanie, le Togo et la Zambie.
S'agissant de la Côte d'Ivoire et du Cameroun, ces deux pays ont d'abord
bénéficié du traitement de Houston puis de Londres, car
ils ont changé de catégorie à la suite de la
dévaluation du Franc CFA intervenue en janvier 1994. De Pays à
Revenu Intermédiaire, ils sont devenus pays éligibles à
l'AID et donc à des termes plus favorables.
En décembre 1994, les pays les plus pauvres et les plus
endettés se sont vus attribuer un nouveau traitement dit de "Naples",
dont les principes caractéristiques se résument comme suit
:
Allégement
de 50 % ou de 67 % de la dette non APD selon 2
options :
a)
option A
: réduction du principal et
rééchelonnement du solde sur 23 ans dont 6 de grâce au taux
du marché,
b)
option
B
: réduction des taux d'intérêts
de façon à obtenir une réduction de 50 % (ou de 67 %)
en valeur nette actualisée, avec remboursement sur 23 ans (ou 33 ans).
Rééchelonnement
sur 30 ans dont 12 de grâce (50 %
de réduction) ou sur 40 ans dont 16 de grâce (67 % de
réduction) de la dette APD.
La possibilité de convertir des dettes en investissement est
conservée.
D'ores et déjà, dix sept pays se sont vus attribuer ce nouveau
dispositif parmi lesquels figurent onze pays africains qui sont : le
Burkina-Faso, le Cameroun, le Congo, la Guinée-Bissau, la Guinée
Conakry, le Mali, la Mauritanie, I'Ouganda, le Sénégal, le Tchad
et le Togo. L'Ouganda constitue le premier cas d'application du traitement de
"Naples" comportant une réorganisation du stock de la dette.
Ce traitement se substitue au traitement de "Londres" mis en place
en 1991 et
constitue une avancée considérable pour les pays lourdement
endettés. Par ailleurs, le traitement de Naples ouvre la
possibilité de traiter le stock de la dette des pays éligibles.
Depuis le Sommet des pays industrialisés qui s'est tenu le
28
juin 1996 à Lyon,
les pays créanciers considèrent la
possibilité d'avancer dans la mise en oeuvre du dispositif de traitement
de la dette des pays les plus pauvres pour s'assurer qu'il permet dans tous les
cas de leur offrir le traitement correspondant au mieux à leurs besoins.
Les " termes de Lyon " définis par les pays créanciers du Club de
Paris en Novembre 1996 permettent d'accorder un allégement de dette
allant jusqu'à 80% des échéances consolidées ou du
stock de la dette post-date butoir.
Ce nouveau traitement (non encore appliqué à ce jour)
présente les caractéristiques suivantes :
- dette APD : rééchelonnement sur 40 ans dont 16 ans de
grâce,
- dette non APD : réduction de 80% avec remboursement sur 23 ans dont 6
ans de grâce pour l'option DR (réduction de la dette) et 40 ans
dont 8 de grâce pour l'option DSR (réduction du service de la
dette).
Le coût budgétaire des annulations de dettes
des pays du champ
depuis le Sommet de Toronto.
Les annulations de dettes concernent les prêts ou
crédits portés par différents organismes créanciers
: Caisse Française de Développement, Banque Française du
Commerce Extérieur, NATEXIS, Banque de France et COFACE.
Les imputations budgétaires concernent :
- C.F.D. (hors protocole) : Chapitre 44.98, Article 36, § 13 ;
- B.F.C.E. (prêts au Trésor ou à la COFACE dans le cadre
des accords de consolidation) : Chapitre 14.01, Article 90, § 21.
S'agissant des prêts du Trésor (CFD, NATEXIS et Banque de
France), la part en principal des montants annulés est
transportée aux découverts du Trésor. La part
correspondant aux intérêts est abandonnée. Les annulations
de prêts du Trésor ne représentent pas une charge pour le
Budget de l'État.
Les indemnisations versées à la
Caisse Française
de Développement
(CFD) au titre des annulations, selon les termes de
"Londres" ou de "Naples", "Dakar I",
"Conférence de Paris" et "Dakar
II", effectuées par l'intermédiaire du chapitre 44.98 du Budget
des Charges Communes, article 36, paragraphe 13, ont été de :
- 1 293 MF en 1989
- 1 821 MF en 1990
-1 859 MF en 1991
- 1 843 MF en 1992
- 1 872 MF en 1993
- 5 601 MF en 1994 (dont 3 734 MF pour Dakar II).
- 3 182 MF en 1995
- 2 934 MF en 1996
Pour 1996, la répartition entre les différentes annulations est
la suivante :
- "DAKAR I": 1 613 MF
- "Conférence de Paris": 34 MF
- "DAKAR II": 1 287 MF
Les indemnisations versées à la
Banque Française
du Commerce Extérieur
(B.F.C.E.) au titre de ces mêmes
annulations par l'intermédiaire du chapitre 14-01, article 90,
paragraphe 21, ont été de :
- 226 MF en 1989
- 668 MF en 1990
- 491 MF en 1991
- 337 MF en 1992
- 260 MF en 1993
- 1 002 MF en 1994
- 466 MF en 1995
- 345 MF en 1996
La répartition pour 1996 entre les différentes annulations
s'établit de la façon suivante :
- Termes de "Londres" ou "Naples" : 220 MF
- "DAKAR I" : 40 MF
- "DAKAR II" : 85 MF
Montant de la dette (concernant tous les organismes)
déjà annulée par pays du champ
(au 31/1295)
(en MF)
Pays |
Montants annulés |
Pays |
Montants annulés |
Bénin
|
342
|
Haïti
Maurice Madagascar Mali Mauritanie Mozambique Niger Rwanda Sao Tomé Sénégal Seychelles Saint Kitt et Nevi Sainte Lucie Saint Vincent Tchad Togo Zaïre Total |
279
|
2. Le Secrétariat d'Etat à la coopération
Paradoxalement, le département chargé de la
coopération voit ses compétences en matière de
coopération triplement limitée :
-
financièrement
, il n'assure, comme on l'a vu, le financement
que d'une part minoritaire de l'aide au développement : 10 % en termes
d'APD, 31 % en termes budgétaires ;
-
géographiquement
; il n'intervient que dans la zone des pays
dits "du champ" (voir encadré), la coopération avec les
autres pays en développement relevant de la compétence du
ministère des affaires étrangères. Il est vrai que
l'extension du champ intervenue en 1995 a, en théorie,
considérablement réduit la portée de cette limitation.
Initialement limité aux Etats francophones de l'Afrique subsaharienne et
de l'océan Indien, le "champ" s'est considérablement enrichi
d'Etats africains anciennement sous souveraineté anglaise, portugaise ou
espagnole et de certains Etats de la région des Caraïbes. Mais, en
pratique, les effets de cette extension ne sont pas encore clairement
identifiables ;
-
fonctionnellement
: il intervient surtout en matière d'aide
bilatérale et ses compétences en matière d'aide
multilatérales sont relativement limitées au profit des
ministères de l'économie et des finances et des affaires
étrangères.
Le département chargé de la coopération joue
néanmoins, depuis sa création en 1959, un rôle clef dans le
dispositif français d'aide au développement, tant au niveau de la
définition des orientations de la coopération française
qu'à celui de la réalisation pratique.
Outre ses
services centraux
qui comportent environ 600 personnes, le
département chargé de la coopération dispose pour
accomplir ses missions de trois principaux instruments qui sont : l
es
services extérieurs
regroupant
la coopération technique
(missions de coopération et d'action culturelle, dans chaque pays du
champ) et
l'assistance technique
(personnels contractuels ou
fonctionnaires mis à disposition) ;
les concours financiers
et,
enfin, le
Fonds d'aide et de coopération (FAC).
En outre, le
ministre de la coopération exerce, conjointement avec le
ministère des affaires étrangères,
la tutelle de
l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger
(AEFE)
.
a) Les services centraux
Bien que bénéficiaire de l'apport des anciens
corps de la France d'outre-mer, le département chargé de la
coopération n'a pu atteindre ses dimensions optimales qu'en ayant
recours, d'une part, aux autres administrations et, d'autre part, en recrutant
un nombre relativement important d'agents contractuels.
LE "CHAMP" D'INTERVENTION DU MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION
L'évolution des
missions de ce
département vers une coopération que l'on pourrait qualifier de
"tous azimuts" dans la mesure où elle porte sur des domaines aussi
divers que le développement institutionnel (gendarmerie, police,
magistrature, métiers du droit...), l'éducation, la recherche, la
culture, la santé et le développement social, le
développement économique et l'environnement, a
généré des effectifs d'une grande
hétérogénéité correspondant à un
éventail ouvert de "métiers". Cette situation crée des
problèmes de gestion difficiles à résoudre,
renforcées par la volonté de faire alterner les affectations dans
l'administration centrale et dans les services à l'étranger.
b) Les services à l'étranger
(1) La coopération technique
Les missions de coopération et d'action
culturelle
représentent le ministère de la coopération
dans les pays de son champ d'action. En réalité, avant même
l'extension du champ, le ministère de la coopération ne disposait
pas de missions dans tous les pays du champ. De surcroît, l'extension ne
s'est pas accompagnée de l'ouverture de missions de coopération
dans les pays du "
champ nouveau
".
Ces missions contribuent à la définition des programmes de
développement élaborés avec les pays partenaires et
assurent la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des projets dans
tous les domaines du développement. Se définissant comme les
structures déconcentrées du ministère de la
coopération, elles sont dirigées par un chef de mission et
disposent d'un certain nombre de moyens leur permettant de réaliser des
micro-projets de développement (crédits
déconcentrés d'intervention ou CDI) ou de financer des
équipements, des missions d'experts, des bourses et stages...
Les
établissements culturels
et les
centres
médico-sociaux
dépendent des missions de coopération.
Ces derniers sont investis d'une double mission : d'une part, ils doivent
assurer aux coopérants et aux personnels des services français
à l'étranger (ambassades, consulats, missions de
coopération...) les visites médicales systématiques
prescrites par la réglementation et, d'autre part, il assurent, en
soutien des services médicaux locaux, des consultations et soins
auxquels, en raison de leur état de santé, les coopérants
et leur famille peuvent prétendre. Ces prestations sont en principe
gratuites.
(2) L'assistance technique
L'assistance technique constitue une des originalités
de la coopération française avec les pays d'Afrique. Les
coopérants du ministère de la coopération sont mis
temporairement à la disposition des États partenaires dans le
cadre de contrats passés entre les deux parties, et pour des
séjours de durée limitée. La bonne compétence
technique des agents doit être associée à la
capacité de s'adapter à un nouvel environnement économique
et culturel et à des qualités de conseil et de transfert du
savoir.
On dénombrait en mars 1996 3.315 coopérants, dont les deux-tiers
sont des enseignants.
Remplissant à l'origine une fonction de substitution, l'assistance
technique représente aujourd'hui un des concours apportés par la
France au développement des pays africains. A ce titre, elle est
à présent davantage liée à des projets bien
définis dans le temps et axés sur l'expertise et le conseil.
Cette évolution s'est traduite par une baisse significative des
effectifs de coopérants au cours des dix dernières années.
A ces coopérants civils, il convient d'ajouter 688 coopérants militaires répartis dans 22 Etats.
c) Les concours financiers
Les concours financiers (chapitre 41-43) contribuent à
la couverture des déficits des finances publiques ou de la balance des
paiements des pays en développement.
Excepté les crédits de l'article 10 (Aides budgétaires.-
opérations exceptionnelles) qui est ancien et peu conditionnel (il
finance par exemple l'envoi de la mission d'interposition en Afrique centrale -
MISAB - ou permet de contribuer à la tenue d'élections
démocratiques), les concours financiers sont généralement
subordonnés à l'existence d'un accord du FMI.
Il
convient de noter que, depuis 1996, les crédits destinés aux
dons-projets de la CFD qui, pour un tiers, figuraient au budget des charges
communes et, pour deux-tiers au budget de la coopération, ont
été regroupés sur ce dernier budget au chapitre 68-91
relatif au fonds d'aide et de coopération - équipement
économique et social.
Ces concours, qui seront analysés ultérieurement, ont fortement
diminué depuis 1994 et ne devraient plus représenter, en 1998,
que 570 millions de francs.
On peut assimiler à des concours financiers les crédits
destinés au transport de l'aide alimentaire et d'urgence (chapitre
42-26) et qui s'élevaient à 110 millions de francs en 1997.
L'aide alimentaire est conduite par un comité interministériel.
Elle est financée par le ministère de l'agriculture pour les
achats de céréales (chapitre 44-54 article 73 : aide alimentaire
et autres opérations de coopération technique).
d) Le Fonds d'aide et de coopération (FAC)
Le FAC est né en 1959 au moment des
indépendances des anciens territoires d'outre-mer africains et
malgaches, pour contribuer à aider les Etats qui le souhaitaient
à travers des accords de coopération. Les crédits du FAC
sont des crédits d'investissement qui financent, sous forme de
subventions, des opérations ou des projets de développement, dans
le cadre de programmes d'Etat ou d'intérêt général.
Les opérations dites du FAC-Etat font l'objet d'une convention avec
l'Etat bénéficiaire. Les projets dits du FAC-intérêt
général, par exemple ceux organisés au profit
d'associations de solidarité internationale, ne font pas l'objet de
conventions.
Le FAC bénéficie aux trente sept pays dits du "champ ancien"
(c'est à dire avant son extension en 1995). Comme tous les chapitres du
titre VI (chapitre 68-91) il bénéficie d'un assouplissement de la
règle d'annualité budgétaire et permet donc une
programmation sur plusieurs années.
Il est géré par un comité directeur
interministériel présidé par le ministre de la
coopération, auquel participent deux députés et un
sénateur qui est en l'occurrence votre rapporteur spécial. Ce
comité est chargé de donner son accord pour tous les projets
entrant dans le cadre du fonds. Les crédits du FAC sont payés par
la CFD. Le FAC fonctionne selon le principe de l'aide liée : les
crédits accordés doivent servir à acheter des fournitures
ou des prestations d'origine soit française, soit de la zone franc, soit
du pays d'intervention.
Compte rendu de mandat du représentant du
Sénat au comité directeur du FAC
Année 1997
Au cours des trois réunions tenues les 6 mars, 17
juillet et 10 octobre, le comité directeur du FAC a décidé
d'accorder une subvention à 108 projets représentant 929,8
millions de francs (contre 1.114,45 en 1996). Toutefois, un quatrième
comité directeur devrait avoir lieu vers la fin de l'année et
porter sur un total de 150 millions de francs.
Les projets examinés se répartissaient ainsi :
Répartition géographique
Les principales opérations d'intérêt général
ont concerné des subventions à la coopération
multilatérale francophone : 80 millions de francs pour l'Association des
universités partiellement ou entièrement de langue
française (AUPELF-UREF) et 20 millions pour la coopération
culturelle et technique (ACCT). En outre, 80 millions ont été
accordés pour les organisations non gouvernementales, 72 millions pour
des projets concernant l'enseignement scolaire, 33 millions pour la culture et
24 millions en faveur de la coopération décentralisée.
Un seul projet inter-Etats a été examiné. Ce projet
concerne la mise en place d'un pôle régional de recherche
appliquée au développement des savanes d'Afrique centrale. Trois
pays sont concernés : le Cameroun, le Tchad et la République de
Centrafrique.
Le tableau ci-après donne la liste des projets "Etats", par ordre
décroissant d'intervention.
Répartition sectorielle
La répartition sectorielle des projets fait apparaître la
prééminence du soutien à l'enseignement et à la
formation (19 % du total) et du soutient à la santé (15 %).
Viennent ensuite, quasiment sur un pied d'égalité, les actions en
faveur du développement institutionnel (appui à l'état de
droit), le développement rural et la francophonie.
- Enseignement, formation, jeunesse et sports : 177
millions
On trouve à ce chapitre d'importants programmes d'appui aux
systèmes universitaires du Cambodge (12 MF), du Cameroun (15 MF) et de
la Mauritanie (10 MF) de la Guinée (10 MF) et de la Côte d'Ivoire
(6 MF).
Les autres projets importants ont pour objectif de consolider la
rénovation du système éducatif mauritanien (10 MF),
d'appuyer l'enseignement général au Bénin (8 MF) et
l'enseignement sportif en Haïti (5,7 MF), de développer les
réseaux culturels au francophones au Tchad (6 MF)
- Santé et développement social : 142 millions
Les projets subventionnés ont porté, notamment, sur l'appui
à la lutte contre le SIDA (46 MF), la première tranche du centre
hospitalier national pédiatrique de Ouagadougou (18 MF),
l'achèvement du complexe hospitalo-universitaire de Phnom-Penh (15 MF).
Par ailleurs, un programme de coopération multi-bilatérale avec
l'UNICEF (8 MF) a été adopté.
- Développement institutionnel : 105 millions
Les projets les plus importants ont porté sur un programme de
renforcement de la sûreté de l'aviation civile en Afrique (11 MF),
l'appui à la décentralisation et au développement urbain
au Mali (9 MF), l'action en faveur de l'intégration urbaine et la
coopération de proximité au Togo (9 MF), l'appui à la
formation des cadres de l'administration publique haïtienne (8 MF) et
l'appui à la justice en Côte d'Ivoire.
- Développement rural : 104,5 millions
Les projets les plus importants ont concerné les forêts et
terroirs en Afrique (14 MF), la gestion intégrée des ressources
en eau (12 MF), la sécurité alimentaire (10 MF), l'appui à
la politique environnementale à Madagascar (6,2 MF).
- Francophonie : 100 millions
Il s'agit des subventions à l'AUPELF-UREF (80 MF) et à l'ACCT
(20 MF).
- Organisations non gouvernementales : 80 millions
Ces crédits doivent contribuer aux actions menées par les ONG.
- Actions culturelles et information : 61 millions
Les projets les plus importants ont concerné l'appui au
développement culturel de la Côte d'Ivoire (15 MF), l'appui
à la production audiovisuelle et cinématographique des pays du
champ (10 MF), la réhabilitation et le réaménagement du
"Palais de fer" en Angola en vue de l'installation de l'alliance
française, ainsi que l'aide au livre dans les pays du champ (7 MF).
- Crédits déconcentrés/Fonds social de
développement : 55 millions
Ces crédits ne représentent désormais plus que 6 % de
l'enveloppe globale, alors qu'ils en représentaient 10 % l'an dernier et
que l'objectif était de les porter à 15 %.
Recherche : 35 millions
Il s'agit du pôle régional de recherche appliquée au
développement des savanes d'Afrique d'Ouest (20 MF) et de l'appui
à la recherche agronomique en Côte d'Ivoire (15 MF).
-
Coopération décentralisée : 24,0 millions
Il s'agit de permettre le cofinancement de projets dans le cadre de la
coopération décentralisée.
- Opérations inter sectorielles : 20,8 millions
Il s'agit, d'une part, d'aide à la réinstallation des
réfugiés de retour au Rwanda (15 MF) et, d'autre part, d'un
programme d'appui aux initiatives de quartier à Madagascar (5,8 MF).
- Développement industriel et minier : 17 millions
Il s'agit, d'une part, d'un programme d'encadrement et de structuration de
l'artisanat sénégalais (6 MF) et, d'autre part, d'un programme
d'intérêt général concernant la relance des
activités minières (11 MF).
- Infrastructures : 6 millions
Il s'agit d'un projet d'appui à l'organisation de l'entretien routier
à Madagascar.
-
Evaluation et contrôle : 1,5 million
Il s'agit du financement d'un fonds d'étude pour la finalisation des
projets 1997.
Le FAC constitue un mode de financement souple et transparent . Souple, en ce qu'il permet une programmation pluriannuelle. Transparent, car chaque projet est soumis à l'approbation du comité directeur, dans lequel siègent des parlementaires des deux assemblées (voir encadré sur le compte rendu de mandat).
e) L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE)
Le Secrétariat d'Etat à la coopération
exerce, conjointement avec le ministère des affaires
étrangères, la tutelle de l'AEFE. Cette responsabilité lui
a été confiée car, jusqu'à la création de
l'Agence, en 1990, les établissements scolarisant les enfants
français dans les pays de sa compétence étaient
placés sous son autorité directe.
Il siège au conseil d'administration de l'agence où il compte
trois représentants, ainsi que dans diverses instances comme la
commission chargée de l'attribution des bourses.
Une partie de la subvention de fonctionnement annuelle attribuée par
l'Etat à l'AEFE est imputée sur le budget du Secrétariat
d'Etat à la coopération. En loi de finances pour 1997, cette
subvention s'élevait à 368 millions de francs, soit environ 20 %
de la subvention totale.
A cela s'ajoutent des contributions variables selon les années au titre
des investissements, imputées selon le statut de l'établissement
sur le chapitre 57-10 ou sur le chapitre 68-94.
L'AGENCE POUR L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À
L'ÉTRANGER
L'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger (AEFE) poursuit quatre missions :
- assurer le service public d'éducation des enfants français
à l'étranger ;
- contribuer, par l'accueil d'élèves étrangers au
rayonnement de la langue et de la culture françaises ;
- renforcer les relations de coopération entre les systèmes
éducatifs français et étranger ;
- aider les familles des élèves français ou
étrangers à supporter les frais liés à
l'enseignement élémentaire, secondaire ou supérieur de
ceux-ci, tout en veillant à la stabilisation des frais de
scolarité.
Elle a la charge de 68 établissements en gestion directe et de 219
établissements conventionnés dans 125 pays. En moyenne, ces
établissements sont fréquentés par 40 % de
Français, 46 % d'autochtones et 14 % d'étrangers-tiers.
En 1996, 6.061 enseignants étaient rémunérés par
l'AEFE et 17.967 élèves recevaient une bourse sur un total de
plus de 155.000 élèves.
3. Le ministère des affaires étrangères
En matière
d'aide bilatérale
le
ministère des affaires étrangères instruit et gère
(direction générale des relations culturelles, scientifiques et
techniques), les projets de développement dans les pays de son champ de
compétence. Ces projets concernent notamment les établissements
d'enseignement, les actions du réseau culturel et linguistique,
l'audiovisuel extérieur, les actions de formation, de coopération
scientifique et technique de coopération culturelle.
On retiendra également que ce ministère contribue au financement
de l'AEFE dont seules les dépenses se rapportant à des
étudiants étrangers, dans des pays bénéficiaires de
l'aide, sont retenues, ce qui représente environ
25 % des
crédits de ce poste budgétaire (chapitre 36-30 article 10).
En matière d'
aide multilatérale
, le ministère des
affaires étrangères gère la contribution financière
de la France au fonctionnement des organismes des Nations Unies (PNUD, FAO,
FNUAP, UNICEF...).
4. La Caisse française de développement
La
Caisse française de développement
est
à la fois un établissement public à caractère
industriel et commercial et une institution financière
spécialisée. Crée le 2 décembre 1941 par le
général de Gaulle, elle s'est d'abord appelée Caisse
centrale de la France libre, puis Caisse centrale de la France d'outre-mer en
1944 et Caisse centrale de coopération économique de 1958
à 1992. Elle fonctionne, comme le FAC, sur le principe de l'aide
liée. Au 31 décembre 1996, le groupe de la CFD comportait 1.655
agents.
Elle est soumise à la tutelle des ministères de
l'économie et des finances, des affaires étrangères, de la
coopération et de l'outre-mer.
La CFD effectue quatre types d'activités pour compte propre ou pour le
compte de l'État :
-
l'aide-projet
, qui constitue son activité principale ;
-
l'aide à l'ajustement structurel
;
-
l'octroi de garanties
;
-
les prises de participation
.
En outre, elle effectue des activités complémentaires pour le
compte de l'État.
a) L'aide-projet
(1) Les instruments de financement de l'aide-projet
Il convient de distinguer l'aide-projet à des
conditions privilégiées (dites "concessionnelle") de celle
effectuée à des conditions de marché ou proches du
marché.
L'aide-projet concessionnelle
consiste pour la CFD à accorder
des prêts ou des subventions liés à des projets
d'investissement productif. Ces opérations sont désignées
sous l'appellation de "
premier guichet
" et comportent
au minimum
50 % d'élément don pour les PMA et 35 % pour les PRI. Elles
entrent dans l'APD. La CFD dispose, à ce titre, de trois
instruments :
les prêts à condition ordinaire
: ces prêts sont
accordés dans les pays à revenu intermédiaire, aux
États ou à des entreprises publiques ou parapubliques, avec
l'aval des États.
les prêts à condition améliorée
: ces
prêts permettent de financer des projets ou des composantes de projets
rentables, mis en oeuvre par des entreprises du secteur public marchand sans
l'aval des États et, dans certains cas, du secteur privé. On
distingue les PCA dans les pays à faible revenu et les PCI dans les pays
à revenu intermédiaire.
les subventions
: depuis le sommet franco-africain de la Baule en 1990,
la CFD peut également financer, par subvention, les opérations
relevant des États dans les pays à faible revenu, à
l'exception des projets rentables du secteur public marchand. Les subventions
sont généralement accordées aux États. Toutefois,
des collectivités locales, des entreprises publiques et des ONG peuvent
également bénéficier de subventions.
L'aide-projet non concessionnelle,
effectuée aux conditions de
marché ou à des conditions proches du marché, finance des
investissements d'une rentabilité avérée. Ces
opérations ne différent pas ou peu des opérations que
pourraient exercer une banque commerciale classique. A ce titre, la CFD dispose
de deux instruments :
les prêts aux conditions du marché dits "prêts du second
guichet"
: ces prêts sont consentis aux conditions du marché
et sont réservés à des opérations présentant
des garanties de premier ordre.
les prêts à conditions proches du marché
: ces
prêts sont destinés au financement de projets ou de composantes de
projets à rentabilité avérée, dans tous les pays.
Ils sont octroyés à des entreprises du secteur privé et du
secteur marchand sans l'aval des États. Ils sont également
consentis à Proparco (filiale de la CFD) pour lui permettre de financer
ses opérations de capital-risque.
(2) Évolution et perspectives de l'aide-projet de la CFD
En 1995, l'aide projet
accordée par la CFD a
représenté 5,8 milliards de francs
, ce qui traduisait un
effort exceptionnel (+ 27 %) consenti par la France en faveur des pays de la
zone franc, afin d'accompagner la dévaluation du franc CFA.
En 1996, l'aide-projet
accordée par la CFD s'est
élevée à
4,9 milliards de francs
, dont près
de la moitié a bénéficié aux pays de la zone franc.
Les principaux bénéficiaires de cette aide ont été
la Côte d'Ivoire (478 MF), le Congo (389 MF), le Gabon (330 MF) et
le Mali (274 MF). En dehors de la zone franc, les principaux
bénéficiaires ont été le Maroc (839 MF), la
Tunisie (444 MF), la Guinée (225 MF), le Viet Nam (212 MF) et le
Zimbabwe (128 MF).
Sur le plan sectoriel, le développement rural constitue toujours le
premier secteur d'intervention du groupe avec 1,6 milliard d'engagements, ce
qui représente 33 % des concours financiers d'aide-projet. Arrivent
ensuite le secteur des transports (19 %) et celui des équipements
urbains (17 %). Il convient de noter l'importance des "lignes de crédit
multisectorielles" qui sont utilisées par les banques pour des
financements à des entreprises moyennes ou petites de tous les secteurs
d'activité. Leur augmentation très sensible met en
évidence l'importance croissante de l'intermédiation
financière dans l'activité du groupe.
Il n'est pas possible de donner une évaluation
précise des réalisations d'aide-projet pour
1997
, la CFD
ne fixant pas d'enveloppes d'engagements
a priori
par secteurs ou par
pays, chaque projet, qu'il soit public ou privé, faisant l'objet d'un
examen au cas par cas. Néanmoins, les engagements consacrés
à l'aide-projet (CFD et Proparco) s'élevaient, à la fin
septembre 1997, à 3,1 milliards de francs.
Pour
1998
, la CFD envisage de poursuivre ses objectifs traditionnels de
soutien aux pays de la zone franc et d'intervention dans les pays du champ
traditionnel et du nouveau champ. Toutefois, à cette
préoccupation générale, s'ajoutent deux
considérations particulières.
En premier lieu, les interventions dans les "nouveaux pays du champ",
notamment dans les pays anglophones et aux Caraïbes, devraient être
plus nombreuses et se traduire par une augmentation des engagements dans ces
pays.
En second lieu, se présente dès cette année, la
perspective de financements d'une taille inhabituelle, parmi lesquels on peut
citer la réalisation du barrage hydroélectrique de Manantali, qui
concerne la Mauritanie, le Sénégal et le Mali, la route à
vocation régionale Gabon-Cameroun, le pipeline de Doba au Tchad et au
Cameroun, l'infrastructure routière au Congo sur l'axe
Brazzaville-Pointe-Noire, le barrage de Ziga au Burkina-Faso, la privatisation
des télécommunication en Côte d'Ivoire , le doublement de
la capacité des industries chimiques du Sénégal. Ce sont
ainsi plus de deux milliards de francs de crédits qui devraient
être engagés en 1997 et 1998 sur un peu moins de dix projets en
zone franc.
Pour mettre en oeuvre les projets décidés au cours des
années précédentes, la CFD devrait disposer de
crédits de paiement, au titre de l'aide-projet, en légère
diminution, passant de 2,3 milliards en 1997 à 2,2 milliards pour 1998.
Il convient de noter également que, lorsque l'Etat procède
à des annulations de dettes (CNUCED, Dakar I et II), il se substitue aux
emprunteurs et règle aux créanciers (dont la CFD) les
échéances de remboursement au fur et à mesure de leur
arrivée à terme.
La CFD a ainsi bénéficié des remises de dettes
indiquées ci-dessous :
On notera que la remise de dette de 1994, qui a accompagné la dévaluation du franc CFA, a également porté sur les arriérés accumulés préalablement à dévaluation, ce qui explique le "pic" de 1995.
b) Les concours d'ajustement structurel
Accordés par la CFD pour le compte de l'État,
ces concours, hors projet (prêts pour les pays à revenu
intermédiaire, dons pour les pays les moins avancés) sont
destinés à soutenir les programmes de redressement
économique et financier des États auxquels ils sont consentis.
Le principe en est décidé par le gouvernement français et
les modalités font l'objet d'une étude conjointe menée par
la direction du Trésor, le ministère de la coopération et
la CFD.
En 1996, ces concours se sont élevés à 1.414 millions de
francs (-34 % par rapport à 1995), dont 434 millions de
francs en subventions et 980 millions de francs en prêts. 98 % d'entre
eux concernent des pays de la zone franc.
La répartition géographique des concours d'ajustement structurel
accordés au cours des cinq dernières années est la
suivante :
A fin septembre 1997, le montant des concours d'ajustement structurel
accordé par l'intermédiaire de la CFD s'élevait à
400 millions de francs.
Pour 1998, la CFD devrait bénéficier de 480 millions de francs
au titre des bonifications de prêts et dons en faveur de l'ajustement
structurel (chapitre 41-43 art. 20 et 30 du ministère de la
coopération), contre 720 en 1997, ce qui représente une
diminution de 33,3 %.
c) Les garanties d'émission
La CFD peut également octroyer sa
garantie à
des émissions publiques de titres obligataires
lancées par
des syndicats de banque locales.
Ainsi, en 1996, la CFD a accordé sa garantie à un emprunt
obligataire de 1,5 milliard de francs émis par le Royaume du Maroc.
d) Les prises de participation
Enfin, elle peut prendre des participations, généralement par l'intermédiaire de sa filiale PROPARCO qui intervient, sans l'aval des États, en fonds propres ou en prêts participatifs dans le capital d'entreprises privées ou d'entreprises publiques en voie de privatisation.
e) Les activités complémentaires pour le compte de l'État
(1) Les programmes de coopération délégués
Dans le cadre du décret du 31 décembre 1967, le
ministère des affaires étrangères délègue
à la CFD des crédits en faveur d'opérations de
coopération, situées principalement au Maghreb, au Moyen-Orient,
en Asie et dans le Pacifique Sud.
La mission de la CFD est généralement limitée à la
gestion financière des crédits mais peut être
élargie à l'appui technique et au suivi de l'opération. A
ce titre, la CFD gère des fonds d'études destinés à
identifier de futurs projets d'investissement.
Au cours de l'année 1996, sur l'ensemble des pays, 77 millions de
francs ont été délégués à la CFD pour
la poursuite d'opérations en cours et l'engagement de nouveaux projets.
(2) Missions de gestion
La CFD est chargée de la gestion des prêts ou
dons consentis par le gouvernement français aux États du Maghreb
et de la péninsule indochinoise, dans le cadre des protocoles financiers
bilatéraux.
Pour chaque opération de prêt ou de don résultant d'un
protocole financier, la CFD signe, au nom et pour le compte de l'État
français, avec l'État étranger ou le
bénéficiaire désigné par ce dernier, une convention
précisant les modalités de versement et de remboursement.
gestion de prêts et dons du Trésor
L'encours des
prêts du Trésor
est passé de 14,2
milliards de francs au 31 décembre 1995 à 14,6 milliards de
francs au 31 décembre 1996. Les protocoles agréés en 1996
totalisent 1,25 milliard de francs de prêts.
Concernant les dons du Trésor, les protocoles
signés en 1996 totalisent 95 millions de francs. Les versements
effectués en 1996 sur les protocoles en cours se sont
élevés à 271 millions de francs.
financement de la facilité d'ajustement structurel renforcée
du F.M.I.
Depuis 1987, la CFD assure, pour le compte du ministère de
l'économie et des finances, le financement de la contribution
française à la facilité d'ajustement structurel
renforcée (FASR) du Fonds monétaire international.
La première tranche portait sur 800 millions de droits de tirage
spéciaux (DTS). Les prêts en DTS accordés au F.M.I. ont
atteint ce montant à la fin de 1996, contre 700 millions de DTS à
la fin de 1995. Ces prêts bénéficient de la garantie de
l'État, de même que les emprunts qu'émet la CFD pour
financer cette activité.
Une nouvelle convention portant sur une seconde facilité d'ajustement
structurel renforcée de 750 millions de DTS a été
signée en 1995 entre la CFD et le F.M.I. Les décaissements ont
démarré en 1997.
Au 31 décembre 1996, l'encours des prêts au F.M.I. se situe
à 5,4 milliards de francs, contre 4,86 milliards à la fin de
1995.
Pour 1997, la CFD devrait recevoir au titre de la "bonification
d'intérêt.- FASR du FMI" (budget des charges communes : chapitre
44-98 art. 36 § 12 ) 200 millions de francs, contre 220 en 1997.
la gestion de fonds d'investissemen
t
La CFD assure les paiements et tient la comptabilité des crédits
d'investissement du Fonds d'aide et de coopération (FAC) pour le compte
du secrétariat d'Etat à la coopération, et exerce les
fonctions de payeur délégué pour le compte du Fonds
européen de développement (F.E.D.).
les actions de formation
Depuis plus de trente ans, la CFD contribue à la formation et au
perfectionnement professionnel par l'intermédiaire du Centre
d'études financières, économiques et bancaires (CEFEB),
installé à Marseille. Depuis 1961, ce centre a assuré la
formation de près de 3.000 stagiaires.
le fonds français pour l'environnement (FFEM)
Dans le cadre de sa participation aux actions pour l'environnement mondial, et
en sus de sa contribution au fonds multilatéral ("
global environment
facility
"), la France a décidé de créer un fonds
français pour l'environnement mondial. Ce fonds est dirigé par un
comité de pilotage interministériel, dans lequel sont
représentés, outre la CFD, les ministère de
l'économie, des affaires étrangères, de la
coopération, de l'environnement et de la recherche.
Le secrétariat du fonds est assuré par la CFD qui le gère
au sein d'une structure spécifique. Son montant est fixé à
440 millions de francs pour la période 1994/1997. Fin 1996, 44 projets
étaient instruits ou en cours d'instruction, représentant un
montant d'engagements d'environ 202 millions de francs.
Le secrétariat du FFEM assure également le suivi des projets
bilatéraux mis en oeuvre dans le cadre du protocole de Montréal
relatif à la protection de la couche d'ozone. En 1996, ces projets ont
représenté 5 MF et ont concerné le Maroc, le Liban, le
Viêt-nam et l'Iran.
5. Les autres ministères
Le budget le plus important, après celui des affaires
étrangères est celui du
ministère chargé de la
recherche
du fait qu'y sont comptabilisés, notamment, les budgets de
l'Institut français de recherche scientifique pour le
développement en coopération -
ORSTOM
- et du
Comité interministériel de recherche appliquée au
développement
CIRAD.
Les autres ministères
mettent généralement des
personnels à
disposition
(Défense) ou participent au
financement de bourses
(éducation, santé, agriculture,
jeunesse et sports, environnement).
6. Un dispositif toujours à la recherche d'une nouvelle efficacité
La grande complexité du dispositif français,
qui nuit à la transparence et à l'affichage d'une contribution
globale de la France aux pays en développement, a fait l'objet
d'observations particulières de la Cour des comptes dans son rapport
public d'octobre 1996. Dès avant la publication de ce rapport, le
précédent gouvernement a effectué une réforme en
février 1996 consistant à :
- mettre en place un
Comité interministériel de l'aide au
développement
(CIAD). Présidé par le Premier ministre,
il comprend le ministre des affaires étrangères, le ministre de
l'économie et des finances, le secrétaire d'Etat à la
coopération, le ministre délégué au budget, le
ministre délégué au commerce extérieur et tout
ministre concerné par l'ordre du jour. Il définit les
orientations de l'aide publique au développement dans ses
bilatéraux et multilatéraux et approuve un rapport annuel sur
l'évaluation de l'aide.
-
élargir la coordination interministérielle aux
administrations
. Il a été prévu, en particulier,
d'accroître la coordination entre les services concernés du
ministère des affaires étrangères et du ministère
de la coopération, de manière à établir plus de
cohérence entre les orientations politiques générales (G7,
Union européenne, Convention de Lomé...) et les programmes de
coopération par pays.
Un comité de pilotage
présidé par le secrétaire d'Etat à la
coopération se réunit, avec le secrétaire
général du ministère des affaires étrangères
et les hauts fonctionnaires de ces administrations. Par ailleurs, a
été instauré, dans chaque pays du champ, un comité
local d'aide au développement (CLAD). Sous la présidence de
l'ambassadeur, ce comité réunit les chefs de service
concernés (mission de coopération et poste d'expansion), et le
directeur de l'agence locale de la Caisse française de
développement. Ce comité a un rôle d'information,
d'harmonisation et de suivi des programmes d'aide.
-
rechercher une nouvelle cohérence dans les procédures
budgétaires
. Le champ d'intervention du ministère de la
coopération a été étendu aux pays ACP et à
l'Afrique du Sud en 1996. La CFD a désormais pleine compétence de
banquier et d'opérateur pour les secteurs productifs, les
infrastructures et l'aménagement rural et urbain, tandis que le
ministère de la coopération doit se limiter désormais,
dans ces mêmes secteurs, à l'appui institutionnel. Celui-ci, dans
une circulaire du ministre délégué à la
coopération en date du 22 juillet 1996, est défini comme
"
l'ensemble des activités de coopération technique
destinées à améliorer l'environnement institutionnel de
l'activité productive en apportant un appui aux organismes publics ou
d'intérêt général ayant une incidence sur les
secteurs de la production, des infrastructures et de l'aménagement rural
et urbain"
.
Par ailleurs, le champ géographique de la CFD a été
étendu comme celui du ministère de la coopération, avec
pour conséquence la disparition progressive des protocoles
gouvernementaux (prêts et dons du Trésor) dans les pays ACP
(à l'exception éventuellement de l'Afrique du Sud).
L'actuel gouvernement n'a pas encore fait connaître ses intentions de
réforme concernant le dispositif français de
coopération.
B. L'ARTICULATION DU DISPOSITIF FRANÇAIS AVEC LES AUTRES DISPOSITIFS D'AIDE PUBLIQUE
1. L'aide publique internationale
a) La participation de la France aux institutions internationales
La coopération avec les institutions de Bretton Woods
est considérée avec beaucoup d'importance par les
autorités françaises. Quatrième actionnaire du F.M.I. et
de la Banque mondiale, la France est également le quatrième
contributeur de l'A.I.D. (voir encadrés).
Au sein de ces institutions, notre pays est en mesure de plaider la cause des
pays les plus pauvres et de veiller à ce qu'une juste place soit
accordée aux besoins du continent africain. La France veille ainsi
chaque année à ce qu'une part significative du
bénéfice de la B.I.R.D. soit transférée à
l'A.I.D. pour le maintien d'une large allocation des ressources à
l'Afrique.
Enfin, la France cherche à inscrire son assistance bilatérale
dans le cadre des programmes agréés par le F.M.I. et la Banque
mondiale, en particulier dans le cadre du "programme spécial
d'assistance" aux pays africains les plus pauvres et les plus endettés
qui entreprennent des efforts d'ajustement. Elle est ainsi l'un des principaux
bailleurs de ce dispositif de coordination des aides bi et
multilatérales placées sous l'égide de l'A.I.D. .
Par ailleurs, la France participe activement au financement de divers fonds de
développement régionaux ou interrégionaux.
b) La politique d'aide des organisations internationales et leur concrétisation dans les pays du champ
(1) Le FMI
La vocation fondamentale du FMI est de veiller au respect ou
au rétablissement des grands équilibres macro-économiques
indispensables à un financement sain du développement. Il
intervient en priorité pour aider les pays à résoudre
leurs difficultés de balance des paiements.
Cette institution joue cependant un rôle considérable pour les
intérêts des pays en développement : au cours des quinze
dernières années, la quasi totalité des concours
financiers du Fonds ont été octroyés à des pays en
développement ou en transition. L'accès de ces pays aux
ressources du Fonds s'est considérablement accru ; les mécanismes
existants ont été élargis et d'autres ont
été créés pour répondre plus
particulièrement à leurs besoins (voir encadré).
(a) évolution récente des concours du FMI
Les concours du FMI se sont considérablement développés au cours des derniers exercices. Les décaissements sont ainsi passés de 5,9 milliards de DTS en 1994 à 11,2 milliards en 1995 et 12,3 milliards en 1996. Les concours au titre de la F.A.S. et de la F.A.S.R. ont pour leur part fortement augmenté à partir de 1996 (0,7 milliard de DTS en 1994, 0,6 milliard en 1995, 1,5 milliard en 1996) atteignant pour la première fois 12 % du total des concours du FMI.
Cette évolution récente des concours du FMI
s'explique par deux raisons majeures :
- la résolution de la crise mexicaine de 1995 (concours en 1995 et en
1996) ;
- les concours financiers importants à la Russie en 1996 (3,8 milliards
de DTS) et aux autres pays de l'Europe de l'Est.
Parallèlement, les rachats et remboursements au FMI se sont accrus
passant de 4,5 milliards de DTS en 1994 à 4,2 milliards en
1995 et 7,1 milliards en 1996. L'encours total des crédits
accordés par le FMI était à la fin de l'exercice 1996 de
42 milliards de DTS.
(b) rôle du FMI dans l'initiative en faveur de la dette des pays pauvres très endettés
Le FMI et la Banque mondiale ont présenté
conjointement cette initiative visant à réduire le poids de
l'endettement des pays pauvres très endettés lors de leurs
assemblées générales au printemps 1996. Cette initiative
est destinée à ramener à un niveau supportable à
long terme le poids de la dette extérieure des pays éligibles
à l'AID. Pour en bénéficier, les pays doivent mettre en
oeuvre des programmes d'ajustement structurel encadrés et suivis par le
FMI et la Banque mondiale.
L'aide financière accordée concerne à la fois :
- des dispositions particulières du Club de Paris, permettant d'accorder
un supplément de réductions de dette pouvant atteindre 80 % de la
dette exigible ;
- la mobilisation de la F.A.S.R. par le FMI, selon ses dispositions très
concessionnelles, accompagnée d'un dispositif d'assistance
renforcée du FMI ;
- l'intervention d'un fonds fiduciaire spécifique, mis en oeuvre par la
Banque mondiale, doté pour le moment à hauteur de 500 millions de
dollars, mais prévu pour être doté de 2 milliards de
dollars.
Quatre pays ont fait actuellement l'objet d'un examen favorable pour leur
éligibilité à cette initiative : l'Ouganda, la Côte
d'Ivoire, le Burkina Faso et la Bolivie.
Cette initiative constitue une avancée importante pour les pays
concernés dans la mesure où elle offre une approche globale du
problème qui devrait aboutir à ce que les pays n'aient plus
à solliciter des rééchelonnements ultérieurs
successifs et puissent ainsi consacrer leurs efforts à la
réalisation d'un développement durable.
(c) Le FMI et les pays de la zone franc : évolutions récentes au cours de l'exercice budgétaire 1997
Au mois de juin 1997, une dizaine de pays de la Zone franc
avaient un accords avec le FMI. En Afrique de l'Ouest, tous les accords conclus
étaient en vigueur, mais de légers retards étaient
notés pour certaines revues à mi-parcours. (Bénin et
Sénégal) et plusieurs accords annuels arrivaient à
expiration (Burkina Faso, Côte d'ivoire, Guinée Bissau Niger,
Togo). Depuis, les revues retardées ont été
effectuées et de nouveaux accords annuels sont entrés en vigueur
au titre de la F.A.S.R. pour quatre pays : la Guinée Bissau, le Burkina
Faso, le Niger et le Togo. En Afrique Centrale, les relations avec les Fonds
Monétaires ont été plus difficiles : la revue des accords
avec le Gabon, le Congo et le Tchad ont subi des retards. L'accord de
confirmation avec le Cameroun a été suspendu avant même que
puisse être négocié un nouvel accord au titre de la FASR,
laissant la place à un programme de suivi. Les progrès
réalisés dans la voie d'un accord avec la Centrafrique ont
été interrompus en raison des événements de fin
1996. Depuis la fin de l'exercice budgétaire 97, les principales
évolutions ont concerné, l'une positive, le Cameroun (accord
conclu au titre de la FASR) et l'autre, négative, le Congo (expiration
du dernier accord annuel).
Ces accords représentaient au 30 juin 1997 un volume d'engagement de 995
millions de DTS, dont 845 millions de DTS au titre de la FASR à laquelle
tous les pays de la Zone Franc sont éligibles à l'exception du
Gabon qui a conclu en novembre 1995 un accord élargi de financement. Les
pays de la Zone Franc ont bénéficié d'un niveau
d'accès moyen de 106 % de leur quote-part, chiffre qui recouvre le plus
souvent un niveau d'accès de 120 % pour les pays
bénéficiant d'un premier accord et un niveau d'accès de 90
% pour ceux qui ont engagé la seconde partie de leur programme
d'ajustement.
Durant l'exercice 1997, le FMI a décaissé 159 millions de DTS
(contre 290 millions de DTS durant l'exercice précédent) en
faveur des pays de la Zone Franc, dont 143 millions à des conditions
concessionnelles. Ces concours représentent la moitié des
versements du FMI à l'Afrique sub-saharienne (317 millions de DTS).
Cette part relativement élevée s'explique notamment par les
difficultés qu'ont continué de rencontrer des pays hors Zone
Franc dans la mise en oeuvre de leur programme d'ajustement. Cependant, la
réduction des montants absolus accordés aux pays de la Zone Franc
indique que certains d'entre eux ont également connu des
problèmes dans la conduite du processus d'ajustement.
Fait exceptionnel depuis de longues années, une bonne vingtaine de pays
d'Afrique sub-saharienne ont actuellement un accord avec le FMI. Mais ce
résultat demeure fragile et certains pays rencontrent des
difficultés pour répondre à leurs engagements.
Le Conseil d'Administration maintient une politique constante dont les grandes
lignes ont été confirmées au cours d'une revue de
l'expérience de la FASR. On peut toutefois noter les inflexions
suivantes :
- une pression pour obtenir des résultats plus tangibles et durables
dans des pays qui ont bénéficié d'accords successifs avec
le FMI et d'importants concours bilatéraux ;
- le sentiment que les États africains, y compris ceux de la Zone Franc,
hésitent sur l'ampleur des réformes économiques à
entreprendre, en particulier en matière de réduction des
interventions économiques de l'Etat et d'ouverture des économies
sur l'extérieur ;
- l'implication croissante du Fonds Monétaire sur les questions de
gouvernance qui a été débattue au Conseil d'Administration
en 1997 et a donné lieu à la publication de directives.
Désormais, le Conseil d'Administration réclame davantage de
transparence dans la gestion financière et des efforts soutenus de lutte
contre la corruption. Dans ce domaine, une prise en compte insuffisante des
avertissements du FMI peut conduire à la suspension d'un accord (cf le
cas récent du Kenya) ou différer, voire empêcher la
conclusion d'un nouvel accord ;
- la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés (PPTE) conduit le Conseil à une attitude plus exigeante
sur le contenu des programmes, notamment en matière sociale.
Les résultats obtenus par les pays de la Zone Franc ont
été reconnus, en particulier en terme de croissance par
tête (2 %) et de réduction de l'inflation (5 %). Le Conseil
d'Administration du Fonds a toutefois invité les pays à
poursuivre leurs efforts dans trois directions :
- la poursuite d'une politique budgétaire prudente, avec un effort accru
de transparence et de mobilisation des recettes fiscales intérieures en
vue de réduire les recettes assises sur le commerce international,
notamment les différentes formes de taxes à l'exportation ;
- l'accélération des reformes structurelles, y compris la
réforme de la fonction publique ;
- l'accentuation des efforts de lutte contre la pauvreté, notamment dans
les pays les plus avancés de la Zone Franc.
La surveillance du FMI devrait davantage que par le passé tenir compte
de la dimension régionale de la politique économique des pays de
la Zone Franc. Les services du Fonds Monétaires envisagent plusieurs
initiatives :
- les conclusions des consultations bisannuelles avec les banques centrales
pourraient être soumises au Conseil d'Administration ;
- la programmation monétaire devrait davantage s'effectuer sur une base
régionale et non plus pays par pays pour tenir compte de la
réalité d'une politique monétaire et d'un marché
monétaire uniques ;
- les consultations plus formelles devraient être engagées avec la
Commission de l'UEMOA où les efforts d'intégration
régionale avancent de manière plus satisfaisante.
LES INSTRUMENTS D'INTERVENTION DU FMI
Afin de répondre aux besoins des pays en
développement, les mécanismes existants du FMI ont
été élargi et des concours spécifiques ont
été créés.
I.- L'élargissement des mécanismes généraux de
crédit
En 1979 a été crée le
mécanisme élargi
de crédit
. Il est destiné à traiter des
difficultés de balance des paiements qui ne résultent pas
seulement de déséquilibres macro-économiques, comme un
excès de demande, mais tiennent également à des
problèmes "structurels", souvent plus longs et plus difficiles à
régler. Les tirages peuvent atteindre 140 % de la quote-part du pays
concerné, le remboursement peut être étalé sur dix
ans avec quatre ans de délai de grâce.
En 1981; la politique d'accès élargi a été mise en
place. Elle consiste à accroître fortement le total cumulé
des tirages des pays sur le FMI pour faire face à de graves
difficultés de balance des paiements. Elle autorisait initialement un
pays à tirer jusqu'à 650 % de sa quote-part, au titre des tirages
ordinaires et des diverses facilités. Cette limite a été
réduite depuis lors à 110 % annuellement et 440 % au total.
II.- Le développement des concours spécifiques
Le besoin est apparu peu à peu d'ajouter aux concours classiques,
répondant à des besoins généraux de balance des
paiement et assortis d'une forte conditionnalité, des financements plus
spécifiquement adaptés aux causes particulières du
déséquilibre extérieur de l'emprunteur :
1) la facilité de financement compensatoire et de financement pour
imprévus
Cette facilité, créée en 1988, est destinée
à couvrir les difficultés de balance des paiements
résultant de chocs externes non maîtrisables par les pays. Elle
comprend deux volets. Le premier (
financement compensatoire
), qui
reprend une facilité plus ancienne, est destiné à
compenser les baisses imprévues de recettes d'exportation des pays
membres. Elle permet également à un pays de faire face à
des besoins exceptionnels d'importation en céréales. Le second
volet (
financement pour imprévus
) est un dispositif d'assurance
des accords de confirmation, c'est à dire qu'il couvre les pertes de
recettes d'exportation liées à une baisse du prix du
pétrole, ou les difficultés de balance des paiements liées
à une hausse des taux d'intérêt, pour les pays qui ont
conclu un accord de confirmation avec le FMI. Les tirages au titre de cette
facilité peuvent atteindre 122 % de la quote-part d'un pays.
2) La Facilité d'ajustement structurel (F.A.S. crée en 1986)
et la facilité d'ajustement renforcée (F.A.S.R.,
créée en 1988 et prolongée depuis)
Ces deux facilités sont destinées à aider les pays en
développement les plus démunis (critère
d'éligibilité à l'AID) à régler des
problèmes structurels qui font obstacle à leur
développement. Elles permettent d'accorder à ces pays (en
majorité des pays d'Afrique sub-saharienne) des prêts
concessionnels à 0,5 % d'intérêt dont les remboursements
s'échelonnent dans un délai de cinq à dix après les
décaissements. Les montants des prêts peuvent atteindre
respectivement 70 % (F.A.S.) et 250 % (F.A.S.R.) des quote-part des pays. Ces
facilités mettent l'accent sur la croissance, la saine gestion des
finances publiques, la mise en oeuvre de réformes économiques, et
une répartition équitable des dépenses publiques
permettant de lutter contre la pauvreté dans le cadre de programmes
d'ajustement structurel. La F.A.S.R. fonctionne sur le même modèle
que la F.A.S. mais fait l'objet de conditionnalités plus strictes.
Le caractère concessionnel des facilités d'ajustement du FMI est
obtenu grâce à un financement original. Les ressources
mobilisées dans le cadre de la F.A.S. proviennent des remboursements de
prêts réalisés antérieurement par le FMI grâce
au produit de la vente du sixième de son stock d'or (accord de la
Jamaïque en 1976). Dans le cadre de la F.A.S.R., ils proviennent
principalement de contributions volontaires des Etats. La France est le
deuxième contributeur à la F.A.S.R. (derrière le Japon)
qui bénéficie largement aux Etats d'Afrique sub-saharienne. Le
mécanisme de la F.A.S.R. a été reconduit en 1994 et les
pays membres du G7 se sont engagés à assurer la
pérennisation de son fonctionnement à l'horizon 2004, date
à laquelle les ressources ne permettraient plus d'en poursuivre le
mécanisme.
(2) La Banque mondiale
La Banque mondiale, du fait de sa surface financière qui lui permet d'être la première agence d'aide internationale, joue un rôle déterminant en matière de développement. L'Afrique sub-saharienne constitue pour elle une priorité affichée.
(a) Les niveaux d'intervention (prêts et crédits)
L'ensemble des prêts et crédits accordés
par la Banque mondiale au cours de l'exercice 1995-1996 (prêts de la BIRD
et crédits de l'AID) a représenté 21,5 milliards de
dollars dont 2,74 au profit de l'Afrique sub saharienne, exclusivement sous
forme de crédits de l'AID à conditions concessionnelles. La BIRD
stricto sensu n'est pas intervenue sur la région Afrique en 1996.
Si l'Afrique continue à représenter en moyenne 40 % des
crédits accordés par l'AID, sa part dans le total des prêts
de la Banque mondiale reste faible (12,7 % en 1996), ce qui traduit clairement
la dégradation relative des conditions économiques africaines par
rapport à celles que l'on peut trouver en Amérique latine ou en
Asie, régions qui apparaissent plus attractives.
L'année budgétaire 1995-1996 a été marquée
par une poursuite des interventions en zone franc dont le montant est
passé à 895 millions de dollars, contre 906 en 1994-1995, 1.082
en 1993-1994 et seulement 180 millions en 1992-1993.
La Banque Mondiale joue par ailleurs un rôle essentiel de catalyseur pour
l'ensemble des autres aides internationales, soit en terme d'engagements des
pays à mener des réformes en contrepartie de l'aide, soit
vis-à-vis de la mobilisation des ressources des autres aides
internationales.
(b) les thèmes prioritaires de la Banque mondiale en Afrique
La Banque mondiale accorde une attention particulière
à l'Afrique et son président M. Wolfenson en poste depuis le
1er juin 1995 a fait de ce continent sa première priorité.
Sa stratégie, ses interventions et l'insistance donnée à
certains thèmes récurrents montrent une évolution de ses
priorités sur ce continent.
La montée en puissance des aides à l'ajustement macro
économique et sectoriel au cours des 10 dernières
années a pris le pas sur l'aide aux projets sur le terrain. Cette
évolution pourrait être modifiée avec la mise en oeuvre de
programmes sectoriels d'investissement (PSI) qui conjuguent sur un même
programme, concerté avec les autres agences d'aide, l'ensemble des
moyens d'appui à un secteur.
L'importance accordée à certains thèmes horizontaux
traduit de nouveaux axes stratégiques de la Banque :
- le renforcement des capacités locales,
- la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption;
- le développement du secteur privé,
- la lutte contre la pauvreté et les inégalités
homme/femme,
- l'environnement et le développement durable.
On constate par ailleurs le développement d'activités de services
et conseils auprès des pays qui ne correspondent pas à des
prêts (formation, conseil, mobilisation d'autres partenaires) ainsi
qu'une évolution de la Banque vers une fonction de "
banque du
savoir
", développée lors de la Conférence de Toronto
de juin 1997 ("
Global Knowledge 97
).
Cette évolution, conjuguée avec l'externalisation d'un certain
nombre de fonctions, notamment au travers de la constitution de groupes
consultatifs spécifiques, traduit une autre évolution de la
Banque vers un rôle plus fédérateur de mobilisation des
aides internationales, sachant que ses ressources concessionnelles (AID)
diminuent. La Banque mondiale vise clairement à jouer un rôle de
coordination soit en tant que partenaire technique incontournable, soit en tant
que bailleur de fonds de dernier recours comme l'illustre le rôle de
cette institution au sein du Programme Spécial d'Assistance à
l'Afrique (PSA).
Le Programme Spécial d'Assistance à l'Afrique sub-saharienne.
En 1987, a été lancé, sous l'égide
de la Banque mondiale, un programme spécial d'assistance (PSA)
destiné aux pays le plus pauvres et les plus endettés d'Afrique
sub-saharienne. Il s'agit d'un forum de bailleurs bilatéraux et
multilatéraux dont l'objectif est de mobiliser des aides à la
balance des paiements pour les pays d'Afrique sub-saharienne et
d'améliorer leur soutien aux réformes d'ajustement.
Les membres du PSA se réunissent deux fois par an et les travaux
effectués dans ce cadre sont organisés par la
vice-présidence pour l'Afrique de la Banque mondiale. D'une durée
initiale de 3 ans, ce programme en est à sa quatrième phase
(PSA I : 1988-1990, PSA II : 1991-1993, PSA III :
1994-1996). La décision de reconduire une quatrième phase
(1997-1999) a été confirmée en décembre 1993.
La France a dès 1987, soutenu cette initiative, avec notamment pour
objectif de mobiliser des financements hors-projet des économies
africaines.
Dans ce cadre, la position française est de veiller à ce que les
capacités et les caractéristiques des pays soient correctement
prises en compte par les bailleurs, afin de définir une politique en
matière d'ajustement à la fois réaliste et adaptée.
La France estime aussi que ce forum doit conserver ce qui fait sa
spécificité et son efficacité : la réflexion
sur l'aide à l'ajustement et la satisfaction des besoins de financement
qui se dégagent à ce titre.
Pendant les 3 premières phases du PSA, les bailleurs de fonds
bilatéraux et multilatéraux ont décaissé
près de 21 milliards de dollars au titre du soutien à la
balance des paiements. Les financements prévus pour le PSA IV sont
estimés à 4 milliards de dollars. Compte tenu de
l'amélioration générale des performances
économiques des pays africains, une réduction des besoins nets en
matière d'aide à l'ajustement est perceptibles. Par ailleurs,
l'évolution favorable de la situation économique de certains pays
permet d'envisager des modifications dans les soutiens financiers qui leurs
sont apportés, notamment la mise en oeuvre de réformes dites "de
seconde génération" destinées à asseoir la
croissance économique sur des bases durables et prenant davantage en
compte des objectifs de réduction de la pauvreté.
Dans le cadre du PSA, divers groupes de travail se sont constitués
autour de thématiques liées aux modes de gestion
économiques dans le cadre des processus d'ajustement (revue des
dépenses publiques, mise en oeuvre des conditionnalités,
réforme des administrations publiques, ajustement économique et
réforme politique, mise en oeuvre de programmes sectoriels
d'investissement, réduction de la pauvreté, femmes et ajustement)
et ont produit des documents de réflexion sur les différents
thèmes intéressant le développement. Afin de renforcer
l'efficacité des réflexions menées dans ce cadre, les
travaux du PSA ont été dernièrement recentrés
autour de deux thèmes centraux : la gestion macro-économique
d'une part, et la lutte contre la pauvreté et les politiques sociales
d'autre part.
Le renforcement des capacités locales
La Banque mondiale est à l'origine d'une
première initiative lancée en février 1991 pour le
Renforcement des Capacités en Afrique qui s'est
concrétisée par la mise en place d'une fondation, l'
African
Capacity Building Foundation
(ACBF) dont le siège est établi
à Harare. Cette fondation à laquelle participent plusieurs
institutions multilatérales et bilatérales, dont la
Coopération française, finance un trentaine de projets qui visent
à renforcer les capacités africaines dans les domaines de la
recherche en économie, de l'analyse macro-économique et de la
gestion du développement.
Plus récemment, en 1996, la Banque mondiale s'est fait le porte-parole
d'une initiative de plus large portée en vue de mener un partenariat
pour le renforcement des capacités en Afrique, sur la base d'un rapport
préparé par les gouverneurs africains de la Banque mondiale. Les
recommandations de ce rapport préconisent la mise en place d'un groupe
permanent de réflexion entre les institutions d'aide et les
gouvernements africains afin de développer des actions
spécifiques axées sur le renforcement des capacités, et
d'y intégrer les préoccupations de formation des cadres et
responsables du secteur public et du secteur privé. Les discussions en
cours sur la mise en place de cette initiative portent sur la mise en
cohérence des diverses actions dans ce domaine.
Le développement du secteur privé
L'essor du secteur privé est devenu un des objectifs
essentiels que s'est fixée la Banque pour parvenir à une
croissance durable dans les pays en développement.
Afin de coordonner l'ensemble des actions du groupe de la Banque mondiale
concernant le développement du secteur privé, ainsi que celles
des autres organismes qu'elle supervise, la Banque s'est dotée d'une
Direction exécutive pour l'ensemble du groupe.
Les programme sectoriels de la Banque mondiale concernent l'environnement
économique du secteur privé, la restructuration du secteur
public, le développement du secteur financier et les transferts de
ressources afin d'appuyer les entreprises privées. Ses actions portent
plus spécifiquement sur le niveau institutionnel (législation,
réforme des structures) et l'amélioration des politiques
économiques des Etats. Elle organise des ateliers régionaux ou
par pays rassemblant toutes les parties prenantes pour examiner l'ensemble des
problèmes qui se posent et proposer des programmes d'action. Elle
privilégie à cet effet des consultations et des actions
centrées sur l'amélioration du dialogue entre pouvoirs publics et
secteur privé.
Les appuis directs et financiers au secteur privé relèvent de la
Société Financière Internationale (SFI). Le rôle de
la SFI dans la stratégie du groupe tend à s'amplifier. La SFI a
approuvé en 1995-1996 des concours financiers pour son propre compte de
3,2 milliards de dollars sur l'ensemble de pays en développement
pour 264 projets générant un investissement total se montant
à 19,6 milliards de dollars, en cofinancement avec d'autres
bailleurs de fonds. Ses interventions en Afrique sub-saharienne ont
concerné 71 projets dans une vingtaine de pays pour des
financements de 175 millions de dollars dont 60 % concernaient des
activités de taille PME/PMI.
La SFI gère par ailleurs un service d'appui aux PME/PMI africaines (le
Service de Promotion et de Développement des Investissements en
Afrique : APDF). En place depuis 1986, ce service dispose de
4 bureaux régionaux ; il apporte un concours financier pour la
réalisation d'études préalables à des projets
d'investissement ; il a ainsi permis de soutenir une quarantaine de projets par
an au cours des deux derniers exercices. La Coopération française
participe activement au financement de ce dispositif.
Le Fonds pour l'Entreprise en Afrique (FEA), issu d'un programme pilote
lancé en 1988, fournit une assistance aux PME en accordant des
financements allant de 100.000 à 1,5 million de dollars.
42 projets d'investissement ont ainsi été financés
pour un montant de 28 millions de dollars en 1996.
Le "
Service Conseil pour l'Investissement Etranger
" (FIAS),
supervisé conjointement par la SFI, la Banque mondiale et l'Agence
Multilatérale de Garantie des Investissements, autre émanation de
la Banque, apporte un conseil au niveau gouvernemental sur toutes les questions
liées à l'investissement étranger. Depuis sa
création en 1986 le FIAS a mis en oeuvre sur le continent africain
111 projets dans 35 pays.
La SFI a également créé AMSCO (
African Management
Service Company
) pour mener des programmes d'assistance technique au niveau
de l'encadrement technique et de la gestion des entreprises.
L'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI) assure
pour sa part une garantie des investissements des entreprises contre les
risques politiques. L'AMGI devrait, selon les orientations de la Banque
mondiale, renforcer son rôle de garantie pour attirer davantage les
investisseurs privés dans le financement des projets d'infrastructure.
La stratégie de lutte contre la pauvreté
La lutte contre la pauvreté est l'un des objectifs
fondamentaux de la stratégie d'aide que soutient la Banque.
Cette stratégie a deux volets, l'un relatif aux politiques de croissance
économique et d'emploi, l'autre concernant l'accès des pauvres
aux infrastructures de base, aux services sociaux et au crédit. Elle est
intégrée dans les opérations de la Banque qui insiste dans
ses rapports sur l'analyse des causes de la pauvreté et mène des
évaluations de la pauvreté par pays.
La Banque mondiale chercher à intensifier son rôle et ses actions
dans deux domaines prioritaire, l'éducation et la formation d'une part,
la nutrition et la santé d'autre part.
Au cours de l'exercice 1995-1996, la Banque (AID + BIRD) s'est engagée
pour des projets d'éducation dans le monde à hauteur de
1,7 milliard de dollars dont 132 millions de dollars pour l'Afrique
sub-saharienne.
Dans les domaines de la population, de la santé et de la nutrition elle
a continué à mener de nombreux projets en 1996 (pour un montant
total de 159 millions de dollars) en Afrique sub-saharienne.
La Banque a par ailleurs mis en place un programme pilote spécifique
(groupe consultatif pour aider les plus pauvres) auquel la Coopération
française apporte un appui financier. Celui-ci vise à tester des
modes d'intervention directe auprès des populations
défavorisées, principalement en apportant un appui à la
promotion des structures de microcrédit.
L'environnement et le développement durable
La doctrine de la Banque mondiale se résume
ainsi : "
sans bonne protection de l'environnement, pas de
développement durable, sans développement, pas de protection de
l'environnement
".
Le point d'orgue des préoccupations en matière d'environnement a
été la tenue en 1992 de la Conférence de Rio de Janeiro
(Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
développement). La Banque mondiale a activement participé
à la préparation de cette Conférence, et à son
suivi (Agenda 21). Elle considère que les quatre problèmes
principaux qui se posent concernent le réchauffement global, la
diminution de la teneur en ozone dans la haute atmosphère, la perte de
la diversité génétique, la pollution des eaux
internationales. La Banque mondiale intègre largement l'étude des
conséquences en matière d'environnement, dans l'évaluation
de ses projets et en tire des conséquences pratiques. Elle a
codifié sa politiques et les directives à suivre dans un manuel.
En Afrique, elle soutient la réalisation des plans nationaux d'action
environnementale (PNAE), en liaison avec la communauté des bailleurs de
fonds.
LE GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE
Le Groupe de la Banque mondiale désigne à la
fois la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le
développement) et son institution affiliée, l'AID (Association
internationale de développement). La BIRD a deux autres filiales, la SFI
(Société financière internationale) et l'AMGI (Agence
multilatérale de garantie des investissements). L'objectif commun de ces
institutions est d'acheminer vers les pays en développement des
ressources financières fournies par les pays développés.
Créée en 1945, la
BIRD
appartient aux gouvernements
de 155 pays. La BIRD, dont le capital est souscrit par ses membres,
finance surtout ses opérations de prêt au moyen des emprunts
qu'elle contracte sur les marchés financiers mondiaux.
Une importante partie de ses ressources provient également de ses
bénéfices non distribués et des remboursements de ses
prêts. Ces derniers ont généralement un
différé d'amortissement de cinq ans et sont remboursables sur une
période de 15 à 20 ans. Ils sont dirigés vers les
pays en développement qui en sont à des stades de croissance
économique et sociale plus avancés. Le taux
d'intérêt que la BIRD perçoit sur ses prêts est
calculé selon une directive qui est fonction du coût des emprunts
qu'elle contracte.
La BIRD ne doit accorder des prêts qu'à des fins productives et
doit stimuler la croissance économique dans les pays en
développement auxquels elle prête.
Elle doit prendre dûment en considération les perspectives de
remboursement. Ses prêts ne sont consentis qu'à des Etats ou
doivent être garantis par les Etats intéressés.
L'utilisation de ces capitaux ne peut être limitée à des
achats dans un pays membre particulier.
Enfin, les décisions que prend la BIRD en matière de prêts
doivent s'inspirer uniquement de considérations d'ordre
économique.
L'AID
a été créée en 1960 pour fournir
une aide aux mêmes fins que la BIRD, mais surtout aux pays en
développement plus pauvres et à des conditions qui
pèseraient moins lourdement sur leur balance des paiements que les
prêts de la BIRD.
L'aide de l'AID va donc essentiellement aux pays très pauvres,
c'est-à-dire aux pays dont le produit national brut annuel est
égal ou inférieur à 580 dollars (en dollars de 1989)
par habitant. Suivant ce critère, plus de 40 pays peuvent
bénéficier de crédits de l'AID. Tous les Etats membres de
la BIRD peuvent adhérer à l'AID et 139 d'entre eux en font
partie à c jour.
Les fonds utilisés par l'AID, dénommés crédits
pour les distinguer des prêts de la BIRD, proviennent en majeure partie
de souscriptions et de reconstitutions générales fournies par ses
pays membres les plus industrialisés et les plus avancés, et de
transferts du revenu net de la BIRD.
Les crédits de l'AID ne sont accordés qu'à des Etats. Ils
ont une durée de 35 ou 40 ans, dont un différé
d'amortissement de 10 ans, et ne portent pas d'intérêt.
La SFI,
constituée en 1956, a pour fonction de participer
au développement économique de pays peu avancés en
encourageant la croissance du secteur privé de leur économie et
en aidant à mobiliser à cette fin des capitaux, soit dans le pays
même, soit à l'étranger.
L'AMGI
, créée en 1988, a pour mission
spéciale d'encourager les prises de participation et autres flux
d'investissements directs en faveur des pays en développement en
éliminant les obstacles non commerciaux. A cet effet, elle offre des
garanties aux investisseurs contre les pertes résultant de risques non
commerciaux, aide les gouvernements des pays membres en développement de
ses conseils pour tout ce qui touche à l'élaboration et à
la mise en oeuvre des politiques, programmes et procédures liés
aux investissements étrangers et s'attache à promouvoir un
dialogue sur les problèmes d'investissement entre les milieux d'affaires
internationaux et les gouvernements des pays d'accueil. Au 30 juin 1991,
101 pays avaient signé la convention portant création de
l'AMGI et 76 l'avaient également ratifiée.
2. L'aide publique communautaire
a) La contribution française à la politique communautaire d'aide au développement
Comme tous les Etats européens, la France contribue à l'aide multilatérale européenne, d'une part, par la voie du budget général et, d'autre part, par les contributions volontaires qu'elle effectue au profit du Fond européen de développement (FED) plus spécifiquement destiné aux pays ACP. Cette contribution a évolué de la façon suivante :
(1) Contribution directe à l'aide financée sur le budget communautaire
Compte tenu de la clef de contribution de la France au budget communautaire (aujourd'hui de 17,7 % 5( * ) ), on peut estimer que la part de la contribution française destinée à financer l'aide au développement de la Communauté, financée sur le budget communautaire, s'établissait à 2,3 milliards de francs en 1995, 2,8 milliards en 1996 et devrait représenter 3,2 milliards en 1997 comme en 1998.
(2) Contribution au FED
La part de la France dans ces financements est fonction de sa
clef de contribution au FED, différente de sa clef de contribution au
budget communautaire. Cette clef était de 25,26 % pour le
V
ème
FED, de 23,58 % pour le VI
ème
FED, de 24,37 % pour le VII
ème
FED et de 24,3 % pour le
VIII
ème
FED.
La contribution de la France au FED pour 1997 s'établit à 1,9
milliards et devrait être de 2,3 milliards pour 1998.
Comme le montre le tableau ci-après, la France est, depuis le
VIII
ème
FED, le premier pays contributeur du FED.
La faiblesse relative des contributions de 1996 (1,4 milliard) et 1997 (1,9 milliard) tient au fait que la Communauté disposait de nombreux excédents de trésorerie non utilisés. La France a donc réduit sa participation en 1997, ce qui explique la faiblesse des crédits de paiement inscrits au chapitre 68-02 l'an dernier (600 millions de francs). Pour 1998, sont inscrits sur ce même chapitre, 1.612 millions de francs de crédits de paiement ce qui, compte tenu des reports de crédits de l'an dernier (2.752 MF) devrait permettre d'honorer nos engagements pour 1997 et 1998.
b) La politique communautaire d'aide au développement
L'Union européenne représente contribue, à elle seule, à 50 % de l'APD mondiale. Nous envisagerons successivement les instruments dont elle dispose et l'évolution de la politique communautaire.
(1) Les instruments d'intervention de l'aide publique communautaire
Les aides communautaires sont gérées par la
Commission et la Banque européenne d'investissement (BEI). Elles se
répartissent entre
l'aide programmée
qui est celle
accordée par l'intermédiaire du
Fonds européen de
développement (FED)
aux pays ACP, dans le cadre de la convention de
Lomé, et
l'aide non programmée
qui regroupe les actions
extérieures de la Communauté inscrite à la
sous-section B (ex-titre 9) du budget général.
Comme on peut le constater, les crédits transitant par
l'intermédiaire du FED ne représentent plus qu'environ 20 % de
l'aide communautaire en 1997 contre 53,6 % en 1988.
(a) L'aide communautaire liée aux accords de Lomé
La politique de Lomé a été successivement
définie par trois conventions quinquennales depuis 1975. La Convention
de Lomé IV, signée le 15 décembre 1989, est
entrée en vigueur le 1er décembre 1991 et à vocation
à s'appliquer jusqu'en l'an 2000.
Elle comporte deux grands objectifs :
1. aider les pays ACP, par l'intermédiaire de subventions ou de
capitaux à risques du FED et de prêts de la BEI, à
réaliser des programmes de développement régionaux (voir
infra).
Quatre instruments relevant spécifiquement du FED
contribuent également à mettre en oeuvre cette politique :
- le
Stabex
a été instauré dans le but de donner
aux pays ACP des fonds leur permettant de compenser les pertes de recettes
imputables aux fluctuations de prix ou de quantités des produits
agricoles exportés vers les Etats membres de la Communauté. Le
Stabex a été doté de 1,7 milliards d'écus aux
termes des accords de Lomé IV (99 % ont été
consommés) et de 1,8 milliards d'écus aux termes des accords de
Lomé V.
- le
Sysmin
est une facilité de financement spéciale,
créée sou la convention de Lomé II dans le but d'aider les
pays ACP fortement tributaires de leurs exportations minières vers la
Communauté à compenser les effets néfastes sur leurs
revenus des graves perturbations temporaires affectant le secteur minier. Au
titre de Lomé IV, le Sysmin a été doté de 482,5
millions d'écus. Fin 1996, les engagements cumulés
s'élevaient à 60 % de la dotation.
-
l'aide à l'ajustement structurel
: depuis l'entrée en
vigueur de Lomé IV, et jusqu'à fin 1995, la Commission a pris des
décisions de financement dans le domaine de l'ajustement structurel pour
un montant total de 1.601 millions d'écus.
-l'aide d'urgence pour les catastrophes naturelles et les
réfugiés.
Dans le cadre de Lomé IV, l'Union
européenne a disposé de 46 millions d'écus pour 1995 et de
3 millions d'écus pour 1996. L'essentiel de l'aide passe
désormais par le budget général (653 millions
d'écus en 1996).
2. favoriser le commerce avec les pays ACP à travers certains
arrangements commerciaux
:
- l'accès en franchise et hors contingent au marché de la
Communauté européenne pour presque toutes les exportations ACP ;
- l'achat garanti par la Communauté européenne d'un volume de
sucre ACP aux prix en vigueur dans la Communauté ;
- la mise en place de moyens financiers destinés à la promotion
et au développement du commerce.
(i) Le Fonds européen de développement
Le
Fonds européen de développement
(FED)
accorde des aides non remboursables
6(
*
)
pour
financer des actions s'intégrant dans les plans et programmes de
développement économique et social des Etats ACP.
Le montant du FED est négocié pour la durée de chaque
convention ACP/CEE. Pour 1990 à 1995, c'est-à-dire
Lomé IV, le VII
ème
FED s'élève
à 12 milliards d'écus. Pour 1995 à 2000, c'est
à dire Lomé V, le VIII
ème
FED
s'élève à 13,3 milliards d'écus.
Les tableaux ci-après donnent une répartition par pays et par
secteur des aides accordées par le FED. On observera en particulier
l'importance des programmes généraux, multisectoriels et
d'ajustement structurels, qui à eux trois représentent plus de la
moitié des programmes du FED.
(ii) La Banque européenne d'investissement
Dans le cadre de la convention de Lomé IV, la BEI a
été chargée un montant de 825 millions d'écus
réservés au financement de capitaux à risque. Par
ailleurs, au titre de ce protocole, la BEI, sur ces ressources propres, dispose
de 1,2 milliards de crédits assortis de bonifications
d'intérêts.
En 1995 et en 1996, la BEI a pu octroyer des prêts (capitaux à
risque ou prêts bonifiés sur ressources propres) uniquement sur
l'enveloppe de ce protocole et sur les reliquats des protocoles
précédents, les crédits du protocole financier 1995-1999
de la quatrième convention de Lomé n'étant pas encore
disponibles.
La répartition géographique des crédits accordés
en 1995 et 1996 par la BEI s'établit comme suit :
1995 1996
Afrique : 73 % 47 %
Caraïbes : 14 % 50 %
Pacifique : 13 % 1 %
Autres : 1 % 2 %
Les financements concernent pour les deux tiers les infrastructures de base
nécessaires au développement économique des pays
concernés. Le secteur industriel a bénéficié
également de crédits conséquents, d'autant plus importants
que la BEI a accordé plusieurs prêts globaux, conclus avec des
instituts financiers locaux, pour le financement de petites entreprises.
(b) L'aide non programmée
Le tableau ci-après donne le détail des aides
regroupées sous la section "actions extérieures" de la
Communauté.
Au-delà de ces modes de coopération spécifiques, la
Communauté a développé des instruments dont peuvent
bénéficier tous les PVD.
-le
système des préférences
généralisées (SPF)
: introduit en 1971, il offre
à tous les PVD des extensions ou des réductions de droit de
douane pour tous les produits industriels et pour de nombreuses denrées
alimentaires transformées ;
- le
COMPEX
: système de compensation des pertes sur recettes
d'exportation, calquée sur le STABEX, au bénéfice exclusif
des pays les moins avancés non signataires de la convention de
Lomé.
(2) Les évolutions récentes de l'aide
communautaire
(a) Une extension progressive du champ géographique
Si on analyse la situation dans une perspective historique, on constate une érosion progressive de la préférence pour les pays ACP et une mondialisation de l'aide communautaire. En effet, on assiste à une augmentation considérable de l'aide au pays de l'est, de l'aide aux pays du bassin méditerranéen et, dans une moindre mesure de l'aide aux pays d'Amérique Latine et d'Asie. Les pays ACP qui bénéficiaient de 65 % des financements extérieurs de l'Union (budget plus FED) sur les trois dernières années du VIème FED (1988-1990) n'en attirent plus que 42 % au cours du VIIème FED et 33,5 % en 1996 et moins de 30 % sur la base du projet de budget 1998. Cette évolution devrait se poursuivre d'ici la fin de la décennie.
(b) Une coopération de plus en plus ambitieuse
Comme on a pu le voir sur les tableaux qui
précèdent, les volumes des interventions extérieures de la
Communauté européenne ont considérablement augmenté.
Par ailleurs, au fur et à mesure de son accroissement, l'aide
communautaire est devenue de plus en plus diversifiée. Elle utilise des
instruments nombreux
: subventions à des programmes
nationaux ou régionaux, aide à l'ajustement structurel,
systèmes stabex et sysmin, aide d'urgence, aide aux
réfugiés, bonifications d'intérêt, capitaux à
risques, prêts de la BEI pour des projets nationaux et régionaux.
(c) Une coopération de plus en plus "politisée"
L'aide au développement est devenue l'un des éléments de la "politique extérieure" de l'Union européenne et l'un des moyens d'affirmer l'existence de l'Europe. Elle est de ce fait de plus en plus souvent conditionnée au respect des droits de l'homme et des grands principes démocratiques.
(d) Un vieillissement prématuré de la convention de Lomé
La convention de Lomé constituait un système
novateur et précurseur. Novateur, parce que reposant sur une gestion
paritaire et un partenariat porteur d'un véritable dialogue Nord-Sud,
voire Sud-Sud. Précurseur, parce qu'elle anticipait sur les
recommandations actuelles qui tendent au développement des
capacités institutionnelles des pays en développement.
Cependant, elle n'a pas su éviter les écueils bureaucratiques
d'un système fondé sur des procédures complexes et parfois
rigides, mal adapté pour prendre en compte la diversité de 70
pays aux intérêts parfois divergents.
Surtout, la convention souffre d'une perte de singularité. Les
préférences commerciales subissent une érosion continue
due aux accords de Marrakech sur l'organisation mondiale du commerce et
à la multiplication des accords passés par l'Union avec les pays
tiers. Les pays ACP n'ont plus la primeur d'une relation commerciale
privilégiée avec l'Union européenne.
CHAPITRE II
LES CRÉDITS DU MINISTÉRE
DE LA COOPÉRATION
Nous examinerons successivement l'exécution des budgets pour 1996 et 1997 et le projet de budget pour 1998.
I. L'EXECUTION DES BUDGETS DE 1996 ET 1997
A. L'EXECUTION DU BUDGET DE 1996
Le budget pour 1996 du ministère de la
coopération a été voté à hauteur de 7.287
millions de francs pour les moyens de paiement (DO + CP) et à hauteur de
2.837 millions de francs pour les autorisations de programme (AP).
Les crédits effectivement ouverts pour 1996 ressortissent à
7.911 millions de francs pour les moyens de paiement, soit un
dépassement de dépenses de 624 millions de francs (+8,6 %) et
à 2.235 pour les autorisations de programme, soit une baisse de 21 % par
rapport à la dotation initiale (-21,2 %).
Les variations intervenant en cours d'année sont traditionnellement
importantes au budget de la coopération. L'écart constaté
en 1996 est cependant plus significatif que celui des années
précédentes (282 MF soit + 3,6 % en 1994 et 544 MF soit + 7
% en 1995).
Ce surplus de crédits accordés est principalement dû
à d'importants reports de crédits.
1. Gestion des autorisations budgétaires
a) Les reports de crédit
Comme les années précédentes, le
ministère a bénéficié de
l'intégralité des reports pour un montant total de 1.020 MF
contre 643,8 en 1995. Ce montant élevé s'explique par les
difficultés rencontrées en fin de gestion 1995 en raison du
maintien d'un gel résiduel et de la suppression de la "journée
complémentaire".
Plus de la moitié des reports proviennent des crédits de
paiement (541 MF) dont 462 MF sur les crédits de paiement du FAC.
b) La régulation budgétaire
Conformément à la lettre du ministre des
finances une mise en réserve de 15 % des dépenses ordinaires
(hors crédits de personnel, crédits évaluatifs et
provisionnels) et de 25 % des crédits de paiement correspondant aux
autorisations de programme ouvertes en 1996 a été
opérée le 26 février 1996. Ont été exclues
de cette mise en réserve, les crédits relatifs aux concours
financiers, ainsi que le transport de l'aide alimentaire et de l'aide
d'urgence, traditionnellement exclus de la base de régulation car
concernant des engagements extérieurs.
Au total les blocages ont concerné 325 MF en DO + CP et 709 MF en
autorisations de programme.
c) Les ouvertures et les annulations de crédit
La loi de finances rectificative pour 1996 a autorisé
les ouvertures de crédit suivantes :
- 5,7 MF (chapitre 31-90) pour permettre de couvrir les dépenses de
rémunérations dans les services extérieurs ;
- 59,3 MF (chapitre 41-43) au titre du remboursement du préfinancement
en début de gestion 1996 des aides à Air Afrique et à
Madagascar ;
- 0,721 MF en AP et CP (chapitre 57-10) au titre du rattachement des produits
de la vente d'un immeuble (Grigny).
Ces ouvertures ont été compensées par des annulations
fixées par l'arrêté du 13 novembre 1996 à hauteur de
137 MF en DO et 75,7 MF en AP et CP. Au total, les annulations prises en loi de
finances rectificative, pour 550,24 millions de francs (DO +CP)
représentent 7?55 % de la loi de finances initiale pour 1996 et les
ouvertures (85,7 MF) soit 1,18 %. Les autorisations de programme
annulées s'élèvent à 701 millions de francs, soit
24,7 % de la loi de finances initiale.
d) Les fonds de concours
Les fonds de concours rattachés en gestion 1996 s'établissent à 58,5 millions de francs, soit à un niveau inférieur à celui de 1995 (71,7 MF) et 1994 (65,5 MF).
2. Consommation des crédits
Sur la plupart des chapitres du budget, les taux
d'engagement
des crédits ont atteint 100 % à fin 1996, à l'exception
des concours financiers et du transport de l'aide alimentaire.
Le taux d'engagement des crédits du titre III est de 100 % et des
ordonnancements de 99,7 %, contre respectivement 99,8 et 99 % en 1995. En ce
qui concerne les crédits de fonctionnement, les taus d'engagement sont
de 100 % et les taux d'ordonnancements de 94 %, en raison d'un dégel
tardif des crédits bloqués en février et non
annulés en septembre.
Le taux d'engagement des crédits du titre IV est supérieur
à celui de 1995 qui n'était que de 83 %. En volume, les
engagements ont baissé de 5 %. Cette baisse résulte d'une
régulation plus importante en 1996. Le taux d'ordonnancement est
passé de 80,2 % à 78,8 % alors que le volume des crédits
ordonnancés a baissé de 6,8 %.
B. L'EXECUTION DES SIX PREMIERS MOIS DU BUDGET 1997
1. La gestion des autorisations budgétaires
Conformément à la lettre du ministère de
l'économie et des finances du 17 mars 1997, des blocages à titre
conservatoire ont été opérés en vue d'une
régulation. La régulation s'est établie sur une base
variable selon les chapitres, de 15 % pour les dépenses ordinaires (hors
crédits de personnel, crédits évaluatifs et provisionnels)
et de 25 % pour les mesures nouvelles en autorisations de programme et les
crédits de paiement correspondant. Ont été exclus de la
régulation, les frais de réception et de déplacements
ministériels, les concours financiers, le transport de l'aide
alimentaire et d'aide d'urgence ainsi que les crédits destinés
à financer les projets dans les pays les plus pauvres (chapitre 68-91,
article 40).
Au total, ont été bloquées 170,6 millions de francs de
dépenses ordinaires, soit 4,9 % de la dotation votée en loi de
finances initiale et 606,4 millions de francs d'autorisations de programme
et 85 millions de francs de crédits de paiement soit respectivement 25 %
et 4,4 % des dotations initiales.
L'arrêté du 9 juillet 1997 a annulé les crédits
selon la ventilation indiquée dans le tableau ci-après. Au total,
les crédits annulés sont légèrement moins
importants que les crédits gelés et représentent 9,6 % de
la dotation initiale pour les crédits de paiement et 9,9 % pour les
autorisations de programme.
2. La consommation des crédits au 1er juillet 1997
S'agissant d'abord des crédits de fonctionnement, les
engagements représentent 74 % de la dotation initiale et les
ordonnancements 50 %. Pour les crédits de rémunérations,
les engagements constituent 90 % de la dotation initiale. Ce fort pourcentage
s'explique par des engagements provisionnels, les ordonnancements étant
à 48 % de la dotation initiale, soit la moitié environ de la
dotation à la fin du sixième mois. Le niveau d'engagement des
cotisations sociales est à 112 % de la dotation initiale, ce qui
s'explique par un transfert en gestion sur ces lignes de la charge de la part
employeur des cotisations maladie. Les ordonnancements sont à 68 % de la
dotation initiale et à 57 % des crédits ouverts. Les
crédits de matériel et de fonctionnement des services sont
engagés à 79 % et ordonnancés à 44 %. Quant aux
crédits de subventions, les engagements sont à 55 % de la
dotation initiale et les ordonnancements à 50 %.
Concernant le titre IV, le niveau des engagements s'élève
à 57 %, celui des ordonnancements à 35 %. Sur les chapitres
d'assistance technique civile et militaire, les engagements se situent en
moyenne à 70 % tandis que les ordonnancement représentent environ
45 % de la dotation. Sur les crédits d'ajustement structurel, les
engagements comme les ordonnancements ont à un niveau faible, qui
s'explique notamment, par le faible nombre des conventions signées.
Sur le titre V, les faibles taux d'engagements, tant en crédits de
paiement (34 %) qu'en autorisations de programme (15 %) sont dus à des
retards de gestion, notamment causés par l'attente des
délégations de signature. Plusieurs engagements ont eu lieu
depuis et certains marchés sont en voie d'être signés.
Enfin, au titre VI, les affectations d'autorisations de programme du FAC
représentent 72 % de la dotation, 68 % pour ce qui concerne les
ordonnancements de crédits de paiement. Un quatrième
comité directeur devrait se tenir d'ici à la fin de
l'année.
II. LE PROJET DE BUDGET POUR 1998
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Le budget de la coopération pour 1998
s'élève à
6,5 milliards de francs
en moyens de
paiement (dépenses ordinaires et crédits de paiement),
soit
une diminution de 239 millions de francs (-3,5 %) par rapport au budget
voté de 1997.
Les autorisations de programme demandées s'élèvent
à
2,3 milliards de francs, soit une diminution de 104 millions de
francs (4,5 %) par rapport aux autorisations votées pour 1997.
Cette diminution sensible des crédits de la coopération
résulte, d'une part, de la réduction des besoins de financement
des pays de la zone franc, dont la situation a continué de
s'améliorer depuis la dévaluation du franc CFA et, d'autre part,
de la poursuite de la politique d'économies en matière
d'assistance technique. Il convient du reste de relever d'emblée que la
diminution en volume du budget de la coopération, soit 238,7 millions de
francs, s'explique en partie par la diminution des crédits du chapitre
41-43 (concours financiers), soit 223 millions de francs, ce qui traduit une
diminution des crédits d'ajustement structurel et donc une
amélioration de la situation économique des pays du champ.
1. Présentation des crédits du secrétariat d'état à la coopération par nature de dépenses
a) Les crédits
Le tableau ci-après fournit le détail des
évolutions du budget de la coopération pour 1998 par titre.
(1) Les dépenses ordinaires
Les dépenses ordinaires représentent
un
peu moins de 70% du budget de la coopération. Elles connaissent une
évolution contrastée :
Les moyens des services
(titre III) atteignent
989 millions de
francs
et
augmentent
de 12,2 millions de francs (+ 1,25 %).
Cette légère progression tient essentiellement à
l'augmentation, d'une part, des crédits relatifs aux
rémunérations d'activité (346,8 millions) qui
représentent 35 % des crédits de ce titre et augmentent de
2 % et, d'autre part, des subventions de fonctionnement (467,6 millions)
qui représentent 47 % des crédits de ce titre et augmentent de
1,8 %. En revanche, les crédits relatifs au matériel et au
fonctionnement des services (127 millions de francs), qui représentent
13 % des crédits de ce titre, diminuent de près de 5 %.
Les interventions publiques
(titre IV) représentent
3,4 milliards de francs
et
diminuent
de 368 millions de
francs (- 9,7 %). Les principales diminutions sont effectuées au titre
de la révision des services votées (- 406 MF) et
portent, d'une part, sur la réduction des concours financiers
(- 240 MF) et, d'autre part, sur la réduction des effectifs de la
coopération technique (- 159 MF) aussi bien civile (suppression de
225 postes d'enseignants et de 10 postes de techniciens) que militaire
(suppression de 70 postes d'assistants techniques).
(2) Les dépenses en capital
Les
crédits de paiement
demandés pour
1998 s'élèvent à
2 milliards de francs
(+ 6 %) et
représenteront près de 32 % du budget de la coopération
en 1998 (29 % en 1997). Cette augmentation recouvre une évolution
contrastée entre les investissements exécutés directement
par l'État (titre V) qui diminuent de 33 % et les subventions
d'investissement (titre VI) qui augmentent de 7 %.
La diminution des crédits du
titre V,
qui ne représentent
qu'une très faible part des dépenses en capital (28 MF, soit 0,44
%), s'explique essentiellement par la diminution de 20 millions de francs des
crédits d'équipement relatifs aux écoles françaises.
L'augmentation des crédits du
titre VI,
qui représentent
2 milliards de francs, résulte entièrement de l'augmentation
significative des crédits du Fonds d'aide à la coopération
(FAC). On notera à cet égard, que sont désormais
intégrés dans les crédits du FAC les anciens chapitres
68-92 (coopération en matière de recherche : 500.000 F) et 68-94
(subventions et participations pour la réalisation de diverses
opérations immobilières relatives aux écoles
françaises de droit local : 2,8 MF).
Les autorisations de programme
demandées sont de
2,3 milliards
de francs
, en baisse de 4,3 % par rapport aux autorisations
votées pour 1997. Ces dotations doivent permettre, d'une part, de
financer des projets de développement dans les États relevant de
la compétence du secrétariat d'État à la
coopération et, d'autre part, de financer, sous forme de dons, des
projets de développement à destination des pays les plus pauvres.
b) Les emplois
Le projet de budget pour 1998 prévoit la suppression nette de 12 emplois budgétaires dont 7 dans l'administration centrale, 2 dans les missions de coopération et d'action culturelle et 3 dans les centres médico-sociaux. Au total, le budget du secrétariat d'État à la coopération comprend 1.029 emplois budgétaires.
2. Présentation des crédits du secrétariat d'état à la coopération par agrégat
Le budget de la coopération comprend
3 agrégats
dont le tableau ci-après retrace
l'évolution.
a) L'administration générale
L'agrégat "administration générale"
regroupe les frais de personnel et les moyens de fonctionnement de
l'administration centrale et des services extérieurs (missions de
coopération et d'action culturelle, centres culturels et centres
médico-sociaux), les crédits consacrés à l'action
sociale et à la formation des personnels du ministère ainsi que
les crédits de fonctionnement et d'entretien du parc immobilier.
Plus des deux tiers de ces crédits représentent des
dépenses de rémunérations et de charges sociales.
Les crédits consacrés à cette action représentent
650 millions de francs
, soit à peine
10 % des crédits
du secrétariat d'État à la coopération. Ces
crédits enregistrent une légère diminution (- 0,4 %) par
rapport à 1997.
b) L'aide et la coopération
Cet agrégat regroupe l'ensemble des interventions du ministère dans les pays de son champ de compétence, soit 5,5 milliards de francs . Il représente près de 85 % du budget de la coopération et affiche la plus forte baisse pour 1998, soit 4 % : trois de ses quatre principaux postes enregistrent une diminution significative.
(1) La coopération militaire
Les crédits de coopération militaire atteignent
703 millions de francs, en baisse de près de 5 %
par rapport
à 1997. Ils représentent près de
11 % du budget
de
la coopération.
L'assistance militaire technique française est présente dans
20 pays
où elle remplit trois types d'activités : la
mise à disposition d'experts français, l'accueil en France de
stagiaires, la fourniture de prestations et de matériels. Dans les
autres pays du champ, l'assistance militaire se limite à la prise en
charge de quelques stagiaires.
Outre le redéploiement du dispositif français en Afrique (voir
encadré ci après) les principales évolutions
prévues pour 1998 concernent :
· la baisse des effectifs d'assistance militaire technique, ramenant le
nombre total d'assistants de 714 à 644, soit
- 70 assistants ;
· le maintien de l'aide en matériel au niveau atteint par la loi de
finances pour 1997, soit 180 millions de francs.
· l'augmentation des crédits de formation de stagiaires militaires
étrangers de 12,5 millions de francs, soit 104 millions de francs. Ces
crédits ont permis d'accueillir, en 1997, 1.570 stagiaires
étrangers dans des écoles militaires françaises ou dans
les écoles interafricaines.
(2) La coopération civile
Les crédits consacrés à la
coopération technique civile s'élèvent à
1,91 milliard de francs, en diminution de 4 %
par rapport
à 1997. Ils représentent
près de 30 % du
budget
de la coopération.
Sur ce total, 1.377 millions de francs concernent les crédits
d'assistance technique de longue durée, 296 millions de francs
l'appui aux organismes concourant au développement et 245 millions
de francs les bourses et la formation.
Outre la poursuite de la déflation de l'assistance technique directe
(suppression de 225 postes d'enseignants et de 10 postes de techniciens) dont
il a déjà été fait mention, les principales mesures
concernant la coopération civile consistent à réaliser des
économies sur :
· les crédits d'appui aux organismes concourant au
développement (-10 MF) ;
· les crédits de bourses, formation, échanges et transferts
de savoir faire (- 3 MF) ;
· les crédits d'assistance technique sur contrat de prestation de
service (- 0,8 MF).
Le dispositif militaire Français en Afrique
I. DISPOSITIF ACTUEL
Le dispositif actuel comprend deux composantes :
Forces prépositionnées.
A ce jour, le dispositif prépositionné en Afrique
représente environ 8.000 hommes fournissant en particulier
19 unités de combat terrestre (niveau compagnie) et 19 avions
d'arme, répartis sur les sept bases de Dakar (Sénégal),
Abidjan (Côte d'Ivoire), N'Djamena (Tchad), Bangui et Bouar
(Centrafrique), Libreville (Gabon) et Djibouti. La plus importante part de ces
forces est stationnée de manière permanente, une autre partie
(Tchad et RCA essentiellement) étant composée d'unités
dites "tournantes", dont la continuité de la présence est
assurée par rotation tous les quatre mois environ.
Coopération militaire
L'assistance militaire technique est présente dans 20 pays avec
600 personnels sous ses trois aspects majeurs :
- la mise à disposition d'assistants techniques dans les secteurs
prioritaires
- la formation des personnels et en particulier des officiers et
techniciens en France et en Afrique ;
- la fourniture de prestations et de matériels.
A ces deux composantes doit être associée la
composante dite de
"projection
" basée en France.
II. ÉVOLUTION DE LA PRÉSENCE FRANÇAISE EN AFRIQUE
Les évolutions du dispositif de présence française en
Afrique se traduiront par :
le resserrement du dispositif de présence
Ce resserrement consiste d'abord en une diminution du nombre de bases, par
suppression des deux bases de Centrafrique (Bouar et Bangui). Il consiste
ensuite en une diminution des effectifs des soutiens, rendue possible par leur
réorganisation, par le moindre besoin en soutien des formations
tournantes, enfin par le départ de certains soutiens en métropole.
Ainsi, il a été décidé de ramener d'ici 2002 le
nombre des bases de sept à cinq. Il a également été
prescrit une amélioration considérable du ratio forces/soutien,
puisque le dispositif représentera alors 5.500 hommes environ pour
15 unités de combat terrestre et 12 avions d'arme. En outre,
la proposition d'unités "tournantes" sera notablement augmentée
(2/3 environ). Enfin la base de Djibouti verra son format s'adapter aux
missions liées à l'application de nos accords de défense
avec certains pays du golfe arabo-persique.
Le développement de la synergie entre les forces
prépositionnées et la coopération militaire.
La mise en oeuvre d'une doctrine de renforcement par "projection
interne"
afin de tirer le meilleur rendement des forces
prépositionnées et de limiter la projection, coûteuse, de
forces à partir de la métropole.
(3) Les concours financiers
La dotation des concours financiers s'élève
à
570 millions de francs, en baisse de près de 30 %
par
rapport à 1997. Cette forte diminution des besoins estimés de
l'aide budgétaire, qui ne fait que prolonger les fortes diminutions des
années précédentes, traduit l'achèvement du
programme exceptionnel d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA.
L'essentiel de la diminution porte sur les crédits de bonification des
prêts d'ajustement structurel qui baissent de 165 millions de francs
pour atteindre 130 millions de francs et les dons en faveur de
l'ajustement structurel qui baissent de 75 millions de francs pour atteindre
350 millions de francs. Enfin la réserve du ministre pour les
opérations exceptionnelles est maintenue au même niveau depuis
1995, soit 90 millions de francs.
(4) L'aide-projet
L'aide-projet, priorité de la politique de
coopération, augmente pour 1998. Elle atteint
2 milliard de
francs
en crédits de paiement, soit une augmentation de 7 % par
rapport à 1997 et
2,3 milliards de francs
en autorisations de
programme, soit une diminution de 3 % par rapport aux autorisations
votées pour 1997.
Outre la réserve destinée aux opérations exceptionnelles,
dotée cette année de 50 millions au lieu de 80 millions de francs
en 1997, les crédits d'aide-projet regroupent deux types de
dotations :
les dons projets attribués sur décision du comité
directeur du FAC
Répartie sur décision du comité directeur du FAC,
présidé par le ministre de la coopération, la dotation du
FAC pour 1998 s'établit à près de
1,3 milliards de
francs en autorisations de programme
(+ 1,9 %) et à
1,1 milliard de francs en crédits de paiement
(- 4 %, soit -
4,3 % à structure constante).
Cette dotation couvre soit des projets "États" (deux tiers des
crédits environ) avec une nette priorité aux pays les moins
avancés, soit des projets d'intérêt général,
dont une partie est affectée aux ONG ou à des organismes
privés de coopération.
Aux côtés des domaines traditionnels d'intervention du FAC
(développement rural, éducation, santé), on observe une
montée en puissance des projets d'appui institutionnel orientés
vers la réforme des administrations, notamment financières, et
vers des actions de renforcement des forces de sécurité
intérieure.
Il faut également préciser que près de 8 % des
crédits du FAC vont aux crédits déconcentrés
d'intervention (CDI), mis à disposition des chefs de mission de
coopération pour des projets qu'ils sélectionnent.
les dons projets relevant de la Caisse française de
développement
Intervenant dans les domaines traditionnels de compétence de la CFD
(développement économique, infrastructures, aménagement
urbain, environnement), ces dons-projets sont financés par des
crédits délégués par le ministère de la
coopération. Ces crédits atteignent
1 milliard de francs en
autorisations de programme
(- 9 %) et
900 millions de francs en
crédits de paiement
(+25 %).
c) Les établissements publics
Cet agrégat représente désormais
près de
6 % du budget
de la coopération. Il
s'élève à
371,2 millions de francs
, dont 368,4 au
titre de la subvention du ministère de la coopération à
l'AEFE, le reste étant affecté à la réalisation
d'opérations immobilières dans les écoles
françaises.
La
subvention à l'AEFE
couvre les dépenses de personnel,
de fonctionnement et de matériel des 74 établissements
français relevant de cette agence et implantés dans les pays du
champ. Cette subvention reste quasiment inchangée par rapport à
l'an dernier.
B. LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
Dans son discours de politique générale du 19
juin 1997, le Premier ministre a mis en avant "
l'impératif de
solidarité
" à l'égard des pays désireux de
s'engager dans la voie d'un "
développement durable et
démocratique
". Il a également indiqué que l'Afrique,
avec laquelle nous unissent des "
liens anciens, profonds et
confiants
",
conserverait une priorité marquée tout en demandant que soient
définies les conditions d'un "
nouveau partenariat
" avec les
Etats
concernés. Enfin, il a clairement indiqué que, tout en
revendiquant une identité propre, notre action devrait mieux
s'intégrer dans le dispositif général de l'aide au
développement et prendre en considération la dimension
européenne.
Sur la base de ces principes, une circulaire du secrétaire d'Etat
à la coopération a été prise en juillet dernier,
précisant les orientations que le gouvernement entend donner à sa
politique de la coopération, notamment en ce qui concerne les
opérations bénéficiant du soutien financier du FAC. Ces
orientations sont les suivantes :
1. "Une nouvelle alliance"
Prenant en considération, d'une part, la diminution des besoins budgétaires des pays du champ, liée à l'amélioration de la situation dans la zone franc et dans la plupart des autres pays du continent et, d'autre part, les volontés de changement des nouvelles élites africaines, le gouvernement entend promouvoir " une nouvelle alliance, dénuée de complexes et fondée sur un dialogue responsable, avec les élites émergentes ".
2. Les axes stratégiques de développement
Six axes stratégiques ont été définis afin de servir de " socle " à l'action de coopération pour les trois années à venir.
a) Le parachèvement de l'Etat de droit
Dans cette perspective, le gouvernement entend contribuer à " la remise en ordre des systèmes judiciaires " et à " la modernisation du droit des affaires ". Dans le domaine de la justice, il entend " rechercher toutes les formes d'intervention qui peuvent rapprocher la justice des citoyens et offrir à ceux-ci l'information que leur fait défaut ". Une attention particulière devrait être accordée à la lutte contre le trafic de drogue qui constitue un fléau grandissant en Afrique.
b) La consolidation des conditions de la croissance économique
Sur la question des équilibres macro-financiers, le gouvernement entend " proscrire toute tendance démagogique " et faire preuve de rigueur, " gage d'un développement durable ". Il semble partager pleinement les orientations dégagées par le consensus des bailleurs de fonds consistant à assainir le cadre financier, juridique et institutionnel de l'investissement, favoriser le développement de l'épargne domestique, substituer ou mettre en concurrence l'Etat dans les domaines qui ne sont pas de sa souveraineté directe et appuyer l'émergence ou le renforcement de structures professionnelles autonomes.
c) La lutte contre la pauvreté et la couverture des besoins de base
Dans cette perspective, le gouvernement souhaite promouvoir un enseignement de base " plus proche de l'identité culturelle ", contribuer à la réussite de la réforme des systèmes de santé en vue d'améliorer la prévention, ainsi que les conditions d'accès aux soins, encourager l'autonomie des systèmes d'éducation et de santé et favoriser les initiatives répondant aux besoins de base des catégories défavorisées ou de certaines populations comme les jeunes ou les femmes.
d) Le développement urbain et le soutien aux initiatives décentralisées
Dans le domaine de l'urbanisation, des équipements scolaires et sanitaires, des services de proximité et de lutte contre l'insécurité, le gouvernement considère que les collectivités territoriales doivent devenir " les acteurs de premier rang " et qu'il convient de soutenir les efforts déjà engagés avec l'apport des collectivités locales françaises dont l'expérience en matière de gestion de la vie collective et de mobilisation des citoyens peut être précieuse.
e) La gestion du cadre de vie et du patrimoine culturel
Le gouvernement entend faire de la formation des techniciens et des cadres dans les secteurs que recouvrent les composantes environnementales du développement durable, un enjeu important de son action. Il entend également promouvoir les formes décentralisées d'énergie exploitant au mieux les avantages comparatifs des différentes filières techniques.
f) La promotion d'une "culture au coeur des recompositions sociales"
L'une des priorités affichées dans ce domaine est de renforcer les médias et les nouvelles technologies de l'information et d'impliquer davantage le réseau des établissements culturels ainsi que les centres et les alliances françaises.
3. Les principes d'action
Excluant une augmentation sensible des moyens d'action, le gouvernement entend " faire mieux et parfois autrement ", notamment en dégageant des ressources supplémentaires par l'interruption des opérations défaillantes. Il semble attacher une attention particulière à la collaboration de nos instruments de coopération. A cet égard, il a confirmé, dans toutes ses dispositions, la circulaire du 22 juillet 1996 précisant la répartition des compétences entre le secrétariat d'Etat à la coopération et la Caisse française de développement. Le gouvernement entend fonder son action sur six principes :
a) La formulation de choix plus clairs ;
Trop souvent des opérations débouchent sur des échecs car elles ne s'appuient pas sur une stratégie réelle, localement définie ni sur une véritable volonté de réussir. Par conséquent, le gouvernement envisage de participer plus activement au renforcement des équipes d'experts nationaux, orientés vers les questions de moyen terme, en particulier par les programmes de bourse. En outre, s'il considère qu'il convient toujours de répondre à des besoins exprimés, et de ne pas se substituer aux autorités locales dans l'expression de ces besoins, le gouvernement entend ne pas hésiter à formuler des exigences préalables à la mise en place ou à la poursuite des programmes ou des projets.
b) Concentrer les efforts sur un nombre limité de programmes
Le gouvernement entend limiter les programmes de coopération qui se traduisent par un nombre excessif de petites opérations au financement limité et de courte durée. Dans cette perspective, les projets FAC-Etat seront moins nombreux mais plus conséquents. Un " élagage " du portefeuille des projets en préparation sera donc effectué.
c) Soumettre la préparation et la gestion des projets à une méthode rigoureuse
Le gouvernement entend être attentif à la définition des dispositifs de mise en oeuvre ainsi qu'aux procédures de paiement. La systématisation des procédures d'audit externe des projets sera imposée. La suspension des versements en cas de non respect des engagements et des règles sera appliquée " sans états d'âme ".
d) La mise à l'écart des projets à gestion bureaucratique
L'inefficacité de certains projets dont les ressources sont absorbées de façon improductive par des administrations budgétivores est connue. Afin d'éviter ce travers, le gouvernement entend systématiser pour certaines opérations des gestions déléguées confiées à des opérateurs de statut privé.
e) L'inscription de l'aide hors projet dans les programmes sectoriels
Le gouvernement entend affecter les concours de l'aide hors projet vers les secteurs d'action prioritaires ou les cibler sur le ou les secteurs dont les besoins de réforme sont les plus pressants.
4. Les méthodes et les moyens
a) Les "contrats de partenariat et de développement"
Le gouvernement entend subordonner l'évolution de nos concours à la négociation progressive de " contrats de partenariat et de développement " avec les pays qui le désirent et qui s'avèrent " en mesure de formuler leur stratégie de développement dans un cadre démocratique renforcé ". Cette procédure pourrait s'inspirer du modèle des contrats de plan français et serait systématisée lors de commissions mixtes.
b) La mobilisation de l'assistance technique
Le gouvernement souhaite mieux mobiliser l'assistance technique en conduisant une politique de ressources humaines plus active.
c) La coordination
Avec les instances communautaires, comme avec chacun des
Etats membres, le gouvernement entend rechercher la plus grande
complémentarité, tout en mettant en avant le capital d'expertise
accumulé par notre aide bilatérale. Dans le dialogue avec les
institutions de
Bretton Woods
, il entend faire prévaloir les
considérations sociales, ainsi que le respect de la souveraineté
des Etats et le réalisme des conditions posées.
En ce qui concerne le suivi des activités des acteurs français
de la coopération, le gouvernement entend mieux associer les organismes
de recherche, les ONG et la coopération décentralisée
à la préparation et à la réunion des commissions
mixtes, auxquelles pourront également être invités des
représentants du secteur privé.
d) Le levier régional
Afin de réaliser des économies d'échelle, de dépolitiser les mesures envisagées et de faire profiter certains pays d'expériences déjà tentées par d'autres, le gouvernement entend privilégier le niveau régional dans la mise en oeuvre de ses actions de coopération (UEMOA, CEMAC, CILSS, SADC,...).
e) L'information et la communication
Le gouvernement entend mettre en oeuvre une politique " transparente " reposant sur une meilleure définition des " canaux d'attribution de l'aide et la simplification du dispositif institutionnel ".
CHAPITRE III
LES OBSERVATIONS DE LA COMMISSION
Votre commission des finances a jugé utile cette année de procéder à six observations.
1. La diminution des crédits de la coopération n'est pas illégitime
Dans le contexte actuel, il ne semble pas illégitime
que les crédits du ministère de la coopération continuent
de décroître. Au demeurant, on observera que la diminution des
crédits pour 1998 est inférieure à celle des années
précédentes (- 7,8 % en 1997).
Deux séries de considérations justifient en effet cette
diminution.
En premier lieu, on constate que la
situation économique de nombreux
pays du champ évolue favorablement
, plusieurs pays africains ayant,
cette année encore, constaté une croissance économique
supérieure à leur croissance démographique.
Par ailleurs, la hausse des cours des matières premières
conjuguées à des politiques économiques pertinentes
favorisant l'apparition d'une nouvelle croissance ont permis une
amélioration sensible des balances de paiements et une réduction
des déficits publics.
L'intégration régionale, dans laquelle la France a joué un
rôle non négligeable, a eu aussi un effet favorable dans la mesure
où elle sécurise l'investissement grâce à
l'amélioration du cadre institutionnel et de l'environnement juridique
et financier.
Enfin, la production agricole, que ce soit pour le coton, le cacao ou les
cultures vivrières, connaît des progrès très
significatifs et la dévaluation du franc CFA semble avoir
dynamisé la commercialisation des produits de l'élevage.
De ce fait, les programmes d'ajustement structurels peuvent continuer à
être réduits, même s'il convient de
rester attentif
aux difficultés sociales que connaissent les pays en phase d'ajustement.
Il convient de garder présent à l'esprit qu'une
coopération réussie est une coopération qui s'amenuise
progressivement.
En second lieu,
les difficultés budgétaires françaises
justifient également une diminution des crédits de la
coopération.
Dans un contexte marqué par la volonté de diminuer les
dépenses publiques, il semble légitime que le budget de la
coopération, comme la grande majorité des autres budgets, apporte
sa contribution à l'effort de redressement de nos comptes publics. Au
demeurant, le tassement des crédits de la coopération ne semble
pas compromettre les efforts de la France en faveur des pays du champ.
Pour autant, il convient de ne pas limiter par excès des crédits
qui engagent l'action internationale de la France. C'est pourquoi :
2. Il reste essentiel que la France maintienne son aide publique au développement à un niveau significatif
La dépense de coopération est d'abord utile
pour les pays qui en sont les destinataires.
Elle a sans doute beaucoup contribué à l'amélioration de
l'état sanitaire des populations africaines, amélioration
constatée aussi bien par le Centre international de l'enfance, que par
l'organisation mondiale de la santé (OMS) et le programme des Nations
Unies en faveur du développement (PNUD).
Ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, l'espérance de vie
à la naissance est passée de 36 ans dans les années
1950-1955 à 44 ans dans les années 1970-1975 pour atteindre 50
ans dans les années 1990-1995. Ces progrès s'expliquent par une
couverture vaccinale plus étendue, l'efficacité accrue des
systèmes de santé et une transition démographique bien
engagée.
Le rapport mondial du PNUD sur le développement humain (1997) note des
progrès importants pour l'accès à l'eau potable et la
diminution du taux d'analphabétisme chez les adultes. Dans chacun des
cas analysés, l'aide extérieure et l'aide française en
particulier, ont eu un effet bénéfique. La production
cotonnière associée aux cultures vivrières en fournit la
meilleure preuve, tout comme les infrastructures de transport. Sans ces apports
de financement et d'expertise, il est probable que la situation aurait
empiré.
Par ailleurs, l'Afrique est plus que jamais présente dans le domaine
culturel. Des artistes et des créateurs africains ont acquis une
renommée internationale dans presque toutes les disciplines. Avec l'aide
de la coopération française, le patrimoine culturel, historique
et archéologique africain est valorisé et porté à
la connaissance des africains. Sa diffusion et sa promotion hors du continent
contribuent à améliorer l'image de l'Afrique.
Malgré l'ampleur des progrès qui restent à accomplir dans
de nombreux secteurs, on peut considérer que l'APD fournie par le
secrétariat d'État à la coopération a
contribué à répondre à des besoins exprimés
par les pays du champ, notamment les pays africains et, au niveau
macro-économique, ses effets sont jugés positifs. L'aide publique
a donc été utile.
Cependant, la persistance de conflits intérieurs affectant certains
États africains, les risques climatiques et sanitaires (VIH-SIDA...) et
l'existence de populations vivant des situations de grande pauvreté
prouvent que nombre de pays dépendent encore dans une large mesure de
l'aide extérieure. L'aide publique reste donc très utile.
Mais la dépense en faveur de la coopération est
également riche de retombées pour la France, aussi bien en termes
politiques qu'économiques.
L'aide bilatérale étant en partie liée, on peut
considérer que son taux de retour est au moins égal à un.
Le rapport du Conseil économique et social sur le développement
du Tiers-Monde et la croissance française prouve que l'aide et les
échanges commerciaux avec les pays en développement sont
bénéfiques pour l'économie française aussi bien
pour la balance commerciale que pour les créations d'emploi.
Par ailleurs, selon un rapport du ministère des affaires
étrangères, l'aide française multilatérale
connaît des taux de retour commerciaux "
en rapport avec le rang
économique de la France
".
Les retombées politiques de l'aide multilatérale sont
jugées "
très satisfaisantes dans la mesure où nous
avons jusqu'ici réussi à faire largement prévaloir nos
vues sur la priorité aux pays les moins avancés et en particulier
l'Afrique sub-saharienne
".
Les votes à l'ONU, quand la France a été mise en cause,
par exemple lors de la reprise des essais nucléaires à Mururoa,
ou lorsque notre pays fait des propositions d'action ou encore soutient
certaines positions, prouvent la fidélité de la grande
majorité des pays bénéficiaires de l'aide
bilatérale. La même constatation vaut aussi pour des enjeux
permanents tels que la Francophonie.
La dépense en faveur de la coopération est donc utile pour les
retombées qu'elle apporte à la France et, au-delà de la
fierté légitime que l'on peut éprouver à
l'égard de la générosité de notre pays à
l'égard des pays en voie de développement, il faut
également considérer que la coopération a des
retombées tout à fait bénéfiques pour notre pays.
A cet égard, votre rapporteur se félicite du fait que les
crédits du FAC augmentent. En effet, cet instrument joue un rôle
particulièrement important dans la gestion de l'aide-projet. Or, les
crédits qui lui étaient affectés avaient malheureusement
atteint un niveau en deçà duquel il n'était pas
souhaitable de descendre.
3. Dans un contexte où l'aide publique au développement diminue, tout en restant nécessaire, il semble impératif de continuer de s'efforcer de "faire mieux en dépensant moins".
La nécessité d'accroître
l'efficacité de la dépense de coopération suppose de
réorienter notre aide en privilégiant l'aide-projet par rapport
à l'aide structurelle et l'assistance de conseil par rapport à
l'assistance de substitution
. Il est heureux que ces orientations soient
partagées par l'actuel gouvernement, comme elles l'étaient du
reste par l'ancien.
Mais elle suppose, également, de se pencher à nouveau sur la
question de l'organisation des structures
.
A cet égard, force est de constater que la réforme mise en
oeuvre en 1996 a eu des effets positifs.
Faut-il aller au-delà et fusionner le ministère de la
coopération avec celui des Affaires étrangères ? Faut-il
envisager la création d'une "Agence pour la coopération" ?
Votre rapporteur considère qu'il s'agit là de fausses pistes.
D'une part, le secrétariat d'État à la coopération
doit demeurer distinct de celui des affaires étrangères. Cette
structure ministérielle constitue en effet l'interlocuteur
irremplaçable de nombreux pays africains et contribue, de ce fait, au
maintien de l'influence de la France dans cette partie du monde. Par ailleurs,
les personnels de la "coopération" disposent d'un savoir-faire
distinct
qui complète utilement celui des autres administrations mettant en
oeuvre des actions d'aide publique au développement.
D'autre part, la création d'une "Agence", à l'instar de ce qui
existe aux Etats-Unis, aurait pour effet, du fait de la pluralité de
tutelles dont elle dépendrait immanquablement, d'affaiblir la marge
d'action du gouvernement dans un domaine au coeur des missions
régaliennes de l'État. Elle rendrait plus difficile aussi le
contrôle parlementaire dans un domaine où l'opinion publique exige
de la rigueur. De surcroît, la mise en place d'une telle structure
pourrait avoir des effets inflationnistes. Enfin, une telle modification de
notre dispositif ne semble pas correspondre aux souhaits de nos partenaires
étrangers.
Plus simplement, votre rapporteur suggère que soit approfondi l'effort
de coordination entre tous les acteurs de l'aide publique au
développement et que les procédures d'octroi de l'aide soient
améliorées.
Il serait souhaitable notamment :
1) de
procéder à un examen systématique de la
représentation française dans les pays du champ dans le but de
réduire les doubles-emplois entre les personnels de la Caisse
française et ceux des missions de coopération
. Il ne semble
pas en effet de bonne gestion d'avoir, pour un même pays, deux experts
compétents dans le même domaine, ce qui arrive très
fréquemment, par exemple en matière d'agriculture où les
compétences de la CFD et celles des missions de coopération se
recoupent encore trop largement ;
2)
d'élaborer un règlement financier du FAC
- observation
déjà effectuée l'an passé - afin d'assurer une
exécution plus rapide et plus efficace des projets. Votre rapporteur a
pu en effet constater, à l'occasion de contrôles sur pièces
et sur place, les nombreux retards d'exécution intervenant dans les
décisions du FAC ;
3)
de supprimer ou de réduire les moyens administratifs dans des pays
qui ont maintenant assuré leur décollage économique
.
C'est le cas, par exemple, de l'île Maurice et des Seychelles ;
4)
de promouvoir une meilleure coordination entre les services de la
Commission européenne et les représentants des États
membres
;
5)
de préciser la situation de la coopération dans les
nouveaux pays du champ.
Toutefois, votre commission relèvera avec satisfaction
le
rééquilibrage intervenu
entre les crédits du FAC et
ceux de la CFD. Cette orientation semble en effet la bonne, dans la mesure
où, comme a pu le constater votre rapporteur à l'occasion de son
dernier contrôle budgétaire, les projets de la Caisse
française ne sont pas contrôlés aussi strictement que ceux
du FAC et visent parfois à satisfaire davantage les souhaits de la
Direction du Trésor, que ceux du ministre de la coopération.
4. Ne pas laisser se distendre le lien privilégié existant entre la France et certains pays africains
La politique restrictive des visas accordés aux
étudiants, enseignants et chercheurs menée depuis plus d'une
dizaine d'année, conjuguée à la diminution continue des
crédits relatifs aux bourses de formation, ont conduit bon nombre
d'universitaires, notamment africains, à se détourner des
universités de notre pays et à effectuer leurs études
ailleurs, spécialement en Amérique du Nord. Aussi, le nombre de
dirigeants africains qui ne sont pas passés, à un moment ou
à un autre, dans nos filières d'enseignement supérieur,
augmente chaque année.
De ce fait, les conditions du dialogue entre les responsables de haut-niveau
français et africains sont insensiblement en train d'évoluer et
l'on peut craindre que la disparition de ce mélange de complicité
intellectuelle, de compréhension mutuelle, de confiance et d'estime
réciproques qui faisait que les interlocuteurs étaient, sinon
toujours en mesure de s'entendre, du moins de parler un langage commun, soit en
train de disparaître.
Il semble donc souhaitable, d'une part, d'ouvrir plus largement les conditions
d'accès de notre territoire aux universitaires les plus sérieux
de nos partenaires francophones et, d'autre part, de veiller au maintien des
crédits affectés aux bourses d'étude.
5. Veiller à ne pas laisser l'usage du Français disparaître dans les pays du champ
Force est de constater que la pratique du français
recule dans bon nombre des pays du champ et que son usage est parfois en passe
de disparaître complètement, comme c'est le cas au Viêt-nam
ou dans certains pays d'Afrique, sans parler d'Haïti.
Il serait donc nécessaire que soient adressés à ces pays,
les signaux nécessaires, notamment lors du prochain sommet de la
Francophonie, qui se tiendra à Hanoi à la mi-septembre, afin
d'enrayer cette funeste tendance.
6. Encourager la coopération décentralisée
Au moment où les collectivités locales s'investissent de plus en plus dans la coopération, le fait que les crédits affectés à cette action diminuent, (même s'il convient de prendre en compte les crédits affectés à cette action qui transitent par le FAC) ne constitue pas un bon signal.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des finances du Sénat a
procédé, sur le rapport de
M. Michel Charasse,
à l'examen des
crédits
du budget de la
coopération
pour 1998, le
mercredi 8 octobre 1997
, sous la
Présidence de M. Christian Poncelet, président, puis de
M. Jean Cluzel, vice-président.
Après que le rapporteur spécial a présenté les
grandes orientations du projet de budget pour 1998, ainsi que ses principales
observations, un débat s'est instauré auquel ont participé
M. Alain Lambert, rapporteur général, Mme Paulette
Brisepierre, rapporteur pour avis, au nom de la commission des affaires
étrangères, des crédits de la coopération
,
ainsi que
MM. Jacques Oudin, Joël Bourdin, Jacques Chaumont, Henri
Collard, Emmanuel Hamel, François Trucy, René Régnault et
Philippe Marini et Christian Poncelet, président.
M. Alain Lambert, rapporteur général,
après avoir
souligné la complexité du dispositif français d'aide au
développement, évoquant tout à la fois la
prépondérance du ministère de l'économie et des
finances, le très grand nombre de ministères ou d'organismes
publics concernés et l'absence de lisibilité, pour les
parlementaires, de l'effort global d'aide au développement, a
souhaité obtenir des précisions complémentaires sur les
voies et moyens d'une simplification de ce dispositif afin de le rendre plus
lisible, plus efficace et moins coûteux.
Il a ensuite fait état des critiques de la Cour des Comptes relatives
aux modalités d'exécution du fonds d'aide et de
coopération et a interrogé le rapporteur spécial sur le
bien fondé de ces critiques.
En réponse à M. Alain Lambert, rapporteur général,
M. Michel Charasse, rapporteur spécial,
a indiqué que
la complexité du dispositif était effectivement une
spécificité française et que ce dispositif méritait
d'être amélioré, notamment en assurant une plus grande
transparence. A cet égard, il a jugé opportun d'accroître
l'information des parlementaires sur les décisions du Trésor en
matière d'aide au développement, au besoin en mettant en place
une structure inspirée du comité directeur du fonds d'aide et de
coopération. Il a également évoqué
l'hypothèse que le conseil de surveillance de la Caisse française
de développement soit transformé en conseil d'administration,
afin d'accroître le pouvoir des parlementaires qui y siègent.
Concernant les critiques de la Cour des Comptes,
M. Michel Charasse
a
précisé que, d'une part, la Cour avait critiqué le fait
que certaines dépenses de fonctionnement soient imputées sur des
crédits d'équipement et, d'autre part, que des
irrégularités aient été commises dans
l'exécution des dépenses. S'agissant du premier grief, il a
rappelé qu'il ne s'agissait pas là d'une nouveauté et que
si l'on voulait conserver au fonds d'aide et de coopération une certaine
souplesse, il demeurait indispensable d'assurer une certaine fongibilité
des crédits, quitte à prendre quelques libertés avec la
règle de spécialité des crédits. Concernant le
second grief, il a indiqué que les irrégularités
constatées provenaient du fait que la Caisse française de
développement était le payeur du ministère de la
coopération et que les projets de réforme de cette
procédure se heurtaient au fait que nous ne disposions pas de paierie
générale dans tous les pays du champ. Il a regretté que la
solution qu'il avait présentée, consistant à ériger
les payeurs de la Caisse en régisseurs d'avance du Trésor, et
donc à les soumettre au contrôle de la Cour des Comptes, ait
été écartée. Il a encore ajouté que la
modification des procédures en vigueur était actuellement
suspendue à la décision du Premier ministre concernant la
réorganisation du dispositif français d'aide au
développement.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis,
a
considéré qu'il était regrettable que les crédits
affectés aux bourses d'études diminuent et jugé d'autant
plus nécessaire d'améliorer la délivrance des visas aux
étudiants sérieux que les pays anglophones renforcent leur
présence en Afrique.
M. Jacques Oudin
a émis le souhait que le rapport fasse un point
particulier sur le nombre exact et l'évolution du nombre des
étudiants étrangers en France. Il a également
indiqué qu'il ne pouvait pas y avoir de véritable
développement de la francophonie si, au-delà des aspects
proprement culturels, les entreprises françaises ne prenaient pas le
relais des instituteurs et des intellectuels. Dans cette perspective, il a
souhaité que le rapport fasse également le point de la situation
des investissements français dans les pays du champ. Il a
également demandé au rapporteur spécial de lui
préciser quel était désormais le ministère
compétent pour la francophonie. S'agissant de la diminution de l'aide
française, il s'est interrogé sur le fait de savoir s'il
n'était pas dans l'intérêt de la France d'aider les pays
africains à mieux s'organiser pour assurer le débouché de
leurs produits de base.
M. Joël Bourdin
a confirmé la diminution du nombre
d'étudiants africains dans nos filières de troisième cycle
et a alerté ses collègues quant aux conséquences de ce
phénomène qui va entraîner un affaiblissement du lien
culturel unissant la France aux pays francophones. Il a également
critiqué la diminution des crédits alloués aux bourses et
aux associations de volontaires.
M. Jacques Chaumont
, tout en soulignant la qualité des
personnels de la Caisse française de développement, a
considéré qu'il était important d'accroître le
contrôle parlementaire de cet organisme, qualifié par lui de "bras
séculier" du Gouvernement en matière de coopération. Aussi
a-t-il exprimé le souhait que la commission des finances du Sénat
auditionne, dans les meilleurs délais, le président et le
directeur général de la Caisse française de
développement. Par ailleurs, il a considéré que la
fidélité des pays africains au moment des votes à l'ONU
avait un prix et a souhaité que l'on s'interroge sur la finalité
de la dépense de coopération, notamment dans des pays comme le
Cameroun ou le Gabon très riches en ressources naturelles.
M. Henri Collard
a souligné l'importance de la
coopération décentralisée. A cet égard, il a
manifesté le souhait que l'aide accordée par les
collectivités territoriales fasse l'objet d'une meilleure
évaluation quant à ses modalités et à ses effets.
M. Emmanuel Hamel
s'est indigné de la diminution des
crédits de la coopération en particulier et de l'aide publique en
général. Il a souhaité que la France ne se laisse pas
enfermer par les considérations budgétaires de Maastricht et
qu'elle continue de montrer la voie en matière d'aide publique au
développement.
M. François Trucy
a approuvé les observations du
rapporteur spécial, d'une part, quant à la
nécessité de réduire les doubles-emplois entre le
ministère de la coopération et la CFD et, d'autre part, quant
à la diminution de l'aide en faveur des pays ayant assuré leur
décollage économique. Il a souligné l'amertume de
certaines familles africaines de ne plus pouvoir envoyer leurs enfants dans les
universités françaises et s'est interrogé sur les raisons
des succès contrastés de la dévaluation du franc CFA. A
cet égard, il a fait état des difficultés auxquelles sont
confrontées les retraités français dont les pensions sont
versées par les caisses de retraite d'Etats africains de la zone franc.
Enfin, il s'est interrogé sur l'intérêt de l'assistance
technique militaire et sur le nombre exact de pays concernés par l'aide
publique française.
M. René Régnault
a souligné l'insuffisante
coordination qui prévaut entre les diverses organisations non
gouvernementales (ONG). Il a également indiqué qu'il était
très difficile de développer la francophonie si, à
côté de l'aspect culturel relatif à l'enseignement du
français, il n'y avait pas un volet économique.
Enfin,
M. Philippe Marini,
tout en reconnaissant l'importance de la
coopération en matière universitaire, a interrogé le
rapporteur spécial sur le taux de retour dans leur pays des
étudiants africains disposant d'un diplôme de troisième
cycle.
En réponse à
M. Jacques Oudin
, le rapporteur
spécial a indiqué que les questions relatives à la
francophonie faisaient désormais partie, pour l'essentiel, des
compétences du secrétariat d'Etat à la coopération.
S'agissant de la présence d'investisseurs, il a cité le cas du
Viêt-nam où, en dépit d'une forte demande des entreprises
françaises, la direction du Trésor avait refusé
l'installation de la Proparco, principale filiale de la CFD
spécialisée dans l'octroi de crédits aux entreprises.
Concernant l'amélioration des débouchés des produits de
base en provenance des pays en voie de développement, il a
indiqué que, au-delà des mécanismes issus des
différentes conventions de Lomé (Stabex, Sysmin...), la meilleure
solution consistait, comme le fait la France, à aider les pays africains
à développer leurs zones de libre-échange.
En écho à
M. Joël Bourdin
, le rapporteur
spécial a regretté la diminution des crédits
alloués aux bourses et aux associations de volontaires. Il a toutefois
indiqué, d'une part, qu'il convenait également de prendre en
considération les crédits transitant par le FAC et, d'autre part,
qu'il ne fallait pas exagérer la diminution des crédits de bourse
(3 millions de francs).
Par ailleurs, le rapporteur spécial s'est déclaré en
parfait accord avec
M. Jacques Chaumont
pour auditionner le
président et le directeur général de la CFD. S'agissant de
la finalité de la politique française il a
considéré qu'il s'agissait là d'une question fondamentale
et que, conformément à sa doctrine, la France s'efforçait
d'aider davantage les pays que les Gouvernements.
En réponse à
M. Henri Collard
, le rapporteur
spécial a indiqué qu'il fallait effectivement améliorer
l'évaluation de la coopération décentralisée.
S'agissant des organisations non gouvernementales (ONG), il a indiqué
que la France, en raison de l'importance de son assistance technique, avait
moins recours aux ONG que beaucoup d'autres pays et que, de ce fait, il
apparaissait moins indispensable d'assurer le suivi de ces organisations, ce
qui pouvait effectivement se traduire par une mauvaise coordination.
En réponse à
M. Emmanuel Hamel
, le rapporteur
spécial a objecté qu'il n'était pas raisonnable de
demander un accroissement des crédits d'aide publique alors que la
situation économique des pays du champ s'améliorait.
En réponse à
M. François Trucy
, il a
précisé que le bilan contrasté de la dévaluation du
franc CFA résultait en grande partie de la différence de
préparation de cet événement par les États
concernés.
En réponse à
M. Philippe Marini
, le rapporteur
spécial a fait observer qu'il ne s'agissait pas d'ouvrir les
universités françaises au "tout-venant", mais de permettre, en
liaison avec les universités africaines, aux étudiants et aux
professeurs sérieux de pouvoir effectuer leur formation dans notre pays.
Partant, il n'a pas jugé illégitime que certains de ces
étudiants puissent être embauchés par des entreprises
françaises. Il a également souligné tout
l'intérêt de la démarche de certains de nos universitaires,
tel le vice-recteur de l'Université catholique du Cameroun, qui
n'avaient pas hésité à se rendre sur place et de
créer des universités dans le but affiché de "fixer" les
élites africaines.
La commission a ensuite décidé de
réserver son vote sur
les crédits de la coopération
jusqu'après l'audition
du président et du directeur général de la Caisse
française de développement.
La commission a procédé à l'
audition de M. Charles
Josselin, secrétaire d'État chargé de la
coopération accompagné de M. François Villeroy de
Galhau
,
directeur du cabinet du ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie et de
M. Antoine Pouillieute
,
directeur général de la
Caisse française de
développement,
sur la
situation
de la
Caisse
française de développement
et ses
perspectives
d'activité
le mardi 18 novembre 1997.
M. Charles Josselin, secrétaire d'Etat à la
coopération,
a tout d'abord rappelé que la France figurait au
premier rang des pays du G7 pour l'effort en faveur de l'aide au
développement. Il a ensuite indiqué que cette action s'inscrivait
dans un impératif ancien de solidarité et participait au
rayonnement culturel de notre pays. Il a dit que le gouvernement entendait
sortir la politique de coopération d'une logique d'assistance et
l'orienter vers un partenariat, offrant plus de transparence et de
responsabilité. Enfin, il a souligné l'importance de la CFD en
tant qu'instrument de la politique française de coopération.
M. François Villeroy de Galhau, directeur du cabinet de Monsieur le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
, a
indiqué que l'action de la Caisse française de
développement s'inscrivait dans le cadre de trois évolutions
stratégiques, au premier rang desquelles, la professionnalisation accrue
des acteurs du développement. Il a souligné que la Caisse
était une institution financière et qu'elle disposait d'un savoir
faire internationalement reconnu en matière bancaire. Il a ajouté
qu'elle jouait un rôle non négligeable dans l'administration de la
zone franc, en collaboration avec les services de la direction du
Trésor. En second lieu, il a indiqué que la Caisse participait
pleinement à la "modernisation de notre pré carré", c'est
à dire l'élargissement de notre action en dehors des pays du
champ. Enfin, il a souligné l'importance de la lutte anti-corruption et
la nécessité de mettre en place des procédures totalement
transparentes d'attribution des marchés.
M. Antoine Pouillieute,
directeur général de la Caisse
française de développement
a, tout d'abord, rappelé
que la Caisse avait une histoire prestigieuse. Créée en 1941 par
le général de Gaulle, elle avait initialement exercé les
missions conjuguées de la Banque centrale et du Trésor, au
service de la France libre. Devenue caisse centrale de coopération
économique en 1958, elle a eu pour mission d'accompagner les jeunes
États africains dans leur indépendance, puis les possessions
d'outre-mer sur la voie de la départementalisation. Il a ensuite
souligné que la Caisse était un outil important au service de la
politique d'aide au développement. A ce titre, il a rappelé que
la caisse avait reçu 4,5 milliards de francs de crédits publics
en 1997 et devrait normalement en recevoir 4,2 milliards en 1998. Sur cette
somme, un quart provient du budget général par
l'intermédiaire des crédits du département
ministériel de la coopération, soixante-cinq pour-cent
proviennent de prêts ou d'emprunts bonifiés par le Trésor
et le solde, soit entre 300 et 400 millions de francs, est emprunté par
la caisse sur les marchés. Il a souligné l'intérêt
pour l'Etat que constituait "l'effet de levier" induit par l'action
de la
caisse : pour cent francs accordés par celle-ci, seulement 40
proviennent de ressources budgétaires.
M. Antoine Pouillieute
a précisé que la Caisse disposait
de 44 agences couvrant plus de 80 pays d'Afrique, des Caraïbes, de
l'Océan indien, du Pacifique et des départements et territoires
d'outre-mer (DOM-TOM) et que 43 % de ses opérations portaient sur des
risques non souverains. S'agissant de l'efficacité de la Caisse, il a
indiqué qu'environ un sixième des 130 projets mis en oeuvre
chaque année à l'initiative des États partenaires
faisaient l'objet d'une évaluation rétrospective.
Il a encore indiqué que sur un encours de crédits de 92,5
milliards de francs, 42,7 milliards représentaient des opérations
effectuées pour le compte de l'État et aux risques de celui-ci,
alors que 49,7 milliards correspondaient à des opérations pour
compte propre de la Caisse et parmi ceux-ci, 37,5 à ses risques. Il a
fait observer que la Caisse réalisait un bénéfice net de
200 millions de francs, certes symbolique en regard des encours, mais qui
signifiait que l'aide au développement ne devait pas forcément
être une activité déficitaire.
Concernant la transparence des opérations de la Caisse,
M. Antoine
Pouillieute
a indiqué que l'institution, qui est à la fois un
établissement public industriel et commercial et une institution
financière relevant de la loi bancaire, était soumise, outre ses
propres commissaires aux Comptes, au contrôle de la Cour des comptes, de
l'Inspection des finances, de la Commission bancaire, de la Commission des
opérations de bourse, d'un commissaire de gouvernement, ainsi que des
commissaires aux comptes du comité central d'entreprise et que ses
décisions faisaient l'objet de délibérations au sein d'un
conseil de surveillance auquel participaient deux députés et un
sénateur. Il a ajouté que la Caisse était soumise à
la quadruple tutelle du ministère de l'économie et des finances,
du ministère des affaires étrangères, du
secrétariat d'État à la coopération et du
secrétariat d'Etat chargé de l'outremer. Enfin, il a dit qu'en
tant qu'institution financière, la Caisse respectait, et bien
au-delà, l'ensemble des ratios prudentiels imposés par la
législation bancaire.
Il a encore précisé que la Caisse pratiquait une politique
active de communication, et qu'outre son rapport annuel elle disposait d'un
site sur Internet et publiait ses projets en cours d'instruction sur la
messagerie minitel du Centre français du commerce extérieur.
Enfin, il a indiqué que, depuis de nombreuses années, la Caisse
s'était efforcé de multiplier les opérations en
cofinancement qui permettent de limiter les erreurs. Il a conclu son
intervention en affirmant que la Caisse fonctionnait plutôt bien et
qu'elle devait être un atout, plutôt qu'un enjeu, de la
réforme en cours de la politique française de coopération.
M. Alain Lambert, rapporteur général
, a demandé au
directeur général de la Caisse de donner son sentiment sur la
superposition des tutelles dont faisait l'objet l'établissement. Il lui
a également demandé de préciser les différentes
participations de la Caisse et son activité dans le secteur bancaire.
En réponse,
M. Antoine Pouillieute
, a indiqué que chacune
des tutelles exerçait pleinement ses responsabilités et que cette
situation ne constituait pas une entrave à la décision.
S'agissant des participations de la Caisse, il a précisé qu'il
fallait distinguer les participations de la Proparco, filiale de la Caisse, qui
sont très nombreuses, en raison de l'activité de capital-risque
de cette filiale consistant à prendre des participations minoritaires et
provisoires dans des entreprises en développement. Il a ajouté
que Proparco intervenait en fonds propres dans 120 entreprises pour un montant
total de 260 millions de francs et pour un seuil maximum de 18 millions de
francs par opération. Pour le reste, la Caisse détient en tout 33
participations en métropole et 43 dans les DOM-TOM soit 76 en tout, dont
la plus importante est la SOCREDOM qui est l'entreprise tête de
réseau des filiales de l'intervention de la Caisse dans les
départements et territoires d'outre-mer. Il a encore indiqué que
l'aide accordée aux entreprises bancaires des pays partenaires
était particulièrement importante dans la mesure où elle
bénéficiait également à des petites et moyennes
entreprises, clientes de ces banques, et à qui il serait
extrêmement difficile de prêter directement sans avoir à
développer des implantations locales très importantes.
M. Jacques Chaumont
,
rapporteur spécial des crédits
des affaires étrangères
, a dénoncé la
"pensée unique" des institutions de Bretton Woods et critiqué
l'alignement de la Caisse sur ces positions. Il a également
critiqué la doctrine actuelle en matière d'aide-projet consistant
à réaliser uniquement de grandes opérations de prestige,
au détriment des projets moins spectaculaires, mais beaucoup plus
importants au profit des micro-entreprises. Il a ensuite demandé au
directeur général de la Caisse de préciser en quoi
consistaient les crédits délégués par le
ministère des affaires étrangères. Il lui a
également demandé des informations sur les relations de la Caisse
avec Air Afrique et s'il était vrai que la caisse entretenait des
relations privilégiées avec un certain nombre de grands
opérateurs privés français.
M. Jacques Chaumont lui a demandé si la Caisse pourrait continuer
à effectuer ses missions dans les mêmes conditions compte tenu du
prélèvement de 2,5 milliards de francs opéré
par l'État. Enfin, il lui a demandé d'indiquer quel était
le coût de la construction du nouveau siège social de la Caisse.
En réponse,
M. Charles Josselin
a déclaré que le
gouvernement actuel avait pour préoccupation constante de prendre en
compte les conséquences sociales des ajustements budgétaires
imposés par les institutions de Bretton Woods. S'agissant de
l'aide-projet, il a indiqué qu'il était bien conscient de la
nécessité de mieux favoriser les micro-projets.
M. François Villeroy de Galhau
a déclaré que pas
une seule opération d'ajustement structurel n'était
envisagée par le Trésor sans que soit évaluées ses
conséquences sociales sur les populations concernées. S'agissant
du prélèvement de 2,5 milliards, il a indiqué qu'il
s'agissait d'une contribution de la Caisse à l'effort national de
maîtrise des finances publiques.
M. Antoine Pouillieute
a indiqué que les opérations
d'ajustement structurel qui représentaient 30 % des interventions de la
Caisse avant la dévaluation du franc CFA en 1994 n'en
représentent plus que 17 % et que le contribuable français
n'avait plus à payer les dettes impayées de certains États
africains. Il a déclaré que la Caisse mettait en oeuvre un nombre
considérable de projets de proximité à destination des
très petites entreprises. Cependant, il a fait observer qu'un grand
projet n'était pas forcément prestigieux ni inutile. Il a
cité à cet égard le projet d'aménagement de la
vallée du Sénégal qui contribue au développement de
l'agriculture et à l'électricité de la sous-région.
S'agissant des relations de la Caisse avec Air Afrique, il a indiqué que
celle-ci était engagée à hauteur de 365 millions de francs
et qu'au total l'État français était engagé
à hauteur d'un milliard de francs. Les pertes de cette compagnie
s'élevaient en 1996 à 24 milliards de francs CFA (240 millions de
francs français). Concernant les soi-disant relations avec des
sociétés "amies",
M. Antoine Pouillieute
a fait
observer que les entreprises françaises présentes au capital de
Proparco à hauteur de 30 % n'avaient bénéficié
qu'à hauteur de 2 % des opérations réalisées
par le groupe. S'agissant des délégations du ministère des
affaires étrangères, il a indiqué que ces
opérations, qui consistaient à intervenir en mandat complet ou
comme simple payeur, ne représentaient que 77 millions de francs en
1996. Enfin, il a indiqué qu'actuellement, la Caisse était
installée dans un immeuble rue Boissy d'Anglas dont la location
coûtait 60 millions de francs par an. C'est la raison pour laquelle la
décision a été prise, avant son arrivée à la
tête de la Caisse, de faire construire un nouveau siège social
dans un terrain beaucoup moins prestigieux, près du ministère de
l'économie et des finances et pour un coût de construction de
26.200 francs hors taxes du mètre carré.
M. Michel Charasse, rapporteur spécial des crédits de la
coopération
, a dénoncé, tout d'abord, l'absence de
lisibilité de l'action du ministère de l'économie et des
finances en matière d'aide au développement. Il a demandé
combien de projets avaient bénéficié d'opérations
de cofinancement et pourquoi Proparco n'était pas autorisée
à intervenir au Viêt-nam. Il a demandé au ministre de
préciser quels étaient les instruments de la coopération
française dans les nouveaux pays du champ. Il a interrogé le
directeur général de la Caisse sur le fait de savoir si tous les
projet réalisés l'étaient vraiment à l'initiative
des autorités locales. Il a également demandé quelle
était la situation actuelle de la Caisse au Congo et au Zaïre.
Enfin, il a demandé au ministre de préciser les principales
pistes de réflexion concernant la réforme en cours de la
Coopération.
M. Charles Josselin, secrétaire d'État à la
coopération
a tout d'abord indiqué que le manque de
lisibilité de l'action en faveur de la coopération était
évidente et que c'était une des principales raisons justifiant
une réforme du dispositif français. Il a indiqué que le
Viêt-nam était sur le point de bénéficier
d'opérations du fonds d'aide et de coopération (FAC) et qu'il
convenait d'éviter de proposer à nos partenaires des projets tout
fait. S'agissant de la réforme, il a indiqué que, très
probablement, il continuerait d'y avoir une identité
ministérielle compétente en matière de coopération,
mais que la question de savoir si celle-ci continuerait de
bénéficier d'un budget et de services spécifiques
n'était pas tranchée. Il a également fait observer que de
nombreux pays occidentaux s'étaient dotés d'une Agence afin de
mieux identifier les actions en faveur de la coopération.
M. François Villeroy de Galhau
a fait observer que la direction
du Trésor était sous le contrôle politique du ministre et
qu'elle se tenait à la disposition du rapporteur spécial des
crédits de la coopération si celui-ci désirait y effectuer
une mission de contrôle parlementaire sur pièces et sur place.
M. Antoine Pouillieute
a fait observer qu'au premier semestre 1997,
près de 42 % des opérations réalisées par la Caisse
l'avaient été en cofinancement. Il a indiqué que, depuis
1997, Proparco était non seulement autorisée à intervenir
au Viêt-nam, mais aussi au Cambodge et au Laos. Il a encore fait observer
que 46 % des opérations de la Caisse étaient
réalisées dans des pays de la zone franc et 54 % dans des pays en
dehors de cette zone. Précisant le processus décisionnel
aboutissant à la sélection d'un projet, il a indiqué que
dans certains cas, nos interlocuteurs n'avaient pas l'expertise
nécessaire pour formuler des projets correctement articulés et
que l'un des premiers services à leur rendre était de les aider
à se doter d'une véritable capacité de négociation
et de stratégie à moyen terme. S'agissant de la situation au
Zaïre, il a indiqué que la Caisse avait 800 millions de francs
d'impayés souverains et qu'elle avait suspendu toute opération
dans ce pays jusqu'à ce que ces arriérés soient
réglés.
Un débat s'est ensuite ouvert auquel ont participé
Mme
Marie-Claude Beaudeau, M. Emmanuel Hamel, Mme Paulette Brisepierre, rapporteur
pour avis au nom de la commission des affaires étrangères des
crédits de la coopération et M. Christian Poncelet,
président.
En réponse à
Mme Paulette Brisepierre,
qui avait
rendu compte de son récent voyage au Congo et de la situation dramatique
dans laquelle se trouvait sa capitale,
M. Charles Josselin,
secrétaire d'Etat à la coopération,
après avoir
lui avoir rendu hommage pour son courage et son dévouement en faveur de
nos compatriotes de l'étranger, a indiqué que le gouvernement
pouvait difficilement décider de transférer la mission de
coopération à Pointe Noire, sans donner l'impression de
préjuger de la décision du gouvernement congolais de
transférer sa capitale dans cette ville.
En réponse
à Mme Marie-Claude Beaudeau
, le directeur
général de la Caisse, a indiqué que l'arrêté
modifiant le statut du personnel de cette Institution, signé avec deux
des trois syndicats de la Caisse, avait été
déféré à la justice par le syndicat du personnel
CGT pour des raisons administratives. Il a ajouté que quatre vingt pour
cent du personnel avait adhéré à la clause de
mobilité du nouveau statut. En réponse au
président
Christian Poncelet
qui s'interrogeait sur le fait que les opérations
de la Caisse étaient très concentrées sur la Côte
d'Ivoire, le Gabon, le Congo Brazzaville et le Mali, il a indiqué que
cette concentration était réelle si l'on prend en compte
l'ensemble des opérations, mais que, hors ajustement structurel, ces
quatre pays ne représentaient que 28 % du total de l'aide-projet
des opérations de la Caisse, ce pourcentage correspondant à leur
poids économique au sein des pays de la zone franc. Il a
également indiqué que la Caisse avait réalisé deux
opérations de garanties de dettes obligataires publiques en Côte
d'Ivoire et au Maroc.
Enfin, la commission
a décidé de proposer au Sénat
d'adopter les crédits de la coopération
.
Réunie le mercredi 18 novembre 1996, sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président, la commission des finances,
après avoir entendu son rapporteur spécial, M. Michel
Charasse, a décidé de proposer au Sénat
l'adoption des
crédits de la coopération pour 1998.
1
Si l'on raisonne en termes
"d'aide
publique au développement", les crédits du Secrétariat
d'Etat à la coopération ne représentent qu'un peu plus de
10 % de l'ensemble des dépenses. En revanche, si l'on prend en compte
l'effort budgétaire, tel que retracé dans l'annexe "jaune" au
projet de loi de finances, les crédits de ce département
ministériel représentent environ 30 % du total des crédits
d'aide au développement.
2
Observatoire permanent de la coopération française,
rapport 1996, étude sur le poids du ministère des finances dans
l'APD de la France et les liens avec le FMI, p.30.
3
Le détail de ces crédits sera examiné plus
loin, dans la partie relative à l'articulation du dispositif
français avec les dispositifs internationaux.
4
Entre dans ces crédits la contribution française au
capital de la BERD (172 MF en CP et 242 en AP), bien que les opérations
en faveur du développement des pays de l'Est ne soient pas
comptabilisés comme aide publique au développement par le CAD de
l'OCDE.
5
Cette clef de contribution était de 19,5 en 1994, 17,5 en
1995 et 1996, 17,7 en 1997 et devrait être de 17,0 % en 1998.
6
Les prêts à faibles taux d'intérêt des
conventions précédentes ont été supprimés
dans Lomé IV