B. LE VRAI VISAGE DE L'ÉCONOMIE BLEUE
Au total, l'économie maritime, une fois ses différents aspects regroupés, représentait un montant annuel d'environ 1 500 milliards d'euros à l'échelle mondiale en 2010 , au deuxième rang derrière l'agroalimentaire. La quasi-totalité des marchés de l'économie maritime sont en croissance, un phénomène assez inédit dans le contexte économique actuel, et son poids économique devrait atteindre 2 550 milliards d'euros en 2020 . La mer est aussi indissociable du tourisme qui génère un chiffre d'affaires de 1 245 milliards de dollars, et représente au total 9 % du PIB mondial.
L'Europe capte environ un tiers de valeur de l'économie maritime et la Commission européenne estime que ce secteur représentait 5,4 millions d'emplois et 500 milliards d'euros en 2010. En France, elle représente aujourd'hui, sans compter le tourisme littoral, plus de 300 000 emplois directs et 69 milliards d'euros de chiffre d'affaires . Ces chiffres sont supérieurs à ceux des secteurs de l'automobile, de l'aéronautique ou des télécommunications, dont on parle pourtant bien plus fréquemment.
L'économie maritime est portée aujourd'hui par des secteurs dits « traditionnels » que sont la pêche, le transport maritime, les ports, la construction navale, la plaisance et les sciences marines.
La stratégie « Croissance bleue » de la Commission européenne identifie cinq nouvelles richesses à fort potentiel de développement :
- l'aquaculture et l'algoculture qui contribueront demain à nourrir 9 milliards de personnes : la France y est reconnue pour son excellence et elle exporte plus de 75 % des alevins produits ; pourtant, depuis 1995, on n'a enregistré qu'une seule création d'entreprise ;
- les biotechnologies bleues , une filière qui connaît une croissance de 5 % par an ;
- le tourisme littoral qui emploie plus de 3,2 millions de personnes au niveau européen et génère 183 milliards d'euros de chiffres d'affaires, soit plus d'un tiers de l'économie maritime ;
- les énergies marines renouvelables qui ont connu un début difficile, mais où la France s'illustre aujourd'hui avec de nombreuses start-ups innovantes ; pourtant nous sommes en train de prendre du retard : des projets canadiens démarrés trois ans après les nôtres risquent de voir le jour dès 2017, soit trois ans avant les nôtres ;
- les minerais des fonds marins dans lesquels le Japon, le Canada, la Chine et l'Allemagne investissent massivement tandis que la France considère à peine son immense réservoir inexploité de terres rares.