B. UNE AMORCE DE DIVERSIFICATION

Jusqu'à récemment, la part du secteur non pétrolier dans le PIB augmentait progressivement, grâce à l'agriculture, au BTP et aux services.

Pourtant, en 2007, le pétrole représentait selon l'OCDE encore près de 56 pour cent du PIB . Avec une croissance moyenne de la production pétrolière de 17,4 pour cent par an entre 2003 et 2007, l'Angola est le deuxième producteur de pétrole en Afrique, après le Nigeria.

En 2008, la production aurait augmenté de 10 pour cent, atteignant un peu moins de 1,9 million de barils par jour (b/j), malgré un accident qui a réduit la production de 210 000 b/j en septembre et en octobre.

La production se concentre dans les gisements en mer de la province de Cabinda, contrôlés conjointement par la compagnie pétrolière publique Sonangol et par des multinationales étrangères, notamment les américaines ChevronTexaco et ExxonMobil, la française Total, la britannique British Petroleum (BP), la britannico-néerlandaise Shell et l'italienne Agip/Eni. En 2007, les réserves totales prouvées atteignaient 9 milliards de barils, soit 0,72 pour cent du total mondial. Sonangol contrôle 41 pour cent des réserves et jouit d'un monopole sur le raffinage et la distribution en Angola.

Encouragés par des cours exceptionnellement élevés, les investissements ont afflué dans le secteur pétrolier ces dernières années, réactivant ainsi les projets d'exploration et de forage dont la rentabilité était faible au moment de la baisse des prix.

Alimentée par un taux de réussite de la prospection de 80 pour cent, cette manne pétrolière a permis à l'Angola de développer sa capacité d'extraction. Des gisements en eaux très profondes devraient devenir opérationnels en 2010 et remplacer des gisements plus anciens. Le potentiel de production devrait atteindre 2,55 millions de b/j d'ici à 2012, faisant du pays le premier producteur de pétrole en Afrique. Un nouveau code minier, destiné à attirer plus d'investissements, est attendu.

L'actuelle crise financière internationale a cependant fragilisé l'essor des investissements liés au pétrole en Angola. De plus, le quota de production de l'Opep pour l'Angola a été baissé à deux reprises. L'Angola devrait néanmoins honorer ses engagements vis-à-vis de l'Opep, dont il assume la présidence du cartel en 2009, la croissance du secteur pétrolier risquant d'être de ce fait négative en 2009.

Les réserves prouvées de gaz naturel sont estimées à 270 millions de mètres cubes, assez pour maintenir la production ces 30 prochaines années. La production est gérée par le Consortium sur le gaz naturel liquéfié, détenu par Sonagas (22,8 pour cent), Chevron (36.4 pour cent), Eni (13,6 pour cent), Total (13,6 pour cent) et BP (13,6 pour cent).

Une usine de traitement de gaz naturel liquéfié (GNL) est en construction et son achèvement est prévu en 2012. Les projets de GNL devraient accroître l'emploi dans le secteur pétrolier et gazier, qui n'emploie aujourd'hui directement que 10 000 personnes.

Après avoir progressé de près de 26 pour cent pendant deux ans, la production non pétrolière a chuté à 18,6 pour cent en 2008, principalement en raison de problèmes d'importation des biens intermédiaires et d'équipement, nécessaires aux projets de reconstruction. Ces difficultés sont imputables aux contraintes de capacités d'infrastructure, notamment dans le port de Luanda.

Le secteur des diamants , décimé par des années de guerre, éprouve toujours des difficultés à se redresser mais dispose d'un potentiel important . Lancé en 2005, le projet d'extraction de diamants de Luo sera en mesure de traiter 6 à 7 millions de tonnes de roche par an, ce qui en ferait l'une des dix premières mines de diamants au monde.

Ce projet devrait nécessiter un investissement de 400 millions de dollars américains (USD) et créer 1 200 emplois. Une usine pilote disposant d'une capacité maximale de traitement de 1 million de tonnes de roche par an est maintenant opérationnelle. L'entreprise publique Endiama, qui a le monopole sur la production de diamants, a produit quelque 7 millions de carats au cours des trois premiers trimestres 2008 (une augmentation de 5,5 pour cent sur l'année précédente), essentiellement à partir de diamants extraits de mines informelles. Une hausse de 10 pour cent est attendue en 2009, soutenue par de nouvelles découvertes, mais les prévisions antérieures se sont souvent révélées trop optimistes. Les activités de polissage et de taille de diamants ont attiré plus d'investissements depuis qu'Endiama a ouvert l'usine angolaise de taille des diamants (Angola PolishingDiamonds Factory - APDF) en 2005.

L'agriculture représente 50 pour cent de l'emploi total. Avant la guerre civile, l'Angola avait l'un des secteurs agricoles les plus productifs d'Afrique , grâce à son sol fertile. Avec la disparition progressive des séquelles de la guerre, l'agriculture connaît un renouveau, bien qu'elle ne représente encore que 8 pour cent du PIB. Les zones cultivées et irriguées se multiplient et la productivité augmente grâce au déminage, à un meilleur accès aux moyens de production et au retour de nombreux anciens petits propriétaires. L'investissement dans l'agriculture commerciale progresse également, notamment dans les provinces de Kwanza Norte, Kwanza Sul, Benguela et Huila. On compte de plus en plus d'associations de fermiers et de coopératives, notamment dans l'élevage et la culture fruitière.

Dans ce contexte, la production agricole a progressé de 28 pour cent en 2007/08, après une hausse de 27,4 pour cent en 2006/07. Comme l'année précédente, la production de céréales à augmenté de 17 pour cent en 2007/08 et devrait s'accélérer, pour atteindre 30 pour cent en 2008/09. Pour la deuxième année consécutive, la production de café a bondi de 130 pour cent en 2007/08, apparemment favorisée par la hausse importante des cours mondiaux. Curieusement, les exportations et la transformation intérieure ont pourtant stagné. En 2008/09, la production de café devrait progresser d'encore 30 pour cent, tandis que l'investissement public pour la modernisation du secteur s'élèvera, selon les estimations de l'OCDE, à un total de 150 millions de dollars sur les quatre prochaines années.

En dépit de ces avancées, la menace de l'insécurité alimentaire persiste, avec un déficit de la production intérieure de céréales de près de 50 pour cent. A l'instar de bien d'autres pays d'Afrique, frappés par le choc des prix des denrées alimentaires sur la période 2007-08, l'agriculture a récemment bénéficié d'un regain d'attention de la part de l'État.

Le programme de développement agricole à moyen terme pour 2009-13, dont le budget est de 400 millions de dollars, a pour but de réduire la dépendance aux exportations du pays par trois moyens : de meilleurs services de vulgarisation agricole et autres modes de soutien à l'agriculture familiale, un encouragement à l'agroalimentaire et une remise en état des infrastructures. En 2008, l'État a approuvé un crédit de 270 millions dollars destiné à soutenir l'achat d'équipement agricole dans les fermes familiales, les associations et les coopératives, conformément au programme d'extension et de développement rural entamé en 2006. Il a également étendu le projet horticole d'Aldeia Nova, qui bénéficiera de l'assistance technique d'Israël, et prévu d'augmenter les cultures irriguées de 52 000 hectares en 2009.

Plusieurs projets agro-industriels ont également été lancés, sur la base de partenariats public-privé. La plupart des ces projets sont axés sur la production de biocarburants. Le centre agro-industriel de Kapanda est situé à proximité du barrage d'Omonime, afin de garantir un accès peu coûteux à l'énergie et à l'eau. Il a développé une zone de 443 000 hectares pour produire de la canne à sucre destinée à la production de bioéthanol, avec l'appui technique d'une société brésilienne. Le projet Biocomest est financé à hauteur de 370 millions de dollars par l'État et 700 millions de dollars par des investisseurs privés. D'autres projets devraient voir le jour à l'intérieur du pays, afin de contrebalancer le meilleur développement agricole des régions côtières.

Les industries manufacturières n'ont représenté que 5,3 pour cent du PIB en 2007, les denrées alimentaires et boissons n'ayant contribué qu'à 85,6 pour cent à la production du secteur. L'Etat a entrepris plusieurs projets industriels afin de stimuler l'activité manufacturière, notamment la Zone économique spéciale de Viana, où 11 usines sur 70 sont déjà présentes, dont une nouvelle usine d'assemblage automobile Nissan. D'autres zones industrielles sont situées à Futila, Catumbela, Caàla et Matala. La production manufacturière a augmenté de 11,7 pour cent en 2008.

Après avoir progressé de 37 pour cent en 2007, le BTP a reculé à 10,6 pour cent en 2008, à cause de problèmes de retrait des biens d'équipement importés dans le port de Luanda, où la circulation est difficile. Alors que la croissance du secteur a été tirée ces dernières années par les projets d'infrastructures ainsi que par la construction non résidentielle à Luanda, les projets résidentiels prennent une nouvelle importance.

En 2008, un nouveau plan a été lancé pour la construction de 1 million d'habitations à loyer modéré dans les principaux centres urbains. Une société chinoise s'est vue attribuer un contrat de 3,5 milliards de dollars pour la construction de 20 000 appartements, 246 magasins, 24 jardins d'enfants et 17 écoles dans la banlieue de Luanda. L'investissement public devrait rester conséquent, en raison de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) de football 2010, du développement des centres commerciaux de Fortaleza et Bela, et du projet de Luanda Bay. Un déficit de 5 000 lits encourage la construction d'hôtels et 39 nouveaux hôtels sont prévus dans le cadre du programme de développement du secteur touristique 2009-2013.

Le dynamisme du secteur du BTP a entraîné une pénurie de ciment, malgré de nombreux projets de nouvelles cimenteries. La production de ciment souffre d'un manque de concurrence. Outre l'usine Nova Cimangola de Cacuaco (Luanda), maintenant opérationnelle, de nouveaux projets voient le jour : deux nouvelles usines à Lobito, qui devraient ouvrir d'ici à 2010, une nouvelle usine dans la circonscription de Cuara (province de Kwanza Sul) et un projet angolo-brésilien de 200 millions de dollars, capable de produire 1,2 million de tonnes de ciment, soit 25 pour cent des besoins annuels du pays.

Le secteur des services s'est aussi montré de plus en plus dynamique, avec 17 pour cent du PIB en 2007. Les sous-secteurs les plus importants sont le tourisme, l'immobilier, les services financiers et dernièrement, la vente au détail et le commerce. Le programme de restructuration des systèmes de logistique et de distribution des biens de première nécessité à la population (Preslid), lancé par les autorités en 2007, a pour objectif de développer la chaîne de distribution de détail afin de réduire le prix des denrées alimentaires. Il prévoit la construction de 10 000 magasins de proximité, 163 marchés municipaux, 31 supermarchés NossoSuper et 8 entrepôts, avec une contribution de l'investissement public à hauteur de 1,7 milliard de dollars jusqu'à la fin 2012. Fin 2008, 25 supermarchés étaient ouverts, 2 entrepôts construits (l'un d'eux étant opérationnel) et 4 000 personnes recrutées. Malgré ce gros effort de construction, les retombées du projet pourraient être limitées, puisqu'on a peu tenu compte de la logistique et des frais de transport, notamment dans les provinces reculées.

Ainsi l'Angola offre de nombreuses opportunités aux investissements français. L'accord de protection des investissements a pour objet de favoriser leur développement.

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