Annexe 7 - LES EAUX PLUVIALES À PARIS
Source: Audition de M. Daniel Thévenot, professeur à l'université Paris XII, Centre d'enseignement et de recherches sur l'eau- CEREVE-
Il y a une interaction entre la ville et la pluie. La pluie en ville, polluée quand elle tombe, devient très toxique quand elle s'écoule. La ville a même un effet sur la quantité de pluie. « La ville, par sa structure et ses émissions polluantes, est susceptible de jouer un rôle sur le déclenchement des précipitations. La ville a un rôle pluviogène : en particulier à Paris, il pleut en moyenne 30 % de moins les samedis et dimanches, que les jeudis et vendredis, jours où l'accumulation des émissions polluantes est au maximum » (B. Chocat, encyclopédie de l'hydrologie urbaine et de l'assainissement, 1997).
La qualité de l'eau de pluie à Paris est
liée à l'importance des retombées atmosphériques.
Les retombées de plomb ont été divisées par 10 en 5
ans depuis l'élimination du plomb dans l'essence : le flux de
métaux des retombées atmosphériques sèches et par
temps de pluie pour le bassin de la Seine a été estimé
à plusieurs dizaines de tonnes. Ces flux sont de 2 (plomb) à 10
(cadmium) fois plus importants que les flux annuels de la Seine à son
estuaire.
Retombées atmosphériques dans le bassin
de la Seine*
|
||
1995 |
2000 |
|
Cadmium |
24 |
18 |
Cuivre |
540 |
230 |
Chrome |
35 |
|
Plomb |
2 000 |
180 |
Zinc |
5 000 |
1 200 |
* 2 500 km² urbanisés + 62 500 km² ruraux
Source ; Daniel THÉVENOT, Michel MEYBECK et Laurence LESTEL, Métaux lourds, Bilan de synthèse PIREN SEINE, février 2002
Estimation de la répartition des surfaces à Paris * |
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Toitures |
54 % |
Imperméabilisation totale : 90 % Coefficient de ruissellement : 0,78 |
Chaussées |
23 % |
|
Cours |
23 % |
* Calculs sur les 42 hectares des 3e et 4e
arrondissements (le marais)
Il y a une interaction entre les
retombées atmosphériques et les surfaces puisque l'eau,
acidifiée par la présence des gaz polluants (voir annexe sur les
pluies acides) agresse les matériaux sujets à la corrosion,
notamment les toitures et gouttières en tôle zinguée
(92 % du zinc dans les eaux de ruissellement est apporté par les
toitures). Ainsi, l'eau de ruissellement se charge de matières en
suspension et surtout de métaux toxiques au cours de son trajet. La
concentration en substances métalliques augmente
considérablement.
Concentration de métaux (mg/l) au cours du ruissellement de l'eau de pluie à Paris |
|||||
Pluie |
Chaussée |
Toiture |
Réseau |
seuil de potabilisation |
|
Zinc |
0,1 |
8 |
20 |
15 |
3-5 |
Plomb |
0,1 |
1,1 |
30 |
20 |
0,05 |
Par temps d'orage, 1,3 million de m3 d'eau sont
évacués dans la Seine. Le débit double en quelques heures
(de 100 m3/seconde à 200 m3/seconde). Cette eau, qui n'a subi aucun
traitement et qui provient des eaux usées domestiques et du
ruissellement est très chargée de matières en suspension
sur lesquelles des métaux et hydrocarbures se sont accumulées.
L'essentiel des éléments transportés est sous forme
particulaire, et non sous forme dissoute (comme dans l'eau
météorite). Cette forme particulaire est cependant plus facile
à éliminer par décantation dans les rivières. Les
métaux se retrouvent d'ailleurs massivement dans les sédiments
fluviaux et les boues de dragage, notamment près des barrages.
Masses métalliques associées aux sédiments dragués en région parisienne (moyenne 1999-2000 en tonnes/an) |
|||
Cadmium |
Cuivre |
Plomb |
Zinc |
0,1 |
3,3 |
5,4 |
19,5 |