Annexe 61 - MICROBIOLOGIE ET MALADIES HYDRIQUES
Sources : Henri Leclerc « Microbiologic agents associated with waterbones diseases - Critical review in microbiology - 2002 - ; audition de M. P. Baudeau, Institut de veille sanitaire.
1. Panorama
a) Les bactéries qui survivent dans
l'eau
Le
choléra
: c'est la
bactérie la plus connue, responsable de nombreuses
épidémies mortelles en Europe au XIX
e
siècle.
Le choléra se développe surtout dans les eaux stagnantes et dans
les estuaires. La maladie n'a pas été éradiquée et
demeure une cause fréquente de mortalité dans les pays pauvres.
Il existe quelques cas sporadiques dans les pays développés
(notamment aux Etats-Unis, à la suite de la consommation de crabes et de
crevettes pas assez cuits). Le choléra est très sensible à
la désinfection.
La salmonelle , responsable de la typhoïde, première cause de mortalité d'origine hydrique jusqu'à la seconde guerre mondiale. La bactérie est très sensible à la désinfection.
L'Escherichra coli, ou E-coli , bactérie de l'intestin, surtout dans le bétail, indicateur de contamination fécale. L'E-coli n'est pas directement toxique, elle a même a son utilité dans l'intestin, en supprimant des bactéries nuisibles, mais elle crée une toxine, la vérotoxine, qui entraîne des diarrhées et de hémorragies., tout comme la campylobacterie, surtout présente dans les intestins et par conséquent les fientes des oiseaux.
b) Les bactéries pathogènes qui se développent dans l'eau
Les pseudomonas , très fréquentes dans les eaux usées et les eaux pluviales. La bactérie est très résistante aux antibiotiques. Elle entraîne des diarrhées.
Les aéromonas , naturellement présentes dans l'eau claire, se développent dans les eaux usées et chaudes.
Les
légionelles
: on compte 42
espèces de légionelles dont une, la légionelle
pneumophila, responsable de la maladie du légionnaire. Elle est peu
sensible à la chaleur. La maladie est liée à l'inhalation
de microgouttelettes.
b) Les parasites ou protozoaires
Ce sont des parasites dits
« opportunistes », car ils se développent sur un
hôte. Les plus connus sont les gardia et le cryptosporidium,
découvert en 1955, à l'origine de l'épidémie du
Milwaukee, en 1993. Ces parasites sont rejetés par les animaux et les
hommes. Le cryptosporidium est résistant aux désinfectants. La
dose infectieuse n'est pas connue avec précision mais pourrait
démarrer avec un seul microorganisme.
c) Les virus
Parmi les virus présents dans l'eau, on compte le virus de l'hépatite A, le virus de l'hépatite E, plutôt confiné dans les milieux tropicaux, le virus commun des gastroentérites, qui comprennent plusieurs familles (virus de Norwich, de Sapporo, etc.).On compterait plus de 140 virus identifiés, dont la plupart se retrouveraient dans les selles. Le seuil de déclenchement des maladies est encore ignoré mais paraît très bas. Leur résistance aux traitements de désinfection est variable.
2. L'importance des contaminations
Attention, il n'y a pas de stricte concordance entre les contaminations bactériennes et l'apparition de maladies ou de troubles pathogènes.
D'une part, il existe des porteurs sains. L'exemple le plus connu est celui d'une cuisinière du XIX e siècle connue sous le nom de « Marie-Typhoïde ». Partout où elle travaillait, des gens mouraient. Elle était « porteuse saine » de typhoïde qui, faute d'une hygiène suffisante, se transmettait aux familles.
D'autre part, la gravité des troubles varie beaucoup selon les populations exposées. La forme habituelle est la diarrhée ou gastro-entérites aiguës- GEA La plupart évoluent vers une guérison spontanée, mais il existe des populations vulnérables aux contaminations hydriques, repérées aux Etats-Unis sous l'appellation YOPI, Young, Old, Pregnant, Immunodeficient - jeunes, personnes âgées, femmes enceintes et, surtout, immunodéprimés, quelle qu'en soit l'origine (transplantation, rougeole, SIDA, etc.). La quasi-totalité des 70 décès de l'épidémie de Milwaukee concernait des personnes atteintes du Sida. La société, par l'effet du vieillissement et des soins, a créé des personnes sensibles aux risques hydriques.
Enfin, l'importance des maladies d'origine hydrique est très sous-estimée. Un médecin voit, en moyenne, une gastroentérite par jour ; s'il en voit 4 ou 5, il est alerté, s'il en voit seulement deux au lieu d'une, cela passera inaperçu. Seules les épidémies sont repérées. On compte en moyenne deux épidémies par an, souvent à la suite de contacts entre des eaux contaminées et l'eau distribuée.
Selon une étude américaine, 10 à 50 % des gastroentérites sont liées à l'eau, avec la répartition suivante :
- 70 % des cas d'origine virale,
- 25 % des cas d'origine bactérienne,
- 5 % des cas d'origine parisitaire.