Annexe 48 - LA CONTAMINATION DES RIVIÈRES DE BRETAGNE AUX PESTICIDES
Source : Etudes CORPEP - sur la contamination des eaux superficielles de Bretagne par les produits phytosanitaires - 1999 - 2000 - 2001
1. Méthodologie
Depuis cinq ans, le CORPEP (Cellule d'orientation régionale pour la protection des eaux contre les pesticides) suit la contamination des principales rivières de Bretagne aux pesticides. Les prélèvements d'eau sont opérés en période pluvieuse. Ce choix a des effets contradictoires. D'une part, le ruissellement est le principal vecteur de transfert des polluants. Les analyses suivent donc les pollutions en « temps réel » et permettent de connaître avec précision les différents pics de pollution dans les différentes rivières (les résultats sont nécessairement plus élevés que ceux d'autres agences qui procèdent par prélèvements à dates fixes, qui peuvent, par conséquent « passer à côté » des pics de pollution).
D'autre part, en cas d'orage, les polluants sont dilués et les concentrations mesurées sont faussées par la dilution dans les eaux. En toute rigueur, il conviendrait de compléter les mesures de concentration par des mesures de flux annuels.
Les comparaisons dans le temps et dans l'espace doivent prendre en compte les différences dans les méthodes et la fréquence d'analyses selon les années. Ainsi, en 1999, 289 matières actives ont été recherchées dans 8 rivières. En 2000, 65 matières actives ont été recherchées dans 7 rivières (l'Aven, l'Arguenon, le Gouessant, la Rance, la Seiche, la Flume et le Meu). En revanche, le suivi du Fremur a été abandonné en 2000). Un recentrage s'est donc opéré en 2000. La recherche de l'exhaustivité est en l'espèce coûteuse et inutile, et l'étude s'est concentrée sur les pics et sur les risques.
2. Résultats
Les principaux résultats sont les suivants :
§ Le nombre de
molécules
décelées
dans les eaux de surface est de plus en plus
élevé. Les analyses sont aussi de plus en plus performantes et
abaissent les seuils de détection. Les substances de substitution des
molécules faisant l'objet de restrictions d'usage ont aussi
été décelées.
Sur les 65 matières
actives recherchées, 23 ont été détectées
à des concentrations supérieures à 0,1 ug/litre (Il
n'existe pas de seuil réglementaire de qualité des eaux brutes
superficielles. Pour les pesticides, le seuil retenu comme étant un
seuil à risque est celui utilisé pour l'aptitude des eaux
à la production d'eau destinée à la consommation humaine,
soit 0,1 ug de substance par litre). Les substances les plus fréquemment
décelées à des concentrations élevées sont
les suivantes:
- l'atrazine herbicide agricole, désherbant du maïs (usage limité en Bretagne depuis 1998)
- la DEA molécule dérivée de l'atrazine
- l'isoproturon herbicide agricole, désherbant du blé
- le diuron herbicide à usage mixte (usage limité en Bretagne depuis 1998)
- le glyphosate herbicide à usage non agricole
- l'AMPA produit de dégradation du glyphosate
- l'aminotriazole herbicide non agricole
§ A l'inverse, l'importance des dépassements
élevés (1 ug soit 10 fois le seuil) et les
concentrations
maximales
ont, dans l'ensemble, baissé.
L'étude
CORPEP permet ainsi d'évaluer les effets des mesures de restriction
d'usage. L'impact est assez net sur les concentrations maximales. Les pics de
pollution atteignent des niveaux beaucoup plus bas après l'interdiction.
En revanche, l'impact est faible sur la fréquence de détection,
même à des niveaux élevés. C'est en particulier le
cas de l'atrazine. La molécule reste très fréquemment
détectée deux ans après son interdiction d'usage. L'effet
de l'interdiction est donc très progressif et
décalé.
§ Ainsi, les différentes études de CORPEP
soulignent l'existence d'une contamination chronique ou quasi chronique
liée aux désherbants agricoles, ainsi qu'un problème de
contamination lié au désherbage des zones non
agricoles.
Les évolutions sont variables selon les
molécules. Des baisses constatées sur certaines molécules
(diuron, et dans une moindre mesure, atrazine) sont compensées par des
hausses sur d'autres molécules (glyphosate, isoproturon), voire par
l'apparition de nouvelles molécules non détectées les
années précédentes (notamment les produits de substitution
de l'atrazine).
3. Principaux résultats
(Voir tableau ci-après)
Principaux résultats de contamination des
rivières de Bretagne aux pesticides
Atrazine
|
Diuron
|
|||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|
Nombre de recherches % d'analyses > 0,1 ug/l % d'analyses > 1 ug/l Pics observés (ug/l) Lieu du pic |
51 96 % 51 % 29 ug Flume |
62 81 % 24 % 4,1 ug Arguenon |
70 66 % 7 % 6,3 ug Flume |
77 64 % 9 % 11,1 ug Flume |
|
17 88 % 29 % 6,3 ug Seiche |
60 65 % 18 % 15,8 ug Seiche |
40 48 % 3 % 4,1 ug Gouessant |
77 22 % 1 % 1,6 ug Gouessant |
|
Isoproturon
|
Glyphosate
|
|||||||||
Nombre de recherches % d'analyses > 0,1 ug/l % d'analyses > 1 ug/l Pics observés (ug/l) Lieu du pic |
19 71 % - 0,5 ug Flume |
60 35 % 7 % 5 ug Rance |
61 38 % 15 % 7,7 ug Gouessant |
78 27 % - 0,8 ug Rance |
- - - - - |
40 85 % 8 % 3,4 ug Seiche |
21 86 % 10 % 4,7 ug Seiche |
77 56 % 5 % 1,1 ug Arguenon |