2. La réorientation des politiques ciblées vers le secteur marchand
La logique qui préside aux redéploiements budgétaires en matière de politique ciblée consiste à privilégier, dans toute la mesure du possible, l'accès à un emploi dans le secteur marchand, et à recentrer les dispositifs d'insertion relevant du secteur non marchand vers les publics les plus éloignés de l'emploi.
a) Jeunes peu diplômés : des « emplois-jeunes » aux « contrats-jeunes » ?
L'évolution préoccupante du chômage des jeunes depuis un an ( + 13 %) justifie pleinement la lutte ciblée que le Gouvernement a décidé de mener au moyen du nouveau contrat « jeune en entreprise » (supra).
Devant permettre de prendre en charge 74.000 contrats en 2003, ce dispositif devrait, à terme, bénéficier à environ 300.000 jeunes. La signature d'un contrat à durée indéterminée, le caractère dégressif de l'aide de l'Etat, et la possibilité pour les jeunes, au terme de la troisième année, de valider leur acquis, constituent autant de gages d'insertion durable dans l'entreprise, sinon dans le monde du travail en général.
Les emplois-jeunes donnent encore lieu à une dotation importante pour le ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité, qui repose sur la prise en compte d'un stock évalué à 213.300 emplois fin 2002, et à des sorties estimées à 65.259 en 2003.
Faut-il en conclure que les nouveaux contrats-jeunes couvriront la diminution du nombre des emplois-jeunes ? Il serait hasardeux de se prononcer, car, d'une part, un nombre difficile à évaluer de sorties du dispositif des emplois jeunes donnera lieu à des embauches, d'autre part, une proportion non moins difficile à déterminer de contrats-jeunes sera le résultat d'un effet d'aubaine. Pour ces contrats, le risque existe également d'un effet de substitution, ou bien au détriment des plus âgés, ou bien au détriment des plus diplômés, qui sont justement particulièrement touchés par la hausse récente du chômage. Par ailleurs, les publics visés ne se recoupent pas intégralement : ils sont plus jeunes et moins diplômés pour le contrat-jeune.
Il convient cependant, pour juger de l'opportunité de ce « transfert » progressif, de se placer dans une logique macro-économique, et de considérer que l'objectif est bien, à terme, de baisser le montant des charges et des impôts qui pèsent sur les forces productives et donc sur l'emploi, grâce à la diminution de la dépense publique dont les emplois jeunes, financés à 80 % par le budget du travail, participent indubitablement.
Par ailleurs, le Gouvernement réfléchit à la mise en place d'un « contrat d'insertion dans la vie sociale » (CIVIS) dont l'objet serait d'aider les jeunes à réaliser un projet dans le domaine social, notamment auprès d'associations. Ce dispositif ne serait pas ouvert aux administrations.