2. Les principaux défis politiques du pays
a) Un pays dépendant du bon vouloir du FMI et de la Banque mondiale
Depuis les élections de 1997, l'immobilisme des autorités en matière de réformes s'est traduit par la persistance de la pauvreté liée à l'action du FMI, la recrudescence de l'insécurité, et le développement de la corruption. Soutenant la politique incohérente du Fonds monétaire international, heureusement tempérée par la Banque mondiale, les bailleurs de fonds cherchent à se présenter comme les principaux leviers du changement sur ces différents fronts. Ils soumettent le franchissement des étapes de l'ajustement (approbation du « point de décision » pour l'éligibilité du Cameroun à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés, le 10 octobre 2000, prochaine signature d'une FRPC 1 ( * ) ) à la réalisation de conditions nombreuses.
Après la dévaluation du franc CFA en janvier 1994 et la signature d'un accord de Facilité d'ajustement structurel renforcé avec le Fonds monétaire international en 1997, le Cameroun s'est convenablement acquitté de son ajustement macro-économique mais au prix de coupes budgétaires dans les secteurs sociaux et d'une dévalorisation de la fonction publique, résultats classiques des interventions du FMI. Loin de régresser, les inégalités se sont accentuées. Le pays a adopté une stratégie de lutte contre la pauvreté et un plan de renforcement des secteurs de la santé et de l'éducation. Un rattrapage symbolique des salaires de la fonction publique a été mis en oeuvre au cours de l'été 2000.
b) Un taux de criminalité élevé
Malgré l'absence de statistiques unifiées et fiables, la criminalité a progressé tant en province qu'au sein des villes, sous la forme d'agressions parfois violentes. En janvier 2000, l'assassinat d'un ressortissant français, résidant à Douala, a conduit la France à demander aux autorités un renforcement de leur dispositif de sécurité. Cette préoccupation s'est étendue ensuite au reste de la communauté internationale suite notamment aux agressions en février 2000 contre l'ambassadeur des Etats-Unis et le chargé d'affaires des Pays-Bas.
Les autorités ont créé un commandement opérationnel unifié à Douala, et renforcé les moyens des forces de sécurité à Yaoundé. Les membres du gouvernement en charge de la sécurité ont été remplacés lors du remaniement ministériel du 18 mars 2000. Les statistiques indiquent que la criminalité a été stabilisée dans les grandes villes mais s'est déplacée dans les centres secondaires. Ainsi, une religieuse française a été agressée et est morte d'une crise cardiaque en août 2000 dans une petite ville à 100 km de Yaoundé.
Par ailleurs, les forces de l'ordre, notamment le Commandement opérationnel de Douala, semblent avoir commis des entorses aux droits de l'homme. La communauté internationale s'en est inquiétée (lettre de l'ambassadeur des Etats-Unis au Président Paul Biya avançant le chiffre de 80 exécutions sommaires, démarches discrètes des ambassadeurs de l'Union Européenne). L'image du pays en matière d'Etat de droit s'est quelque peu améliorée en raison des mesures récemment prises par les autorités : nomination d'un nouveau ministre de la justice en mars 2000, création d'un observatoire de lutte contre la corruption en mai, installation à Yaoundé d'un centre régional des Droits de l'homme en juin. Membre de la Commission des droits de l'homme des Nations-Unies, le Cameroun y a présenté en mai 2000 un rapport qui n'a pas donné lieu à des observations particulières.
* 1 Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance.