Rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie
VASSELLE (Alain)
RAPPORT 222 (2001-2002) - Commission mixte paritaire
Rapport au format Acrobat ( 26 Ko )
N° 3590
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N° 222
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE sur la proposition de loi portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie ,
PAR M.
CLAUDE ÉVIN,
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PAR M.
ALAIN VASSELLE,
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(
1)
Cette commission est composée de
:
M. Nicolas
About,
sénateur, président ; M. Jean Le Garrec,
député, vice-président ; M. Alain Vasselle,
sénateur, M. Claude Évin, député, rapporteurs.
Membres titulaires :
MM
.
Jean Chérioux, Jean-Louis
Lorrain, Marcel Lesbros, Bernard Cazeau, Mme Michelle Demessine,
sénateurs ; MM. Philippe Nauche, Pierre Morange, Jean-Pierre
Foucher, Mme Jacqueline Fraysse, M. Jean-Pierre Michel,
députés.
Membres suppléants : M. Paul Blanc, Mme Annick Bocandé, MM.
Gérard Dériot, Claude Domeizel, Jean-René Lecerf, Georges
Mouly, Roland Muzeau, sénateurs ; Mme Catherine Génisson,
MM. Serge Blisko, Alfred Recours, Bernard Accoyer, Mme Roselyne
Bachelot-Narquin, MM. Jean-Luc Préel, Gilbert Gantier,
députés.
Voir les
numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) : Première lecture :
3520,
3524
et
T.A.
758
Deuxième lecture :
3585
Sénat :
171
et T.A.
56
(2001-2002)
Sécurité sociale. |
Mesdames, Messieurs,
Conformément au deuxième alinéa de l'article 45 de la
Constitution et à la demande de M. le Premier ministre, une commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions
restant en discussion de la proposition de loi portant rénovation des
rapports conventionnels entre les professions de santé libérales
et les organismes d'assurance maladie s'est réunie le mardi 12
février 2002 au Sénat.
La commission a d'abord procédé à la désignation de
son bureau qui a été ainsi constitué :
- M. Nicolas About, sénateur, président ;
- M. Jean Le Garrec, député,
vice-président ;
- M. Alain Vasselle, sénateur, rapporteur pour le
Sénat ;
- M. Claude Evin, député, rapporteur pour
l'Assemblée nationale.
*
* *
La
commission mixte paritaire a ensuite procédé à l'examen du
texte.
M. Nicolas About, président,
a rappelé le succès de
la commission mixte paritaire réunie le jeudi 7 février sur le
projet de loi relatif aux droits des malades. Il a souligné que la
position exprimée par le Sénat en première lecture sur la
présente proposition de loi laissait difficilement augurer un nouveau
succès sur ce texte.
M. Jean Le Garrec, vice-président
, a estimé que la
commission mixte paritaire du jeudi 7 février avait été
très positive sur ce texte important et très attendu que
constitue le projet de loi relatif aux droits des malades. Il a mis
particulièrement l'accent sur les apports du titre III de ce texte,
consacré à l'indemnisation de l'aléa thérapeutique,
qui répond aux préoccupations des professionnels de santé,
notamment ceux en charge du diagnostic anténatal.
Il s'est dit sceptique sur les chances d'un accord sur la présente
proposition de loi.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat
, a rappelé que
le 7 février, le Sénat avait rejeté, par l'adoption
d'une question préalable, la proposition de loi portant
rénovation des rapports conventionnels entre les professions de
santé libérales et les organismes d'assurance maladie. Ce texte,
adopté par l'Assemblée nationale le 10 janvier, est la reprise
presque à l'identique de l'article 18 de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002, annulé par le Conseil
constitutionnel le 18 décembre 2001.
C'est dire que le Sénat est pour beaucoup dans le dépôt et
l'examen de cette proposition de loi puisque le Conseil constitutionnel, pour
annuler cette disposition, s'est appuyé sur l'argumentation des
sénateurs auteurs de la saisine. Ceux-ci avaient en effet estimé
que l'article 18 avait été adopté à l'issue d'une
procédure irrégulière, qui n'avait tendu qu'à
contourner la jurisprudence du Conseil constitutionnel relative à
l'introduction de dispositions nouvelles après la réunion de la
commission mixte paritaire.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat
, a constaté
que deux jours à peine après la décision du Conseil
constitutionnel, MM. Jean Le Garrec, Jean-Marc Ayrault et Claude
Evin avaient déposé la présente proposition de loi, de
sorte que ni sous la forme d'amendement, ni sous la forme de proposition de
loi, le texte présenté n'a été
délibéré en Conseil des ministres et soumis à
l'examen du Conseil d'Etat.
De même, l'annulation de l'article 18 du projet de loi de financement de
la sécurité sociale aurait pu donner au Gouvernement le temps
nécessaire de procéder à une véritable concertation
avec les professionnels de santé. Il n'en a rien été. Il
s'agit à l'évidence, pour le Gouvernement, de passer en force au
mépris de toute concertation.
Outre qu'il révèle une méthode détestable, le
dispositif proposé présente des faiblesses flagrantes. S'il
retient bien l'idée d'une architecture conventionnelle à trois
niveaux, il ne tranche cependant ni la question du mode de régulation
des dépenses ni celle des responsabilités respectives de l'Etat
et de l'assurance maladie dans cette régulation.
Ainsi, et c'est le principal reproche que l'on puisse formuler à son
égard, il laisse subsister, pour les professions non signataires d'une
convention, le mécanisme pervers des lettres-clés flottantes,
institué par le Gouvernement dans la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000 et auquel le Sénat s'est
déjà opposé à de nombreuses reprises.
En outre, la réforme proposée ne résout pas le
problème récurrent des relations entre l'Etat et l'assurance
maladie.
L'Etat conserve en effet la haute main sur le dispositif : c'est le
Gouvernement qui devra approuver les conventions ; c'est encore lui qui
pourra, dans certains cas, refuser les éventuelles revalorisations de
tarifs proposés par les caisses, c'est-à-dire les partenaires
sociaux ; c'est toujours lui qui, en l'absence de convention,
définira la règle du jeu et les sanctions collectives.
Dans un avis adopté à l'unanimité le 20 novembre
2001, le conseil d'administration de la CNAMTS a d'ailleurs fait part des
fortes réserves que lui inspirait ce texte. Ces réserves
constituent autant de critiques sévères de la politique
menée depuis cinq ans par le Gouvernement.
Enfin, le dispositif proposé ne modifie en rien le fait que la fixation
annuelle de l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM)
ne repose sur aucune priorité sanitaire clairement affichée et ne
se fonde sur aucune véritable évaluation des besoins en
matière de soins.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat
, s'est alors
interrogé sur la signification que pouvait revêtir un texte qui
semblait ne pas recueillir l'adhésion des acteurs concernés et
qui, s'il était adopté, serait vraisemblablement le dernier de la
législature. A l'évidence, cette réforme n'a pas vocation
à être effectivement mise en oeuvre.
Le monde de la santé est aujourd'hui dans un état de profond
désarroi : les grèves et mouvements revendicatifs se
multiplient et touchent à la fois les soins de ville et les
établissements de santé.
Notre système de santé est menacé par la persistance de
lourds déficits de l'assurance maladie. Celle-ci, qui constitue la
branche déficitaire par excellence, se voit néanmoins
ponctionnée à un double titre pour assurer le financement des
« trente-cinq heures » : d'une part, pour contribuer
au financement du Fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales de sécurité sociale (FOREC), d'autre part, pour
assumer la charge des emplois créés au titre de la
réduction du temps de travail dans les hôpitaux.
Cette politique creusant les déficits de la branche maladie et
alourdissant son endettement demeure incompréhensible et rend illusoire
toute action tendant à demander un quelconque effort de maîtrise
des équilibres aux différents acteurs de notre système de
santé, gestionnaires des caisses, établissements et
professionnels de santé ou assurés sociaux.
Le bilan de cette législature apparaît en définitive
désastreux : le monde de la santé est en ébullition
permanente ; privée de pilote, l'assurance maladie est devenue
parallèlement une sorte de bateau ivre, livré à
lui-même.
Dans ce contexte, la proposition de loi apparaît donc en complet
décalage avec les attentes des professionnels de santé et avec
les défis auxquels notre système de santé est
confronté. Elle ne peut contribuer en rien à dissiper les
inquiétudes légitimes qui se font jour chez les professionnels et
chez les patients eux-mêmes.
Elle n'a au fond pour objet que de répondre au souhait du Gouvernement
de pouvoir « afficher » une réforme des relations
conventionnelles dont il sait pertinemment qu'elle ne sera pas appliquée
avant les prochaines échéances électorales.
A l'évidence, cette proposition de loi relève de la gesticulation
politique et vise avant tout à masquer les échecs et
l'impuissance du Gouvernement en matière d'assurance maladie et de
politique de la santé.
En annulant l'article 18 du PLFSS, qui était censé être
« la » réponse apportée par le Gouvernement
à l'inquiétude des professionnels de santé, le Conseil
constitutionnel avait sanctionné une gesticulation introduite en
dernière lecture de la dernière loi de financement de la
sécurité sociale de la législature.
En rejetant solennellement ce texte par l'adoption d'une motion opposant la
question préalable, le Sénat a entendu sanctionner à son
tour cette nouvelle gesticulation dans ce qui sera peut-être la
dernière loi promulguée de la législature.
Après avoir
précisé
que le Conseil
Constitutionnel avait annulé
pour des raisons de procédure
l'article 18 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2002,
M. Claude Evin, rapporteur pour l'Assemblée
nationale
, a fait valoir que le Sénat lui-même avait
adopté un amendement à ce projet de loi supprimant le
mécanisme improprement appelé des « lettres-clés
flottantes », qui consiste en réalité en un ajustement
automatique des tarifs en fonction de l'activité. Le Gouvernement
n'était dès lors pas infondé à introduire par voie
d'amendement un dispositif traitant du même sujet.
Il a rappelé que les deux rencontres dites « Grenelle de la
santé » -auxquelles la commission des Affaires sociales du
Sénat n'avait d'ailleurs pas souhaité être
représentée- et la concertation qui en résultait avaient
abouti à cette proposition de nouvelle architecture conventionnelle. Le
dispositif proposé par le Gouvernement institue une régulation
dans le cadre des conventions et maintient l'ajustement automatique des tarifs
en cas d'absence de convention. Le choix du Gouvernement a été
ainsi de faire confiance au système conventionnel.
M Claude Evin,
rapporteur pour l'Assemblée nationale
,
a considéré qu'il faudrait à l'avenir revoir les relations
entre l'Etat et les caisses de sécurité sociale mais que ce
n'était pas l'objet de la présente proposition de loi. Il ne faut
pas confondre les discussions entre la CNAMTS et les syndicats de
médecins au sujet des tarifs et les négociations en cours entre
le Gouvernement et ces syndicats au sujet de l'application des dispositions
figurant dans la loi de financement de la sécurité sociale pour
2002. Le mécanisme conventionnel prévu par la proposition de loi
est très attendu et répond aux souhaits exprimés par les
caisses de sécurité sociale et les professionnels de
santé. Le conseil d'administration de la CNAMTS a d'ailleurs
donné son accord à ce dispositif.
Si cette proposition de loi n'était pas adoptée, on resterait
dans le cadre du mécanisme aujourd'hui en vigueur prévoyant, par
le biais des trois rapports annuels de la CNAMTS, un ajustement automatique des
tarifs. La convention nationale liant la CNAMTS aux professionnels de
santé arrivera à échéance à l'automne
prochain et le vote de cette proposition de loi s'impose donc.
Evoquant les « Grenelle de la santé »,
M. Nicolas
About, président
, a estimé que ce n'était pas lors des
« grandes messes » que l'on définissait
« la liturgie et le droit canon ». Il a rappelé que
la commission des Affaires sociales du Sénat avait fait part à la
ministre de son souhait de participer au « groupe de
contact » mis en place à l'occasion de la mission de
réflexion sur les soins de ville. Ce groupe de contact ne s'est
malheureusement jamais réuni.
M. Bernard Cazeau, sénateur,
a fait part de son opposition aux
conclusions du rapporteur pour le Sénat. Il a jugé qu'il
convenait de réaffirmer la nécessité d'une
contractualisation entre les professionnels de santé et la CNAMTS,
chargée de distribuer l'argent collecté à partir des
contributions des Français. C'est le système de conventionnement
qui a permis le développement de la médecine française et
de notre système de soins. Le système à trois
étages proposé par le Gouvernement est intéressant et
permet une meilleure coordination entre les différentes professions de
santé. Pour sa part, la majorité sénatoriale ne semble pas
souhaiter revenir sur le système des « lettres-clés
flottantes ».
M. Pierre Morange, député,
a jugé pertinent et
exhaustif le rapport de M. Alain Vasselle, qu'il a approuvé. Il a
souligné que l'argumentation de M. Claude Evin, selon laquelle le
rejet de la proposition de loi aboutirait à maintenir les
« lettres-clés flottantes », ne faisait que
souligner encore davantage l'imperfection du système actuel, dont le
Gouvernement avait la paternité.
M. Jean Chérioux, sénateur,
a estimé que la
réussite de cette commission mixte paritaire était une mission
impossible, le Sénat ayant supprimé le texte adopté par
l'Assemblée nationale.
M. Jean Le Garrec, vice-président
, a jugé le rapport de M.
Alain Vasselle clair mais excessif et caricatural par bien des aspects. Il a
rappelé que le Conseil constitutionnel s'était prononcé
sur la forme et non sur le fond et qu'il avait lui-même signalé au
Gouvernement les risque que comportait le dépôt tardif d'un
amendement.
Lorsque l'on écoute, à l'occasion des « Grenelle de la
santé », 47 « oraisons » successives,
pendant plus de quatre heures, on mesure bien le formidable éclatement
des professions de santé et la nécessité de
réformer le système conventionnel. Après le premier
« Grenelle de la santé », le Gouvernement a
confié à un Comité des sages, présidé par le
professeur Bernard Glorion, la mission de formuler des propositions, lesquelles
ont notamment débouché sur la présente proposition de loi.
Soulignant que le rejet de ce texte conduirait au maintien du système
actuel,
M. Jean Le Garrec, vice-président,
a estimé que
l'architecture conventionnelle aujourd'hui en vigueur ne pouvait plus
fonctionner, sauf à remettre en cause le principe du paritarisme. La
proposition de loi ne règle pas tous les problèmes mais constitue
une avancée utile.
La commission mixte paritaire est ensuite passée à l'examen de
l'article premier.
Elle s'est prononcée sur l'article premier dans le texte de
l'Assemblée nationale et l'a rejeté par quatre voix contre quatre.
Elle s'est ensuite prononcée sur la suppression de l'article et l'a
rejeté par quatre voix contre quatre.
M. Nicolas About, président
, a alors constaté que la
commission mixte paritaire n'était pas en mesure d'adopter un texte
commun sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi
portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de
santé libérales et les organismes d'assurance maladie.