Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 41 : Prestations sociales agricoles
BOURDIN (Joel), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 41 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 110 Ko )Table des matières
-
CHAPITRE PREMIER :
LE PROJET DE BAPSA POUR 2002-
I. LES RECETTES
- A. STABILITÉ DES CONTRIBUTIONS PROFESSIONNELLES
- B. LES RECETTES DES TAXES EN AUGMENTATION SENSIBLE ( + 9,5 %)
- C. DES TRANSFERTS DE COMPENSATION DÉMOGRAPHIQUE IMPORTANTS (+ 10,6 %)
- D. LE VERSEMENT CROISSANT AU TITRE DE LA CONTRIBUTION SOCIALE DE SOLIDARITÉ DES SOCIÉTÉS (C3S)
- E. LES VERSEMENTS DES FONDS DE SOLIDARITÉ VIEILLESSE (FSV) ET INVALIDITÉ (FSI) ( - 28,75 %)
- F. LA SUBVENTION DU BUDGET DE L'ETAT EN CHUTE LIBRE (- 67 %)
-
II. LES DÉPENSES
- A. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE VIEILLESSE : PREMIER POSTE DE DÉPENSES
- B. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE MALADIE, MATERNITÉ ET INVALIDITÉ EN PROGRESSION
- C. LES PRESTATIONS FAMILIALES
- D. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE VEUVAGE
- E. RESTITUTION DE TAXES, ÉTALEMENT ET PRISE EN CHARGE DES COTISATIONS SOCIALES DES AGRICULTEURS EN DIFFICULTÉ
- F. LES FRAIS FINANCIERS
-
I. LES RECETTES
-
CHAPITRE II :
LE BUDGET ANNEXE DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES MÉRITE-T-IL TOUJOURS D'EXISTER ?- I. LE BAPSA EN CONSTANT DÉFCIT D'EXÉCUTION DEPUIS 1997
- II. LE BAPSA ET LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE NE SONT TOUJOURS PAS COORDONNÉS
-
III. DES RÉFORMES CONTESTÉES OU QUI SE FONT
ATTENDRE
- A. RÉFORME DE LA COUVERTURE DU RISQUE ACCIDENTS DU TRAVAIL : UNE OCCASION MANQUÉE
- B. QUID DU RÉGIME DE RETRAITE COMPLÉMENTAIRE OBLIGATOIRE ?
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 41
PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
Rapporteur spécial
: M. Joël BOURDIN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
CHAPITRE PREMIER :
LE PROJET DE BAPSA POUR 2002
Sont
inscrites au budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA)
1(
*
)
les recettes et les dépenses de prestations
légales correspondant aux risques maladie, maternité et
invalidité, aux prestations familiales et à l'assurance
vieillesse (y compris les prestations prises en charge par le fonds de
solidarité vieillesse) des
personnes non salariées des
professions agricoles
.
Ce budget, dont la gestion administrative est confiée au ministre de
l'agriculture et de la pêche, est voté chaque année par le
Parlement selon la même procédure que le budget de l'Etat, en
dépit de la discussion par le Parlement de la loi de financement de la
sécurité sociale.
En 2002, le BAPSA s'élèvera, hors restitution TVA
2(
*
)
, à 14,259 milliards d'euros
(93,53 milliards de francs),
en augmentation de 3,3 % par
rapport à 2001. En incluant les restitutions de TVA, il
s'élève à 15,37 milliards d'euros (+ 4,7 % par
rapport à 2001).
I. LES RECETTES
Les
recettes du BAPSA sont d'origine très diverses. Le financement du BAPSA
se caractérise en particulier par l'importance de ses ressources
externes (environ 80 %) et, notamment, par une subvention
d'équilibre inscrite au budget général de l'Etat.
Pour 2002, les principales caractéristiques des recettes du BAPSA sont
les suivantes :
-
une quasi stabilité du montant des contributions
professionnelles
;
-
une forte progression du montant des taxes affectées (+
9,5 %)
-
une augmentation du montant des transferts de compensation
démographique (+ 10,6 %) ;
-
un très net recul de la participation de l'Etat au titre de la
subvention budgétaire d'équilibre (- 67 %) et
parallèlement une augmentation très sensible du versement de
contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) au
profit du BAPSA (+ 86,4 %).
A. STABILITÉ DES CONTRIBUTIONS PROFESSIONNELLES
Depuis
1996, il ne subsiste plus aucune taxe sur les produits agricoles : les
contributions professionnelles se limitent donc aujourd'hui aux cotisations des
agriculteurs et à la compensation de la perte de cotisations
résultant du transfert de contribution sociale
généralisée (CSG).
Les cotisations professionnelles
proprement dites sont, depuis le
1
er
janvier 1996, calculées intégralement sur les
revenus professionnels ; elles évoluent donc tendanciellement comme
les revenus. Elles s'établissent pour 2002 à
1,7 milliard
d'euros, en diminution de 5,6 %
par rapport à 2001
(1,8 milliards d'euros).
Aux cotisations professionnelles proprement dites, s'ajoute le
versement de
CSG et de droits sur les alcools
, effectué en compensation de la
perte de cotisations résultant des transferts instaurés par les
lois de financement de la sécurité sociale pour 1997 et 1998
(article L. 139-2 du code de la sécurité sociale), qui
s'élève pour 2002 respectivement à 808 millions
d'euros et 18,7 millions d'euros, soit un total de près de 827
millions d'euros, en augmentation de 14,2 % par rapport à 2001.
Le produit de l'ensemble de ces
contributions professionnelles
est
évalué pour 2002
à 2,55 milliards d'euros
(16,7 milliards de francs), un montant stable par rapport à celui
évalué pour 2001.
Elles ne représentent que
18 % du financement du BAPSA
(hors
restitution de TVA) : le déséquilibre démographique
et le niveau des revenus agricoles ne permettent pas d'assurer
l'équilibre du régime par les seules cotisations sociales. La
faiblesse du niveau moyen des revenus en agriculture implique en effet
qu'à taux de prélèvement identique, le rendement des
cotisations est inférieur à celui des autres catégories
socio-professionnelles.
Ce budget annexe est donc financé à 80 % par des ressources
externes : apports de l'Etat, des autres régimes de
sécurité sociale, taxes affectées.
B. LES RECETTES DES TAXES EN AUGMENTATION SENSIBLE ( + 9,5 %)
Le BAPSA
bénéficie du produit de taxes qui lui sont affectées. En
particulier, il reçoit une
fraction du produit de la TVA
(cotisation de 0,70 % incluse dans chacun des taux de TVA). Il est
également destinataire du produit de taxes diverses comme la
taxe sur
les farines, sur les tabacs, sur les corps
gras alimentaires
. Les
cotisations incluses sur les polices d'assurance automobile ne sont plus
affectées au BAPSA depuis la loi de finances pour 2001.
Les recettes issues de ces taxes sont évaluées à
5,8 milliards d'euros en 2002 (38 milliards de francs), en augmentation de
9,5 % par rapport aux évaluations pour 2001.
Le
montant net de la fraction de TVA
affectée au BAPSA
s'élève pour 2002 à 4,45 milliards d'euros
(29,2 milliards de francs), le montant de la restitution de TVA
étant évalué dans le présent projet de budget pour
2002 à 1,108 milliard d'euros. Le produit de la cotisation incluse
sur la TVA est quant à lui estimé à 5,56 milliards
d'euros en 2002 ce qui représente 95 % du montant total des taxes
affectées au BAPSA en 2002.
C. DES TRANSFERTS DE COMPENSATION DÉMOGRAPHIQUE IMPORTANTS (+ 10,6 %)
La
compensation démographique a été créée par
loi de finances pour 1994 avec pour objet, en mettant en oeuvre une
péréquation entre les régimes obligatoires de protection
sociale, de réduire les inégalités provenant du
déséquilibre démographique entre les différents
régimes.
Les transferts de compensation démographique au profit du BAPSA
consistent dans des versements au titre de la compensation des charges entre
les différents régimes de base de sécurité sociale
obligatoires et sont fournis par les autres régimes obligatoires de
sécurité sociale et principalement le régime
général. Ils sont destinés à corriger les effets
d'une démographie défavorable. Leur montant est estimé
à 5,736 milliards d'euros (37,6 milliards de francs) pour 2002, en
augmentation sensible de 10,6 % par rapport aux prévisions pour
2001.
Cette compensation démographique, au titre des régimes
d'assurance maladie et, surtout, vieillesse, constitue la première
ressource du BAPSA, dont elle représente plus du tiers des
dépenses et près de 40 % des recettes nettes hors subvention
budgétaire. Cette ressource avait subi en 2001 une diminution
marquée de 1,3 milliard de francs (200 millions d'euros) par
rapport à 2000. cette diminution a constitué une rupture avec le
mouvement tendanciel de hausse des versements de compensation constatés
depuis 1994, cette augmentation régulière traduisant le
déséquilibre démographique croissant du régime. La
diminution en 2001 résultait d'une régularisation massive au
titre de l'année 1999, pour un montant à rembourser par le BAPSA
de 1,025 milliard de francs (160 millions d'euros), très
supérieur aux régularisations des exercices passés.
A ce versement s'ajoute, au titre du financement du BAPSA par les autres
régimes, une contribution de la Caisse nationale des allocations
familiales (CNAF) qui correspond au remboursement de la partie des prestations
familiales versées par le régime des exploitants agricoles non
couvertes par les cotisations familiales perçues par le régime.
Celle-ci s'élève pour 2002 à près de
243 millions d'euros (1,6 milliard de francs), en augmentation de
5,3 % par rapport à 2001.
Poids
des cotisants / bénéficiaires en assurance maladie et en
assurance vieillesse
Source : Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie
Régime général |
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Assurance maladie |
|
|
|
|
|
|
|
|
- Cotisants |
17.312.355 |
17.871.635 |
17.822.682 |
17.966.682 |
18.332.892 |
18.559.030 |
18.961.612 |
19.319.413 |
- Bénéficiaires |
43.860.415 |
45.891.965 |
46.192.040 |
46.458.066 |
46.845.612 |
46.782.230 |
47.117.580 |
47.449.100 |
- Rapport |
0,395 |
0,389 |
0,386 |
0,387 |
0,391 |
0,397 |
0,402 |
0,407 |
Assurance vieillesse |
|
|
|
|
|
|
|
|
- Cotisants |
13.724.032 |
14.052.655 |
13.892.888 |
14.114.329 |
14.476.685 |
14.691.664 |
15.080.993 |
15.412.775 |
- Bénéficiaires |
5.038.471 |
6.118.532 |
6.362.721 |
6.594.865 |
6.824.393 |
7.041.719 |
7.041.719 |
7.435.055 |
- Rapport |
2,724 |
2,297 |
2,218 |
2,140 |
2,121 |
2,086 |
2,086 |
2,073 |
BAPSA |
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Assurance maladie |
|
|
|
|
|
|
|
|
- Cotisants |
888.489 |
649.250 |
610.730 |
593.340 |
577.457 |
563.396 |
549.993 |
537.278 |
- Bénéficiaires |
3.077.331 |
2.622.212 |
2.547.901 |
2.472.311 |
2.405.171 |
2.341.110 |
2.277.900 |
2.216.397 |
- Rapport |
0,269 |
0,240 |
0,240 |
0,240 |
0,240 |
0,241 |
0,241 |
0,242 |
Assurance vieillesse |
|
|
|
|
|
|
|
|
- Cotisants |
1.196.300 |
822.944 |
787.960 |
752.949 |
722.131 |
696.295 |
674.274 |
655.225 |
- Bénéficiaires |
1.641.126 |
1.716.521 |
1.727.031 |
1.729.957 |
1.738.459 |
1.736.894 |
1.731.684 |
1.722.506 |
- Rapport |
0,729 |
0,479 |
0,456 |
0,435 |
0,415 |
0,401 |
0,389 |
0,380 |
D. LE VERSEMENT CROISSANT AU TITRE DE LA CONTRIBUTION SOCIALE DE SOLIDARITÉ DES SOCIÉTÉS (C3S)
En 2002
le BAPSA devrait bénéficier d'un
versement de
520 millions d'euros (3,4 milliards de francs) au titre du
prélèvement sur le produit de la C3S.
Dans le projet de BAPSA pour 2001, le montant de la fraction du produit de la
C3S versée au BAPSA était de 1,35 milliard de francs
(210 millions d'euros). En exécution, le montant de ce
prélèvement s'élève en réalité pour
2001 à près de 279 millions d'euros (1,83 milliard de
francs), en augmentation de près de 33 % par rapport aux
prévisions pour 2001.
L'article 38 de la loi de finances pour 2001 a prévu la
pérennisation de l'affectation au BAPSA d'une partie des recettes de la
C3S. Le montant du produit de C3S affecté au BAPSA a été
fixé par l'article 18 du présent projet de loi de finances.
Votre rapporteur spécial reviendra dans ses principales observations sur
cette affectation d'une partie du produit de la C3S au BAPSA qu'il juge
injustifiée.
E. LES VERSEMENTS DES FONDS DE SOLIDARITÉ VIEILLESSE (FSV) ET INVALIDITÉ (FSI) ( - 28,75 %)
Le FSV
prend en charge les prestations dites non contributives versées par le
BAPSA aux non salariés agricoles retraités. Il s'agit
essentiellement des allocations supplémentaires et des majorations de
l'article L. 814-2 du code de la sécurité sociale destinés
à porter, sous certaines conditions, les pensions au niveau de
l'allocation aux vieux travailleurs salariés.
Les remboursements des FSV et FSI s'établissent pour 2002 à
168,45 millions d'euros (1,10 milliard de francs). Leur diminution se
poursuit cette année encore.
F. LA SUBVENTION DU BUDGET DE L'ETAT EN CHUTE LIBRE (- 67 %)
Le
budget général finance le BAPSA par deux voies :
- le remboursement de l'allocation aux adultes handicapés : en
2002, il s'élève à 55,8 millions d'euros (366
millions de francs), contre près de 61 millions d'euros
(400 millions de francs) en 2001, soit une baisse de 8,5 % ;
- une subvention d'équilibre calculée
ex ante
, et parfois
modifiée
ex post
, en fonction des réalisations de
dépenses et de recettes.
Pour 2002, le déficit prévisionnel du BAPSA a été
arrêté à la somme de 271 millions d'euros
(1,78 milliard de francs). La subvention d'équilibre pour 2002
s'élèvera donc à 271 millions d'euros en diminution
très sensible de 67 % par rapport à 2001, où elle
s'est élevée à près de 824 millions d'euros
(5,4 milliards de francs).
Le budget pour 2001 avait cependant rompu avec une période de baisse
sensible depuis 1998 et s'était caractérisé par une hausse
des deux tiers par rapport au budget pour 2000, pour compenser notamment la
diminution des transferts attendus au titre de la compensation
démographique.
Votre rapporteur spécial estime que la diminution drastique de la
subvention d'équilibre en 2002 résulte d'une sous-estimation
manifeste du déficit prévisionnel, avant subvention, du BAPSA.
En outre, votre rapporteur spécial ne peut s'empêcher de faire le
rapprochement entre cette baisse et l'augmentation très importante du
produit de C3S affecté au BAPSA en 2002 qu'il interprète comme un
moyen pour le gouvernement de se désengager de la participation à
l'équilibre du BAPSA.
Au total, le montant des concours publics affectés au BAPSA en 2002
(TVA nette + subvention d'équilibre + remboursement de l'AAH)
s'établit à près de 4,78 milliards d'euros
(31,36 milliards de francs), en baisse de près de 7 % par
rapport à 2001. Ces concours publics représentent 33,5 % du
financement du BAPSA en 2002.
Évolution de la subvention d'équilibre ex ante et ex post de l'État
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ecart 2002/2001 |
Subvention d'équilibre votée en LFI |
1.110 |
1.190 |
1.205 |
539 |
824 |
271 |
- 67 % |
Subvention versée compte tenu de modifications en LFR |
1.015 |
1.064 |
681 |
869 |
nc |
ns |
ns |
Résultat d'exécution prélevé sur le fonds de roulement |
80 |
6 |
134 |
80 |
nc |
- |
- |
II. LES DÉPENSES
Les
dépenses prévisionnelles s'établissent pour 2002 à
près de 15,4 milliards d'euros (101 milliards de francs).
Elles progressent de 685 millions d'euros (4,5 milliards de francs),
soit + 4,7 %, par rapport à la loi de finances initiale pour 2001.
Hors restitution de TVA, qui connaissent en 2002 une accélération
très sensible résultant de celle des ressources de TVA
elles-mêmes, cette augmentation se réduit à
452 millions d'euros (2,97 milliards de francs), soit + 3,3 %.
Les dépenses hors restitutions, plus représentatives de la
réalité des dépenses du BAPSA, s'élèveraient
ainsi à 14,25 milliards d'euros en 2002 (93,5 milliards
d'euros).
Le BAPSA comprend trois titres de dépenses :
- le Titre I comporte les frais financiers (intérêts payés
sur les emprunts de l'année) ;
- le Titre III a longtemps concerné l'ensemble des moyens des
services ; toutefois, depuis la loi de finances pour 1999, les
dépenses de personnel et de fonctionnement ont été
transférées au budget du ministère de l'agriculture et de
la pêche ; il ne reste donc plus dans ce titre qu'une ligne
budgétaire consacrée aux restitutions de droits indûment
perçus au titre de la TVA ;
- le Titre IV concerne les interventions publiques ; c'est de loin le
titre le plus important du BAPSA (99,7 % du budget total hors restitution de
TVA) puisqu'il regroupe l'ensemble des dépenses de
sécurité sociale du régime des non-salariés
agricoles.
Montants des crédits pour 2001 et 2002 par titre
(en millions d'euros)
|
Crédits votés 2001 |
Crédits estimés 2002 |
Evolution 01/02(%) |
Titre I - Dette |
35,06 |
45,73 |
+ 30,4 |
Titre III - Moyens des services |
864,54 |
1.108 |
+ 28 2 |
Personnel |
0 |
0 |
- |
Fonctionnement |
0 |
0 |
- |
Dépenses diverses
|
864,54
|
1.108
|
+ 28,2 |
Titre IV - Interventions publiques |
13.782 |
14.213 |
+ 28,2 |
Total (hors rest. de TVA) |
13.818 |
14.259 |
+ 3,2 |
Total (y.c. restitutions de TVA) |
14.682 |
15.367 |
+ 4,6 |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
A. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE VIEILLESSE : PREMIER POSTE DE DÉPENSES
En
assurance vieillesse, avec 1,731 million de bénéficiaires
d'un droit direct âgés de plus de 65 ans pour
695.500 actifs, le rapport démographique s'établissait en
1999, à 2,5 retraités pour 1 cotisant, alors que l'on
comptait 0,5 retraités pour 1 cotisant dans le régime
général. Sur la période 1990-1999, le rapport
démographique du régime des exploitants agricoles est
passé de 1 cotisant pour 1,4 retraités à 1 cotisant
pour 2,5 retraités. Ceci explique la prépondérance
des dépenses d'assurance vieillesse dans le BAPSA : plus de 55 %
des dépenses totales.
Les prestations d'assurance vieillesse s'établissent pour 2002 à
7,945 milliards d'euros (52,1 milliards de francs)
, en augmentation
de 186,1 millions d'euros par rapport à la loi de finances initiale
pour 2001, soit 2,4 %. Cette augmentation est cependant ramenée
à 115 millions d'euros (754,35 millions de francs), soit +
1,8 %, par rapport aux nouvelles prévisions de dépenses pour
2001 (7,83 milliards d'euros). Cette croissance est la résultante
du relèvement important des retraites contributives et d'une diminution
sensible des dépenses au titre du FSV.
1. Extension en année pleine
Le
chapitre 47-96 (prestations vieillesse versées aux non salariés
du régime agricole) voit ses crédits augmenter en 2002 notamment
de 36,015 millions d'euros (236,2 millions de francs) en raison de
l'application du décret n° 2000-1324 du 26 décembre
2000 portant revalorisation de divers avantages de vieillesse et
d'invalidité et de l'allocation supplémentaire mentionnée
aux articles L. 815-2 et L. 815-3 du code de la sécurité sociale
ainsi que de l'application de l'arrêté du 29 décembre
1999 relatif à la revalorisation de divers avantages de vieillesse,
d'invalidité et d'accidents du travail.
En outre, l'extension en année pleine des mesures de revalorisation des
retraites non salariées agricoles fixées par le décret
n° 2001-170 du 21 février 2001 entraîne
l'inscription en 2002 au chapitre 47-96 de 35,2 millions d'euros
supplémentaire (231 millions de francs). Chaque mesure nouvelle de
revalorisation ne porte en effet que sur trois premiers trimestre la
première année, les majorations ne s'appliquant pas aux pensions
versées, à terme échu, au premier trimestre.
2. Mesures d'ajustement
En 2002,
l'ajustement aux besoins par suite de l'évolution du nombre de
bénéficiaires entraîne la diminution des crédits
inscrits au chapitre 47-96 de 192,2 millions d'euros (1,26 milliard
de francs).
Parallèlement, l'ajustement aux besoins par suite de l'évolution
des dépenses et des effectifs suite à l'application des mesures
de revalorisation des petites retraites depuis 1995 entraîne une
augmentation des crédits du chapitre 47-96 de 1,54 million d'euros
(10 millions de francs).
3. Moyens nouveaux : revalorisation des petites retraites agricoles
Le
chapitre 47-96 voit sa dotation majorer de près de 90 millions
d'euros (590 millions de francs) en vue du relèvement des divers
avantages de vieillesse en 2002.
En outre, les mesures de revalorisation des petites retraites en 2002 devrait
entraîner des dépenses supplémentaires de l'ordre de
215,7 millions d'euros (1,4 milliard de francs), inscrites au
chapitre 47-96.
Les retraites agricoles sont en effet régulièrement
revalorisées
depuis 1994, dans le cadre notamment du plan
pluriannuel de revalorisation des faibles retraites (1997-2002) qui a pour
objectif de porter, en 2002, le minimum mensuel de pension pour une
carrière de 37,5 années au niveau du minimum vieillesse de
la première personne du ménage (environ 42.900 F en valeur
2000, soit 3.575 F mensuels) pour les chefs d'exploitation et les
personnes veuves et au niveau du minimum vieillesse du second membre du couple
(34.080 F en valeur 2000, soit 2.840 F mensuels) pour les conjoints
et aides familiaux.
Les mesures prises jusqu'à présent ont permis de porter ces
minima à :
- 3.500 F (de 2002) par mois pour les chefs d'exploitation ;
- 3.245 F par mois pour les personnes veuves ;
- 2.800 F par mois pour les conjoints et aides familiaux.
L'article 57 du présent projet de loi de finances prévoit la mise
en oeuvre de la cinquième et dernière étape du programme
de revalorisation des retraites modestes, au niveau du minimum vieillesse. Les
pensions des chefs d'exploitation seront en conséquence relevées
de 220 francs (33,54 euros) par mois contre 150 francs en 2001, celle des
veufs et veuves de 475 francs (72,41 euros) par mois et celles des
conjoints et aides familiaux de 155 francs (23,63 euros) par mois contre
respectivement 312 francs et 11 francs en 2001). Ainsi les minima
précités seront portés au niveau du minimum vieillesse
soit :
- 3.720 francs (567,1 euros) par mois pour les chefs d'exploitation et les
veufs et veuves ;
- 2.955 francs (450,49 euros) par mois pour les conjoints et aides familiaux.
875.000 personnes devraient être concernées par cette nouvelle
mesure en 2002 pour un coût attendu de 241 millions d'euros (1,6 milliard
de francs) en 2002 et de 327 millions d'euros (2,15 milliards de francs) en
année pleine à compter de 2003.
Comme en 2000, les majorations tiennent compte de la durée de
carrière. Des améliorations seront cependant apportées
quant aux modalités de revalorisation (actualisation des coefficients de
minoration pour les périodes d'aide familial, extension à 20 ans
de la période revalorisable, suppression des coefficients de minoration
au titre d'années manquantes de chef d'exploitation pour toutes les
mesures).
Le coût de ces mesures s'élève à 1,6 milliard de
francs en année pleine et à 1,2 milliard de francs pour le budget
2001 (trois trimestres de l'année, les retraites demeurant
versées trimestriellement à terme échu).
Par ailleurs, l'augmentation générale des retraites de 2,2 %
prévue au 1er janvier 2001 n'a été que partiellement
reprise puisque le projet de BAPSA ne prévoit qu'une hausse de
1,2 %.
Les
mesures de revalorisation pour 2002
Calculées sur la base d'une augmentation des pensions de 1,2 % en
2002
|
(en francs ) |
(en milliers) |
(en millions d'euros) |
||||||||
|
Pension initiale annuelle |
Pension finale annuelle |
Gain annuel |
Effectif bénéficiaire |
Coût brut en année pleine |
Coût brut en 2002 (avec décalage) |
Economie sur le FSV |
Coût net en 2002 |
|||
|
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
|||||
Chefs d'exploitation |
41.248 |
41.988 |
443.854 |
44.463 |
2.606 |
2,65 |
314 |
96,7 |
72,3 |
8,2 |
64,0 |
Aides familiaux |
33.278 |
33.602 |
334.816 |
35.443 |
1.538 |
1,84 |
83 |
8,1 |
5,9 |
0,8 |
5,2 |
Conjoints |
33.278 |
33.602 |
334.816 |
35.443 |
1.538 |
1,84 |
284 |
58,4 |
43,6 |
3,8 |
39,8 |
Veuves |
38.506 |
38.944 |
43.854 |
44.643 |
5.348 |
5,69 |
194 |
164,3 |
123,3 |
16,6 |
106,7 |
Total |
|
|
|
|
|
|
875 |
321,7 |
240,9 |
29,4 |
215,7 |
4. Dépenses au titre du FSV
Le cas
échéant, vient s'ajouter à la retraite de vieillesse
agricole, l'allocation supplémentaire du Fonds de solidarité
vieillesse. Cette allocation différentielle est versée sous
conditions de ressources et dans la limite d'un plafond.
Conséquence des différentes mesures de revalorisation des plus
faibles retraites, les montants versés au titre de l'allocation
supplémentaire du FSV sont passés, en métropole, de 912
millions d'euros (près de 6 milliards de francs) en 1990 à 356
millions d'euros (2,33 milliards de francs) en 1999, soit une baisse de 61 %.
Ces dépenses devraient s'établir à 140 millions d'euros
(918,3 millions de francs) en 2002, soit - 84,6 % par rapport à 1990. De
2001 à 2002, ces dépenses ont reculé de 35 %.
Dès lors, le coût net de la mesure de revalorisation des retraites
en 2002 s'élève à 215 millions d'euros (1,41 milliard de
francs).
5. Des dépenses sous-évaluées
Le relèvement des pensions retenu pour le projet de budget était initialement de 1,8 %. En réalité, l'article 17 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2002 le fixe à 2,2 %. Les dépenses supplémentaires devraient s'élever à 21 millions d'euros (138 millions de francs), au titre des retraites contributives, et de 1 million d'euros (6,56 millions de francs) au titre du FSV.
B. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE MALADIE, MATERNITÉ ET INVALIDITÉ EN PROGRESSION
Les
dépenses d'assurance maladie, maternité et invalidité, qui
constituent le deuxième poste de dépenses du BAPSA après
les prestations vieillesse devraient s'établir pour 2002 à 5,46
milliards d'euros (35,8 milliards de francs) en augmentation de 264,6
millions d'euros (1,73 milliard de francs) par rapport à 2001, soit +
5,1 %.
Le chapitre 46-01 voit ses crédits majorer de 264,6 millions d'euros en
2002 afin de tenir compte de l'augmentation du coût des prestations et de
la consommation médicale moyenne. Cette majoration se répartir
ainsi :
- à l'article 10 (personnes non salariées de l'agriculture -
métropole) : + 258,2 millions d'euros (1,69 milliard de
francs) ;
- à l'article 20 (personnes non salariées de l'agriculture -
départements d'outre mer ) : + 6,4 millions d'euros (42 millions de
francs).
En 1999, on recensait pour les prestations d'assurance maladies servies par le
BAPSA environ 2,344 millions de bénéficiaires pour
564.000 cotisants actifs, soit 4 bénéficiaires pour 1
cotisant alors que dans le régime général, on comptait 2,5
bénéficiaires pour 1 cotisant. Au déséquilibre
démographique s'ajoutent les effets du vieillissement, le remboursement
annuel moyen par personne protégée atteignait 2.159 euros dans le
régime des exploitants agricoles en 1999, alors qu'il
s'établissait à 1.540 euros dans le régime
général.
En outre, votre rapporteur spécial estime que les dépenses
d'assurance maladie sont manifestement sous-estimées dans ce projet de
BAPSA pour 2002. En effet, les réalisations révisées des
dépenses pour 2001 sont supérieures de 178 millions d'euros (1,16
milliard de francs), soit de + 3,4 %, aux prévisions. Dans ces
conditions, les prévisions pour 2002 ne dépasseraient les
dépenses réalisées en 2001 que de 86 millions d'euros
(564 millions d'euros) correspondant à une croissance modeste de
1,5 %. Ce niveau, qui ne dépasse même pas le taux d'inflation,
apparaît illusoire. Il faut donc s'attendre en 2002 à ce que les
dépenses d'assurance maladie dépassent une nouvelle fois les
prévisions.
C. LES PRESTATIONS FAMILIALES
Les dépenses de prestations familiales sont évaluées à 590,1 millions d'euros (3,87 milliards de francs) en 2002. Elles constituent, loin derrière les prestations vieillesse et maladie, le troisième poste des prestations.
1. Extension en année pleine
Le chapitre 46-92 (prestations familiales versées aux non salariés du régime agricole) voit ses crédits majorer de 696.692 euros (4,57 millions de francs) en raison, d'une part, de l'application du décret n° 2000-1324 précité (+ 105.190 euros), d'autre part, de la modification de la base mensuelle de calcul des prestations familiales à compter du 1 er janvier 2001 (+591.502 euros).
2. Mesures d'ajustement
Les crédits du chapitre 46-92 sont minorés en 2002 de 18,18 millions d'euros (119 millions de francs) en raison de l'ajustement au nombre de bénéficiaires.
3. Moyens nouveaux
La
dotation du chapitre 46-92 est majorée de 969.576 euros
(6,36 millions de francs) en vue du relèvement de divers avantages
versés en 2002.
En outre, le relèvement de la base mensuelles des allocations familiales
en 2002 entraîne une augmentation des crédits inscrits au
même chapitre de 7,36 millions d'euros (50 millions de francs).
Enfin, la mise en oeuvre des mesures décidées lors de la
conférence de la famille de juin 2001 entraîne l'inscription de
moyens nouveaux sur le chapitre 46-92 à hauteur de 3,5 millions d'euros
(près de 23 millions de francs), dont 1,5 million d'euros au titre des
mesures « logement » et 2 millions d'euros au titre du
congé de paternité.
Globalement, les prévisions de dépenses diminuent de 6 millions
d'euros (40 millions de francs) par rapport à la loi de finances
initiale pour 2001, soit - 1 %, et s'établissent à 590 millions
d'euros. Ces prévisions ne tiennent cependant compte que d'un
relèvement de 2,1 % de la BMAF (base mensuelle des allocations
familiales) et non de 2,2 % comme prévu par le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002.
D. LES PRESTATIONS D'ASSURANCE VEUVAGE
Ces prestations sont stables entre 2001 et 2002 et s'élèvent à 1,83 millions d'euros (12 millions de francs). A noter que la réforme de l'assurance veuvage de mars 1999 ne concerne que les salariés. Une réflexion est en cours sur l'opportunité d'une transposition de cette réforme au régime des non salariés agricoles. Seul le rétablissement de la condition d'affiliation au 1 er janvier de l'année du décès de l'assuré pour l'ouverture du droit à l'assurance veuvage s'applique dans l'immédiat au régime.
E. RESTITUTION DE TAXES, ÉTALEMENT ET PRISE EN CHARGE DES COTISATIONS SOCIALES DES AGRICULTEURS EN DIFFICULTÉ
1. Restitution de taxes
Il
s'agit de reversements et restitutions de droits indûment perçus
(chapitre 37-91), essentiellement des restitutions de TVA.
En 2002, le montant de ces restitutions devrait s'élever à 1,1
milliard d'euros (7,22 milliards de francs).
2. Étalement et prise en charge des cotisations sociales des agriculteurs en difficulté : des crédits sous-évalués au regard des besoins actuels
Ce
chapitre (46-05) permet de financer trois mesures :
- les échéanciers de paiement des cotisations d'exploitants en
difficultés accordés par les Caisses de Mutualité sociale
agricole (MSA) ;
- la prise en charge partielle d'arriérés de cotisations (pour
les agriculteurs dont la viabilité de l'exploitation est
compromise) ;
- le report de cotisations dans des cas exceptionnels comme la crise de la
vache folle.
Les crédits qui y figurent sont en diminution continue :
12,2 millions d'euros (80 millions de francs) en 2002 contre 25,9 millions
d'euros (170 millions de francs) votés en 2001.
Le montant inscrit en loi de finances initiale pour 2001 avait d'ailleurs
été majoré de 90 millions de francs au moment de la
discussion du budget, ouverts au profit exclusif des exploitants touchés
par la crise bovine, spécialisés à plus de 30 % sur ce
secteur, pour lesquels les crédits devraient permettre de reporter tout
ou partie des cotisations dues jusqu'en 2004.
Le montant prévu au titre de 2002 revient donc au niveau initialement
prévu par la loi de finances pour 2001. Il apparaît cependant plus
que probable que, dans un contexte de crise agricole persistante notamment dans
le secteur bovin, le niveau des crédits inscrits à ce chapitre
soit relevé au moment de la discussion budgétaire.
F. LES FRAIS FINANCIERS
Les
charges d'intérêts versés par le BAPSA sont inscrites sur
un chapitre évaluatif (11-91) et sont destinées à financer
le coût de l'emprunt que la caisse centrale de mutualité sociale
agricole (CCMSA) est autorisée à contracter pour le compte du
budget annexe afin de permettre aux caisses départementales de verses
les prestations aux dates prévues. En effet, les recettes du BAPSA ne
coïncidant pas toujours avec les dates des prestations à verser, le
recours à l'emprunt est indispensable.
Le montant inscrit à ce chapitre en loi de finances initiale est
régulièrement sous-évalué. En 2000, les montants
inscrits s'élevaient à 230 millions de francs (35,06
millions d'euros) pour une réalisation de 397 millions de francs
(60,52 millions d'euros), soit près du double. Pour 2001, la loi de
finances a reconduit le montant de 230 millions de francs qui devrait
également être dépassé pour s'établir
à 350 millions de francs (53,4 millions de francs).
Le projet de budget pour 2002 prévoit un montant de 45,7 millions
d'euros (300 millions de francs), sans doute lui aussi sous-estimé,
compte tenu des dépenses révisées pour 2001 et des
dépenses constatées en 2000. La prévision
budgétaire pour 2002 est sans doute sous-estimée de près
de 10 millions d'euros.
CHAPITRE II :
LE BUDGET ANNEXE DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
MÉRITE-T-IL TOUJOURS D'EXISTER ?
I. LE BAPSA EN CONSTANT DÉFCIT D'EXÉCUTION DEPUIS 1997
A. BILAN DE LA LÉGISLATURE
Tous les
exercices du BAPSA de 1997 à 2001 se sont soldés par un
déficit d'exécution mettant en évidence les
difficultés d'une réelle gestion budgétaire de ce budget
annexe. Les déficits d'exécution du BAPSA étaient à
l'origine financés par le fonds de roulement qui a été
ramené de plus de 2 milliards de francs en 1996 à 200
millions de francs (30,5 millions d'euros) environ à la fin de
l'année 2000. Dès lors, le plafond d'avances de trésorerie
consenti au régime agricole évolue à la hausse ce qui a
pour conséquence une augmentation exponentielle des charges d'emprunt.
Les déficits constatés chaque année depuis 1997 ont pour
origine une sous-estimation récurrente des dépenses
prévisionnelles du BAPSA et notamment des dépenses
d'assurance-maladie ainsi qu'une sur-estimation des recettes du BAPSA, au
premier rang desquelles les recettes de cotisations.
En 2000, le déficit d'exécution du BAPSA s'est
élevé à 523 millions de francs (79,7 millions d'euros).
B. LE DÉFICIT DU BAPSA EN 2001
En 2001, ce déficit d'exécution devrait s'élever à 192,6 millions d'euros (1,26 milliards de francs).
1. Les prévisions de réalisation des recettes
Par
rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 2001, les
réalisations de recette nettes de restitutions de TVA devraient
atteindre 13,84 milliards d'euros (90,8 milliards de francs), et
s'avérer supérieures d'environ 29 millions d'euros au
montant initialement prévu en loi de finances.
Cette différence résulte des mouvements suivants :
- les cotisations devraient être inférieures de 78 millions
d'euros (511,65 millions de francs) aux prévisions, soit
4,3 % ;
- les recettes de TVA nettes de restitutions devraient être
supérieures aux prévisions d'un montant analogue de l'ordre de
77,5 millions d'euros (510 millions de francs), soit un
supplément de 1,8 %.
Les recettes du BAPSA 2001
(en millions d'euros)
|
Loi de finances initiale 2001 |
Prévisions de réalisations au 10/09/2001 |
Ecart |
Ecart
|
Cotisations (1) |
1.827,2 |
1.749,3 |
- 77,9 |
- 4,3 |
CSG maladie |
705,4 |
710,3 |
4,9 |
+ 0,7 |
TVA
nette des restitutions
|
4.205,3
|
4.283,1
|
77,5
|
+ 1,8
|
Cotisations et CSG - DOM (3) |
1,982 |
1,982 |
0 |
---- |
Compensation démographique
|
5.184,2
|
5.196,6
|
12,2
|
+ 0,2
|
Remboursement de l'AAH
|
884,7
|
884,7
|
0
|
----
|
Recettes diverses (7) |
11,4 |
11,4 |
0 |
---- |
Total des recettes nettes des restitutions de TVA (7) = (1) + (2) + (3) + (4) + (6) |
13.817,9 |
13.846,8 |
28,8 |
+ 0,2 |
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche.
2. Les prévisions de réalisation des dépenses
Les
prévisions de dépenses révisées font
apparaître :
- un écart de 178 millions d'euros (1,2 milliard de francs) s'agissant
des dépenses d'assurance maladie qui auraient augmenté, en
réalisation, de 3,3 % globalement, et de 6 % pour les seuls
soins de ville. Ce dépassement considérable de près de
180 millions d'euros porte pour 80 % sur les soins de ville et pour
20 % sur la participation du régime au financement des
dépenses médico-sociales pour les personnes
âgées ;
- un écart élevé s'agissant des charges
d'intérêt (18 millions d'euros, soit 118 millions de francs) et
des dépenses d'assurance vieillesse (21 millions d'euros, soit 138
millions de francs).
Évolution des dépenses prévisionnelles en 2001
(en millions d'euros)
|
Loi de finances initiale 2001 |
Prévisions 2001 révisées au 28/08/2001 |
Ecart |
Ecart
|
Charges d'intérêts |
35,1 |
53,4 |
18,3 |
52,2 |
Prestations maladie, maternité, soins aux invalides |
5.198,5 |
5,376,4 |
177,9 |
3,4 |
Prestations invalidité |
64,8 |
64,9 |
0,1 |
0,1 |
Allocations de remplacement versées aux conjoints |
15,2 |
12,2 |
- 3,0 |
- 20,0 |
Prestations d'assurance veuvage |
1,8 |
1,8 |
0 |
---- |
Etalement et prise en charge des cotisations des agriculteurs en difficulté |
25,9 |
25,9 |
0 |
---- |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
7,6 |
7,6 |
0 |
---- |
Prestations familiales |
595,8 |
601,7 |
5,9 |
+ 1,0 |
Prestations vieillesse |
7.758,9 |
7.780,3 |
21,4 |
+ 0,7 |
Contribution aux assurances sociales des études et des praticiens et auxiliaires médicaux |
114,3 |
115,1 |
0,8 |
+ 0,7 |
Total |
13.817,9 |
14.039,4 |
221,4 |
+ 1,6 |
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche.
3. Un besoin de financement nécessaire de l'ordre de 200 millions d'euros
En
conséquence de ces écarts à la hausse des dépenses
(221 millions d'euros, soit 1,45 milliard de francs), compensés
très partiellement par les plus-values de recettes (29 millions d'euros,
soit 190 millions de francs), le déficit du BAPSA devrait
s'établir en 2001 à 192,6 millions d'euros (1,26 milliard de
francs).
Ce déficit sera financé, dans le cadre de la loi de finances
rectificative pour 2001, soit par un supplément de subvention
d'équilibre, soit par un complément d'affectation du produit de
la C3S, comme ce fut le cas à la fin de l'exercice 2000, dans ce dernier
cas le gouvernement devrait se pencher avec intérêt sur la
jurisprudence du Conseil constitutionnel en matière de modification des
recettes inscrite dans la loi de financement de la sécurité
sociale.
3(
*
)
4. La confirmation du déficit par le projet de loi de finances rectificative pour 2001
L'article 8 du projet de loi de finances rectificative pour
2001
prévoit l'affectation au BAPSA d'un montant supplémentaire de C3S
de 1,542 milliard de francs (235,08 millions d'euros). Le gouvernement
justifie cette affectation supplémentaire par l'existence d'un
déséquilibre du budget annexe des prestations sociales agricoles
de 1,542 milliard de francs, essentiellement dû à la progression
des dépenses d'assurance maladie-maternité et à des
moins-values de recettes de cotisations sociales, deux facteurs de
déséquilibre qui était pourtant prévisibles
dès l'élaboration du BAPSA pour 2001.
Il est donc proposé d'affecter au BAPSA un montant supplémentaire
de contribution sociale de solidarité à la charge des
sociétés de 1,542 milliard de francs, soit le montant total du
déficit d'exécution du BAPSA, prélevé sur le
disponible de ce produit après affectation à l'ORGANIC, à
la CANAM et à la CANCAVA.
Votre rapporteur spécial récuse ce recours croissant au produit
de la C3S pour financer le déficit d'exécution du BAPSA, recours
qui doit être mis en parallèle avec la très forte
diminution de la subvention d'équilibre du budget de l'État.
Votre rapporteur spécial, en accord avec la commission des finances,
estime que le produit de la C3S devrait être affecté aux seuls
régimes des non salariés non agricoles, ses excédents
revenant au Fonds de solidarité vieillesse ou Fonds de réserve
des retraites.
II. LE BAPSA ET LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE NE SONT TOUJOURS PAS COORDONNÉS
A. UN MANQUE DE COORDINATION ÉVIDENT ...
L'absence, cette année encore, de présentation
consolidée entre le projet de loi de finances et le projet de loi de
financement de la sécurité sociale
fait apparaître des
dissonances entre les mesures agricoles prévues dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002 et la
présentation du BAPSA.
Le régime social agricole pourrait être examiné par le
Parlement comme les autres régimes sociaux des non-salariés, dans
le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
La conclusion des arbitrages du PLFSS ultérieure à celle des
arbitrages relatifs au projet de loi de finances conduit, chaque année,
à des lacunes et des absences, voire des incohérences, en
dépenses comme en recettes dans le cadre du BAPSA.
Comme les années précédentes, on peut ainsi remarquer en
2002 un
mouvement de transferts entre le budget de l'Etat et la loi de
financement de la sécurité sociale.
Ainsi, l'article 18 du présent projet de loi de finances prévoit
l'affectation au BAPSA d'une partie du produit de la C3S (520 millions d'euros,
soit 3,4 milliards de francs) en 2002 au régime d'assurance vieillesse
des non salariés agricoles.
Cette affectation d'une partie du produit de la C3S au BAPSA est
traditionnelle, l'article 38 de la loi de finances pour 2001ayant
pérennisé et officialiser cette situation.
Cette affectation a cependant eu pour conséquence de faire du Fonds de
réserve pour les retraites le véritable perdant du
prélèvement envisagé : ainsi en 2000 le produit de la
C3S n'a que partiellement compensé le déséquilibre du FSV
prévu par le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2001 (un déficit de 1,08 milliard de francs en 2001
(160 millions d'euros), soit un ordre de grandeur comparable à
celui du prélèvement opéré au profit du BAPSA). Ce
sont autant de recettes dont n'a pas bénéficié plus la
première partie du FSV dont les excédents doivent pourtant
abonder le fonds de réserve pour les retraites.
En outre, votre rapporteur spécial tient à souligner que le
recours systématique et croissant à cette affectation de C3S au
BAPSA ne constitue qu'un moyen pour le gouvernement de réduire
drastiquement sa subvention d'équilibre budgétaire au BAPSA.
Ainsi, pour l'année 2002, la subvention d'équilibre du budget
général devrait s'établir à 271 millions d'euros,
contre 824 millions d'euros en 2001, soit une baisse significative de 67 %.
Enfin, il apparaît que cette ponction d'une partie du produit de la C3S
au profit du BAPSA, qui bénéficie déjà
d'impositions affectées et d'une subvention d'équilibre du budget
de l'Etat, revient à détourner des régimes des
commerçants et artisans (ORGANIC et CANCAVA) une partie des sommes qui
leur sont normalement dues au titre de la C3S.
De même, le projet de loi de finances ne tient aucunement compte des
conséquences financières des mesures adoptées en loi de
financement sur le BAPSA et qui ont pour résultat de dégrader le
solde de celui-ci par une hausse de ses dépenses. Or, le BAPSA est
légalement en équilibre, ce qui imposera des mesures
correctrices. Tel qu'il est présenté en loi de finances il ne
peut être considéré comme sincère.
L'article 17 du PLFSS pour 2002 prévoit une mesure de revalorisation de
2,2 % des pensions de retraite., alors que le relèvement des pensions
retenu pour le projet de BAPSA est de 1,8 %. Les dépenses
supplémentaires induites par cette revalorisation du PLFSS devraient
s'élever à 21 millions d'euros (138 millions de francs), au titre
des retraites contributives, et à 1 million d'euros (6,56 millions de
francs) au titre du FSV.
De même, les prévisions de dépenses des prestations
familiales ne tiennent compte, dans le BAPSA, que d'un relèvement de 2,1
% de la BMAF (base mensuelle des allocations familiales) et non de 2,2 % comme
prévu par le PLFSS pour 2002.
B. ... QUI PLAIDE POUR « L'INTÉGRATION » DU BAPSA DANS LE PLFSS
Votre
rapporteur spécial souhaite tout d'abord rappeler que l'adoption de la
loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances
devrait entraîner la disparition du BAPSA au plus tard d'ici le premier
exercice d'entrée en vigueur des dispositions budgétaires de la
nouvelle loi organique, c'est-à-dire dès 2006.
La suppression du BAPSA ne devrait pas entraîner de bouleversement
institutionnel majeur :
- l'ensemble du régime social agricole devrait être examiné
par le Parlement au moment de la discussion du projet de loi de financement de
la sécurité sociale, comme l'ensemble des autres régimes
sociaux des non-salariés ;
- en outre, la caisse centrale de mutualité sociale agricole (MSA)
pourra être l'affectataire direct de taxes et impositions de toute
nature, compte tenu de sa mission de gestion d'un service public.
L'intégration du BAPSA dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale se justifie enfin par le fait que le BAPSA ne
recouvre qu'une partie du régime social des agriculteurs. Il exclut, de
fait, les salariés agricoles ainsi que le régime des accidents du
travail des exploitants agricoles. Il exclut également les
dépenses de gestion, d'action sanitaire et sociale en faveur des
exploitants agricoles. Il exclura, enfin, le toujours hypothétique
régime de retraite complémentaire obligatoire, qui
nécessitera pourtant une participation financière directe de
l'Etat.
III. DES RÉFORMES CONTESTÉES OU QUI SE FONT ATTENDRE
A. RÉFORME DE LA COUVERTURE DU RISQUE ACCIDENTS DU TRAVAIL : UNE OCCASION MANQUÉE
1. Un bilan négatif
L'AAEXA,
l'assurance accidents obligatoire pour les
exploitants agricoles, a été instituée par une
loi du
22 décembre 1966
, applicable à partir de 1969. Elle couvre
les conséquences des accidents de la vie privée et ceux des
accidents du travail et des maladies professionnelles. Il s'agit d'une
assurance privée de personne, obligatoire, et non pas d'une assurance
sociale fondée sur la solidarité. L'assurance accident peut
être souscrite par l'exploitant auprès de l'assureur de son choix.
Afin de compléter les prestations de l'assurance obligatoire de base,
qui sont très faibles, la
loi du 25 octobre 1972,
qui a
instauré l'assurance accidents du travail pour les salariés
agricoles, a permis la mise en place d'une assurance complémentaire pour
les seuls accidents du travail et les maladies professionnelles, assurance
volontaire et donc facultative. Par ailleurs, les compagnies d'assurance
proposent d'autres contrats alternatifs qui ne rentrent pas dans le dispositif
prévu par la loi de 1972. Le système de couverture des accidents
pour les exploitants comprend donc deux niveaux, l'un obligatoire (80 % des
assujettis, adhérents) l'autre facultatif (moins de 5 % des assujettis
potentiels adhérents).
En 1999, le nombre d'assurés à l'AAEXA était de 841 073
tandis que le nombre d'assurés à l'assurance
complémentaire n'était que de 62 405.
Les garanties offertes par le régime obligatoire sont faibles
. Si
elles couvrent le remboursement des soins et de l'hospitalisation, elles ne
prévoient pas le versement d'indemnités journalières ou
d'allocations de remplacement. Les rentes, en cas d'incapacité de
travail, ne sont versées qu'en cas d'inaptitude égale ou
supérieure aux deux tiers (66,66 %).
Le système en vigueur d'assurance à deux étages ne
permet pas d'instaurer une solidarité entre les agriculteurs face
à l'accident et est générateur d'inégalités.
En outre, le mode de financement de l'assurance complémentaire est
également source d'incohérence.
La plupart des assurés
volontaires préfèrent opter pour des contrats alternatifs que
leur proposent les assureurs et qui échappent aux taxes du Fonds commun
des accidents du travail agricole. De ce fait, les contrats d'assurance
complémentaire (loi de 1972) sont en chute libre et, pour assurer le
versement des rentes liées à ces contrats, l'Etat a imposé
une taxe de 10 % sur les contrats obligatoires de base. En outre, il a
été contraint d'intervenir par une subvention annuelle qui
représente environ 20 % du financement du fonds et devrait atteindre 60
% de son financement en 2010, ce qui est en contradiction avec une logique
d'assurance personnelle privée.
Par ailleurs, on assiste à un transfert massif des prises en charge non
financées par l'assurance accidents vers l'assurance maladie.
2. La réforme de l'AAEXA a été définitivement adoptée par l'Assemblée nationale le 5 novembre 2001
Il faut tout d'abord rappeler que le BAPSA exclut le nouveau régime des accidents du travail des exploitants agricoles. L'absence d'inscription au BAPSA des recettes et des dépenses correspondantes aura sans doute pour conséquence un défaut de contrôle parlementaire sur ce nouveau régime obligatoire de base.
a) Le contenu de la réforme
Les
grands traits de cette réforme sont les suivants :
- maintien d'un régime pluraliste incluant la MSA et les assureurs
privés mais dans un cadre beaucoup plus réglementé que le
précédent puisque les taux de cotisations et les montants des
prestations seront fixés de manière uniforme pendant trois ans,
puis par catégories de risques ;
- rôle central confié à la MSA dans la gestion de ce risque
(organisation d'un contrôle effectif de l'obligation d'assurance,
développement d'actions de prévention) ;
- dissociation du risque de la vie professionnelle et du risque de la vie
privée, le premier ressortissant du nouveau régime, le second de
l'assurance maladie ;
- définition de l'assiette des cotisations sous une forme forfaitaire et
non liée au revenu professionnel ;
- création d'indemnités journalières ;
- relèvement à 70.000 francs (10.671 euros) par an du montant de
la rente versée en cas d'invalidité totale résultant d'un
accident du travail, mais attribution des rentes sur la base du calcul du taux
d'invalidité selon le barème applicable aux salariés, et
non de la capacité ou non à exercer la profession agricole ;
- création d'un fonds de réserve national spécifique,
géré par la MSA, destiné à provisionner les
risques ;
- gestion de la prévention par la caisse centrale de MSA.
b) Une réforme contestable
Lors de
son examen au Sénat, le projet de loi portant amélioration de
l'AAEXA avait été profondément modifié dans le sens
d'une réaffirmation du principe assurantiel et concurrentiel du
dispositif.
En effet, le texte définitivement adopté revient à
transformer le dispositif auparavant en vigueur en un régime de
sécurité sociale dans lequel la concurrence ne pourra plus jouer
que sur des aspects secondaires. Un régime visant à
améliorer sensiblement les prestations versées aux exploitants
agricoles, à créer des indemnités journalière et
à renforcer la prévention était tout à fait
compatible avec le maintien du système concurrentiel faisant intervenir
différents assureurs.
En outre, il apparaît que, en raison du refus de gouvernement de
participer au financement des actions de prévention, celles-ci seront
limitées au montant financé par les seules cotisations.
B. QUID DU RÉGIME DE RETRAITE COMPLÉMENTAIRE OBLIGATOIRE ?
1. Les nécessaires mesures d'ajustement des dernières revalorisations
Diverses
mesures doivent être envisagées alors que le plan de
revalorisation des faibles retraites agricoles touche à sa fin.
Parmi ces mesures, votre rapporteur spécial souhaite plus
particulièrement attiré l'attention sur :
- la suppression des minorations pour les monopensionnés en cas de
carrière incomplète : la faiblesses des retraites agricoles
est avérée ; il semble aujourd'hui injuste de maintenir la
règle des minorations pour les exploitants n'ayant pas cotisé
pendant une carrière complète ;
- la revalorisation forfaitaire de la majoration pour enfants (actuellement la
majoration est proportionnelle à la retraite) afin de ne pas
pénaliser davantage les petites retraites ;
- la mensualisation du paiement des retraites agricoles : le régime
de retraite des exploitants agricoles est aujourd'hui, avec celui des
professions libérales, le seul à ne pas bénéficier
de la mensualisation du paiement des retraites. Le coût de
trésorerie traditionnellement évoqué pour refuser cette
réforme ne se justifie pas.
2. La nécessaire création d'un régime de retraite complémentaire obligatoire sans cesse reportée
a) Un principe accepté
Le
rapport
du député
Germinal Peiro
datant d'octobre
1999 et relatif aux retraites agricoles avait souligné le
caractère indispensable de ce régime obligatoire de retraites
complémentaires.
En effet, l'institution d'un tel régime apparaît être la
seule manière efficace de permettre d'atteindre un objectif de pensions
de retraites équivalentes à 75 % du SMIC.
L'article 3 de la loi d'orientation agricole de juillet 1999
prévoyait le dépôt sur le bureau des assemblées,
dans un délai de trois mois à compter de
la publication
de la loi
,
d'un
rapport du gouvernement
décrivant,
catégorie par catégorie, l'évolution qu'il comptait
imprimer aux retraites agricoles jusqu'en 2002. Ce rapport devait
également étudier les possibilités juridiques et
financières de la création d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire pour les non-salariés agricoles.
Ce rapport a enfin été présenté par le gouvernement
en janvier 2001. Il précise que «
la création d'un
tel régime paraît désormais souhaitable
», ce
qui n'avait échappé à personne. En outre, il est
également précisé que les pouvoirs publics envisagent
«
la création d'un tel régime après
l'achèvement du plan pluriannuel de revalorisation des retraites de
base
», c'est-à-dire après 2002. Le rapport prend
position quant à la nature de ce régime en soulignant que
«
ce régime devra être un régime par
répartition. En effet, un régime par capitalisation est a priori
écarté par tous les partenaires en ce qu'il exclut, par
hypothèse, les actuels retraités qui n'auraient pas cotisé
et ne bénéficieraient pas conséquent d'aucun
avantage
». Cette interprétation et ce refus
paradigmatique d'un régime par capitalisation semblent contestables
à votre rapporteur spécial.
En outre ce rapport se contente d'indiquer que, par exemple, ce régime
pourrait avoir pour objectif de porter le minimum de droits à retraite
à 75 % du SMIC net de l'année 2000 ; qu'il
fonctionnerait sur la base de points, dont une partie serait attribuée
gratuitement, à l'origine, aux chefs d'exploitation déjà
retraités ou encore en activité ; qu'il serait
géré par la MSA.
Ce rapport n'évoque nullement la question, pourtant primordiale, du
financement de ce régime et notamment de la participation
financière de l'Etat.
Au total, le rapport présenté par le gouvernement en janvier 2001
n'apporte aucune valeur ajoutée comparé au rapport
préalable de M. Germinal Peiro.
En outre, il faut rappeler ici que les mesures de revalorisation des petites
retraites agricoles intervenues depuis 1994 ne correspondent, exception faite
de la première année de mise en oeuvre, qu'au simple recyclage
des diminutions spontanées des dépenses de retraite
découlant de la diminution rapide des effectifs des retraités.
b) Des modalités contestées
(1) le choix entre un régime de répartition pure et un régime de répartition provisionné
La phase
démographique dans laquelle se trouve la population agricole est
très défavorable à la création d'un régime
complémentaire par répartition puisque le ratio cotisant /
retraité est au plus bas à 0,4.
Le choix qui existe aujourd'hui est donc le suivant :
- soit un régime de répartition pure à la condition
expresse que l'Etat compense le déficit démographique du
régime ;
- soit un régime par répartition provisionné dans lequel
les cotisations apportées les premières années servent en
partie à alimenter un fonds de réserve. Ce système
présente en théorie comme avantage d'être
financièrement orthodoxe et de permettre une mutualisation au profit des
assurés tout en offrant une rémunération des
réserves sur les marchés de même type que celle qu'il est
possible d'attendre d'un régime par capitalisation. Un tel
système de provisionnement de la répartition ne
bénéficie cependant logiquement qu'aux actifs futurs
retraités, laissant entier le cas des actuels retraités. En outre
cette solution reste inadaptée à la situation
démographique actuelle du régime agricole puisqu'elle n'est
envisageable que dans le cadre d'un régime où il existe plus
d'actifs que de retraités.
Le gouvernement semble privilégier la voie de la mise en place d'un
régime de retraite complémentaire, obligatoire, par
répartition et bénéficiant immédiatement aux
retraités, sans aucune période d'accumulation, ainsi qu'aux
futurs retraités pour les périodes n'ayant pas donné lieu
à cotisation. Ce dispositif qui exige une participation des exploitants
présenterait également la particularité d'un financement
partiellement public.
(2) le financement
Le
principe d'une cotisation assise sur une assiette forfaitaire proportionnelle
au SMIC, déplafonnée pour les chefs d'exploitation, semble
retenir l'attention à condition que le volume global de
prélèvements obligatoires ne soit pas augmenté,
c'est-à-dire que cette nouvelle charge soit gagée par un
aménagement de l'assiette par ailleurs.
Quel que soit le champ choisi, le rendement des cotisations est
stabilisé autour de 1 milliard.
Aujourd'hui, l'Etat apporte 1,6 milliard de francs en année pleine
pour revaloriser les retraites. Un effort équivalent serait
nécessaire pour amorcer le système de retraite
complémentaire.
Votre rapporteur spécial regrette que le rapport remis par le
gouvernement ne se prononce pas sur la participation financière de
l'Etat à ce nouveau régime obligatoire, participation qui est
cependant indispensable dans le contexte démographique actuel.
(3) le champ des catégories ouvertes
Les
organisations professionnelles souhaiteraient que toutes les catégories,
chefs d'exploitation, personnes veuves, conjoints et aides familiaux soient
couvertes.
Il résulte néanmoins du cadrage financier imposé que
seules des hypothèses visant les chefs d'exploitation et personnes
veuves sont compatibles, assorties de durée de carrière à
préciser, avec les contraintes de financement.
(4) le gestionnaire du régime
L'éventualité avancée est que la Mutualité sociale agricole (MSA), qui gère la retraite de base, dispose d'une expérience en matière de retraite complémentaire et a vocation à servir de guichet unique, gère ce nouveau régime à partir de 2002.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 20 novembre 2001 sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'examen des
crédits
du
budget annexe des prestations
sociales agricoles pour 2002
, sur le rapport de
M. Joël
Bourdin, rapporteur spécial
.
M. Joël Bourdin, rapporteur spécial
, a indiqué qu'en
2002, le BAPSA s'élevait, hors restitutions de TVA, à 14,259
milliards d'euros (93,53 milliards de francs),
en augmentation de
3,3 % par rapport à 2001. En incluant les restitutions de TVA, il a
précisé qu'il s'élevait à 15,37 milliards d'euros
(+ 4,7 % par rapport à 2001).
Pour 2002, il a souligné que les principales caractéristiques des
recettes du BAPSA étaient les suivantes :
- une quasi stabilité du montant des contributions
professionnelles ;
- une forte progression du montant des taxes affectées (+ 9,5
%) ;
- une augmentation du montant des transferts de compensation
démographique (+ 10,6 %) ;
- un très net recul de la participation de l'Etat au titre de la
subvention budgétaire d'équilibre (- 67 %) et
parallèlement une augmentation sensible du versement de contribution
sociale de solidarité des sociétés (C3S) au profit du
BAPSA (+ 86,4 %).
Il a ensuite précisé que les dépenses
prévisionnelles s'établissaient pour 2002 à près de
15,4 milliards d'euros (101 milliards de francs) et qu'elles progressaient
de 685 millions d'euros (4,5 milliards de francs), soit + 4,7 %, par
rapport à la loi de finances initiale pour 2001.
Il a indiqué que, hors les restitutions de TVA, qui connaîtraient
en 2002 une accélération très sensible résultant de
celle des ressources de TVA elles-mêmes, cette augmentation des
dépenses prévisionnelles se réduisait à
452 millions d'euros (2,97 milliards de francs), soit + 3,3 %. Il a
ajouté que les dépenses hors restitutions, plus
représentatives de la réalité des dépenses du
BAPSA, s'élevaient à 14,25 milliards d'euros en 2002 (93,5
milliards d'euros).
Il a précisé que les prestations d'assurance vieillesse
s'établissaient pour 2002 à 7,945 milliards d'euros (52,1
milliards de francs), en augmentation de 186,1 millions d'euros par
rapport à la loi de finances initiale pour 2001, soit + 2,4 %.
Il a indiqué que cette augmentation devait cependant être
ramenée à 115 millions d'euros (754,35 millions de
francs), soit + 1,8 %, par rapport aux nouvelles prévisions de
dépenses pour 2001 (7,83 milliards d'euros). Il a souligné
que cette croissance était la résultante du relèvement
important des retraites contributives et d'une diminution sensible des
dépenses au titre du fonds de solidarité vieillesse (FSV). Il a
estimé que les mesures de revalorisation des petites retraites en 2002
devraient entraîner des dépenses supplémentaires de l'ordre
de 215,7 millions d'euros (1,4 milliard de francs) en année pleine.
S'agissant des dépenses d'assurance maladie, maternité et
invalidité, deuxième poste de dépenses du BAPSA
après les prestations vieillesse, il a précisé qu'elles
devraient s'établir pour 2002 à 5,46 milliards d'euros
(35,8 milliards de francs) en augmentation de 264,6 millions d'euros
(1,73 milliard de francs) par rapport à 2001, soit + 5,1 %, afin de
tenir compte de l'augmentation du coût des prestations et de la
consommation médicale moyenne.
Il a évoqué les dépenses de prestations familiales qui
étaient évaluées à 590,1 millions d'euros (3,87
milliards de francs) en 2002. Il a précisé qu'elles constituent,
loin derrière les prestations vieillesse et maladie, le troisième
poste des prestations. Globalement il a indiqué que les
prévisions de dépenses diminuaient de 6 millions d'euros
(40 millions de francs) par rapport à la loi de finances initiale
pour 2001, soit une baisse de 1%.
Enfin, il a souligné que les dépenses liées à
l'étalement et à la prise en charge des agriculteurs en
difficulté étaient en diminution : 12,2 millions
d'euros (80 millions de francs) en 2002 contre 25,9 millions d'euros
(170 millions de francs) votés en 2001.
Il a rappelé que le montant inscrit en loi de finances initiale pour
2001 avait d'ailleurs été majoré de 90 millions de francs
au moment de la discussion du budget, ouverts au profit exclusif des
exploitants touchés par la crise bovine, spécialisés
à plus de 30 % sur ce secteur.
Il a précisé que le montant prévu au titre de 2002
revenait donc au niveau initialement prévu par la loi de finances pour
2001. Il a cependant fait remarquer qu'il apparaissait plus que probable que,
dans un contexte de crise agricole persistante notamment dans le secteur bovin,
le niveau des crédits inscrits à ce chapitre fussent
relevé au moment de la discussion budgétaire.
Après cette rapide présentation du BAPSA,
M. Joël
Bourdin, rapporteur spécial
a présenté les principales
observations que lui avaient inspirées l'examen de ce budget.
Tout d'abord, il a indiqué que les prévisions d'exécution
du BAPSA en 2001 faisaient apparaître un déséquilibre du
budget de 235 millions d'euros (1,542 milliard de francs) d'après
les données du projet de loi de finances rectificative pour 2001.
Il a précisé que ce déficit serait financé par un
complément d'affectation du produit de la C3S, comme ce fut le cas
à la fin de l'exercice 2000, et non par une augmentation de la
subvention d'équilibre comme il aurait été plus logique.
Il a jugé que le gouvernement aurait cependant eu tout
intérêt à se pencher sur la jurisprudence du Conseil
constitutionnel en matière de modification des recettes inscrite dans la
loi de financement de la sécurité sociale et a estimé
qu'il risquait cette année, contrairement à l'année
passée, de voir cette disposition censurée par le conseil
constitutionnel.
S'agissant des retraites agricoles, il évoqué diverses mesures
comme devant être envisagées alors que le plan de revalorisation
des faibles retraites agricoles touchait à sa fin, notamment la
suppression des minorations pour les monopensionnés en cas de
carrière incomplète, la revalorisation forfaitaire de la
majoration pour enfants, ainsi que la mensualisation du paiement des retraites
agricoles.
En outre, il a déploré que la question de la nécessaire
création d'un régime de retraite complémentaire
obligatoire restât en suspens. À cet égard, il a
rappelé que le gouvernement avait présenté en janvier 2001
un rapport sur les retraites agricoles. Attendu depuis près de deux ans,
il a jugé ce rapport très décevant puisque ne se
prononçant en rien sur les modalités d'application d'un tel
régime ni sur la part du financement de l'Etat dans l'instauration d'un
tel régime.
Il a ensuite indiqué que l'adoption le 5 novembre dernier de la
réforme de la couverture accidents du travail des exploitants agricoles
avait certes permis de revaloriser les prestations servies, de mettre en place
une politique de prévention et d'organiser un contrôle effectif de
l'obligation d'assurance mais qu'elle avait profondément modifié
l'esprit de cette couverture en transformant un régime assurantiel et
basé sur des règles de concurrence en un véritable
régime de sécurité sociale.
Enfin, comme l'année précédente,
M. Joël Bourdin,
rapporteur spécial
, s'est inquiété du manque de
coordination entre le BAPSA et le projet de loi de financement de la
sécurité sociale, deux documents pourtant intrinsèquement
liés.
Il a estimé que le régime social agricole pourrait être
examiné par le Parlement comme les autres régimes sociaux des
non-salariés, dans le cadre du projet de loi de financement de la
sécurité sociale. Il a rappelé que la conclusion des
arbitrages du PLFSS ultérieure à celle des arbitrages relatifs au
projet de loi de finances conduisait, chaque année, à des lacunes
et des absences, voire des incohérences, en dépenses comme en
recettes dans le cadre du BAPSA qui n'étaient pas acceptables.
Malgré ces critiques,
M. Joël Bourdin, rapporteur pour avis
,
a précisé que, comme il était de tradition s'agissant d'un
budget de prestations sociales, il proposerait à la commission de
l'adopter.
M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur pour avis
du BAPSA au nom de la commission
des affaires sociales
, a souhaité faire une remarque liminaire sur
la dimension actuelle de la crise bovine et sur l'inquiétude qu'elle
suscitait.
Il a ensuite interrogé le rapporteur spécial quant à la
création d'un régime de retraite complémentaire
obligatoire et la nécessité d'une participation financière
exceptionnelle de l'Etat.
À propos du régime de retraite complémentaire obligatoire,
M. Michel Moreigne
a partagé l'analyse du rapporteur
spécial et précisé l'existence d'une proposition de loi
déposée en ce sens à l'Assemblée nationale.
En réponse à M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur pour avis,
M. Joël Bourdin, rapporteur spécial
, a indiqué
que la mise en place d'un régime de retraite complémentaire
obligatoire ne permettrait le relèvement sensible des pensions de
retraite que pour les actuels jeunes agriculteurs ou, tout au plus, pour les
exploitants dans le premier tiers de leur activité professionnelle. Il a
donc estimé qu'une contribution financière exceptionnelle de
l'Etat serait justifiée afin de ne pas trop pénaliser les plus
anciens. Il a cependant regretté que le gouvernement ne s'engage pas
davantage dans cette voie.
En réponse à M. Michel Moreigne, il a confirmé qu'une
proposition de loi visant à la création d'un régime de
retraite complémentaire obligatoire avait effectivement
été déposée et à l'Assemblée
nationale et qu'elle était inscrite à l'ordre du jour de cette
assemblée le 11 décembre 2001.
Suivant l'avis du rapporteur,
la commission a décidé de
proposer au Sénat l'adoption des crédits du budget annexe des
prestations sociales agricoles
.
1
Outre les crédits
afférents
à la participation à des dépenses communes aux divers
régimes de protection sociale (régime des étudiants,
régime des praticiens et auxiliaires médicaux conventionnels).
2
La restitution de crédits de TVA correspond au chapitre
37-91 (Titre III) du BAPSA, à savoir les reversements et restitutions de
droits indûment perçus, au titre de la TVA, une fraction de la
TVA, soit une cotisation de 0,70 % incluse dans chacun des taux de TVA,
étant en effet affectée au BAPSA.
3
DC n° 2000-441 du 28 décembre 2000 relative à
la seconde loi de finances rectificative pour 2000.