Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 32 : Outre-mer
LUART (Roland du), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 32 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 152 Ko )Table des matières
- I. LES GRANDES LIGNES DU PROJET DE BUDGET POUR 2002
- II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR CATÉGORIE DE DÉPENSES
- III. UN EFFORT FINANCIER QUI NE PRIVILÉGIE PAS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
- IV. UN « ACTIVISME » LEGISLATIF QUI PEINE PARFOIS A RECEVOIR UNE TRADUCTION CONCRÈTE
- MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 32
OUTRE-MER
Rapporteur spécial
: M. Roland du LUART
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
I. LES GRANDES LIGNES DU PROJET DE BUDGET POUR 2002
A. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS
1. Les grandes masses
a) L'évolution des dépenses de fonctionnement et des dépenses en capital
Le
projet de budget pour 2002 du secrétariat d'Etat à l'outre-mer
s'élève à 1.079,6 millions d'euros (7.081,7 millions de
francs), soit 39,1 millions d'euros de plus qu'en 2001 (+3,8 %). A
structure constante, l'augmentation est de 3,1 %.
Les modifications du périmètre du budget de l'outre-mer portent
sur 7,2 millions d'euros, contre 7,4 en 2001.
Entre 2000 et 2001, le budget de l'outre-mer avait progressé de
6,9 % (6,2 % à structure constante).
Les modifications du périmètre du budget de l'outre-mer dans le projet de loi de finances pour 2002
Une
minoration
- 0,1 million d'euros, correspondant à trois emplois de marin,
transféré au budget des services communs ;
Des majorations
- 1,2 million d'euros, correspondant à 65 emplois contractuels,
transféré du budget du ministère de
l'intérieur ;
- 0,3 million d'euros, correspondant à trois emplois de contrôleur
du travail, à des crédits de rémunération d'agents
non titulaires et à des crédits de fonctionnement de l'inspection
du travail en Polynésie française, transféré du
budget de la santé et de la solidarité ;
- 0,6 million d'euros, correspondant au transfert à la
Nouvelle-Calédonie des services du vice rectorat,
transférés du budget de l'enseignement scolaire ;
- 5,2 millions d'euros, correspondant au financement de 1.000 emplois jeunes,
transférés du budget de l'emploi.
A structure constante, le budget de l'outre-mer augmente de 31,8 millions
d'euros, répartis entre 15,8 millions d'euros d'augmentation des
dépenses ordinaires et 16 millions d'euros d'augmentation des
dépenses en capital.
Evolution des crédits du secrétariat d'Etat
à l'outre-mer entre 2001 et 2002
(DO + CP)
(en millions d'euros)
2001 |
2002 |
Evol. en volume |
Evol. en % |
|
Titre III |
167,8 |
178,9 |
11,2 |
6,6% |
Titre III à structure constante |
167,8 |
177,4 |
9,6 |
5,7% |
Titre IV |
620,9 |
632,9 |
11,9 |
1,9% |
Titre VI à structure constante |
620,9 |
627,1 |
6,1 |
1,0% |
Dépenses ordinaires |
788,7 |
811,8 |
23,1 |
2,9% |
Dépenses ordinaires à structure constante |
788,7 |
804,5 |
15,8 |
2,0% |
Titre V |
5,0 |
4,7 |
-0,2 |
-4,7% |
Titre VI |
246,9 |
263,1 |
16,2 |
6,6% |
Dépenses en capital |
251,8 |
267,8 |
16,0 |
6,4% |
Total |
1.040,5 |
1.079,6 |
39,1 |
3,8% |
Total à structure constante |
1.040,5 |
1.072,3 |
31,8 |
3,1% |
L'augmentation des dépenses de fonctionnement
se partage entre
une progression de 9,6 millions d'euros des dépenses du titre III (frais
de personnel et fonctionnement des services) et de 6,1 millions d'euros des
dépenses d'intervention du titre IV.
L'évolution des dépenses du titre III est principalement
due :
- au recrutement de 500 volontaires du fait des conséquences de la
suppression de la conscription sur le service militaire adapté (SMA),
pour 5,5 millions d'euros ;
- à diverses mesures en faveur des fonctionnaires, pour 2,4
millions d'euros ;
- à la revalorisation du point de la fonction publique, pour
2,1 millions d'euros.
L'augmentation nette des dépenses du titre IV s'établit à
6,1 millions d'euros, mais cette évolution doit être
décomposée en, d'une part, une baisse de 99,4 millions
d'euros, correspondant à la disparition de la « créance
de proratisation » et, d'autre part, 105,1 millions d'euros (689,4
millions de francs) d'augmentations diverses :
- 23 millions d'euros pour les agences d'insertion ;
- 6,1 millions d'euros pour le fonds de promotion des échanges
culturels et pour les associations ;
- 55 millions d'euros (360 millions de francs) en faveur du fonds pour l'emploi
dans les départements d'outre-mer (FEDOM) ;
- 7 millions d'euros correspondant à l'indexation sur la dotation
globale de fonctionnement des dotations versées à la
Nouvelle-Calédonie ;
- 12 millions d'euros pour financer la mise en oeuvre des dispositions de
la loi n° 2001-616 du 11 juillet 2001 relative à Mayotte.
L'augmentation de 16 millions d'euros des dépenses
d'investissement
résulte de la conjonction de la baisse de 5,9
millions d'euros de la dotation au titre des « actions diverses pour
le développement de la Nouvelle Calédonie » et de la
hausse des crédits en faveur du logement (+ 16,2 millions d'euros)
et de la dotation du fonds d'investissement dans les départements
d'outre-mer (FIDOM).
b) La couverture des AP par les CP
L'évolution du montant des autorisations de programme
(AP)
constitue théoriquement un moyen de connaître les intentions du
gouvernement en matière de dépenses d'investissement puisque les
AP ouvertes au titre d'un exercice sont appelées à être
« couvertes » par des crédits de paiement (CP) au
cours des années suivantes.
Le montant des ouvertures d'autorisation de programme a progressé au
cours des dernières années plus vite que celui des crédits
de paiement.
Evolution du montant des autorisations de programme et des crédits de paiement
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2002/1997 |
Crédits de paiement |
196,0 |
212,1 |
254,3 |
252,3 |
251,8 |
267,8 |
28,5% |
Autorisations de programme |
297,8 |
289,7 |
286,3 |
282,0 |
343,5 |
442,7 |
48,7% |
Le
« bleu » consacré au budget de l'outre
répartit les CP inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002
entre 131,2 millions d'euros destinés à
« couvrir » 30 % des AP nouvelles demandées en
2002 (442,7 millions d'euros) et 136,5 millions d'euros destinés
à couvrir la fraction des AP ouvertes au titre d'exercices
précédents qui n'a pas encore été
accompagnée de crédits de paiement (955,6 millions d'euros).
Depuis trois ans, la « dette » du secrétariat
d'Etat à l'outre-mer, c'est-à-dire l'écart entre les AP
ouvertes et le montant des crédits de paiement déjà
engagés pour les couvrir, s'accroît :
Evolution de la couverture des AP par les CP
(en millions d'euros)
|
1 er janvier 1999 |
1 er janvier 2000 |
1 er janvier 2001 |
AP « en compte » |
3.379 |
2.845 |
3.125 |
CP « en compte » |
2.642 |
2.002 |
2.169 |
Dette |
737 |
843 |
956 |
La part des dépenses en capital dans le budget passe de 24,1 % à 24,8 %. Elle s'établissait à 29,7 % en 1998.
2. La régulation budgétaire
L'actuelle législature est marquée par le
remplacement
des mesures classiques de régulation budgétaire (gels de
crédits, annulations) par la mise en oeuvre de « contrats de
gestion ». En théorie, les contrats de gestion sont
censés être une procédure par laquelle les
ministères « dépensiers » sont chargés
de décider eux-mêmes quels crédits peuvent être mis
en réserve ou annulés afin que le respect de la norme de
progression des dépenses de l'Etat ne pénalise pas de
manière aveugle les différents ministères.
En réalité, les contrats de gestion ne font pas vraiment
l'objet d'une négociation. On désigne sous cette appellation
l'ensemble des mesures de régulation budgétaire intervenant au
cours d'un exercice.
S'agissant du budget de l'outre-mer, la régulation budgétaire se
traduit surtout par la non délégation de certains crédits
aux ordonnateurs secondaires, ce qui se traduit par des reports d'une
année sur l'autre.
Pour l'année
2000
, le rapport du contrôleur financier
indique que le contrat de gestion a concerné les sommes et les chapitres
retracés dans le tableau ci-dessous. Il a porté sur 14 % des
crédits inscrits dans la loi de finances initiale, dont 4,15 % des
dépenses ordinaires et
41 % des dépenses en capital
.
Contrat de gestion 2000
(en millions d'euros)
|
Dotation en loi de finances initiale |
Contrat de gestion |
Part (en %) du contrat de gestion dans les crédits inscrits en LFI |
44-03 FEDOM |
320,4 |
32,0 |
9,99 |
65-01 LBU |
140,0 |
54,9 |
39,21 |
68-01 FIDOM |
33,2 |
9,2 |
27,59 |
68-90 FIDES |
22,0 |
39,6 |
180,59 |
Total chapitres concernés par le contrat |
515,5 |
135,7 |
26,32 |
Budget 2000 |
971,6 |
135,7 |
13,96 |
DO 2000 |
719,3 |
32,0 |
4,45 |
DC 2000 |
252,3 |
103,7 |
41,09 |
Pour l'année 2001 , le contrat de gestion porte sur 13,8 % des crédits votés en loi de finances et 40 % des dépenses en capital . Il prévoit le report sur 2002 de 132,6 millions d'euros (869,8 millions de francs), soit 12,7 % des crédits votés par le Parlement.
Contrat de gestion 2001
(en millions d'euros)
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer, « vert » budgétaire 2001.
Les
reports constatés sur le budget de l'outre-mer ne s'expliquent
majoritairement pas par des difficultés à dépenser les
crédits mais par la régulation budgétaire. Les contrats de
gestion prévoient que plus de 10 % du montant dont le Parlement a
autorisé la dépense seront reportés vers l'exercice
suivant
.
Interrogée par notre rapporteur général
1(
*
)
, la Cour des comptes considère que
« le recours aux contrats de gestion fausse la portée de
l'autorisation budgétaire délivrée par le
Parlement
dans le cadre de la loi de finances initiale, la
régularité de ce mécanisme au regard des dispositions de
l'ordonnance du 2 janvier 1959 apparaissant discutable à plusieurs
titres :
- la « mise en réserve » de crédits n'est pas
prévue par l'ordonnance ;
- les annulations de crédits, pratiquées dans le cadre de la
régulation budgétaire le sont en vue de se conformer à un
objectif prédéterminé de limitation de la dépense
publique et non en raison de leur défaut d'emploi, seul cas prévu
par l'ordonnance ;
- la stabilisation des reports à l'exercice suivant au niveau
des
reports sur l'exercice courant dénature les choix parlementaires
dès lors que l'autorisation délivrée en loi de finances
initiale ne prend pas en considération le montant de ces reports ;
elle inscrit de plus cette autorisation dans un cadre pluriannuel qui n'est pas
celui prévu par les textes pour les crédits de
paiement.
»
La Cour souligne cependant que
« la perspective de l'entrée
en vigueur de la nouvelle loi organique (loi n° 2001-692 du
1
er
août 2001 relative aux lois de finances) apporte cependant
un nouvel éclairage à ce débat, le législateur
ayant choisi de reconnaître le principe de la régulation
budgétaire dans son article 14 et d'en encadrer la mise en oeuvre. Les
dispositions de l'article 14 de la nouvelle loi organique étant
applicables à compter du 1
er
janvier 2002, la
régulation budgétaire disposera dès le prochain exercice
du fondement juridique qui lui faisait jusqu'alors
défaut. »
Elle précise néanmoins que
« sa mise en oeuvre
devrait différer sur plusieurs points des mécanismes
utilisés avant l'adoption de la nouvelle loi organique :
-
la régulation pourra être mise en oeuvre par
décret
. La nouvelle loi organique dispose en effet à son
article 14 que «
afin de
prévenir une
détérioration de l'équilibre budgétaire
défini par la dernière loi de finances afférente à
l'année concernée, un crédit peut être
annulé par décret pris sur rapport du ministre chargé des
finances». Avant sa publication, tout décret d'annulation devra
être transmis pour
information aux commissions de l'Assemblée
nationale et du Sénat chargées des finances et aux autres
commissions concernées. La loi précise par ailleurs que le
montant cumulé des crédits annulés par décret dans
le cadre de la régulation et des annulations consécutives
à des ouvertures de crédit par décrets d'avance ne peut
excéder 1,5 % des crédits ouverts par les lois de finances
afférentes à l'année en cours.
-
les reports sur les crédits de paiement ne devront pas
dépasser à terme 3 % des crédits initiaux
d'un
programme donné. La nouvelle loi organique dispose en effet dans son
article 15, applicable aux crédits de l'exercice 2005, que «
les crédits de paiement disponibles sur un programme à la fin de
l'année peuvent être reportés sur le même
programme ou, à défaut, sur un programme poursuivant les
mêmes objectifs », et que les crédits
bénéficiant du report « peuvent être
majorés dans la limite de 3 % des crédits
initiaux » inscrits sur le même titre (pour les dépenses
de personnel) ou sur les mêmes titres (pour les autres dépenses)
du programme à partir duquel les crédits sont reportés.
Le principe d'une association des ministères dépensiers à
la mise en oeuvre de la régulation budgétaire, et plus
particulièrement à la préparation des décrets
d'annulation devrait être préservé.
»
Votre rapporteur observe que la régulation budgétaire
constatée sur le budget de l'outre-mer porte sur un pourcentage
supérieur au plafond fixé par la Cour et que, en pratique,
l'association des ministères dépensiers n'est pas
avérée.
Des majorations de crédits dans le cadre des lois de finances rectificatives
Lorsque
les reports ne sont pas dus au contrat de gestion, ils s'expliquent souvent par
le fait que des crédits sont ouverts dans la loi de finances
rectificative de fin d'année, et ne peuvent pas être
dépensés pendant l'exercice auquel ils sont pourtant
rattachés. Cette pratique est condamnable. Lorsque le gouvernement
présente en conseil des ministres le projet de loi de finances
rectificative contenant des crédits dont on sait qu'ils seront
reportés, le projet de loi de finances pour l'année à
venir est encore en cours d'examen en première lecture par
l'Assemblée nationale, et n'a pas encore été transmis au
Sénat. Le gouvernement aurait toute latitude pour présenter un
amendement au projet de loi de finances majorant les crédits de
l'outre-mer.
La pratique actuelle paraît donc justifiée par le seul objectif de
minorer la progression affichée des dépenses inscrites dans le
projet de loi de finances.
3. Le budget voté ne reflète pas les crédits disponibles
Comme
les années précédentes, l'enveloppe du budget de
l'outre-mer inscrite dans le projet de loi de finances pour 2002 ne correspond
pas au montant des crédits que le secrétariat d'Etat à
l'outre-mer devra gérer au cours de l'exercice 2002.
L'écart entre les crédits disponibles au cours de l'exercice et
les crédits inscrits en loi de finances oscillait entre 15 % et
20 % ces dernières années. Dans son rapport sur
l'exécution du budget 2000, le contrôleur financier du
secrétariat d'Etat note que, alors que les crédits ouverts en loi
de finances pour 2000 s'élevaient à 6.373 millions de francs,
c'est sur un montant de 7.719 millions de francs qu'à porté le
contrôle financier en 2000, soit un écart de 21,1 %.
En 2001, l'écart s'établit à 21,1 %.
Ecart entre les crédits inscrits en loi de finances et les crédits disponibles en 2001
(en euros)
En
2001, le « matelas » de crédits disponibles mais
inutilisés s'élevait à 219 millions d'euros (1.436,5
millions de francs).
En 1998 et 1999, son montant était d'environ
150 millions d'euros et, en 2000, de 205 millions d'euros.
On constate que les dépenses au cours d'un exercice sont
généralement d'un montant plus proche de la dotation en loi de
finances que de celui des crédits disponibles.
Les reports de crédits sont la principale cause de l'écart entre la dotation en loi de finances et le montant total des crédits disponibles. En 2001, les reports de crédits inutilisés en 2000 ont représenté un montant équivalent à 20 % de la dotation en loi de finances pour 2001.
Report de l'exercice précédent dans la dotation en loi de finances
(en millions d'euros)
|
Dotation LFI |
Reports de l'exercice précédent |
% des reports dans la dotation LFI |
1998 |
811,03 |
90,55 |
11,4 |
1999 |
854,32 |
131,56 |
15,4 |
2000 |
971,56 |
172,72 |
17,8 |
2001 |
1.040,51 |
222,58 |
21,4 |
Les reports ne sont cependant pas la seule cause de l'écart entre le montant des crédits inscrits en loi de finances et le montant total des crédits disponibles. Le tableau ci-dessous retrace l'ensemble des mouvements de crédits intervenus au cours des exercices 1999 et 2000 ayant eu pour effet de modifier le montant des crédits inscrits dans la loi de finances :
Les mouvements de crédits en 1999 et en 2000
(en millions de francs)
1999 |
Part (en %) dans le montant des crédits de la LF99 |
2000 |
Part (en %) dans le montant des crédits de la LF2000 |
|
Reports |
863,7 |
15,4 |
1133,1 |
17,7 |
Transferts |
53,8 |
0,96 |
-5,2 |
0,08 |
Fonds de concours |
85 |
1,52 |
29,3 |
0,76 |
Répartitions de crédits |
-17,6 |
0,31 |
-13,2 |
0,22 |
Loi de finances rectificative |
166,1 |
2,96 |
378 |
5,9 |
Annulations |
-69,6 |
1,24 |
-176,9 |
2,78 |
Décret pour dépenses accidentelles |
6,7 |
0,12 |
1,5 |
0,02 |
Arrêté pour dépenses éventuelles |
2 |
0,04 |
4. L'impact des chapitres « réservoir » sur la répartition par titre des crédits
Le
budget de l'outre-mer comprend deux chapitres
« réservoir », dont les crédits sont
répartis en cours d'exercice entre d'autres chapitres du budget de
l'outre-mer, voire transférés vers les budgets d'autres
ministères.
Il s'agit du chapitre 46-01 qui abrite les crédits de la
« créance de proratisation », c'est-à-dire la
dotation représentative des sommes économisées par l'Etat
en raison du niveau du revenu minimum d'insertion (RMI) inférieur
outre-mer à celui de la métropole, et du chapitre 63-98
consacré aux actions diverses en faveur de l'équipement en
Nouvelle-Calédonie.
La répartition en cours d'exercice de ces crédits affectait
sensiblement la répartition par titre des crédits votés en
loi de finances, notamment parce que les crédits de la créance de
protatisation (titre IV) venaient en partie abonder la ligne budgétaire
unique (titre VI). A l'inverse, une grande partie des crédits du
chapitre 68-93 était transférée vers des chapitres de
fonctionnement .
En 2001, les effets de la répartition de ces deux chapitres ont
été atténués en raison de la disparition
progressive de la créance de proratisation du fait de l'alignement du
niveau du RMI sur celui de la métropole, décidé par la loi
d'orientation pour l'outre-mer, et par la réduction du montant de la
dotation du chapitre 68-93.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, la créance de proratisation
disparaît totalement et les crédits du chapitre 68-93 accusent une
nouvelle baisse importante ( - 30 % en deux ans).
B. LES MOYENS HUMAINS DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT À L'OUTRE-MER
1. Les effectifs
Les effectifs budgétaires du secrétariat d'Etat à l'outre-mer atteindront en 2002, avec 5.572 agents, un niveau supérieur à celui de 1999 (5.547). Cette augmentation met fin à trois années de baisse au terme desquelles les effectifs s'élevaient, en 2001, à 5.047 agents.
La progression des effectifs en 2002 est liée à la disparition du service national et au recrutement de 500 volontaires. Pour la première fois en 2002, le secrétariat d'Etat à l'outre-mer ne rémunérera pas d'appelé du service national.
Comme
les années précédentes, on constate un écart entre
les effectifs budgétaires du secrétariat d'Etat à
l'outre-mer et les effectifs réels, qui s'élevaient, selon le
secrétariat d'Etat à l'outre-mer, à 5.203 agents en 2001.
Jusqu'en 2001, le secrétariat d'Etat rémunérait un agent
qui travaillait en fait pour la mission de lutte contre la drogue et la
toxicomanie. Le projet de loi de finances pour 2002 transfère cet emploi
aux services du Premier ministre.
2. L'évolution des dépenses de personnel
Le tableau ci-dessous retrace depuis 1998 l'évolution des crédits des premières, troisième et quatrième partie du titre III du budget de l'outre-mer :
Evolution des dépenses de personnel du secrétariat d'Etat à l'outre-mer
(en milliers d'euros)
Les fluctuations du montant des crédits consacrés aux moyens des services s'expliquent par celles de effectifs militaires, et de la répartition de ces derniers entre appelés et volontaires.
II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR CATÉGORIE DE DÉPENSES
Les crédits inscrits au budget 2002 de l'outre-mer seront utilisés pour financer les différentes missions du secrétariat d'Etat à l'outre-mer dans les proportions suivantes :
La
présentation des crédits retenue par le
« bleu » budgétaire évolue encore dans le
projet de loi de finances pour 2002.
En 2001, les cinq agrégats existant jusqu'alors avaient
été transformés en trois agrégats (administration
générale, action en faveur du développement
économique et social, action en faveur de l'emploi et de l'insertion
sociale). La nouvelle présentation présentait l'avantage de
ventiler les crédits du titre III entre ceux relevant de
l'administration générale et ceux du service militaire
adapté, qui concourent à l'action en faveur de l'emploi et de
l'insertion sociale.
Le projet de loi de finances pour 2002 ne comporte plus qu'un agrégat
«
Action en faveur de l'outre-mer
» qui, dans le
cadre de la mise en oeuvre des dispositions de loi organique n° 2001-692
du 1
er
août 2001, sera sans doute appelé à
devenir un « programme ». Au sein de ce programme, le
« bleu » budgétaire préfigure quatre
« missions » :
- action en faveur de l'emploi et de l'insertion sociale ;
- action en faveur de l'amélioration du logement ;
- subventions aux collectivités ;
- administration générale.
Ce nouveau découpage, dont les contours restent vagues en l'absence de
répartition entre les « missions » des chapitres et
articles du budget de l'outre-mer, affine les réflexions menées
depuis deux ans. Il conserve le principe fonctionnel de la ventilation des
dépenses de personnel entre plusieurs missions. Il redonne leur
« autonomie » aux actions en faveur du logement, qui
constituaient un agrégat jusqu'en 2001.
Toutefois, il ne paraît
pas pertinent d'inclure les crédits des
fonds d'investissement au sein de la rubrique « subventions aux
collectivités
»
, d'une part parce que ces
crédits ne sont pas des subventions aux collectivités mais les
instruments de la politique d'investissement de l'Etat outre-mer et, d'autre
part, parce que cette politique mérite d'être isolée et
évaluée en tant que telle.
A. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
Les
dépenses d'administration générale regroupent les moyens
mis à la disposition des services civils de l'Etat pour l'outre-mer, au
sein de l'administration centrale et des services
déconcentrés :
- les rémunérations et charges sociales progressent d'environ
20 % du fait de mesures en faveur des fonctionnaire et de la
revalorisation du point de la fonction publique. Elles s'établissent
à 102 millions d'euros ;
- les moyens de fonctionnement des services de l'Etat, inscrits au chapitre
34-96, s'établissent à 12,3 millions d'euros, en progression de
7 % par rapport à 2001 ;
- les moyens mis à la disposition des préfectures par le
chapitre 37-10 diminuent de 28 % pour s'établir à 0,274
million d'euros. Ce chapitre, bien que figurant à la septième
partie du titre III relative aux dépenses diverses, sert à
financer la rémunération des vacataires employés par la
préfecture de Saint-Pierre-et-Miquelon. Avec la résorption
progressive de l'emploi précaire, les rémunérations de ces
agents sont progressivement transférées vers le chapitre 31-90 du
budget de l'outre-mer ;
- les chapitres 34-03 «
frais de réception et de
voyage exceptionnels », 37-91 « frais de
justice
» et 46-93 «
secours d'extrême urgence
aux victime de calamités publiques
» voient leur dotation
reconduite en 2002. Leur montant, identique depuis 2000, s'élève
respectivement à 0,849 million d'euros, 0,3053 million d'euros et
0,592 million d'euros. Les dépenses sur ces chapitres sont sans rapport
avec, d'une part, le montant des crédits disponibles compte tenu des
reports d'une année sur l'autre et, d'autre part, la dépense
constatée en fin d'exercice.
Ecart entre les crédits inscrits en LFI, les crédits disponibles et la consommation en 2000
(en milliers d'euros)
LFI 2000 |
Disponible pour 2000 |
Mandatements 2000 |
Ecart mandatements/ LFI en % |
Ecart mandatements/ LFI en volume |
|
34-03 Frais de réception |
850,0 |
962,5 |
624,6 |
-27% |
-225,387 |
37-91 Frais de justice |
468,5 |
1.363,3 |
6.219,8 |
1.228% |
5.751,34 |
46-93 secours d'extrême urgence |
59,2 |
690,1 |
357,6 |
505% |
298,46 |
- les
dépenses d'équipement administratif inscrites au chapitre 57-91
(à l'exception des articles 70 et 80 de ce chapitre qui concernent le
service militaire adapté) diminuent de 3 % entre 2001 et 2002.
Cette baisse est consécutive à la diminution de 15 %
enregistrée en 2001.
En 2001, la baisse était attribuée à une modification des
règles de traduction en crédits de paiement des ouvertures
d'autorisations de programme, qui passait de 43 % la première
année et 57 % la deuxième année à
respectivement 40 % et 60 %. En 2002, le montant des mesures
nouvelles est identique à celui de 2001. La baisse des crédits
s'explique par une révision à la baisse des services votés
sur les articles 10 «
équipement administratif de
l'administration centrale
» et 20
«
équipement administratif des territoires d'outre-mer et
de Nouvelle-Calédonie
».
B. LES DÉPENSES EN FAVEUR DE L'EMPLOI ET DE L'INSERTION SOCIALE
1. Le service militaire adapté
Le
service militaire adapté (SMA) est décrit par le
« bleu » budgétaire comme un
« dispositif de formation présent dans les DOM, en
Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et à
Mayotte
[qui]
joue le rôle d'un organisme de formation des jeunes.
Il forme, en partenariat avec l'AFPA et l'éducation nationale (LEP), des
jeunes sortis, le plus souvent, sans qualification du système
éducatif en vue de favoriser leur insertion sur le marché de
l'emploi
».
Le coût total du SMA représente 7 % du budget de l'outre-mer
prévu pour 2002.
Les militaires constituent 58 % des effectifs budgétaire du
secrétariat d'Etat mais le SMA ne représente que 41 % des
dépenses de fonctionnement du budget de l'outre-mer (titre
III).
Chapitres / articles |
lignes budgétaires |
TOTAL GENERAL |
|||
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
esquisse 2002 |
||
3115 / 40, 70, 80 |
indemnités et alloc. diverses pers. militaires |
|
|
|
13.855.142 |
3115 / 60 |
indemnités et alloc. diverses pers. civils |
|
|
|
60.847 |
3190 / 71, 75, 76 |
rémunérations des personnels militaires |
43.967.947 |
44.353.605 |
46.400.327 |
35.868.614 |
3190 / 74 |
rémunérations des personnels civils |
884.247 |
926.029 |
925.645 |
1.048.187 |
3190 / 80 |
nouvelle bonification indiciaire |
126.813 |
127.891 |
135.009 |
|
3198 / 20 |
rémunérations des personnels ouvriers |
1.385.285 |
1.417.433 |
1.378.705 |
1.319.426 |
3390 / 52, 54, 55, 56 |
charges sociales |
2.368.666 |
2.606.026 |
2.060.283 |
2.523.671 |
3391 / 52, 54, 55, 56 |
prestations sociales |
1.720.344 |
1.619.801 |
1.590.196 |
2.310.891 |
3442 / 10, 20, 30 |
alimentation |
7.268.063 |
6.217.160 |
6.310.150 |
7.113.623 |
3496 / 15, 40, 60 |
moyens de fonctionnement |
9.742.627 |
8.827.933 |
8.827.933 |
9.835.263 |
3791 / 30, 50, 60 |
frais de justice, réparations civiles |
163.120 |
163.120 |
163.120 |
163.120 |
TOTAL TITRE III |
6.627.112 |
66.258.999 |
67.791.369 |
74 098 784 |
|
|
|
|
|
|
|
5791 / 60, 70, 80 |
infrastructure et matériels techniques |
|
|
|
|
AP |
914 694 |
914 694 |
1 829 388 |
2 134 286 |
|
|
|
|
|
|
|
CP |
1 111 353 |
914 694 |
1 125 074 |
1 905 613 |
|
TOTAL Titre III & titre V (CP) |
68 738 466 |
67 173 693 |
68 916 443 |
76 004 397 |
2. Le fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer (FEDOM)
Dans le
projet de budget pour 2002, les crédits du fonds pour l'emploi dans les
départements d'outre-mer (FEDOM) représentent
47 % du
budget de l'outre-mer. Cette proportion était de 40 % en 2001 et de
33 % en 1999.
Depuis 1999, les dépenses en faveur de l'emploi aidé ont
progressé de 58 %, soit 184,9 millions d'euros (1,2 milliards de
francs).
Elles s'établissent dans le projet de loi de finances pour 2002 à
505 millions d'euros, soit 102 millions d'euros de plus qu'en 2001 (+
25 %). Entre 2000 et 2001, la progression avait été de
26 %.
L'évolution des dépenses du FEDOM
(en milliers d'euros)
L'augmentation entre 2001 et 2002 des crédits du FEDOM
doit
être relativisée :
- l'alignement du niveau du revenu minimum d'insertion versé
outre-mer sur son niveau de la métropole à compter de 2002
entraîne la disparition totale de la « créance de
proratisation », dont une partie des crédits étaient
transférés au FEDOM en cours de gestion. En 2001, ce transfert
représentait 23,6 millions d'euros. En 2002, la dotation du FEDOM en loi
de finances initiale est majorée d'autant ;
- 7,9 millions d'euros sont transférés depuis le chapitre
46-94 pour financer l'emploi et la formation professionnelle à Mayotte.
Par conséquent, à structure constante, la progression des
crédits du FEDOM s'établit à 71 millions d'euros.
La
progression réelle des crédits du chapitre 44-03 s'établit
donc à 17,6 %.
L'augmentation de 71 millions d'euros des moyens du FEDOM est largement
consacrée à financer la montée en puissance des dispositif
créés par la loi d'orientation pour l'outre-mer et la loi
relative à Mayotte. Le coût supplémentaire par rapport
à 2001 des nouveaux dispositifs s'établit à
60,4 millions d'euros.
Le solde, 11,6 millions d'euros, sert à financer partiellement
l'augmentation de 19 millions d'euros du coût des emplois jeunes. Ce
dernier est évalué pour 2002 à 145,4 millions d'euros,
soit 15 % de plus qu'en 2001. Le coût des emplois-jeunes outre-mer a
été multiplié par deux depuis 1999.
Le projet de budget pour 2002 est également marqué par des
redéploiements
de crédits. 16,3 millions d'euros sont
économisés sur les contrats d'accès à l'emploi et
les contrats de retour à l'emploi. Les sommes ainsi
dégagées permettent de financer une augmentation des
crédits consacrés aux contrats emploi-solidarité, contrats
emplois-consolidés, contrats d'insertion par l'activité et primes
à la création d'emploi.
Depuis trois ans, l'augmentation des crédits du FEDOM s'accompagne
d'une augmentation du montant des crédits non consommés en fin
d'exercice.
18,6 millions d'euros ont été
reportés de 1998 vers 1999. A la fin de l'année 1999, 42,8
millions d'euros étaient disponibles et 27,4 ont été
reportés sur 2000. A la fin de l'année 2000, 32,26 millions
d'euros (211 millions de francs) n'avaient pas été
consommés et ont été reportés sur 2001.
Les reports de 2000 sur 2001 concernaient, pour 0,02 million d'euros les
contrats emploi-solidarité et pour 32 millions d'euros les emplois
jeunes.
3. L'action sociale, culturelle et la coopération régionale
Le
chapitre 46-94 « action sociale, culturelle et de coopération
régionale est un chapitre « fourre-tout »,
doté de 33,2 millions d'euros (217,8 millions de francs) dans le
projet de loi de finances pour 2002, soit 3 % du budget total de
l'outre-mer.
Ce chapitre enregistre une baisse apparente de 5 % de sa dotation en 2002.
Celle-ci est due au transfert de 7,9 millions d'euros au chapitre 44-03 du
FEDOM.
A structure constate, les crédits du chapitre progressent de
20,5 %, soit environ 6,1 millions d'euros.
Cette augmentation est largement répartie entre les diverses actions
financées par ce chapitre :
- 2,1 millions d'euros viennent renforcer les moyens de l'agence nationale
pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer (ANT) dans le
cadre de la mis en oeuvre du « projet initiative jeune »
créé par la loi d'orientation pour l'outre-mer ;
- 0,2 million d'euros sont destinés à financer
l'instauration d'une « aide au dialogue social » ;
- 0,47 million d'euros sont destinés à renforcer les actions
de formation et d'action sociale dans les territoires d'outre-mer et en
Nouvelle Calédonie ;
- 1,3 million d'euros seront consacrés aux actions de formation
professionnelle à Mayotte.
Par ailleurs,
la tendance constatée ces dernières année
à la création de nouveaux fonds, ou à leur renforcement,
se confirme :
- un
fonds de développement des nouvelles techniques d'informations
et de communication
est créé et doté de 0,76 million
d'euros ;
- les moyens des
fonds de coopération régionale
,
créés l'année dernière pour se substituer
progressivement au fonds interministériel pour la coopération
Afrique-Caraïbes géré par le ministère des affaires
étrangères, sont renforcés de 0,47 million d'euros et leur
dotation est portée à 3,5 millions d'euros ;
- le
fonds de promotion des échanges
, créé
l'année dernière et doté de 1,83 millions d'euros,
bénéficiera de 0,84 million d'euros supplémentaires. Ces
crédits sont inscrits à l'article 10 du chapitre 46-94.
S'agissant du
fonds d'aide aux échanges artistiques et culturels
,
géré conjointement avec le ministère de la culture, il
sera à nouveau doté de 0,914 million d'euros en 2002, dont
la moitié est prise en charge par le budget de l'outre-mer à
partir des crédits de l'article 10. l'intégralité des
crédits du fonds est consommée chaque année. Pour
favoriser la complémentarité avec les fonds de coopération
régionale, le fonds d'aide aux échanges artistiques et culturels
se consacre désormais surtout aux échanges avec la
métropole.
C. LES DOTATIONS ET SUBVENTIONS AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
1. Les subventions de fonctionnement
Deux
chapitres du budget de l'outre-mer versent des subventions de fonctionnement
aux collectivités locales :
- le chapitre 41-51 «
subventions obligatoires en faveur des
collectivités locales
» est en réalité une
dotation de compensation aux collectivités locales d'exonérations
de taxe foncière sur les propriétés bâties et non
bâties en application des dispositions de l'article L. 2353-3 du code
général des collectivités territoriales et de l'article 16
de la loi de finances pour 1988 (n°87-1060 du 30 décembre 1987).
La dotation de ce chapitre s'établit à 3,8 millions d'euros en
2002, soit le même montant qu'en 2001.
Ce chapitre est sous-doté. En 2001, les sommes inscrites en loi de
finances sont inférieures de 0,12 million d'euros (0,8 million de
francs) aux besoins constatés ;
- le chapitre 41-91 «
subventions de caractère
facultatif aux collectivités locales
» est doté de
10,3 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2002, en
progression de 24 % par rapport à 2001.
L'augmentation des crédits est, à hauteur de 1,5 million d'euros,
due à la mise en oeuvre des dispositions de la loi n° 2001-616
du 11 juillet 2001 relative à Mayotte. Le nouveau fonds mahorais de
développement est financé à hauteur de 0,54 million
d'euros et le montant de la dotation de rattrapage et de premier
équipement des communes de Mayotte s'élève à 0,99
million d'euros.
Environ la moitié des crédits du chapitre 41-91 est
constituée de la dotation de fonctionnement versée par l'Etat aux
terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
2. Les subventions d'équipement
Les deux
chapitres de subventions d'équipement aux collectivités locales
présentent des caractéristiques contrastées :
- le chapitre 67-51 «
travaux divers d'intérêt
local
» est doté en loi de finances mais ses
crédits sont mal consommés. En 2001, la dotation en loi de
finances s'établissait à 1,9 million d'euros alors que 4,2
millions d'euros non consommés en 2000 étaient
reportés ;
- le chapitre 67-54 «
subventions d'équipement aux
collectivités pour les dégâts causés par les
calamités publiques
» n'est pas doté en loi de
finances mais il dispose de crédits qui sont consommés. En 2001,
30 millions d'euros ont été ouverts sur ce chapitre et, au
11 juillet 2001, 5,6 millions d'euros ont été
consommés.
3. Les crédits en faveur de la Nouvelle-Calédonie
Trois
chapitres du budget de l'outre-mer sont spécifiques à la Nouvelle
Calédonie :
-
le chapitre 36-01
«
subventions aux établissements
publics d'Etat en Nouvelle-Calédonie
» rassemble des
subventions versées à l'agence de développement rural et
d'aménagement foncier, à l'institut de formation des personnels
administratifs et à l'agence de développement de la culture
kanak.
L'article 23 de la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative
à la Nouvelle-Calédonie prévoit le transfert de ces
établissements publics à la Nouvelle-Calédonie. Le
transfert de l'institut de formation des personnels administratifs devrait
être effectif au 1
er
janvier 2002. En conséquence, le
présent projet de loi de finances transfère les crédits
correspondants (0,3 million d'euros) à la dotation
générale de compensation inscrite au chapitre 41-56 .
Les subventions aux deux autres établissements sont reconduites en 2002
à un niveau identique à celui de 2001, sans indexation. Leur
montant s'établit à 1,94 million d'euros ;
-
le chapitre 68-93
«
actions diverses pour le
développement de la Nouvelle-Calédonie
» est un
chapitre « réservoir » dont les crédits sont
répartis en cours d'exercice entre d'autres chapitres du budget de
l'outre-mer.
En 2002, comme en 2001, il est prévu d'augmenter le montant des
autorisations de programme (de 51,2 millions d'euros à 61,4 millions
d'euros) et de diminuer le montant des crédits de paiement.
En 2001, un arrêté de répartition des crédits du
chapitre 68-93 est intervenu le 7 juin. Il portait, en autorisations de
programme, sur 33,2 millions d'euros, répartis au profit du chapitre
57-91 «
équipement administratif
» pour 0,3
millions d'euros et pour 22,1 millions d'euros au profit du fonds
d'investissement pour le développement économique et social
(FIDES). En crédit de paiement, 22,6 millions d'euros ont
été répartis principalement au bénéfice du
FIDES, de l'action culturelle (chapitre 46-94) et des subventions facultatives
aux collectivités locales. 10,6 millions d'euros inscrits dans la loi de
finances pour 2001 au titre VI ont été transférés
en gestion vers des chapitres de dépenses ordinaires ;
-
le chapitre 41-56
«
Dotations globales pour la
Nouvelle-Calédonie
» est divisé en trois
dotations : la dotation globale de fonctionnement, la dotation globale de
compensation et la dotation globale de construction et d'équipement des
collèges.
Ces dotations ont été créées pour tenir compte des
dispositions de la loi organique du 19 mars 1999 relative à la
Nouvelle-Calédonie. Les deux premières sont indexées sur
le taux d'évolution de la dotation globale de fonctionnement (DGF)
tandis que la troisième évolue comme la population
scolarisée en Nouvelle-Calédonie.
Le montant total des trois dotations prévu pour 2002 s'établit
à 80,3 millions d'euros (526 millions de francs).
La dotation globale de fonctionnement
, avec 69,3 millions d'euros,
représente 86 % de ce total. L'article 181 de la loi organique du
19 mars 1999 prévoit qu'elle est versée aux provinces pour
financer leurs charges en matière d'action sociale, de santé,
d'enseignement primaire public et de fonctionnement des collèges
publics. Cette dotation globalise les concours précédemment
versés par l'Etat aux provinces. Elle est répartie entre elles
à hauteur de la part perçue par chacune d'elle en 1999.
En 2002 , la dotation globale de fonctionnement progresse de 11,5 %,
correspondant à l'indexation sur la DGF (+ 4,07 %) et à une
mesure nouvelle de 4,6 millions d'euros destinée à
accroître la part de son montant correspondant aux dépenses de
santé et d'enseignement.
La dotation de construction et d'équipement des collèges
voit son montant porté à 8,37 millions d'euros. En application de
son indexation (l'évolution de la population scolarisée), son
montant progresse de 4,099 %, soit un taux pratiquement équivalent
à celui de l'évolution de la DGF.
La dotation globale de compensation
, qui compense les transferts de
compétence par l'Etat à la Nouvelle-Calédonie selon des
modalités proches de celles prévues pour la métropole par
les articles L. 1614-1 à L. 1614-5 du code général des
collectivités territoriales, rencontre des problèmes de mise en
place.
Depuis sa création en loi de finances pour 2000, aucun crédit n'a
encore été versé. En 2001, 3,8 millions d'euros,
correspondant aux dotations en loi de finances pour 2000 et pour 2001, ont
pourtant été ouverts.
Ces sommes sont censées compenser les transferts de compétences
en matière de services du vie-rectorat, service de l'inspection du
travail, service du commerce extérieur et une partie du service des mine
et de l'énergie chargé de la réglementation des
hydrocarbures et de certains minerais.
L'entrée en vigueur des transferts de compétence est
subordonnée à la signature d'une convention entre l'Etat et la
Nouvelle-Calédonie. Les conventions de transfert n'ont toujours pas
été signées en raison d'une différence
d'appréciation du montant de la compensation entre d'une part les
services du haut commissaire et d'autre part l'équivalent
calédonien de la commission consultative d'évaluation des charges
(CCEC).
Comme si de rien n'était, le projet de loi de finances pour 2002
prévoit une augmentation de 61,7 % du montant de la dotation
globale de compensation, dont le montant total s'élèvera à
2,7 millions d'euros, correspondant à l'indexation sur la DGF et au
transfert depuis le budget de l'éducation nationale des sommes relatives
à la poursuite du transfert des services du vice rectorat (0,6 million
d'euros). On peut se demander à partir de quels crédits va
fonctionner le vice-rectorat si les derniers crédits restant au budget
de l'éducation nationale viennent rejoindre ceux qui n'ont pas
été versés depuis 2000.
L'effort financier de l'Etat en direction de la Polynésie française
A la
suite de la décision de suspendre les essais nucléaires
réalisés à Mururoha, une convention entre l'Etat et le
gouvernement de Polynésie française, signée le 25 juillet
1996, fixe à 990 millions de francs, soit 151 millions d'euros, le
montant des flux financiers à maintenir au bénéfice de la
Polynésie française pendant dix ans.
Les crédits correspondant sont inscrits au chapitre 66-50
«
participation à des travaux d'équipement civil et
subventions d'équipement social intéressant la
collectivité militaire
» du budget de la défense.
L'article correspondant était doté, en autorisations de
programme, de 156,2 millions d'euros en 2001 et de 152,5 millions d'euros en
2002, et, en crédits de paiement, de 94,8 millions d'euros en 2001 et
94,3 millions d'euros en 2002.
Le « jaune » budgétaire relatif aux territoires
d'outre-mer et à la Nouvelle-Calédonie, qui retrace l'effort
financier des différents ministères, ne mentionne pas ces
crédits.
D. L'AIDE AU LOGEMENT : LA LIGNE BUDGÉTAIRE UNIQUE (LBU)
Le
chapitre 65-01 «
aide au logement
», connu sous le
nom de ligne budgétaire unique (LBU), a trois objets : favoriser la
construction de logements neufs ; promouvoir la qualité de
l'habitat ; résorber l'habitat insalubre.
Dans ces trois domaines, les besoins sont gigantesques. Le
« bleu » relatif au budget de l'outre-mer retient comme
indicateurs de performance les données suivantes, relatives à
l'année 1997 : 22 % des logements sont
surpeuplés ; 2,7 % des logements n'ont pas l'eau
courante ; 8,3 % des logements sont sans WC ; 6,8 % des
logements sont insalubres.
Le secrétariat d'Etat à l'outre-mer constate que la
quasi-totalité des autorisations de programme
déléguées sont engagées et considère que
«
ceci prouve l'importance des besoins et la capacité des
DOM à engager de nouvelles opérations
». En 2000,
la dotation en loi de finances de la LBU s'établissait à 167,7
millions d'euros et les reports de crédits de 1999 sur 2000
s'élevaient à 0,08 million de francs. Le taux de consommation
s'établissait à 96,53 %
2(
*
)
.
En 2001, la dotation en loi de finances initiale était de
205,8 millions d'euros et les reports de 2000 vers 2001 de 9 millions
d'euros.
Le tableau ci-dessous montre que depuis 1998 l'augmentation des dépenses
s'est accompagnée dans des proportions presque comparables d'une
augmentation du nombre de logements neufs ou
réhabilités.
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Evol. en % |
|
Nombre de logements neufs et réhabilités |
174 |
210 |
201 |
208 |
19,3% |
Crédits délégués (CP) |
11.808 |
14.654 |
13.697 |
14.668 |
24,2% |
Jusqu'en 2002, le montant des crédits disponibles au
titre
de la LBU était sans rapport avec le montant de sa dotation en loi de
finances initiale.
Cela s'expliquait par le fait que les trois quarts des
crédits de la « créance de proratisation »
venaient alimenter la LBU en cours d'exercice, majorant ainsi le montant de la
dotation en loi de finances initiale (en CP) de 71 % en 2000 et de
70 % en 1999. En 2000, la répartition des crédits de la
créance de proratisation a permis une majoration de 60 % de la
dotation en AP.
L'année 2002 marque la disparition de la créance de
proratisation, que le gouvernement s'est engagé à compenser
à la LBU. Le projet de loi de finances porpose de porter la dotation en
AP de 181 millions d'euros à 255 millions d'euros, soit une
progression de 40 %. Pour les AP, la compensation est donc réelle,
sachant qu'un tiers de la créance de proratisation avait disparu en 2001.
En CP, la dotation passe de 131,1 millions d'euros à 148,8 millions
d'euros, soit une progression de 13 %. La compensation n'est pas
opérée s'agissant des CP.
L'analyse de l'évolution des reports de crédits peut conduire
à se demander s'il serait pertinent d'augmenter plus le montant des CP.
En effet, les reports de 1998 vers 1999 ont été de 3,35 millions
d'euros. En 1999, ils s'élevaient à 35,3 millions d'euros. En
2000, le disponible en fin d'exercice s'établissait à 64,49
millions d'euros. Le taux de consommation des crédits était de
76,37 %, contre 85 % en 1999 et 95 % en 1998.
L'origine des reports vient essentiellement du fait que les crédits
transférés en cours d'exercice à partir de la
« créance de proratisation » concernent un montant
identique d'autorisations de programme et de crédits de paiement. Comme
tous les crédits de paiement ne peuvent être mandatés au
cours de l'année, un stock de reports s'accumule. Avec la disparition de
la « créance », cette anomalie disparaîtra
progressivement et l'impression que les crédits de paiement sont mal
consommés s'atténuera.
Le secrétariat d'Etat à l'outre-mer a indiqué que,
s'agissant de la LBU, les prescriptions du contrat de gestion n'avaient pas
été pénalisantes jusqu'ici car les crédits de
paiement ainsi reportés l'auraient été de toute
façon. A compter de 2003, cependant, le contrat de gestion se traduira
par une réduction des moyens si la dotation en loi de finances n'est pas
majorée.
On peut cependant observer que le rythme de réalisation des
opérations semble ralentir ces dernières années, ce qui se
traduit également par des reports de crédits de paiement.
E. LES FONDS D'INVESTISSEMENT
Le
budget de l'outre-mer comporte traditionnellement les crédits de deux
fonds d'investissements : le
fonds d'investissement dans les
départements d'outre-mer
(FIDOM) et le
fonds d'investissement
pour le développement économique et social
(FIDES). Seuls les
chapitres relatifs aux sections générales de ces deux fonds sont
dotés en loi de finances (68-01 pour le FIDOM et 68-90 pour le
FIDES), les deux sections décentralisées ayant été
mises en extinction depuis la loi de finances pour 1997.
A compter de 2002, ces crédits seront complétés par ceux
du nouveau
fonds de développement mahorais
(0,3 million d'euros)
et de la
dotation de rattrapage et de premier équipement des communes
de Mayotte
(2,7 millions d'euros). Ces crédits compètent
les crédits d'intervention inscrits au chapitre 41-91.
Les crédits relatifs à Mayotte apparaissent sous la forme de
nouveaux articles au sein du chapitre 68-01 relatif au FIDOM. Ce choix est
regrettable car les crédits du FIDOM n'ont pas besoin d'être
mélangés avec d'autres crédits mais au contraire
d'être mieux individualisés, notamment pour faire apparaître
la proportion servant à financer les contrats de plan.
Une autre solution pourrait consister à
regrouper l'ensemble des
crédits contractualisés du FIDOM et du FIDES au sein d'un
même chapitre, et d'individualiser par article les dépenses
relatives à chacun des départements, territoires et
collectivité d'outre-mer signataires d'un contrat de plan.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, les crédits du FIDOM
s'élèvent à 44,4 millions d'euros, en progression de
16,5 % par rapport à 2001. Les autorisations de programme
s'établissent à 51,3 millions d'euros, en diminution de
1,1 %. Cette baisse s'explique par le fait que les ouvertures d'AP sont de
même montant chaque année car elles correspondent à la
« tranche » annuelle du contrat de plan. En 2002, suite
à une modification du contrat de plan de Mayotte, le montant de la
tranche est réduit. L'augmentation des CP traduit quand à elle la
montée en charge des opérations financées dans le cadre du
nouveau contrat de plan.
Les crédits du FIDES passent de 22,2 millions d'euros à 20,5
millions d'euros en CP et restent stables en AP, à 26,5 millions d'euros.
Le FIDOM et le FIDES sont particulièrement pénalisés
par la régulation budgétaire dans le cadre des contrats de
gestion.
S'agissant du FIDOM, l'intégralité des reports
constatés de 2000 sur 2001 s'explique par le contrat de gestion, qui
portait sur 9,1 millions d'euros, soit 23,8 % de la dotation en loi de finances
pour 2000.
S'agissant du FIDES, 49 millions d'euros ont été reportés
de 2000 sur 2001, dont 39,6 en application du contrat de gestion.
L'existence de reports de crédits pourrait laisser penser que ces
crédits connaissent des problèmes de consommation alors que les
reports s'expliquent majoritairement par la régulation budgétaire.
Deux commissions dont les travaux n'ont qu'une visibilité limitée
Le
« jaune » budgétaire retraçant la liste des
commissions et instances consultatives ou délibératives
placées directement auprès du Premier ministre ou des ministres
mentionne deux commissions placées auprès du ministre de
l'outre-mer dont l'écho des travaux n'est pas parvenu jusqu'à
votre rapporteur :
- le comité interministériel du fonds de secours,
créé par le décret n° 60-944 du 5 septembre
1960, dont la compétence porte sur l'aide aux victimes de
calamités publiques ;
- la commission interministérielle de coordination des investissements
outre-mer, créé par le décret n° 70-1026 du 5
novembre 1970, qui assure une mission de coordination et de suivi des
investissements réalisés outre-mer par les différents
ministères.
III. UN EFFORT FINANCIER QUI NE PRIVILÉGIE PAS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
A. LE POIDS CROISSANT DES DÉPENSES SOCIALES
1. La disparition de la « créance de proratisation »
L'alignement en deux ans du niveau du revenu minimum
d'insertion
(RMI) outre-mer se traduit par la disparition, à compter de 2002, de la
« créance de proratisation ». Cette
« créance » était une enveloppe
financière dont le montant correspondait aux sommes
« économisées » par l'Etat en raison du
niveau plus faible du RMI outre-mer. En cours d'exercice, ses crédits
venaient alimenter pour un quart le FEDOM et pour le reste les aides au
logement.
Les inconvénients de l'alignement du niveau du RMI sont connus,
même si le secrétariat d'Etat à l'outre-mer a
indiqué à votre rapporteur que «
l'alignement ne
devrait pas avoir un effet déstabilisant sur le contexte
socio-économique des DOM, dans la mesure où le gain de pouvoir
d'achat n'est pas dissuasif vis à vis de la recherche d'un
emploi
».
Le gouvernement s'est engagé à ce que la disparition de la
créance de proratisation ne s'accompagne pas d'une diminution des moyens
des actions au financement desquelles elle participait. En matière de
logement, où les besoins sont énormes, il est difficilement
concevable de réduire les sommes disponibles.
La non disparition de la créance de proratisation se traduit
néanmoins par une augmentation des dépenses de l'Etat de l'ordre
de 122 millions d'euros (800 millions de francs), à laquelle il faut
ajouter l'augmentation des dépenses des conseils généraux
liées à l'augmentation mécanique du coût du volet
« insertion » du RMI.
Pour que les conséquences budgétaires de cette mesure soient
véritablement apparentes, il conviendrait que les crédits du RMI,
ainsi que ceux consacrés au nouveau revenu de solidarité
créé par l'article 27 de la loi d'orientation pour
l'outre-mer, figurent au sein du budget de l'outre-mer, et non à celui
de l'emploi et de la solidarité.
Il est particulièrement révélateur qu'aucun des deux
« jaunes » budgétaires consacrés à
l'outre-mer ne retrace, ni ne mentionne, les dépenses liées au
RMI.
2. Les dépenses du FEDOM augmentent toujours plus vite que celles du secrétariat d'Etat
Le
budget du secrétariat d'Etat à l'outre-mer augmente de 39
millions d'euros entre 2001 et 2002. Dans le même temps, les
crédits des aides à l'emploi, regroupées au sein du FEDOM,
progressent de 102 millions d'euros. A structure constante, elle augmentent de
71 millions d'euros.
Les dépenses du FEDOM ont progressé de 58 % en trois ans et
leur part dans les dépenses du secrétariat d'Etat est
passée du tiers à près de la moitié.
Le principal facteur d'augmentation de la dépense sont les
emplois-jeunes, dont le coût prévu pour 2002 s'élève
à
145 millions d'euros
. Cependant, l'année 2002 marque
aussi la montée en puissance des dispositifs créés par la
loi d'orientation pour l'outre-mer, qui coûtent
77,3 millions
d'euros
. Le coût des nouveaux dispositifs en faveur de Mayotte
s'établit à
18,2 millions d'euros
.
Le financement de ces nouvelles priorités est très
partiellement financé par redéploiement et réduction des
sommes consacrées aux dispositifs plus anciens.
Le montant des
dépenses qui leur sont consacrées a diminué de 20 millions
d'euros depuis 1999 alors que celui des nouveaux dispositifs a progressé
de 173 millions d'euros.
L'amélioration relative de la conjoncture économique au cours
de la période n'a pas permis de faire reculer le montant des sommes
consacrées aux emplois aidés. Cependant, elle conduit les
services de l'Etat à réorienter les crédits vers les
dispositifs en faveur des publics les plus en difficulté.
Ainsi, en
2001 des créations de contrats emploi solidarité (CES), de
contrat d'insertion par l'activité (CIA) et de contrats emploi
consolidés (CEC) ont été
« gagées » par la suppression de contrats
d'accès à l'emploi et d'emplois jeunes.
S'agissant des emplois-jeunes, qui ont toujours connu des problèmes de
recrutement outre-mer comme en témoignent d'importants reports de
crédits, on observera que l'accent porte désormais moins sur la
création de nouveaux emplois-jeunes que sur la reconversion des
titulaires des emplois existants. Dans cette perspective la création par
la loi d'orientation sur l'outre-mer du projet initiative jeunes, qui
prévoit des aides à la création d'entreprise, va dans le
bon sens.
B. DEUX SPÉCIFICITÉS CONTRADICTOIRES DE L'OUTRE-MER
1. Des avantages fiscaux et sociaux qui pourraient améliorer la compétitivité de l'outre-mer
Le
budget du secrétariat d'Etat à l'outre-mer s'élève
à 1.079 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2002.
Dans le même temps
,
l'Etat consacrera un montant très
supérieur au financement des différents avantages fiscaux et
sociaux dont bénéficient les contribuables implantés
outre-mer, qui se répartissent en
1.988 millions d'euros d'avantages
fiscaux (13 milliards de francs)
et
533 millions d'euros
d'exonérations de charges sociales
(dont environ 300 millions
d'euros liés aux mesures instaurées par la loi d'orientation sur
l'outre-mer).
2. Une régime de rémunérations des emplois publics pénalisant
L'outre-mer ne retire pas de ses avantages fiscaux tous le
bénéfice que l'on pourrait espérer. La
compétitivité des entreprises reste modérée,
notamment du fait de la concurrence de pays voisins où les salaires sont
très inférieurs, et les prix (notamment les loyers) sont
élevés. La croissance démographique absorbe les marges de
manoeuvre dégagées là où le dynamisme
économique est réel.
Si le régime de rémunération des fonctionnaires n'explique
pas l'ensemble des difficultés économiques rencontrées par
les départements d'outre-mer, il ne facilite pas leur résolution
comme l'a mis en évidence par le rapport
« Fragonard », remis au Premier ministre en 1999.
Le rapport Fragonard pointait les inconvénients du système
actuel :
- «
l'importance des sur-rémunérations dans la
sphère publique pèse sur les prix et exerce une influence
à la hausse dans le secteur privé
».
- «
il est très vraisemblable qu'elles dissuadent les
employeurs publics de recruter à hauteur des
besoins
» ;
- «
une partie de ce pouvoir d'achat est recyclé en
métropole sous forme d'importations ou
d'épargne
» ;
- «
l'éclatement de la société des DOM entre
un secteur à garantie d'emploi et forte rémunération et un
secteur exposé à salaires inférieurs, et enfin, à
la marge de la société, une population en sous emploi ou en
chômage massif est profondément malsain
» ;
- «
les budgets
[ des collectivités locales]
sont
exposés à la pression de demandes de titularisation d'un nombre
élevé d'agents qui demandent que celle-ci se fasse à la
valeur majorée actuelle des titulaires
».
Votre
rapporteur spécial a demandé au secrétariat d'Etat
à l'outre-mer de lui communiquer le coût pour l'Etat des
spécificité de l'outre-mer en matière de
rémunération des fonctionnaires. Il lui a été
répondu qu'il n'était «
pas possible de
répondre à cette question pour les autres départements
ministériels concernés par les affectations outre-mer, faute de
disposer de leur consommation des crédits aux paragraphes d'imputation
budgétaire
».
Votre rapporteur observe que cette information devrait légitimement
figurer dans les « jaunes » budgétaires relatifs
à l'outre-mer et constate que, l'année dernière, le
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie avait
été en mesure de fournir des indications s'agissant des
personnels civils :
Coût des surrémunérations outre-mer pour la fonction publique d'Etat en 1999
(en millions de francs)
Les
montants des dépenses du ministère de l'éducation
nationale et du ministère de l'économie et des finances
proviennent de l'agence centrale comptable centrale du trésor. Les
autres montants ont été fournis par les ministères. Les
données relatives aux militaires sont manquantes.
Source : ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
L'article 26 de la loi n° 2000-1027 du 13 décembre
2001
d'orientation pour l'outre-mer prévoit que, «
dans un
délai de trois mois suivant la promulgation de la présente
loi
», un décret devra supprimer le titre Ier du
décret n° 53-1266 du 22 décembre 1953, qui fixe le
régime des primes d'éloignement des fonctionnaires
exerçant leur activité outre-mer.
Près d'un an après l'entrée en vigueur de la loi, le
décret n'est pas encore paru.
|
|
Coefficient multiplicateur de traitement |
Indemnité d'éloignement |
|
Guadeloupe |
+ 40 % du traitement brut |
12 mois pour 4 ans |
Département d'Outre mer |
Martinique |
+ 40 % de traitement brut |
12 mois pour 4 ans |
|
Guyane |
+ 40 % du traitement brut |
16 mois pour 4 ans |
|
Réunion |
+ 35 % du traitement brut + 1,138 appliqué sur le traitement net (3) (4) |
12 mois pour 4 ans |
Territoires d'Outre mer |
Polynésie française * (1) |
+ 84 % à 108 % sur le traitement net |
10 mois pour 2 ans |
|
Nouvelle-Calédonie * (1) |
+ 73 % à 94 % sur le Traitement net x (3) |
10 mois pour 2 ans |
|
Wallis et Futuna |
+ 105 % sur le traitement net |
18 mois pour 2 ans |
|
TAAF *
(2)
|
+ 35 %
du traitement brut + 1,138 appliqué sur le traitement net * (3) (4)
|
12 mois
pour 4 ans
|
Collectivités à statut spécial |
Saint
Pierre et Miquelon
|
+ 40 %
sur le traitement brut
|
12 mois pour 4 ans |
* (1)
Selon subdivision ou terre australe ou antartique d'affectation, les Iles de la
Nouvelle-Amsterdam et de Saint Paul d'une part et l'archipel des
Kerguélen, l'archipel des Crozet et la Terre Adélie d'autre part.
* (2) Les décrets des 26 et 27 novembre 1966 ne sont pas applicables
dans les TAAF. Depuis la délocalisation du siège à Saint
Pierre de la Réunion, les agents permanents du siège percoivent
la rémunération et l'indemnité d'éloignement en
vigueur à la Réunion. Les agents affectés dans les terres
australes et antartiques mêmes effectuent un service de dix mois ou de 1
an quand ils font « l'hivernage ».
* (3) Le traitement net est le traitement brut afférent à
l'indice nouveau majoré (INM) correspondant au grade et échelon
de l'agent augmenté éventuellement de la Nouvelle bonification
indiciaire (NBI), du supplément familial de traitement SFT et de
l'indemnité de résidence et diminué de la pension civile.
Les majorations de traitement, les index de « correction »
et les coefficients multiplicateurs ne s'appliquent pas aux primes et
indemnités diverses.
* (4) L'index de « correction » appliqué à la
Réunion a été instauré pour compenser la
disparité entre le franc métropolitain et le franc de la
communauté financière africaine (CFA) par le décret
n°71-485 du 22 juin 1971, le taux appliqué actuellement a
été modifié pour la dernière fois par
arrêté du 28 août 1979.
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer
C. LA NÉCESSITÉ DE RÉFORMER LE FONDS D'INVESTISSEMENT DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER (FIDOM)
Votre
rapporteur, s'inscrivant dans une démarche initiée par notre
collègue Henri Torre, a procédé au cours de l'année
2001 à un contrôle du fonctionnement du FIDOM.
Les résultats de ce contrôle feront l'objet d'une communication
spécifique. Les principales conclusions sont d'une part que les
dépenses d'investissement outre-mer ne font l'objet d'aucune
évaluation de leur efficacité et que, d'autre part, le
fonctionnement du FIDOM déroge aux textes qui le régissent. Il en
résulte la nécessité soit de réformer le
fonctionnement du FIDOM, soit de modifier les textes.
IV. UN « ACTIVISME » LEGISLATIF QUI PEINE PARFOIS A RECEVOIR UNE TRADUCTION CONCRÈTE
A. LE NOUVEAU DISPOSITIF D'AIDE FISCALE À L'INVESTISSEMENT EN ATTENTE DE DÉCRETS D'APPLICATION
L'article 19 de la loi de finances pour 2001 a mis fin au
dispositif
dit de la « loi Pons » et l'a remplacé par un
crédit d'impôt sur le revenu et une réduction du
bénéfice imposable au titre de l'impôt sur les
sociétés.
Le dispositif de crédit d'impôt sur le revenu créé
à cette occasion semble avoir particulièrement séduit le
gouvernement puisque le crédit d'impôt proposé dans le
cadre du projet de loi sur la Corse en est un décalque.
Malheureusement, près d'un an après le vote de la loi, le nouveau
dispositif d'aide fiscale à l'investissement n'est toujours pas
entré en vigueur, faute d'accord des autorités communautaires.
En 2001, le coût de la « défiscalisation » a
légèrement diminué, de 571 millions d'euros à
518 millions d'euros, car aucun projet nouveau n'a pu être pris en
compte.
Le projet de loi de finances pour 2002 anticipe un succès prochain des
négociations avec la Commission européenne puisqu'il
prévoit une forte augmentation du coût de la
« défiscalisation » des investissements outre-mer.
Celui-ci passerait de 518 millions d'euros à 723 millions
d'euros.
On notera que le nouveau dispositif est considéré par le
gouvernement comme susceptible d'avoir un coût supérieur de
25 % à celui de l'ancien.
B. LES RATÉS DES TRANSFERTS DE COMPÉTENCE EN NOUVELLE CALÉDONIE
La mise
en oeuvre des dispositions du nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie
semble se dérouler de façon paisible sur le plan politique mais
se heurter à des difficultés techniques.
Fin 2001, les crédits ouverts depuis 2000 au titre de la dotation de
compensation des transferts de charges n'ont toujours pas été
dépensés.
De plus, il apparaît que les clefs de répartition des
crédits de la dotation de construction et d'équipement des
collèges sont inadaptés à la réalité de
l'évolution de la population scolarisée dans les trois provinces
calédoniennes. Cette dotation est répartie, selon des
modalités fixées par le décret n° 2000-578 du 22 juin
2000, en fonction de la population scolarisable, de la superficie des
établissements scolaires et des effectifs scolarisés.
Toutefois, la pondération accordée à ce dernier
critères est faible, ce qui se traduit par un manque à gagner
pour la province sud, dans laquelle sont scolarisés des enfants
résidant dans d'autres provinces. La province sud doit donc consentir un
effort financier sans rapport avec les crédits qu'elle reçoit de
l'Etat. Il serait souhaitable de désamorcer le plus tôt possible
cette source potentielle de conflit entre les provinces, afin que la mise en
oeuvre du nouveau statut soit réalisé dans le meilleur climat
possible.
C. LE RECOURS ABUSIF À LA PROCÉDURE DES ORDONNANCES
Peu
après son arrivée au pouvoir, le gouvernement a demandé au
Parlement de l'habiliter à modifier par ordonnance le droit applicable
outre-mer dans un grand nombre de domaines.
Une première loi d'habilitation est intervenue et a été
suivie par le dépôt de projets de loi de ratification, qui ont
été examinés et adoptés par les deux
assemblées dans des conditions qui auguraient bien de l'avenir.
Malheureusement, les habilitations intervenues par la suite n'ont plus jamais
été suivies de l'examen par le Parlement des projets de loi de
ratification. Dix-huit ordonnances sont en instance de ratification. Treize
nouvelles devraient intervenir en 2002.
La banalisation du recours aux ordonnances ne s'accompagnant pas d'une
ratification ultérieure par le Parlement est un phénomène
inquiétant. L'outre-mer n'a pas vocation à devenir le domaine
réservé du pouvoir exécutif, qui déciderait seul,
en dehors de tout contrôle parlementaire, du droit auquel sont soumis nos
compatriotes ultramarins.
Les ordonnances intervenues depuis 1999
Le
gouvernement a communiqué à votre rapporteur les
éléments suivants :
«
Ordonnances publiées
En application de la loi n°99-899 du 25 octobre 1999 portant
habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures
législatives nécessaires à l'actualisation et à
l'adaptation du droit applicable outre-mer, dix-huit ordonnances ont
été publiées :
- ordonnance n° 2000-27 du 13 janvier 2000 relative à la
contribution de l'Etat aux ressources des communes de la Polynésie
française ;
- ordonnance n° 2000-28 du 13 janvier 2000 relative à la
santé publique à Mayotte et portant modification des ordonnances
n° 92-1070 du 1er octobre 1992 et n° 96-1122 du
20 décembre 1996 modifiée,
- ordonnance n° 2000-29 du 13 janvier 2000 portant création d'une
agence de santé et extension ou adaptation de certaines dispositions du
code de la santé publique aux îles Wallis et Futuna,
- ordonnance n° 2000-99 du 3 février 2000 relative au statut des
agences d'insertion dans les départements d'outre-mer et modifiant la
loi n° 88-1088 du 1er décembre 1988 relative au minimum d'insertion,
- ordonnance n° 2000-189 du 2 mars 2000 portant extension et adaptation du
titre Ier du livre IV du code de la santé publique relatif aux
professions de médecin, de chirurgien-dentiste et de sage-femme aux
départements d'outre-mer, aux collectivités territoriales de
Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte et aux territoires d'outre-mer des
îles Wallis et Futuna et des Terres australes et antarctiques
françaises,
- ordonnance n°2000-190 du 2 mars 2000 relative aux chambres de discipline
des ordres des médecins, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et
des pharmaciens de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie
française,
- ordonnance n° 2000-218 du 8 mars 2000 relative aux règles de
détermination des nom et prénoms des personnes de statut civil de
droit local applicable à Mayotte,
- ordonnance n° 2000-219 du 8 mars 2000 relative à l'état
civil à Mayotte,
- ordonnance n° 2000-285 du 30 mars 2000 portant actualisation et
adaptation du droit du travail de l'outre-mer,
- ordonnance n° 2000-347 du 19 avril 2000 modifiant l'ordonnance n°
59-74 du 7 janvier 1959 portant réforme du régime de
l'émission dans les départements de la Guadeloupe, la Guyane, la
Martinique et la Réunion ;
- ordonnance n° 2000-350 du 19 avril 2000 portant actualisation et
adaptation du droit électoral applicable outre-mer,
- ordonnance n° 2000-351 du 19 avril 2000 portant prolongation de la
scolarité obligatoire dans le territoire des îles Wallis et Futuna,
- ordonnance n° 2000-352 du 19 avril 2000 relative à
l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles dans les îles
Wallis et Futuna ;
- ordonnance n° 2000-370 du 26 avril 2000 relative au droit d'asile en
Polynésie française, dans les îles Wallis et Futuna,
à Mayotte et dans les Terres australes et antarctiques françaises,
- ordonnance n° 2000-371 du 26 avril 2000 relative aux conditions
d'entrée et de séjour des étrangers à Wallis et
Futuna,
- ordonnance n° 2000-372 du 26 avril 2000 relative aux conditions
d'entrée et de séjour des étrangers en Polynésie
française,
- ordonnance n° 2000-373 du 26 avril 2000 relative aux conditions
d'entrée et de séjour des étrangers à Mayotte,
- ordonnance n° 2000-374 du 26 avril 2000 relative aux conditions
d'entrée et de séjour des étrangers dans les Terres
australes et antarctiques françaises.
Faisant suite à ces ordonnances prises en application de loi
n°99-899 du 25 octobre 1999, trois projets de loi de ratification des
ordonnances ont été déposés sur le bureau du
Sénat les 13 et 19 juillet 2000. Le Gouvernement ayant formulé le
voeu qu'ils soient examinés par les commissions compétentes du
Sénat dès le mois de mars, ils devraient être
débattus en première lecture début 2002.
Ordonnances à publier
En application de l'art. 2 de la loi n°2001-503 du 12 juin 2001 portant
habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures
législatives nécessaires à l'actualisation et à
l'adaptation du droit applicable en outre-mer, un certain nombre d'ordonnances
devront être prises par le Gouvernement avant le 30 mars 2002
destinées notamment à répondre à l'urgence sociale
et respecter les engagements pris depuis 1997 afin de donner aux mahorais les
moyens d'un développement économique et social durable.
Dès l'automne, des ordonnances seront prises dans le domaine de l'emploi
et de la protection sociale :
Des mesures pour l'emploi. Un dispositif d'ensemble cohérent pour
stimuler la création et le développement d'activités
économiques et de services sera mis en place :
- le dispositif emploi-jeunes sera adapté à Mayotte et dès
cette année, 300 emplois-jeunes seront créés ;
- la mise en place d'un régime conventionnel d'indemnisation du
chômage en cas de licenciement économique sera encouragée
et le code du travail dans son ensemble sera complété pour mieux
assurer notamment l'hygiène et la sécurité du travail ;
- le statut des travailleurs indépendants, commerçants et
artisans et celui des exploitants agricoles et des pêcheurs, sera
consolidé.
Une protection sociale renforcée. La priorité portera sur
l'enfance, la famille et les plus démunis
- les allocations familiales, réservées actuellement aux
salariés, seront généralisées à toute les
familles en situation régulière.
- la revalorisation du niveau de ces allocations sera réalisée
par étape, et ce dès le 1er octobre prochain. (50% en un an pour
les familles de un ou deux enfants et de 33% pour les familles de trois
enfants).
- le montant minimal des allocations versées aux plus démunis
sera également augmenté, pour les personnes âgées ou
handicapées.
- enfin, pour accompagner l'effort de construction scolaire à Mayotte,
les familles bénéficieront d'un doublement de l'allocation de
rentrée scolaire : 300 francs dans le primaire et 700 francs dans le
secondaire (dont une partie sous forme d'achat de fournitures scolaires). Une
aide à la restauration scolaire sera également
créée et versée aux gestionnaires des
établissements.
Par ailleurs, cette même loi n°2001-503 du 12 juin
2001 porte
habilitation au Gouvernement à prendre des ordonnances [avant le 30 mars
2002] dans les autres domaines suivants :
Transports intérieurs dans les départements de la Guadeloupe, de
la Guyane et de la Martinique ;
Extension aux territoires de la Polynésie française et des
îles Wallis et Futuna, à la Nouvelle-Calédonie et à
Mayotte de la loi n° 86-912 du 6 août 1986 relative aux
modalités des privatisations ;
Extension aux territoires de la Polynésie française et des
îles Wallis et Futuna, à la Nouvelle-Calédonie et à
Mayotte des dispositions législatives du code de l'aviation civile
relatives à la sûreté et à la
sécurité sur les aérodromes ;
Conditions d'entrée et de séjour des étrangers en
Nouvelle-Calédonie et leurs conséquences sur l'ensemble du
territoire de la République. ;
Armement des navires dans le territoire des Terres Australes et antarctiques
françaises ;
Enfin, l'art. 67 de la loi n°2001-616 du 11 juillet 2001 relative à
Mayotte qui dote l'île d'un nouveau statut de collectivité
départementale, prévoit que ordonnances doivent être prises
par le Gouvernement avant le 31 décembre 2002 dans les domaines suivants
:
Dispositions relatives aux personnes, à la propriété, aux
contrats, aux obligations, aux privilèges, à la prescription et
à la possession ;
Réforme de l'organisation judiciaire et statut des cadis ;
Modernisation du régime communal, coopération intercommunale et
conditions d'exercice des mandats locaux ;
Modernisation et développement du service public de
l'électricité ;
Protection, aménagement et mise en valeur de la zone « des
cinquante pas géométriques »
Développement de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique.
»
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Pour
tenir compte de la réforme des fonds spéciaux, l'Assemblée
nationale a adopté un amendement tendant à majorer :
- le chapitre 31-02 «
Administration centrale. Indemnités
et allocations diverses
» (article 10), à hauteur de
245.687 euros ;
- le chapitre 34-96 «
Fonctionnement des
services
» (article 13), à hauteur de 27.441 euros.
L'Assemblée nationale a également adopté un amendement
majorant, à titre non reconductible, les crédits de l'article 10
du chapitre 67-51 «
Travaux divers d'intérêt
local
» de 199.000 euros.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 21 novembre 2001 sous la
présidence
de M. Roland du Luart, vice-président, la commission a
examiné le rapport sur les crédits de l'outre-mer inscrits dans
le projet de loi de finances pour 2002.
M. Roland du Luart a tout d'abord indiqué que le projet de budget de
l'outre-mer portait sur environ un milliard d'euros, en progression de
3,1 % par rapport à 2001. Il a mis en perspective la portée
du vote émis par le Parlement en soulignant que les crédits
inscrits dans la loi de finances ne reflétaient
généralement pas les crédits que le gouvernement
envisageait de dépenser car il est de tradition que d'autres
crédits soient généralement prévus dans le
collectif budgétaire de fin d'année, que le budget voté ne
reflétait généralement pas les crédits disponibles
au titre de l'exercice en raison d'importants reports de crédits, et que
ces reports n'étaient principalement pas dus à des
problèmes de consommation mais à la régulation
budgétaire.
M. Roland du Luart a constaté que l'augmentation du budget de
l'outre-mer était due à celle des crédits consacrés
aux emplois aidés et que le budget accordé au fonds pour l'emploi
dans les départements d'outre-mer en 2002 augmentait plus que le total
des crédits de l'outre-mer. Il a fait état du coût
élevé des nouveaux dispositifs créés par la loi
d'orientation pour l'outre-mer et la loi relative à Mayotte. Il a
noté l'absence presque totale de redéploiements de crédits
pour financer ces mesures.
Le rapporteur spécial a indiqué que l'alignement du niveau du
revenu minimum d'insertion versé outre-mer sur celui de la
métropole serait effectif en 2002 et que par conséquent la
créance de proratisation disparaissait. Il a précisé que
les actions financées auparavant par cette créance voyaient leurs
moyens renforcés en 2002 et que le coût pour l'Etat de
l'alignement s'élevait à 122 millions d'euros, auxquels il
convient d'ajouter les dépenses supplémentaires des conseils
généraux.
M. Roland du Luart a regretté que les avantages procurés en
termes de compétitivité par un statut fiscal avantageux soient
contrebalancés par les conséquences négatives pour
l'économie du régime de rémunération des
fonctionnaires.
Il a observé que le nouveau dispositif d'aide fiscale à
l'investissement issu de la loi de finances pour 2001 n'était toujours
pas entré en vigueur faute de décrets d'application. Il a
expliqué ce retard par l'absence d'accord de la Commission
européenne.
Le rapporteur spécial a déploré les
« ratés » de la mise en oeuvre du nouveau statut de
la Nouvelle-Calédonie en soulignant qu'aucun des transferts de
compétence prévus n'avait eu lieu. Il a préconisé
une réforme du fonds pour l'investissement dans les départements
d'outre-mer et a condamné le recours abusif à la procédure
des ordonnances auquel se livre le Gouvernement depuis quelques années.
M. Daniel Raoul, rapporteur pour avis au nom de la commission des affaires
économiques, a indiqué que la commission des affaires
économiques avait émis un avis défavorable sur le projet
de budget de l'outre-mer mais que, à titre personnel, il y était
favorable car les mesures prévues par la loi d'orientation
bénéficient de financements à la hauteur des besoins.
Mme Valérie Létard, rapporteur pour avis au nom de la commission
des affaires sociales, a fait part de l'avis défavorable exprimé
par cette commission, en raison de la priorité contestable
réservée aux aides à l'emploi public et des risques pour
le niveau des aides au logement engendrés par la disparition de la
créance de proratisation.
M. Yann Gaillard s'est déclaré sceptique sur les chances de
l'outre-mer d'entrer dans un cercle vertueux de développement sans une
profonde modification de ses structures économiques. Il a
regretté que le problème des surrémunérations ne
soit toujours pas réglé.
M. Claude Lise a rappelé que les problèmes économiques de
l'outre-mer n'étaient pas seulement liés aux
surrémunérations. Il a indiqué qu'il préconisait
leur réduction et l'affectation du différentiel à un fonds
de développement. Il a considéré que les primes
d'éloignement n'étaient plus justifiées car l'outre-mer
produisait des cadres susceptibles d'exercer les fonctions auparavant souvent
dévolues à des métropolitains.
Il a insisté sur la nécessité de faire évoluer les
institutions et s'est réjoui que le président de la
République adhère aujourd'hui à cette thèse. Il
s'est félicité de la mise en place des Congrès, qui
permettent le dialogue et évitent des dérives comparables
à celles constatées en Corse.
M. Claude Lise a également insisté sur la nécessité
d'une approche globale du développement de l'outre-mer. Il a
souhaité que la France, en s'appuyant sur ses élus locaux, joue
un rôle plus important dans la Caraïbe. Il a insisté sur les
difficultés rencontrées en matière de desserte
aérienne de l'outre-mer. Il a constaté, avant même que les
mesures prévues par la loi d'orientation atteignent leur rythme de
croisière, que le chômage a diminué de 10 % depuis
1999.
En réponse, M. Roland du Luart, rapporteur spécial, a
confirmé que les mesures issues de la loi d'orientation étaient
financées correctement par le gouvernement et que certaines d'entre
elles, notamment les projets initiative jeunes, constituaient un progrès.
Il a insisté sur la nécessité de mettre l'accent sur la
politique en faveur de l'outre-mer, sur le développement
économique en favorisant les mesures ciblées et adaptées
aux réalités locales.
Sur la proposition du rapporteur spécial, la commission a alors
décidé de proposer au Sénat de rejeter le projet de budget
de l'outre-mer pour 2002.
1
Rapport sur le projet de loi portant
règlement du budget de 2000, session ordinaire 2001-2002, n° 50, p.
121.
2
A titre de comparaison, le taux de consommation de l'ensemble des
AP s'élevait à 92,84 % en 2000.