Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 21 : Equipement, transport et logement : Urbanisme et logement
PELLETIER (Jacques), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 21 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 274 Ko )Table des matières
- I. LES CRÉDITS DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2002
- II. L'EXÉCUTION DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2000 ET 2001
- I. LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE A PERMIS DE FREINER LA MONTÉE EN PUISSANCE DES AIDES PERSONNELLES
- II. IL FAUT ANTICIPER UNE DÉGRADATION DE LA CONJONCTURE
- I. LA SUCCESSION DES PLANS DE RELANCE EN FAVEUR DE LA CONSTRUCTION SOCIALE
- II. LE RECOURS À UN DISPOSITIF COERCITIF MÉCONNAIT LA RÉALITÉ LOCALE ET LES RESPONSABILITÉS DE L'ÉTAT
- I. DES AIDES POUR L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ TOUJOURS MOINS EFFICACES
-
II. LES AIDES A LA RÉNOVATION DU LOGEMENT
PRIVÉ SONT REMISES EN CAUSE
- A. LES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES OCCUPANTS DOIVENT ÊTRE SIMPLIFIÉES ET REVALORISÉES
- B. DES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES BAILLEURS INDISPENSABLES MAIS CRITIQUÉES
- C. LA RÉFORME DES AIDES AU LOGEMENT PRIVÉ S'ACCOMPAGNE D'UNE RÉDUCTION DES MOYENS
- D. LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ DOIT ÊTRE RELANCÉE
- III. IL FAUT SIMPLIFIER ET AMÉLIORER LA FISCALITÉ EN FAVEUR DES BAILLEURS PRIVÉS
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 21
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
II.- URBANISME ET LOGEMENT
Rapporteur spécial
: M. Jacques PELLETIER
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Pendant
les trois dernières années, le budget de l'urbanisme et du
logement a été élaboré dans un contexte très
favorable de reprise du marché immobilier et de croissance du secteur de
la construction.
Après avoir enregistré une croissance de 7 % en volume en 1999,
l'activité des entreprises de bâtiment a encore fortement
progressé en 2000, sur les deux segments de la construction neuve et de
l'entretien
(+ 5,8 % chacun). En ce qui concerne l'entretien, dont le
chiffre d'affaires est désormais sensiblement égal à celui
de la construction neuve, le taux de croissance est supérieur au rythme
moyen observé ces dernières années. L'activité a
été tirée à la hausse par les travaux
consécutifs aux intempéries de la fin de l'année 1999 et
par les effets de la mesure d'abaissement du taux de TVA sur les travaux
d'entretien du logement, ramené de 20,6 % à 5,5 % le
15 septembre 1999.
En 2001, l'activité immobilière montre cependant les signes du
ralentissement
: les ventes de logements neufs stagnent (75.000
attendues en fin d'année), la production de logements neufs sera
inférieure à 360.000 logements, la production de bureaux
étant cependant restée très dynamique (+ 33,8 % de
mises en chantier sur les douze derniers mois).
Pour 2002
, compte tenu des résultats enregistrés en 2001,
l'activité liée à l'entretien devrait augmenter
légèrement ou se stabiliser. En ce qui concerne la construction
neuve, les perspectives d'activité dépendront de
l'évolution des paramètres macro-économiques d'ensemble :
pouvoir d'achat des ménages, taux de chômage, taux
d'investissement des entreprises. Ces paramètres ne sont malheureusement
pas orientés dans la bonne direction. Toutefois la modération des
taux d'intérêt des prêts immobiliers et des prix devraient
plutôt tempérer les mauvaises nouvelles.
Il n'en reste pas moins que le budget 2002 est un budget
charnière : sans doute dernier budget bénéficiant
encore d'une conjoncture économique favorable, il doit aussi être
un budget qui prépare l'avenir.
A cet égard,
la réforme des aides personnelles au logement
entre dans sa deuxième phase en 2002
. Cette réforme
était nécessaire, mais aucune mesure d'économie
structurelle n'a été prise pour assurer la
pérennité des aides personnelles dans le temps. Le ralentissement
économique, une hausse du chômage et ces aides pourraient repartir
fortement à la hausse. Plus d'un quart des français touchent des
aides personnelles au logement, soit le plus fort taux de l'Union
européenne.
En matière de construction sociale, le gouvernement s'est
résolu à changer de politique
: après un
démarrage laborieux du prêt locatif à usage social (PLUS),
il a décidé d'un plan de relance au printemps 2001. Mais son
véritable « plan de relance » consiste à
contraindre les collectivités locales à construire des logement
sociaux. Dès le 1
er
janvier 2002, des sanctions
financières seront prises contre les communes ne disposant pas de 20 %
de logements sociaux.
Ces mesures devraient évidemment avoir un effet quantitatif, d'autant
que le secrétariat d'Etat au logement avance désormais un chiffre
prudent pour son objectif de mises en chantier de logements sociaux (55.000
contre 70.000 auparavant).
Mais les raisons profondes de ce qu'il faut bien
qualifier d'effondrement de la construction sociale depuis 10 ans, ne sont pas
traitées, en particulier la diversification de la demande à
laquelle les organismes sociaux ne savent pas répondre, la
nécessité de décentraliser des compétences en
matière de logement, la nécessité enfin de réformer
les organismes de logements sociaux.
S'agissant de l'accession à la propriété, depuis plusieurs
années, de nombreuses mesures ont réduit l'efficacité
sociale des aides
. En octobre 1997, les prêts à taux
zéro ont été restreints aux primo-accédants. Depuis
la réintégration des crédits du prêt à taux
zéro dans le budget du logement, de nouvelles mesures de restriction du
dispositif ont été prises, afin de limiter son coût
budgétaire, la subvention de l'Etat a été plafonnée
en décembre 1999, la période de remboursement des prêts a
été réduite en septembre 2000, enfin les barèmes ne
sont pas revalorisés.
Au total le prêt à taux
zéro, qui a démontré sa pleine utilité, est de plus
en plus restreint. Le budget 2002 enregistrera une expérimentation
d'aide à la pierre associée au prêt à taux
zéro dont les modalités sont encore peu convaincantes et qui
surtout ne doit pas être le préalable à une remise en cause
de ce dispositif.
Enfin,
votre rapporteur observe que la fiscalité immobilière
est de plus en plus complexe et de moins en moins performante
. Le nouveau
dispositif d'aide en faveur de l'investissement locatif manque de
caractère incitatif, particulièrement pour le logement ancien.
C'est pourquoi votre commission a proposé dans la première partie
de la loi de finances de prendre des mesures permettant d'inclure la location
aux ascendants ou aux descendants du contribuable et visant à relever de
25 % à 40 % le taux de déduction forfaitaire applicable aux
revenus tirés de la location de logements intermédiaires.
CHAPITRE PREMIER :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS
I. LES CRÉDITS DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2002
A. LES GRANDES MASSES DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » POUR 2002
Pour 2002, le budget de l'urbanisme et du logement diminue de 1,7 % pour s'établir à 7,3 milliards d'euros (47,9 milliards de francs).
Le budget de l'urbanisme et du logement en 2002
Budget voté 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
||||
|
|
|
LFI 2001/PLF 2002 |
|||
AP |
DO/CP |
AP |
DO/CP |
AP |
CP |
|
TITRE III |
- |
17,1 |
- |
17,1 |
- |
0,0 % |
TITRE IV |
- |
5.483,9 |
- |
5.391,6 |
- |
-1,7 % |
Total dépenses ordinaires |
- |
5.501 |
- |
5.408,7 |
- |
-1,7 % |
TITRE V |
41,1 |
36,7 |
38,7 |
31,3 |
-5,8 % |
-14,7 % |
TITRE VI |
2.023,6 |
1.895 |
2.080 |
1.863,6 |
2,8 % |
-1,7 % |
Total dépenses en capital |
2.064,7 |
1.931,7 |
2.118,7 |
1.894,9 |
2,6 % |
-1,9 % |
TOTAL |
2.064,7 |
7.432,7 |
2.118,7 |
7.303,6 |
2,6 % |
-1,7 % |
(en millions d'euros)
La présentation du budget de l'urbanisme et du logement pour 2002 montre que la baisse des crédits concerne autant les dépenses ordinaires (- 1,7 %) que les dépenses en capital (-1,9 %).
1. Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires s'élèvent à 5,4 milliards
d'euros (35,4 milliards de francs) pour 2002, en baisse de 1,7 %,
après une hausse de 2 % en LFI 2001.
Depuis deux ans des économies de constatation réalisées
sur les aides personnelles au logement expliquent la diminution des
dépenses ordinaires. En effet, pour la première fois, en 1999, le
nombre de bénéficiaires d'aides au logement, soit 6,3 millions de
ménages, a légèrement baissé de 0,5 %, et ce nombre
est resté stable en 2000.
En 2001, la première étape de la mise en oeuvre du barème
unique des aides personnelles a entraîné une hausse sensible des
dépenses ordinaires, malgré des économies de constatation.
Pour 2002 en revanche, la mise en oeuvre du deuxième volet de la
réforme des aides personnelles, pour un coût de 244 millions
d'euros (1,6 milliard de francs) sera plus que compensée par des
économies de constatation à hauteur de 409,7 millions
d'euros (2 milliards de francs) après prise en compte d'une provision
pour la majoration des aides au 1
er
juillet 2002.
Toutefois, le poids total des dépenses ordinaires dans le budget du
logement (74 %) ne diminue pas, puisque pour la troisième année
consécutive, les dépenses en capital sont en baisse
(-1,9 %).
2. Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital, s'élèvent à 1,9 milliard
d'euros (12,4 milliards de francs) en crédits de paiement pour
2002, en baisse de 1,9 % par rapport à 2001, après une diminution
de 1,3 % en LFI 2001
.
Cette nouvelle réduction s'explique essentiellement par la baisse des
crédits du titre VI (-1,7 %), car même si la diminution des
crédits du titre V est importante (- 14 %), elle porte sur de faibles
montants (31,3 millions d'euros).
Les réductions de crédits du titre VI concernent essentiellement
les aides à la réhabilitation dans le secteur privé
.
Les subventions d'investissement à l'Agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) qui incluent cette année les
versements de la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH)
s'élèvent en effet à 354,4 millions d'euros (2,3 milliards
de francs) en crédits de paiement, soit une diminution de 57 millions
d'euros par rapport à la LFI 2001 (- 14 %). Or, en 2001, les
crédits avaient déjà été réduits de
45,7 millions d'euros, au motif que l'ANAH disposait d'une trésorerie
importante. Sur deux ans, la diminution des crédits de l'ANAH atteint 23
%, soit 102,7 millions d'euros (673 millions de francs). La réduction
des crédits de l'ANAH traduit la volonté de réduire ses
moyens d'intervention.
Les autres lignes budgétaires sont globalement reconduites dans les
mêmes montants que la LFI 2001.
S'agissant du prêt à taux zéro, la dotation
budgétaire est légèrement réduite pour 2002 (de
1 %, à 884,2 millions d'euros soit 5,8 milliards de francs) pour un
nombre de prêts inchangé (110.000).
Par ailleurs, la ligne dite "fongible" finançant les prêts
locatifs aidés, les prêts locatifs à usage social PLUS et
les primes à la réhabilitation PALULOS, diminue de 58 millions
d'euros (381 millions de francs). Cependant, des lignes budgétaires sont
nouvellement dotées en LFI : elles sont destinées à
l'amélioration de la qualité de service dans le logement social
(11,4 millions d'euros) ou encore à l'aide à la
préparation et à la mise en oeuvre des opérations
d'amélioration de l'habitat (7,6 millions d'euros) et faisaient
précédemment l'objet de virements en cours d'année. Ces
lignes sont mieux identifiées et fortement revalorisées en
2002.
B. LES AGRÉGATS
Le
budget de l'urbanisme et du logement comprend deux grands
agrégats : « solidarité dans le
logement » et « développement de l'habitat et
renouvellement urbain ».
|
Crédits votés en 2001 |
Crédits demandés |
Evolution |
|||
Agrégats |
|
en 2002 |
|
|||
|
DO + CP |
AP |
DO + CP |
AP |
DO + CP |
AP |
Solidarité dans le logement |
5.445,48 |
- |
5.351,70 |
- |
-1,7% |
- |
Développement de l'habitat et renouvellement urbain |
1.987,17 |
2.064,62 |
1.951,90 |
2.118,70 |
-1,8% |
2,6% |
TOTAL |
7.432,65 |
2.064,62 |
7.303,60 |
2.118,70 |
-1,7% |
2,6% |
(en millions d'euros)
1. Solidarité dans le logement
L'agrégat « solidarité dans le
logement » est la nouvelle dénomination de l'ancien
agrégat « aides à la personne ».
Il regroupe la contribution de l'Etat aux
aides à la personne
,
qui ont pour finalité d'abaisser, dans le secteur locatif ainsi que dans
le secteur de l'accession, le taux d'effort des ménages, et
les
subventions pour les personnes défavorisées
(fonds de
solidarité pour le logement, subventions aux associations) ou
les
accédants en difficulté
(fonds d'aide aux accédants en
difficulté).
- • La contribution de l'Etat au financement des aides à la personne, aide personnalisée au logement (APL) et allocation de logement sociale (ALS), diminue de 99,1 millions d'euros pour atteindre 5,23 milliards d'euros en 2002 (34,3 milliards de francs).
Cette situation exceptionnelle s'explique par l'amélioration de la conjoncture économique, qui tend à la fois à augmenter les contributions des entreprises privées au financement des aides et à diminuer le nombre de bénéficiaires.
Pour 2002, la contribution de l'Etat aux aides à la personne évolue comme suit :
• la contribution au Fonds national de l'habitat (FNH), qui verse l'APL, est stable à 2,28 milliards d'euros ;
• la contribution au Fonds national de l'aide au logement (FNAL), qui verse l'ALS, enregistre l'intégralité de la diminution de crédits soit 99,1 millions d'euros, pour atteindre 2,95 milliards d'euros.
- • L'effort de solidarité en faveur du logement des personnes modestes se complète traditionnellement de trois contributions aux actions des départements et des associations:
- 33 millions d'euros pour l'aide au logement temporaire , soit une progression de 5,6 millions d'euros après une hausse de 1,5 million d'euros en 2001. Ces hausses s'expliquent par des moyens nouveaux destinés à financer les aides à la gestion des aires de nomades.
- les crédits au fonds d'aide aux accédants en difficulté (ceux qui avaient souscrit des prêts à l'accession à la propriété à taux élevé de 1980 à 1985) ne sont pas reconduits pour 2002 « compte tenu du financement du dispositif principalement assuré par les retours de prêts accordés antérieurement au fonds ».
2. Développement de l'habitat et renouvellement urbain
Cet
agrégat regroupe une série d'anciens agrégats :
« logement", "études, expérimentation, information",
"recherche", "aménagement foncier et urbanisme". Malgré sa
diversité,
l'essentiel de l'agrégat est constitué des
aides à la pierre.
Les aides à la pierre, plus particulièrement concentrées
sur le chapitre 65-48 (construction et amélioration de l'habitat)
diminuent de 1,8 % en crédits de paiement (à 1,95 milliard
d'euros), et progressent de 2,6 % en autorisations de programmes (à
2,12 milliards d'euros).
•
La
ligne fongible
prêts locatifs
aidés-prêts locatifs à usage social-primes à
l'amélioration des logements à usage locatif et à
occupation sociale (PLA-PLUS-PALULOS), destinée à la construction
et à la réhabilitation des HLM (chapitre 65-48/10) progresse
légèrement en autorisations de programme, et reste stable en
crédits de paiement, pour atteindre 399,3 millions d'euros
.
Le gouvernement prévoit ainsi de
financer 55.000 logements, soit un
programme plus réduit mais un peu plus réaliste que les
programmes prévisionnels de 2000 et 2001 (70.000 logements chacun)
,
qui n'ont pu être réalisés. Ce programme de construction
doit être complété par la distribution de
110.000 PALULOS, un chiffre légèrement en retrait par
rapport aux années précédentes (120.000) s'expliquant par
la priorité donnée à la démolition sur la
réhabilitation des logements trop vétustes.
•
L'accession à la propriété
(article 65-48/30) bénéficiera de 884 millions d'euros
de crédits de paiement en 2002. Depuis 1998, dans le contexte d'une
reprise du cycle immobilier, les dotations en faveur de l'accession à la
propriété auront diminué de 130 millions d'euros.
•
La ligne destinée au
financement des
opérations les plus sociales
est dotée de 69 millions d'euros
de crédits de paiement, soit plus qu'un doublement par rapport à
2001 (+ 124 %).alors même que 7,6 millions d'euros ont été
annulés sur cette ligne cette année.
•
Les dotations
pour la résorption de l'habitat
insalubre (RHI)
sont en hausse sensible (+ 28 %) à 8,9 millions
d'euros, après avoir fortement diminué en 2001 pour tenir compte
de la sous-consommation de la ligne budgétaire.
•
Les crédits de la
prime à
l'amélioration de l'habitat
(PAH) qui s'élevaient à 67
millions d'euros en crédits de paiement en 2001 font l'objet pour 2002
d'une inscription complète sur les crédits de l'Agence nationale
pour l'amélioration de l'habitat.
•
La subvention d'investissement (AP) à
l'agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat
(ANAH) est réduite
de 10 % à 411,6 millions d'euros en autorisations de programme et,
compte tenu de l'inscription des crédits de la PAH, chute de 14 % en
crédits de paiement à 354,4 millions d'euros.
Les crédits d'étude, de recherche ou d'urbanisme ne faisant plus
l'objet d'agrégat individualisé, il est difficile d'en
apprécier la progression.
On peut noter simplement que, pour 2002, la nécessité de mettre
en oeuvre la loi « solidarité et renouvellement
urbains » a été prise en compte dans les dotations
d'études et de formation, qui font l'objet de moyens nouveaux pour
176.122 euros (1,1 million de francs). Par ailleurs,
la subvention aux
agences d'information sur le logement
ADIL
est
légèrement revalorisée, à 5,5 millions d'euros (36
millions de francs) de même que les dotations en faveur des
agences
d'urbanisme
qui progressent de 3 % à 9,1 millions d'euros (59,7
millions de francs). Ceci s'explique logiquement par la création de 3
nouvelles ADIL (Bouches du Rhône, Maine-et-Loire, Orne) et de nouvelles
agences d'urbanisme.
Enfin, en matière d'urbanisme, les crédits nouveaux s'expliquent
essentiellement par le développement du projet
« Euroméditerranée » et les moyens
destinés à l'Etablissement public « Plaine de
France ».
C. UN EFFORT GLOBAL TRÈS IMPORTANT
1. Des aides budgétaires complétées par des aides fiscales et des ressources extra-budgétaires
L'examen du seul budget de l'urbanisme et du logement ne
permet
pas d'avoir une idée précise de l'effort collectif en faveur du
logement.
En effet, des mesures très importantes concernant le
secteur du logement sont décidées en dehors de la discussion du
budget du logement, ou sous la forme de mesures fiscales.
Le tableau ci-après montre que l'effort global en faveur du logement
s'est fortement accentué en 1999 et en 2000 pour connaître une
pause en 2001 et en 2002
1(
*
)
.
EFFORT PUBLIC EN FAVEUR DU LOGEMENT (hors collectivités locales) |
|||||||||||
(DO + CP ouverts en LFI en MF) |
|||||||||||
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
||||
Aide Personnalisée au Logement (APL) |
13 086 |
13 370 |
14 580 |
16 554 |
15 800 |
15 000 |
15 000 |
||||
Allocation de logement à caractère social (ALS) |
14 319 |
16 360 |
18 575 |
18 075 |
18 545 |
20 000 |
19 350 |
||||
FSL/ ALT/FAAD |
315 |
450 |
457 |
685 |
720 |
720 |
755 |
||||
Total aides budgétaires à la personne |
27 720 |
30 180 |
33 612 |
35 314 |
35 065 |
35 720 |
35 105 |
||||
Anciennes aides aux HLM et à l'accession |
430 |
516 |
500 |
350 |
271 |
186 |
149 |
||||
Prêts aidés pour l'accession à la propriété (PAP) |
2 661 |
819 |
263 |
295 |
63 |
54 |
52 |
||||
Fonds de garantie de l'accession sociale (FGAS) |
220 |
400 |
260 |
300 |
425 |
370 |
310 |
||||
Prêt à 0% |
4 100 |
7 000 |
6 640 |
6 270 |
5 897 |
5 865 |
5 810 |
||||
Construction et amélioration de l'habitat (Ligne fongible) |
5 330 |
3 575 |
3 205 |
2 888 |
2 724 |
2 996 |
2 837 |
||||
Amélioration de l'habitat (ANAH+PAH+RHI) (1) |
2 730 |
2 682 |
2 902 |
3 009 |
3 079 |
2 746 |
2 384 |
||||
Aide au logement dans les DOM (1) |
619 |
463 |
569 |
897 |
918 |
950 |
1056 |
||||
Compte d'affectation spéciale Ile de France (2) |
565 |
565 |
510 |
490 |
0 |
0 |
0 |
||||
Opérations sociales et divers |
21 |
199 |
368 |
298 |
380 |
320 |
682 |
||||
Total aides budgétaires à la pierre |
16 676 |
16 219 |
15 216 |
14 797 |
13 757 |
13 487 |
13 279 |
||||
Epargne-logement |
7 000 |
6 000 |
8 100 |
8 100 |
7 500 |
9 000 |
9 700 |
||||
Compensation de l'exonération de TFPB |
833 |
620 |
450 |
295 |
200 |
788 |
632 |
||||
Compensation de la réduction des droits de mutation à titre onéreux (part logement) |
|
|
|
3 700 |
8 352 |
8 638 |
8 989 |
||||
TOTAL AIDES BUDGETAIRES |
52 229 |
53 019 |
57 378 |
62 206 |
64 874 |
67 633 |
67 705 |
||||
Réduction d'impôt des propriétaires occupants * (3) |
10 610 |
10 100 |
10 960 |
10 600 |
8 062 |
3 641 |
2 066 |
||||
Régime TVA des travaux dans les locaux à usage d'habitation * |
|
|
|
4 300 |
20 000 |
20 302 |
20 997 |
||||
Réduction d'impôt des propriétaires bailleurs * |
8 050 |
8 000 |
9 460 |
10 040 |
11 833 |
12 212 |
12 802 |
||||
Exonération des intérêts et primes des CEL et PEL * |
6 500 |
7 800 |
8 800 |
8 800 |
10 300 |
10 900 |
11 401 |
||||
Exonération des organismes HLM de l'IS |
1 410 |
1 400 |
1 300 |
1 700 |
1 699 |
1 502 |
1 397 |
||||
Régime TVA des terrains à bâtir pour la construction de logements sociaux |
710 |
670 |
400 |
330 |
302 |
302 |
302 |
||||
Régime TVA sur la construction, l'aménagement ou la vente de logements sociaux |
30 |
1 200 |
2 100 |
4 000 |
4 703 |
4 303 |
4 198 |
||||
Exonération de l'IR des intêrets livret A- part logement * |
4 600 |
4 000 |
3 900 |
3 800 |
3 299 |
3 299 |
3 299 |
||||
Total dépenses fiscales (4) |
31 910 |
33 170 |
36 920 |
43 570 |
60 198 |
56 461 |
56 463 |
||||
1% logement (Total des emplois à long terme) * |
15 875 |
12 126 |
11 914 |
12 146 |
12 018 |
15 000 |
15 000 |
||||
Contribution des régimes sociaux au financement de l'AL et de l'APL * |
35 355 |
36 639 |
37 723 |
39 026 |
39 515 |
41 900 |
42 800 |
||||
Contribution des employeurs au FNAL * |
8 507 |
8 557 |
9 059 |
9 881 |
9 450 |
10 880 |
11 175 |
||||
TOTAL AIDES NON BUDGETAIRES |
91 647 |
90 492 |
95 616 |
104 623 |
121 181 |
124 241 |
125 438 |
||||
TOTAL GENERAL |
143 876 |
143 511 |
152 994 |
166 829 |
186 055 |
191 874 |
193 143 |
||||
progression/année n-1 |
|
-0,3% |
6,6% |
9,0% |
11,5% |
3,1% |
0,7% |
||||
* Estimations pour 2001 et 2002 |
|
|
|||||||||
(1) A partir de 1998, les opérations nouvelles au titre de la RHI dans les DOM sont inscrits sur le budget de l'Outre-mer |
|
|
|
||||||||
(2) CAS 902-30 supprimé en LFI 2000. Crédits inscrits sur le budget général à partir de 2000. |
|
|
|
||||||||
(3) Cette série ne tient plus compte de l'exonération du revenu en nature des logements dont le propriétaire se réserve la jouissance. |
|
|
|
||||||||
(5) La
suppression de la contribution annuelle représentative du droit de bail
prévue en LFI 2000 n'est pas prise en compte, où elle ne
|
|
|
|
||||||||
|
|
|
2. Des aides à la pierre en diminution
Ce
tableau fait apparaître
des évolutions majeures, et notamment
l'accroissement des dépenses fiscales dans l'ensemble des
dépenses en faveur du logement.
La montée en charge du
régime de TVA à taux réduit pour les logements sociaux,
sous forme de livraison à soi-même, depuis 1997 est un premier
élément. La mise en oeuvre d'une baisse
généralisée de la TVA sur les travaux
réalisés dans les logements à usage d'habitation, pour un
coût estimé à 20 milliards de francs, est le second
élément qui permet d'expliquer l'importance grandissante des
mesures fiscales dans la politique du logement.
Parmi l'évolution générale des aides au logement, on
peut distinguer l'évolution des aides à la pierre, des aides
à la personne et des aides fiscales.
Les aides budgétaires à la pierre ne représentent que
6,9 % du total des dépenses en faveur du logement
en 2002 soit
une légère diminution par rapport à 2001, et les aides
à la personne passent de 18,6 % du total en 2001 à 18,2 % en
2002, en raison d'économies de constatation. Les aides fiscales
diminuent également, de 29,4 % à 29,2 % entre 2001 et 2002,
après avoir connue une forte hausse en 2000, avec la mise en oeuvre de
la TVA à taux réduit.
Les lignes qui augmentent fortement sont celles consacrées à
l'épargne-logement
et diverses contributions « non
budgétaires » comme le 1 % logement et les
contributions
des régimes sociaux
aux aides personnelles au
logement.
Part des dépenses d'épargne-logement dans les aides
budgétaires au logement *
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
11,3% |
14,1% |
13,8% |
13,3% |
15,3% |
16,5% |
* hors
compensation de l'allègement des droits de mutation
Pour 2002, les versements au titre de l'épargne-logement atteindront
9,7 milliards de francs, alors que l'ensemble des aides budgétaires
à la pierre ne représente que 13,3 milliards de francs
(prêt à taux zéro, prêts à la construction
sociale, subventions pour l'amélioration de l'habitat privé).
II. L'EXÉCUTION DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2000 ET 2001
A. L'EXÉCUTION DU BUDGET EN 2000
1. Les modifications en cours d'année
Deux
arrêtés portant transfert de crédits sont intervenus en
2000 :
- un transfert d'un montant de 20 millions de francs en autorisations de
programme et 5 millions de francs en crédits de paiement du budget du
ministère de l'emploi et de la solidarité, chapitre 66-20,
à destination de l'article 65-48/60 « opérations
très sociales ».
Ce transfert correspond à la
contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité au
financement de la réalisation ou de la réhabilitation des aires
d'accueil des gens du voyage.
- 680 millions de francs de crédits de paiement ont été
transférés en fin de gestion de l'article 65-48/80
«amélioration de logements par des propriétaires
occupants» vers le budget des charges communes.
Ce transfert des
crédits destinés à la PAH intervient traditionnellement en
fin de chaque année.
Ce transfert cessera cependant en 2002, les
crédits afférents à la PAH étant, à compter
de cette date, intégrés dans la subvention d'investissement de
l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat.
- 125 millions de francs en autorisations de programme et 37,5 millions de
francs en crédits de paiement ont été
transférés à partir des articles 65-48/10 et 65-48/20,
afin de permettre le virement desdits crédits sur la section transports
du budget l'équipement, des transports et du logement.
Il s'agissait,
à défaut d'une dotation suffisante sur la sous section
«transports terrestres », de permettre au budget des transports
terrestres, au moyen de ce virement, de financer une tranche de construction du
tramways de Rouen.
Votre rapporteur rappelle qu'un tel virement n'a aucune logique
financière puisqu'il consiste à prélever des dotations
destinées à l'investissement immobilier pour abonder des
dotations en faveur de transports collectifs urbains. Il souhaite que ce type
d'opérations, qui dénaturent la portée de l'autorisation
budgétaire, ne se renouvellent pas.
2. Les abondements et annulations de crédits en lois de finances rectificatives
a) Les modifications en lois de finances rectificatives
La loi
de finances rectificative du 13 juillet 2000 a permis d'abonder le chapitre
46-40 « contribution de l'Etat au financement des aides
personnelles » pour un montant de 20 millions de francs ; ces
crédits sont destinés à compenser
le surcoût de
la majoration des aides personnelles versées aux jeunes de moins de 25
ans en situation précaire.
La loi de finances rectificative du 30 décembre 2000 a permis d'abonder
le chapitre 44-30 article 30 « subventions à l'association
nationale et aux associations départementales pour l'information sur le
logement » de 2 millions de francs en 2000
afin de tenir compte de
la création de deux nouvelles ADIL en 2000
(ADIL du Haut Rhin et de
Charente). Ce solde de 2 millions de francs rattaché à la
gestion 2000 a toutefois été versé en 2001.
b) Les annulations de crédits
Au
titre de l'annulation des autorisations de programme non
mouvementées
pendant 4 ans, 72,3 millions de francs ont
été annulés sur le budget du logement et de l'urbanisme.
Au titre du contrat de gestion, 653,6 millions de francs en autorisations de
programme et 876,4 millions de francs en dépenses ordinaires et
crédits de paiement ont été annulés
. Ces
annulations ont porté, en dépenses ordinaires, sur les articles
46-40/10 et 46-50/30 (contribution de l'Etat au financement des aides à
la personne) et en dépenses en capital sur les articles
65-48/10,60,80,90 c'est-à-dire les lignes consacrées à la
construction et à l'amélioration de l'habitat (ligne fongible,
opérations les plus sociales, PAH, subventions d'investissement à
l'ANAH).
Au titre de la loi de finances rectificative, 20,9 millions de francs en
autorisations de programme et crédits de paiement ont été
annulés sur le chapitre 65-48/90 « Agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat. Subventions d'investissement » avant
leur transfert sur le budget des services du Premier ministre. Cette annulation
faisait suite au transfert des services de l'ANAH dans des locaux
précédemment occupés par les services
généraux du Premier ministre s'accompagnant d'une compensation
financière fixée à la valeur vénale estimée
par les services chargés du Domaine.
Par ailleurs, 6,67 millions de francs en autorisations de programme et
crédits de paiement ont été annulés en 2000 sur le
chapitre 65-48/20 «Subventions au titre d'acquisitions foncières
pour l'implantation de logements locatifs en Ile de France », en vue d'un
abondement du même montant sur le budget de la Délégation
interministérielle de la ville (DIV). Les crédits
concernés portaient sur une part du financement du grand projet Urbain
de Roubaix pris en charge par la DIV.
B. L'EXÉCUTION DU BUDGET EN 2001
1. Les annulations de crédits par l'arrêté du 21 mai 2001
Les
annulations portent sur 200 millions de francs en crédits de paiement et
210 millions de francs en autorisations de programme, dont :
-
50 millions de francs en crédits de paiement sur le
chapitre 37-40 (lutte contre le saturnisme).
Il s'agit de tirer les
conséquences d'une sous-consommation des crédits ;
-
10 millions de francs en crédits de paiement sur le chapitre 55-21
(urbanisme, acquisitions et travaux).
Suite à la clôture du
Fonds d'aménagement de la région Ile-de-France (FARIF), les
crédits d'urbanisme du budget de l'urbanisme et du logement avaient
bénéficié de reports de l'ordre de 200 millions de francs,
destinés notamment à financer le retour dans le droit commun des
villes nouvelles. La procédure étant relativement longue, tous
les crédits ne devraient pas être consommés en 2001,
d'où l'annulation d'une faible part de ceux-ci ;
-
140 millions en crédits de paiement et 200 millions de francs en
autorisations de programme sur le chapitre 65-48
(construction et
amélioration de l'habitat)
Les crédits annulés sont essentiellement ceux de l'Agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH), soit 200 millions en
autorisations de programme et 90 millions en crédits de paiement. Les
autres crédits de paiement annulés (50 millions de francs) le
sont sur le chapitre 65-48, article 60, qui regroupe les crédits pour
les opérations très sociales, et notamment les moyens financiers
consacrés aux démolitions et aux aires de nomades. L'annulation
prend acte d'un rythme de consommation faible, assez surprenant s'agissant
d'une politique qui a été présentée par le
gouvernement comme prioritaire.
2. Les modifications de crédits en loi de finances rectificative
Le
projet de loi de finances rectificative, présenté en conseil des
ministres le 14 novembre 2001, présente de nouvelles modifications de
crédits concernant le budget de l'urbanisme et du logement.
-
Le budget est abondé de 10,1 millions de francs en crédits
de paiement et 30,7 millions de francs en autorisations de programme
résultant pour l'essentiel du rattachement du produit de la cession au
ministère de l'Enseignement supérieur d'un ensemble immobilier et
du produit de terrains acquis avec des crédits du FARIF (8,6 millions de
francs en crédits de paiement, 30,7 millions de francs en autorisations
de programme). Le reste est un nouvel abondement de 1,5 million de francs en
crédits de paiement suite à la mise en place de nouvelles ADIL.
-
Les crédits annulés sont en revanche très
importants : 1,3 milliard de francs en crédits de paiement.
L'essentiel est constitué d'une annulation de 1,275 milliard de
francs de crédits aux aides personnelles
, soit 4 % des
crédits initiaux.
Il s'agit de l'annulation de crédits budgétaires constitutifs
d'une « cagnotte » accumulée depuis l'exercice 2000,
mais qui n'était pas visible dans les comptes de l'Etat. En effet, les
versements de l'Etat aux caisses d'allocations familiales (CAF) pour les aides
personnelles correspondent aux crédits budgétaires et ne tiennent
compte qu'
a posteriori
et selon un mécanisme complexe,
de
l'évolution réelle des aides. De cet écart aurait
résulté sur les deux dernières années un
excédent de trésorerie au profit des caisses d'allocations
familiales (CAF) que l'Etat ne récupère qu'aujourd'hui...
Votre rapporteur spécial regrette ce manque caractérisé
de transparence du budget de l'Etat en matière de dotations aux aides
personnelles. Chaque année, les aides personnelles au logement
évoluent de manière incompréhensible entre les deux fonds
qui les gèrent (fonds national d'aide au logement, fonds national de
l'habitation), l'impact des revalorisations au 1
er
juillet et des
aménagements n'étant pas clairement identifié. Le
Parlement est ainsi amené à voter des dotations de plus en plus
éloignées de la réalité des besoins et ne
bénéfice pas du minimum de sincérité sur
l'évolution réelle des dotations aux aides personnelles au
logement.
Sur le point précis de l'excédent dans les comptes des caisses
d'allocations familiales pendant deux ans, si celui-ci est confirmé,
votre rapporteur considère que cette avance régulière
de trésorerie aux CAF, à titre gratuit, conduit à une
perte de recettes nettes pour l'Etat qui n'est manifestement justifiée
que par l'archaïsme des méthodes employées
. A titre
d'illustration, une somme de 1,3 milliard de francs placée pendant une
année au taux net de 4,5 % rapporte une rémunération de
58,5 millions de francs...On peut s'interroger sur l'intérêt pour
l'Etat de procéder à de telles avances de trésorerie.
Enfin, la loi de finances rectificative procède à l'annulation de
197,95 millions de francs en crédits de paiement et 62 millions
de francs en autorisations de programme sur les titres V et VI du budget,
dont l'essentiel, soit 160 millions de francs en crédits de paiement
et 60 millions de francs en autorisations de programme est
réalisé sur le chapitre 65-48 « construction et
amélioration de l'habitat ».
CHAPITRE II :
LES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT : LES RISQUES
D'UN AFFAIBLISSEMENT DE LA CROISSANCE NON PRÉPARÉ
I. LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE A PERMIS DE FREINER LA MONTÉE EN PUISSANCE DES AIDES PERSONNELLES
A. LA CROISSANCE ININTERROMPUE DES AIDES PERSONNELLES RALENTIE PAR LA CONJONCTURE
1. La croissance des aides de 1991 à 1998
Entre
1991 et 1998, le nombre de bénéficiaires des aides personnelles
au logement s'est accru de 34 %, passant de 4,7 millions de
bénéficiaires à 6,3 millions. Depuis, ce chiffre
s'est stabilisé pour décroître même
légèrement.
En effet, le bouclage est terminé. L'évolution d'une année
sur l'autre n'est plus liée qu'à l'augmentation
générale du nombre des ménages, aux comportements de
« décohabitation », aux modifications de la
réglementation (par exemple l'augmentation des loyers plafonds
supérieure à celle des loyers réels conduit à
élargir le champ des bénéficiaires) et à la
situation économique générale qui conduit les
ménages à « rentrer ou sortir » du
système des aides personnelles.
Nombre en milliers au 31/12 de chaque année |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
TOTAL |
5119 |
5537 |
5795 |
6010 |
6158 |
6169 |
6303 |
6274 |
6279 |
dont location |
4099 |
4528 |
4826 |
5057 |
5176 |
5186 |
5360 |
5368 |
5391 |
dont accession |
1021 |
1010 |
1000 |
992 |
973 |
994 |
943 |
905 |
888 |
Source : Statistiques annuelles de la CNAF et de la CCMSA (arrondies au millier).
2. Une stabilisation avec un fort pourcentage d'aide à la location
Le
nombre de bénéficiaires s'est ainsi stabilisé un peu en
dessous de 6,3 millions de personnes en 1999 et 2000.
Les prestations s'élèvent à 12,3 milliards d'euros (81
milliards de francs), pour l'essentiel en faveur des locataires (87 %).
Evolution des prestations d'aides au logement (en milliards d'euros)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Location |
6,728 |
7,7 |
8,396 |
8,885 |
9,227 |
9,534 |
9,974 |
10,492 |
10,706 |
Accession |
2,059 |
2,019 |
2,015 |
1,989 |
1,904 |
1,898 |
1,805 |
1,709 |
1,626 |
Total |
8,787 |
9,719 |
10,41 |
10,875 |
11,131 |
11,432 |
11,779 |
12,201 |
12,332 |
Source : Eléments statistiques et comptables (y compris 13e balance) émanant des Caisses des régimes général, agricole et spéciaux. Comptabilité en décaissements. Chiffres arrondis au million le plus proche.
(en milliards d'euros)
Comme l'illustre la graphique ci-dessus, l'augmentation des aides personnelles sur la période 1992-2000 s'explique uniquement par les aides à la location, la part des aides à l'accession ne cessant de se réduire. Il y a dix ans, ces aides représentaient 27 % des aides au logement, elles ne représentent plus que 13 % des aides en 2000. Il y a fort à craindre, compte tenu de la réforme des aides à la location entreprise en 2001 et 2002, que ce mouvement se poursuive, voire s'amplifie, dans les années qui viennent.
B. LA PÉRIODE DE FORTE CROISSANCE S'EST RÉVÉLÉE TRÈS FAVORABLE POUR LA RÉFORME DES AIDES À LA PERSONNE
1. Une réforme financée par la diminution tendancielle des aides
En
matière d'aides personnelles au logement, votre rapporteur avait
regretté il y a deux ans qu'il ne soit pas entrepris de réforme
importante, la loi de finances pour 2000 s'étant accompagnée de
simples aménagements des aides personnelles au logement. Il parlait
alors «
d'adaptations marginales
».
Cette réforme a vu enfin le jour à compter du 1er janvier
2001.
Un groupe de travail avait été mis en place suite
à la signature de la convention d'objectifs et de gestion entre l'Etat
et la Caisse nationale d'allocations familiales le 14 mai 1997. Ce groupe,
sous l'égide du secrétariat d'Etat au logement, a remis un
rapport d'étape au gouvernement en avril 1999. Sur la base de ses
travaux, le Premier Ministre a présenté une réforme des
aides personnelles lors de la conférence sur la famille du 15 juin 2000.
Cette réforme poursuit deux objectifs :
- harmoniser et simplifier les barèmes des aides, regroupés dans
un barème unique (hors le cas des logements-foyers) ;
- améliorer l'équité des aides en prenant en compte tous
les revenus de la même manière (revenus du travail, minima
sociaux, RMI).
Elle harmonise et simplifie le dispositif des aides personnelles et permet donc
un traitement équitable et cohérent de l'aide des ménages
ayant de très faibles revenus, qu'ils soient issus du travail ou de
transferts sociaux ; un ménage ayant des revenus du travail de
même niveau que le RMI aura la même aide que le Rmiste alors que
son aide est aujourd'hui nettement inférieure. La réforme est
mise en place en deux étapes :
- au 1er janvier 2001 : un barème intermédiaire permettant le
même niveau d'aide jusqu'à environ 75 % du RMI ;
- au 1er janvier 2002 : le barème définitif avec aide identique
jusqu'au niveau de revenu correspondant au RMI.
La réforme a un coût important, au total 990 millions d'euros
(6,5 milliards de francs), dont une partie seulement est prise en charge
sur les crédits du secrétariat d'Etat au logement (544 millions
d'euros soit 3,56 milliards de francs).
Cependant,
la réforme des aides au logement, malgré
son coût élevé (300 millions d'euros en 2001 et 244
millions d'euros en 2002) aura pu se faire à effort budgétaire
nul puisque la ligne budgétaire inscrite pour 2002 est identique
à celle de la loi de finances pour 2000.
Cette situation exceptionnelle s'explique par l'amélioration de la
conjoncture économique, qui tend à la fois à augmenter les
contributions des entreprises privées au financement des aides et
à diminuer le nombre de bénéficiaires.
La très forte annulation de crédits aux aides personnelles
dans le collectif budgétaire pour 2001 (1,275 milliard de francs),
au-delà des questions qu'elle soulève en termes de transparence,
témoigne de l'ampleur du « gain » engendré
par la croissance économique.
2. Une réforme à parachever
La
réforme des aides personnelles au logement concerne les ménages
locataires en logements ordinaires, hors étudiants. Les aides en faveur
du secteur locatif en foyer, qui concernent des ménages disposant en
majorité de petits revenus, sont exclues, de même que les aides
aux accédants à la propriété.
La réforme concerne donc 4,3 millions de ménages, soit à
peu près deux tiers de l'ensemble des bénéficiaires
d'aides personnelles. Au 31 décembre 1999, le montant de
prestations correspondant était de 57 milliards de francs sur
80 milliards de francs au total. Les aides aux accédants
représentaient 11 milliards de francs de prestations versées
à 1 million de ménages, les foyers représentaient 6
milliards de francs de prestations à 450.000 bénéficiaires
et les aides aux étudiants représentaient 6 milliards de
francs de prestations versées à 650.000
bénéficiaires.
La réforme est donc incomplète
.
Elle ne prend notamment pas en compte les aides à l'accession : on
retrouve là le souci du gouvernement de privilégier la location
plutôt que l'accession à la propriété des personnes
modestes, ce qui se traduit par ailleurs par la réduction des moyens
consacrés au prêt à taux zéro.
D'autre part, il est regrettable que certains hébergements
spécifiques comme les logements-foyers ne soient pas concernés,
alors qu'ils accueillent les personnes les plus fragiles.
Du fait de son caractère incomplet, la réforme d'ensemble des
aides personnelles ne peut être que différée dans le temps.
Les scénarios envisagés par le groupe de travail
interministériel montrent que la réforme entreprise devra
être suivie d'autres aménagements très substantiels.
Selon le scénario n° 2 élaboré par ce groupe de
travail, la réforme aurait pu être complétée
dès juillet 2001 par une réforme des aides à l'accession,
et dès 2002 par une réforme des aides aux foyers puis du
conventionnement. La réforme est en effet inachevée en ce qu'elle
n'aboutit pas à une unification complète des aides, qui
supposerait une réforme du conventionnement : il s'agirait d'avoir
une aide à la personne identique dans le parc privé et dans le
parc social.
Tous les barèmes étant unifiés, avec une aide identique,
la réforme pourrait être achevée par trois
éléments :
- la redéfinition du conventionnement ;
- la refonte des clés de financement des prestations ;
- et une réforme du cadre institutionnel des aides personnelles.
Votre rapporteur regrette que cette progression dans la réforme n'ait
pas été retenue, alors qu'elle aurait permis d'aboutir à
un dispositif d'aides personnelles au logement unifié et
simplifié.
Le financement des aides à la personne est aujourd'hui très
complexe et mériterait d'être simplifié, les relations
entre l'Etat et les caisses d'allocations familiales devraient être en
particulier revues.
Les aides au logement : un financement complexe
Trois
fonds alimentés par diverses contributions, gèrent les aides
personnelles au logement :
1)
Le fonds national des prestations familiales
(FNPF) finance
l'allocation de logement familiale (ALF) et est alimenté exclusivement
par des cotisations employeurs
2)
Le fonds national d'aide au logement
(FNAL) créé par la
loi du 16 juillet 1971 finance l'allocation de logement sociale (ALS) et l'aide
aux organismes qui hébergent à titre temporaire des personnes
défavorisées. Il est alimenté par une contribution de
l'Etat, le produit d'une cotisation à la charge des employeurs assise
sur les salaires plafonnés (0,10%) et le produit d'une contribution
à la charge des employeurs occupant plus de neuf salariés (0,40%)
3)
Le fonds national de l'habitation
(FNH) institué par la loi du
3 janvier 1977 finance l'aide personnalisée au logement (APL). Il
est alimenté par des contributions provenant des régimes de
prestations familiales et une subvention d'équilibre inscrite au budget
du ministère du logement.
Dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1998, la
Cour des comptes a critiqué la coexistence de plusieurs fonds, ainsi que
le taux de rémunération versé aux caisses d'allocations
familiales et de mutualité sociale agricole.
Votre rapporteur rappelle qu'il souhaite que le secrétariat d'Etat au
logement, en lien avec le ministère de l'emploi et de la
solidarité,
recherche une simplification du dispositif.
La
question des frais de gestion, comme en matière de collecte de
l'épargne populaire, ne doit pas être négligée. De
même, les modalités de versements du budget de l'Etat qui ont
abouti à une trésorerie incroyablement excédentaire,
doivent être revues de manière urgente.
II. IL FAUT ANTICIPER UNE DÉGRADATION DE LA CONJONCTURE
Votre
rapporteur regrette que les économies sur les aides personnelles au
logement aient résulté seulement de la bonne tenue de
l'économie
en 2000 et 2001
(baisse du chômage,
croissance des revenus, augmentation des cotisations des employeurs).
Un éventuel ralentissement économique aurait son plein impact
seulement sur le budget 2003
du fait du décalage d'un an de la
« base ressources » qui permet de calculer les allocations
(pour les aides personnelles en 2002, ce sont les revenus 2001 qui sont pris en
considération),
ce qui explique sans doute le peu d'empressement du
gouvernement à agir.
Toutefois, dès 2002, les contributions des employeurs qui
dépendent de la masse salariale pourraient être moins fortes que
ce qui est anticipé (+ 5,6 % selon les hypothèses
retenues par les comptes de la sécurité sociale) et un
accroissement du chômage majorerait les allocations (les chômeurs
peuvent bénéficier d'un abattement de 30 % sur
l'évaluation de leurs revenus). Au total, dès 2002, l'aléa
à la hausse porte sur un montant de l'ordre de 400 millions de
francs.
A. IL EST NÉCESSAIRE DE FAIRE DES ÉCONOMIES
1. Des propositions d'économies sur les aides personnelles n'ont pas été retenues
La
réforme des aides personnelles a coûté très cher,
6,5 milliards de francs, alors que le montant des aides personnelles est
déjà très élevé. Elle a été
heureusement compensée par des économies de constatation, ce qui
a masqué l'effort budgétaire consenti. Pour garantir un
financement pérenne, et préparer des jours moins favorables, il
faudrait cependant trouver des mesures d'économies.
Pour gager les dépenses, des pistes ont été
examinées par la conférence de la famille :
- l'intégration de l'allocation parentale d'éducation dans la
base ressources :
la proposition consistait à intégrer
l'allocation parentale d'éducation dans la base ressources (prise en
compte à hauteur de 72 %), un abattement de 30 % sur les revenus de la
personne qui s'arrête de travailler pour s'occuper d'un enfant de moins
de trois ans étant en même temps mis en place. L'économie
sur les aides à la personne aurait été à l'horizon
de cinq ans, de 2,2 milliards de francs.
- l'adaptation des aides fiscales au logement des jeunes et de leur
famille :
les familles des jeunes et principalement des
étudiants peuvent actuellement cumuler avantage fiscal (lié au
rattachement ou au versement d'une pension alimentaire) et aide au logement
pour le jeune qui décohabite. La délégation à la
famille a élaboré une proposition consistant à affirmer le
principe « d'une seule aide au logement par foyer fiscal ». Le mode
de calcul des aides au logement serait modifié :
- si les parents bénéficient d'un avantage fiscal au titre de
l'enfant, l'aide sera calculée sur la base du revenu des parents (et du
jeune) ; un abattement pour double résidence serait appliqué
à ces ressources dans le cas où le jeune aurait un logement
autonome (cet abattement, existant aujourd'hui en APL, serait
revalorisé) ;
- si aucun lien fiscal ou de logement n'existe entre parents et jeune, on
considérera qu'il y a deux foyers autonomes, en matière de
fiscalité comme de droit aux aides personnelles.
L'économie brute engendrée aurait été d'environ
5 milliards de francs provenant essentiellement de moindres dépenses
fiscales
; une amélioration de l'aide au logement des
étudiants modestes fiscalement autonomes et la revalorisation de
l'abattement pour double résidence aurait pu réduire à 1
milliard de francs l'économie globale.
La direction de la législation fiscale et la direction du budget se sont
opposées à cette proposition au motif que contrairement à
l'aide au logement versée aux étudiants, le quotient familial ne
constituait pas une aide à l'enfant mais une aide à la famille
destinée à compenser forfaitairement les différentes
charges, qui ne se limitaient pas aux frais de logement induites par
l'entretien des enfants concernés. Le même raisonnement
s'appliquerait à la déduction d'une pension alimentaire dont le
versement constitue une obligation légale.
Au-delà des aspects techniques et juridiques qui empêcheraient de
prendre en compte une seule aide au logement par foyer fiscal,
votre
rapporteur rappelle que la réflexion sur les aides personnelles
versées aux étudiants doit se poursuivre afin d'adapter
réellement ces aides à leur situation.
Si, comme l'ont
révélé des études récentes, un certain
nombre d'étudiants sont en grande difficulté financière,
les 650.000 étudiants recevant une aide au logement pour un total de 6
milliards de francs ne sont pas tous dans la même situation. Il importe
donc que leur situation soit appréciée au regard du contexte
économique et familial dans lequel ils évoluent.
2. D'autres sources d'économies ne sont pas difficiles à trouver, notamment sur l'épargne-logement
Les
propositions du groupe de travail à la conférence de la famille
n'ont pas été retenues. Mais d'autres sources d'économies
auraient pu être envisagées.
Votre rapporteur observe ainsi une distorsion croissante entre l'encours des
dépôts de l'épargne-logement et l'encours des prêts.
L'utilisation des plans d'épargne logement (en milliards de francs)
au 31 décembre |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
encours des dépôts |
895,98 |
1 087 |
1 223,64 |
1 333,98 |
1.429,42 |
1.440,7 |
encours des prêts |
283,59 |
293.5 |
279,77 |
246,46 |
201,45 |
177,31 |
dispo./encours des dépôts |
68,4% |
73% |
77,1% |
81,5% |
85,9% |
87,69% |
Source : Direction du Trésor
La diminution continuelle du ratio de prêts constatée depuis plusieurs années s'explique principalement par la baisse d'attractivité des prêts d'épargne-logement au regard des taux libres pratiqués sur le marché et, à l'inverse, par l'attractivité du taux de rémunération des plans d'épargne-logement, notamment pour les anciennes générations.
Année |
Nombre |
Montant total |
Répartition de ce montant (en %) |
||
d'attribution |
de prêts |
des prêts (MdF) |
Ancien |
Neuf |
Travaux |
1993 |
650 000 |
74,6 |
50% |
25% |
25% |
1994 |
773 000 |
67,7 |
56% |
18% |
26% |
1995 |
716 000 |
63,8 |
53% |
20% |
25% |
1996 |
843 000 |
78,9 |
53% |
24% |
23% |
1997 |
761.000 |
47,3 |
50% |
24% |
26% |
1998 |
528.300 |
30,0 |
42% |
24% |
34% |
1999 |
585 020 |
23,6 |
38,48% |
17,8% |
43,7% |
2000 |
678 931 |
32,18 |
50,71% |
15,90% |
33,39% |
Source : Direction du Trésor
Les fonds versés sur un plan d'épargne logement sont
rémunérés depuis le 1er juillet 2000 au taux de 4,5%, dont
5/7ème à la charge des établissements de crédit et
2/7ème à la charge de l'Etat sous forme de prime. Cette prime est
plafonnée à 10.000 F. Les crédits nécessaires au
versement de la prime figurent à la section budgétaire des
charges communes.
Compte tenu de la faiblesse des prêts octroyés, il serait
envisageable de lier l'octroi de la prime et du prêt.
Des
économies substantielles pourraient être réalisées
sur l'épargne-logement en liant le prêt au logement et la prime et
en révisant les taux des PEL, mais ces propositions se heurtent à
la difficulté de réformer cette forme d'épargne populaire.
Votre rapporteur spécial note que, dans son récent rapport sur
le logement social (juin 2001), son collègue député
Jean-Louis Dumont rejoint l'analyse qu'il a développé à
plusieurs reprises
. Le rapporteur spécial des crédits du
logement à l'Assemblée nationale a estimé
«
qu'il était souhaitable de s'interroger sur l'impact
réel de l'épargne logement sur la politique du logement au regard
de son coût en termes de primes d'Etat et d'exonération fiscale
des intérêts servis
.
Son
encours, d'environ
1.400 milliards de francs, représente globalement la moitié
de l'épargne administrée alors que l'épargne logement
n'est pas exempte de critiques : elle est socialement aveugle à
l'égard de l'épargnant et constitue un produit d'épargne
attractif pour les gros revenus avec un
taux de 4,25% et un
plafond de dépôt de 400.000 francs pour les plans. Le
mécanisme du plan d'épargne logement (PEL) avantage donc les
épargnants en mesure de mobiliser une épargne financière
abondante et stable ; il constitue en cela une niche fiscale d'autant plus
spacieuse que les revenus du ménage sont élevés. Elle est
également socialement aveugle à l'égard de l'emprunteur et
les analyses montrent que la mobilisation du prêt d'épargne
logement est d'autant plus fréquente que le revenu est
élevé
.
»
Votre rapporteur spécial note qu'un simple
« recadrage » de l'épargne-logement, dont le
coût s'élève pour l'exonération des
intérêts perçus par les épargnants et pour les
primes versées en fin de période d'épargne à 15
milliards de francs par an, permettrait de dégager de substantielles
économies. Ces mesures ne seraient pas suffisantes pour financer les
aides personnelles, qui devront elles aussi faire l'objet d'aménagements
pour les rendre plus efficaces en faveur du logement des personnes
défavorisées. Toute politique doit en effet être
évaluée à l'aune de ses résultats
économiques et sociaux.
En conclusion, le gouvernement ne prépare pas l'avenir et notamment
n'exploite pas les nombreuses sources d'économies
potentielles aussi bien pour les aides personnelles que pour d'autres
domaines
: la révision des conditions de ressources notamment pour
les étudiants, la remise à plat des frais des caisses
d'allocations familiales qui sont trop élevés, comme l'a
souligné la Cour des comptes, la réforme de
l'épargne-logement qui consisterait à lier l'octroi de la prime
à l'obtention du prêt au logement.
Au total, votre rapporteur regrette que la priorité donnée
aux aides à la personne, qui a inévitablement un coût, ne
s'accompagne pas des mesures structurelles indispensables à la
pérennisation de l'effort en faveur des aides personnelles.
Si la
réforme a été heureusement rendue possible par une
conjoncture économique très favorable, il serait regrettable que
des évolutions moins favorables fassent de nouveaux peser des menaces
dès 2003, par exemple, sur la revalorisation du barème des
aides.
B. LE POIDS DES DÉPENSES D'AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT RESTE EXCEPTIONNELLEMENT ÉLEVÉ
1. Les aides au logement ont acquis le statut de minimum social
La France connaît des dépenses d'aides à la personne très élevées, par rapport aux autres pays européens.
Evolution des dépenses d'aides à la personne (en euro/hab)
|
Allemagne |
France |
Grande-Bretagne |
Pays Bas |
Suède |
1991 |
29,2 |
146,4 |
187,6 |
59,0 |
155,5 |
1992 |
43,2 |
159,2 |
227,9 |
61,7 |
170,4 |
1993 |
40,8 |
174,5 |
262,3 |
60,6 |
203,7 |
1994 |
35,9 |
184,9 |
280,2 |
65,7 |
234,1 |
1995 |
35,9 |
192,0 |
296,9 |
64,3 |
234,3 |
1996 |
38,2 |
196,0 |
304,8 |
69,3 |
217,9 |
1997 |
41,4 |
201,4 |
294,3 |
74,2 |
187,3 |
1998 |
43,5 |
212,5 |
294,2 |
84,3 |
183,0 |
1999 |
|
216,6 |
313,2 |
96,9 |
178,8 |
2000 |
|
215,5 |
317,6 |
94,9 |
195,6 |
La
France arrive en deuxième position après la Grande-Bretagne pour
les aides par habitant, au même niveau que la Suède, et
elle
connaît le plus fort taux de ménages bénéficiaires
d'aides à la personne : plus d'un ménage sur quatre, contre
seulement 20 % en Grande-Bretagne, 15 % aux Pays-Bas et 8 % en
Allemagne.
L'Allemagne est le pays où la dépense est la plus faible, les
barèmes n'ayant pas été réévalués
depuis 1990. La Grande-Bretagne et la Suède ont pris des mesures pour
faire baisser les dépenses, ce qui se traduit par la baisse du nombre de
bénéficiaires à partir de 1996. En Suède c'est le
régime des retraités qui représente les deux tiers des
dépenses.
2. Cette priorité se traduit par un écart croissant avec les aides à la pierre
La
France est donc, avec la Grande-Bretagne, le pays d'Europe où la
différence entre les aides à la pierre et les aides à la
personne est la plus marquée.
CHAPITRE
III :
LE LOGEMENT SOCIAL EN MAL DE RÉFORME
Depuis
1997, le gouvernement tente de relancer la construction sociale. Cependant,
loin de redémarrer, celle-ci a eu tendance à stagner en nombre de
logements construits, voire à régresser ces dernières
années. Un nouveau « plan de relance » a encore
été présenté au printemps 2001.
Au-delà de ce nouveau plan, la réforme essentielle est celle
figurant dans la loi solidarité et renouvellement urbains, qui impose
aux collectivités locales de réaliser des logements sociaux. Le
gouvernement a ainsi fait le choix de la coercition, sans considération
pour les nombreux appels à faire de la politique du logement social une
politique plus décentralisée, fondée sur la recherche
d'une réponse locale à des problèmes spécifiques.
I. LA SUCCESSION DES PLANS DE RELANCE EN FAVEUR DE LA CONSTRUCTION SOCIALE
A. LES NOUVEAUX PRÊTS N'ONT PAS RENCONTRÉ DE SUCCÈS
1. 1997-1999 : le choix de produits « ciblés »
Le financement des logements sociaux a fait l'objet, entre 1997 et 1999, de nombreuses réformes successives.
-
• Une réforme significative est intervenue avec
la mise en
place du régime de la livraison à soi-même
(LASM)
équivalent à un taux réduit de TVA pour la construction de
logements sociaux, avec un élargissement à la rénovation
et à l'amélioration à compter de 1998.
Cette réforme s'est accompagnée de la suppression de la subvention accordée au prêt locatif aidé (PLA) pour le neuf, à compter du 1er octobre 1996, et de la réduction du taux de subvention de 12 % à 5 % pour l'ancien à partir du 1er janvier 1998.
• Lors de son arrivée, en juin 1997, le nouveau gouvernement a souhaité relancer la construction sociale.
Les PLA-LM et PLA-I ont remplacé les anciens PLA très sociaux (PLA-TS). Les PLA-LM sont attribués aux ménages qui rencontrent des difficultés économiques mais pas de difficulté d'accompagnement social. Les PLA-I sont destinés aux ménages cumulant difficultés économiques et sociales. L'objectif du gouvernement était de réaliser 20.000 PLA-LM et 10.000 PLA-I .
Les PLA construction-démolition sont destinés à accompagner les opérations de démolition. Ils doivent permettre le relogement dans la même commune ou agglomération des ménages occupant les immeubles à démolir à des conditions de loyer aussi proches que possibles de celles du logement initial. Une enveloppe de 5.000 PLA-CD était prévue en 1998 et 1999.
2. Le résultat : une stagnation de la construction sociale
Malgré des dotations budgétaires élevées, la construction sociale n'a pas redémarré, en raison d'une sous-consommation importante des crédits, comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Consommation des PLA-I et PLA-TS
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
crédits disponibles (en millions de francs) |
1.297,63 |
844,1 |
941,9 |
1.198,2 |
1 287,9 |
objectif annoncé (en nombre de logements) |
28.000 |
20.000 |
30.000 |
30.0000 |
30 000 |
Nombre de logements PLAI ou PLATS financés |
15.481 |
11.419 |
11.783 |
15.568 |
14 780 |
Montants de subvention consommés (MF) |
1.160,5 |
735,7 |
719,4 |
816,8 |
959,0 |
taux de consommation |
89,4 % |
87,2 % |
76% |
68% |
74% |
Ainsi,
seuls 14.780 PLA-LM et PLA-I ont été réalisés en
1999 soit une nette sous-consommation des dotations.
C'est le relatif échec des produits différenciés qui a
incité le gouvernement à mettre en place un nouveau produit, le
prêt locatif à usage social.
B. LE « PLUS » DOIT ÊTRE « RECADRÉ »
1. Les caractéristiques du prêt locatif à usage social (PLUS)
Face
à la crise de la construction sociale, le gouvernement a souhaité
mettre en place un nouveau produit.
Le prêt locatif à usage social (PLUS) regroupe les PLA et les
PLA-LM. Les organismes d'HLM et les sociétés d'économie
mixte ayant pour objet statutaire la réalisation de logements sont les
seuls bénéficiaires du nouveau produit.
Le « PLUS » bénéficie d'un taux de subvention
de 5 % pour la construction neuve et 10 % pour les opérations
d'acquisition-amélioration dans l'ancien, avec un prêt de la
caisse des dépôts et consignations de 3,45 %.
Par ailleurs le PLUS prévoit que :
- au moins 30 % des logements doivent être occupés par des
ménages dont les ressources n'excèdent pas 60 % des plafonds
des ressources fixés pour l'attribution des logements sociaux
(ménages éligibles aux anciens PLA à loyer minoré),
- parallèlement, 10 % des logements de chaque opération
peuvent être loués à des locataires dont les ressources
excèdent, dans la limite de 120 %, les plafonds de ressources
fixés pour l'attribution des logements sociaux.
Alors que six types de prêts existaient auparavant, la réforme
du financement du logement social procède par réunification des
produits en ne laissant plus subsister que trois formules
:
- le PLA intégration destiné aux ménages aux revenus
très modestes. Il bénéficie d'une subvention à 20 %
et d'un taux ramené de 3,8 à 3,05 % ;
- le PLA construction-démolition, avec une substitution à
12 % et un taux ramené de 3,8 à 3,05 % ;
- le « PLUS », prêt locatif à usage social,
avec un taux de 3,45 % contre 4,3 % pour l'ancien PLA. Le taux de la
subvention associée est de 5 % dans le neuf et 10 % en
acquisition-amélioration, le taux de TVA à 5,5 %
étant maintenu pour toutes les opérations. La durée des
prêts est en outre allongée à 50 ans pour
l'acquisition du foncier et les opérations
d'acquisition-amélioration.
2. Un nouveau « plan de relance » du logement social
La priorité de réalisation de logements locatifs sociaux a été réaffirmée pour 2001. Les mesures annoncées par le Gouvernement le 7 mars 2001 s'orientent autour de 3 axes : une amélioration de l'équilibre financier des opérations, une diversification de la production et une simplification des procédures. Ces mesures prennent la forme d'un nouveau « plan de relance » de la production de logements sociaux.
Le « plan de relance » du logement social au printemps 2001
L'une
des principales mesures consiste en une augmentation des "valeurs de base",
c'est-à-dire des montants qui servent d'assiette à la subvention
de l'Etat incluse dans le PLUS
. Ces valeurs sont indexées sur le
coût de la construction qui est un indice global alors que le prix de
revient des opérations, dans un contexte de hausse des prix du terrain,
croît beaucoup plus vite. Aussi ces valeurs de base ont été
majorées de 10 % par un arrêté du 23 avril 2001 ;
- les taux des subventions PLUS ont, pour les opérations en contrat de
relance de production locative, été portés de 5 à 8
% dans le neuf et de 10 % à 15 % sur l'achat d'immeubles existants, par
l'article 9 du décret 2001-336 du 18 avril 2001;
- pour améliorer les conditions de financement des opérations
PLUS en zones tendues, le taux de la subvention de l'Etat peut être
relevé.
Par ailleurs, pour compléter l'équilibre financier des
opérations, le 1 % logement, apporte un concours d'un milliard de
francs, distribué sous forme de prêts au taux de 1,25 %,
remboursables sur 39 ans dont 35 ans de différé d'amortissement,
destinés à compléter le PLUS
Des mesures ont également été prises pour diversifier
la production.
Les organismes d'HLM peuvent désormais, de plein droit, acquérir
des immeubles sans réalisation de travaux ou en différant la
réalisation de ces travaux, à l'aide d'une PALULOS obtenue
désormais sans période de carence.
Par ailleurs, la mise en place du nouveau prêt locatif social (PLS) par
le décret 2001-207 du 6 mars 2001, permet à tout investisseur,
public ou privé, de bénéficier de prêts aux taux
avantageux et des aides fiscales liées au logement social : TVA à
taux réduit et exonération de la taxe foncière sur les
propriétés bâties (TFPB). Les plafonds de loyer sont
fixés à 150 % de ceux du PLUS, et les plafonds de ressources
à 130 %.
Plusieurs mesures de simplification
des procédures existantes
doivent faciliter la mise en oeuvre du plan de relance. Il s'agit en
particulier d'allègements de procédure concernant les
pièces à produire pour l'attribution d'une subvention PLUS, PLA-I
ou d'une subvention foncière ou du report de la signature de la
convention conclue au titre de l'APL.
Des contrats locaux de relance
ont été conclus en 2001
entre l'Etat et les maîtres d'ouvrage sociaux qui s'engagent à
accroître leur production de logements sociaux (cf. art 9 du
décret 2001-336 du 18 avril 2001).
Les maîtres d'ouvrage qui ont signé avec l'Etat un tel contrat
peuvent bénéficier de taux de subvention PLUS majorés
(taux de 8 % pour les opérations de construction neuve et taux de 15 %
pour les opérations d'acquisition-amélioration).
Ces contrats, auxquels peuvent être associés, le cas
échéant, les collectivités territoriales
intéressées ou leurs groupements, sont conclus au niveau
départemental ou régional pour une durée de 3 ans et
comportent des objectifs annuels en nombre de logements, correspondant à
des dossiers complets permettant l'octroi d'une décision favorable avant
la fin de l'exercice.
Les mesures contenues dans le « plan de relance » du
gouvernement combinées à une révision à la baisse
de l'objectif de construction de logements sociaux vont plutôt dans le
bon sens.
L'an dernier, votre rapporteur estimait en effet qu'il convenait plutôt
d'accroître la subvention unitaire par logement à construire
plutôt que d'afficher des chiffres de construction inaccessibles. Il
notait que la subvention était liée à l'indice du prix de
la construction, qui est calculé avec 18 mois de retard. Alors que les
prix augmentent fortement, ce décalage est source de dysfonctionnements.
Il se réjouit du choix fait par le gouvernement d'adapter davantage
les aides à la construction sociale aux réalités
économiques
. Les effets attendus de ces différentes mesures
doivent permettre de produire 50.000 logements locatifs sociaux en 2001 et
atteindre le nombre de 55.000 logements pour 2002, alors que le nombre de
logements mis en chantier a été inférieur à 45.000
en 2000.
Nombre de logements sociaux budgétés et mises en chantier
ANNEE |
PLA BUDGETES |
PLA FINANCES |
PLA MIS EN CHANTIER |
||
|
PLA et PLUS |
PLA-I et PLA-TS |
Total |
|
|
1996
|
60 000
|
20 000
PLA-TS
|
80 000
|
59 879
|
54 000
|
2000 |
65 000 |
5 000 PLA-I |
70 000 |
42 117 |
|
Votre rapporteur note toutefois les insuffisances persistantes et structurelles de la politique du logement social. En effet, la réforme du PLUS est un aménagement à la marge d'un instrument qui reste centralisé et peu adapté aux marchés fonciers locaux . L'obligation uniforme prévue dans la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) d'un minimum de 20 % de logements sociaux pour les communes de plus de 3.500 habitants dans les agglomérations de plus de 50.000 habitants traduit cette réticence de l'Etat central à privilégier une véritable approche locale en matière de mixité sociale.
II. LE RECOURS À UN DISPOSITIF COERCITIF MÉCONNAIT LA RÉALITÉ LOCALE ET LES RESPONSABILITÉS DE L'ÉTAT
A. LES INSUFFISANCES DE LA LOI « SOLIDARITÉ ET RENOUVELLEMENT URBAINS »
1. Les dispositions de la loi SRU
La loi
« solidarité et renouvellement urbains » a
créé un dispositif de sanctions à l'égard des
communes ne disposant pas d'un nombre suffisant de logements sociaux. La loi
institue en effet, à compter du 1er janvier 2002, un
prélèvement sur les recettes des communes ayant moins de
20 % de logements sociaux. Le produit est versé à la
communauté urbaine, à la communauté d'agglomération
ou à une communauté de communes, à un établissement
public foncier ou, à défaut, à un fonds
d'aménagement urbain affecté aux communes pour des actions en
faveur du logement social
De fait, selon le gouvernement, les logements construits en 2002 devraient
l'être prioritairement dans les communes dont le parc de logements
locatifs sociaux ne satisfait pas aux objectifs de 20 % de logements sociaux
inscrits à l'article 55 de la loi SRU.
L'objectif de construction de
logements sociaux est également revu à la baisse, avec
55.000 mises en chantier annoncées comme objectif, au lieu de
70.000 l'an dernier.
2. Un dispositif inadapté
Votre
rapporteur rappelle qu'un dispositif coercitif n'est pas de nature à
régler de manière satisfaisante les problèmes structurels
de la construction sociale
, qu'il a déjà longuement
exposés dans ses rapports précédents : faiblesse de
la demande, déséquilibre des opérations, complexité
de la réglementation etc...
Il a expliqué à de nombreuses reprises qu'il convenait de
mener une politique de demande plutôt que d'offre
, ce que vient
confirmer encore une fois le récent rapport de la mission
d'évaluation et de contrôle de l'assemblée nationale sur le
logement social, mené par Jean-Louis Dumont, selon lequel «
il faut cesser de gérer le logement social comme au temps de la
pénurie, mais refonder la politique du logement sur la volonté de
répondre à une demande diversifiée
».
De fait, le parc social ne répond pas à la demande
. Les
ménages les plus pauvres sont davantage logés dans le parc
locatif privé que dans le parc HLM. En 1996, date de la dernière
enquête logement, les ménages du premier décile de revenus
étaient logés pour 21 % en locatif social et pour 31 % en locatif
privé.
Par ailleurs, la vacance a également tendance à s'accroître
dans le parc social même si elle est très concentrée (un
quart des logements vacants se trouve dans 1,5 % du parc).
Il faut donc reconnaître que la qualité du logement des
personnes à faible revenu ne dépend pas uniquement du nombre de
logements sociaux construits,
mais également des mesures en faveur
de leur accès au parc privé. A cet égard, on pourra se
référer à la volonté de l'ancien secrétariat
d'Etat au logement de créer un parc de logements locatifs
conventionnés (dispositif dit « Besson » en
remplacement du dispositif « Périssol »).
Enfin,
il faut rappeler que dans la plupart des pays la réalisation
de logements sociaux a tendance à diminuer
. Elle reste en tout
état de cause directement proportionnelle au stock, c'est à dire
que les pays ayant très peu de logement sociaux ne connaissent pas de
renversement de tendance. Par contre un pays comme le Royaume Uni qui disposait
d'un parc très important a fortement ralenti ses investissements dans ce
domaine.
La France se situe dans la moyenne des pays européens en ce qui concerne le parc de logements sociaux, mais elle connaît, comme l'ensemble de l'Union européenne, des difficultés pour la construction sociale nouvelle.
B. RÉFORMER LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL VERS PLUS DE DÉCENTRALISATION ET D'ÉVALUATION
1. La politique du logement social ne peut être décidée « d'en haut »
Un
récent rapport de séminaire de l'Ecole nationale d'administration
a parfaitement résumé les difficultés de la politique du
logement social et plus globalement de la politique du logement en France.
Celle-ci souffre en effet d'un excès de centralisation.
Ainsi, les objectifs quantitatifs sont fixés au niveau central
: une
circulaire annuelle de programmation est envoyée aux services
déconcentrés. Dans les autres pays européens, seules les
orientations générales de la politique du logement sont
définies au niveau national, les objectifs chiffrés relevant du
niveau local. En Espagne, le plan quadriennal fixe un cadre national au sein
duquel chaque région autonome choisit les priorités qu'elle
retiendra.
Les aides sont également définies au niveau national
: les
aides à la personnes sont octroyées selon des barèmes
nationaux d'attribution et les aides à la pierre sont définies
par une réglementation nationale uniforme (taux et durée des
prêts, montant des subventions, plafonds de ressources et de loyers). Les
aides fiscales sont également indépendantes de la situation
locale. Or, en Allemagne comme au Royaume-Uni, les aides à la pierre et
avantages fiscaux liés au logement sont différents selon les
Länder et les régions.
Il n'y a pas de politique interministérielle
. On constate un
empilement des dispositifs avec la superposition des normes issues de
ministères différents (les normes d'insalubrité sont
fixées à la fois par la DGUHC et par la Direction de l'action
sociale). En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, on essaye de simplifier les
dispositifs. En France, le ministère de la ville est peu associé
à la définition de la politique du logement, de même que le
ministère de l'emploi et de la solidarité.
2. Il faut réformer le secteur des organismes HLM
Le poids
des organismes HLM et surtout leur lien étroit avec la sphère
publique, constituent une particularité française.
Localement,
le nombre important d'organismes constitue un frein à la politique du
logement social et rend difficile la coordination des acteurs locaux.
Or, votre rapporteur estime que les organismes HLM ont une
responsabilité importante dans le rythme de mises en chantier de
logements sociaux et qu'ils doivent, par conséquent, mettre tout en
oeuvre afin de répondre aux demandes de logements.
Il convient à la fois de réformer le secteur HLM et de lui donner
les moyens d'agir.
A cet égard la diminution de 0,75 % du taux du livret A, qui s'est
établi à 2,25 % à compter du 1er août 1999
avait permis d'abaisser le coût de l'ensemble des opérations des
organismes sociaux. Cet abaissement du coût de la ressource, de nature
à améliorer la construction de logements sociaux, était
préconisé par votre commission. Depuis, le taux du livret A a
été relevé à 3 % par le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie et les avantages
accordés au secteur social du fait de la réduction du taux, qui
peuvent être chiffrés à 20 milliards de francs, ont disparu.
L'efficacité du parc social doit aussi être
évaluée.
Il ne suffit pas de dire que le parc social, par
vocation, et du fait de son statut, remplit une mission de service public,
alors que le parc privé serait entièrement livré à
la loi du marché.
Enfin, la France a trop tendance à négliger
l'évaluation de sa politique de logement social
. En Grande-Bretagne,
l'accent est mis sur l'évaluation et la notion de « best value for
money ». Chaque collectivité locale établit un plan annuel
déterminant ses objectifs de performance et lance des appels d'offre.
Les
housing associations
ou les
registered social landlords
, qui
sont les organismes constructeurs ou les gestionnaires du logement social,
répondent à des questionnaires détaillés pour que
les collectivités évaluent leurs résultats. En France, les
rapports de la mission d'inspection du logement social (MILOS) ne donnent pas
toujours lieu à des suites concrètes.
C. DE NOUVEAUX OBJECTIFS EN FAVEUR DU RENOUVELLEMENT URBAIN
1. Accélérer le renouvellement du logement social
Peut-être conscient de la nécessité d'une
refondation, le gouvernement a choisi d'élargir un peu ses objectifs en
matière de logement social pour 2002.
La nouvelle secrétaire d'Etat au logement a mis l'accent pour 2002 sur
deux sujets qui ne sont toutefois pas nouveaux : les démolitions et
la qualité de service.
La dotation consacrée à
l'amélioration de la
qualité de service
dans les quartiers d'habitat social,
s'élèvera à 45,7 millions d'euros (300 millions de
francs). Ces crédits financent des investissements d'amélioration
de la vie quotidienne et de sécurité de l'habitat.
Pour 2002, les crédits consacrés
aux démolitions
sont triplés, passant de 25,9 millions d'euros (170 millions de francs)
à 76,2 millions d'euros (500 millions de francs). Cette enveloppe
vise à permettre la démolition d'environ 15.000 logements HLM en
2002 (10.000 en 2001 et 6.000 en 2000) tout en améliorant le montant de
l'aide apportée par opération. En 2002, ces crédits
pourront également financer la démolition des
copropriétés privées dégradées.
Année |
Nombre
de logements
|
Montant de subvention accordé (en M€) |
1998 |
3.518 |
9,0 |
1999 |
5.502 |
14,8 |
2000 |
6.134 |
20,7 |
2001 (e) |
10.000 |
25,9 |
2002 (e) |
15.000 |
76,2 |
Source : DGUHC
Votre
rapporteur souscrit à l'objectif annoncé mais rappelle que
l'objectif d'accroître les démolitions est déjà
ancien et que les résultats sont encore faibles.
En effet, dès le comité interministériel pour les villes
du 30 juin 1998, le gouvernement avait fixé des objectifs en
matière de démolition-reconstruction, mais les procédures
de démolition sont complexes et nécessitent de trouver des
solutions pour le relogement des habitants des immeubles démolis. De
plus, le coût des démolitions ne cesse d'augmenter.
en € |
Coût moyen de travaux
|
Coût moyen lié au capital restant dû par logement |
Coûts moyens sociaux
|
1999 |
4.758 |
3.846 |
1.139 |
2000 |
5.361 |
2.831 |
773 |
2001 |
6.146 |
3.017 |
417 |
Source : DGUHC
Pour
permettre d'atteindre ses objectifs, le gouvernement a décidé les
mesures suivantes :
- les procédures seront simplifiées par la déconcentration
de toutes les décisions de financement liées aux autorisations de
démolition et la suppression de l'avis préalable du comité
départemental de l'habitat ;
- la subvention apportée par l'Etat sera améliorée en
élargissant l'assiette de calcul, avec l'intégration des
coûts sociaux dès l'initialisation des opérations pour les
organismes HLM et un réajustement de certains taux ;
- afin d'encourager une vision globale des organismes HLM de l'évolution
de leur parc de logements, l'élaboration de plans stratégiques de
patrimoine sera favorisée.
Votre rapporteur rappelle que de récentes évaluations
chiffrent entre 150.000 et 200.000 les besoins en matière de
reconstruction-démolition. Les opérations menées, bien
qu'en progrès certain, ne sont pas à la hauteur des besoins. La
lourdeur des procédures administratives, le coût
élevé des opérations de démolition, la
difficulté de reloger des familles avec dans des logements aux loyers
souvent plus élevés, sont autant d'obstacles à une vraie
politique de réhabilitation.
Les opérations de construction-démolition : des programmes en progression mais encore très insuffisants pour répondre aux besoins
Le
gouvernement a décidé à l'occasion du Comité
interministériel pour les villes du 30 juin 1998 de favoriser le
renouvellement urbain dans les quartiers qui connaissent des dysfonctionnements
liés à un cumul de handicap et à une dévalorisation
relative. La requalification de ces quartiers dévalorisés passe
par une politique d'investissement permettant de financer des opérations
de réhabilitation lourde, de démolition, de
construction-démolition et de changement d'usages, ainsi que des actions
d'accompagnement visant à requalifier les espaces publics et
privés.
A la suite du comité interministériel, une enveloppe de 10
milliards de francs de prêts de la CDC au taux de 3,8 % (devenu 3,05 %) a
été mise en place pour favoriser le financement de ces
opérations.
Ces prêts à taux privilégié doivent permettre de
faciliter l'équilibre financier des opérations pour lesquelles
des subventions d'Etat ont été mises en place.
Le Comité interministériel pour les villes du 14 décembre
1999 est venu compléter ce dispositif :
- le taux de subvention des démolitions de logements locatifs sociaux a
été porté à 50% (au lieu de 35%) pour les
opérations lourdes (opérations situées en grands projets
de ville (GPV) ou en opérations de renouvellement urbain (ORU) ou ayant
de forts coûts de désamiantage et/ou pour les opérations
portées par des maîtres d'ouvrage qui sont en situation
financière difficile.
- les décisions de financement d'opérations de moins de 100
logements sont désormais déconcentrées au niveau local.
Ainsi, le dispositif dispose de moyens accrus.
En 2000, 145 millions de francs ont ainsi été programmés
pour financer des opérations de démolitions et de changement
d'usages pour environ 7.000 logements. En 1999, 97 millions de francs de
subvention ont été accordées et 5.500 logements
financés.
Par ailleurs, 2.000 PLUS-construction-démolition ont été
programmés avec des subventions de 12 % en complément du
prêt à 3,05 % de la CDC en 2000. Cependant, pour 1999, le nombre
de PLUS-CD financés reste modeste (570 logements financés), mais
le financement concerne 537 logements au 1er semestre 2000.
Au total, le secrétaire d'Etat au logement prévoit que le nombre
de logements faisant l'objet d'une démolition-reconstruction passera de
2.000 unités en 1998 à 6.000 fin 2000 et 10.000 en 2001. Une
enveloppe de 170 millions de francs est prévue à cet effet.
Cependant, de récentes évaluations chiffrent entre 150.000 et
200.000 les besoins en matière de reconstruction-démolition. Les
opérations menées, bien qu'en progrès certain, ne sont pas
à la hauteur des besoins. La lourdeur des procédures
administratives, le coût élevé des opérations de
démolition, la difficulté de reloger des familles avec dans des
logements aux loyers souvent plus élevés, sont autant d'obstacle
à une vraie politique de réhabilitation.
2. La nouvelle contribution du 1 % logement
Votre
rapporteur note que dès 2002, le 1 % logement sera amené à
contribuer à la politique de démolition-reconstruction.
En effet, l'article 12 du présent projet de loi de finances a
été profondément modifié par l'Assemblée
nationale, qui a adopté un amendement du gouvernement,
« autorisant » notamment les associés collecteurs de
l'Union d'économie sociale du logement à verser 427 millions
d'euros au budget de l'Etat avant le 31 décembre 2002.
Par ailleurs, les associés collecteurs seraient
« autorisés » à apporter, par voie de
subvention, des aides directes au renouvellement urbain et à apporter le
financement du coût actuariel de bonifications de prêts
octroyés en dessous du coût de la ressource sur les fonds
d'épargne centralisés à la Caisse des dépôts
et consignations.
Enfin, les modalités et la répartition des versements seraient
prévues dans une convention d'application.
L'amendement adopté par l'Assemblée nationale a pour objet de
tirer les conséquences de la nouvelle convention conclue le 11 octobre
2001 entre les organismes collecteurs du 1 % logement et l'Etat,
complétant la convention du 3 août 1998 et la prolongeant jusqu'au
31 décembre 2006
, «
en élargissant les
emplois du 1 % afin qu'ils contribuent à une politique ambitieuse
de renouvellement urbain
».
Au terme de l'article 1
er
de la nouvelle convention, le 1 % logement
affectera en effet
460 millions d'euros par an (3 milliards de francs)
à la politique de renouvellement urbain
«
dans des
conditions qui devront être précisées dans la convention
d'application et sous les formes suivantes :
- le financement des opérations de démolition de logements
locatifs sociaux - y compris les coûts associés - qui concerneront
à terme 30.000 logements par an. La participation du 1 % logement
prendra la forme de subventions aux maîtres d'ouvrage ;
- en complément, le traitement des copropriétés
dégradées ;
- le versement des subventions actuarielles initiales permettant la mise en
oeuvre d'une nouvelle enveloppe unique de prêts au renouvellement urbain
(PRU) de 15 milliards de francs au taux de 3,25 %
».
L'article premier de la convention du 11 octobre 2001 ajoute que
«
pour tenir compte de la montée en puissance de ces
actions nouvelles, le 1 % logement apportera un financement à
hauteur de 2,8 milliards de francs au titre de 2002
pour
faciliter la conduite d'actions concourant au renouvellement urbain (en
particulier : aménagement urbain en GPV et ORU ; actions de
démolition, de sécurisation des ensembles HLM et
d'amélioration de la qualité de service des quartiers, ;
accession à la propriété bénéficiant d'une
aide à la pierre ciblée dans les quartiers en difficulté ;
réalisation de logements locatifs sociaux mieux financés pour
accompagner les démolitions, actions en faveur des
copropriétés dégradées...).
Ce financement se
fera par versement au budget général de l'Etat selon des
modalités qui devront être précisées dans la
convention d'application
».
Si votre rapporteur souscrit à l'objectif d'accélérer
les démolitions-reconstructions, il convient de ne pas être dupe
de l'opération menée dans le présent projet de loi de
finances et qui consiste, tout simplement, à utiliser le 1 %
logement pour « boucler » le budget de l'Etat.
Le versement pour 2002 ne servira évidemment pas aux opérations
de démolition-reconstruction
. En effet, l'analyse des
modalités de financement des opérations de
démolitions-reconstructions montre qu'il manque en moyenne 100.000
francs par logement pour équilibrer les opérations. La
contribution du 1 % logement permettrait de « boucler » le
financement des 30.000 opérations par an projetées par le
gouvernement.
Mais le nombre d'opérations de démolitions annuelles est
actuellement beaucoup plus faible et le rythme de 30.000 logements
démolis par an ne pourra pas être atteint avant plusieurs
années.
Le gouvernement indique que, compte tenu du faible nombre d'opérations
de démolitions, le versement pour 2002 servirait également
à financer plusieurs types d'opérations qui sont
déjà prévues au budget du logement (aides à la
pierre, amélioration de la qualité de service etc...).
Cependant, pour 2002, le versement du 1 % logement est inscrit en recettes
non fiscales du budget général de l'Etat, ce qui montre qu'il
servira beaucoup plus à l'équilibre du budget de l'Etat en 2002
et non à des opérations de renouvellement urbain. Il faudrait au
moins, en parallèle à ce nouveau versement, doter le budget de
l'urbanisme et du logement de 3 milliards de francs
supplémentaires, mais même une telle dotation ne serait pas une
garantie puisque le versement pourrait s'effectuer et les crédits
budgétaires correspondants être annulés.
Le versement du 1 % logement en 2002 est donc un
prélèvement contraire aux engagements de la convention du 3
août 1998.
Dans un premier temps, le gouvernement avait d'ailleurs souhaité passer
entièrement par l'intermédiaire des fonds d'épargne
dès 2002 pour « masquer » son manquement aux
obligations de la convention de 1998.
Le 1 % logement versait une dotation aux fonds d'épargne ce qui
leur permettait de reprendre un montant équivalent de provisions
passées sur les prêts accordés en deçà du
coût de la ressource en faveur du renouvellement urbain et du logement
social et d'accroître d'autant les prélèvements de l'Etat
sur ceux-ci, avec une grande discrétion et sans que les ressources
supplémentaires soient perçues comme un prélèvement
direct sur le 1 % logement.
Mais cette opération ne s'est pas réalisée, en partie en
raison des objections de la commission de surveillance de la Caisse des
dépôts et consignations et le versement au budget
général de l'Etat a été retenu comme la solution la
plus simple.
CHAPITRE IV :
LES AIDES A LA PIERRE DANS LE LOGEMENT PRIVÉ
SACRIFIÉES
I. DES AIDES POUR L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ TOUJOURS MOINS EFFICACES
A. UN FACTEUR ESSENTIEL DE SOUTIEN DE L'IMMOBILIER ET D'AIDE AUX MÉNAGES MODESTES
1. L'importance économique de l'accession à la propriété
En
raison des difficultés de la construction locative sociale et de
l'atterrissage prévu pour la construction locative privée (le
passage du dispositif de l'amortissement Périssol au dispositif Besson
est relativement lent), ce sont les flux d'accession à la
propriété qui, tant dans le neuf que dans l'ancien, permettent la
bonne tenue du secteur de la construction et de l'entretien.
De fait, les flux d'accession à la propriété sont un
élément essentiel du soutien de l'activité
immobilière.
Les fortes augmentations du nombre de logements aidés
enregistrées en 1996 (139.000 logements) ; 1997 (140 000 logements)
et 1999 (141 000 logements) s'expliquent principalement par le
très fort succès du prêt à 0 % qui a relancé
l'accession sociale.
La très nette progression de la maison individuelle de 1996 à
1999 résulte ainsi très largement de la réforme de
l'accession sociale à la propriété avec la mise en place
en octobre 1995 du prêt à taux zéro, non
contingenté, et dont les plafonds de ressources sont plus
élevés que pour les anciens PAP. Ainsi, 85.200 offres de
prêt concernant des maisons individuelles neuves ont été
émises et acceptées par les emprunteurs en 1997, 84.600 en 1998,
près de 100.300 en 1999 (soit 18 % de plus qu'en 1998).
Nombre de logements mis en chantier de 1993 à 1999
(en milliers) |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
Logements aidés |
108 |
131 |
106 |
139 |
140 |
127 |
141 |
|
PLA |
77 |
77 |
62 |
53 |
45 |
44 |
43 |
|
PAP |
31 |
54 |
44 |
|
|
|
|
|
Prêt à 0% |
|
|
|
86 |
95 |
83 |
98 |
|
avec un PAS |
|
|
|
40 |
40 |
37 |
44 |
|
avec un PC hors PAS |
|
|
|
10 |
12 |
12 |
16 |
|
avec d'autres prêts |
|
|
|
36 |
43 |
34 |
38 |
|
Logements non aidés |
143 |
167 |
174 |
128 |
124 |
160 |
176 |
|
PC (hors PAS et prêt à 0%) |
46 |
38 |
39 |
40 |
40 |
54 |
54 |
|
Prêts du secteur libre ou achats au comptant |
97 |
129 |
135 |
88 |
84 |
106 |
122 |
|
Ensemble des mises en chantier |
251 |
298 |
280 |
267 |
264 |
287 |
317 |
|
dont résidences secondaires |
19 |
20 |
16.5 |
15 |
13 |
14.5 |
14 |
Sources : DAEI - SGFAS - CFF
La
reprise constatée dans la construction aidée en 1999
(141.000 logements mis en chantier contre 127.000 en 1998) s'explique
uniquement par la progression du prêt à 0 % ; la construction
locative sociale demeurant atone jusqu'à cette date.
La forte croissance des accessions PTZ en 1999 s'est faite dans un contexte
économique et immobilier favorable, allié à une baisse
continue des taux d'intérêt des prêts immobiliers.
En 1999, 75 % des opérations réalisées avec un prêt
à taux zéro sont des opérations d'achat ou de construction
d'une maison individuelle. Cette proportion s'accroît depuis 1997.
2. Un dispositif social, qui répond à une demande
a) Les caractéristiques du prêt à taux zéro
Depuis sa mise en place en octobre 1995, le prêt à taux zéro connaît un rythme de diffusion élevé : 145.000 en 1996 (avec un seuil de travaux exceptionnellement réduit à 20 % au lieu de 35 % pour les opérations dans l'ancien) 123.000 en 1997, plus de 111.000 en 1998 et plus de 126.000 offres de prêts acceptées en 1999. En 2000, le nombre de prêts émis a toutefois rechuté à 111.000, en raison des restrictions réglementaires.
Nombre de prêts à taux zéro émis et mis en force
année |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
PTZ émis |
145 000 |
123 000 |
111 200 |
126 266 |
111 000 |
PTZ mis en force |
117 900 |
129 150 |
109 200 |
116 858 |
112 169 |
Pour les
offres émises en 2000,
l'habitat individuel représentait
90 % des opérations financées, et le collectif 10 %.
Parmi ces opérations, 85 % des opérations concernaient
l'achat de logements neufs et 15 % des opérations
d'acquisition-amélioration.
Les principaux établissements prêteurs
sont le
Crédit Agricole pour près de 25 % du marché, et pour
des parts de marché sensiblement égales (comprises entre 14% et
17%) les Caisses d'Epargne, le Crédit Foncier de France, et le
Crédit Mutuel. Le Crédit Immobilier de France et les banques AFB
se situent entre 10 et 13 %. Les autres réseaux bancaires ont de
faibles parts de marché (moins de 7 % au total).
b) Un dispositif social
Par
rapport à l'ancien prêt d'accession à la
propriété (PAP), le prêt à taux zéro a
élargi tout à la fois le réseau d'offre et le nombre des
ménages susceptibles d'en bénéficier. Il est
également très favorable aux candidats à l'accession
:
- en réduisant significativement le taux d'effort des ménages, en
particulier par le jeu des différés d'amortissement pour les
ménages les plus modestes,
- en facilitant l'accession à la propriété de
ménages appartenant aux catégories moyennes qui étaient
auparavant exclus du bénéfice des PAP.
Ainsi, 34 % des acquéreurs ont un revenu annuel imposable
inférieur à 12.638 euros, soit 82.901 francs (Tranche 1), 1,6
Smic ; 21 % entre 12.638 euros et 15.793 euros, soit 82.901
francs et 103.600 francs (Tranche 2), entre 1,64 et 2 Smic ; 19 %
entre 15.794 euros et 18.949 euros, soit 103.601 francs et
124.300 francs (Tranche 3), entre 2 et 2,5 Smic ; soit 74 % des
acquéreurs ayant un revenu mensuel au plus égal à
2.193 euros (14.385 francs), inférieur à 2,5 Smic.
Les ménages composés de 3 ou 4 personnes représentent
53 % des acquéreurs. 69 % des emprunteurs ont moins de 35 ans.
Les catégories socioprofessionnelles les plus représentées
sont les ouvriers (34 % du total), les employés (26 %) et les
professions intermédiaires (21 %). Dans 73 % des cas, les
emprunteurs sont des salariés du secteur privé contre 17 %
de salariés du secteur public et 10 % de non salariés, ce
qui est assez proche de la répartition de la population active.
c) Un prêt complété par d'autres prêts aidés
Plus d'un tiers des prêts à taux zéro sont associés à un prêt à l'accession sociale (PAS), plus d'un quart à un plan d'épargne-logement (PEL) ou à un prêt du 1% logement.
Type de prêt |
PC |
PAS |
PEL |
Prêt 1% |
autre prêt social |
autre prêt éligible au marché hypothécaire |
autre prêt libre |
Pourcentage d'opération incluant un PTZ concernées |
14 % |
37 % |
25 % |
23 % |
10 % |
10 % |
43 % |
Source : SGFGAS
Une comparaison des résultats 2000 avec les chiffres 1999 met en
exergue un recul du nombre de prêts à taux zéro
associés à un prêt à l'accession sociale
(41%
à 37%)
2(
*
)
. Les PAS sont distribués
par les établissements de crédit qui adhèrent au FGAS
(Fonds de garantie de l'accession sociale), créé en application
de la loi de finances pour 1993 n° 92-1376 du 30 décembre
1992. Le fonds garantit les établissements prêteurs. Il est
alimenté par l'Etat et les établissements de crédit
affiliés et géré par la société de gestion
du FGAS, société anonyme au capital de 5.500.100 francs, dont les
statuts ont été adoptés par décret du 18 mars 1993.
Les établissements prêteurs signent une convention d'affiliation
avec la société de gestion.
Les chiffres sont quasiment stables pour les autres associations
. Il
convient toutefois de noter la forte progression de l'association des
prêts à taux zéro avec les plans d'épargne-logement
(PEL), de 18 % à 25 % qui montre la sensibilité de
l'utilisation de ce prêt par rapport aux taux de marché. La
légère remontée des taux depuis 1999 a rendu ce
prêt, dont les conditions ont été fixées, plusieurs
années auparavant lors de la signature des plans, plus attractif.
d) Une aide nécessaire
Le
coût moyen d'une opération d'achat dans l'individuel neuf avec un
prêt à taux zéro en 1999 a augmenté de plus 6 %
en un an, atteignant 774.800 francs.
Cependant on observe une amélioration de la situation des
accédants en Ile de France en 2001. Une comparaison du taux d'effort de
cette année d'avec celui de l'an dernier (2000) à la même
période révèle une diminution du taux d'effort pour
l'acquisition dans le neuf et dans l'ancien en Ile de France respectivement de
plus de deux points (de 33.3% à 31.0%) et aux alentours d'un point (de
28.5% à 27.7%). En revanche, en province, le taux d'effort augmente
respectivement de plus de deux points (de 31.2% à 33.3%) et de trois
points (de 25.4% à 28.5%).
Plan de financement moyen, émissions en 2001 au 24/07/2001
Zone |
IdF |
Province |
Ensemble
|
||||
Type |
Neuf
|
Ancien
|
Neuf
|
Ancien
|
|||
Montant PTZ |
134 100 F
|
120 900 F
|
105 100 F
|
84 100 F
|
104 500 F
|
||
Prêt principal |
533 300 F
|
441 800 F
|
419 700 F
|
308 000 F
|
417 400 F
|
||
Autres prêts (1) |
47 900 F
|
60 200 F
|
64 100 F
|
44 800 F
|
59 000 F
|
||
Apport personnel |
166 300 F
|
132 700 F
|
113 300 F
|
43 100 F
|
107 800 F
|
||
Total |
881 600 F
|
755 600 F
|
702 200 F
|
480 000 F
|
688 700 F
|
||
Mensualité moyenne (2) |
4 900 F
|
4 400 F
|
4 700 F
|
3 500 F
|
4 600 F
|
||
Revenu net moyen Année N |
15 800 F
|
15 900 F
|
14 100 F
|
12 300 F
|
14 100 F
|
||
Taux d'effort brut avant A.P.L |
31.0% |
27.7% |
33.3% |
28.5% |
32.3% |
||
|
|
|
|
|
|
source SGFGAS (1) : y compris Epargne-Logement si
elle existe.
(2) : montant
déclaré de la 1ère mensualité tous prêts
confondus.
B. L'EFFICACITÉ SOCIALE DES PRÊTS À TAUX ZÉRO SE RÉDUIT
1. Des mesures de restriction réglementaires et des crédits en baisse
Depuis
plusieurs années,
de nombreuses mesures ont réduit
l'efficacité sociale des aides à l'accession à la
propriété
.
Depuis sa mise en place, en octobre 1995, le prêt à taux
zéro a connu diverses restrictions, avec une réduction de sa
durée en octobre 1996 et en octobre 1997 et une restriction aux
primo-accédants en novembre 1997.
La non-revalorisation des plafonds
de ressources a également conduit à réduire sensiblement
le nombre de bénéficiaires.
Lors de la discussion de la loi de finances en novembre 1999, votre rapporteur
craignait, si le gouvernement ne voulait pas accorder les moyens
budgétaires nécessaires, qu'un nouvel aménagement du
profit du prêt à taux zéro soit enregistré.
De fait, de nouvelles mesures de restriction du dispositif ont
été prises, afin de limiter son coût
budgétaire : un arrêté du 29 décembre 1999 a
plafonné la subvention de l'Etat et un arrêté du 29
septembre 2000 a réduit la période de remboursement des
prêts.
Ainsi, les moyens en faveur de l'accession à la
propriété des ménages modestes ne cessent de se
réduire en termes réels
. En effet, même si le programme
de distribution de 110.000 prêts est maintenu depuis plusieurs
années maintenant, il reflète un écart croissant avec les
besoins des accédants. Du fait de la non-revalorisation du
barème, il est même possible que les 110.000 prêts ne soient
pas atteints en 2002.
Votre rapporteur estime pourtant qu'il est important de maintenir un niveau
d'aide suffisant à l'accession à la propriété des
ménages modestes.
Jusqu'en 2000, le prêt à taux zéro était
financé par un compte d'affectation spéciale alimenté par
un prélèvement sur les collecteurs du 1% logement.
La convention du 3 août 1998 a permis de mettre fin au
démantèlement progressif du 1 % logement. Le taux de collecte est
maintenu à 0,45 % pendant toute la durée de la convention, et la
lourde charge de financement du prêt à taux zéro ira en
diminuant : la convention donne le montant exact des prélèvements
sur le 1 % logement et ces prélèvements sont
dégressifs jusqu'à s'éteindre sur 5 ans.
Il résulte de ces dispositions un écart croissant entre les
ressources tirées du 1 % logement et les montants nécessaires
pour financer le prêt à taux zéro.
Au total, l'accession à la propriété (article 65-48/30)
bénéficiera de 884 millions d'euros de crédits de paiement
en 2002. Depuis 1998, dans le contexte d'une reprise du cycle immobilier, les
dotations en faveur de l'accession à la propriété auront
diminué de 130 millions d'euros.
Dotations budgétaires en faveur du prêt à taux
zéro (crédits de paiement- LFI)
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1,01 |
0,95 |
0,90 |
0,89 |
0,88 |
(en milliards d'euros)
2. Une « expérimentation » prélude à une remise en cause du prêt à taux zéro ?
Pour
la première fois depuis 1996, des mesures sont prises pour
compléter le prêt à taux zéro.
En effet, deux mesures expérimentales viennent d'être
décidées pour favoriser la production d'une offre nouvelle de
logements en accession à la propriété dans des secteurs
urbanisés. Ces deux mesures prennent la forme d'une aide à la
pierre d'un montant de 10.700 euros par logement (70.187 francs),
complémentaire au prêt à taux zéro.
A cet effet, deux appels à projet doivent être lancés par
le secrétariat d'Etat au logement avant la fin de l'année afin de
sélectionner :
- d'une part, 1.000 logements réalisés par des promoteurs,
publics ou privés, qui, en étroite collaboration avec les
collectivités locales concernées, monteront des projets d'habitat
en accession dans des zones urbaines sensibles, il s'agit d'introduire un
élément de mixité sociale dans ces
périmètres ;
- d'autre part, 1.000 logements qui seront lancés par des organismes
d'HLM à destination de ménages très modestes. Cette mesure
concerne les projets de programme d'accession à la
propriété situés dans un secteur urbain où les prix
fonciers ne permettent pas aux catégories sociales les plus modestes
d'accéder à la propriété d'un logement
correspondant à leurs besoins.
Selon le secrétariat d'Etat au logement, le recours aux seuls organismes
HLM est une garantie : «
la maîtrise d'ouvrage de
chaque projet sera assurée par un organisme HLM de manière
à faire bénéficier l'accédant à la
propriété des dispositifs de sécurisation définis
par le mouvement HLM. Sachant que par ailleurs les ménages
éligibles à l'accession dans ces programmes devront être
titulaires d'un prêt à l'accession sociale, qui
bénéficie de la garantie de l'Etat au travers du fonds de
garantie de l'accession sociale à la propriété, il est
possible d'affirmer qu'aucun risque inconsidéré ne sera
imposé à ces ménages.
»
Votre rapporteur s'interroge sur cette nouvelle aide, dont le coût
global ne sera pas négligeable (si 2.000 logements
bénéficient effectivement de la prime, le coût sera de 21,4
millions d'euros soit 140,3 millions de francs) mais dont les
modalités et les objectifs sont encore imprécis.
L'idée, déjà ancienne, du secrétariat d'Etat au
logement, est de réorienter les prêts à taux zéro,
qui sont pour le moment concentrés sur l'individuel diffus et
périurbain, et qu'il souhaiterait plus nombreux dans le logement
collectif. C'est semble-t-il oublier que la localisation des opérations
d'accession à la propriété suit simplement la demande des
ménages. Enfin, si le dispositif s'avérait efficace, le
coût de sa généralisation ne serait pas négligeable
et de fait pourrait mettre en péril le financement du prêt
à taux zéro « classique ».
En conclusion, votre rapporteur spécial souhaite que cette
expérimentation ne soit pas le prélude à une remise en
cause du prêt à taux zéro. Il attend l'évaluation du
prêt à taux zéro lancée au mois de mars dernier dont
les conclusions sont attendues pour la fin de l'année.
C. LA SÉCURISATION DES PRÊTS À L'ACCESSION SOCIALE
1. Le fonds de garantie à l'accession sociale (FGAS)
L'article L. 312-1 du Code de la construction et de
l'habitation
charge le FGAS de gérer pour le compte de l'Etat la garantie que
celui-ci accorde aux prêts PAS et, depuis octobre 1995, à certains
prêts à taux zéro. L'objet de cette garantie est
d'indemniser les établissements de crédit des pertes qu'ils
auraient à subir en cas de défaillance d'un emprunteur
bénéficiaire d'une de ces catégories de prêts.
Ce dispositif favorise ainsi l'accès au crédit immobilier de
ménages dont la capacité de remboursement est faible et pourrait
justifier un taux d'intérêt plus élevé, voire un
refus de prêt de la part du banquier. Les sommes provisionnées au
FGAS autorisent une pondération favorable des prêts garantis au
regard du ratio de solvabilité imposé aux établissements
de crédit ; cette économie de fonds propres est un facteur
déterminant de la modération relative du taux
d'intérêt servi par les banques aux accédants à
revenus modestes.
Depuis sa création en 1993, le dispositif mis en place a permis de
garantir près de 700.000 prêts (dont 63 % de PAS) pour un montant
total de crédits de 172 milliards de francs (84 % de PAS), soit 26,22
millions d'euros. Environ 70 % des PAS et 85 % des PTZ garantis concernent
des opérations dans le neuf, ce qui tend à montrer l'importance
de la place prise par le FGAS dans le cadre de l'activité globale de
construction.
Le FGAS est alimenté par des cotisations versées par l'Etat et
les établissements de crédit qui y adhèrent, selon des
modalités fixées par convention
. Le fonds n'ayant pas la
personnalité morale, il est géré par la
société de gestion du FGAS (SGFGAS), société
anonyme dont les statuts sont approuvés par décret ; deux
commissaires du gouvernement (un représentant du ministère des
finances et un représentant du secrétariat d'Etat au logement)
assistent au conseil d'administration avec droit de veto sur les
décisions affectant l'engagement financier de l'Etat.
Le Fonds de Garantie de l'Accession Sociale à la propriété
(FGAS) est alimenté en recettes par :
• une cotisation de l'Etat (égale à 1,00 % des prêts
garantis à partir de la génération 2001 contre 1,25 % pour
les générations précédentes) ; cette cotisation est
prélevée sur le compte d'avances de l'Etat à la SGFGAS
lors de la déclaration du prêt par l'établissement
prêteur ;
• une cotisation initiale de l'établissement prêteur
égale à la cotisation de l'Etat et prélevée
simultanément ;
• une commission annuelle sur l'encours de prêts garantis
(plafonnée à 0,15 % de l'encours à partir de la
génération 2001, contre 0,2 % pour les générations
précédentes, sous réserve des bonus-malus) ;
• ainsi que la rémunération de ces fonds.
En dépense, les versements aux établissements de crédit au
titre de l'indemnisation des sinistres survenus pendant toute la durée
des prêts garantis s'imputent sur les actifs constitués lorsque
ces sinistres peuvent être constatés définitivement.
2. Faut-il réduire de nouveau les dotations au FGAS ?
a) Une révision des conditions d'alimentation du FGAS
Il y
a deux ans, votre rapporteur avait souhaité une modification des
conditions de versement de l'Etat au FGAS
,
car l'accroissement des
dotations aux FGAS pour 2000 allait à contre-courant de
l'évolution de ce fonds.
En 2000, l'augmentation du montant moyen des PAS et de leur nombre avait
conduit à une dotation complémentaire de l'Etat de
125 millions de francs (+ 41,6 %). Il s'agissait d'une
augmentation « mécanique » prenant en compte
l'augmentation attendue des prêts à l'accession sociale, mais qui
ne reflétait en rien les risques couverts.
En effet, la trésorerie du FGAS s'élevait à 3,6 milliards
de francs à la clôture de l'exercice 98/99 et le nombre de
sinistres était extrêmement faible. Début juillet 1999, 59
sinistres étaient déclarés depuis la mise en place du
FGAS, 28 avaient été pris en charge pour une indemnisation totale
de 2,64 millions de francs.
Votre rapporteur estimait nécessaire que la réflexion sur les
moyens budgétaires accordés au FGAS aboutisse, alors même
qu'un nouveau dispositif de sécurisation des prêts devait
permettre de limiter son champ d'intervention.
De fait, un accord a pu être trouvé sur ce point le 29 juin
2000. Le taux de la cotisation de l'Etat et des établissements
prêteurs a été réduit de 1,25 % à
1 % et le taux de la commission annuelle de 0,2 % à 0,13 %. La
contribution de l'Etat au fonds de garantie de l'accession sociale a donc
été réduite de 55 millions de francs pour 2001,
à 370 millions de francs.
On peut se demander s'il y a lieu d'aller plus loin.
b) Une nouvelle révision nécessiterait une renégociation mais il faut s'interroger sur l'affectation des excédents du fonds
L'Assemblée nationale a adopté, en
première
lecture du projet de loi de finances, un amendement supprimant les
crédits au FGAS pour 2002. Cet amendement a été
supprimé en deuxième délibération. Il s'agissait
surtout de protester contre la faiblesse des dotations à l'Agence
nationale d'amélioration de l'habitat, sujet auquel le FGAS est
évidemment étranger, mais la cible choisie n'était pas
entièrement anodine puisque la révision des crédits
versés au FGAS figure dans les propositions du rapport de notre
collègue député Jean-Louis Dumont au titre de la mission
d'évaluation et de contrôle sur le logement social.
Celui-ci estime en effet, s'appuyant notamment sur l'analyse
développée il y a déjà deux ans par votre
rapporteur spécial
, que «
l'Etat continue d'abonder la
société de gestion du fonds de garantie de l'accession sociale
(SGFGAS) sur le chapitre 65-50 « Contribution de l'Etat au fonds de
garantie de l'accession sociale », sur la base de conventions qui n'ont
pas été portées à la connaissance du Parlement et
qui semblent reposer sur des prévisions de sinistralité
très exagérées. Il convient donc de réexaminer la
subvention budgétaire (de 370 millions de francs en 2001), voire de
s'interroger sur l'avenir de la trésorerie du fonds
. »
On observera d'abord que le FGAS n'est pas seulement une trésorerie mais
est un fonds de garantie qui doit faire face à des engagements.
En effet,
le montant cumulé des prêts garantis atteint
désormais près de 170 milliards de francs
.
Prêts garantis par le FGAS
génération |
nombre de PAS |
nombre de PTZ |
total prêts garantis |
montant prêté PAS |
montant prêté PTZ |
montant total garanti |
ensemble crédits immobiliers |
poids des prêts garantis |
1993 |
8952 |
- |
8952 |
2 |
- |
2 |
- |
- |
1994 |
39796 |
- |
39796 |
10 |
- |
10 |
- |
- |
1995 |
36682 |
3788 |
40470 |
10 |
0 |
10 |
232,5 |
4,3% |
1996 |
78837 |
57082 |
135919 |
23 |
6 |
29 |
278,6 |
10,4% |
1997 |
66687 |
50051 |
116738 |
21 |
5 |
26 |
303,3 |
8,6% |
1998 |
66884 |
46785 |
113669 |
23 |
5 |
28 |
338 |
8,3% |
1999 |
71384 |
49936 |
121320 |
28 |
5 |
33 |
416,4 |
7,9% |
2000 |
61205 |
42671 |
103876 |
24 |
5 |
29 |
417 |
7,0% |
Evolution du montant cumulé de prêts garantis (en milliards de francs)
Aujourd'hui, l'actif du FGAS permettrait d'indemniser, sur la base d'une
moyenne observée de 100.000 francs par sinistre, de l'ordre de 60.000
prêts, soit environ 8,5 % du stock des prêts consentis
.
Selon la SGFGAS, une telle proportion n'est pas irréaliste, si l'on se
souvient que lorsque l'Etat a été confronté au
problème des accédants titulaires d'un prêt d'accession
à la propriété (PAP), les disponibilité du fonds de
garantie des PAP se sont révélées très
insuffisantes ; l'Etat a dû engager plusieurs mesures de
réaménagement dont le coût a dépassé
très largement le total des provisions constituées à ce
jour par le FGAS : ainsi le réaménagement de 1988 (550.000
prêt concernés) a entraîné un coût
budgétaire de 14 milliards de francs et celui de 1998 (500.000
prêts concernés) un coût de l'ordre de 1,5 milliard de
francs.
En réalité, plusieurs éléments rentrent en ligne de
compte.
D'une part, il est évident que l'Etat s'est trompé en 1993,
date de création du FGAS sur le taux de sinistralité des
prêts garantis
. Il était resté sur le modèle des
anciens prêts d'accession à la propriété (PAP) et
sur la « dérive financière » du
système.
Cette erreur n'a pu se mesurer que progressivement
. En effet, les
cotisations sont versées chaque première année d'une
génération de prêts et doivent couvrir la
sinistralité des prêts pendant toute leur durée de vie (15
ans en moyenne). Il faut un minimum d'année pour faire un premier bilan
de la sinistralité des prêts : c'est ce qui est arrivé
en 2000, en constatant que la génération de prêts
contractés en 1993 avait un très faible taux de
sinistralité.
La diminution de 25 % des taux de cotisations en 2000 n'a toutefois d'effet que
sur les flux futurs et pas sur la trésorerie accumulée du fonds.
Dès 2003, il est envisageable que l'Etat récupère, sur la
première génération de prêts, ses excédents
de versements.
Votre rapporteur estime donc que le débat doit porter sur les
modalités de réaffectation de ces excédents, afin de les
réorienter vers d'autres produits de la politique du logement. Il pense
notamment à financer une revalorisation du barème du prêt
à taux zéro.
Pour l'avenir, il faut certes poursuivre la réflexion
sur le bon
niveau de cotisations au FGAS, afin que ne se constituent pas des
excédents sans justification.
Toutefois, il serait vain de diminuer
de manière unilatérale et non concertée la contribution de
l'Etat pour les nouvelles générations de prêts.
Ceux-ci
sont en effet soumis à des risques de sinistralité sans doute
plus importants que la génération précédente. En
tout état de cause, seule une évaluation précise et
coordonnée entre les banques et l'Etat peut conduire à
réviser les taux de cotisations sauf à mettre en péril la
garantie offerte par le système et la confiance des
établissements bancaires.
II. LES AIDES A LA RÉNOVATION DU LOGEMENT PRIVÉ SONT REMISES EN CAUSE
La réhabilitation du parc privé repose traditionnellement sur deux outils : les subventions de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) pour les propriétaires-bailleurs et la Prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) pour les propriétaires occupants.
A. LES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES OCCUPANTS DOIVENT ÊTRE SIMPLIFIÉES ET REVALORISÉES
1. Malgré une hausse des bénéficiaires, la PAH n'a pas été revalorisée depuis 1993
L'activité liée à la PAH a connu une légère amélioration ces trois dernières années : après avoir connu une diminution en 1997, le nombre de primes accordées est reparti à la hausse pour atteindre un point haut en 2000 (80.184 primes accordées) avec toutefois une subvention moyenne inchangée depuis pratiquement dix ans et qui est même inférieure en 2000 à ce qu'elle était en 1997.
Evolution de la prime à l'amélioration de
l'habitat (PAH)
|
Nombre de primes accordées |
Montant total des primes en MF |
Montant moyen unitaire en
|
1993 |
60 802 |
646,8 |
10 638 |
1994 |
68 771 |
728,9 |
10 599 |
1995 |
55 909 |
591,4 |
10 578 |
1996 |
72 510 |
767.0 |
10 578 |
1997 |
66 623 |
718.9 |
10 791 |
1998 |
69 419 |
761,8 |
10 974 |
1999 |
77 414 |
841,6 |
10 872 |
2000 |
80 184 |
856,1 |
10 677 |
Le
secrétariat d'Etat au logement indique que les dotations
budgétaires affectées à la PAH ont doublé entre
1993 et 2001. Mais dans le même temps, le montant total des primes
n'a augmenté que de 32 %. Comme le souligne la Cour des comptes,
«
l'évolution des crédits inscrits ne résulte
pas d'une analyse précise du nombre potentiel de
bénéficiaires, qui diminue mécaniquement en raison de
l'absence de revalorisation depuis 1993 des plafonds de ressources, mais
plutôt d'une volonté d'affichage du
ministère
. »
En raison de l'extinction du PAP, la dernière revalorisation du
barème des plafonds de ressources date d'un arrêté du 21
décembre 1993, applicable au 1er janvier 1994.
2. Un dispositif excessivement complexe qui nécessite une réforme
Votre rapporteur a déjà souligné certaines des difficultés mises en valeur par la Cour des comptes, et notamment l'excessive complexité des barèmes et taux de subventions des aides à l'amélioration du logement privé. Pour la prime à l'amélioration de l'habitat, la Cour écrit : « pas moins de neuf situations différentes de taux et de plafonds de dépenses peuvent être identifiées aujourd'hui, auxquelles s'ajoute la possibilité introduite en 1987 à titre expérimental dans une quinzaine de départements de nouvelles conditions d'attribution de la prime ».
Les modalités d'octroi de la prime à l'amélioration de l'habitat
Nature des travaux |
Plafond de ressources inférieur à ... |
Taux de subvention |
Plafond de travaux |
Montant maximum de la prime |
Amélioration hors OPAH |
70 % PAP |
20 % |
70 000 F |
14 000 F |
Amélioration en OPAH |
70 % PAP |
25 % |
70 000 F |
17 500 F |
Amélioration en ZRIP |
70 % PAP |
20 % |
85 000 F |
17 000 F |
Travaux dans des copropriétés dégradées en OPAH |
70 % PAP
|
25 %
|
85 000 F
|
21 250 F
|
Accessibilité et adaptation du logement aux personnes handicapées |
100 % PAP |
50 % |
40 000 F |
20 000 F |
Adaptation du logement aux besoins des travailleurs manuels travaillant la nuit |
100 % PAP |
50 % |
28 000 F |
14 000 F |
Suivi d'insalubrité |
100 % PAP |
50 % |
70 000 F |
35 000 F |
Travaux sur les parties communes d'un immeuble en copropriété et faisant l'objet d'un plan de sauvegarde |
Pas de
conditions
|
50 % |
Pas
de
|
Pas de maximum |
Source : Cour des comptes, rapport public 2000
Dans le cadre de la réforme de l'ANAH, qui gère désormais
la PAH, il est envisagé une revalorisation des plafonds de ressources
pour l'attribution des subventions aux propriétaires occupants ainsi que
certaines mesures de simplification portant notamment sur :
- la suppression de la différenciation entre conjoint actifs et
conjoints inactifs,
- une simplification du zonage : ces plafonds devraient se répartir en
deux zones, Ile de France et province, au lieu de trois actuellement,
- la référence au revenu fiscal de référence de
l'année n-2 (au lieu du revenu imposable), avec la possibilité de
fournir l'avis n-1 s'il est disponible et s'il révèle une baisse
de revenus.
En application de l'article R.321-12 du CCH,
la revalorisation des plafonds
revêtira un caractère systématique
puisque cet article
prévoit expressément que les plafonds devront être
réévalués par l'agence chaque année en fonction de
l'évolution de l'indice des prix à la consommation hors tabac.
Enfin, les régimes de la PAH et de la subvention de sortie
d'insalubrité (SSI) seraient améliorés sous réserve
de la réalisation de certaines conditions.
Selon le secrétariat d'Etat au logement,
le régime actuel de
la PAH et de la SSI en opération programmée d'amélioration
de l'habitat et
a fortiori
en secteur diffus apparaît insuffisant
pour solvabiliser suffisamment les propriétaires occupants aux
ressources faibles voire modestes
et leur permettre de réaliser les
travaux de remise à niveau aux conditions d'habitabilité
minimale. L'amélioration des aides à la pierre concernant les
propriétaires occupants (PAH et SSI) permettrait de solvabiliser ces
ménages en vue de la réalisation de véritables travaux
d'amélioration dépassant l'auto-réhabilitation et de
renforcer le caractère incitatif du dispositif opérationnel
d'OPAH.
Votre rapporteur spécial approuve une revalorisation du montant de la
PAH et les mesures de simplification.
Il observe toutefois que les annonces de revalorisation s'inscrivent dans le
contexte d'une enveloppe budgétaire fortement réduite en 2002.
Il souhaite que le secrétariat d'Etat au logement et l'ANAH aillent plus
loin dans l'harmonisation des plafonds de ressources, des plafonds de travaux,
et des taux de subventions, afin que les propriétaires-occupants aient
la vision la plus claire possible de leurs droits.
B. DES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES BAILLEURS INDISPENSABLES MAIS CRITIQUÉES
1. L'activité très importante de l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat
L'activité de l' ANAH dans son ensemble a progressé modérément en 2000, mais son activité sur le parc récent a été beaucoup plus dynamique.
Activité de l'ANAH depuis 1996
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1999 |
- PARC ANCIEN (construit avant 1948) |
|
|
|
|
|
|
|
2 311 |
2 030 |
1 988 |
2 114 |
2 110 |
-0,19% |
• Montant de travaux subventionnables (MF) |
8 045 |
7 602 |
7 561 |
7 947 |
8 005 |
+ 0,73% |
• Nombre de dossiers agréés |
41 210 |
40 200 |
40 900 |
42 485 |
45 417 |
+ 6,90% |
• Nombre de logements subventionnés |
88 400 |
83 400 |
85 160 |
87 000 |
94 374 |
+ 8,48% |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
55 400 |
51 800 |
52 270 |
53 800 |
56 992 |
+ 5,93% |
- PARC RECENT |
|
|
|
|
|
|
• Subventions engagées (MF) |
284 |
308 |
320 |
391 |
415 |
+ 6,14% |
• Montant de travaux subventionnables (MF) |
1 017 |
1 150 |
1 162 |
1 427 |
1519 |
+ 6,45% |
• Nombre de dossiers agréés |
7 340 |
8 390 |
9 700 |
11 765 |
14 350 |
+ 21,97% |
• Nombre de logements subventionnés |
23 400 |
24 200 |
26 040 |
31 400 |
41 168 |
+ 31,11% |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
11 600 |
13 500 |
15 030 |
17 200 |
20 907 |
+ 21,55% |
- ENSEMBLE DU PARC |
|
|
|
|
|
|
• Subventions engagées (MF) |
2 595 |
2 338 |
2 308 |
2 505 |
2 525 |
+ 0,80% |
• Montant de travaux subventionnables (MF) |
9 062 |
8 752 |
8 723 |
9 374 |
9 524 |
+ 1,60% |
• Nombre de dossiers agréés |
48 550 |
48 590 |
50 600 |
54 250 |
59 767 |
+ 10,17% |
• Nombre de logements subventionnés |
111 800 |
107 600 |
111 200 |
118 400 |
135 542 |
+ 14,48% |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
67 000 |
65 300 |
67 300 |
71 000 |
77 899 |
+ 9,72% |
- dont OPAH : |
|
|
|
|
|
|
• Subvention engagées (en MF) |
865 |
745 |
732 |
815 |
810 |
-0,61% |
• Nombre de logements subventionnés |
27 500 |
26 800 |
28 300 |
29 300 |
32 900 |
+ 12,29% |
- dont PST |
|
|
|
|
|
|
• Subventions engagées (en MF) |
479 |
374 |
360 |
436 |
383 |
-12,16% |
• Nombre de logements subventionnés |
4 300 |
3 200 |
3 050 |
3 470 |
3 000 |
-13,54% |
L'activité de l'agence dans le parc construit
après
1948, bien qu'en constante progression, reste modeste
(16,4 % du total des
engagements en 2000), mais la demande de subvention dans ce parc croît
régulièrement et cette tendance est appelée à
continuer : des OPAH et des plans de sauvegarde se mettent en place dans le
parc récent, notamment pour traiter les copropriétés
dégradées où le processus de décision est plus lent.
La part des engagements dans les secteurs programmés (OPAH et PST)
est de 47 % contre 50 % l'année précédente
. En
2000, le nombre de logements subventionnés ainsi que le nombre de
logements primés du secteur PST sont en baisse de 13 % par rapport
à 1999. L'activité OPAH est en augmentation (11,9 % en 2000
contre 3,5% en 1999) sauf en ce qui concerne le nombre de logements
conventionnés qui revient au niveau de 1998. La part des subventions
engagées dans les logements construits après 1948 continue
d'augmenter et représente 16,4 % en 2000 au lieu de 15,6 % en 1999.
En 2000, 18.580 logements, soit 11,7% de plus que l'an passé, ont
bénéficié d'une subvention majorée en contrepartie
d'un engagement de modération de loyers.
La croissance de l'activité est essentiellement due à la forte
augmentation de la demande dans le parc ancien qui résulte de
l'élargissement des règles d'intervention et des décisions
des bailleurs de procéder à l'amélioration de leurs
logements et de remettre sur le marché des logements vacants.
Les taux de subventions des programmes de l'ANAH
Principaux types d'interventions |
Taux maximum de subvention |
|
Loyer libre |
Loyer conventionné |
|
Travaux réalisés en secteur diffus hors du cadre d'une opération programmée (OPAH, PST) |
25 % |
25 % |
Travaux
réalisés dans les OPAH
|
25 % |
25 %
à 40 % selon les dispositions
|
Interventions dans les PST
|
|
40 %
à 70 % selon les dispositions
|
Interventions spéciales à caractère social |
70 % dans la limite d'un plafond de travaux de 40 000 F TTC |
2. Les critiques de la Cour des comptes
Malgré le rôle essentiel joué par
l'ANAH pour
la réhabilitation du parc privé et la remise sur le marché
de logements vacants, l'Agence a fait l'objet, comme l'ensemble de la politique
de réhabilitation des logements privés, de critiques
significatives de la Cour des comptes.
La Cour des Comptes publie en effet dans son rapport annuel 2000 les
résultats de son enquête sur les subventions de l'État pour
l'amélioration de l'habitat privé
conduite auprès de
vingt-neuf directions départementales de l'équipement (DDE) et de
vingt délégations locales pour l'ANAH, qui, selon ses termes,
fait ressortir que :
-
le niveau insuffisant de connaissance du parc privé et des besoins
exprimés
ne permet toujours pas de disposer des informations
indispensables à la mise en oeuvre efficace d'une politique à
moyen terme d'aide aux propriétaires privés ;
-
les modalités d'attribution de ces aides restent peu lisibles
et ne sont pas exemptes d'anomalies ;
- outre l'évolution du parc et la multiplication des dispositifs
d'aides,
l'extension des allégements fiscaux
mis en oeuvre depuis
quelques années pour les propriétaires privés, tant
bailleurs qu'occupants, notamment l'abaissement du taux de TVA de 20,6 %
à 5,5 % à compter du 15 septembre 1999 pour les travaux
d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien,
éclairent désormais d'un jour nouveau ces dispositifs de
subventions dont l'excessive complexité rend la gestion malaisée.
Votre rapporteur souscrit pleinement à l'observation selon laquelle
«le demandeur a parfois des difficultés à s'orienter dans
le maquis des aides à l'amélioration des
logements »
mais
il en tire la conclusion qu'il faut
simplifier les aides, mieux cerner les besoins et non pas réduire les
moyens pour la réhabilitation du parc privé, ce qui est
aujourd'hui malheureusement l'orientation prise par le gouvernement.
Les observations de la Cour sur les aides au logement privé
1 -
Des études notoirement insuffisantes
: tant à
l'administration centrale du ministère du logement que dans les DDE,
«
la connaissance du parc privé est diffuse, partielle,
empirique et de qualité insuffisante. Cette situation contraste avec la
connaissance qu'a le ministère de l'état du parc locatif
social.
» En ce qui concerne l'habitat privé non locatif,
hormis les enquêtes nationales sur le logement, la DGUHC n'a fait
réaliser depuis 1994 que trois études sur les
copropriétés en difficulté. Aucune étude ou
enquête n'a été effectuée sur les demandeurs ou les
bénéficiaires de la PAH. L'administration centrale n'a
globalement qu'une connaissance très lacunaire du parc à
améliorer. Jusqu'à une période très récente
l'ANAH n'a pas eu non plus de politique claire en ce qui concerne les
études à mener, sauf pour des sujets techniques tels que
l'amiante ou le saturnisme. Au niveau local, la connaissance par quelques DDE
du profil des bénéficiaires des aides résulte
essentiellement d'une initiative spontanée de leur part.
2 -
Une appréciation incomplète des attentes en matière
d'amélioration des logements
. La notion de « confort »
telle qu'exploitée par l'INSEE résulte des normes prévues
par la loi du 12 juillet 1967 relative à l'amélioration de
l'habitat et définies par son décret d'application du 9 novembre
1968. Ces normes minimales de confort, qui datent de plus de trente ans,
n'apparaissent donc plus comme des références appropriées
pouvant fonder des actions d'amélioration des logements. Les
problèmes actuels de l'habitat ancien sont, de fait,
sous-estimés. Il en est notamment ainsi des copropriétés
dégradées.
3 -
Une politique « dépourvue d'objectifs
clairs »
: Les aides à l'habitat privé,
notamment la PAH, ne sont que très marginalement évoquées
dans la circulaire de l'État, sauf ponctuellement comme les actions
contre l'amiante et le plomb mentionnées dans la circulaire pour 1999.
La circulaire de l'ANAH comporte entre six et huit priorités qui ne sont
pas assorties d'objectifs chiffrés, même indicatifs, à
court ou moyen terme. Au surplus, leur rang change presque chaque année.
4
- Un système complexe
: une agence sans autonomie,
l'instruction des dossiers souffre de plusieurs faiblesses (un système
informatique de gestion ancien et peu sécurisé, une analyse
souvent sommaire des pièces des dossiers et des travaux à
réaliser ; un contrôle insuffisant du respect des contreparties
à l'obtention des financements). Le demandeur a parfois des
difficultés à s'orienter dans le maquis des aides à
l'amélioration des logements. De nombreuses collectivités
territoriales et organismes de protection sociale interviennent aujourd'hui en
complément ou en alternative des actions de l'État.
5 -
Les subventions de l'ANAH semblent n'avoir qu'un effet limité sur
le marché du logement
: leur impact sur les vacances ne paraît
pas déterminant, hormis l'effet psychologique induit par la
création de la prime à la vacance de 1995 à 1997. L'effet
d'aubaine ne paraît pas négligeable pour la PAH comme pour les
primes de l'ANAH. Le mécanisme fiscal est donc devenu l'instrument le
plus massif et le plus simple d'aide aux propriétaires privés.
6 -
La question du maintien des aides de l'ANAH
est posée depuis
la baisse du taux de TVA à 5,5 %, sauf à les réserver
à des opérations très sociales comme les PST ou à
des opérations d'amélioration cohérentes, globales et
simultanées dans des périmètres précis, comme les
OPAH.
C. LA RÉFORME DES AIDES AU LOGEMENT PRIVÉ S'ACCOMPAGNE D'UNE RÉDUCTION DES MOYENS
L'an dernier, votre rapporteur spécial estimait que la réforme des aides au logement privé était une réforme bienvenue, mais à surveiller. De fait, cette réforme s'est transformée en une méthode très inquiétante de réduction des aides au parc privé, avec pour appui le rapport de la Cour des comptes.
1. La réforme de l'ANAH s'accompagne d'une forte réduction de moyens
a) La réforme de l'ANAH
La loi
relative à la solidarité et au renouvellement urbains a
engagé une réforme du financement des travaux
d'amélioration du parc privé qui s'est traduite par le
regroupement à partir de 2001 auprès d'un seul organisme public,
l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH), des outils
et moyens financiers mis en oeuvre pour l'amélioration des logements
privés, dont l'actuelle prime à l'amélioration de
l'habitat (PAH) destinée aux propriétaires occupants.
Le décret en Conseil d'Etat n° 2001-351 du 20 avril 2001 portant
réforme de l'ANAH prévoit que l'attribution des subventions aux
propriétaires occupants ne sera effective qu'à la date de
publication de l'arrêté interministériel approuvant le
règlement général de l'agence. La publication de cet
arrêté interministériel doit intervenir avant le 1er
janvier 2002. Les principaux axes de cette réforme sont :
-
en termes d'organisation et de fonctionnement
: l'extension des
compétences de l'agence a justifié une redéfinition du
rôle des autorités de tutelle. Ainsi, si la définition des
règles d'éligibilité aux dispositifs d'aides (conditions
de ressources des demandeurs, champ des immeubles...) est de nature
réglementaire, la détermination des règles
financières d'attribution (assiette, taux, modalité de
versement....) devrait, elle, relever de décisions du conseil
d'administration.
- en matière de
lutte contre l'insalubrité
, afin
d'accroître l'efficacité des travaux d'office conduits par une
commune qui se substituerait à un propriétaire défaillant
pour la réalisation des travaux de sortie d'insalubrité, la
subvention de l'ANAH pourrait être accordée aux communes par un
dispositif de subrogation.
b) Une forte réduction des moyens
Dès la loi de finances 2001, les moyens dévolus à l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) et à la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH), ont été fusionnées, mais avec une forte réduction des crédits de paiement ouverts : 2,7 milliards de francs contre 3 milliards de francs en 2000 (-9,4 %).
Votre
rapporteur avait estimé que pour la première année de
réforme de l'ANAH, la réduction de ses moyens d'intervention
était un signal très négatif :
la
réduction des crédits pouvait laisser craindre une
réduction des programmes de l'agence. Toutefois, il avait noté
qu'en 2001 l'établissement public pourrait vraisemblablement puiser dans
sa trésorerie pour compenser la chute des dotations budgétaires.
Cette solution ne pouvait avoir de caractère pérenne et de
nouveaux moyens devraient donc être dégagés en 2002 pour ne
pas pénaliser la rénovation du logement privé. En effet,
à la fin de l'année 2000, le fonds de roulement (99,2 millions
d'euros) avait un niveau satisfaisant puisqu'il correspondait à plus de
trois mois de fonctionnement courant. En revanche, le montant des
crédits de paiement versés à l'Agence en 2001
ramènera progressivement le fonds de roulement à environ un mois
de fonctionnement courant.
2. Le risque de léser les bailleurs privés et de réduire certaines opérations essentielles pour les collectivités locales
Malheureusement, pour 2002, la réduction des moyens
de
l'ANAH s'est confirmée.
Le secrétariat d'Etat au logement parle en effet d'un recentrage plus
affirmé des aides sur les priorités gouvernementales :
opérations en renouvellement urbain, copropriétés
dégradées, habitat insalubre, saturnisme, accessibilité
aux handicapés, aides à la décence du logement, tout en
prenant mieux en compte la situation des logements occupés par leurs
propriétaires, dont le plafond de ressources pour l'accès
à une aide sera revalorisé.
L'ANAH vient de décider la réduction de 25 % à 20 % le
taux de subvention de certains travaux, ce qui semble une évolution
très défavorable. La prochaine revalorisation des plafonds de
ressources de la PAH, qui était nécessaire, combinée
à la réduction globale des crédits devrait conduire
à réduire les moyens en faveur des
propriétaires-bailleurs de 340 à 260 millions d'euros
(2,2 à 1,7 milliard de francs), alors que ceux-ci payeront une
contribution sur les revenus locatifs de 590 millions d'euros
(3,9 milliards de francs) en 2002.
La perte nette de subventions pour les propriétaires-bailleurs
s'élèverait donc à 500 millions de francs en 2002.
Votre rapporteur a donc craint fortement que toutes les activités de
l'ANAH soient affectées, y compris les opérations
programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH) qui jouent
pourtant un rôle essentiel dans la revalorisation de certains quartiers.
Finalement, suite au vote de suppression de crédits du FGAS en
première lecture à l'Assemblée nationale,
le
gouvernement a accepté d'abonder de 200 millions de francs en
autorisations de programme mais seulement 60 millions de francs en
crédits de paiement la subvention d'investissement à l'ANAH.
Cette revalorisation ne permet pas d'atteindre simplement le niveau de 2001 (il
manque 300 millions de francs en crédits de paiements) et encore
moins le niveau de l'année 2000, car la dotation de l'année 2001
avait déjà été diminué en raison de la
trésorerie de l'ANAH. Compte tenu de la revalorisation annoncée
des barèmes de la PAH, l'enveloppe réduite au profit de l'ANAH
conduira nécessairement à des arbitrages en défaveur des
bailleurs.
.
D. LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ DOIT ÊTRE RELANCÉE
1. La loi de lutte contre les exclusions n'est toujours pas mise en oeuvre
Votre
rapporteur estime que la lutte contre le saturnisme et l'insalubrité en
général est un objectif essentiel de la politique du logement, et
note que des moyens importants y sont consacrés en loi de finances
initiale depuis deux ans.
Cependant, il regrette vivement que ces moyens soient dispersés et
très peu consommés faute de procédures réellement
efficaces.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, au moins trois lignes
budgétaires sont consacrées à la résorption de
l'insalubrité :
- l'article 34-40/10 «
lutte contre le saturnisme et
l'insalubrité
» pour 9,15 millions d'euros ;
- l'article 55-21/40 «
résorption de l'insalubrité,
travaux d'office
» pour 3,8 millions d'euros ;
- l'article 65-48/22 «
résorption de l'habitat
insalubre
» pour 8,9 millions d'euros.
Au total, 21,85 millions d'euros (143 millions de francs) sont donc
mobilisés sur ces lignes budgétaires.
Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2002, l'ANAH devrait devenir selon
le gouvernement «
l'outil fondamental de l'amélioration du
parc privé et de la lutte contre le logement indécent ou
insalubre
». Ses priorités d'intervention dans ce domaine
se traduiraient notamment par des taux de subvention plus élevés
dans les copropriétés dégradées, les logements en
sortie d'insalubrité, les opérations concernées par le
saturnisme.
Malgré ces annonces, force est de constater que jusqu'à
présent, les crédits ouverts ont été des
crédits de pur affichage, cachant une flagrante inefficacité des
moyens de la lutte contre l'insalubrité.
Ainsi, le chapitre 37-40 (lutte contre le saturnisme), qui
bénéficiait de 60 millions de francs de dotation en LFI
2001, a fait l'objet d'une annulation de 50 millions de francs par
l'arrêté du 21 mai 2001. Le chapitre ayant déjà fait
l'objet d'un report de 100 millions de francs de 2000 sur 2001, les
crédits du chapitre s'élèvent tout de même à
110 millions de francs après cette annulation. Ce montant paraît
encore disproportionné par rapport aux consommations puisque le chapitre
n'a enregistré qu'une consommation de 2 à 3 millions de francs en
2000.
2. Il faut revoir entièrement la politique de lutte contre l'insalubrité
Votre
rapporteur estime que la faible consommation des crédits s'explique par
plusieurs facteurs : la multiplicité des intervenants, la
complexité des procédures et l'absence de coordination
d'ensemble.
Outre la dispersion des intervenants au sein même du ministère
(administration centrale pour la RHI, services déconcentrés pour
les études et diagnostics, ANAH), les difficultés à lutter
contre le logement insalubre s'expliquent par les partages de
compétences entre le secrétariat au logement et le
ministère de l'emploi et de la solidarité qui freinent les
décisions. Les procédures administratives, notamment en
matière de passation des marchés publics, sont également
très lourdes.
Votre rapporteur estime donc qu'au delà des crédits
affichés en loi de finances, il y a nécessité de clarifier
les compétences, alléger les procédures et surtout
définir un acteur unique de la politique de lutte contre
l'insalubrité pour que celle-ci soit enfin efficace.
III. IL FAUT SIMPLIFIER ET AMÉLIORER LA FISCALITÉ EN FAVEUR DES BAILLEURS PRIVÉS
A. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA FISCALITÉ DES BAILLEURS PRIVÉS
1. Une fiscalité lourde
La
fiscalité applicable aux bailleurs privés est
particulièrement lourde en France, même si elle a
été allégée par la réduction du taux de TVA
dans les logements privés.
Le tableau ci-dessous fourni par le secrétariat d'Etat au logement
rend compte de la situation en France par rapport aux autres pays
européens,
de manière relativement flatteuse, car il est loin
d'être complet : à titre d'exemple, il ne prend pas en compte
la contribution annuelle sur les revenus locatifs, dont le coût
s'élèvera pour les bailleurs à 3,9 milliards de francs en
2002.
|
France |
Allemagne |
Espagne |
Pays-Bas |
Italie |
TVA pour l'acquisition de logements neufs |
19,6 % |
Exonération |
7 % |
19 % |
4 % (20 % pour les logements de luxe) |
TVA pour la rénovation |
5,5% (logements achevés depuis plus de 2 ans) |
16% |
7% (travaux de maçonnerie) |
6% (travaux de peinture et de plâtrage pour les logements de plus de 15 ans) |
10% |
droits d'enregistrement |
4,80 % |
3,5 % |
6 % |
6 % |
3 % (7% pour les logements de luxe) |
imposition des revenus fonciers : |
|
|
|
|
|
Charges déductibles hors intérêts |
Montant réel et, pour les frais divers, déduction forfaitaire au taux de 14% |
Montant réel ou, sur option, forfait d'une quarantaine de DM au m² |
Montant réel. Les dépenses d'agrandissement et de rénovation ne sont pas déductibles |
Montant réel ou déduction forfaitaire égale à 15 % du montant du loyer |
Non, le revenu foncier imposable correspond en général au revenu cadastral |
Intérêts d'emprunt |
Déductibles mais ne peuvent engendrer un déficit imputable |
Déductibles sans limite |
Déductibles dans la limite du revenu brut |
Déductibles sans limite |
Non |
Amortissement du prix d'acquisition ou de construction |
Amortissement de 8 % pendant 5 ans, puis 2,5 pendant 4 ans, pour les logements neufs loués dans le secteur intermédiaire (« amortissement Besson »). |
Amortissement linéaire et régimes d'amortissements spéciaux (logements neufs, logements neufs sociaux, réhabilitations). |
Amortissement de 1,5 % par an de la valeur cadastrale du bien -hors terrain- pendant 66 ans |
Non |
Non |
Traitement des déficits fonciers |
Imputable sur le revenu global dans la limite de 70 000 F |
Imputable sur le revenu global sans limite |
Imputable sur le revenu global sans limite |
Imputable sur le revenu global sans limite |
Non |
2. Des dispositifs fiscaux complexes
Le
régime fiscal en faveur des propriétaires-bailleurs est un
régime de plus en plus complexe : le remplacement du dispositif dit
« Périssol » s'est fait par un dispositif en faveur
du logement neuf et désormais deux dispositifs en faveur du logement
ancien, à chaque fois avec des conditions de loyers
différentes.
L'article 96 de la loi de finances pour 1999 a en effet créé un
nouveau dispositif fiscal en faveur du logement locatif privé
(dispositif dit « Besson »), en remplacement du
régime d'amortissement autonome pour les biens locatifs neufs
prévu par l'article 29 de la loi n° 96-314 du 12 avril 1996
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier
(dispositif dit « Perissol»), qui s'est achevé au 31
août 1999 pour les immeubles ayant obtenu un permis de construire avant
le 31 décembre 1998.
Dans le neuf, le propriétaire doit prendre l'engagement de louer le
logement nu à usage d'habitation principale pendant une durée au
moins égale à 9 ans soit à une personne physique, soit
à une personne morale. L'avantage fiscal dans le neuf consiste en un
régime d'amortissement : le bailleur déduit de ses revenus
fonciers 8 % du prix du logement les 5 premières années et
2,5 % de ce prix les 4 suivantes. A l'issue des neuf ans, il a la
possibilité de continuer à amortir son bien à raison de
2,5 % par an pendant 6 ans si les conditions demeurent respectées.
L'option pour l'amortissement du logement entraîne la possibilité
d'amortir les gros travaux et la baisse de 14 % à 6 % du taux de la
déduction forfaitaire sur les revenus fonciers, pendant la durée
d'amortissement.
Dans l'ancien, le bailleur doit prendre l'engagement de louer le logement nu
à usage d'habitation principale pendant une durée au moins
égale à 6 ans. L'avantage fiscal consiste en un relèvement
du taux de la déduction forfaitaire sur les revenus fonciers de 14 %
à 25 % pendant 6 ans, puis par période renouvelable de 3 ans si
les conditions demeurent respectées.
L'objectif de ce nouveau dispositif fiscal est de créer un
véritable parc locatif intermédiaire, qui de fait accueillerait
des ménages sous une double condition de ressources et de loyers
.
Les locataires sont en effet soumis à
des plafonds de ressources
stricts, identiques pour la location dans le neuf ou dans l'ancien.
Les ressources des locataires pour les baux conclus en 2001 ne doivent pas
dépasser les plafonds suivants :
Composition du foyer locataire : |
Ile de France |
Province |
Personne seule (PS) |
120 150 F |
100 310 F |
Couple marié (CM) |
197 460 F |
153 590 F |
PS ou CM +1 |
237 170 F |
183 880 F |
PS ou CM + 2 |
283 130 F |
222 540 F |
PS ou CM + 3 |
335 380 F |
261 200 F |
PS ou CM + 4 |
377 160 F |
294 630 F |
Majorations par personne à charge |
+ 42 840 F |
+ 33 440 F |
Source : DGUHC
De
même, les loyers sont encadrés
L'engagement du contribuable
prévoit que les loyers et les ressources du locataire ne doivent pas
excéder des plafonds fixés par le décret n° 99-244 du
29 mars 1999. Ces plafonds sont revalorisés chaque année. Pour
les locations dans le neuf conclues en 2001, les loyers plafonds
s'élèvent à 77 F en zone 1 bis (Paris et communes
limitrophes), 67 F en zone 1 (reste de l'agglomération parisienne), 52 F
en zone 2 (reste de l'Ile de France et agglomérations de plus de
100 000 habitants), et 47 F en zone 3 (reste du territoire). Pour les
logements anciens, les plafonds de loyer sont fixés pour 2001 à
67 F en zone 1 bis, 57 F en zone 1, 37 F en zone 2 et 32 F en zone 3. Le
logement doit répondre en outre à certaines normes
d'habitabilité, annexées au décret du 29 mars 1999.
L'avantage fiscal est donc conditionné à cette vocation
« sociale » et doit, par conséquent, être
suffisamment incitatif pour compenser en partie les restrictions
apportées par le respect d'un plafond de loyer.
L'article 5 du projet de loi de finances pour 2002 a créé une
sorte de « troisième étage » au dispositif en
faveur de la location à des personnes défavorisées.
Cet article institue un dispositif qui se substitue à l'article 15
bis
du code général des impôts (exonération
des locations consenties à des bénéficiaires du RMI, des
étudiants boursiers ou des associations agréées sous
condition de loyers très bas) et qui s'inspire du dispositif Besson,
avec une accentuation des contreparties sociales et corrélativement de
l'avantage fiscal : en s'engageant à louer, par période de trois
ans des logements à des loyers ne dépassant pas 70 % du plafond
de loyers actuels du « Besson » dans l'ancien à des locataires
dont les ressources sont au plus égales à 50 % du plafond de
ressources de ce même dispositif, les bailleurs privés
bénéficieraient d'une déduction forfaitaire majorée
de 60 %.
Ces locataires doivent répondre à des conditions de ressources
et les loyers doivent être inférieurs à un certain
montant
conformément à des plafonds fixés par
décret. Ces plafonds de loyer et de revenus devraient être
fixés respectivement à 70 % et à 50 % des
plafonds retenus pour l'application du «dispositif Besson » dans
l'ancien, soit les montants suivants :
Les plafonds de loyer au mètre carré dans le nouveau dispositif
|
En euros |
Arrondi en euros
|
Plafonds
|
Plafonds retenus
|
Zone I bis |
7,42 |
7,5 |
7,5 |
49,2 |
Zone I |
6,3 |
6,3 |
6,3 |
41,3 |
Zone II |
4,13 |
4,2 |
4,2 |
27,6 |
Zone III |
3,57 |
3,6 |
3,7 |
24,3 |
Les plafonds de ressources annuels dans le nouveau dispositif (en euros)
|
Ile-de-France |
Province |
Personne seule |
9.529 |
7.956 |
Couple marié |
15.661 |
12.181 |
Personne seule ou couple marié ayant une personne à charge |
18.810 |
14.584 |
Personne seule ou couple marié ayant deux personnes à charge |
22.455 |
17.650 |
Personne seule ou couple marié ayant trois enfants à charge |
26.599 |
20.716 |
Personne seule ou couple marié ayant quatre enfants à charge |
29.912 |
23.367 |
Majoration par personne à charge à partir de la cinquième |
3.398 |
2.653 |
Au total, le dispositif est devenu relativement complexe, pour une réussite encore incertaine.
B. L'INCITATION FISCALE EN FAVEUR DE LA LOCATION PRIVÉE « INTERMÉDIAIRE » DOIT IMPÉRATIVEMENT ÊTRE AMÉLIORÉE
1. Les dispositifs fiscaux actuels ne sont pas suffisamment incitatifs
Le
dispositif d'amortissement dit « Perissol » a soutenu le
secteur de la construction pendant plusieurs années, de 1996 à
1999.
En 1996, environ 30.000 logements ont été acquis sous le
bénéfice de ce régime fiscal, puis de 45.000 à
50.000 logements en 1998. En 1999, dernière année d'application
de l'amortissement « Perissol », le secteur de la
construction a progressé de 13 %, et les mises en chantier ont
atteint 317.600 unités.
Le nouveau régime « Besson » a été
adopté dans la loi de finances pour 1999. Toutefois, la transition avec
l'ancien régime fiscal a été relativement longue.
La mise en oeuvre concrète du dispositif montre que celui-ci fonctionne
plutôt correctement pour le logement neuf, même s'il doit encore
monter en puissance, mais il n'apparaît pas performant pour le logement
ancien.
Le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
évalue le coût du statut du bailleur privé dans le neuf
à 8,4 millions d'euros en 2000, 85,4 millions d'euros en 2001 et 224
millions d'euros en 2002. En 2001, la Fédération nationale des
promoteurs constructeurs (FNPC) estime que les ventes dans le neuf devraient
atteindre 75.000 unités, dont 21.000 en 2001 bénéficiant
du statut du bailleur privé, soit 28 % des ventes. Le dispositif est
moins développé en Ile de France (22 %) que sur le reste du
territoire (30 %). A titre de comparaison, le nombre d'opérations
relevant du dispositif dit « Périssol » en 1998
était compris selon les données entre 45.000 et 50.000
unités et son coût est encore estimé à 500 millions
d'euros en 2000, 554 millions d'euros en 2001 et 477 millions d'euros en
2002.
Il est toutefois encore trop tôt pour mesurer pleinement l'effet du
nouveau dispositif dit « Besson » dans le neuf, qui doit
faire ses preuves sur la durée. En revanche, il apparaît d'ores et
déjà que le dispositif pour le logement ancien est insuffisant,
même si le ministère du logement ne dispose pas de chiffres
précis sur sa mise en oeuvre.
Si le dispositif en faveur du logement neuf commence à démarrer,
le régime « Besson » dans l'ancien, ne fait
actuellement preuve d'aucune efficacité
, au point que ni le
secrétariat d'Etat au logement ni le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie ne peuvent donner de chiffres
sur sa mise en oeuvre. Les fiches statistiques concernant ce régime
fiscal ne parviendraient pas aux services fiscaux...
D'après une étude menée par un cabinet d'expertise
à la demande du secrétariat au logement,
seuls 15.000
propriétaires auraient choisi le « Besson » dans
l'ancien, soit moitié moins que le nombre qui était
attendu, et qui était déjà fort modeste (30.000).
Le tome 1 du fascicule « voies et moyens » du budget 2002
inscrit une nouvelle dépense fiscale de 5 millions d'euros (33 millions
de francs) pour l'application du régime « Besson »
dans l'ancien en 2002 contre 139 millions d'euros (912 millions de francs)
pour les logements neufs. Le tome II évalue, de manière globale,
à 38 millions d'euros (250 millions de francs) le coût total de la
mesure pour l'ancien en 2002, contre 701 millions d'euros (4,6 milliards de
francs) pour l'ensemble des dispositions en faveur du logement neuf. Compte
tenu de l'absence de statistiques dans l'ancien, il est difficile
d'apprécier le réalisme de ces évaluations, mais
force
est de constater que les résultats du « statut du bailleur
privé » dans l'ancien sont extrêmement modestes, pour ne
pas dire très décevants.
On peut d'ailleurs citer le rapport général de l'Assemblée
nationale selon lequel «
les professionnels du bâtiment
estiment pourtant qu'un tiers du parc des logements anciens serait
éligible au
«
dispositif Besson». Plusieurs raisons
pourraient expliquer le faible attrait de celui-ci jusqu'à
présent : la durée exigée quant à l'engagement de
location minimale et le taux de l'abattement sur les revenus fonciers
pourraient se révéler insuffisamment attractifs ; l'insuffisante
adéquation des plafonds de loyers retenus pour Paris avec les conditions
du marché locatif ; l'inéligibilité des baux en cours et,
enfin, le caractère plus attractif du dispositif alternatif
appliqué aux « micro-entreprises », tel que défini
à l'article 50-0 du code général des impôts, qui
permet de bénéficier d'un abattement substantiel sur les revenus
perçus, tout en étant moins contraignant dans les
procédures à respecter. Il permet en outre, en optant pour le
régime réel, de sortir du dispositif librement
»
.
A cet égard, on peut s'interroger sur l'opportunité de
créer un deuxième volet du dispositif
« Besson » pour les locations à des personnes
défavorisées, alors que le premier volet, en faveur du logement
intermédiaire, ne fonctionne absolument pas, au risque d'ailleurs de
compliquer inutilement le dispositif.
2. Les propositions de la commission des finances
Compte-tenu de ces considérations, la commission des
finances
soucieuse d'améliorer le dispositif « Besson » pour
le logement locatif, propose deux amendements au projet de loi de finances
:
- un amendement visant, après l'ouverture créée par
l'article 75 de la loi de finances pour 2001, à ouvrir le régime
« Besson » dans le neuf comme dans l'ancien aux
locations aux ascendants et descendants
(sous la condition d'un non
cumul des avantages fiscaux, en excluant la possibilité de
déduire fiscalement une pension alimentaire).
On pourra observer que cette proposition, formulée à de
très nombreuses reprises par votre commission depuis la création
du dispositif « Besson » et votée par le
Sénat, est
conforme aux souhaits de Mme Marie-Noëlle Lienemann,
secrétaire d'Etat au logement
, qui a déclaré devant la
commission de la production et des échanges de l'Assemblée
nationale (mercredi 24 octobre 2001) : «
contrairement au
ministère des finances, je suis favorable à ouvrir le
bénéfice de la loi Besson en cas de location aux ascendants et
aux descendants. Je ne désespère pas du pouvoir de persuasion du
Parlement à cet égard...
».
-
un amendement visant à relever le taux de la déduction
forfaitaire dans le « Besson » ancien de 25 % à 40
%.
Le coût d'une telle disposition a été estimé par les
services du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie, à 80 millions de francs pour l'année 2002 et
à 350 millions de francs en « régime de
croisière ». Cela donnerait un « coup de
pouce » utile pour atteindre le nombre de 30.000 locations
intermédiaires privées.
CONCLUSION
En
conclusion,
votre rapporteur spécial souligne que le budget de
l'urbanisme et du logement pour 2002 est un budget de continuité, comme
celui de l'an dernier, qui profite encore d'une conjoncture économique
favorable.
Il regrette pourtant qu'il trahisse les signes d'un affaiblissement toujours
plus grand des aides à la pierre
, particulièrement pour le
prêt à taux zéro et ce qui est plus nouveau, pour la
réhabilitation du secteur locatif privé. A ce titre, il remarque
que l'abondement
in extremis
des crédits de l'Agence nationale
d'amélioration de l'habitat (ANAH) à l'Assemblée
nationale, pour 60 millions de francs en crédits de paiement et 200
millions de francs en autorisations de programme, ne permet pas une remise
à niveau des dotations.
Il déplore que
le gouvernement ait choisi, pour relancer le logement
social, d'employer des méthodes de sanctions à l'égard des
collectivités locales,
alors que la définition de la
politique du logement, excessivement centralisée, nécessite
plutôt une adaptation aux réalités du terrain et un
dialogue avec les élus locaux.
Il souligne
enfin que le budget ne prépare pas l'avenir
notamment
par une aide accrue à la construction privée et au statut du
bailleur privé et se focalise une fois encore sur les moyens de relancer
le seul logement social. Aucune mesure n'est prise en particulier pour
anticiper un retournement de conjoncture et la nécessité, sans
doute dès 2003, de trouver des moyens financiers pour les aides
personnelles au logement.
MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I.
MODIFICATION DE CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
- 24.400 euros sur le titre IV, chapitre 44-30, article 20 « actions de
concertation, de formation et d'animation dans le secteur du logement et de
l'urbanisme » ;
- 46.000 euros en autorisations de programme et crédits de paiement (AP
et CP) sur le titre VI, chapitre 65-48, article 10 « construction et
amélioration de l'habitat locatif social ».
II. AUTRES MODIFICATIONS DE CRÉDITS
Par voie d'amendement adopté à l'Assemblée nationale, le
gouvernement a procédé à :
- un abondement de 9,15 millions d'euros en crédits de paiement et
30,49 millions d'euros en autorisations de programme sur le chapitre
65-48, article 90 (Agence nationale d'amélioration de l'habitat -
subventions d'investissement) ;
- une annulation de 9,15 millions d'euros en crédits de paiement et en
autorisations de programme sur le chapitre 65-50, article 90 (contribution de
l'Etat au fonds de garantie de l'accession sociale).
Suite au vote par l'Assemblée nationale en première
délibération d'un amendement de réduction de
crédits sur la dotation de l'Etat au fonds de garantie de l'accession
sociale (FGAS), le gouvernement a donc accepté, par un amendement en
seconde délibération, de revaloriser les dotations
d'investissement de l'ANAH. Il a cependant « gagé »
en crédits de paiement, cette revalorisation par une annulation de 9,15
millions d'euros des crédits au FGAS.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 17 octobre 2001, sous la
présidence
de
M. Alain, Lambert, président
, puis de
M. Aymeri de
Montesquiou, vice-président
, la commission a procédé,
sur le
rapport de M. Jacques Pelletier, rapporteur spécial,
à l'examen des crédits de l'équipement, des transports et
du logement consacrés à l'urbanisme et au logement dans le projet
de loi de finances pour 2002.
A l'issue de la présentation, un large débat s'est ouvert.
Mme Françoise Henneron, rapporteur pour avis de la commission des
affaires sociales
, a fait observer qu'il était regrettable que les
familles modestes perdent le droit à des allocations logement lorsque
l'un de leurs enfants devenait étudiant.
M. François Trucy
s'est interrogé sur les créations
nettes d'emploi au ministère de l'équipement, des transports et
du logement, et notamment sur les emplois en faveur des inspecteurs du permis
de conduire. Par ailleurs, il a demandé si les crédits
destinés à la construction sociale étaient
consommés. M. Jacques Pelletier, rapporteur spécial, a
répondu qu'il conviendrait d'interroger le ministre sur les objectifs
des créations d'emploi au ministère de l'équipement, des
transports et du logement, tout en soulignant que sur le terrain il constatait
que les directions départementales de l'équipement n'avaient pas
toujours les moyens d'accomplir leur mission de manière satisfaisante.
Il a confirmé que les crédits destinés à la
construction de logements sociaux n'étaient pas consommés
correctement depuis quatre ans en raison du décalage entre les chiffres
de construction annoncés et les réalisations.
M. Yvon Collin
a souligné que les opérations
programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH) avaient des effets
très bénéfiques sur le parc immobilier locatif et
constituaient un élément fort d'engagement des
collectivités locales. M. Jacques Pelletier a alors
précisé que 32.800 logements avaient été
rénovés dans le cadre des OPAH en 2000 et qu'il redoutait que la
diminution des crédits de subvention de l'agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) freine ces opérations.
En réponse à M. François Trucy, le rapporteur
spécial a expliqué que les collecteurs du 1 % logement avaient
récemment signé une convention avec l'Etat prévoyant
notamment leur contribution pour 3 milliards de francs par an à des
opérations de démolition-reconstruction. Il a estimé que
si ces opérations devaient être mieux financées, les
modalités de versement à l'Etat pour 2002 ne garantissaient en
rien l'affectation de ces sommes aux opérations de renouvellement urbain
et laissaient craindre une simple opération de « bouclage
» budgétaire. La convention signée le 11 octobre dernier va
en effet à l'encontre des termes de la convention du 3 août
1998 qui réduisait à 1,8 milliard de francs le
prélèvement en 2002 et supprimait tout prélèvement
sur le 1 % logement en 2003.
En réponse à
M. Marc Massion
, qui évoquait les
nombreuses demandes de logements sociaux non satisfaites et l'apport positif de
la loi solidarité renouvellement urbains, M. Jacques Pelletier a
indiqué qu'il n'était pas opposé à un
rééquilibrage du parc locatif social, mais que
l'expérience avait montré que la politique de relance de la
construction sociale n'était pas adaptée à la demande des
ménages et aux contraintes de financement des organismes HLM.
En réponse à
M. Aymeri de Montesquiou
, le rapporteur
spécial a confirmé que la stagnation du nombre de prêts
à taux zéro résultait de l'absence de revalorisation des
barèmes de ressources et non d'une désaffection pour ce
dispositif. S'agissant du risque d'aggraver le déséquilibre de la
construction sociale en démolissant des logements HLM, M. Jacques
Pelletier a expliqué que le gouvernement s'engageait dans des programmes
de démolition-construction, par ailleurs très coûteux, qui
devaient maintenir à niveau le nombre de logements.
M. Adrien Gouteyron
a dit craindre que l'aide expérimentale
associée au prêt à taux zéro soit le
préambule à une remise en cause complète du dispositif. Il
a ajouté que la tendance à diminuer les crédits de l'ANAH
était particulièrement inquiétante, notamment pour les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat, pour
lesquelles de nombreuses communautés de communes se sont investies.
M. Jacques Pelletier a souscrit à ces observations.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé
d'attendre l'audition de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de
l'équipement, des transports et du logement, avant de se prononcer sur
les crédits de l'équipement, le président rappelant qu'il
serait procédé à un seul vote sur l'ensemble des
crédits du ministère.
Le mercredi 14 novembre 2001, la commission a décidé de proposer
au Sénat le rejet des crédits de l'équipement, des
transports et du logement pour 2002, le rapporteur spécial regrettant
une nouvelle fois qu'il soit procédé à un seul vote sur
l'ensemble des crédits, en raison de la nomenclature budgétaire.
La commission a confirmé son vote le jeudi 22 novembre après
avoir pris connaissance des modifications adoptées par
l'Assemblée nationale.
Réunie le
mercredi 17 octobre 2001
, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président,
puis de
M. Aymeri
de Montesquiou, vice-président
, la commission des finances a
procédé à l'examen des crédits du ministère
de l'Equipement, des transports et du logement
(II. Urbanisme et
logement)
, sur le
rapport
de
M. Jacques Pelletier,
rapporteur spécial
.
Le
mercredi 14 novembre 2001
, la commission des finances a
décidé de proposer au Sénat
le rejet des crédits
de l'Equipement, des transports et du logement pour 2002.
La commission a confirmé son vote le jeudi 22 novembre, après
avoir pris connaissance des modifications adoptées par
l'Assemblée nationale.
1
Toutefois, il faut prendre ce tableau
avec
certaines précautions, dans la mesure où il compare les aides
publiques de loi de finances à loi de finances. S'agissant des aides
à la personne notamment, cette comparaison n'est pas pertinente, puisque
des modifications importants interviennent en cours d'exercice. De même,
s'agissant des mesures fiscales, seules les dépenses fiscales
(déductions et exonérations) sont prises en compte, et non les
alourdissements de fiscalité sur l'immobilier.
2
Le Prêt à l'accession sociale (PAS),
créé en 1993, est un prêt conventionné qui
bénéficie d'une garantie de l'Etat. Son taux, son
éligibilité à l'aide personnalisée au logement
(APL) et l'existence d'un plafond de ressources en font un produit ciblé
sur l'accession sociale, et en cela complémentaire au prêt
à 0%. La production de PAS a ainsi augmenté sensiblement
dès la mise en place du prêt à 0%. Environ 70 % des
PAS sont désormais accompagnés d'un prêt à
0%.