II. (A) HORS FMI, FSC ET Y COMPRIS FONDS DE CONCOURS (ÉGAUX À 6,887 MILLIARDS D'EUROS EN 1999 ET 5,948 MILLIARDS D'EUROS EN 2000). LE RETOUR DU LAXISME EN MATIÈRE DE DÉFICIT BUDGÉTAIRE
La
réduction du déficit, « les impôts de
demain »,
parent pauvre de la politique budgétaire depuis
1997
Bénéficiant entre 1997 et 2002 d'une croissance
exceptionnelle, le gouvernement français n'en a pas pour autant
profité pour réduire le déficit budgétaire, lui
préférant une politique « procyclique ».
Ainsi, selon les propres chiffres du gouvernement tels qu'ils figurent à
la page 113 du rapport économique, social et financier pour 2002,
«
la marge de manoeuvre procurée par la croissance des
recettes fiscales et non fiscales entre 1997 et 2002 (71,8 milliards
d'euros)
» a été répartie de la façon
suivante :
- 43 % pour les réductions d'impôts ;
- 37 % pour la progression des dépenses ;
- 20 % pour la réduction du déficit budgétaire.
L'affectation des fruits de la croissance entre 1997 et 2002
A. L'OBJECTIF D'ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES D'ICI 2004 EST-IL ENCORE TENABLE ?
1. Un programme de stabilité 2002-2004 déjà dépassé ?
Depuis
la loi de finances pour 1999, ont été instaurées de
nouvelles normes relatives aux politiques des finances publiques.
Les pays membres de la zone euro doivent respecter un programme de
stabilité qui fixe des objectifs en terme de besoin ou de
capacité de financement des administrations publiques, qu'il s'agisse de
l'Etat, des régimes de sécurité sociale, des
collectivités locales ou des organismes divers d'administration centrale
(ODAC). Conformément au Pacte de stabilité et de croissance, les
pays-membres de l'Union européenne doivent en effet, à terme,
tendre vers un équilibre de leurs finances publiques, voire être
en excédent. Cet objectif doit permettre aux Etats-membres de faire face
aux fluctuations conjoncturelles.
Les objectifs actuellement fixés par le programme 2002-2004 et transmis
aux autorités communautaires sont retracés dans le tableau
suivant.
Evolution de la capacité de financement des
administrations publiques d'ici 2004
Scénario de croissance à 3 %
(en points de PIB)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
Administrations publiques |
- 2,7 |
- 1,8 |
- 1,4 |
- 1 |
- 0,6 |
- 0,4 |
0,2 |
Etat |
- 3 |
- 2,5 |
- 2,3 |
- 1,9 |
- 1,6 |
- 1,6 |
- 1,1 |
Organismes divers d'administration centrale |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,1 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Administrations publiques locales |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
Administrations de sécurité sociale |
- 0,1 |
0,2 |
0,4 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,8 |
Source : ministère de l'économie
2. Pour la première fois depuis 1996 le déficit budgétaire augmente en loi de finances initiale
Evolution du déficit budgétaire en
prévision
et en exécution
(en
milliards d'euros)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
LFI |
41,94 |
43,87 |
43,42 |
39,32 |
36,05 |
32,82 |
28,45 |
30,44 |
Exécution |
49,24 |
45,03 |
40,81 |
37,73 |
31,4 |
29,15 |
32* |
? |
Différence |
+ 7,30 |
+ 1,16 |
- 2,61 |
- 1,59 |
- 4,65 |
- 3,67 |
+ 3,55 |
|
* Prévisions du MINEFI
Evolution du déficit budgétaire depuis
1995
(en milliards d'euros)
Cette situation traduit une dégradation très notable : mesuré de loi de finances initiale à loi de finances initiale, le déficit prévu s'accroîtra l'année prochaine pour la première fois depuis 1996. L'augmentation est de 2 milliards d'euros (13,1 milliards de francs) dans le projet de loi de finances 2002 par rapport à la loi de finances 2001, alors que celle-ci bénéficie à nouveau d'une amélioration notable du solde des comptes spéciaux du Trésor (+ 592 millions d'euros) soit une progression de 42,6 % par rapport à 2001 qui vient diminuer d'autant le niveau global du déficit.
Un nouvel accroissement du solde des opérations temporaires qui vient opportunément réduire le niveau du déficit global
Dans le
projet de loi de finances pour 2002, le solde des opérations
définitives devrait se dégrader de 2.589 millions d'euros par
rapport à 2001, tandis que le solde des opérations temporaires
connaît, à nouveau, une progression très significative de +
42,6 % passant de 1.390 millions d'euros à 1.982 millions d'euros.
Comme pour l'exercice budgétaire précédent, cette
amélioration résulte notamment de l'excédent prévu
du compte d'avances sur le montant des impositions locales qui passe de 594,5
millions d'euros en 2001 à 900 millions d'euros en 2000.
En l'espace de 4 années, entre la loi de finances initiale pour 1998
et le présent projet de loi de finances, le solde des opérations
temporaires sera passé de - 695,3 millions d'euros à + 1.982
millions d'euros. Il aura ainsi contribué pour 2.677,3 millions d'euros,
soit 17.561,9 millions de francs, à la réduction du
déficit budgétaire.
Evolution du solde des opérations temporaires
(En
millions d'euros)
LFI 1997 |
- 421,8 |
LFI 1998 |
- 695,3 |
LFI 1999 |
- 50,2 |
LFI 2000 |
+ 457 |
LFI 2001 |
+ 1.390 |
PLF 2002 |
+ 1.982 |
L'amélioration très significative du solde des
opérations temporaires
(en millions d'euros )
L'amélioration du solde des opérations temporaires se justifie
sur moyenne période
par la réduction de l'activité, et
donc des charges de comptes de prêts, la contribution positive du nouveau
compte de commerce de gestion active de la dette et l'inflexion très
nette du compte d'avances aux collectivités locales qui connaît
depuis 1996 des excédents croissants. Ces excédents s'expliquent
essentiellement par l'amélioration du taux de recouvrement des
impôts locaux, en raison de la compensation des
dégrèvements, d'une plus grande efficacité du service de
l'impôt, et surtout par le changement du mode de calcul de ce taux de
recouvrement, évalué non plus de manière forfaitaire mais
chiffré sur des bases réelles.
Plus ponctuellement, certains comptes bénéficient de petites
« cagnottes » qui accroissent nettement l'excédent
des opérations temporaires.
Il en sera ainsi en 2002 avec le compte
n°906-04 d'émission des monnaies métalliques qui
enregistrera à l'occasion du passage à l'euro un
bénéfice de 533 millions d'euros.
3. Aucune amélioration du besoin de financement de l'Etat entre 1999 et 2002
Mieux
que l'évolution en valeur absolue du déficit, dont la juste
appréciation est « perturbée » par le
changement de référentiel dû au passage à l'euro, on
constate que le besoin de financement de l'Etat n'a presque pas varié
entre 1999 et 2002, passant de - 2,5 à - 2,4 points de
PIB (le niveau reste d'ailleurs inchangé sur 2000-2001-2002). Ce laxisme
budgétaire de l'Etat emporte deux conséquences :
- d'une part, le besoin de financement de l'ensemble du secteur public ne
diminue que très faiblement :
sur la période
1999-2002 : il ne baisse que de 0,2 point, passant de - 1,6
à - 1,4 point de PIB ;
Décomposition du besoin de financement des comptes publics entre les administrations
(en points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ensemble des administrations |
- 3,5** |
- 2,7 |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4* |
- 1,4 |
Etat |
- 3,6 |
- 3,0 |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 2,4 |
- 2,4 |
ASSO (régimes sociaux) |
- 0,4 |
- 0,1 |
0,3 |
0,6 |
0,4 |
0,5 |
APUL (collectivités locales) |
0,2 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
ODAC |
0,2** |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
** hors
soulte France Telecom
* hors recettes UMTS (0,6 point de PIB en 2001)
Le
laxisme budgétaire de l'Etat de plus en plus patent
(évolution
des besoins ou/capacités de financement)
(en points de PIB)
- d'autre part, le scénario retenu dans le programme pluriannuel des
finances publiques 2002-2004
(publié en janvier 2001 et fondé
sur une hypothèse de croissance de 3 %) qui visait à un
retour à un excédent du secteur public d'ici 2004 apparaît
obsolète. Le décalage est d'ores et déjà
très significatif : le besoin de financement public était
estimé à - 0,6 point de PIB pour 2002 : il est
prévu à - 1,4 point par le projet de loi de finances pour
2002.
Le non-respect du programme pluriannuel des finances publiques
(en points de PIB)
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 (e) |
Besoin de financement secteur public prévu |
- 1,8 |
- 1,4 |
- 1 |
- 0,6 |
Besoin de financement secteur public effectif |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4 |
- 1,4 |
Besoin de financement de l'Etat prévu |
- 2,5 |
- 2,3 |
- 1,9 |
- 1,6 |
Besoin de financement de l'Etat effectif |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 2,4 |
- 2,4 |
Besoin de financement du secteur public : prévision/réalisation
(en points de PIB)
Besoin de financement de l'Etat : prévision/réalisation
(en points de PIB)