6. L'école, symptôme des difficultés et des progrès de Mayotte
La scolarisation à Mayotte représente bien l'ampleur des mutations déjà accomplies et des progrès encore à réaliser.
En 1977, seuls 20% des enfants étaient scolarisés et il n'existait qu'un seul collège. Entre 1978 et 1997, le nombre d'élèves est passé de 8.000 à 43.200. A la rentrée 2000-2001, on compte 11.270 collégiens, 2.849 lycéens et 1.603 lycéens professionnels, soit une progression de 78,17% par rapport à 1997. Mayotte compte aujourd'hui trois lycées professionnels et trois lycées ainsi que 13 collèges.
A partir de 1985, des efforts considérables ont été engagés.
Mayotte est confrontée au triple défi d'une population largement non francophone (il faut donc envisager l'enseignement du français comme langue seconde), de la formation des enseignants et des besoins de constructions scolaires.
La création d'une centaine de classes chaque année est ainsi nécessaire au strict point de vue démographique pour le primaire, ainsi que 130 postes nouveaux d'instituteurs par an, ce qui entraîne une augmentation des classes en rotation (un groupe d'élèves le matin, un autre l'après- midi) et un ralentissement de la pré-scolarisation (qui concerne 70% des plus de trois ans), pourtant nécessaire à un réel bilinguisme.
Le schéma de formation prévoit pour les 10 ans à venir un accroissement de 50% des effectifs à scolariser dans l'enseignement primaire, un triplement des élèves en collège et une multiplication par 10 des élèves en lycée.
De plus, si les cours sont assurés en français dans le secondaire, ce n'est pas forcément le cas dans le primaire. Environ 30% des instituteurs (principalement recrutés dans les années 1970) ont un niveau très faible en français . De plus, l'intégration d'enfants d'immigrés pose problème puisqu'ils ne maîtrisent pas la langue à leur arrivée et qu'il n'existe pas de classes spéciales.
Le statut des 1.722 instituteurs et de l'Institut de formation des maîtres est toujours en attente. La loi d'habilitation du Gouvernement à prendre par ordonnances les mesures nécessaires à la modernisation et à l'adaptation du droit applicable outre-mer 7 ( * ) adoptée définitivement le 31 mai 2001 doit y apporter une réponse.
Si l'examen d'entrée en sixième, qui servait à vérifier la maîtrise de la langue française et auquel moins de la moitié des élèves réussissait a été supprimé, il subsiste une évaluation qui aboutit au même résultat.
La mission d'information de votre commission des Lois a déploré une insuffisance lourde des capacités d'accueil en formation professionnelle courte (CAP/BEP/Baccalauréats professionnels), qui serait pourtant particulièrement adaptée aux besoins de Mayotte.
* 7 Voir rapport de M. José Balarello n° 295 (2000-2001) sur le projet de loi n° 269 (2000-2001)